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I
Profcssor Karl ^cinridj Kau
PRESENTES TO THE
UNIVCRSITY Or UICHIOAN
2Hr. pl}i!o parsons
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"Se^u.*. (A; ftis-Vère^e. \'cntàïw/ I r?
R®VAy»tB SE BELeOS^E. — MUBHOTÈKE DE L'flSCTBRDEUR.
LA CONDITION
CLASSES OUVRIÈRES
LE YRftWWL ©ES INFANT*
Réponses , Hémoires et Rapports des Chambres de commerce,
des Ingénieurs des mines et des Collèges médium.
• BU X ELLES. — IMPMHKBIG DE Tl. LES1GNE,
Rue X-D.-«u«-!ïeige», Jardina rt'Idalie, 4-
184<i
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LA CONDITION DES CLASSES OUVRIÈRES
M,B TRAVAWK, SES JE1VFA1VT8.
ggl;6|ttn»s d ^Apports
DES CHAMBRES DE COMMERCE.
fi & de* fabrique* de UrnxeUe».
El Moouaieut te Qouveiueut. De fa pioviuce 5e wtaiîati»..
trotta, li t» KrmHSU.
MOHSIEUK LK GoUVERAEUK,
Nous avons reçu, avec votre dépêche du 18 août dernier, les
trente-cinq questions qui tous ont été adressées par M. le Ministre
de l'intérieur, relatives au travail des entants et à la condition des
ouvriers.
Nous avons compris de suite l'étendue des difficultés que nous
allions rencontrer, pour résoudre des questions dont la solution
rationnelle devait nécessairement dépendre des réponses que nous
feraient les industriels qu'il devenait indispensable de consulter.
Nous avons donc nommé dans notre sein une commission que
nous avons chargée de cette lâche difficile.
Dès le commencement de son travail, elle a senti que quelque
rut le temps considérable qu'elle se proposait d'y consacrer, elle ne
parviendrait pas a mire une enquête complète sur celle grave
matière, en j employant même une année entière.
*by Google
2 REPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
Elle adoncété pénétrée de la nécessité de circonscrire cette enquête
et de se borner à entendre les chefs des principales industries de
notre ressort ; c'est dans ce sens qu'elle a dirigé ses investigations.
Elle n'a point été médiocrement étonnée d'apprendre, dès ses
premières démarches , qu'elle se trouvait non-seulement sur les
traces d'une autre commission nommée par le gouvernement et
qui l'avait précédée , mais en présence d'une série de questions
posées dans le même but par l'administration communale de
Bruxelles.
Nos délégués, étonnés, découragés par ces circonstances, consi-
déraient avec raison leurs démarches comme insolites, et ils les
eussent abandonnées, par suite de la répugnance que témoignaient
les industriels de répondre a des questions qui leur avaient déjà
été faites deux fois, s'ils n'eussent eu la conviction qu'agissant
au nom de la chambre de commerce , ils pourraient encore ,
par son influence, les déterminer à répondre a cette troisième
enquête et compléter ainsi , autant que possible , les renseigne-
ments dont le gouvernement désir* s'entourer.
Notre commission ayant comparé les questions posées par le gouver-
nement avec celles envoyées à domicile par l'administration la Aie,
a cru devoir donner la préférence à celles-ci , parce que celles du
gouvernement, trop générales, eussent mis les industriels dans
l'impossibilité d'y répondre, tandis que les autres leur permettaient
d'en faire une application directe au genre d'industrie que chacun
d'eux professe.
C'est donc dans cet ordre que le rapport de nos délégués a été
conçu , et pour qu'il présentât toute la clarté désirable , ils ont
consigne à chaque question les réponses qui leur ont été faites par
chacun des industriels consulté.!,
1" question. — Quel est te nombre d'ouvriers des deux sexes que
vous employez?
KÉPOHSE- — Ii6 principal établissement consacré à la ruba-
nerie , au tissage de la laine et de m soie , occupe :
t«l KMM. Toru..
Au-dessous de 8 ans 20 0 S*
De 9 à 12 SU 3 35
De 12 a 16 39 19 58
De 16 à 21 20 19 39
De 21 et au-dessus ISS 27 160
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 3
L'unique fabricant de tuile que nous possédons dans notre
De 8 à 12 an * 30 30
De12 k 16 ans » 10 ► 10
De 21 et au-dessus. ..... 16 14 30
~7Ô"
Les deux chefs d'ateliers de mécaniques consultes ont répondu,
savoir le premier t
■MM. RU*. TotlL.
De 12 à 16 ut 2 • 2
De 16 a 20 soi 30 » 30
De 21 sus et au-dessus. .... 170 , * 170
202
Le second :
De » a 12 au 2 » 2
De 12 à 16 2 » 2
De 16 à 21 4 » 4
De 21 et au-dessus 61 » 61
6»
Nous n'aTons qu'une filature de lin dans notre ressort , et elle
emploie quatre cent trente-six ouvriers, classés comme suit :
(■H. tmwm. l'ont.
De 0 a 12 ans 3 29 32
De 12 a 16 3 60 65
De 16 à 21 4 147 1»!
De 21 et au-dessus 66 124 190
«6
La ganterie, dont un seul établissement emploie à l'extérieur de
trois cent cinquante à quatre cents ouvriers et ouvrières, n'a pu
répondre à la première question , parce que la presque totalité,
comme on le voit, travaillent ou chez eux, a la campagne ou dans
de petites villes plus ou moins éloignées.
Le chef de l'une de nos principales manufactures de papiers
peints nous a déclaré employer trente-trois ouvriers du sexe mas-
culin , savoir :
De 8 a 13 ans 3
De 12 a 19 10
De 21 etau-dessus 20
33
^y Google
4 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
Les fabriques de papier sont comptées parmi celles qui, par les
procédés nouveaux, ont réduit le nombre de leurs ouvriers, comme ,
nous aurons occasion de le remarquer plus tard : celle qui nous
occupe ici emploie aujourd'hui :
ltnau. Feamo". Terni.
Au-dessous de 9 ans 2 ■ 2
De 9 a 12 2 » 2
De 21 et au-dessus 12 45 S7
L'industrie dentellière qui a acquis, à juste litre, une célébrité
européenne, et qui occupe dans Bruxelles seulement de mille à
douze cents ouvrières (1), n'a pu répondre à la première question,
parce qu'aucun chef d'atelier ne les emploie directement chez lui,
et qu'ainsi elles travaillent toutes chez elles (2). Le plus grand
nombre se trouve dans les quartiers de la rue Haute, vers les
portes de Schaerbeék et de Flandre, où nos délégués se sont rendus
jusque dans les plus misérables réduits, pour obtenir les rensei-
gnements qui se trouvent ci-après.
L'impression des indiennes est une branche industrielle irès-
développée dans notre arrondissement , mais nous ne consignons
ici que la réponse de l'un de nos principaux fabricants qui occupe
cent quarante-sept ouvriers, répartis comme suit :
!«■«. loua. Total.
De 9 • 12 ans 15 » 15
Del2 à 1B 10 » 10
De 16 à 21. ...... . 3 7 10
De 21 et au-dessus 102 10 412
147
L'impression des foulards, de la soie et de la mousseline de laine,
est une industrie toute nouvelle qui emploie soixante et dix ouvriers,
classés dans l'ordre suivant :
Ututs. Te— m. Toru-
De 9 a 12 ans. ..... . 23 . » 25
De 12 à 10. . » 4 4
Dcl6 à 21 3 » 3
De 21 et au-dessus. ..... 38 » 38
70
(1) D J a erreur dam cette évaluation. Le nombre de< dentellière* i Bruiellei
peut être ênluê i troii on quetre mille. (Note du rapporteur de la CommuttOH
inilùuée par le gouvernetiunt.)
(2) Pii toute!, maii la plupart. Quelque» fabricant! emploient chai oui un cer-
tain nombre d'ouTrière*. 11 exiite auiii pluiieuri ecolei ou atelier* d'apprentiuage,
où le* dentellière* tont réunie* en plu* ou moïni grand nombre, (/rf.)
3l< i,.dB, Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 5
Le» imprimeurs en caractères n'occupent que très-peu d'enfants;
on eu trouve rarement plus de deux ou trois dans une imprimerie,
et bien qu'ils portent le titre d'apprentis , on ne s'en sert généra-
lement que pour faire les commissions.
L'établissement, de teinturerie que nous avons visité emploie
soixante ouvriers, qui se classent de la manière suivante :
ÏWO. ÏIBIM. loin.
De 9 à 13 ans 3 » 3
Delà à 16 5 » 5
Delfi. à 21 18 3 21
De 21 et au-dessus 29 2 31
60
.La manufacture de colonneLles, mouchoirs, pilous, etc., fait
travailler de douze à quatorze cents ouvriers que le chef ne saurait
classer, parce qu'ils travaillent pour la plupart dans les cam-
pagnes et chez eux.
La fabrique d'acides et de produits chimiques, dont nous avons
visité le chef, emploie en ville dix ouvriers , hors ville quatorze.
Le chef de la seule filature de coton que nous possédions ici, a
déclaré qu'avant adressé sa réponse aux questions que nous nous
proposions de lui faire, directement à M. le Ministre de l'intérieur,
il n'était pas disposé à recommencer une troisième fois le travail
très-long qu'il avait déjà fait j de sorte que dans toutes les réponses
ultérieures aux autres questions, il ne sera plus fait mention de la
filature de coton.
Le directeur d'un atelier de tissage d'étoffes de tous genres nous
a dit occuper soixante-cinq ouvriers, classes comme suit :
Au-dessous de 9 ans 8
De 9 à 12 7
De 16 à 21. . 18
De 21 et au-dessus 5S
~65
2° qubstiob. — Pendant combien de mois et en quelles saisons
de l'année occupez-vous vos ouvriers?
afeOHSB. — Les fabricants de rubans, de tulle, les ateliers de
mécaniques, la filature de lin, les fabriques de gants, de papiers,
de papiers à meubler, de dentelles, d'impression de foulards, de
cotonneltes, et les ateliers de tissage travaillent toute l'année ; chez
les chefs d'ateliers d'impression d'indiennes, le travail se ralentit
pendant les trois derniers mois de l'année 1 cause de la mauvaise
ly Google
fi RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
saison et du trop plein qu'ils n'ont malheureusement que trop
souvent. La fabrique d'acides emploie également ses ouvriers
pendant toute l'année , sauf huit de ceux-ci qu'elle n'occupe pas
pendant les mois de juin et de juillet.
3* ovbstiok. —^ t* Vos ouvriers , spécialement les enfants, tra-
vaillent-ils à la journée où à forfait?
2" Les enfants sont-ils directement engagés par le chef d'indus-
trie ou par les ouvriers ?
S" Quel est le nombre d'enfants employés avec leurs parents?
békihse. — Il nous a été répondu par l'industrie de la rubanerie
que les tisserands, les faiseurs de lacets, les dévideuses et les ourdis-
seuses travaillent à forfait, mais que les teinturiers, les cylindreurs
et les empaqueteurs sont a la journée ; que tous les ouvriers sont
engagés par le chef, à l'exception des enfants qui font les époules
des tisserands , que ceux-ci les engagent eux-mêmes, et que quinze
enfants sont employés avec leurs parents.
Les ouvriers en tulle , les mécaniciens , les fileuses de Un , les
imprimeurs d'indiennes, ceux en caractères, les teinturiers, tra-
vaillent tous 1 la journée; les tisserands de cotonnettes a la pièce ;
les enfants sont engagés par eux ; les gantiers à la paire j dans les
papeteries, les hommes sont payés par jour et les femmes à forfait;
dans les manufactures de papiers peints, les ouvriers sont salariés
en partie à la journée et en partie a la pièce ; les dentellières tra-
vaillent toutes à forfait; dans l'imprimerie de foulards, les enfants
et les filles sont à la journée et les hommes â la pièce; dans les
ateliers de tissage d'étoffes, tous les ouvriers travaillent à forfait ;
ils sont, comme ceux des industries précédentes, engagés par les
chefs, à l'exception des enfants s'occupant de l'impression des
foulards et mousselines de laine, ainsi que ceux des ateliers de
tissage qui sont engagés par les ouvriers.
Dans la première de ces deux dernières catégories, les enfants
seulement travaillent avec lenrs parents; dans la seconde la moitié,
et un très-grand nombre travaillent dans la fabrique d'indiennes.
Dana le» imprimeries en caractères , tous les ouvriers sont
engagés par le chef ainsi que dans la teinturerie et la fabrication
des cotonaettes où quelques entants sont employés avec leurs
parents.
Dana la fabrique d'acides et de produits chimiques, tous les
ouvriers travaillent a la journée ; eUe n'occupe point d'enfants.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 7
4* question. — . Voua procurez-vous facilement les jeunet ouvrier»
iloni vous avez besoin ?
bépossb. — Sur les quinze industriels consultes, onze ont répondu
affirmativement, et le fabricant d'acides a répondu négativement,
comme nous venons de le dire.
Dans la rubanerie, les tisserands payant les enfanta qui font
les époules , se plaignent constamment de ne pouvoir que
difficilement s'en procurer de dociles, et de devoir souvent en
chercher d'autres parce que beaucoup de parents préfèrent les
voir courir les rues que de les contraindre & un travail assidu ,
mais proportionné à leurs forces et à leur âge, travail qui leur
rapporterait cependant de un à deux francs par semaine.
La ganterie déclare nettement qu'elle ne peut trouver ni ouvriers
ni enfants dans le pays, et qu'elle est forcée de faire venir les
premiers de l'étranger; nous en trouveront les motifs dans les
observations générales qui terminent ce travail.
Les fabricants de papier s'en procurent quelquefois autant qu'ils
en veulent, et dans d'autres moments ils n'en trouvent point, selon
les saisons; ils attribuent cette variation aux travaux de la cam-
pagne où toutes ces fabriques sont situées.
Les fabricants de dentelles nous disent que beaucoup d'enfants
apprennent à confectionner les tissu» dans un grand nombre de
petites écoles où l'on enseigne à les faire ; mais qu'il résulte de
cette circonstance que les maîtresses d'ateliers trouvent difficile-
ment des élèves, parce que let enfants obtiennent suffisamment
d'ouvrage dans les petites écoles dont nous venons de parler ; que,
quant aux ouvrières faites, elles affichent une telle indépendance,
que loin de les commander, il faudrait pour ainsi dire passer par
leurs exigences.
Pour rendre ceci intelligible , il est nécessaire de faire remar-
quer'que le fabricant de dentelles ne traite pas directement avec
let ouvrières ; il s'entend avec ce qu'il appelle une maltresse , a
laquelle il confie ses dessin» qu'elle pique et qu'elle distribue ensuite
aux ouvrières ; c'est à elle que celles-ci rapportent l'ouvrage, et
c'est encore elle qui les paye (1).
Ces maîtresses, qui sont d'anciennes et bonnes ouvrières, tien-
nent elles-mêmes une école pour former des élèves.
(I) la chambre de commerce parle ici dam un leni bciaeoup trop ahtola. Un grand
nombre d'ouvrières travaillent directement pour lea fabricant!. (.VoVa du rapporteur
lie la Commis! l'un iiutituce par (o giiHVamiimenl.)
a», Google
8 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
5' obestîom . — Quel» sont Tes travaux auxquels sont spécialement
occupés les jeunes ouvriers des deux sexes?
refohse.— -Le fabricant de ruban* a dit qu'il emploie les garçons
à faire les époule», les filles a bobiner, a peloter, à surveiller les
machines , à monter et mesurer les pièces , à ferrer les lacets-,
à empaqueter , à doubler le coton , etc.
Dans la fabrication des tulles, on fait travailler les enfanta à défiler,
a découper les fils, à les raccommoder et les apprêter; dans la
filature du lin , à surveiller les métiers en examinant et en rac-
commodant les fils qui se cassent ; dans la ganterie , a coudre les
gants ; dans les fabriques de papier , a lever les feuilles sortant de
la mécanique; dans celles de papiers peints , a tirer les châssis;
dans la fabrication des dentelles , les jeunes ouvrières commencent
déjà a apprendre dès l'âge de six ans; dans l'impression des indien-
nes , les enfants sont employés au pliage des pièces ; dans celle
des foulards, ils sont tireurs ou aides des imprimeurs; dans les
imprimeries en caractères , le petit nombre qui s'y trouve fait les
commissions; dans la teinturerie, on les fait éplucher le coton et
le préparer a être mis en paquet; dans la fabrication des coton-
nettes , on les utilise au devidage , et dans celle des tissus d'étoffes
à faire les époules pour les tisserands.
6* question. — Quel avantage ou quelle économie trouvez-vous a
employer des enfants de préférence a des ouvriers adultes?
BÉPOnsE. — Tous les industriels ont répondu qu'il y a un grand
avantage à employer les enfants , non-seulement parce que leur
salaire est moins élevé que celui des adultes, mais encore parce que
par la délicatesse et l'agilité de leurs doigts ils sont beaucoup
plus aples que les derniers à certains genres de travaux tels que
le défilage des tulles, 1 epluebage des cotons , le bobinage, etc.
7'Quasn05.— Ya-t-ileu, depuis quelques années, augmentation
ou diminution du nombre des jeunes ouvriers , par suite de chan-
gements apportés dans le mode de travail ou l'emploi de certaines
machines ?
réponse. — Sur les quinze industriels qui ont répondu à notre
appel, nous n'avons à signaler de changements survenus, quant au
nombre des ouvriers, que relativement à quelques-uns d'entre eux.
Nous allons les indiquer.
La filature de lin , qui n'existe que depuis peu d'années', cotnpK:
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 9
aujourd'hui quatre cent trente-six ouvriers qui devaient trouver
leurs moyens d'existence ailleurs.
La ganterie a pris un accroissement considérable, qui n'est arrêté
que par la circonstance que, ne pouvant se procurer dans le pays
les ouvriers dont elle manque , elle est obligée de se soumettre aux
exigences de ceux qu'elle se trouve forcée de faire venir de l'étran-
ger. Mous en dirons plus tard la cause.
Les fabriques de papier, au contraire , ont subi dans leur per-
sonnel une réduction notable , due au remplacement du travail
des anciennes cuves par la mécanique ; cette réduction est de plus
des deux tiers.
Avant la perte du déboucbé du Limbourg et du Luxembourg,
la fabrique de coton ne Iles, mouchoirs, pilous, etc., qui occupe
aujourd'hui soixante et dix ouvriers, en employait, tant dans la
ville que dans les environs, cinquante de plus.
La fabrique d'acides a aussi subi une réduction d'ouvriers , qu'on
peut évaluer a un tiers, réduction qui est due aux perfectionnements
apportés aux ustensiles.
8* question. — Indiquez approximativement dans quelle propor-
tion celte augmentation ou cette diminution a eu lieu, en précisant
autant que possible les motifs qui l'ont déterminée?
(Comme on le voit, cette question est résolue par les réponses
Élites à la précédente.)
9° question. — Quelle est la durée des travaux journaliers?
siponsB. — En été comme en hiver pour la rubanerie , douze à
treize heures pour les adultes , et huit à neuf pour les enfants ;
Les tulles, onze a douze heures pour tous les ouvriers;
Les ateliers de mécaniques, douze à treize heures ;
La filature du lin, une brigade de sixheuresdu matin à sept heures
du soir, et une autre de sept heures du soir à six heures du malin.
Les gantiers , travaillant à la paire , n'ont point d'heure.
Les fabriques de papier travaillent onze heures , en été comme
en hiver , sans distinction d'ouvriers.
Celles de papiers peints, douze heures pour tous les âges en été ;
en hiver, neuf.
Les dentellières, étant salariées à forfait, travaillent a volonté.
Cependant elles commencent habituellement a six heures du matin
pour finir a neuf heures du soir.
Dans les écoles, les apprenties dentellières, de l'âge de sept à dix
^'Google
10 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
ans, commencent à travailler à huit heures du malin et finissent a
quatre ou cinq heures du soir.
Tous les ouvriers imprimeurs d'indiennes, ceux qui impriment
les foulards et les mousselines-] aînés , les teinturiers, travaillent
tous indistinctement douze heures en été et neuf heures en hiver ;
les adultes tisserands d'étoffes sont occupés pendant douze heures
en été et les enfants pendant dix heures; en hiver ils ne le sont
que pendant neuf heures.
Les ouvriers de la fabrique d'acides travaillent douze heures et
demie en été comme en hiver.
Les tisserands de cotorinetles , étant à la pièce, travaillent a
volonté.
1 0" question. — A quelle heure commence et finit d'ordinaire la
journée de travail en été et en hiver ?
KÉPOHSB. — La mbanerie commence en été à six heures du
matin et finît à neuf heures du soir ; en hiver avec le jour jusqu'à
huit, quelquefois neuf heures du soir.
Les ouvriers en tulle, depuis six heures et demie du matin jusqu'à
huit heures du soir.
Les ateliers de mécaniques sont en activité, eu hiver comme en
été, de six heures du matin à sept heures du soir.
La ganterie, travaillant à forfait, n'a pas a répondre.
Les papeteries travaillent depuis six heures du matin jusqu'à sept
heures du soir, en hiver comme en été.
La manufacture de papiers peints commence à six heures et
demie du matin en été et finit à six heures et demie du soir; en
hiver à sept heures du malin jusqu'à la chute du jour.
Nous avons déjà indiqué les heures habituelles du travail des
dentellières.
Les imprimeurs d'indiennes commencent leurs travaux, en été,
les uns à cinq heures et demie du matin , les autres à six heures
du malin et finissent à six et six heures et demie du soir.
Les imprimeurs sur foulards et mousselines de laine travaillent
en été depuis cinq heures et demie du matin jusqu'à six heures
et demie du soir ; en hiver au point du jour jusqu'à sa chute.
Les teinturiers travaillent, en été comme en hiver, dès six heures
du matin jusqu'à sept heures du soir,
Nous avons déjà vu que les tisserands de colonnettes sont payés à
la pièce et qu'en conséquence ils commencent cl finissent à volonté.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 11
Les tisserands en étoffes sont au travail en été dès cinq heures
et demie du matin jusqu'à sept heures et demie du soir ; en hiver
depuis la pointe du jour jusqu'à sept heures du soir.
Les ouvriers de la fabrique d'acides sont k l'ouvrage à six heures
et demie du matin jusqu'à sept heures du soir.
11e question. — Ces limites sont-elles parfois dépassées? Dans
quelles circonstances et de combien?
réponse. — Tous les industriels ont répondu qu'elles ne sont
dépassées que dans des circonstances extraordinaires fort rares;
les ouvriers font alors ce qu'on appelle cinq quarts, et {ajour-
née se trouve ainsi augmentée de deux heures.
Il arrive bien plus souvent qu'ils ne travaillent que (es trois quarts
du jour, lorsqu'il y a encombrement de produits dans certaines
industries, comme cela a malheureusement lieu pour celtes qui
souffrent trop par la concurrence étrangère, et en hiver à cause de
la courte durée du jour.
Toutefois, ces limites sont dépassées dans la fabrique d'acides,
quelques jours par mois, quand l'ouvrage presse.
12* question. — Le travail extraordinaire est-il étendu à tous lés
ouvriers sans distinction, aux enfants comme aux adultes?
KÉPOBsa. — Tous les industriels ont donné une réponse négative,
à l'exception des fabricants de tulle, de papiers peints et des tein-
turiers qui, dans des cas très-rares, font travailler extraordinaïre-
meiit les jeunes ouvriers , parce que les adultes seraient dans
l'impossibilité de marcher sang eux.
Dans la rubanerie, même dans les cas exceptionnels, les enfanta
ne travaillent jamais la nuit; c'est tout autre chose dans la filature
de lin où nous avons déjà remarqué qu'une partie des ouvriers tra-
vaille le jour et l'autre partie la nuit , et c'est par ce motif qu'ils
sont divisés en deux brigades.
Dans la fabrique d'acides, te travail extraordinaire est appliqué
à tous les ouvriers indistinctement; ils y sont appelés non tous à
la fois, mais d'après leur tour de semaine.
33" question. — La durée du travail était-elle, il y a quelques
années, plus ou moins longue qu'aujourd'hui?
■iponsB. — Partout tes heures sont restées les mêmes ; il n'est
survenu aucune variation à cet égard.
14" qeestiob. — Avez-vons jamais essayé de faire travailler Ica
^y Google
12 RÉPONSES ET, RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
enfants successivement par brigades ou par relais , de manière à
n'occuper les mêmes enfants que pendant la moitié ou les trois
quarts de la journée?
réponse. — Nous l'avons déjà fait remarquer, un seul établisse-
ment est dans ce cas ; on y Fait travailler les enfants par brigades,
parce qu'il y a un atelier de jour et un atelier de nuit, crées par
l'impossibilité de soumettre les ouvriers aussi bien que les enfants
à un travail double ; et comme les mécaniques de l'espèce sont
excessivement coûteuses, on concevra qu'il est très-important de
leur faire produire tout ce qu'elles peuvent. '
1 5" question. — Quelle est votre opinion au sujet d'une mesure
qui fixerait, selon le» Ages, un maximum de durée pour le travail
des enfants, et quelle en serait la limite?
békwsi. — Tous les industriels, chacun pour ce qui le con-
cerne, nous ont répondu que, sans aucune-exception, ils soumettent
les enfants qu'ils emploient A des travaux proportionnés A leur âge
et à leurs forces ; d'où il résulte que les heures d'occupation qui
leur sont aujourd'hui assignées par tous les chef» d'atelier»,, pour-
raient être considérées comme maximum de la durée de leur
travail, c'est-à-dire douze heures en général, en y comprenant
celles de repos qui leur sont accordées soit au déjeuner, soit au
dîner, soit au goûter.
Toutefois, l'industriel rabanier estime que la limite devrait être
neuf heures de travail pour les enfants jusqu'à l'Age de douze ans,
et onze heures pour ceux de douze A seize ans; la lisseranderîe
est du même avis ; les maîtresses dentellières pensent que six à sept
heures suffiraient, afin de pouvoir consacrer les intervalles A
l'instruction des jeunes élèves, et enfin les teinturiers, les impri-
meurs sur étoffes et sur papier, soutiennent, avec raison, qu'on ne
pourrait prendre aucune mesure qui serait de nature A interrompre
le travail d'une fabrique, sans lui causer le plus grand préjudice,
parce que les travaux étant combinés entre eux, ils devraient être
suspendus pendant l'absence des jeunes ouvriers.
16" question. — Travaillez-vous la nuit, c'est-à-dire après neuf
heures du soir et avant cinq heures du matin? En cas d'affirmative,
pendant combien d'heures dure ce travail, et quelles sont les cir-
constances qui le rendent nécessaire ?
' BiiwinsB. — Cette question a reçu sa solution par les réponses
faites A la douzième, et il n'y a d'exception à cet égard que pour
DiglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 13
les établissements où les mécaniquessont multipliées, fort coûteuses,
et ou les chefs ont par conséquent Un intérêt fort grave à leur faire
produire tout ce qu'elles peuvent; telles sont ici les machines a
fabriquer le tulle et à filer le lin. Telle est aussi la fabrique d'acides,
où deux ouvriers sont occupes toutes les nuits, parce que les travaux
de cette industrie sont continus par leur nature.
' 17° ytnâTioïf. — EmployfiE-vous les enfants de nuit comme de
jour? Dans ce cas, comment est réparti entré eux le travail, et
pendant combien d'heures l'enfant est-il occupé le jour et la nuit ?
1 8" question. — Les mêmes enfants sont-ilsconstammerit employés
la nuit, ou changent-ils périodiquement avec ceux qui travaillent
pendant le jour?
(Ces deux questions sont aussi résolues par les réponses précé-
dentes.)
19* question. — L'interdiction du travail de huit pour les enfants
serait-elle préjudiciable a l'ordre et à la distribution des travaux, et
pour quelle raison?
«ÉPOUSE. — Nous avons déjà vu qu'à une ou deux exceptions
près, aucun de nos établissements manufacturiers ne travaille la
nuit. La position de notre industrie n'est malheureusement point
assez brillante pour qu'elle soit obligée d'avoir recours à ce moyen
extraordinaire, et nous verrons bientôt qu'elle s'estimerait fort
heureuse si elle pouvait employer complètement (es heures ordi-
naires consacrées au travail.
Ainsi , dans l'état actuel des choses, une mesure qui inter-
dirait strictement et sans exception le travail de nuit aux enfants
serait non-seulement insolite, n'atteindrait point le but qu'on se
propose ,■ mais serait très -préjudiciable au petit nombre d'éta-
blissements industriels qui les emploient, en les forçant k ren-
voyer les enfants pour prendre des adultes dont le salaire est plus
élevé et dont, pour certaines branches, la force ne saurait rem-
placer l'habileté et la légèreté des premiers.
Hais il y a plus : supposons un instant que l'une ou l'autre de
nos industries parvienne à se créer un débouché à l'étranger et
acquière par là une grande activité qu'elle n'obtiendra bien cer-
tainement que par le bon marché de ses produits , et que, pour
arriver à cette condition, le travail de l'enfance. lui soit indispen-
sable ; quel sera > dans ce cas , le résultat inévitable de la mesure
que vous aurez prise?
dpv Google
M RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
C'est que vous aurez, d'une part, détruit l'espoir de l'industriel,
tout en causant un tort incalculable au pays , et que, de l'autre,
tous aurez privé les enfants de travail et d'apprentissage indus-
triel , en les mettant a la charge de leurs parents qui bientôt , à
leur tour, les mettraient a la charge du maître des pauvres.
20* questiok. — - Quels sont les intervalles de repos accordés ?
«irons*. — Tous les établissements industriels accordent géné-
ralement en été une demi-heure pour le déjeuner, une heure pour
le dîner et une demi-heure pour le goûter. Il n'y a de différence
qu'en hiver , époque à laquelle le travail ne commence ordinaire-
ment qu'a sept heures du matin , c'est-à-dire avec le jour ; il n'est
accordé, dans cette saison, aucun repos pour le déjeuner, l'ouvrier
étant censé l'avoir pris avant de se mettre à l'ouvrage.
Dans la fabrique d'acides, les repos accordés sont de neuf heures
à neuf heures et demie, et de une heure à deux heures et demie.
21' question. — Les jeunes ouvriers prennent-ils leurs repas dans
l'atelier ou dehors ?
kbtonse. — Dans les ateliers de mécaniques , dans quelques
établissements d'impression d'indiennes, de filature de lin et de
tissage, tous les ouvriers prennent leurs repas dehors ; il en est de
même pour la rubanerie , excepté pour le goûter. Les ouvriers en
tulle déjeunent et goûtent dans l'établissement, mais dînent dehors j
il en est de même dans la fabrication des papiers peints, tandis que
dans les papeteries, leurs repas se font en partie dedans et en partie
dehors ; dans l'impression des foulards, la plupart dînent dans l'ate-
lier; dans les teintureries, les repas se font en partie dans l'établis-
sement et en partie dehors.
On conçoit que nous ne parlons.pas ici des ouvriers travaillant
à forfait et chez eux , parce qu'ils ont la liberté de prendre leurs
repas où bon leur semble, et dans la fabrique d'acides , ils déjeu-
nent à rétablissement et dinent chez eux, sauf sept ouvriers qui ne
peuvent quitter la besogne.
22° question. — Travaillent-ils parfois le dimanche, et sont-ils
dans l'habitude de chômer le lundi?
tâvORBt. — Cette question est du plus haut intérêt ; nuis nous
ne la traiterons pas ici dans tous ses développements ; nous nous
bornerons, pour le moment, à laisser parler les industriels.
Sur les quinze établissements que nous avons visités, dix ne tra-
vaillent jamais le dimanche , et si cela arrive dans les cinq autres ,
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 15
ce qui eM d'ailleurs fort rare , c'est par force majeure ; ce ne sont
alors que quelques ouvriers appelés à terminer un ouvrage pressé,
déjà commencé, et dont le non-achèvement immédiat causerait un
préjudice notable; ou c'est, comme ce qui arrive dans un seul éta-
blissement, parce que la nature de l'industrie ne permet pas une
cessation complète des travaux.
Quant au chômage du lundi et à celui des kermesses, c'est là ce
que nous pouvons appeler la lèpre de la classe ouvrière ; cependant
nous allons voir que quelques industriels, par leur persévérance
et leur fermeté , sont parvenus à déraciner en partie un mal qui
était général.
L'industriel rubanîer nous déclare que pour obtenir que ses
ouvriers ne chôment pas le lundi tout entier, il a été obligé de leur
abandonner un quart de jour, et que ce n'est que depuis lors qu'il
est parvenu, par cette concession, à les faire travailler le restant
de la journée.
Le fabricant de tulle n'est parvenu à arrêter que la moitié du
chômage du lundi.
Dans l'un des deux ateliers de mécaniques , les ouvriers ne font
que trois quarts de jour; dans l'autre, au contraire, s'ils ne se pré-
sentent pas au travail le lundi , ils sont punis d'une amende qu'on
verse dans une caisse destinée à leur procurer des secours lorsqu'ils
sont malades.
Dans la filature de lin, le' chômage du lundi est interdit, et, s'il
y a récidive, l'ouvrier est renvoyé. La papeterie ne l'a jamais permis.
Dans la manufacture de papiers, cela arrive rarement.
Les dentellières, quoique travaillant a forfait, font assez habituel-
lement le lundi ; cependant il est à remarquer que les ouvrières en
plat et en point à l'aiguille chôment peu les lundis; il en est de
même dans l'impression des indiennes ; dans celle des foulards, ce
n'a été qu'avec la plus grande peine que l'industriel est parvenu à les
foire travailler; dans l'impression en caractères, c'est là surtout que
les ouvriers et principalement les bons ne se contentent pas de chômer
les lundis , mais même une bonne partie de la semaine; on en
trouve qui ne se rendent aux ateliers que trois jours, et que les chefs,
qui ne peuvent s'en passer, sont obligés d'envoyer chez eux, dans
des moments pressés, pour les faire venir à l'ouvrage; ceux qui
tiennent celle conduite débauchée sont ceux dont le salaire est le
plus élevé et par conséquent les meilleurs ouvriers.
La teinturerie ne permet pas le chômage du lundi ; les tisserands
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16 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
de cotonnettes, si nombreux et travaillant cependant à forfait , se
distinguent par leur application au travail ; il est vrai que ce sont
des ouvriers campagnards, qui n'ont point autant d'occasions de
dissipation que ceux des villes ; la fabrique de tissus leur impose
une amende lorsqu'ils ne se rendent pas a l'ouvrage, et la fabrique
d'acides ne souffre pas davantage qu'ils manquent a leur travail.
23* qwbstkhc. — Quel est le salaire de la journée de travail :
A. Pour les hommes faits?
B. Pour les femmes? •
C. Pour les enfants?
réponse. — Dans la rubanerie, les hommes faits ont fr. 1 50
Les femmes — 1 »
Les enfants de douze à seize ans — » 60
Id. au-dessous de douze ans. .- . . — <■ 40
Dans la fabrication des tulles, les hommes faits ont .. — 2 50
Les femmes. . — 1 »
Les enfants de douze à seize ans — "75
Id. au-dessous de cet âge — « 40
Dans l'un des ateliers de mécanique* où l'on n'emploie que peu
ou point d'enfants , la moyenne des salaires est de 2 fr. 50 ; dans
l'autre elle varie de 1 fr. 50 a 4 fr. 50, selon la capacité des ouvriers.
Le directeur. de la filature de lin n'a pas jugé convenable de
répondre à celte question.
Dans la ganterie , c'est-à-dire pour les ouvriers découpeurs ,
appréteurs, etc., la moyenne est de 5 francs, et pour les plus
habiles jusqu'à 7 francs.
Dans les fabriques de papier, les hommes faits ont fr. 1 50
Les femmes — * 90
Les enfants. . . . . — «45
Dans la fabrication des papiers peints , il y a une telle variété
de salaire dépendant de la nature des travaux, que nous n'en avons
pas la moyenne.
Les dentellières faites gagnent de 1 fr. à 1 fr . 50 par jour, selon
leur habileté; les enfants de douze à seize ans ont de 60 à 70 cen-
times; ceux en dessous de cet âge de 36 à 45 centimes, et ceux de
six a dix ans, qui font leur apprentissage, gagnent de 10 à 20 cen-
times par semaine.
Les imprimeurs d'indiennes ont fr. 1 30
Les femmes — «80
Les enfants — « 35
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 17
Le* imprimeurs sur foulard* ont en été — 8 60
En hiver — 3»
Les jeune» garçons. . — a 50
Les filles. — . 60
Les imprimeurs en caractères gagnent, en moyenne , 5 fr. 50 ;
toutefois ce salaire est très-variable , puisqu'il est fixé d'après la'
capacité et l'habileté de l'ouvrier.
Dans la teinturerie, les hommes faits ont . . . . fr. S *
Les femmes — 2 50
Les enfants , — » 90
Il pourrait paraître étrange que, dans cette industrie, les femmes
sont mieux salariées que les hommes; mais la disproportion dis-
paraîtra, lorsqu'on saura que les premières, ainsi que les enfants,
travaillent soit en qualité de ficeleuses, soit en qualité de bobineuses,
et que cet ouvrage étant payé au poids , leur habileté et leur con-
stance au travail sont cause de cette élévation du prix de la journée.
Dans la fabrique de cotonnettea, bien que les ouvriers travaillent
à forfait , l'industriel nous a donné pour moyenne de leur salaire :
Hommes faits, de fr. 1 50 a 8 »
Femmes. — 1 » à 1 50
Enfanta — . 50 4 . 75
Dans la tisseranderie des étoffes, les hommes faite sont salaries,
en moyenne, 4 raison de fr. 1 36
Les enfants » 50
Nous avons déjà vu que la fabrique d'acides et de produits chi-
miques se trouve en partie en ville et en partie à la campagne ,
et qu'elle n'occupe pas d'enfants.
En ville, le salaire est de fr. S »
Et à la campagne ■ 1 80
94' Qjownon . — • Le salaire a-t-il éprouvé des variations depuis un
certain nombre d'années? Dans l'affirmative, quelles sont ce* varia-
tions?
nbomE. — Dana l'industrie rubanière, le salaire des tisserands
a plutôt augmenté que diminué, depuis l'emploi des fils méca-
niques en remplacement des fils à la main, parce que les premiers
se tissant plus facilement, L'ouvrier fait plus d'ouvrage.
Les ateliers de mécaniques ont diminué le salaire d'un franc par
jour depuis cinq ans ; dans la fabrication de* papiers peints, la
1.
Digilizedby GOOgle
18 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
variation est en plus; dans celle des dentelles, le salaire a diminué de
moitié depuis trente ans , par le motif qu'on est moins difficile-sur
la perfection de l'ouvrage; le salaire, dans l'impression des in-
diennes, est également diminué, dans La proportion de vingt cen-
times en moyenne et par jour ; dans celle des foulards, [es bons
ouvriers qui ne se sont pas expatriés, ne sont restés dans le pays,
que parce que leur salaire tend chaque jour à une augmentation
graduelle.
La main-d'œuvre du tissage des étoffes et des coton nettes-» subi
en moyenne, depuis quelques années, une diminution de moitié,
et tout fait craindre qu'elle diminue encore, si cette intéressante
industrie ne parvient point à trouver un débouché extérieur ; toute-
fois l'arrêté du 14 juillet 1843 a fait naître l'espoir d'un meilleur
avenir.
Dans toutes les autres industries qui font l'objet de ce rapport,
il n'est survenu aucune variation dans le salaire de l'ouvrier.
£5" question. — Les enfants sont-ils payés directement par les
chefs d'industrie ou par les ouvriers qui les emploient?
lirons!. — Dans la rubanerie , les enfants nommés espoiileurs
sont payés par leurs tisserands respectifs j tous les autres le sont
par lé chef.
Les dentellières reçoivent leur salaire des chefs d'ateliers ou des
maltresses auxquelles elles rapportent leur ouvrage.
Les jeunes enfants aidant les imprimeurs de foulards et de
mousseline-laine sont payés par les ouvriers , de même que ceux
employés au tissage des étoffes et des cotonnettes. Pour toutes les
autres industries , ils reçoivent leur salaire du chef de l'établisse-
ment auquel ils sont attachés.
26* qdxbtior. — L'emploi donné aux enfants leur laisse-tille temps
de fréquenter les écoles ? En cas d'affirmative, quel est le nombre
d'enfants qui fréquentent les écoles?
aiFOKSE. — Tous les industriels sont unanimement d'accord que
les enfants pourraient fréquenter les écoles , par le motif que leur
travail cesse généralement de six à sept heures du soir en été, et à la
nuit tombante en hiver ; mais tous aussi pensent que pour atteindre
un but qu'ils considèrent comme ' éminemment utile, il faudrait
que les classes s'ouvrissent après les heures de travail , c'est-à-dire
le soir.
^y Google
CHAMBRE DE -■COMMERCE DE BRUXELLES. 1»
On conçoit que tous les jeunes ouvrière qui travaillent à forfait
' pourraient. fréquenter les écoles, si tel était le bon plaisir de leurs
parente, ■ .
. Nous allons voir par .les réponses qui nous ont été faites au
second membre de-la vingt- sixième question et à la vingt-septième,
- combien il est déplorable qu'au xix'siècle une foule d'ouvriers et
de jeunes enfants soient privés de toute instruction'
Il est douloureux, en effet, d'apprendre, que sur quinze chefs
d'établissements manufacturiers, neuf vous diront que très- peu ou
point d'enfants fréquentent lés écoles, et lorsque vous leur deman-
derez les causes d'une aussi coupable négligence, ils vqus répondront
que cet état d'ignorance doit, en général, être attribué aux parents,
qui ne les forcent ou ne les engagent point à aller aux écoles,
parce qu'ils ne connaissent pas eux-mêmes le bienfait de l'instruc-
tion.
Nous avons toutefois quatre exceptions honorables à citer.; nous
rencontrons la .première dans les ateliers de mécaniques, où la
moitié au moins des ouvriers savent non-seulement lire, écrire,
maie où qui pie sur deux cent deux ont des notions de dessin. ,
Nous trouvons la seconde chez les tisserands en tulle, dont l'édu-
cation est assez formée, pour qu'ils sachent presque tous lire et
écrire ; la troisième ebez les ouvriers gantiers ; enfin la quatrième
dans la fabrique d'acides, et c'est la plus remarquable, car, sur dix
ouvriers dont le personnel est composé, en ville, tous savent lire
et sept d'entre eux écrivent.
Nous ne parlerons pas des imprimeurs en caractères parce que,
dans cette profession, savoir lire est une condition presque insépa-
rable de leur état ; il est vrai néanmoins que plusieurs d'entre eus
ne savent point écrire.
Nous ne terminerons pas cet article sans faire remarquer
que la plus profonde ignorance règne précisément dans la
classe la plus nombreuse, celle des dentellières; nous avons déjà
vu que le chiffre de celles-ci, pour Bruxelles seulement, s'élève
de mille à douze cents. Qui le croirait? le nombre de celles qui
savent lire et écrire est si restreint qu'on n'a pas pu nous indiquer
la moindre proportion.
Ce fâcheux état de choses tient a deux causes: dès la plus tendre
enfance, on lés met en apprentissage, et elles travaillent ensuite
chez leurs parents, qui s'inquiètent beaucoup moins de leur instruc-
tion que de l'argent quelles leur rapportent. -
tizedby GOOgle
20 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
37* question. — Quel est le degré d'instruction de vos ouvriers?
repobsk. — Il est fâcheux d'avoir à constater que sur trois cent
dix-huit ouvriers qui forment le personnel d'un établissement indus-
triel, deux cent soixante-trois ne savent ni lire ni écrire ; quarante-
neuf ne le savent qu'imparfaitement ; nuit savent lire, écrire et
compter, et deux seulement ont quelques notions du dessin ; ce
sont des mécaniciens.
Dans une autre fabrique où travaillent soixante et dix ouvriers,
on en compte A peine quatorze qui possèdent quelques notions de
la lecture et de l'écriture; le reste ne sait absolument rien. Même
ignorance parmi plus de quatre cents individus des deux sexes qui
peuplent un troisième établissement. Un autre industriel répond
que quant aux soixante ouvriers qu'il occupe , leur instruction
laisse tout A désirer; un cinquième vous dira que snr les trente-
trois individus qui composent ses ateliers, bien peu savent lire et
encore moins écrire ; nous savons déjA que les dentellières se font
remarquer par un manque presque total d'instruction ; un septième
fabricant vous avouera, avec franchise, que sur les cent quarante
ouvriers auxquels il donne du travail, il n'en compte pas dix qui
sachent lire ; un huitième vous déclarera que sur un nombre de
soixante et dix individus qui forment le personnel de ses ateliers, il
s'en trouve cinq qui savent lire et écrire imparfaitement ; si noue
nous adressons A un neuvième industriel, il va nous dire que dans
le nombre de ses ouvriers, il ne s'en trouve qu'un sur soixante
qui sache lire. Enfin un dernier chef d'atelier, très-éclairé, noua
donnera pour moyenne du nombre des hommes qui savent lire,
quatorze sur soixante- cinq.
ïïous avons cité les honorables exceptions que nous avons ren-
contrées à ce sujet.
28" questioh. — Les ouvriers des deux sexes, enfants comme
adultes, sont-ils réunis dans les mêmes ateliers?
répoïhk. — -Dans tous les établissements industriels, les ouvriers
des deux sexes sont séparés, à l'exception des imprimeries d'in-
diennes où tout le monde travaille dans le même atelier, et de
la teinturerie où des femmes et des enfants, en petit nombre, sont
réunis aux autres ouvriers dans certaine partie de l'établissement.
29* qvmtior. — Quelle est, en général, la conduite des jeunes
ouvriers ? Sont-ils adonnés A certains vices, et A quelle cause faut-il
principalement les attribuer ?
réponse. — Dans huit établissements nous avons reçu pour
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. St
réponse que la conduite des jeunes ouvriers est généralement
bonne.
Dans la rubanerie , le chef de cette grande fabrique nous a
déclare qu'ils sont la plupart peu dociles, et que leur conduite
exige une surveillance très-active ; qu'ils sont d'autant plus difficiles
a corriger, qu'en dehors de la fabrique leurs parents ont le défaut
d'écouter leurs plaintes et le plus souvent de leur donner raison
dans leur insubordination, lorsqu'une punition leur est infligée par
l'un des chefs d'atelier; il faudrait, dans leur opinion, qu'elle ne
pût jamais émaner que du chef même de l'établissement, parce que
les ouvriers se croient les égaux du contre-maître ou du chef
d'atelier.
Le fabricant de tulles a eu assez souvent à se plaindre de l'in-
conduite de ses ouvrières en dehors de l'établissement. Cette incon-
duite résulte de la fréquentation des kermesses.
Il est à remarquer que les maîtresses ouvrières en dentelles que
nous avons interrogées, rendent justice à la régularité de la con-
duite des dentellières qu'elles emploient et dont elles n'ont quel-
quefois à se plaindre qu'à cause des kermesses. Nous reviendrons
plus tard sur ce sujet.
Nous ne répéterons plus ici ce que nous avons déjà eu l'occasion
de signaler quant aux imprimeurs en caractères; d'après nos rensei-
gnements, le libertinage et l'ivrognerie sont assez souvent le
partage de cette classe d'ouvriers.
Le chef de l'importante fabrique de cotonoettes n'a pu nous
donner à cet égard aucun renseignement, parce que la plus
grande partie de ses douze à quatorze cents ouvriers n'étant
pas sous ses jeux et se trouvant disséminés à Wavre, Braine-
Lalleud et dans les environs, il ne peut les surveiller dans leur
conduite.
30' question. — Existe- 1- il, en rapport avec votre établissement,
quelque institution utile en faveur des ouvriers, telle qu'une école
gardienne, primaire ou d'adultes, une caisse d'épargne ou de
prévoyance, un fonds de réserve, etc.? En cas d'affirmative,
veuillez décrire en détail tout ce qui concerne cette institution.
réponse. — Nous allons d'abord entendre ce que va nous dire
à ce sujet le chef de l'importante fabrique de rubans. Il regrette,
dit-il, qu'il n'y ait aucune institution utile et favorable aux ouvriers,
en rapport avec son établissement; à défaut d'une ressource si
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22 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
nécessaire, dans certaines circonstances, a ceux-ci et à leur famille,
il a engagé tous les ouvriers au-dessus de vingt et un ans à con-
courir à la formation d'une caisse de prévoyance ; cinquante seu-
lement ont répondu à son appel philanthropique et y contribuent
depuis trois ans a raison dé 5 centimes par semaine, Le fonds de
caisse est de 1.00 fr. ; pendant ce laps de temps, ils y ont versé
876 fr. ; H leur en a été distribué 275, et comme cette distribution
est de % fr. par semaine lorsqu'ils sont malades, il en résulte qu'en
moyenne proportionnelle, chaque ouvrier aurait reçu 6 fr. 50 et
aurait dû avoir été malade ou incapable de travailler pendant à
peu près trois jours en trois ans.
Le chef de l'établissement que nous citons n'a pu parvenir a
déterminer les célibataires à contribuer à cette bonne œuvre, parce
que, en devenant malades-, ils entrent à l'hôpital, et qu'ils n'ont
pas de famille qui ait besoin de secours pendant qu'ils y sont.
Dans le tissage des tulles , il n'y a aucune institution de ce
genre; mais on peut citer des cas où des ouvriers habitués a
s'adonner a la boisson en ont été corrigés par le chef, et qui, bien
que n'ayant qu'un salaire de 1S fr. par semaine, en ont économisé
trois; ils se sont ainsi formé un capital de 400 fr., tout en étant
mieux nourris et mieux vêtus qu'au temps de leur ivrognerie.
Dans l'un des deux établissements métallurgiques qui ont répondu
à notre appel, on fait une retenue de 3 p. "/„ sur tous les salaires ;
quand les ouvriers sont blessés, on leur accorde, sur ce fonds, une
demi-journée par semaine ; s'ils sont malades, on leur donne une
gratification d'après leur conduite et la situation de leur famille.
Si, par une multiplicité extraordinaire d'accidents, cette retenue
devenait insuffisante, la différence serait fournie par le chef de
l'établissement.
Dans le second atelier de mécaniques, il se fait une retenue de
12 centimes par semaine sur le salaire de chaque ouvrier; il y a,
de plus, une caisse où l'on verse les amendes encourues soit pour
avoir manqué aux heures de travail, soit pour toute autre cause,
d'après le règlement existant. Les blessés ou les malades reçoivent
8 francs par semaine sur cette caisse' doublement dotée.
Dans la filature de lin, les ouvriers sont secourus par l'établis-
sement même.
Dans la papeterie , on n'est pas parvenu jusqu'ici à créer une
caisse de prévoyance ; des secours sont donnés aux nécessiteux
par le chef de la fabrique.
ly Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. .83
Toutefois, il est à remarquer qu'il existé dans le village ou elle
est située,- use école gratuite, fondée par le prédécesseur du pro-
priétaire actuel. . .
Dans la fabrique de cotounettes , mouchoirs , etc. , il existe une
caisse de prévoyance, formée au moyen d'une légère retenue faite
chaque semaine sur le salaire de l'ouvrier ; s'il tombe malade, ou
vient à. son aide, et si la caisse ne suffit pas , le chef de l'établisse-
ment pourvoit à la différence.
Dans l'imprimerie, de foulards et mousselines-laines, on n'a pu
jusqu'à présent établirune caisse d'épargne, et, à son défaut, l'indus-
triel s'est vu forcé de venir lui-même au secours de ses ouvriers
malades.
Dans toutes les autres fabrique* il n'y a point de semblables
institutions , soit parce que les chefs n'y ont pu déterminer les
ouvriers, soit parce que le salaire de ceux-ci, comme dans la tisse-
randerie d'étoffes , est si minime qu'il suffit a peine a leur existence.
Nous ne pouvons passer sous silence, en rapport avec la tren-
tième question , un fait unique qui nous est affirmé par le chef
éclairé de l'une de nos fabriques de produits chimiques-; sur les
dix ouvriers qu'il emploie dans son établissement situé en ville,
sept ont des livrets à la caisse d'épargne.
Nous nous estimerions trop heureux si nous avions eu beaucoup
d'exemples semblables à citer ; ils sont d'autant plus honorable*
qu'ils sont rares.
31' question. — Quel -est , en général , l'état de santé de vos
ouvriers , et en particulier celui des enfants ?
bÉroRsu. — Léa réponses ici sont unanimes ; tous les ouvriers
jouissent en général d'une bonne santé, et plus particulièrement
encore les enfants ; cette circonstance est due sans doute à ce que,
comme on a pu le voir aux réponses à la cinquième question, tous
les industriels, sans exception, ne soumettent les enfants qu'à des
travaux légers, proportionnés à leur âge et à leurs forces.
32* questiok. — La nature et la durée du travail assigné aux
enfants exercent-elles une influence défavorable sur leur état
physique et sur leur développement?
aiponsK. — On vient de voir par ce qui a été répondu à la
question précédente, que les enfants jouissent en général d'une
bonne santé et par quels motifs ; nous y ajouterons que le travail
DiglizedOy GOOgle
U RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
facile qui leur est partout assigné est uu exercice manuel utile,
propre à les développer et nécessaire pour en former plus tard de
bons ouvriers dans la branche qu'ils ont embrassée.
33* question. — Quelles sont les maladies et les infirmités aux-
quelles sont le plus souvent exposés les ouvriers en général, et les
enfants en particulier? Quels moyens avez-vous employés ponr les
prévenir et y porter remède?
bbpoitsi. — Bien que cette question et quelques autres de même
nature ne soient évidemment pas du ressort d'une chambre de
commerce , mais bien du domaine de la médecine , nous n'avons
pas cru devoir les passer sous silence, afin de compléter notre
travail autant qu'il nous a été possible.
Mous avons vu qu'eu général l'état sanitaire des ouvriers et des
enfants travaillant dans les fabriques est très-satisfaisant; cepen-
dant le chef intelligent de l'industrie du tissage des étoffes a
remarqué que, pendant plusieurs étés, les ouvriers étaient atteints
de coliques, suivies de fièvre; il a fait rechercher les causes de cette
maladie, et on les a fait disparaître par l'emploi du chlorure de
chaux pour l'assainissement des locaux.
On voit que le mal dont nous venons de faire mention n'a été
que passager ; mais il existe une cause de maladie chez les ouvriers
de la capitale et de tea environs , à la destruction de laquelle il
faudrait employer de puissants remèdes : c'est la boisson.
34* qubstiok. — Avez-vous eu à déplorer des accidents depuis
quelques années? En cas d'affirmative, dites-nous la nature de ces
■ accidents, leurs causes, le nombre, l'âge des victimes.
aiponsB. — Les accidents dans les ateliers de mécaniques sont
causés par l'imprudence des ouvriers qui se brûlent quelquefois.
Dans la papeterie, on n'a eu , pendant une période de plus de
quarante ans, a déplorer qu'un seul accident.
Dans l'impression des indiennes, un seul accident est arrivé par
l'imprudence d'un ouvrier de quarante ans, qui a eu le bras engagé
entre deux cylindres; il est mort des suites de ses blessures, et
comme il n'y a point de caisse de prévoyance, l'industriel fait une
pension à sa veuve.
35* QŒSTion. — Quel est le nombre de vos ouvriers inscrits sur
les listes des pauvres, et à quelles causes peut-on attribuer leur état
d'indigence ?
keponsk. — Cette question est d'autant plus pénible à traiter,
Digilizedby GOOgle,
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 45
que les résultats de nos investigations sont loin d'être' à l'avan-
tage de la classe ouvrière de notre populeuse cité et de ses envi-
rons.
En effet, l'industrie de la rubanerie compte trente-quatre hommes
et dix-sept femmes inscrits sur la liste des pauvres. Le chef attri-
bue leur indigence à leur nombreuse famille et a leur âge avancé ;
mais, dans sa réponse a la trente-troisième question, il dit que
ses ouvriers ne sont jamais malades, excepté les lundis par suite
des excès de la veille.
Dans la fabrique de tulle, on évalue au vingtième le nombre
d'ouvrières inscrites sur ces listes , et la cause de leur misère est
attribuée à leur nombreuse famille , souvent composée de dix &
douze enfants, dont la plupart sont trop jeunes pour être employés
dans les établissements manufacturiers.
Dans l'un des ateliers de mécaniques, on en compte tout au plus
un dixième, et, chose remarquable, ce sont précisément ceux de la
ville; tandis que les autres venant de Liège, ayant femme et enfants
à nourrir, ne sont pas inscrits sur la liste des pauvres.
Dans le second atelier, situé au faubourg , le nombre des
assistés est très- restreint ; ce sont ceux dont le salaire est le plus
modique.
Nous n'avons pu obtenir des renseignements positifs sur la fila-
ture de lin, parce que la plus grande partie des ouvrières appar-
tiennent-aux communes environnantes.
Dans la ganterie, aucun des ouvriers travaillant dans l'établisse-
ment n'est inscrit sur la liste des pauvres, et cela se conçoit : d'abord,
parce qu'ils sont presque tous étrangers, et ensuite par le motif qu'ils
sont fortement salariés.
Dans la fabrique de papier, on n'en connaît pas, parce qu'elle
n'est point en ville.
Dans la classe ri nombreuse des dentellières, le chiffre de celles
qui sont inscrites n'a pu nous être donné, comme on le pense bien,
avec exactitude; il est vraiment effrayant, car on l'estime aux trois
quarts, ce qui en élèverait le total à environ neuf cents.
Il est de notre devoir de signaler ici un abus qui n'est malheu-
reusement que trop fréquent; les maîtres des pauvres se présen-
tent chez les ouvriers ; s'ils s'aperçoivent qu'il règne dans la maison
un peu d'ordre et de propreté, ils en tirent la conséquence qu'aucun
secours ne leur est nécessaire, tandis qu'ils en accordent a un autre
^y Google
26 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
ouvrier dont la maison est malpropre et dont le chef s'adonne habi-
tuellement à l'ivrognerie.
La fabrique d'indiennes qui nous a occupés dans le cours de ce
travail, étant située a la campagne, peu d'ouvriers *e trouvent sur ■
les- listes des pauvres.
Dans la teinturerie, également située dans un village voisin, il
ne s'en trouve qu'un seul, et cela parce qu'il est chargé d'une
nombreuse famille. ■ -
Dans la fabrique de. cotonneltes, tous les ouvriers étant campa-
gnards, nous n'avons pu obtenir aucun renseignement à cet égard.
Il en est fort peu dans la fabrique d'impression de foulards, mais
en revanche, dans la tisseranderîe d'étoffes on en compte le quart ;
ils sont domiciliés à Bruxelles , et ceux qui habitent les environs
s'y feraient également inscrire, s'ils le pouvaient.
Après avoir ainsi soumis à vos lumières les faits de toute espèce
que nous avons recueillis dans la difficile enquête dont nous étions
chargés, notre lâche n'est point accomplie ; ils nous reste encore
a vous exposer les considérations générales qui en résultent,
ainsi que celles que le» industriels eux-mêmes nous ont soumises,
et a vous proposer enfin les mesures que nous croyons les plus
propres a la sécurité des chefs d'établissements industriels et à assu-
rer le bien-être de la classe ouvrière elle-même.
Si' nous ouvrons les pages de notre enquête qui contiennent les .
observations générales qui nous ont été Faites, nous trouverons
qu'elles signalent partout une absence presque générale d'instruc-
tion, qui prend sa source dans l'ignorance même des parents des
jeunes ouvriers et dans ce que, dès leur plus tendre enfance , il*
les forcent à leur rapporter tin mince et sordide salaire.
; Ils ne considèrent pas que l'instruction que leurs enfants
recevraient dans leur jeune âge , formerait non-seulement leur
jugement , leur moralité, mais leur donnerait encore, de bonne
heure , plus d'aptitude pour exercer l'état auquel ils se destine-
raient ensuite.
Cependant la position est telle ; il faut l'accepter et tâcher de
trouver un remède pour concilier à la fois les exigences des1
parents et le bien-être des enfants; nous l'indiquerons plus lard.
II résulte encore des faits que nous avons recueillis qu'il est
vrai, en général, que ce sont les ouvriers des villes qui se trouvent
en presque totalité sur les listes des pauvres.
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CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 37
Aquoi attribuer cette détresse?Àl'insuffiaance de leuraalaire? Non.
A la cherté des loyers et des denrées nécessaires à l'existence ? Certes,
cela y contribue pour quelque chose ; mais la véritable lèpre de la
classe ouvrière, c'est sa démoralisation, l'ivrognerie à laquelle elle
se livre généralement, et les occasions qu'elle trouve trop fréquem-
ment de dépenser le fruit de son travail , soit dans les débits de
boissons distillées, soit dans les cabarets, soit dans les trop nom-
breuses kermesses qu'elle fréquente toujours avec un extrême
empressement.
En rêut-on un exemple 7 On le trouvera d'autant plus frappant
qu'il est donné par la classe la plus nombreuse et en même temps
la plus pauvre, les ouvrières dentellières. Elles travaillent avec
assiduité du matin au soie; elles se créent des épargnes que vous
ailes croire destinées a pourvoir à des besoins éventuels. Pas du
tout; survient une kermesse, la fête patronale de leur état, c'est
alors que vous les verrez pendant trois ou quatre jours de suite
se promener dans des voitures ornées de drapeaux, chantant à lue-
tête et dissipant ainsi en quelques moments leurs économies. A la
«uite de ces excès , elles tombent dans la plus profonde misère,
obligées de demander des avances aux maîtresses qui les emploient,
et d'implorer même l'assistance des maîtres des pauvres.
Nous serions heureux si nous n'avions que ces faits a citer;
mais ils se reproduisent malheureusement chez tous les ouvriers en
général ; nous en connaissons , dans l'imprimerie de foulards qui,
malgré un salaire élevé, ne rougissent pas d'exposer leurs femmes
et leurs enfants aux plus dures privations ; préférant dissiper,
dans les cabarets, lé irait de leur travail, plutôt que d'élever hono-
rablement leur famille.
Vous verrez encore que, dans la bonne saison, lorsque
l'ouvrage est pressé, s'ils parviennent a s'en apercevoir, sans
aucune espèce de raison, ils restent oisifs, se coalisant et exigeant,
pour reprendre leur travail, une. augmentation de salaire. Malheur
au fabricant s'il se soumet à leurs exigences I Ce n'est que lorsque
l'aiguillon de la faim se fait sentir, après s'être enivrés et avoir
contracté des dettes, qu'ils se remettent a l'ouvrage, au risque de
le gâter dans les premiers moments, parce que la débauche leur
rend la main mal assurée ; et bien qu'ils sachent qu'ils auront à
supporter une partie du dommage causé, ils restent néanmoins
Incorrigibles.
Mais, nous dira-t-on, pourquoi le fabricant ne chasse-t-ïl pas
< ! : yCoOglC
28 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
d'aussi mauvais sujet* ? Parce que cela ett impossible, par le motif
que le peu de bons ouvriers qui se trouvent encore eu Belgique,
dans celte branche, sont précisément ceux qu'on ne pourrait
punir comme on le désirerait, a défaut de pouvoir les remplacer
convenablement, attendu qu'il faut trop de temps pour en former
de nouveaux.
On conçoit, en effet, que dans toutes les professions pour l'exer-
cice desquelles les industriels trouvent facilement des ouvriers,
ceux-ci sont beaucoup plus dociles, parce que, certains de leur
renvoi, a la première inconduite , ils ont intérêt à ne pas mécon-
tenter leurs maîtres.
Dans le cours de notre enquête , nous avons aussi entendu de
graves plaintes concernant l'inexécution de la loi sur les livrets ,
et notamment dans la rubanerie, la fabrication des papiers et
l'industrie dentellière, où aucune des ouvrières n'en est munie,
circonstance calamiteuse pour les maltresses, parce que les ou-
vrières tes quittent quand elles veulent pour aller travailler ail-
leurs, en emportant quelquefois les dessina qui leur étaient confiés.
Nous avons à vous entretenir maintenant d'une industrie qui
a pris, dans le pays, un essor assez considérable, mais dont le
développement complet est arrêté par le manque d'ouvriers indi-
gènes ; nous voulons parler de la ganterie. Nous avons vu qu'une
seule fabrique de gants occupe de trois cent cinquante à quatre
cents ouvriers, et que tous ceux qui travaillent dans l'établisse-
ment même, salariés à 5 et 7 francs par jour, sont presque tous
des étrangers, dont l'industriel voudrait se rendre indépendant.
Pour 7 parvenir, il faudrait pouvoir former des élèves; mais
malgré la hauteur du salaire que ceux-ci pourraient obtenir après
deux ans d'apprentissage, te fabricant n'a pu en trouver qu'un seul
encore, et cela, parce que souvent les parents ne peuvent faire le
sacrifice de 300 fr. qu'il faudrait avancer une seule fois pendant
ces deux années, à l'ouvrier chargé du soin d'instruire l'élève, pour
le dédommager de la perte de son temps et du travail défectueux
de l'apprenti.
En France, les parents comprennent mieux la position future
de leurs enfants ; aussi ne balancent-ils pas à payer jusqu'à 300 fr.
pour leur apprentissage.
En Belgique, on vaincra bien difficilement cette répugnance,
parce qu'il est vrai de dire que peu de parents sont en position de
s'imposer un semblable sacrifice.
^y Google
CHAMBHE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 39
Nous arrivons h un point que les fabricants de dentelles nous
signalent comme fort important, et que nous rapportons ici eo
acquit de notre devoir.
Vous avez ru, par les réponses qui nous ont été faites a la
vingt-quatrième question, que le salaire des ouvrières dentellières
est diminué de moitié depuis trente ans, et qu'on attribue ce fait
à la circonstance qu'on est aujourd'hui beaucoup moins difficile
qu'autrefois «ur la perfection de l'ouvrage.
Cette cause, d'après les fabricants de dentelles, n'est pas la seule.
Il en est une autre qui menace cette précieuse industrie d'une des-
truction complète, en lui faisant perdre aux yeux de l'Europe la
brillante réputation dont elle jouit :
Il y avait autrefois , disent-ils, d'habiles ouvrières qui, par leur
longue expérience, méritaient qu'on les désignât pour former de
bonnes élèves dans la profession qu'elles avaient elles-mêmes exer-
cée; elles étaient appelées à diriger des écoles dont le nombre
était limité.
Il n'était pas permis alors à leurs élèves de devenir elles-mêmes
maîtresses , avant de posséder toutes les connaissances néces-
saires, et d'être capables d'exécuter des ouvrages perfectionnés;
«'est alors seulement que les maîtresses les présentaient aux fabri-
cants qui leur donnaient du travail.
Il n'en est plus de même aujourd'hui , ajoutent les industriels
dentelliers ; les parents envoient leurs enfanta en apprentissage dès
l'Age de six ans ; ils contractent un engagement de quatre années,
pendant la durée duquel l'enfant gagne de 10 à 20 centimes par
semaine, selon son aptitude.
L'apprentissage terminé, la jeune ouvrière continue encore a
travailler pendant quatre à six ans pour sa maîtresse ; mais arrivée
à l'âge de quatorze à seixe ans, elle prend son essor. Poussée par les
conseils de ses parents et guidée par l'espoir d'un salaire plus
élevé, elle s'établit elle-même maîtresse, alors qu'elle n'est pas
bonne ouvrière, et la voilà tenant école pour son propre compte.
Le nombre des écoles de l'espèce s'est tellement multiplié, sur-
tout depuis l'augmentation d'activité de cette industrie, que dans
le seul quartier de la rue Haute on en compte plus de vingt-cinq,
occupant chacune de dix à douze jeunes enfants.
On comprendra facilement, disent ces fabricants, que cet état de
choses doit nécessairement tendre à diminuer la perfection de
l'industrie dentellière, et que, s'il continue, le moment arrivera où
^y Google
30 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCÉ.
les bonnes ouvrières disparaîtront successivement, el, avec elles, la
renommée de l'industrie elle-même. . ,
Voici les moyens que proposent les fabricants de dentelles, dont
nous ne faisons ici que consigner l'opinion. Il faudrait, selon eux,
réunir leS élèves de toutes ces petites écoles, éparses sous la direc-
tion d'un nombre donné de maltresses expérimentées, auxquelles
on aurait préalablement fait subir un examen de capacité devant
une commission composée de fabricants de dentelles.
Mais, disent-ils, comme sous l'empire de la constitution qui nous
régit, il serait impossible de supprimer les écoles existantes, il
deviendrait nécessaire que le gouvernement intervint et accordât
soit un encouragement, soit une légère augmentation de salaire
aux élèves qui fréquenteraient les écoles qu'il aurait lui-même
instituées.
Cet appât, pensent-ils, ferait déserter les anciennes écoles et
refluer bientôt les élèves vers les nouvelles qui présenteraient ainsi
le triple avantage d'un ensemble de travail mieux dirigé, plus par-
fait, d'une meilleure surveillance quant a la moralité des entants,
et offriraient enfin les moyens de les astreindre à acquérir l'instruc-
tion dont ils manquent aujourd'hui complètement (1). '
Après avoir signalé les vices et les abus qui contribuent le plus
puissamment à la misère des ouvriers des divers établissements
industriels que nous venons de visiter, permettez-nous de vous
rappeler que vous nous aviez également chargés de 1'enqtiéte rela-
tive à l'institution, a Bruxelles, d'un conseil de prud'hommes. Pour
la rédaction de ce premier travail, nous avons eu l'occasion de voir
d'autres industriels que ceux qui sont signalés dans le présent
rapport.
■ Nous avons entendu alors les orfèvres, les chapeliers, les. cor-
donniers, les tailleurs, les menuisiers, les ébénistes, etc., et il
nous est pénible de devoir dire que l'inconduite des ouvriers
employés par ces divers fabricants est aussi caractérisée4 que celle
des ouvriers des diverses industries dont nous Venons d'avoir
l'honneur de vous entretenir.
Nous devons ajouter que les ouvriers employés par ces fabri-
(1) Depuii que ce rapporta été rédigé, deai dcaUu denlellife™ ont été établki
à Bruiellu pal dei associa lion religieuse» et charitable*, qui ont été, à cet effet,
tubaidïéei par le gouvernement : l'une ait dirigée par lei iwurs de Saint-Vincent de
Feule, l'autre par le) aœura de Kotre-Deme. {Nolt 4u rapporteur ifs la Commission
iniHInée par le gouvernenumt.)
D,g,ized0y GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE BRUXELLES. 31
fiants sont beaucoup plue nombreux que ceux occupée, dans ce»
dernières industries.
l'Nous avons mûrement réfléchi aux mesures qu'il conviendrait
d'adopter pour ramener insensiblement, la classe ouvrière à un
état normal, et noue pensons d'abord que l'institution d'un conseil
de prud'hommes, qui ■aurait dans ses attributions le soin de faire
observer les lois et règlements relatifs aux livrets, serait très-salu-
taire, en opposant une barrière aux déréglemente des ouvriers,
qui, outre la crainte de ne plus trouver, de travail après avoir été
renvoyés d'un atelier, seraient encore retenus par celle des puni-
tions qu'on pourrait leur infliger pour leur inconduite.
. 2* Nous considérons encore comme pouvant être utîje, la for-
mation de réunions dans lesquelles, tous les lundis, de cinq à huit
heures du soir, les ouvriers adultes pourraient recevoir gratuite-
ment certaine instruction et trouver en même temps quelque
récréation.
5* Nous recommandons surtout l'organisation uniforme d'écoles
pour le» enfants au-dessous de l'âge de seize ans , tenues le soir ,
gratuitement, et après la cessation dés travaux des établissements
industriels. Cette institution bienfaisante pourrait n'être point
efficace, si l'on n'y ajoutait comme corollaire une disposition
statuant que tous les parente inscrits sur la liste des pauvres en
seraient rayés s'ils ne fournissaient point la preuve que leurs
enfants fréquentent les écoles ; il faudrait statuer, en outre,- que,
poury être inscrit à l'avenir, cette preuve deviendrait indispensable.'
Toutefois, veuillez le remarquer, lorsque noue parlons de l'éta-
blissement de ces écoles, nous n'entendons pas en restreindre le
bienfait à la ville, seulement; nous désirons que cette mesure soit
générale et appliquée a tous les villages populeux du ressort,
d'où nous arrivent, tant pour la ville que pour les fabriquée des
environs, un grand nombre d'ouvriers.
4* Il serait non moins utile de mettre les chefs d'établissement»
en rapport avec les maîtres des pauvres, afin qu'ils pussent, au
besoin, les informer du véritable état d'indigence de leur* ouvriers,
par suite de maladies, de malheurs , ou d'inoonduite. -
fi* Il serait également a désirer que l'usage généralement adopté
de payer les ouvriers le samedi , fut, aboli ; car il y a beaucoup
d'exemples d'ouvriers qui , comptant sur le repos du dimanche ,
commencent dès le samedi même à dépenser dans les cabarets
sinon le tout, au moins une bonne partie de leur salaire de la
D,g.1ized0yGOOgle
33 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
semaine, et retournant ivre» au sein de leur famille, se livrent à des
excès et même à des voies de fait déplorables.
6" Nous pensons enfin qu'il est de la dernière urgence de Faire
réviser les listes des pauvres. Nous avons la conviction que de
grave* abus s'y sont glissés , et que l'on trouverait des individus
qui s'y sont fait porter, dans le seul but de s'exempter du payement
des impôts.
Telles sont les dispositions que nous croyons devoir proposer ;
si elles ne mettent pas un terme aus maui que nous avons signalés,
elles sont du moins de nature à les atténuer et à ramener la classe
ouvrière a des sentiments de prévoyance et de moralité.
Tous les cbeb d'ateliers consultésvoudraient plus encore, et si nous
exprimons ici leurs vœux, ce n'est que dans la pensée d'éclairer le
gouvernement sur l'étendue et la profondeur de la plaie que nous
cherchons à cautériser.
Ils voudraient que l'on supprimai , par une disposition légale,
le nombre infini des kermesses qui existent aujourd'hui ; Us pré-
tendent que cette suppression diminuerait considérablement les
occasions trop fréquentes, pour l'ouvrier, de dépenser en débauobes
le fruit de son travail, et ils estiment que la fête patronale de la
ville et les fêtes nationales devraient être seules maintenues.
Ils considèrent encore comme de la plus haute importance de
veiller a la stricte exécution des lois et règlements sur les heure*
de fermeture des cabarets et autres endroits publics , afin que la
classe ouvrière ne s'y abrutisse plus en y restant bien avant dans
la nuit, et qu'elle soit ainsi plus propre au travail du lendemain. Ces
funestes exemple* sont surtout particuliers a la capitale où la police
est a cet égard plus tolérante que dans la banlieue.
Ils ajoutent enfin qu'il* comprennent que cette mesure pourra
paraître, de prime abord, d'une difficile exécution ; mai* qu'avec
de la persévérance on parviendra a surmonter les obstacles, et qu'en
présence des -faits qu'ils nous ont signalés, nul doute que le» bienfaits
de cette exécution des lois et règlements n'ait une portée immense
autant pour k classe ouvrière que pour la société tout entière.
Nous avons unanimement adopté ce rapport , que nous avons
l'honneur de vous adresser, en vous priant, H. le Gouverneur,
d'agréer de nouveau l'hommage de notre considération la plus dis-
tinguée.
Le Secrétaire, Le Président,
Lamouet. P.-J. Vahimui Elst.
Digilizedby GpOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE LOUVAW. 53
II. — Oiadm' de commerce de Loncaln.
1™quistkw. — Quelles sont, dans votre ressort, les industries qui
emploient de jeunes ' ouvriers au-dessous de seize ans, et dans
quelle proportion s'; trouvent-ils?
hépoubs. — Ce sont les imprimeries , les fabriques de papiers
peints, les filatures, les fabriques d'étoffes de laine, les teintureries.
Les jeunes ouvriers y sont dans la proportion d'un quart ou d'un
tiers.
2* question. — A quel âge admet-on , en général , les enfants
dans ces établissements ?
isiponsE. — Nous croyons que c'est de douze a treize ans.
8* question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles a leur santé?
xÉPonsB. ■ — Leurs travaux consistent à aider les ouvriers ; maie
ils ne font rien qui nuise à leur santé.
4e question. — Quelle est la durée .habituelle du travail journa-
lier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive.
aironsB. — La durée est de douze heurts en été et de huit heures
en hiver , ce qui ne nous paraît pas excessif.
5* question. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
sipOHsx. — De huit heures et demie à neuf heures , de midi a
une heure et demie en été ; de midi à une heure en hiver, et de
quatre heures à quatre heures et demie l'après-dinée : ce qui nous
paraît suffisant.
6* QnRSTion. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfais
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se
combine-t-U atec le travail de jour?
aironsx. — Mous ne connaissons pas d'établissement où ils tra-
vaillent pendant la nuit.
7* ovKsnoA. — T a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche ? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle a ce que les
ouvriers, et particulièrement les enfants, remplissent leurs devoirs
religieux?
^y Google
54 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
keporse. — Les ouvriers, dans quelques brasseries, distilleries ,
moulins , et ceux de la station du chemin de fer travaillent le
dimanche, ce qui les empêche souvent de remplir leurs devoirs
religieux ; toutefois ceci n'est pas applicable aux enfants.
8* odestiok. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers , en spécifiant, autant que possible , les industries ,
les sexes et les Ages ?
képofsk. — Le salaire varie de vingt a trente centimes dans
les industries mentionnées à la première réponse.
9* question. — Quel est, dans les diverses branches, l'avantage
que l'on trouve à employer des femmes et des enfants, de préfé-
rence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment de
l'augmentation des salaires , les avantages que retirent les Familles
d'ouvriers de l'emploi des enfants?
«épouse. — L'avantage qu'on y trouve est le bas prix du salaire ;
et, de l'autre eôté, pour les familles d'ouvriers, c'est que les enfants
font leur apprentissage et que les parents en sont débarrassés pen-
dant le jour.
10* 'Oubstiqf. — L'intérêt de certaines industries exige -t- il
impérieusement que tes enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
«épouse. — En général, comme les enfants servent d'aides aux ou-
vriers adultes, ils doivent rester au travail aussi longtemps qu'eux.
11' question. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent à leur position? Quelle est
aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut?
EKPOB8E. — Elles peuvent très-bien se concilier, et ils sont a
même de recevoir gratuitement une très-bonne éducation dan» les
écoles du jour et du soir, ohex les frères de Charité , les sœurs de
Marie-aux -Minimes , les sœurs de Charité à Saint- Jacques, aux
écoles pour les garçons pauvres honteux de sept A douze ans, à celles
des filles du même Age ; à celle pour adultes le soir, à l'école gar-
dienne de la paroisse de Saint-Jacques, à l'Académie des beaux-arts
où l'on apprend les éléments du dessin , d'architecture , de mode-
lage et de musique.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE LOUVA1N. 35
Le besoin d'une école dominicale pour les garçons ainsi que de
plusieurs écoles gardiennes pour les enfants se lait fortement sentir,
et il serait à désirer que cette lacune put être remplie.
1 2* question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'âge, la
limite pour l'admission des enfants aux divers travaux?
•.epousb. — Pas au-dessous de douze ans.
13* qhmtiok. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants? Gomment gradue-
riec-vous cette durée selon l'âge ?
rêpoïisk. — Mous nous en référons aux réponses Faites a la troi-
sième et a la quatrième questions.
14* QtrusTiow. — Jusqu'à quel Age le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers 7
répokse. — • Le travail de nuit n'existe pas ici pour, les jeunes
ouvriers.
15* oms-noir. — Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain Age l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifies ces établissements.
ïiApokse. — Nous ne connaissons pas d'établissements de cette
espèce.
16* question. — A. quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques, etc., sans qu'aucune restriction
fût apportée à la durée de son travail ?
aiponsB. — De seize a dix-huit ans.
17* oOKBTion — Pour satisfaire à tous les intérêts, ne pourrait-on
pas former , comme en Angleterre , des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement , en m relayant à de certains
intervalles?
B.ÉPONSB. — La nature des industries qui existent dans notre
ressort ne nous permet pas de répondre à celte question, non plus
qu'à la dix-huitième et a la dix-neuvième.
Questions hygiéniques et économiques.
30* QtrESTioiT. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
méats industriels de votre ressort?
kbpohsb. — En général, leur santé est assez bonne.
- !od,vCoOg[e
56 RÉPONSES ET -RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
21' question. — Quels «ont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmât;», tes difformité» auxquelles
ils sont sujets ?
aipowsx. — Nous n'en connaissons pas : les industries qui s'exer-
' cent ici n'y donnent pas lieu. ,
23" question. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier?
jubwmsk. — Les pommes de terre, le pain de seigle, une fois par
semaine de là viande, l'été du beurre, et en hiver du lard fondu. .
■ 35* question. ■*— Comment est-il logé d'ordinaire, et combien
paye-t-il par semaine pour son logement?
hbpoiïsh. — Assez bien; en général, l'ouvrier payé 1 franc
a 1 franc 50 centimes : ceux qui donnent 2 francs forment les
. exceptions.
34* question. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-'
lions sensibles depuis un certain- nombre d'années, et quelles sont ■
ces variations ?
pépousk. -""Le salaire des- ouvriers n'a subi que peu de 'varia-
tions depuis nombre d'années.
25* orESTioif. ■ — Le salaire actuel suffit-îl en général pour que.
l'ouvrier ail une existence convenable? Peut-il faire-dés- économies?
bxpoicsb. — Oui, le salaire suffit, mais l'ouvrier ne peut pas faire
d'économies, par la raison que le 'salaire est resté a peu près le
même, tandis que le prix des objets' d'alimentation a augmenté.
36* question. — ■ A combien estimez-vous, en moyenne, par jour.
ou par semaine , ses bénéfices et le coût de son entretien et de
celui de sa famille?
aipoirsB. — Nous estimons, en moyenne, le coût de son entretien
et de celui de sa famille à 1 franc 50 centimes au minimum.
27' question.— Quelle est, en général, ta condition morale des
ouvriers dans votre ressort?
réponse. — Il n'y a pas trop à s'en louer. . .
38* question, -r- Sont-ils adonnés à l'ivrognerie?
aftromnc. — Oui, surtout les dimanches, et a causé du mâteit-
contreux chômage du lundi) qu'il serait désirable de voir supprimer.
DiglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE LOUVJUN. 37
L'établissement projeté d'un conseil de prud'homme* aéra peut-
être le moyen d'y réussir,- du moine, en partie.'
Nous devons signaler aussi l'abus scandaleux de la bière que l'on
permet aux ouvriers dans la plupart de nos brasseries, abus qui
abrutit presque tous les ouvriers brasseurs et engendre de nom-
breuses maladies, qui occasionnent des morts prématurées. Ceux
qui y sont fortement adonnés périssent le plus souvent avant la
quarantaine, laissant ainsi dans la plus profonde misère leurs veuves
et leurs nombreux enfants qui sont les tristes victimes de cette
brutale passion et de la coupable négligence des maîtres. Ceux qui
ne périssent pas sont pour ainsi dire perdus a cet -âge, et d'une
manière comme de l'autre, le ménage entier tombe à la charge des
bureaux de bienfaisance.
' L'établissement des Brasseries Belges a pris à cet égard une .
louable initiative en supprimant entièrement l'usage de la bière;
plusieurs de nos brasseries y ont depuis mis quelques restrictions,
et H serait à désirer que tous les brasseurs, en modifiant cet usage,
comprissent, non-seulement leur propre intérêt, mais en même
temps l'intérêt matériel et -moral de leurs ouvrier). -
89* question. — T en a-t-il beaucoup qui vivent en concubinage?
■épouse. — Quelques-uns seulement. .
30* question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
nairement bonnes ? Jusqu'à quel, point le rapprochement et ta con-
fusion des sexes dans lés ateliers et les travaux peuvent-ils leur être
nuisibles?
sipoirSB. — Pas trop bonnes, par ticulièrementchez les dentellières.
31* question. ■ — Quelles sont les principales eauses: de l'incon-
duite de l'ouvrier? * ■ "
réponse. — Le mauvais exemple, le luxe, le chômage du lundi
et le grand nombre des cabarets.
32* question. — Existe-t-.il, tant sous lé rapport physique que'
sons le rapport moral, quelque différence bien tranchée :
A. -Entre l'ouvrier des villes et celui delà campagne; ...
B . Entre fourrier qui' travaille en grande* réunion et celui qui
çxerce son métier en petite- réunion Ou isolément; .
C. Entre l'entant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître? ; .
■.Atome. — Oui, il existé une grande différence sous Je rapport,
de la santé et dés mœurs en laveur des ouvriers de la campagne/
asfzedbr Google
38 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
35" QEBSTios. — Quels sont le* principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
•êtes? Quelles seraient les reformes à y apporter?
eepoubb. — Nous ne connaissons pas d'abus sous ce rapport.
34" otestioh. — T a-t-il lieu de restreindre les mesures pro-
tectrices de l'enfance aux seuls enfants employés dans tes grands
établissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous
les jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion, à l'extérieur ou a domicile?
bbfonse, — Nous ne pourrions répondre positivement, à cette
demande.
35* ovestio». — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son
bien-être physique et moral ?
KRPoasï. — Outre les écoles que nous avons citées a la onzième
réponse, nous signalerons les écoles de dentelles et particulière-
ment celle des Minimes qui mérite d'être favorisée.
56" QuKSTio.i. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail, tes moyens propres à améliorer la con-
dition des jeunes ouvriers?
répomse. — De veiller à leur éducation religieuse.
Ainsi arrêté eu séance du 28 octobre 1843.
Le Secrétaire, Le Président,
Eue Stappaeetb, J. Hakbbouck.
1" ouBBTioit. — Quelles sont , dans votre ressort , les industries
où l'on emploie des jeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et
dans quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
befonse. — Ce sont principalement : les filatures, les tissages,
les imprimeries de coton et les filatures de lin. Il nous est difficile
d'en déterminer la proportion exacte.
S* question. — A quel âge admet-on , en général , les enfants
dans ces établissements ?
bépome. — Généralement dans les filatures on commence à les
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE GAND. 38
admettre h neuf ans ; quelques parents amènent leurs enfants
au-dessous de cet âge.
3° QUE8T10H. — Quelle est la nature des travaux imposés au*
enfants ? Quels sont ceux de ces travaux que tous regardez
comme nuisibles à leur santé?
KÈpoflsB, — Dans les établissements susdits, ce travail est fort
léger. Il n'est point nuisible à leur santé, dans les ateliers élevés
et convenablement aérés , ni dans les salles de battage ou les
Tentilateurs sont établis.
4* question. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants? Signalez tes cas où cette durée vous
paraît excessive.
kbpoxsb. — En été, depuis cinq heures du matin jusqu'à midi,
et de une heure jusqu'à huit heures du soir. En hiver, dès la pointe
du jour jusqu'à midi, et de une heure jusqu'à neuf et dix heures du
soir. Il nous parait que le travail poussé au delà de neuf heures
peut être nuisible à leur santé.
5* QTJESTioM. — Quels sont le* intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant te travail journalier? Sont-ils suffisants?
airoKSi. — Une demi-heure le malin, pendant l'intervalle de
cinq à douze heures, et une demi-heure l'après-midi, pendant
l'intervalle de une à huit ou neuf heures du soir. Ces intervalles
paraissent suffisants.
6* question. — Les enfants et les ouvriers sont-ils parfois occupés
la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se coro-
bioe-t-il avec le travail de jour ?
axpoirsx. — Quelquefois; dans ce cas, on cesse à neuf heures
du soir, pour reprendre à dix heures, et le travail est continué avec
un intervalle d'une demi-heure à minuit jusqu'au jour.
7* omsTiOR. — T a-l-il des établissements où l'on travaille le
dimanche ? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux?
HiroifSE. — Dans les établissements dont il est question , on
nettoie seulement les machines ; les enfants participent peu à ce
travail. Il prend environ deux à trois heures dès le commence-
^y Google
40 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
ment de la journée , et , par conséquent, ne met point obstacle
à l'accomplissement des devoirs religieux.
8" qubbtioh. — Quel est. le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries,
les sexes et les Ages ?
HipoRSB. — Le salaire est de 33 c. à 1 fr. , sans distinction pour
les deux sexes.
9* ocbstiok . — Quel est, dans les diverses branches d'industrie,
l'avantage que l'on trouve à employer des femmes et des enfants,
de préférence aux hommes adultes ? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires, les avantages que retirent les
familles d'ouvriers de l'emploi des enfants ? " ■
B.ÉPoirsE. — L'avantage consiste dans un salaire inférieur, et,
dans quelques cas, l'aptitude des enfants, surtout des rattacheurs
et des monteurs. Indépendamment du bénéfice des salaires de
leurs enfants, les parents en retirent cet avantage, qu'ils ont leurs
enfants sous leurs yeux, qu'ils les forment peu a peu au travail, et
enfin qu'ils ont un motif pour les retirer des rues, où l'on sait qu'ils
né peuvent contracter que- de mauvaises habitudes.
10* questiok. — L'intérêt de certaines industries exige-t-il
impérieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que. les adultes?
réponse. — Sans aucun doute, a moins qu'ils ne soient remplacés
par d'autres.
11* QûBSTion. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité" de procurer aux jeunes ouvriers
l'instruction et l'éducation qui conviennent à leur position ? Quelle
est aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut?
bkpoksb. -*■ Nous ne le pensons pas, si l'on- veut qu'ils appren-
nent à lire et à écrire ; quant à l'époque de leur première com-
munion, l'on permet toujours aux enfants qui sont dans ce cas,
d'assister aux instructions religieuses qui la précèdent. La grande
majorité ne reçoit pas" d'autre éducation.
12' question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'Age,
la limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux ?
bîporbi. — Relativement à leur santé, nous ne saurions la pré-
igtizedoy GOOgle
CUAHB&K DE COMMERCE DE GAND. 41
ctser; cela dépend de la constitution dès enfants et surtout de
l'état dé salubrité des ateliers qu'ils fréquentent. Dans notre
opinion, si les parents étaient à même de donner une certaine
éducation a leurs enfants ou de les employer d'une manière utile,
ailleurs que dans nos établissements, nous fixerions & douze ans
l'âge d'admission; pour leur santé, comme pour leur instruction,
peut-être vaudrait-il encore mieux le reculer jusqu'à quinze ans.
Hais, dans ce cas, nous ne mettons pas en doute que ce serait
porter un dommage très-notable aux industries dont il s'agit..
13* Question. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfante? Comment gra-
dueriet-vous cette durée selon les Ages?
réponse. — Dès que l'on n'admettrait les enfante qu'au-dessous
de douze ou quinze ans, dès que l'on forcerait les fabricants à
assainir leurs ateliers, nous ne voyons aucun inconvénient à ce
qu'ils travaillent au maximum , et en été pendant treize heures le
jour, moyennant une demi-heure.de relâche pour le déjeuner,
une heure pour le dîner et une demi-heure pour le goûter. Au
lieu de graduer le travail selon l'âge, ne serait-il pas plus rationnel
.de le graduer selon l'état de la santé de l'individu? Hais , dans l'un
comme dans l'autre cas, il nous parait .bien difficile d'assurer
l'exécution de la loi qui interviendrait & cet égard, et de faire en
sorte que le travail n'en fût pas considérablement entravé.
14* gcsSTion. — Jusqu'à quel âge le travail de nuit devrait-il
. être interdit aux jeunes ouvriers ?
bkfoïiss. — Nous croyons que le travail de nuit , trop souvent
répété, est nuisible à tout Age.
15" qdestioh. — Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain âge l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
BEFOirsE. — Nous ne connaissons pas ces établissements. .
16" question. — À quel âge pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans' les fabriques, etc. , sans qu'aucune restriction
fut apportée à la durée de son travail ?
sÉponsE. — Admission de-douze à quinze ans, travail comme il
- est dit en réponse à la treizième question.
17' 00E8TIOH. — Pour satisfaire à tous les intérêts, ne pourrait -
DgtizedOy GOOgle
a RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
on pas former, comme en Angleterre , des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement, en se relayant à de certain» inter-
valles?
kepokse. — L'expérience seule pourrait répondre ; cela nous
paraît difficile, et, dans tous les cas, onéreux pour l'industrie.
18° question. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur système
que l'on pourrait adopter pour les relais?En formant, par exemple,
deux brigades d'enfants qui travailleraient l'une le matin , l'autre
l'après-midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail avec ceux
de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers?
BKPonsR. — Si l'on voulait tenter ce moyen pendant le jour,
on concevra qu'il faudrait un nombre double d'enfants au courant .
du travail, et que cette mesure ne pourrait être généralement éta-
blie qu'avec le temps. De plus, il serait à craindre que si le fabricant
diminuait le salaire en proportion de la diminution du travail, les
parents ne retirassent leurs enfants de tout travail manufacturier.
19* ouestiok. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers
et l'augmentation de leur aptitude ;
B. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers plus
âgés?
BifomiK. — A. Quant au physique, nous ne croyons pas que
l'air des habitations de nos ouvriers, que celui même des écoles
qu'ils fréquenteraient, soit plus salubre que celui de nos ateliers,
bien aérés et ventilés. Du reste, ceci pourrait être soumis à une
enquête plus approfondie. Quant au moral, quant a leur aptitude
ultérieure, nous ne mettons pas en doute que les avantages com-
penseraient bien des inconvénients ; mais encore faudrait-il que
ces avantages fussent bien réels ; ainsi , en fixant à douze ou à
quinze ans l'âge d'admission dans les manufactures, on devrait
exiger que les admis sussent lire et écrire et qu'ils eussent une
conduite régulière.
B. Ceci serait, a notre avis, peu marquant dans les filatures où
l'on ne peut pas se passer d'enfants. Nous croyons qu'en effet dans
les tissages , cette mesure forcerait d'employer un plus grand
nombre d'ouvriers plus Agés; mais (nous le craignons a juste litre)
ce serait au détriment des maîtres.
DiglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE GAND. 45
20* question. — Quel est l'étal de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
BBPtmsB. . — Nous trouvons, en général , l'état de santé de nos
ouvriers satisfaisant; celui des enfants, en particulier, l'est également,
et l'on peut se convaincre que le travail auquel ils sont assujettis
est peu fatigant lorsque, dans les heures de repos, ils se livrent
aux jeux de toute espèce, qu'ils ne quittent que pour rentrer dans
les ateliers.
21* question. — Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmités, les difformités aux-
quelles ils sont sujets?
Ripons*. — Les accidents auxquels ils sont exposés sont rarement
d'une nature grave; en général, ce sont des blessures aux doigts,
produites par les engrenages. Les maladies, les infirmités, les diffor-
mités, sont le résultat de leur constitution, ou quelquefois d'une
mauvaise nourriture, mais rarement elles proviennent de l'atmo-
sphère qu'ils respirent, si ce n'est cependant dans les ateliers mal
tenus et mal aérés.
23* question. — Quel est le régime alimentaire habituel de l'ou-
vrier?
&&POK3E. — Nous croyons qu'il dépend en général du salaire
qu'il reçoit.
23* question. — Comment est-îl logé d'ordinaire et combien
paye-l-il par semaine pour son logement?
bkponsb. — Il existe a cet égard tant de différences, qu'il est
impossible de répondre d'une manière générale à cette question.
24° question. — Le salaire des ouvriers a-Uil éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations?
h épouse. — Dans les filatures de coton, ce salaire est depuis
nombre d'années stationnaîre ; en général, il n'y a eu aucune varia-
tion marquante. Cependant le salaire des tisserands à la campagne
a considérablement diminué depuis l'établissement des lissages
mécaniques dans la ville.
25* question. — Le salaire actuel suffit-il, en général, pour que
l'ouvrier ait une existence convenable? Peut-il faire des économies?
sxfonsb. — Le salaire actuel, sauf celui des tisserands dont nous
^y Google
U RÉPONSES .ET RAPPORTS OES CHAMBRES BE COMMERCE.
venons de parler, est suffisant ; mail il n'y a que les ouvriers con-
structeurs, les fileurs de colon et quelques ouvrières à qui il soit
permis de faire des économies.
26* question. — A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine, ses bénéfices et le coût de son entretien et de celui
de sa famille?
béponse. — Le bénéfice des enfants s'élève de 52 à 82 c. par
jour ; celui des filles et des femmes de 91 c. à 2 fr. ; celui des
hommes faits de 1 fr. 50 à 4 fr. 50. le coût de l'entretien d'un
ouvrier et de sa famille est très-variable; il dépend du nombre des
individus qui la composent; nous ne pourrions en fixer le chiffre,
même d'une manière générale.
27* ouestioit.' — Quelle est, en général, la condition morale des
ouvriers dans votre ressort?
ajromjR. — Nous pensons que la condition morale des ouvriers
qui travaillent dans les grands ateliers est meilleure que celle de*
ouvriers qui travaillent isolément. En effet, ces derniers ont toute
liberté, tandis que les autres sont assujettis du malin au .soir à une
occupation et a une surveillance de tous les moments.
28" question. — Sont-ils adonnés à l'ivrognerie?
képo-nse. — ' A peine quelques-uns s'y adonnent-ils le dimanche.
Du reste, on les signale ; leur travail s'en ressent le lundi, et on ne
tarde guère a les renvoyer, de sorte que ce vice existe peu.
29" question. — Y en a-l-il beaucoup qui vivent en concubinage ?
aéronSB. — Les fileurs sont en général mariés, et nous avons
remarqué que le plus souvent te mariage termine l'état de concu-
binage dans lequel. vivent quelques ouvriers.
50° question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
nairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la
confusion des deux sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-
ils être nuisibles ?
réponse. — Attendu que le travail empêche la mauvaise con-
duite des jeunes ouvrières , nous croyons que leurs mœurs, sans
être très-pures, ne sont pas précisément dépravées.
Le rapprochement des sexes dans les- ateliers n'y provoque aucun
désordre. L'ouvrière qui se rend au travail au commencement de
la. journée, et quitte à huit, neuf ou dû heures du soir, doit néoes-
D,g,iz'ëd0y GOOg[e
CHAMBRE DE .COMMERCE DE GAND. 45
MÎrement avoir peu de temps et d'occasions pour se livrer au
libertinage. Toutefois leur moralité, en général,' D'est- pas très-
exemplaire.
51" qubstios. — Quelles sont les principales causes de l'incon-
duite de l'ouvrier? /"
béponsb. — Le manque de travail..
52' question. — Existe-t-il , tant sous le rapport physique que
soiis le rapport moral, quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes ;
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce 80» métier en petite réunion ou isolément;
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
mettre?'
B-iwjBSE. — -L'air salubre que l'ouvrier respire a la campagne,
surtout si le salaire qu'il reçoit est- suffisant pour lui procurer une
nourriture saine et abondante, le met sans doute, sous le rapport
physique, dans une position plus favorable que l'ouvrier dés villes.
Néanmoins nous ne remarquons' pas une différence bien tranchée.
Celle qui pourrait exister entre l'ouvrier qui travaille en grande
réunion et celui qui travaille isolément est inappréciable. Nous
croyons que l'enfant des fabriques est généralement moins adonné
à toutes sortes d'excès que l'apprenti travaillant chez un maître.
33" question. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes ? Quelles seraient les réformes a 'y ajouter ?
• aitomJB; ■ — S'il ; a des abus, nous les ignorons.
34'QUxanos. — Ya-t-il lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls eûfenta employés dans le* grands
établissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre a tons
les jeunes ouvrier* mus distinction , qu'il» travaillent en petite ou
en grande réunion , a l'extérieur ou a domictk?
szvomi. — Nous croyons qu'il faudrait les étendre à tous les
jeunes ouvriers sans distinction, surtout si l'on «e propose l'amélio-
ration de la condition morale de la population ouvrière.*
35" QtrfisTioK. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables a la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son bien-
être physique et moral?
anroHSE. — Nous avons le» école» gratuites de la viMe, le» éoote»
*by Google
46 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
dominicales, le* écoles des frères de la doctrine chrétienne, les
écoles paroissiales des pauvres , l'académie de dessin, l'école indus-
trielle , les hospices des orphelins et orphelines.
IV -Chambre i
A. — Question* spéciale* au travail des enfant».
\" question. — Quelles sont , dans votre ressort , les industries
où l'on emploie déjeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et dans
quelle proportion s'y trouvent ces derniers 7
réponse. — Ce sont les ateliers de tissage, les filatures de coton
et de laine, les fabriques de tabacs, les fabriques d'épingles; ils
s'y trouvent dans la proportion d'un tiers.
2* question. — A quel Age admet-on, en général, les enfants dans
ces établissements?
nxpoirsE. — On les admet A l'âge de neuf A douze ans,
3* question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé?
BJsPOirsi. — Les garçons sont occupés A rattacher et dévider
dans les filatures ; les filles à assortir et éplucher les laines , etc. ;
aucun des travaux auxquels ils sont occupés n'est nuisible A la santé.
4* QinuTioK. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive.
ibpohsk En été, on travaille de cinq heure» à huit heures du
matin ; de neuf heures A midi ; de une heure après-midi A quatre
heures de relevée, et de quatre heures et demie de relevée jusqu'à
huit heures du soir.
En hiver, de sept heures et demie du malin jusqu'à midi; de une
heure après-midi jusqu'à quatre heures de relevée; et de. quatre
heures et demie de relevée jusqu'à huit heures du soir.
5* question. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisant*?
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE SAINT-NICOLAS. 47
i. — Là durée du travail, ainsi partagée, ne saurait guère
paraître excessive!, d'autant plus qu'il y a des intervalles de repos.
6* QUBSnoif* — les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se
eombine-t-il avec le travail de jour?
b£pohse. — Cela arrive fort rarement.
7* QUESTios. — Y a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux?
ekponsb. — Aucun établissement n'admet le travail du dimanche
et des fêtes conservées.
8* QUESTios . — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries,
les sexes et les Ages 7 •
■.EVOflst. — Pour les enfants des deux sexes, de neuf à seize ans,
le salaire moyen est de 30 & 60 centimes.
9' qurstioh. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie,
l'avantage que l'on trouve a employer des femmes et des enfants,
de préférence aux hommes adultes ? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires, les avantages que retirent les
familles d'ouvriers de l'emploi des enfants?
aipOKSK. — 1* Parce qu'on les trouve à meilleur compte ;
2" Parce qu'ils ont la main plus agile pour le travail auquel on
les occupe;
3* L'avantage que retirent les familles , indépendamment d'un
surcroît de ressources , est de soustraire les enfants au vagabon-
dage dans les rues.
10* qoestiok. — L'intérêt de certaines industries exige-t-il impé-
rieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
«Épousa, — Dans tous les ateliers, cela est indispensable.
11'QcwTiOK. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent à leur position? Quelle est
^y Google
48 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
frit-elle défaut? ■
beponse. — Ils n'ont -d'autre occasion de s'instruire que dans les
écoles dominicales. Cette instruction, du reste, paraît suffisante.
13° question. — Quelle devrait être', sous le rapport de l'Age, la
limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux ?
bkpqnsé. — Neuf ans.
13* question. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par. jour le travail des enfants ? Comment gra-
dueriez-vous cette durée selon les âges ?
bbfohsb. — La division du travail, telle qu'elle est indiquée a la
quatrième question, peut être maintenue pour tous les âges.
14" question. — Jusqu'à quel Age le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers.
réponse. — Jusqu'à l'âge de quinze ans:
15* question.-: — Ne conviendrait- il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain Age l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
aeponbk. — 11 n'y a, dans ce ressort, aucun atelier on industrie
réputé insalubre. ' ■
16" question. — A quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabrique», etc. , sans qu'aucune restriction
fut apportée A la durée de son travail?
réponse. —Lorsqu'il a satisfait A son terme d'apprentissage, qui
finit ordinairement de seize A dix-sept ans.
17" question.-;- Pour satiifkii-e A tous les intérêts, ne pourrait-on
pas former, comme en Angleterre, des brigades d'enfants qui tra-
vailleraient alternativement , en se relayant A de certains inter-
valles?
réponse. — Bien que l'usage n'en existe pas en ce ressort, on
pense qu'il ne serait pas utile, de crainte de déranger l'ordre des
travaux, et parce que le travail de nuit est moins satisfaisant que
celui de la journée.
.18* ocisTioN. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant, par
exemple, 'deux brigades d'enfants, l'une I* Matin, l'autre l'après-
DiglizedOy GOOgfe
CHAMBRE DE COMMERCE DE SAINT-NICOLAS. 49
midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail avec ceux de la
santé et de l'instruction des jeunes ouvriers ?
{Voir la réponse qui précède.)
19" question. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés:
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers
et l'augmentation de leur aptitude?
B. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers plus
(Voir la réponse à la dix-septième question.)
B. — Question* hygiéniques et économiques.
20* question. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
réponse. — L'état de tous est satisfaisant.
21° question. — Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmités, les difformités aux-
quelles ils sont sujets?'
réponse. — Les mécaniques en général sont plus ou moins dan-
gereuses pour les ouvriers imprudents.
22* question. — Quel est le régime alimentaire habituel de l'ou-
vrier ?
eefonsb. — Du pain, des pommes de terre, le café et l'eau.
25* question. — Comment est-il logé d'ordinaire, et combien
paye-l-il par semaine pour son logement?
BiFON». — L'ouvrier est d'ordinaire assez bien logé ; le prix du
loyer est de 1 fr. 50 par semaine.
24* question. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations?
aipONSE. — Le salaire est considérablement diminué depuis la
.révolution. Cette diminution est d'un quart au moins, à cause du
malaise des fabriques.
26" question. — Le salaire actuel suffit-il en général pour que
^y Google
50 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
l'ouTrier ait une existence convenable? Peut-il faire de» économies ?
réponse. — Non.
26* question- — A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
on par semaine, ses bénéfices et le coût de son entretien et de celui
de sa famille?
réponse. — 1 fr. 20 ç, par jour.
27* question. — Quelle est en général la condition morale des
ouvriers dans votre ressort?
réponse. — Leur condition est en général assez bonne. Cepen-
dant il y a dés exceptions.
28° question. — Sont-ils adonnés à l'ivrognerie?
réponse. — Oui, quand ils en ont les moyens; mais actuelle-
ment les moyens leur manquent.
29* question. — Y en a-t-il beaucoup qui Tirent en concubinage?
réponse. — Fort peu.
30* question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
nairement bonnes ? Jusqu'à quel point le rapprochement et la con-
fusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils leur être
nuisibles ?
réponse. — Les mœurs des jeunes ouvrières laissent beaucoup a
désirer. Le rapprochement est surtout à éviter à l'entrée et a la
sortie des ateliers.
SI* question. — Quelles sont les principales causes de l'iocon-
duite de l'ouvrier ?
réponse. — L'inconduite de l'ouvrier provient en général des
mauvais exemples; pour les femmes et les filles elle a pour cause
secondaire le goût de la parure et souvent la misère.
32° question. — Existe- t-il, tant sous le rapport physique que
sous le rapport moral, quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes?
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un*
maître? *
réponse, — L'isolement des ouvriers est toujours préférable;
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE SAINT-NICOLAS. SI
la réunion, au contraire, de plusieurs ouvriers des deux-sexes, pré-
sente bien des dangers qu'il est utile d'éviter.
A. Ordinairement L'ouvrier des campagnes est moins adonné aux
vices que celui dès villes.
B. De même, l'ouvrier qui exerce son métier isolément est moins
vicieux que celui qui travaille en grande réunion,
C. Cette observation s'applique aussi a l'apprenti qui travaille
chez un maître.
33* question. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes ? Quelles serait les réformes à y apporter ?
EÉPonsB. — Pourvu qu'on suive consciencieusement les dispo-
sitions légales sur la matière, il n'y a pas grande amélioration à
introduire dans le mode actuel d'engagement et d'apprentissage,
. qui varie presque d'une localité à l'autre.
54'çtiestiof. — Y a-l-il lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands éta-
blissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous les
jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils .travaillent en petite ou en
grande réunion, à l'extérieur ou à domicile?
KÉFON3E. — Si les mesures à prescrire sont exécutables et bonnes,
il n'y a pas d'inconvénient à ce qu'elles soient généralisées.
35* onssnon . — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son bien-
être physique et moral?
lirons?. — Noua avons des caisses de prévoyance, des sociétés
et des caisses de secours mutuels pour les cas de maladie, etc. Il
conviendrait, pour le bien-être des ouvriers, que les autorités
locales eussent le droit d'approuver ou de désapprouver les règle-
ments de ces sociétés.
56" question. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail, les moyens propres à améliorer la con-
dition des jeu nés ouvriers?
aivOHSi. — L'instruction morale et des primes d'encouragement.
Le Secrétaire, Le Préaident,
L. Van Ummbm. P.-A- Boàr*.
DgtizedOy GOOgle
Si RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
A. — Cueillons spéciales au travail des enfants.
1" question. — Quelles sont, dans votre ressort, les industries
où l'on emploie de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et dan*
quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
a£ponsR. — Dans les fabriques de fil de lin et de coton, dans les
imprimeries d'indiennes, les aides tisserands, la dentellerie. Ils s'y
trouvent dans une proportion d'un cinquième , et de moitié pour
la dentellerie.
2* question. — A quel âge admet-on, en général, les enfants
dans ces établissements?
réponse. — A l'âge de neuf ans ; on en prend quelquefois à sept
ans , mais c'est un abus.
3' question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants ? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé?
réponse. — Ces travaux sont légers et consistent principalement
à bobiner le fil et le coton , ainsi qu'à battre le fil , égaliser les
couleurs dans les imprimeries et à faire des commissions , enfin
mille autres petites choses pour lesquelles ils sont indispensables.
Ce sont des travaux que la chambre ne regarde pas comme nui-
sibles à leur santé.
4" question. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous parait
réponse. — En été, depuis six heures du matin, et en hiver depuis
sept heures jusqu'à huit heures, de huit heures et demie jusqu'à midi,
de une heure de l'après-midi jusqu'à quatre heures , et de quatre
heures et demie jusqu'à huit heures du soir. Cette durée ne nous
parait pas excessive.
&* question . — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
réponse. — A Ninove, une demi-heure avant midi et une heure
et demie l'après-midi; à Alost, un quart d'heure avant midi, une
heure à midi et un quart d'heure après midi ; dans cette dernière
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE D'ALOST. 33
localité on distribue du thé aux ouvriers filcurs, le matin et le soir.
Cet intervalles sont suffisants.
6* qurstioh. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se
combine-t-il avec le travail de jour?
nipows». — Il n'existe point de travail de nuit pour tes enfants
et les jeunes ouvriers.
7" qusstiok. — Y a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle i ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leur*
devoirs religieux?
xipwisB. — Tous les établissements sont fermés le dimanche, de
sorte qu'il n'y a pas d'obstacle a l'accomplissement des devoirs
religieux.
8* QOESTioiï. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries,
les sexes et les Ages ?
réponse. — A l'âge de sept à dix ans, 15 à 30 centimes ; de
onze a quinze ans, 50 à 70 centimes, chez les fabricants de fil où
l'on n'emploie que des enfants du sexe masculin. Pour la fabrication
du coton et les tisserands, où les deux sexes sont employés, de neuf
à quinze ans, 1 0 à 26 centimes. Dans les imprimeries d'indiennes ,
de onze à quinze ans, de 20 A 40 centimes. Dans la dentellerie,
de 10 A 75 centimes.
9* question. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie,
l'avantage que l'on trouve à employer des femmes et des enfants,
de préférence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires , les avantages que retirent les
familles d'ouvriers de l'emploi des enfants?
nipOBSB. — L'on n'empjoie des femmes que pour la dentellerie
et pour la filature des cotons, et l'avantage qu'on trouve A employer
des enfants, de préférence aux hommes adultes, consiste en ce que
la journée ou le salaire des enfants est moins élevé , et qu'ils font
aussi bien les petits travaux que les hommes adultes. Outre le gain
journalier des enfants, ils contractent par là des habitudes d'ordre
et de travail.
10* question.— 'L'intérêt de certaines industries exige-t-il impé-
rieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
airovsi. — Oui ; leur travail étant coordonné avec celui des
^y Google
U RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
adulte*, on ne pourrait le suspendre qu'en arrêtant aussi celui de
ces derniers.
1 1* question. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elfes
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent S leur position? Quelle est
aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut?
ftfooKSE. — Difficilement. Ils Fréquentent cependant les écoles
dominicales. C'est avant l'Age où ils entrent dans les ateliers que
les enfants devraient recevoir l'instruction appropriée à leur posi-
. lion. Des écoles gardiennes , dans lesquelles les enfants seraient
reçus très-jeunes, pourraient seules leur donner une éducation
qui leur manque presque totalement aujourd'hui , en les sous-
trayant aux- influences contagieuses de l'exemple. De pareilles
institutions n'existent malheureusement nulle part dans ce ressort.
12" 0.BBSTIOH,— Quelle devrait être, sous le rapport de l'âge, la
limite inférieure pour l'admission des enfanta aux divers travaux?
bbponse. — Neuf ans. '
13e ooestioit. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants? Comment gradue-
riez-vous celte durée selon les âges ?
kjfonse. — Douze heures. Le travail des enfants étant en réalité
proportionné a, leurs forces, la même durée peut être admise pour
tous.
14" qubbtiou. — Jusqu'à quel âge le travail de nuit devrait-il être
interdit aux jeunes ouvriers?
eepousb. — On ne devrait permettre le travail de nuit qu'aux
adultes ; il est toujours nuisible aux enfants.
15' ooBSTHW.^-Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain Age l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements. .
sirovm.' — Oui. Il n'existe pas de ces établissements dans notre
ressort.
.16* gt-KsTion. — A quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques, etc., sans qu'aucune restriction
fut apportée a la durée de son travail?
répons*. — A l'âge de vingt ans.
DiglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE 1VALOST. SS
17* Quwnoii. —Pour satisfaire a tous les intérêts, ne pourrait-on
pas former , comme en Angleterre , des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement en se relayant a de certains inter-
valles?
airoKSB. — Cette organisation de brigades ne pourrait n'appli-
quer dans notre ressort sans de grand» inconvénients. Les enfants
sont nécessaires dans nos fabriques pour la préparation du travail
des adultes , et l'embrigadement diminuerait de moitié le nombre
des enfants, qui est déjà trop restreint. Cette organisation aurait
aussi pour conséquence inévitable de diminuer de moitié le salaire
des enfants et de priver les parents d'une ressource nécessaire.
18* ortSTiOH. — En cas d'affirmative , quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant , par
exemple, deux brigades d'enfants qui travailleraient l'une le matin,
l'autre l'après-midi , ne concilierait- on pas les intérêts du travail
avec ceux de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers?
{Voir la réponse à la question précédente.)
19* ocxstiok. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraine certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers et
l'augmentation de leur aptitude?
B. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers
plus Agés?
lirons!. — A. Le travail auquel les enfanta sont astreints, dans
notre ressort, n'est pas de nature à arrêter leur développement
physique et moral.
fi. Ainsi qu'il résulté de la réponse faite à la dix-septième ques-
tion, le travail des ouvriers plus Agés souffrirait au contraire de la
diminution du travail des enfants, et les ouvriers adultes ne peuvent
remplacer les enfants pour le travail attribué à ceux-ci.
B. — Question* hygiéniques et économiques.
20' QDESTioH. — Quel est l'étal de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
kiromiB. — Bon.
31* QiîMTioM. — Quels sont les dangers et accidents auxquels
Digilizedby GOOgle
£.6 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
ils sont exposés; les maladies, les infirmités, les difformités
auxquelles ils sont sujets ?
«épouse. — Ils ne sont exposés ici a aucun danger ni accident,
ni sujets à aucune maladie, infirmité ou difformité particulières,
à l'exception des jeunes ouvrières dentellières, que la vie sédentaire
et la position voûtée exposent au rachitisme.
22" qbks'i'iqh. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier?
HKFonsx. — Du pain, des pommes de terre, en majeure partie
du lait, des légumes et quelquefois de la viande le dimanche.
23" ouïs-noir. — Comment est-il logé d'ordinaire et combien
pjiye-t-il par semaine pour son logement?
héuohsk. — Les ouvriers, en général, occupent de petites habi-
tations séparées, et pavent pour loyer de 1 fr. à 1 fr. 50 centimes
par semaine.
24' questioh. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations ?
BÉponsK- — Non. Il y a trois à quatre ans, il y a eu une
augmentation momentanée , mais te salaire est , en général , resté
à un taux a peu près uniforme depuis vingt ans.
25* questioh. — Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable? Peut-il faire des économies ?
réponse. — Oui, pour les ouvriers des ateliers, mais, cependant,
lorsqu'il y a renchérissement de denrées, comme l'année dernière,
il y a beaucoup de souffrance. Ils ne peuvent faire des économies.
26' question. — À combien eslintex-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine , ses bénéfices et le coût de son entretien et de
celui de sa famille ?
aiponsB. — Nous pensons qu'il ne lui reste point de bénéfices.
Cet entretien absorbe son salaire.
27" questioh. — - Quelle est en général la condition morale des
ouvriers dans votre ressort ?
xiMHSB, — Bonne. Elle s'est beaucoup améliorée depuis quelques
années.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE It'ALOST. 57
38* question.' — Sont-ils adonnés à l'ivrognerie.
siroHSB. — Non, toutes leurs ressources doivent être employées
à se procurer la nourriture.
89' QUESTioir. — Y en a-t-il beaucoup qui vivent en concubinage?
XBPonai. — Non.
30' question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
nairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la con-
fusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils leur
être nuisibles?
h épouse. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont généralement
bonnes, par la raison qu'il n'y a ni rapprochement ni confusion des
deux sexes dans nos ateliers.
31' QUESTioir. — Quelles sont les principales causes de l'incon-
duife de l'ouvrier?
bjépoksk. — L'inconduite exceptionnelle est causée par la passion
du genièvre.
8S*<on»nos, — Existe-t-il, tant sous le rapport physique que
sous le rapport moral , quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes 7
S. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément ?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître ?
bbporse. — Non.
33" ovbstiob. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes ? Quelles seraient les réformes à y apporter?
aÉponsE. — Nous n'avons ici aucun abus de ce chef à constater.
54" questio». — Y a-t-il lien de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands
établissements industriels, ou convîendrait-il de les étendre a tous
les jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion, à l'extérieur ou à domicile?
îEPonsE. — Ces mesures devraient se restreindre aux enfants
employés dans les grands établissements industriels.
35* question.. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
^y Google
58 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son
bien-être physique et moral?
réponse. — Pas d'autres que des écoles dominicales. Nous
n'avons ni écoles gardiennes, ni caisses d'épargne , qui cependant
seraient très-utiles.
36" question. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail , les moyens propres à améliorer la
condition des jeunes ouvriers?
réponse. La condition des jeunes ouvriers ne nous paraît néces-
siter aucune amélioration dans notre ressort , autre que celle qui
resulterait.de l'institution d'écoles gardiennes et de caisses de
prévoyance.
1- — Réponses de M. DelwàRT-Landas, Président 4e 11 Chahs.
A. — Questions spéciales au travail des enfants'.
1" question. — Quels sont, dans votre ressort, les industries où
l'on emploie déjeunes ouvriers au-dessous de seize ans et dans
quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
BBFOHB8. — Dans les fabriques de couvertures, les corderies,
filatures de coton, rubaneries, papeteries, poudrière, pour U con-
fection du fil de chanvre, pour la cordonnerie et la sellerie, dans
les chantiers de construction de navires et bateaux, pour le teillage,
la sérancerie et la manipulation des lins et chanvres, etc., on
emploie généralement de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans;
la proportion moyenne est d'environ trois sur dix adultes.
2* question. — A quel âge admet-on, en général, les enfants
dans ces établissements?
réponse. — A huit ou dix ans, sauf pour la fabrication de (a
.poudre et la construction de navires , où les plus jeunes ouvriers
ont au moins de quinze à dix-sept ans.
3* question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé?
nftroNSK. — La grande pauvreté peut pousser çh et là quelques
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 59
famille» qui travaillent isolément che* elles, à abuser de la trop
grande jeunesse, de la bonne volonté ou de la force physique de
jeunes ouvriers, afin d'en tirer le plus grand produit possible ; mail
cet abus n'a guère lieu qu'à domicile, principalement dans la
tisseranderie et la confection de couvertures de coton et d'étoupes;
on le remarque aussi chez les cordiers qui travaillent à pièce ; je
le crois plus général chez les artisans ferronniers, plombiers, menui-
siers, cordonniers et tailleurs, etc., où les jeunes apprentis doi-
vent subir les conséquences du surcroît de travail, qui est presque
toujours pressé, de sorte qu'ils dépassent leurs forces, soit par de
trop longues journées, soit par des efforts trop prolongés.
Cet excès de travail n'a pas lieu dans nos usines ni dans nos
Fabriques; aussi n'existe-t-il, dans l'arrondissement, aucun des
inconvénients indiqués dans l'enquête en question.
4* QUESTiOH. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants ? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive.
kAporsb. — La durée du travail pour les enfants est générale-
ment la même que pour les grandes personnes, parce que presque
toujours le travail des enfants se rattache à celui des adultes,
de telle sorte que la journée est la même pour tout le monde : de
sis; heures du matin à six heures du soir, avec repos de huit à neuf
heures du matin, et de midi à une heure de relevée.
Ce temps me parait fort long pour les enfants qui tournent la
roue du cordier. Il est plus nuisible dans les filatures, où la masse
d'ouvriers réunis des deux sexes vicie l'air, et dans certains locaux
des papeteries où l'on trie les chiffon* malpropres, qui exhalent
de mauvaises odeurs ; mais ce travail est facile , peu Fatigant , et
par conséquent peu rétribué. C'est pourquoi les femmes et les
enfants en sont chargés.
La fabrication de couvertures présente aussi les inconvénients
d'un trop long travail, parce que certaines préparations du déchet
de coton produisent une grande quantité de poussière qui entoure
le jeune ouvrier d'une atmosphère qu'il doit, bon gré mal gré,
respirer.
5* qubstwh. —Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-il suffisants?
Rirons*. — Les intervalles de repos sont généralement les
mêmes pour les jeunes ouvriers que pour les adultes.
d, , ,, Cookie
60 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
Ils ne suffisent pas, à notre avis, pour certains travaux, confiés
A de très-jeunes ouvriers, forcés de conserver trop longtemps une
position gênante, un m ou veinent toujours égal, et surtout à cause
du mauvais air qu'ils respirent. (Voir la réponse précédente.)
6* question. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se
combine-t-il avec le travail de jour?
&BPOHS8. - — Je ne connais aucun cas régulier ou les enfants
soient employés la nuit dans nos usines ou fabriques.
7* question. — Y a-l-il des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle A ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux ?
kbponsb. — Aucune usine de notre ressort ne travaille le diman-
che, sauf pour un cas extraordinaire, et alors même on ne met aucun
obstacle à l'accomplissement des devoirs religieux.
8* question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries,
les sexes et les ftges?
réponse. — Il est généralement, pour la filature : enfants des
deux sexes de douze à seize ans, de 25 a 50 centimes par jour,
selon ce qu'ils savent faire ;
Fabriques de couvertures : les deux sexes , même Age et même
salaire ;
Les jeunes campagnards , tisserands de siamoises , toiles à car •
reaux, toiles A voiles, cotonnettes, etc., par jour. . 30 à 70 c.
Les jeunes filles de la fabrique de tulles. . . . 40 à 70 •
La cartonnerie et la papeterie occupent beaucoup de jeunes
ouvriers , qui gagnent de 70 c. à 1 fr.
Les jeunes ouvrières de douze A seize ans. . 25 A 50 c.
Les plus jeunes enfants des deux sexes 15 *
Dans les corderies, beaucoup de jeunes garçons et de jeunes
filles sont employés par leurs parents qui travaillent chez eux A la
pièce ou au poids ; ces enfants tournent la roue pendant que le père
file le chanvre; leur journée peut rapporter au père, environ 30 c.
Les jeunes ouvriers employés A la fabrique ont au moins seize ans,
et ils gagnent, en proportion de leur capacité, de 60 c. à 1 fr.
xuvCoo^le
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 61
Dans lea chantiers de navires et bateaux, les jeunes ouvriers de
treize à dix-huit ans sont généralement fort bien payés. L'on
n'abuse aucunement de leurs forces, aussi ne résulte-t-il aucun
inconvénient physique de ce genre de travail ; mais malheureuse-
ment l'ouvrage manque la plupart du temps dans nos nombreux
chantiers, et c'est alors que la pauvreté vient influer physiquement
et moralement sur cette classe d'ouvriers.
En été, ils gagnent, fort jeunes encore, jusqu'à 2 fr. par jour ;
mais le plus souvent en hiver ils n'ont point d'ouvrage. La plupart -
des hommes faits, ouvriers constructeurs, vivent de la pêche lors-
qu'ils manquent de travail.
9* question. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie ,
l'avantage que l'on trouve h employer des femmes et des enfants,
de préférence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires, les avantages que retirent les familles
d'ouvriers de l'emploi des enfants?
eeporse. — Le travail que font les femmes et les enfants
demande ordinairement peu de force , ou il est très-facile. Les
hommes le dédaigneraient. Ils sont, d'ailleurs, charmés que leurs
femmes, filles et enfants, puissent contribuer en quelque chose aux
frais du ménage, auxquels ils ne pourraient, le plus souvent, suf-
fire seuls ; d'un autre côté, le fabricant ou industriel y trouve une
économie qui lui permet de soutenir la concurrence.
Le salaire des enfants est le seul avantage que les Familles
d'ouvriers retirent de leur emploi dans les diverses usines ou
fabriques , et peut-être ont-elles l'espoir que l'habitude du tra-
vail qu'ils contractent de bonne heure , leur sera avantageuse.
Il y a sans doute aussi la crainte de les abandonner tout à fait à
eux-mêmes, pendant les heures de travail des parents, ce qui, en
effet, les rendrait peut-être plus vicieux encore, que l'éducation de»
fabrique».
10" question. — L'intérêt de certaines industries exige-t-il impé-
rieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
kxfohse. — Oui ; l'intérêt de presque toutes les industries qui
emploient des enfants exige qu'ils travaillent pendant le 'même
temps que les adultes, d'abord par le motif de l'économie, et ensuite
parce qu'il arrive souvent qu'un ou plusieurs enfants aident' un
adulte, de manière que leur travail marche de pair, et qu'il est
alors impossible de les séparer.
^y Google
62 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
11* cous-noir. — Les exigence! actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers
l'instruction et l'éducation qui conviennent A leur position 7 Quelle
est aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut ?
sironsi. — Les exigences du travail ne laissent guère de liberté
i nos jeunes campagnards; tous sont occupés dès huit A neuf ans.
L'éducation de la plupart se borne donc à l'instruction pour la
première communion. Dès l'âge de quatre ou cinq ans, ils fré-
quentent l'école gratuite, IA où il s'en trouve, jusqu'à ce que leurs
parents puissent retirer quelqu'argent dé leur travail ; ils reviennent
le- plus souvent A l'école pendant l'hiver, c'est-à-dire jusqu'au
moment de U première communion, et alors l'éducation ouvrière
est presque toujours achevée. Ces pauvres enfants savent A peine
un peu lire, encore moins écrire, et n'ont pas la moindre idée du
calcul te plus simple ; ils savent par coeur, comme des perroquets,
quelques prières et quelque peu de catéchisme, dont ils ne pour-
raient expliquer ni le sens ni l'intention. Jamais il ne leur est parlé
des devoirs de l'homme envers la société et envers lui-même.
Le meilleur moyen d'obvier A cette grande et calamiteuse
ignorance, serait, selon moi, l'établissement d'écoles d'apprentis-
sage, qui pourraient être subventionnées par les caisses de bien-
faisance, les fonds d'hospices ou par des bourses destinées à l'édu-
cation et même avec le produit des objets manufacturés ou
fabriqués dans ces écoles, objets que l'on vendrait à leur profit ; au
besoin encore, par des centimes additionnels spéciaux sur la pro-
priété ; peut-être serait-il essentiel d'intéresser les parents à faire
fréquenter ces écoles par leurs enfants, où l'on soignerait en même
temps leur éducation industrielle et morale.
12* question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'Age,
la limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux?
képossb. — L'Age le plus tendre peut être utilisé pour le tra-
vail, surtout dans le but d'extirper la paresse, mais il ne faut pas
abuser des forces physiques de l'enfant : accordez-lui quelques
heures de repos, varies les exercices du corps, par delà gymnas-
tique par exempte, par les exercices de l'Ame et de l'esprit, c'est-
à-dire par l'éducation qui te prépare bien mieux que le travail
matériel A acquérir l'intelligence nécessaire à son industrie. C'est
DiglizedOy G'OOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE TËRMONDE. 63
donc du tempe gagné pour l'industrie f que celui qu'ils emploient
il l'étude.
13" questiok. — Quel est le maximum de la journée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants ? Comment gra-
duerïez-vous cette durée selon les âges ?
kepoksk. — Dans les fabriques ou ateliers où l'air est vicié, et
alors que le travail est monotone et invariable, qu'il exige une posi-
tion gênante et des mouvements toujours uniformes , les garçons
devraient être âgés au moins de douze ans, et les filles de dix ; ils
devraient être occupés selon leur développement physique et
l'état de leur santé. Il serait peut-être désirable de voir réduire
les journées a, trois heures le matin et trois heures l'après-dinée,
surtout si les heures de repos pouvaient coïncider avec celles
de* classes de l'école gratuite la plus rapprochée , afin que le
repos ne fut pas plus pernicieux que le trop grand travail.
Après l'âge ci-dessus indiqué, on devrait pouvoir graduer les
travaux et les heures, en raison du développement des forces
physiques de l'enfant ou du genre de travail ; ceci doit rester 1
l'appréciation du père de famille et du médecin. Hais ces pré-
cautions et ces classifications sont impossibles :
1* Parce que le père de famille doit chercher à augmenter ses
moyens d'existence;
S* Parce que les parents ne se décideraient pas à abandonner
tout à fait leurs enfants pendant le temps qu'ils sont au travail ; ils
préfèrent, avec raison, les voir s'occuper sous leurs yeux, dans la
fabrique ou a l'usine ;
S* Et finalement parce qu'il serait très-difficile de disjoindre
les heures de travail , pour les adultes et les jeunes ouvriers.
Dans les écoles d'apprentissage ou ateliers spéciaux, ou l'air est
sain, où l'on peut mieux apprécier la force physique de chaque
élève ,et où, par conséquent, il peut être admis des exceptions, on
pourrait partager les heures de travail et d'études en diverses
catégories :
Pour l'enfance, dès huit heures du matin : une heure de travail ,
deux heures d'étude , une heure de gymnastique. Repos de midi k
une heure de relevée; puis une nouvelle heure de travail , deux
heures d'étude et une heure de gymnastique.
A l'Age de douxc à seize ans, dès six heures du matin : deux
DglizedOy GOOgle
6-i RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
heures de travail , une heure de repos; deux heures de travail et
une heure d'étude. Repos de midi à une heure : quatre heures
de travail ; une heure de repos ; une heure de gymnastique et
deux heures d'étude. Il serait bon , autant que possible , d'exiger
que les jeunes apprentis se louchassent de bonne heure.
Après seize ans, on pourrait graduellement augmenter les heures
de travail aux dépens des heures d'étude, mais il conviendrait
que l'ouvrier fat complètement Formé avant de s'adonner entière-
ment à un travail fatigant, surtout lorsqu'il est invariablement
uniforme.
Les classes de dessin devraient être surtout fréquentées , et le
plus longtemps possible, par les jeunes ouvriers.
14" question. — Jusqu'à quel Age le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers?
réponse. — Il me semble que jusqu'à ce que l'homme soit
entièrement formé, le travail régulier de nuit, fût-il mému d'une nuit
sur trois, doit singulièrement nuire au développement physique et
moral; je ne crois pas que les hommes faits y résistent longtemps
sans en éprouver un affaiblissement dans leurs facultés physiques
et intellectuelles. Du reste, tout ceci tient au tempérament et à
des causes plus connues de la médecine que du commerce.
15* question. — Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain Age l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
KKPoass. — Dans tous les ateliers ou usines quelconques où les
femmes se trouvent réunies avec les hommes en assez grand nombre,
le plus souvent l'air se vicie et se corrompt par la malpropreté des
ouvriers et par les maladies, suites de la débauche et de la misère,
auxquelles ils sont malheureusement sujets.
Certes, il serait heureux pour la santé des enfants, et plus
encore pour leur moralité, qu'ils pussent travailler à part, de
manière à n'entrer dans les salles communes qu'à l'Age le plus
avancé possible , alors que les poumons sont assez formés pour
résister à ces miasmes méphitiques et dangereux.
16' Qtrcsi'ion. — A quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques , etc. , sans qu'aucune restriction
fut apportée à la durée de son travail?
réponse. — A sa majorité seulement, afin que si l'on abusait de
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. £5
son bon vouloir , ou de ses forces physiques , la loi put toujours
venir à son secours.
17* question. — Pour satisfaire à tous les intérêts, ne pourrait-
on pas former, comme en Angleterre, des brigades d'enfants qui tra-
vailleraient alternativement en se relayantà de certains intervalles?
18° question. — En cas d'affirmative , quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant, par
exemple, deux brigades d'enfants, qui travailleraient l'une le matin,
l'autre l'après-midi , ne concilierait-on pas les intérêts du travail
avec ceux de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers?
HÉPonsE. — Partout où les enfants sont en quantité suffisante
pour le besoin des fabriques , il serait heureux qu'ils ne pussent
travailler qu'alternativement une demi-journée, et fréquenter
l'école pendant l'autre moitié; mais là où il n'y a pas d'école , il
vaut mieux qu'ils travaillent toute la journée , car alors ils vaga-
bonderaient dans les rues , ce qui leur serait très-préjudiciable
sous le rapport moral.
19" question. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraine certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers
et l'augmentation de leur aptitude ;
B. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers
plus Agés?
bépowsi. ■*— Le travail des enfants, tout spécial, est aussi néces-
saire , aussi vite exécuté et infiniment moins coûteux que s'il était
fait par des hommes : il profite donc d'abord au fabricant et ensuite
à la famille de l'enfant , à laquelle il procure un surcroît de res-
sources ; il profite même au pays, car s'il fallait payer certains
travaux , qui coûtent maintenant peu de chose , bu taux ordinaire
que gagne un ouvrier fait , il faudrait nécessairement augmenter
le prix de presque tous les fabricats , de sorte que la concurrence
étrangère, déjà si difficile à vaincre, se trouverait encore favorisée
par le coût plus élevé de la main-d'œuvre ; il y aurait donc préjudice
général à supprimer en trop forte proportion le travail des enfants.
Cependant, malgré ces inconvénients, il serait utile de prendre,
à l'égard de la jeunesse, des mesures pour l'amélioration physique
et morale des ouvriers. Mais, par les raisons que je viens d'énu-
mérer, les mesures à prendre exigent beaucoup de précautions.
*by Google
66 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
B. — - Questions' hygiéniques et économique*-
■ 20° quxstioh.- Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier , employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
bApokbb. — En général, l'état de santé des ouvriers de nos
contrées est assez satisfaisant; mais il n'en est pas de même des
femmes qui, nourrissant leurs enfants, sont plus sédentaires,
moins distraites , et enfin voient la misère et toutes les privations
du ménage de plus près et plus continuellement que leurs maris.
Les enfants travaillant dans les fabriques sont généralement ici
moins souffreteux, moins racbilîques, que ceux des grandes villes;
cependant ils sont loin d'être aussi sains que les autres enfants.
31* qubstioh. — Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies , les infirmités , les difformités aux-
quelles ils sont sujets?
aiponsB. '-• — Ce sont des défauts organiques et physiques, une
mauvaise constitution, la faiblesse de poitrine , et des maladies de
la peau, mais plus encore des maladies morales, telles que l'abru-
tissement et jusqu'à l'idiotisme, ou du moins l'affaiblissement de
l'intelligence. On peut remarquer qu'une grande partie des
ouvriers ne sont que de véritables machines et ne sont capables
de rien en dehors dn cercle de leurs habitudes.
22° quisïiok. ■ — Quel, est le régime alimentaire habituel de
Fourrier?
Réponse. — Le régime alimentaire de la majeure partie des
familles ouvrières doit nécessairement contribuer à la lenteur de
la Croissance et du développement physique des enfouis; car
l'ouvrier vit de pain, de pommes de terre et de lard; sa boisson
habituelle est du café fort léger; les plus pauvres sont même
privés de lard ; quant k la femme et aux enfants , ils ne vivent
que de tartines, de Café et de pommes de terre au vinaigre; il
est rare que la' famille mange une soupe ou des légumes.
23" QcïsnoR. — Comment est-Il logé d'ordinaire et combien
paye-t-il par semaine pour son logement?
- iiiponsK. — Nos ouvriers de ville sont passablement logés : ils
payent de 1 franc jusqu'à 1 franc 50 centimes par semaine, selon
qu'il y a plus ou moin» d'aisance et d'espace.
ly Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. . «7
24' QUnsTro». — Le salaire des ouvriers at-i! éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations ?
nfroasB. — Une grande réduction des salaires s'est principale-
ment fait sentir sur l'article dentelles et broderies de tulles : les
salaires avaient été tellement diminués, qu'une ouvrière faite par-
venait à peine à gagner 85 centimes par jour ; mais actuellement
cet article a repris faveur : aussi toutes les femmes, filles et même
les enfants, peuvent trouver à s'occuper et à gagner de quoi contri-
buer aux besoins du ménage.
Les salaires des tisserands, en général, et même pour les couver-
tures de coton et d'étoupes, dont nous avons quatorze fabriques,
qui occupent plus de quinze cents personnes , hommes, femmes et
enfants, ont été réduits de beaucoup : il manque de l'ouvrage dans
cette branche d'industrie, dont le trop plein se fait péniblement
sentir à Termonde.
Un bon ouvrier peut encore gagner 1 franc et jusqu'à 1 franc
26 centimes par jour ; mais malheureusement c'est l'ouvrage qui
manque, et les ouvriers se trouvent inoccupés.
25" ocbstioh. —.Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable? Peut-il faire des économies?
nipOKSE. — Non , le salaire actuel de l'ouvrier ne suffit pas
pour le nourrir lui et sa famille. Il ne petit pas, par conséquent,
faire des économies. ' ' »
26* QtnssTioir, — - A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
où par semaine, ses bénéfices et le coût de son entretien et celui
de sa famille?
bemksb. — La moyenne du salaire de l'ouvrier des fabriques étant
de 8 à 10 francs par semaine, un ménage de cinq personnes, pour
logement, feu, lumière et vêtements, dépense au moins 14 francs
par semaine ; il est donc nécessaire que la femme et les enfants
suppléent par leur travail à ee qui manque pour la plus rigou-
reuse nécessité. Mais, si malheureusement on ne vient pas à gagner
les 14 francs indispensables , il faut économiser aux dépens de la
santé de toute la famille, ou s'adresser a la charité , qui ne fait
point défaut, mais qui démoralise celui qui doit y avoir recours ;
car la seconde démarche lui est moins pénible que la première,
et il est tout à fait éhonté à la troisième; de sorte que, comp-
>d ^Google
68 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
Uni sur les secours qu'il reçoit , il finit par se livrer à la
paresse.
La charité a donc set inconvénients. Au lieu de donner de l'ar-
gent, mieux vaudrait prêter sans intérêt, eu n'exigeant la restitution
que lorsque l'ouvrier serait dans la possibilité de la faire.
27* question. — Quelle est, en général, la condition morale des
ouvriers dans votre ressort ?
serons!. — La condition morale des ouvriers se ressent beau-
coup de leur condition matérielle; la grande misère enfante sou-
vent des querelles dans les familles ; et de là viennent la mendicité,
la paresse et l'immoralité.
Dans les campagnes de l'arrondissement , où les ouvriers vivent
de l'industrie et de la manipulation des lins et des chanvres , il y
a beaucoup de moralité; ces gens ne font pas d'épargnes , mais ils
ne font pas de dettes non plus, et on n'y rencontre d'autres men-
diants que des infirmes ou des vieillards,
Termonde et Wetteren, au contraire, fourmillent de mendiants,
mais avec celte différence cependant, qu'à Termonde ce sont des
femmes et des hommes faits, tandis qu'à Wetteren ce sont presque
tous des enfants des deux sexes qui ne peuvent fréquenter l'école,
parce qu'ils doivent, avant tout, apporter au logis de quoi manger.
28" question. — Sont-ils adonnés à l'ivrognerie?
réponse. — Moins que dans beaucoup d'autres localités; sans
doute parce que la bière est à bon marché et fort bonne ; le genièvre
n'est pas la boisson la plus commune parmi nos ouvriers.
29e question. — Y en a-t-il beaucoup qui vivent en concubi-
nage?
réponse. — Je ne crois pas qu'il y en ait dans les campagnes;
cela est même rare en ville.
30* question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont- elles
ordinairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la
confusion des sexes dans les ateliers et tes travaux peuvent-ils leur
être nuisibles ?
réponse. — En général , il y a quelque retenue et même de la
décence extérieure dans les mœurs de nos jeunes ouvrières ; nous
avons peu de fabriques ou les sexes se trouvent confondus, et là
encore il s'exerce une sorte de surveillance mutuelle; il en résulte
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 69
que cette jeunesse , naturellement plus relâchée dans les mœurs
que toute autre catégorie d'ouvrières, possède cependant l'instinct
de cacher les apparences.
31" question. — Quelles sont les principales causes de t'incon-
duîte de l'ouvrier?
hzpohsk. — Le contact des ouvriers entre eux , la boisson qui
les excite à s'entraîner mutuellement. C'est comme le détenu qui,
par le contact des autres prisonniers, sort de la prison plus per-
verti qu'il n'y est entré. Souvent aussi les reproches trop gros-
siers , adressés aux ouvriers par leurs femmes , ne font qu'empirer
le mal et les poussent tout à fait à l'ivrognerie. Mais c'est surtout le
manque d'éducation morale; la grande misère y est aussi pour
quelque chose ; elle les abrutit , leur fait prendre la société en
haine ; ils finissent par considérer leurs maîtres comme des tyrans,
et ils se persuadent bien vite que la possession est une injustice à
laquelle ils attribuent leurs souffrances et leurs privations. Cette
idée peut les conduire au vol , au meurtre et à l'incendie.
Une bonne instruction morale pourrait seule prévenir ces maux;
on retirerait aussi de grands avantages d'écoles d'apprentissage,
qui ,' en rendant l'ouvrier plus adroit , plus actif, fourniraient aux
industriels les moyens de lutter plus efficacement contre la concur-
rence étrangère.
Il serait aussi nécessaire de chercher a extirper complètement la
mendicité , qui est une des causes principales de la paresse nu de
l'inconduite de l'ouvrier.
32* qcbstioit. — Existe-t-il , tant sous le rapport physique que
sous le rapport moral, quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui de» campagnes?
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion ou isolément ?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître?
réfosse. — Il y a une différence assez marquante entre l'ou-
vrier des villes et celui des campagnes ;. ce dernier est, en général,
plus moral et plus sédentaire. Après sa journée, il cultive son petit
jardin , et si celui-ci ne suffit pas aux besoins de sa famille , son
premier soin est de louer quelque part un petit coin de terre à
cultiver. Les autorités civiles et ecclésiastiques, qu'il respecte, exer-
^y Google
70 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
cent sur lui une influence salutaire que les mêmes autorités n'ob-
tiennent pas dans lés villes. Le salaire de la journée , quoique
moins élevé qu'en ville, peut mieux lui suffire, parce qu'il éprouve
proportionnément moins de besoins, et qu'il lui est plus facile de
les satisfaire, au moyen du petit coin de terre qu'il lui est permis
d'exploiter en temps perdu. Le bon air qu'il respire, une nour-
riture plus saine, moins chère et plus abondante, le rendent plus
dispos et d'une santé plus robuste.
Généralement tous les métiers exercés en petite réunion ou a
domicile influent sur la sociabilité de l'ouvrier; il est plus surveillé
et plus eu contact avec le, maître et sa famille; enfin, il est
moins sujet â la fréquentation des masses, où l'on trouve d'or-
dinaire plus d'entraînement vers la débauche, la brutalité et
l'immoralité.
Il est cependant à remarquer que certains ateliers, quoique
pourvus d'un nombreux personnel, sont composés d'ouvriers d'une
moralité et d'une conduite exemplaires. Je citerai lés ouvriers mar-
briers, qui sont au nombre de plus de cent à Tèrmonde. Chez eux,
le contact ne gâte personne; il est probable que cela provient de ce
qu'ils ont tous un fonds d'instruction; ils savent dessiner, dresser
les plans de coupe des pierres et tout ce qui est relatif à leur état ;
ils doivent savoir un peu de calcul , et on n'apprend guère ces
choses sans comprendre la nécessité de savoir lire et écrire , de
sorte que dans les heures qu'ils consacrent a celle instruction
indispensable a leur état, ils entendent plus ou moins parler
morale. Il y a bien par-ci par-là un bon livre qui leur tombe sous
la main, et ils demeurent sous cette heureuse influence. Il est aussi
vrai de dire qu'ils ne travaillent pas pèle- mêle avec des femmes,
qui, prises au plus bas de l'échelle sociale, sont pires que les hommes
les plus abrutis.
Il résulte de ces observations que les plus grands éléments d'im-
moralité et d'inconduite sont :
1° Le manque total d'instruction ; '
2° La grande misère à côté des besoins incessants de la vie ; et
finalement le contact des masses, notamment lorsqu'il y a mélange
de sexes ; car, en mit d'ouvrières , ce ne sont que les mauvaises
qui consentent à se mêler aux hommes.
L'enfant des fabriques, qui n'entend que mauvais propos, et
ly Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TEHMONDE. 71
qui a continuellement de mauvais exemples sous les jeux, ne
peut certes pas être comparé, pour la moralité, a l'apprenti qui
travaille ehea ud maître , et qui le plue ordinairement, n'a que de
bons exemples, ou du moins en a peu de mauvais; car, si son
maître a des vices , il aura bien soin de les lui cacher. D'ailleurs,
puisque les réunions nombreuses d'hommes sans instruction sont
dangereuses, puisqu'elles sont plus dangereuses encore lorsqu'il y
a mélange de sexes, elles doivent être, à plus- forte raison, bien
plus funestes encore pour de jeunes enfants , dotrt les premières,
impressions influent tant sur le reste de la vie.
Je .pense donc que les réunions en communauté ne sont pas
favorable» à La moralité, même dans les classes où il ja déjà de
bons principes; a, plus forte raison, ce doit être pire dans celles
où il n'y en a pas. ;
Le jeune apprenti qui exerce son état isolément ou eu petite
réunion, est donc infiniment meilleur que l'enfant travaillant dans
les fabriques.
33° question. — Quels sont lès principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers dés deux
sexes? Quelles seraient les réformes à y apporter?
lirons!- — L'apprentissage devrait marcher de pair avec l'édu-
cation morale et intellectuelle.
L'ouvrier devrait ne pouvoir prendre d'engagement avant d'avoir
atteint l'Age requis pour poser un acte quelconque; il faudrait
séparer les sexes dans les ateliers.
Ces réformes doivent être prudentes , modérées et lentes; il
importe détenir compte des localités , des industries et du nombre
d'enfants qui y sont employés.
54* oubstior.— Y a-t-il lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands
établissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous
les jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion-, ,& l'extérieur ou à domicile?
HKI-059E. — Il serait plus heureux, pour la société, que l'on put
étendre les mesures prolectrices à l'enfance ouvrière en général ;
mais comment priver le cordonnier, le tailleur, de ses apprentis,
et comment retirer le souffleur au forgeron?
ygiaàay GoOgle
74 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
Il serait plus facile de restreindre ces mesures aux seuls enfants
employés dans les grands établissements industriels , surtout pour
ce qui regarde la séparation des sexes.
35* qdbstioi). — Quelles sont, dans rotre ressort, les institution»
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter sou
bien-être physique et moral?
réponse. — Il existe a Termonde une excellente école de pauvres
et d'enfants d'ouvriers, qui renferme environ quatre cents élèves qui
s'instruisent parfaitement; mais, comme on n'y apprend aucun
métier, on perd en grande partie le résultat qu'on veut atteindre ;
les enfants abandonnent bientôt l'école, afin d'aller travailler pour
la famille; de sorte que, privé de surveillance et mêlé a d'autres
jeunes ouvriers sans principes , l'élève reprend bientôt toutes les
mauvaises habitudes de son nouvel entourage.
Il faudrait pouvoir joindre l'apprentissage à l'instruction, afin
de retenir le jeune homme , au moine jusqu'à quinze ou seize ans,
et la jeune fille jusqu'à quatorze ans , et au plus jusqu'à dix-huit
ans ; après cet Age, il est probable que les enfants conserveraient
les bons principes qu'ils auraient acquis.
Il y a, pour les malades, un hôpital fort bien tenu ; mais on n'y
admet ni filles ni femmes enceintes, fussent-elles malades et dans
la plus grande misère. On n'y admet pas non plus de vénériens
d'aucun sexe.
L'humanité et la charité exigeraient cependant que des salles et
des secours spéciaux fussent accordés aux malheureux atteints de
ces maladies.
Nous avons un hospice d'orphelins , avec école intérieure d'ap-
prentissage. Cette institution laisse peu à désirer.
Notre hospice de vieillards est aussi parfaitement administré;
seulement le nombre est trop limité, de sorte que beaucoup de mal-
heureux vieillards attendent des vacatures. Ce qu'il y a de plus
étrange, c'est que les personnes mariées ne sont reçues ni ensemble
ni séparément à l'hospice. On dit qu'il est indécent que des époux
vivent ensemble dans l'hospice en présence des autres vieillards ;
mais il est plus immoral et plus indécent de voir se traîner dans
]a rue, de porte en porte, et privé presque de vêtements, un
pauvre vieillard chauve et débile!
Si dans les hospices on trouve moyen de séparer les hommes
d'avec les femmes, pourquoi ne ferait-on pas de même à l'égard des
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 73
gens marié» , si toutefois on le juge nécessaire? Il serait Traiment
utile de prendre des dispositions a cet égard.
Il y a à Harame une école de dentellières et deux à Moerxeke:
on y apprend aussi à coudre , à tricoter et d'autres ouvrages de
main nécessaires aux filles ; on y donne aussi une bonne éducation
morale et religieuse. Ces écoles font un grand bien.
Sî on pouvait concilier l'intérêt matériel des familles avec l'ap-
prentissage des garçons, de telle sorte que ceux-ci ne manquassent
plus aux écoles, il faudrait créer de ces établissements dans toutes
les communes de la Belgique, ou au moins un pour deux ou
trois communes rapprochées, en cas d'insuffisante population
dans une seule.
36" QOKSTiOK. — Quels seraient, indépendamment de la réduction
de la durée du travail , les moyens propres à améliorer la condi-
tion des jeunes ouvriers ?
bépoitse. — Séparer les sexes ; exiger qu'il soit exercé une cer-
taine surveillance sur eux; établir des écoles d'apprentissage,
d'instruction et de morale , tout a la fois ; instituer des récom-
penses solennelles pour les actes de vertu , d'aptitude et de
moralité ; créer des écoles d'agriculture ou fermes modèles , et
prendre des dispositions assez avantageuses a la jeunesse , pour
que ce soit une faveur que d'y être reçu ; y envoyer toute Ja
jeunesse sous la direction du gouvernement, comme les orphe-
lins , etc. ; et , enfin , prendre des mesures pour qu'une bonne
partie de la jeunesse ouvrière soit destinée a la culture.
Le» moyens de communication, pour arriver à nos terrains
vagues, seront encore une ressource de longue durée, favorable à
de nombreux ouvriers ; peut-être même pourrait-on tirer parti des
condamnés pour vols simples, des repentants qui se conduisent
bien dans les prisons, et enfin des condamnés militaires qui s'y
trouvent en si grand nombre. Un coin de terre donné a ces
malheureux repentants, après des preuves d'un sincère retour
a une meilleure conduite , serait sans doute d'un bon effet sur
d'autres condamnés , et un moyen de prévenir quantité de crimes
et de délits.
S'il était possible de construire des villages modèles et de dis-
tribuer aux ouvriers des chalets avec une portion de terre à
cultiver, sans qu'il leur fut permis de la céder, la jeunesse y trou-
^y Google
7* RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,,
ferait un travail utile' pour tous, tandis qu'éparpillée dans toutes
lés industries dont le pays fourmille t elle ne fait qu'accroître le.
trop plein qui nous encombre déjà , et augmenter le paupérisme
qui envahit la Belgique d'une manière si effrayante.
Le Président,
Delwàut-La:hdas,
Comme annexe à la trente-cinquième question, relativement aux
institutions favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'aug-
menter son bien-être physique et moral, j'ajouterai que si le gou-
vernement se décidait, non-seulement à améliorer les institutions
existantes, mais encore à en créer de nouvelles, la plus utile et
celle qui rendrait le plus de services matériellement et moralement,
serait une caisse de secours et de prévoyance , administrée par
le bureau de bienfaisance , avec' surveillance spéciale de l'admi-
nistration communale.
Chaque localité devrait être pourvue d'une caisse semblable,
dont le fonds serait proportionné à la population ouvrière et indi-
gente. La première mise, pour former cette caisse, devrait provenir
du gouvernement, de la province et de la localité intéressée; on
pourrait encore provoquer [es dons volontaires des personnes
charitables et admettre enfin les ouvriers participants, au moyen
d'une rétribution minime et hebdomadaire.
Pour être admis participant, au-dessus de l'Âge de dix-huit ans, il
faudrait être natif du lieu ou y être domicilié depuis cinq ans, jouir
d'une bonne réputation d'honnêteté , d'activité et de sobriété,
avoir ses enfants & l'école, n'avoir subi aucune peine infamante, et
enfin n'avoir pas fait de la mendicité un moyen d'existence.
A dix-huit ans et au-dessous, on ne serait admis participant
qu'au moyen d'une sorte d'examen. Il serait obligatoire de savoir
lire, écrire, calculer, connaître les devoirs de l'homme, non-seu-
lement envers Dieu , mais encore envers la société, envers sa
famille et envers lui-même.
Le but de l'institution serait d'accorder des secours en prêts
gratuits, des secours temporaires ou viagers.
Toute personne sans ressource ou gênée momentanément, qui
réunirait les obligations réglementaires voulues, pourrait jouir de'
l'avantage de prêts gratuits, remboursables, au besoin , par por-
OglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE TEBMONDE. 75
lions, eu égard aux circonstances plus ou moins graves dans
lesquelles se trouverait l'emprunteur.
L'ouvrier participant, manquant d'ouvrage, recevrait par se-
maine le tiers de son salaire ordinaire, pourvu qu'il présentât des
garanties morales suffisantes. Ces prêts cesseraient au moment de
la reprise du travail.
Le remboursement se ferait, autant que possible, de la même
manière que les emprunts, ou plus promptement s'il convenait a
l'emprunteur.
L'ouvrier participant, malade ou forcé de suspendre son travail,
pourrait toucher te tiers de ses journées, àtilre d'emprunt, et rembour-
sable comme il est dit ci-dessus; mais après oa mois de maladie ou
de privation de travail bien constatée, il toucherait, lui ou s» famille,
à titre de secours gratuit, pareil équivalent du tiers de ses journées.
Ce secours pourrait être porté à une demi-journée, si la femme et
les. enfants sont au nombre de cinq et si aucun des enfants ne peut
travailler.
L'emprunteur qui aurait volontairement manqué aux obligations
d'honneur qu'il prendrait en ces occasions, serait exclu, à l'avenir,
de toute participation à ladite caisse, et afin de conserver le sou-
venir de ce méfait, il en serait dressé une sorte de procès-verbal
sur le registre, au folio même du délinquant.
Lorsque des ouvriers participants deviendraient incapables de
travailler, par l'Age, les infirmités ou des accidents quelconque»,
sans que pour ces motifs ils fussent reçus dans un hospice, et qu'enfin
ils manquassent de moyens suffisants d'existence, la caisse susdite
leur devrait une pension viagère, équivalant au tiers de la journée
ordinaire.
Si cependant un de ces pensionnaires venait à recouvrer la
possibilité de suffire à ses besoins, la pension viagère cesserait.
La veuve d'un ouvrier participant, qui aurait quatre enfants au
moins , incapables de travailler, recevrait une pension hebdoma-
daire équivalant a la moitié du gain ordinaire durant la semaine.
Cette pension serait augmentée proportionnellement au nombre
des enfants; elle diminuerait au fur et a mesure que les enfants
en atteignant seize ans, par exemple, seraient capables de travailler.
Elle serait supprimée en cas de nouveau mariage.
Les enfants orphelins d'ouvriers participants, quoique à charge
de ia commune ou d'un hospice, auraient droit : les garçons jusqu'à
seize ans, et les filles jusqu'à dix-huit ans, à 15 centimes par jour.
DiglizedOy GOOgle
76 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
Celte redevance capitalisée, depuis la mort du dernier parent,
serait remise à l'orphelin, soit au Fur et à mesure de ses besoins,
s'il est en apprentissage ou ne gagne pas suffisamment pour ses
besoins, soit en une seule fois, s'il est marié, ou s'il à vingt et un ans,
et qu'il prouve alors avoir un état.
Je pense qu'une pareille caisse, sous le patronage du gouver-
nement, serait une belle et bonne institution.
L'administration n'en coûterait rien ; nous avons assez de per-
sonnes pieuses et philanthropes qui s'en chargeraient volontiers.
A. l'occasion de l'enquête, toute philanthropique, actuellement ouverte
par le gouvernement , dans le but d'améliorer la condition physique ,
matérielle et morale de la classe ouvrière, je m'enhardis à présenter
encore quelques observations.
Si l'on considère que l'industrie , l'agriculture et le commerce
pavent tous les impôts, on comprendra que c'est au courage,
au labeur, au travail, et souvent même au talent de l'ouvrier,
que sont dues les richesses et la force morale et matérielle d'un
pays. C'est aussi la classe ouvrière et celle qui y touche de plus
près dans la société, qui fournissent a l'armée les soutiens de l'ordre
intérieur et de la défense du pays j ainsi , ce quart environ de la
population consacre ses veilles , ses sueurs et son sang, au profit
de la société entière, tandis qu'il n'en recueille, pour lui-même,
que bien peu d'avantages.
Les réponses de la chambre de commerce de Termonde tendent
principalement ;
1* À la propagation de l'éducation morale et instructive ;
2° A l'établissement d'écoles d'apprentissage, d'agriculture, de
métiers et d'industrie ;
3" A l'institution de caisses de prévoyance, de secours, de prêts
gratuits, qui fourniraient, en certains cas, des pensions tempo-
raires et même viagères;
4* A apporter des changements urgents dans les règlements
de beaucoup d'établissements de bienfaisance, comme par exemple,
de ne plus exclure de l'hôpital aucun genre de maladies.
Il existe un plus grand abus réglementaire relativement à l'ad-
mission des vieillards à l'hospice de Termonde.
Ces malheureux n'y sont reçus que veufs ou non mariés. Les
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 77
époux, que la mort n'a pas séparés , auxquels l'Age et l'incapacité
donnent droit à l'admission , n'y peuvent entrer ensemble; et,
d'un autre côté, l'un des époux, dont le conjoint existerait, n'est
point admis seul non plus.
Dans le premier cas, on refuse, parce que l'on dit qu'il 7 a
inconvenance de vivre, comme époux, dans une communauté ; dans
le second cas, parce que, par une fausse interprétation religieuse ,
on prétend que ce serait délier sur la terre ce que Dieu a lié dans
le crel.
Ces raisons ne me semblent pas se concilier avec les sentiments
d'humanité. Peut-il être permis de priver des malheureux des
bienfaits de l'hôpital? Peut-on priver des vieillards débiles du pain
et de l'asile de l'hospice? Non, ce serait contrevenir aux inten-
tions des âmes charitables qui ont contribué a l'établissement de
ces lieux d'asile, pour les malades et les vieillards en général, et qui
contribuent encore à l'entretien de chaque jour. Il y aurait injus-
tice a ne pas faire respecter ces institutions dans leur entier.
N'est-ce pas une barbarie que de refuser l'entrée de l'hospice a
deux vieillards qui ont passé ensemble de longues années , et leur
dire que la mort de l'un peut seule ouvrir la porte à l'autre ?
5° Enfin , les réponses de ta chambre de commerce tendent a
provoquer l'organisation du travail des jeunes ouvriers et des
enfants dans les fabriques { et surtout à la séparation des sexes
et a restreindre les heures de travail dans certaines usines
insalubres.
Je ne crois pas qu'il ait été question de l'utilité d'apporter
quelques changements à l'ordre intérieur de la prison; il serait
cependant nécessaire d'exercer une surveillance perpétuelle sur les
prisonniers , de les classer par catégories séparées, de leur donner
de la moralité et de l'instruction autant que possible. De bons
prêtres se chargeraient sans doute volontiers de ce service vérita-
blement chrétien; ils devraient surveiller les prisonniers avec les
mêmes soins que la sœur noire surveille ses malades. Les prisonniers
devraient aussi apprendre un métier ou se perfectionner dans le
leur; enfin, ils ne devraient jamais être livrés à eux-mêmes, en grand
nombre, et surtout dans l'inaction.
Je crois devoir émettre ici mon opinion relativement k l'extir-
pation complète de ta mendicité. Cette amélioration urgente est
généralement désirée; dos mœurs la réclament, car la mendi-
cité sert de manteau à la paresse et à tous les vices qui en dérivent.
^y Google
78 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
II serait surtout nécessaire d'empêcher l'exhibition de ces mons-
truosités vraies ou simulées , qui servent à exciter la compassion
publique.
Cependant, afin de ne pas punir les bons arec les mauvais , on
pourrait ériger dans chaque district, un. hospice pour les vrais
incurables, idiots, estropiés, aveugles, etc.
U conviendrait qu'ils y fussent bien traités, afin de compenser,
autant qu'il est au pouvoir de la société, les disgrâces dont la
nature les a affligés; tout le travail dont ils seraient capables vien-
drait en aide a l'établissement.
Toute famille qui aurait dans son sein un de ces contrefaits
monstrueux, et qui ne justifierait point de soins hygiéniques et.de
bon entretien, serait obligée de le placer a l'hospice.
Le choix d'un lieu convenable, pour l'établissement de l'hospice,
est aussi important que sa distribution intérieure. Je crois qu'un
grand terrain avec bâtiments de ferme, en présentant plus d'éco-
nomie ^remplirait mieux le but.
Les frais de construction et d'ameublement se payeraient par le
gouvernement , la province et le district, par dons, expositions et
souscriptions; et les (rais d'entretien, par le travail des pension-
naires, par les subsides des communes auxquelles appartiendraient
les incurables indigents, par les pensions et demi -pensions de
ceux qui pourraient payer, par les bureaux de bienfaisance, les
hospices , ou enfin par un appel a la charité publique.
Il est certain que de pareilles institutions présentent des diffi-
cultés; mais elles sont de nature à produire assez de bien, pour
mériter l'attention sérieuse du gouvernement, dont les efforts doi-
vent vaincre tous les obstacles , afin d'assurer un meilleur sort a
la classe ouvrière et indigente.
Le Président de la chambre de commerce,
DixwA*T-LijfDÀS.
Dglizedôy G00g[e
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 79
!. — IcpiiMsfcH. C. Vehmeire, Beatre fe I» Chambre, de cemsuct de Teraœiie.
A. — Questions spéciales au travail des enfants.
1" question. — Quelles sont, dans votre ressort, les industries
où l'on emploie des jeunes ouvriers, et dans quelle proportion s'y
trouvent ces derniers?
■épouse. — Les fabriques de ficelles et les rubaneriea de fils ,
les corderîes, les huileries, et les amidonneries.
Dans les deux premières la proportion est de un à cinq, et dans
les autres de un à dix.
2" gtmnotT. — A quel âge admet-on , en général , les enfants
dans ces établissements?
kxmitbx. — Chez les fabricants de ficelles et les rubaniers , dès
Fige de six ans; chez les autres à dix ans.
3" question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants? Quêta sont ceux de ces travaux que vous regardez, comme
nuisibles à leur santé?
aipo5SB. — Chez les fabricants de ficelles, ils tournent la roue
du fileur ; chez tes rubaniers, ils dévident le fil sur de petites
bobines avant d'être employés au tissage; et dans les autres fabri-
ques on les emploie à divers ouvrage» secondaires.
Aucun de ces travaux n'est nuisible à leur santé.
4* qdestioh. — Quelle est la durée habituelle du travail journa-
lier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive.
réponse. — La durée du travail des enfants est , en été , de
douze heures, et en hiver de sept à huit heures : elle n'est pas
excessive.
5' QOESTion. — Quels sont tes intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
aiponsï. — Voici la division de la journée chez les fabricants de
ficelles, les rubaniers, les cordiers, les amidonniers :
En été, de cinq heures à huit heures du matin, travail ;■ de nuit
heures à neuf heures, déjeuner et récréation; de neuf heures a
midi, travail; de midi à une heure , dîner et -récréation ; de une
heure a quatre heures, travail ?' de quatre heure» a quatre heures
*by Google
80 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
et demie, goûleret récréation; de quatre heures et demie à huit
heures, travail ; a huit heures, souper; a neuf heures, coucher.
En hiver, de sept heures et demie du matin a midi, travail ; de
midi à une heure, dîner et récréation ; de une heure à la chute du
jour, travail.
Dans les huileries, il y a deux brigades : l'une commence a minuit
pour finir à midi ; l'autre la remplace de midi à minuit ; le travail
y est permanent : on se repose pendant le temps nécessaire pour
les repas.
Le repos accordé aux jeunes ouvriers est suffisant,
6" question. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail , et comment se
combine- t-il avec le travail de jonr.
KÉPonsE. — Chez quelques rubaniers , on travaille le soir , en
hiver, de sept à neuf ou dix heures ; le travail est le même que
celui de jour.
7" question. — Y a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants , puissent remplir leurs
devoirs religieux?
KBFOHSi. — Tous nos ateliers sont fermés le dimanche.
S* question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries ,
les sexes et les Ages?
réponse. — Voici l'échelle du salaire moyen approximatif :
De 6 à 8 ans, par jour 0 fr. lfi
— 8— 10 ans, id. . . . , > — 25
—10— 12 ans, id » — 35
—12—14 ans, id. » — 50
—14—16 ans, id - — 75
—16—18 ans, id 1 — 00
— 18 — 20 ans et au delà, par jour 1 — 50
Ouvriers plus habiles et exerçant quelque surveillance, de 2 fr.
à 2 fr. 50 c.
Les bons ouvriers travaillant à la pièce gagnent à peu près un
tiers de plus ; on n'emploie pas de filles dans nos fabriques.
9* question. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie,
l'avantage que l'on trouve à employer des femmes et des enfants ,
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 81
de préférence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment
de ('augmentation des salaires, les avantages que retirent les
familles d'ouvriers de J emploi des enfants?
aspoifss. — On n'emploie pas de femmes en remplacement des
adultes ; les enfants d'ouvrier» font leur apprentissage très-jeunes ;
et comme le pris del journées n'est pas excessif, les pères de famille
trouvent quelque soulagement dans le salaire , quoique fort res-
treint, de leurs enfants. Ce salaire augmente au fur et à mesure
qu'ils avancent en Age.
10* question. — L'intérêt de certaines industries exige-t-il
impérieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes ?
&BFOBSB. — On est obligé d'employer, dans nos fabriques, tous
les ouvriers pendant le même laps de temps.
1 1* qubstiok. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent a leur position ? Quelle est
aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement et en quoi
fait-elle défaut ?
aipoxn. — Malheureusement les exigences du travail des jeunes
ouvriers sont cause qu'ils ne reçoivent aucune instruction, et les
avantages que les parents retirent de leur travail sont bien peu
de chose en comparaison du tort qui résulte, pour les enfants, de
Ieurignorance.Maislesparents,dépourvuseux mêmes d'instruction,
n'apprécient pas l'avantage d'une bonne éducation. Du reste, le
manque d'école, le peu d'égards qu'on semble avoir bien souvent
pour ces petits malheureux, l'impossibilité où ils se trouvent
d'acheter des livres, l'espèce de répugnance qu'ils inspirent aux
enfants appartenant à une classe plus aisée ( car les exigences
déplacées de notre siècle n'admettent pas celte fusion dans le même
local), sont cause qu'il y a beaucoup d'enfants d'ouvriers qui ne
reçoivent aucune éducation. Un local, qui leur serait spécialement
destiné, est donc d'une première nécessité. Plus loin je me permet-
trai de tracer un plan qui me semble digne de la sollicitude bien-
veillante du gouvernement.
Il faudrait une loi qui facilitât l'instruction des enfants, et la
rendit pour ainsi dire obligatoire. Il est vrai qu'en strict droit on
^y Google
8Î RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES BE COMMERCE.
ne peut obliger un père à donner de l'instruction à son fila , une
mère à soigner l'éducation de sa fille ; mais si , par des dispo-
sitions particulières, on décrétait que nul ouvrier ne pourrait
dorénavant jouir des secours du bureau de bienfaisance com-
munal , sans présenter un certificat constatant que ses enfants
fréquentent l'école , dès l'âge de six à onze ans , époque à laquelle
ils font leur première communion, presque tous nos ouvriers
changeraient d'idée à cet égard.
Dans chaque commune dont la population excède cinq mille
âmes, un local convenable devrait être spécialement destiné à
recevoir ces enfants.
Un bon instituteur, au caractère doux, aux mœurs sévères,
et possédant l'art de se faire respecter et aimer de ses élèves,
devrait présider à celte école. Au besoin, il se ferait aider de pro-
fesseurs en état de diriger les classes inférieures. Pour admettre
l'instituteur, il serait nécessaire qu'il eût passé un examen devant
une commission d'instituteurs réunis, comme il s'en trouve dans
beaucoup d'arrondissements; car de la méthode d'enseignement,
dépend le succès de l'école. Ensuite, l'émulation étant le premier
stimulant de tout progrès, une distribution annuelle et solennelle
de prix, présidée par le commissaire d'arrondissement, ou par son
délégué, devrait clore l'année scolaire et encourager les enfants
qui fréquentent l'école.
Quand h" y aurait plusieurs écoles de ce genre dans les diffé-
rentes communes, le gouvernement devrait, pendant les vacances,
réunir, dans le chef-lieu de la province, les lauréats de chaque
école ; là, dans un concours général, on distribuerait aux vainqueurs
des médailles royales, en y joignant des indemnités pécuniaires
pour leurs parents.
Ces récompenses et ces encouragements inspireraient l'amour
du pays et du gouvernement, dont la direction sage et combinée
avec les exigences du siècle serait bénie jusque dans la chaumière
de l'ouvrier, ou aujourd'hui il est pour ainsi dire totalement oublié
et inconnu.
Le même système d'instruction devrait s'appliquer aux filles,
en faisant cependant une exception pour celles qui fréquentent
une autre école de travail, dans laquelle l'instruction leur est suffi-
samment donnée.
Il est inutile d'ajouter que la religion étant la base de toute
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 83
bonne éducation, un ministre du culte serait invité à soigner l'in-
struction religieuse des écoliers.
Chaque école devrait être placée sous la surveillance directe
d'une commission particulière qui serait composée :
1' Du bourgmestre de la commune comme président ;
2* De l'ecclésiastique qui surveillerait l'instruction religieuse ;
3* De trois membres notables de l'endroit ;
4e D'un secrétaire.
Des bulletins mensuels, constatant l'état de l'école, avec les obser-
vations nécessaires tendant à l'améliorer, devraient être adressés
au gouvernement par les soins de la commission.
Dans les localités qui n'atteignent pas le chiffre de cinq mille
Ames , plusieurs communes seraient réunies ; on établirait cette
école dans la commune qui se trouve au centre, ou dans celle
dont la population est la plus nombreuse, enfin selon les besoins
des localités.
L'instruction primaire étant suffisamment déterminée par la loi
sur la matière, je crois pouvoir me dispenser d'en donner ici une
nouvelle définition.
Les frais de l'école seraient supportés par le gouvernement, la
commune et la province.
Au moyen d'un pareil système d'instruction pour la classe ouvrière,
une fois bien organisé, il est certain que la nouvelle génération qui
aurait reçu une semblable éducation, changerait entièrement la
Belgique, que les mœurs s'amélioreraient sensiblement, et que les
crimes diminueraient en proportion.
Les rruits qu'on recueillerait d'un bon système d'éducation sont
incalculables; et chacun en est tellement convaincu, que je crois
inutile d'entrer dans de plus longs développements à cet égard.
12* Qussnon. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'âge,
la limite inférieure pour l'admission des enfants au* divers travaux?
airoitsi. — Comme suite au système d'éducation prescrit dans
la réponse précédente, cet âge devrait être limité à onze ans.
13' QDEsnon. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants? Comment gradue
riez-vous celte durée selon les âges?
kitoksk. — Ainsi que je l'ai déjà fait remarquer à la dixième
réponse, le* enfants étant obligés de travailler pendant le même
^y Google
8* RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
laps de temps que les ouvriers, les besoins de la, fabrique l'exi-
geant, je ne puis établir ici l'échelle graduelle de travail jour-
nalier.
14* o.gKSTion. — Jusqu'à quel âge le travail de nuit devrait-il
être interdît aux jeunes ouvriers?
néponaB. — N'ayant pu recueillir des renseignements suffisants
à cet égard, je ne puis donner une réponse satisfaisante. Du reste,
sauf les huileries, où on travaille alternativement par brigades,
on ne travaille pas ici la nuit,
15* question. — Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain Age l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
afroHBB. — Il ne conviendrait pas d'employer dans les huileries,
comme nettoyeurs de meules, batteurs, etc., des -ouvriers ayant
moins de seize ans.
16* question. — A quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques, etc., sans qu'aucune restriction
fût apportée à la durée de son travail?
kkpousb. — A seize ans.
17* QUESTioit. — Pour satisfaire à tous les intérêts, ne pourrait-
on pas former, comme en Angleterre, des brigades d'enfants qui
travailleraienlalternalivementen se relayant à certains intervalles?
aipoirsi. — Je ne pense pas que des brigades d'enfants, travail-
lant alternativement, conviendraient dans nos fabriques, chaque
ouvrier, même l'enfant, y ayant sa spécialité d'ouvrage.
1 8* QVKSTTOii. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur système
que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant, par exemple,
deux brigades d'enfants qui travailleraient l'une le matin, l'autre
l'après-midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail avec ceux
de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers?
(Sans réponse, par suite de l'opinion négative émise à ta réponse
précédente.)
19* QVBSTioir. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, Ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers et
l'augmentation de leur aptitude ?
Dglizedl^ GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 85
S. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers plus
(Sans réponse' pour les mêmes motifs.)
B. — Questions hygiéniques et économiques.
20' ouESTion. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établissements
industriels de votre ressort?
képokse. — L'état de santé des enfants et de» ouvriers travail-
lant dans les diverses fabriques de notre ressort est satisfaisant;
ceux cependant qui travaillent dans les huileries à vapeur ont le
teint plus pâle.
81*QuisTtoR. — Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmités, les difformités auxquelles
ils sont sujets?
kepoksk. — Les industries de notre .ressort n'altérant pas Usante
des ouvriers, ne donnent lieu & aucune maladie ni infirmité; les
accidents auxquels ils sont exposés sont les mêmes que ceux des
autres fabriques ayant une grande force et des roues pour
moteurs. On exige beaucoup d'agilité et de prudence des ouvriers
travaillant dans les huileries; quelques huileries a vapeur cepen-
dant pourraient être mieux aérées, surtout pendant les fortes
chaleurs. Il pourrait être obvié a cet inconvénient par l'emploi facile
et peu coûteux de ventilateurs.
22* question. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier?
xepohsb. — Le régime alimentaire habituel de l'ouvrier est sain :
il consiste principalement eu café , lait , beurre , pain de seigle et
de froment ( ce dernier en petite quantité) , et. pommes de terre.
La viande n'y entre quelquefois que pour une partie bien minime,
le salaire peu élevé ne lui permettant pas d'en faire un usage fré-
quent.
23" QUES-nOH. — Gomment est-il logé d'ordinaire, et combien
pave-t-il par semaine pour son logement?
aiPOtiSB. — La plupart de nos ouvriers sont logés assez propre-
ment. Quelques-uns cependant le sont fort mal , mais ceux-ci
font exception à la règle générale. Une maison occupée par une
-, .zedûyGOOgle
86 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
famille ouvrière , compte ordinairement deux pièces , un grenier
et une petite étable. Le loyer varie de 40 à 60 francs par an,
selon le plus ou moins d'espace et d'avantage que présente la
24° question. — Le salaire des ouvriers a-t-îl éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations?
atooKSE. — Non, il est presque toujours le même.
25°, question. — Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable? Peut-il faire des économies?
répousb. — Le salaire actuel des ouvriers suffit à pourvoir a leur
existence. Hais l'ouvrier dont la famille est nombreuse, ne peut
faire aucune économie ; au contraire , lorsque les denrées de pre-
mière nécessité sont chères , comme l'année dernière, il doit s'en-
detter ou souffrir de la faim. Une révision de la loi sur les céréales
devient une nécessité d'autant plus urgente que l'expérience a
constamment démontré les vices de cette loi.
26" qoestioh. ' — A combien estimez-vous , en moyenne , par
jour ou par semaine, ses bénéfices et le coût de son entretien et de
celui de sa famille?
h£ponsb. — Cela dépend du nombre des personnes dont est com-
posé son ménage,- mais, pour s'en faire une idée posons un exemple:
Une famille composée de cinq personnes , mari , femme et trois
enfants, aura besoin par jour de :
Café.
. fr. 0
15
Lait(l). .
30
Farine.
. . »
20
Pain. . .
. . ■
50
Pommes de
terre. »
40
15
fr. 1 70 ; pour une semaine 1 1 fr. 90
Ainsi , un ouvrier gagnant 2 francs par jour peut à peine suffire
à l'entretien de sa famille. Je ne prends ici rien pour les vêtements,
(I) Le» ouirien font une espèce d« soupe de lait battu, de farine et Ae pain,
fit un alimont noiirriiwnt et uin an mtme tomps : on le nonma communément p
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 87
mais je suppose que la femme et les enfants gagnent assez pour
y pourvoir. D'un autre côté, ceux qui ne peuvent absolument
se les procurer trouvent dans la charité privée les moyens de
se vêtir.
27" question. — Quelle est, en général, la condition morale des
ouvriers dans votre ressort?
niponsB. — La condition morale de l'ouvrier travaillant dans les
fabriques est généralement bonne ; celle des portefaix l'est moins,
ceux-ci ayant plus de liberté et n'étant soumis à aucune surveil-
lance directe.
28" question. — Sont-ils adonnés à l'ivrognerie?
kipoKSB. — Les premiers , c'est-à-dire ceux qui travaillent dans'
les fabriques, non. Les autres, oui. Il y a cependant des exceptions
à faire pour les deux catégories.
29" question. — Y en a-t-il beaucoup qui vivent en concubi-
nage?
bbpome. — Je n'en connais pas dans notre ressort.
30" question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont -elles
ordinairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la
confusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils leur
être nuisibles ?
KKPonss. — A quelques exceptions près , les mœurs des jeunes
ouvrières sont bonnes. Comme il n'y a pas ici d'ateliers où règne
la confusion des sexes, je ne puis donner une réponse bien con-
cluante.
31' question. — Quelles sont les principales causes de llncon-
duiie de l'ouvrier ?
réponse. — D'abord, le manque d'instruction, ensuite le mauvais
exemple de parents déréglés, l'ivrognerie, le libertinage, et quel-
quefois enfin le manque d'ouvrage ; mais ce dernier cas est rare ;
l'ouvrier honnête et actif trouve toujours de l'occupation.
32' question. — Existe-t-il, tant sous le rapport physique, que
sous te rapport moral, quelque différence bien tranchée :
A, Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes?
B, Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément?
^y Google
88 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître ?
Reposas. — Nos Tilles étant assez spacieuses pour loger facile-
ment et convenablement leurs habitants, l'atmosphère y est pour
ainsi dire aussi pure que dans nos villages, et les miasmes nuisibles
à la santé, qu'exhalent les grandes villes, y étant presque nuls, nous
ne croyons pas qu'il y ait une différence marquante à établir entre
ces diverses classes, sous le rapport physique. Leur moral est aussi
à peu près le même, nos communes manufacturières ressemblant
à de petites villes.
33" question. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes? Quelles seraient les réformes a y apporter'/
néronsE. — Le principal abus du mode actuel d'engagement con-
siste en ce que les autorités communales n'exigent pas assez régu-
lièrement la remise des livrets des ouvriers, qui souvent sont admis
d'une fabrique dans une autre, sans avoir satisfait a leurs engage-
ments chez leur premier maître; La remise des livrets constatant
les conditions de l'engagement et le compte courant , et certifiant
la bonne ou la mauvaise conduite de l'ouvrier, devrait être impé-
rieusement observée ; aucun ouvrier* ne devrait pouvoir tra-
vailler chez un maître , ni aucun maître accepter d'ouvriers , sans
qu'ils fussent munis de ces livrets dûment régularisés, et cela sous
peine d'amende ou de prison, en cas d'insolvabilité.
L'autorité communale devrait veiller à la stricte exécution de ce
règlement.
34* question. — T a-l-il lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands
établissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous
tes jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion, à l'extérieur ou à domicile?
béfoxse. — Si l'on croit devoir user de mesures protectrices en
faveur des enfants d'ouvriers, il conviendrait de les étendre à tous
les jeunes ouvriers sans distinction.
35* question. — Quelles sont, dans votre ressort, les institu-
tions favorables a la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter
son bien-être physique et moral ?
réponse. — Il y a à Hamme une école de travail ou des demoi-
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TËRMONDE. 89
selles charitables donneut l'instruction gratuitement aux jeunes
filles pauvres, en leur apprenant, outre les devoirs religieux, la
lecture et l'écriture, a coudre, tricoter, broder, et a faire de la
dentelle. Le nombre des ouvrières qui y sont admises est trop res- ■
treint, les moyens insuffisants ne permettant pas d'en admettre
davantage. Celte institution mérite tout encouragement. Ensuite
il y a une école dominicale, dont l'instruction laisse à désirer, en ce
que les progrès des élèves sont trop lents. Du reste, une leçon
par dimanche ne suffit pas pour donner l'instruction nécessaire
aux jeunes ouvriers. Il j a aussi un hospice pour les vieilles
femmes. Il me semble que pour la somme qu'on alloue annuelle-
ment pour l'entretien de celles qui y demeurent, on pourrait avoir
mieux. Enfin, nous avons aussi un hospice de vieillards où les
ouvriers Agés sont admis du moment qu'ils ne sont plus capa-
bles de travailler. On y a joint un hôpital pour les malades. Cet
hospice est sous la direction immédiate .du conseil communal, et
rend de grands services & la classe nécessiteuse.
L'institution de caisses de secours dans les arrondissements
manufacturiers, comme le nôtre, aurait l'effet le plus salutaire;
l'ouvrier craindrait moins l'avenir , et en cas de maladie ou de
tout autre événement, il ne se trouverait pas sans ressources. La
certitude de ne gagner que pour vivre au jour le jour , et la
crainte de laisser sa famille en proie A la plus affreuse misère,
tandis qu'il végéterait A l'hôpital, enlèvent A l'ouvrier, toute idée
de bonheur et de contentement, et le laissent dans une espèce de
torpeur décourageante dont on ne peut le faire sortir : l'insti-
tution des caisses de secours,, à l'instar de celles qui sont établies
dans les provinces de Hainaut , de Liège et de Namur, aurait pour
résultat de relever le moral des ouvriers, et améliorerait sensible-
ment leur bien-être physique.
56* oubstiok. — Quels seraient , indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail, les moyens propres A améliorer la con-
dition des jeunes ouvriers?
b épouse. — La durée du travail n'étant pas trop longue ici, il est
inutile de la réduire. La condition des jeunes ouvriers s'améliorera
sensiblement par une bonne éducation ; car, sans l'éducation, on
restera toujours éloigné du but qu'on se propose d'atteindre.
Ch. Vkhmeihe.
DglizedOy GOOgle
90 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
3. — Réponses de M. J. d'Hollander, de loeneke, mtmhre de la (fauta
de commerce de lennonde.
A. — Questions spéciales au travail des enfants.
1™ question. — Quels sont, dans votre ressort, les industries où
l'on emploie de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et dans
quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
réponse. — Nous n'avons dans notre ressort, d'autre établisse-
ment industriel qu'une école de dentellières.
2" question . — A quel âge admet-on, en général, les enfants dans
ces établissements ?
héponse. — On admet, en général, les entants à l'âge de sept à
seize ans.
3' question. ■ — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé ?
réponse. — Les travaux imposés aux enfants, consistent dans
la fabrication de la dentelle ; ce travail manuel pourrait plus ou
moins être regardé comme nuisible à lasanlé,s'il n'était interrompu
par des heures de repos ou de récréation.
4" question. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive ?
réponse. — La durée habituelle du travail journalier pour les
enfants est de six heures du matin jusqu'à sept heures du soir,
sauf les intervalles de repos ou de récréation et les moments où
ils reçoivent un enseignement moral et religieux , et où on leur
apprend à lire et à écrire.
5* question. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
réponse. — Les intervalles de repos accordés aux élèves sont , le
matin , de buit à neuf heures , et , l'après-midi , de quatre à cinq
heures. Ces intervalle* sont suffisants.
6" question. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 91
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail , et comment se
combine-t-il avec le travail de jour ?
aipoirss. — Les enfants ne travaillent pas la nuit.
7* question. — T a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux.
bépohse. — Les enfants ne travaillent pas le dimanche.
8* question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des jeunes
ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries, les sexes
et les âges ?
sbpohsb. — Le salaire moyen des filles, de sept a dix ans, est
de 10 à là centimes par jour; de dix à seize ans, de 35 à 27 centimes.
Il n'existe, dans notre commune , aucun atelier d'apprentissage
pour les garçons ; il serait cependant à souhaiter qu'on put trouver
le moyen de former des établissements où les jeunes ouvriers, tout
en s' instruisant, pourraient encore apprendre un métier dont les
ressources les mettraient plus tard à l'abri de la mendicité.
9* question. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie,
l'avantage que l'on trouve a employer des femmes et des enfants ,
de préférence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires, les avantages que retirent les
familles d'ouvriers de l'emploi des enfants?
réponse. — N'ayant dans notre commune qu'un seul établisse-
ment ou école de dentellières, qui ne peut être dirigé que par des
femmes, la question reste indécise. Indépendamment de l'augmen-
tation des salaires, les familles ont l'avantage de voir que leurs
enfants se conduisent sagement; que le gain qu'elles retirent
déjà de leur travail les dispense de mendier comme autrefois,
de porte en porte un morceau de pain , et qu'en outre leurs filles
sont encouragées au travail par des prix et des objets d'habillement
qu'on donne pour récompenser leur zèle et leur application.
Indépendamment de ce qui précède , les parents ont encore cette
consolante idée, qu'en peu d'années le gain de leurs enfants pourra
suffire à l'entretien du ménage.
10" question. — L'intérêt de certaines industries exige-t-il
impérieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
(Sans réponse.)
^y Google
92 REPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
11* ootmtioh. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
te concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent à leur position ? Quelle
est aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement , et en
quoi fait-elle défaut?
HÉKmsK. — Les enfants, tout en. apprenant un métier, reçoivent
encore dans leur établissement une instruction et une éducation
convenables A leur position?
On donne aux enfants un enseignement moral et religieux. On
leur apprend encore à lire et a écrire ; aux plus avancées on donne
des leçons d'arithmétique. L'éducation ne fait défaut en rien.
12° question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'Age, la
limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux ?
keponse. — Sous le rapport de l'âge, la limite inférieure pour
l'admission de» enfants devrait être sept ans.
13* question. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants? Comment gra-
dueries-vous cette durée selon les âges?
e épouse. — Pour ce qui concerne les établissements de dentel-
lières, on pourrait, d'après mon avis, borner par jour le travail des
enfants, savoir : celles de dix à seize ans, dix heures par jour, et
celles de sept à dix ans, huit Heures, y compris, pour les deux
catégories, une heure et demie pour l'instruction et l'éducation.
14* question. — Jusqu'à quel Age le travail de nuit devrait-il élre -
interdit aux jeunes ouvriers?
(Sans réponse.)
15" qubstiok. — Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain âge l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
bepohse. — Il n'y a pas lieu d'interdire jusqu'à un certain Age
l'emploi des enfants dans l'établissement qui existe ici , puisqu'il
n'est ni dangereux ni insalubre.
16" question. — À quel Age pourait-on laisser l'ouvrier libre de
s'engager dans les fabriques, etc., sans qu'aucune restriction fût
apportée à la durée de son travail?
réponse. — Les jeunes ouvrières, en général, ne sont pas enga-
;dky Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TEHMONDE. 95
gées pour un temps limité dan* l'établissement susmentionné. On
le* y laisse travailler aussi longtemps qu'elles le désirent.
17* ouBSTioft. — Pour satisfaire a tous les intérêts, ne pourrait-
on pas Former, comme en Angleterre , des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement en se relayant & de certains inter-
valles? ■
18* question. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter, pour les relais? En formant, par
exemple, deux brigades d'enfants qui travailleraient l'une le malin,,
l'autre l'après-midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail
avec ceux de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers? .
&ÉFOH5K. — Jusqu'ici, on a pu admettre dans l'établissement toutes
les jeunes filles qui se sont présentées ; par la suite il se pourrait ■
qu'à défaut d'un local suffisamment étendu , on dût fermer dea
brigades d'enfants qui travailleraient alternativement; mais cette
mesure ne pourrait être prise sans une extrême nécessité , puis-
qu'elle ne serait pas conforme à l'intérêt des ouvrières, surtout de
celles qui commencent à travailler la dentelle ; il est très-probable
que ce qu'elles auraient appris le matin , elles l'oublieraient
le soir. Cet intervalle d'un demi-jour ne concilierait pas les inté-
rêts du travail avec ceux de la santé et de l'instruction des jeunes
ouvrières en général , car j'ai remarqué que plus les jeunes filles
sont relâchées dans leur travail, moins elles ont de zèle et d'apti-
tude pour s'y appliquer.
19e question. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraine certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers et
l'augmentation de leur aptitude ?
B. Par le travail que, cette mesure procurerait aux ouvriers plus
. ïiroHsi. — Je ne vois en .cela aucun avantage; de la manière
que les jeunes ouvrières travaillent maintenant , on a tout lieu
d'être content , tant, sous le rapport de leur aptitude que sous le
rapport de leur amélioration physique et morale.
R ■ — Questions hygiéniques et économiques.
30* QUBSTIOH. — Quel est l'eut de santé de* ouvriers en général
*by Google
94 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
et des enfant» en particulier , employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
répons». — L'état de santé des ouvrières ou enfants, en général,
est très-satisfaisant.
21* question. — Quels sont les dangers et accidents auxquels ils
sont exposés ; les maladies, les infirmités, les difformités auxquelles
ils sont sujets?
bépohse. — Les accidents auxquels les jeunes ouvrières sont
exposées , sont :
1° L'affaiblissement de la vue par suite du travail trop prolongé
le soir à la lumière ;
2° La déviation des reins parcequ'elles se courbent trop sur
leur carreau ou se penchent trop de l'un ou de l'autre côté : c'est
à quoi les maîtres devraient surtout veiller avec soin,
22° question. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier?
kepokse. — Des pommes de terre, du pain noir et de la soupe
au lait.
25' question. — Comment est-il logé d'ordinaire, et combien
paye l-il par semaine pour son logement?
répousb. — L'ouvrier ici est d'ordinaire pauvrement logé dans
une petite maison dont il paye, pour loyer, 2 francs ou à peu près,
par mois.
24* question. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années , et quelles sont
ces variations?
KEPOEise. — Le salaire des ouvriers en cette commune est resté
le même depuis un certain nombre d'années.
25" question. — Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable? Peut-îL faire des économies?
réponse. — Le salaire de l'ouvrier ici peut à peine suffire a
l'entretien de son ménage ; encore arrive-t-il souvent, que l'ouvrage
lui manque; alors il n'a d'autre ressource que de mendier son
pain.
26' QOESTiOR. — A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine , ses bénéfices et le coût de son entretien et de
celui de sa famille?
xuvCoo^le
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 95
réponse. — Le gain de l'ouvrier est ici ordinairement de 1 fr.
par jour ( j'entends des personnes qui s'occupent du labourage);
lorsque l'ouvrage ne lui manque pas , moyennant cette somme il
peut, en étant très-économe, pourvoir à son entretien et a celui de
sa famille.
27* qtïbtioji. — Quelle est, en général, la condition morale des
ouvriers dans votre ressort ?
réponse. — La condition morale des ouvriers dans notre ressort
est en général assez bonne.
28" question • — Sont-ils adonnés à l'ivrognerie ?
kki>ohsk. — Non.
29* question. — T en a-l-il beaucoup qui vivent en concubinage ?
réponse. — Il n'y en a pas.
30* question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
nairement bonnes ? Jusqu'à quel point le rapprochement et la con-
fusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils être
nuisibles?
refoeise. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont ordinairement
bonnes. La confusion des sexes n'a pas lieu dans notre établisse-
ment de dentellières.
31" question. — Quelles sont les principales causes de l'incon-
duite de l'ouvrier ?
réponse. — Celle surtout la boisson.
32* question. — Existe-t-i! , tant sous le rapport physique que
sous le rapport moral, quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes?
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître?
(Sans réponse.)
33* question. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes ? Quelles seraient les réformes à y apporter ?
(Sans réponse.)
34* question. — Y a-t-il lieu de restreindre les mesures prolec-
^y Google
96 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
triées de l'enfance ' aux seuls enfants employés dans les grands
établissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous
les jeunes ouvriers sans distinction , qu'ils travaillent en petite où
en grande réunion , à l'extérieur ou a domicile?
reposes. — Mon avis serait d'étendre les mesures protectrices à
tous les jeunes ouvriers sans distinction , soit qu'ils travaillent eu
petite ou en grande réunion, à l'extérieur ou à domicile.
35* question. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables a la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son bien-
étre physique et moral?
airotoB. ■ — L'école de dentellières.
36' question. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail, les moyens propres à améliorer la con-
dition des jeunes ouvriers?
(Sans réponse.)
Sait à Moafsaka, le 1 S septembre 1843.
- Réponses de M. C. Vandeh Steen, Membre de la Caanbpe de m
ds TerirwQdt.
1™questhw. — Quelles sont, dans votre ressort, les industries où
l'on emploie de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans , et dans
quelle proportion s'y trouvent-ils?
bepokse. — Les filatures et les fabriques de couvertures de coton,
les fabriques à huile, mues par la vapeur, les corderies et les pape-
teries, dans la proportion de un sur trois pour les deux premières,
et pour les autres de un sur huit.
2" question. — A quel âge admet-on , en général , les enfants
dans ces établissements ?
KÉPOH9B. — A fige de neuf a dix ans.
3* question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé?
BxroirsE. — -D'abord, ils font des bobines ou autres bagatelles,
xuvCoo^le
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 97
et au fur et A mesure qu'ils avancent en Age on les emploie A
d'autres travaux , afin de ne pas nuire à leur santé.
4* question. — Quelle est la durée habituelle du travail journa-
lier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive.
repokse. — Huit à dix heures ; cette durée ne parait pas excessive.
5* qcbstîos. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
«épouse. — Le matin, de buit A neuf heures, de midi à une heure ;
et l'après-midi de quatre heures & quatre heures et demie} oe qui
6* question. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail , et comment se
combine-t-il avec le travail de jour?
«épouse. — Ils ne travaillent pas la nuit.
7" qcestiok. — T a-t-tl des établissements où l'on travaille le
dimanche ? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle A ce que les
ouvriers, et particulièrement les enfants, remplissent leurs devoirs
religieux?
KEPOiisx. — Je ne crois pas qu'il y ait des établissements où l'on
travaille le dimanche.
8° question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries,
les sexes et les Ages ?
KKronsB. — De 25 à 50 centimes , pour les garçons de dix h
quatorze ans.
9* QnxsTiOH. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie,
l'avantage que l'on trouve A employer des femmes et des enfants,
de préférence aux hommes adultes ? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires, les avantages que retirent, les
ramilles d'ouvriers de l'emploi des enfants ?
ËÉPonsE. — D'abord, il y a bénéfice pour le fabricant dans le bas
prix du salaire, et ensuite ce travail peut aussi bien se faire par des
femmes et des enfants que par des hommes adultes. Les ouvriers
qui, dès leur jeunesse, s'attachent à un métier quelconque, sont
d'autant plus vite au fait de leurs occupations.
10* question. — L'intérêt de certaines industries exigc-t-il
^y Google
08 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
impérieusement que les enfant» soient employé» pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
rbpo»m. — Oui; parce que, avec des adultes , il faut toujours
des enfant* qui aident et qui préparent des petits objets nécessaires
à la fabrication.
11* QtiESTiOK. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers
l'instruction et ['éducation qui conviennent & leur position? Quelle
est aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en' quoi
fait-elle défaut?
b£mhisb. — Difficilement. Étant occupes dés leur plut tendre
jeunesse, ils sont privés trop tut de l'instruction qu'ils peuvent
recevoir à l'école gratuite de la ville, et par conséquent , ils n'ont
que l'école dominicale a fréquenter les dimanches. Cette école,
quoique bien tenue, ne peut suffire à leur éducation,
12* QVBsnoa. — ■ Quelle devrait être, sous le rapport de l'Age, la
limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux ?
■ miaonsi. — De douze à quatorze ans; mais les parents pauvret
les font souvent travailler plut jeunes , pour augmenter les res-
sources pécuniaires de la famille.
13° qoestio*. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail îles enfants ? Comment gra-
dueriea-vou* cette durée selon les Âges?
sironsE. — Dix heures par jour.
14° question. — Jusqu'à quel Age le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers.
skpoitse. — Jusqu'à l'âge de seize à dix sept ans.
15* question. — Ne conviendrait- il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain âge l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
&EPOKSE. — On ne connaît pas d'établissements dangereux ou
insalubres à Termonde.
16* question. — A quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques, etc., sans qu'aucune restriction
■fut apportée à la durée de son travail?
■épouse. — De dix-huit à vingt ans, selon sa constitution.
- !od,vCoOg[e
( Qniveraityut)
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMOSDE. 99
' 17*QUBrnoir. — Pour satisfaire à tous les intérêts, ne pourrait-on
pas former, comme en Angleterre, des brigade* d'enfants qui to-
rtilleraient alternativement, en se relayant à de certains inter-
valles ?
KIP05SE. — Cela me parait inutile, pour autant qu'on n'exige ,
pas, des enfants, plus que leur Age ne leur permet de faire.
18*qusstiok. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur système
que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant, par exemple,
deux brigades d'enfants qui travailleraient l'une le matin , l'autre
l'après-midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail avec ceux
de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers?
(Sans réponse.)
19* QCKSTioif. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compenses :
4- Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers
et l'augmentation de leur aptitude?
S. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers plus
(Sans réponse,)
20" quKfSTioa . — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
kkpossb. — Généralement bon pour les uns pomme pour les
aytres.
21* quistiqh. —.Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmité* , les difformité» aux-
quelles ils sont sujets?
(Bans réponse.)
22" question. — Quel est le régime alimentaire habituel de l'ou-
vrier?
bépobsb. — Le matin, il déjeune ordinairement avec des tartines
et du café ; à midi il mange de* pommes de terre , du riz, de la
soupe, de temps en temps un peu de viande, du lard et du
poisson sec ; il boit quelquefois un petit verre de liqueur spiritueuse
le matin, et un verre de bière le soir, quand il mange ses pommes
déterre, mais surtout le dimanche. .,----.
*by Google
iOO RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
23* qubstiok. — Comment eat-il logé d'ordinaire et combien
paye-t-il par semaine pour ton logement?
(Sans réponse.)
24* question. — Le salaire des ouvriers a-t-îl éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
. ces variations?
rbpousr. — Généralement non.
25* question. — Le salaire actuel suffit-il , en général , pour
que l'ouvrier ait une existence convenable ? Peut-il faire des écono-
mies?
kéfonsb. — Le salaire actuel peut suffire, sans cependant donner
lieu à des économies.
26' question. — A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine, ses bénéfices et lé coût de son entrelien et de celui
de sa famille?
(Sans réponse.)
27" question. — Quelle est, en général, [a condition morale des
ouvrier* dans votre ressort?
réponse. — En général assez bonne.
28' question. — Sont-ils adonnés a l'ivrognerie ?
repos s*. — Peu ou point.
29* question. — Y en a-t-il beaucoup qui vivent en concubinage ?
retorse. — On en trouve quelquefois , mais très- rarement.
30* question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
nairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la
confusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils être
nuisibles?
réponse. — Le rapprochement et la confusion des sexes dans
les ateliers sont toujours nuisibles , surtout sous le rapport des
mœurs, qui ordinairement sont assez bonnes.
31' question. — Quelles sont les principales causes de Pincon-
duite de l'ouvrier?
«wons*, — L'ivrognerie, la débauche et souvent la paresse.
Digilizedby GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE TERMONDE. 14H
32* question. — Existe-t-il, tant bous le rapport physique que
sous le rapport moral, quelque différence bieu tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes?
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillait ehex un
maître?
(Sans réponse.)
33* question. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
seies? Quelles seraient les réformes à y apporter?
(Sans réponse.)
34* question. — Y a-l-îl lieu de restreindre les mesures pro-
tectrices de l'enfance aux seuls enfants employés dans, les grands
établissements industriels, ou conviendrait-îl de les étendre à tous
les jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion, à l'extérieur ou à domicile?
(Sans réponse.)
35* question. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son
bien-être physique et moral ?
réponse. — Les écoles gratuites de la ville, les écoles dominicales
et l'académie de dessin.
36° question. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail, les moyens propres à améliorer la con-
dition des jeunes ouvriers?
iiBfONSs. — Une bonne éducation.
Ainsi fait et répondu par le soussigné membre de ta chambre de
commerce de l'arrondissement administratif de Termonde.
Termonde, le 9 octobre 1815.
C. Vasber Steak.
^y Google
101 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
m. — Obcumbre de ■
A. — Questions spéciales au travail des enfants.
1™ question. — Quels «ont, dans votre ressort, les industries ou
l'on emploie de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et dans
quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
kemiibb. — Les 'industries de notre ressort où l'on emploie de
jeunes ouvriers au-dessous de seize ans sont celles des :
Sucreries de betteraves ;
Carrières ;
Laminoirs et usines a fer ; '
Faïenceries)
Verreries ;
Filatures de coton j
Fabriques de laine ; <
Fabriques de tabac ;
Fabriques de pipes ;
Et les houillères.
Dans les sucreries de betteraves, les jeunes enfants des deux
sexes sont généralement employés en grand nombre, eu égard à
l'importance totale du personnel des ateliers.
Dans les carrières, les enfants sont peu nombreux et n'y sont
admis qu'A titre d'apprentissage.
Il en est de même dans les verreries, les laminoirs, les faïen-
ceries et les fabriques de laine, de tabac et de pipes.
Dans les filatures de coton, te quart des ouvriers à peu près «ont
figés de moins de seize ans.
Dans les houillères, la proportion du nombre d'enfants employés
a celui des ouvriers adultes, varie d'un cinquième à un huitième,
suivant la nature des travaux.
3* question. — A quel Age admet-on, en .général, le* enfants
dans ces établissements?
hAponsk. — Dans les filatures de coton, dès l'Age de sept A huit
ans; dans les sucreries de betteraves, dans les fabriques de pipes,
les faïenceries et les verreries, à neuf ans; dans les fabriques de
laine et de tabac, les carrières et les laminoirs, à douze ans; dans
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE MONS. 103
le» houillères, à dix ans, pour les travaux souterrain». Quelques
enfants au-dessous de cet âge sont employés 1 de légers ouvrages
qui s'exécutent à la surface.
5* question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé?
bbpohse. — Dans les sucreries, ils sont employés à sarcler la
betterave quand elle est sur pied, et à la laver lorsquelle est récoltée.
Dans les carrières, ils taillent la pierre. Dans les laminoirs, ils
forment les lopins et les masses Avec la ferraille. Dans les faïen-
ceries, ils découpent les papiers d'impression, tournent les roues
des tours, etc. Dans les .verreries, les enfants font l'office de ma-
nœuvres, ils transportent les bouteilles aux fourneaux a recuire, etc.
Dans les filatures, ils remplacent les bobines vides par des bobines
pleines derrière les métiers à filer, rattachent les fils brisés, etc.
Dans les fabriques de laine, ils lavent la laine; dans celles de tabac,
ils délient les paquets, écotent les feuilles et les reforment en
paquets] dans les fabriques de pipés ils s'occupent de travaux
annuels peu fatigants. Dans les houillères, les enfants sont
employés, a la surface, & ramasser les pierres dans le charbon et à
porter les outils des ateliers k la fosse. Au fond des bures, ils
balayent les galeries, ferment les portes d'aérage, transportent les
bois, les outils, etc. Les plus Agés traînent les terres et la houille
et remblayent les tailles.
Tous .ces divers travaux n'ont rien qui soit essentiellement nui-
sible a la santé, si ce n'est, pour quelques industries, l'inconvénient
attaché à la réunion constante d'un grand nombre d'individus
dans un' espace fermé. Cet inconvénient existe même pour la plu-
part des écoles nombreuses.
Quant aux circonstances particulières du travail des houillères,
ce qui peut, à la longue, nuire & la santé des enfants, consiste
principalement dans la fatigue de la descente et de l'ascension aux
échelles ; dans la privation momentanée de la lumière solaire, et
dans t'aîr plus ou moins vicié des travaux souterrains. On peut dire
cependant, pour ce qui concerne l'aerage, que cette partie si
importante de l'exploitation des mines est l'objet constant de la
sollicitude des sociétés charbonnières et des ingénieurs de l'État.
Si la condition hygiénique des houilleùrs laisse souvent beaucoup
a désirer, la cause principale n'en est pas < le trop de fatigue des
DgtizedOy GOOgte
10+ RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
travaux auxquels ces ouvriers te livrent dans l'enfance, mais bien
leur mauvais régime , leur inconduite, l'abus des liqueurs fortes,
l'insalubrité de leurs habitations et surtout la constitution scrofu-
leuse de la plupart d'entre eux.
4* QtJESTios. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les entants ? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive.
rhpowbe. — Bans les divers établissements industriels, qui sont
énumérés plus haut, la durée du travail journalier des enfants est
la même que celle du travail des adultes. Cette durée n'est pas
excessive, et partout le travail est proportionné aux forces de l'indi-
vidu.
Hormis les charbonnages, les autres ateliers sont ouverts le
matin à six heures en été et a sept heures en hiver, et formés le
soir également à six et sept heures, suivant la saison.
Dana les houillères, la journée du travail d'extraction propre-
ment dît, commence a quatre heures du matin et finît & la même
heure de l'après-midi. Un accident dans la marche de la machine
à vapeur qui remonte et descend les cuffats, prolonge quelquefois,
mais rarement, ce terme d'une ou de deux heures.
5* question. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
béporse. — Dans tous les ateliers autres que ceux de l'exploita-
tion des houillères, la journée de travail est coupée par trois temps
de repos, savoir : de huit heures à buit heures et demie du matin,
pour le déjeuner ; de midi à une heure pour le dîner, et de quatre
heures à quatre heures et demie de relevée poUr le goûter. Ces
intervalles de repos sont suffisants.
Dans les houillères, la nature du travail accorde aux enfants,
comme aux ouvriers adultes, des intervalles suffisants aussi, quoique
moins réguliers. Les uns et Iês autres mangent à différentes reprises
pendant la journée ; mais le repas principal se fait au logis.
6" question. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se
combine-t-il avec le travail de jour?
réponse. — Excepté dans les houillères, les enfants ne travaillent
jamais pendant la nuit. Les ouvriers au-dessous de seize ans qui se
livrent aux travaux nocturnes dans (es charbonnages, sont rarement
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE HONS. i05
âgés de moins de treize ans. Ceux-là. ne sont pas occupés pendant
le jour, et leur tâche est généralement moins longue et moins fati-
gante que celle qui est assignée aux enfants du même Age pendant
la journée.
7" question. — Y a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle a ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux ?
bkforsb. — On ne travaille généralement dans aucun atelier le
dimanche. II n'y a d'exception à cette règle que pour des travaux
préparatoires et extraordinaires que la marche de l'extraction de
la houille exige quelquefois. Dans des cas semblables, l'ouvrage est
naturellement combiné de telle manière que les ouvriers, enfants
ou adultes, peuvent facilement, s'ils le veulent, accomplir leurs
devoirs religieux.
8' question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant , autant que possible , les industries ,
les sexes et les âges?
napoasE. — Dans les sucreries de betteraves, le salaire journa-
lier des enfants est de 60 centimes, et celui des jeunes filles «l'un
franc ; dans les carrières, ce salaire varie de 50 à 80 centimes. On
n'y emploie que des garçons.
Dans les usines à fer, les filles et les garçons au-dessous de seize
ans gagnent journellement de 60 à 80 centimes. Dans les faïen-
ceries, la journée des jeunes ouvriers s'élève quelquefois jusqu'à
90 centimes.
Il en est de même dans les verreries. Dans les filatures, la
journée varie de 25 à 50 centimes ; dans les fabriques de laine, de
30 a 40 centimes ; dans celles de tabac, de 40 centimes à un franc,
et dans celles de' pipes, de 80 à 90 centimes.
Dans les houillères, les enfants des deux sexes, de douze à seize
ans, sont payés à raison de 60 centimes à 1 franc 40 centimes
par jour, et ceux au-dessous de douze ans, de 40 à 70 centimes.
9* qdkstios. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie,
l'avantage que l'on trouve à employer des femmes et des enfants,
de préférence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires , les avantages que retirent les
familles d'ouvriers de l'emploi des enfants?
aifonss. — Les ouvrages auxquels on emploie les femmes et
^y Google
106 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
les enfants, ne sont pal de nature 1 être rétribués assez fortement
pour que de* homme» fait* puissent y gagner leur vie. Ces ouvrages
•ont d'ailleurs toujours proportionnés à la force des individus et à
la hauteur des salaires, et quelques-uns se font mieux et plus vite
par déjeunes ouvriers que par des ouvriers plus âgés.
Dans les houillères, les enfants sont préférablement occupés à
certains travaux, parce que leur taille leur permet de parcourir,
sans fatigue,, des galeries qui n'ont que peu d'élévation.
. L'admission des enfanta dans les ateliers étant pour eux un véri-
table apprentissage, les parents, en les faisant travailler de bonne
heure, y trouvent le double avantage de leur procurer un état et
d'augmenter les ressources pécuniaires de la famille.
10* question. — L'intérêt de certaines industries exige-t-il impé-
rieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre. d'heures que les adultes?
répossb. — . Cette demande doit être résolue affirmativement
pour les différentes branches d'industrie de l'arrondissement' de
Mons. En effet, leur travail journalier est combiné de telle sorte
que tout le personnel des ateliers y concourt en même temps. .Du
reste, la division de ce travail est telle (on croit devoir le répéter
ici) que chaque tâche est proportionnée a la force de l'individu qui
en est chargé. . .
1 1" question. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent à leur position? Quelle est
aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut?
KirQKSB. — D'après les renseignements qui résultent des réponses
qui précèdent, on conçoit que les enfants occupés durant toute la
journée et pendant la semaine n'ont d'autre temps à donner à leur
instruction que les soirées des jours ouvrables et les dimanche».
Mais il existe peu d'écoles du soir dans l'étendue de notre. ressort,
et moins encore d'écoles dominicales. Nous sommes, à regret ,
forcés de dire que dans beaucoup de localités l'éducation des
jeunes ouvriers est négligée d'une manière déplorable.'
12" question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'âge, la
limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux?
hrpobse. — Sous pensons que sous ce rapport il y a peu de
-codvCoOglo
GSÀMBRE DE COMMENCE DE MÛNS. 1«7
aboie à changer à ce qui existe aujourd'hui. Ce qu'il importe,
suivant nous, c'est qu'un entant ne soit jamais chargé d'un travail
au-dessus de «es forces. Ce danger n'est réellement a craindre que
clans les houillères, non de la part des exploitants, mats de la part
des parents qui spéculent quelquefois d'une manière inhumaine sur
le travail de leurs enfants. Il nous semble qu'une surveillance
active, paternelle, exercée convenablement par les officiers de.
l'administration des mines, devrait donner toute garantie à cet
égard. On pourrait, en outre, fixera douze ans l'Age d'admission
des enfants dans leshouillères pourle travail de jour, et à treize ans
oehii-des enfants soumis au travail de nuit; enfin il conviendrait de
défendre de recevoir a. l'intérieur des bures les enfants qui, bien
qu'avant l'âge requis , ne justifieraient point, au moyen de certifi-
cats délivrés par des hommes de l'art , avoir la force nécessaire
pour se livrer a ce genre de travail .
13* question. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants ? Comment gradue-
riez-vous cette durée selon (es âges ?
îràronâB. — Dans l'état actuel des choses , le maximum de la
durée du travail des enfants est d'environ quatorze heures par
jour dans les houillère», et de douze heures dans les autres établis-
sements industriels. Cet espace de temps est, comme nous l'avons
dit pliis haut , divisé par des intervalles de repos suffisants. Nous
ne pensons donc point qu'il soit possible de restreindre cette durée.
14'oubstiok. — Jusqu'à quel âge le travail de nuit devrait-il être
interdit aux jeunes ouvriers?
aipONSS. — Les jeunes ouvriers qui descendent la nuit dans les
charbonnages sont ordinairement âgés au moins de treize ans. On
pourrait interdire ce genre de travail aux enfants plus jeunes.
L'interdiction absolue est impossible, car c'est principalement pour
une partie notable du travail de nuit que des ouvriers de petite
taille sont nécessaires. Ce travail se fait dans des galeries fort basses
et des espaces rétrécis où des hommes faits seraient fort mal à
l'aise.
15* «vas-non.-*- Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
tin certain âge l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
«ePOssb. — M n'y a pas réellement d'établissements dangereux
;dby Google
108 REPONSES ET RAPPORTS' DES CHAMBRES DE COMMERCE.
dans notre ressort. Les moins salubres sont les établissements
charbonniers. Or il est reconnu que le travail de» enfants y est
indispensable : l'interdiction prévue par la quinzième question nous
parait dès lors impraticable.
Les inconvénients inhérents aux houillères au point de vue
sanitaire sont : la privation de la lumière solaire ; le séjour dans
une atmosphère plus ou moins viciée ; le danger que présente
l'exploitation des mines dégageant du gaz hydrogène carboné , et
la fatigue de la descente et de l'ascension aux échelles.
Un bon régime alimentaire , une conduite régulière , la prohibi-
tion des liqueurs fortes, un système convenable d'aérage et des
échelles suffisamment inclinées, sont des moyens efficaces pour
obvier à ces graves inconvénients. Les uns sont à la disposition des
ouvriers eux-mêmes , les autres dépendent de l'administration des
mines et des exploitants. Nous pouvons dire que sous le rapport
d'une bonne ventilation dans les houillères et d'échelles solides et
faciles, il y a, chaque année, un progrès très-remarquable.
16* qcxstiok. — À quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques, etc., sans qu'aucune restriction
fût apportée à la durée de son travail?
k&poksx. — Cette question se trouve résolue par la réponse que
nous avons faite aux demandes précédentes.
17* QUESTion. — Pour satisfaire a tous les intérêts, ne pourrait-on
pas. former, comme en Angleterre, des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement en se relayant à de certains inter-
valles?
18* ouest ion. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant , par
exemple, deux brigades d'enfants qui travailleraient l'une le matin,
l'autre l'après-midi , ne concilierait -on pas les intérêts du travail
avec ceux de fa santé et de l'instruction des jeunes ouvriers?
héponse. — A moins de cas extrêmement rares et auxquels la
volonté du maître est tout à fait étrangère, les jeunes mineurs qui
travaillent pendant fa nuit se reposent durant le jour et récipro-
quement. La nature du travail de nos différentes industries ne
permet pas le mode indiqué par la dix-septième question. Le motif
est le même que celui qui se trouve allégué a la dixième réponse.
Nous devons ajouter pour ce qui est particulièrement relatif aux
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE MONS. 109
houillères, que la nécessité de descendre et de remonter aux
échelles pour arriver & l'atelier et pour en revenir , ôle toute pos-
sibilité de faire des fractions de journée. Cela ne pourrait avoir
lieu sans interrompre , d'une manière extrêmement fâcheuse , ud
ouvrage qui doit absolument être fini dans un temps donné. L'in-
terruption du travail d'une seule catégorie d'ouvriers , même de
quelques instants , arrête immédiatement le travail de toutes les
autres catégories. Des fractions de journée entraîneraient néces-
sairement des réductions de salaires proportionnelles, et dès lors le
gain journalier des jeunes mineurs deviendrait si modique, que tous
renonceraient inévitablement à un état trop peu lucratif, eu égard
aux dangers qu'il présente.
19e question. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers et
l'augmentation de leur aptitude?
B. Par le travail que celte mesure procurerait aux ouvriers
plus âgés?
réponse. — Nous avons déjà dît qu'en général les ouvrages
auxquels on occupe les enfants, ne peuvent se faire convenablement
par des ouvriers plus âgés; ainsi, sous l'un des deux rapports prévus
par cette question, la restriction de la durée du travail ne servirait
en rien à ces derniers.
D'un autre côté, si cette restriction peut offrir quelques avantages
quant à l'amélioration physique et morale de l'ouvrier , elle serait
nuisible à son éducation industrielle, si nous pouvons nous servir
de cette expression. En effet, il ne faut point perdre de vue que les
enfants, tout en travaillant, font réellement leur apprentissage et
qu'on ne peut, sans inconvénient, commencer trop tard l'apprentis-
sage du métier de bouilleur par exemple. Il est nécessaire qu'un indi-
vidu, qui se destine k cette profession, soitde bonne heure habilué a
descendre et a monter aux échelles, formé au régime de l'intérieur
des fosses et rompu aux attitudes que cette espèce de travail exige.
Les enfants admis dans nos charbonnages sont loin d'être exposés
aux fatigues excessives, aux dangers permanents qui compromettent
sans cesse la santé et la vie des jeunes ouvriers des deux sexes.
Dans les mines d'Angleterre, l'enquête ordonnée par le parlement,
sur la position de ces infortunés, a révélé des faits dont , grâce au
^y Google
110 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
ciel, on ne trouvera pu d'exemple en Belgique. Sans doute la car-
rière des charbonniers est périlleuse ici comme partout ailleurs ,
mais les précautions prescrites par une administration bienveillante
et éclairée , et la bonne volonté des exploitants rendent leur con-
dition physique aussi bonne qu'elle est susceptible de l'être. Ce qu'il
importe aujourd'hui, c'est d'améliorer leur condition inorale ; c'est
surtout de leur faire sentir que les excès auxquels ils se livrent, sont
plus nuisibles à la santé que le travail pénible qui leur procure
l'existence.
B. — Questions hygiéniques et économiques.
20* question. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
bépohse. — L'état de santé des enfants et des adultes employés
dans les différents établissements industriels de l'arrondissement
de Mohs , ne diffère pas de l'eut de santé des autres ouvriers ou
artisans de la localité. Toutefois , il n'en est pas de même des
mineurs ; la santé de ces derniers est loin d'être parfaite , et les
affections qu'ils éprouvent présentent des caractères tout parti-
culiers.
31" question. — Quels sont les dangers et accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmités, les difformités
auxquelles ils sont sujets ?
réponse. ■ — L'exploitation des mines expose les ouvriers à beau-
coup de dangers : les chutes à bas des échelles, l'affaissement subit
de la mine ou des roches , l'explosion du gaz hydrogène , l'irrup-
tion des eaux souterraines, etc. , font malheureusement chaque
année quelques victimes.
Les maladies auxquelles les charbonniers sont sujets , en raison
de leur profession, sont l'anémie, les palpitations de cœur, le
rhumatisme, et surtout l'asthme.
Ces ouvriers, dans la jeunesse, ont le teint pile, le corps maigre
et l'attitude Fatiguée ; plus âgés, ils ont la taille courbée, les jambes
arquées et la démarche lente. Ils présentent presque toujours, dès
l'âge de quarante à cinquante ans , les marques d'une vieillesse
anticipée.
Cependant, on remarque que ceux qui mènent une yie sobre et
régulière ne sont pas atteints de plus d'infirmités que les ouvriers
livrés à d'autres professions moins dangereuses.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE MONS. Ui
Deux circonstances fâcheuses viennent souvent compliquer les
maladies qui attaquent plus spécialement le* charbonniers : c'est
d'abord le libertinage et l'abus des liqueurs fortes, et ensuite la
constitution lymphatique et les germes scrofaleux. que la plupart
d'entre eux apportent en naissant. On rencontre dans certaines
localités du Borinage des vallées profondes et humides, dont le
séjour doit certainement influer d'une manière funeste sur le tem-
pérament de ceux qui les habitent. '
22* question. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier?
bbpoksi. — La classe ouvrière de notre ressort se nourrit habi-
tuellement de païn de méteil , de pommes de terre , d'un peu de
lard, de café et de bière. Les charbonniers, quand la hauteur des
salaires le permet , ont généralement un régime plus substantiel $
ils mangent assez fréquemment de la viande de boucherie, ne con-
somment guère que du pain de froment et boivent beaucoup de
bière. Ha [heureusement ils font, en outre, un grand usage de
genièvre : ils en boivent avant de descendre a la mine et quand ils
ont terminé leur tâche. Cette déplorable habitude a pour consé-
quence de les empêcher de prendre autant d'aliments solides que
l'exigerait le besoin de réparer leurs forces épuisées par un rude
travail. Les jeunes ouvriers ne sont pas, sous ce rapport, beaucoup
plus sobres que les autres. Il est pénible de devoir consigner ici que
les filles elles-mêmes se laissent aller à l'abus des liqueurs fortes.
23* question. — Comment est -il logé d'ordinaire et combien
paye-t-il par semaine pour son logement?
aipoicsB. — L'ouvrier est , en général , logé dans des maisons
basses, humides et malsaines. Mais l'ouvrier charbonnier est
d'autant plus mal logé qu'au Borinage la population est très-consi-
dérable, que les terrains y sont chers , que le défaut d'économie
permet à peu d'ouvriers de se faire construire une demeure, et
que, dans une maison a peine suffisante pour un ménage, on en voit
s'entasser quelquefois jusqu'à trois.
Le prix des loyers varie de 1 fr. 20 centimes à 2 fr. par semaine.
24* question. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations ?
aspoitsK. — Hors ceux des ouvriers mineurs, les salaires des
DglizedOy GOOgle
112 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
ouvriers de notre ressort n'ont éprouvé que des variations insigni-
fiantes depuis quelques années. Les variations du prix de la journée
des ouvriers attachés aux charbonnages, ont été brusques et fré-
quentée. Nous les indiquons dans le tableau suivant.
Taui moyens des salaires des bailleurs du coucliaat de Ions,
de «SI* * 1841 i
innée Année Année Innée tuée Innée Année
Chefs porlons
Portons du matin. ....
Marqueur» du matin. . .
Id. de l'après-midi. .
Su rtn filants de nuit. _ . ,
Coupeurs de «oies. . . . .
Poseun coulisses.
Mineurs. . . .
Chargeurs, remblayeun, ra-
ma Meurs de gall lottes, rele-
Teurs de terre, jamboli, me-
neur" de bois , bou leurs , sic.
Chargeurs à la taille
Commis de place
Mécaniciens (machinistes). .
Ti teneurs
Moullneuses
Filles de cliquago. . . . .
Porteuses de gaitleltei. . .
Tourneur)
>dby Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE MOINS. 115 .
25° question. — Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable? Peut-il faire des économies?
&ÉFOKSK. — Le salaire actuel peut suffire pour procurer à l'ou-
vrier une existence convenable, quand celui-ci ne perd aucun jour
de travail pendant la semaine. Il pourrait même permettre, en cer-
tains cas, de faire de légères économies, particulièrement lorsque
le prix des pommes de terre et des céréales est très-modéré , «et
que l'hiver n'a pas été rigoureux. Mais, malheureusement, 'en ce
moment le ralentissement des travaux des houillères est cause que
beaucoup d'ouvriers mineurs ne travaillent que trois à quatre jours
par semaine.
26" question. — A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine, ses bénéfices et le coût de son entretien et de celui
de sa famille?
réponse. — Nous pensons qu'on peut estimer, comme suit, en
moyenne, le salaire journalier des ouvriers des diverses industries
de notre ressort.
SOMME*. FEMMES. 11W1NT8.
fr. c. tr. c. fr. c.
Sucreries de betteraves. ■ . 1 25 1 » » 60
Carrières 5» »» » 7B
Laminoirs et usines à fer. . . 5 50 1 » » 70
Faïenceries 5 * 1» » 80
Filatures de coton 2 10 » 75 » 35
Fabriques de laine 1 10 » » » 30
Id. de tabac 2 30 » » » 70
Id. de pipes 1 85 - • » » 85
Houillères 280 120 » K
Verreries 9 » 1 70 » 90
Il est très-difficile d'obtenir des renseignements aussi précis
pour déterminer le coût de l'entretien de l'ouvrier et de sa fa-
mille. Il faudrait , pour y parvenir, pénétrer dans le secret de
leur vie intime. Parmi les malheureux , les uns exagèrent leur
misère pour exciter la compassion et la charité, les autres au con-
traire déguisent leurs souffrances, parce que l'aumône les humilie.
Quoi qu'il en soit , nous sommes parvenus à recueillir sur cet
objet quelques données dont on nous a garanti l'exactitude : c'est
l'indication du gain réuni d'une famille du Sorinage et de ses
dépenses annuelles.
Cette famille se compose du père, de la mère, de sept enfants el
d'un élève de l'hospice des Enfants-trouvés de Mous, reçu en nourrice.
*by Google
tH RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
Des sept enfants, quatre sont du sexe masculin et sont Agés de
treize, sept, cinq et deux ans.
Les trois filles ont respectivement quinze , neuf et un ans.
L'élève de l'hospice a onze ans, et fréquente l'école communale.
Le père gagne par semaine fr. 15 6.0
La fille aînée, — 4 86
• Le fils aine. ; . . — 5 »
La pension de l'enfant de l'hospice rapporte. . — ■ 60
Les ouvrages en dehors des journées régulières,
le travail de nuit, etc., produisent environ. . . . ■ — 2 »
Tolal par semaine . ... fr. 26 »
Par jour . - 5 71
Par an (cinquante-deux semaines). . ... » 1,352
Voici l'aperçu des dépenses :
La consommation de pain est de vingt-quatre à
vingt-six pains par semaine, et coûte fr. 13 »
La location de 10 à 12 ares de terrain permettant
de récolter la provision de pommes de terre, on ne
tient pas compte du travail de la famille , on ne ren-
seigne qu'une quotité proportionnelle du loyer. . . — » 50
La dépense du beurre, sel, lait et café, s'élève
à. ............... -i- 2 -
Et celle de la viande pour la soupe du dimanche k. — . 1 ■
Ensemble. . . . . . . . fr. 16 50
Ce qui revient à 22 centimes environ par tête et par jour.
Les légumes proviennent d'un petit jardin cultivé par tous les
membres de la famille en Age d'y travailler.
Les autres frais du ménage consistent en :
Vêtement». fr. 4 •
Blanchissage, 1 kil. 50 de savon par semaine (la
main-d'œuvre est comptée pour rien, c'est la besogne
de la mère). . — . 90
. Literies, renouvellement des paillasses , etc. ■ . . — ■ 50
Chauffage ... . " , . — ■ - 7B
Éclairage. — « 50
Loyer de maison et contributions. ..... — 1 25
fr. 7 90
ly Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE MONS. 115
La dépense totale de la semaine est par consé-
quent de . . fr. 24 40
ou 1 fi. 60 o. de moins que le produit des salaires
qui s'élève à . . fr. S6 ■
La dépense des vêtements se subdivise ainsi :
Pour le père :
Une veste de drap qui dure deux ans , soit pour
l'année ■ . . fr. 11 *
Une blouse. . , . . — 10 »
Un gilet. — 3 .
Deux pantalons — 10 ' »
Trois chemises — 18 »
Deux paires de souliers et sabots — 18 »
Bas, cravates — 8 »
fr. 78 >
Pour la mère :
Deux jaquettes fr. 6 »
Deux jupons. ........... — 10 »
Bas, souliers, fichus — 20 »
fr. 36 -
Pour les enfants :
Les vieux vêtements des parents fr. » »
Vêtements neufs — 70 »
Souliers et sabots — . 24 ■
fr. 94 -
L'élève de l'hospice reçoit ses vêlements de la commission admi-
nistrative.
Quand les dépenses ne peuvent se balancer au moyen du gain
journalier, c'est celle de l'habillement qu'on réduit d'abord.
On a pu voir, par l'aperçu qui vient d'être donné, que la bière
n'entre point dans le régime alimentaire de cette famille. Il n'en
serait pas ainsi si elle était moins nombreuse ou si un plus grand
nombre d'enfants étaient en Âge de travailler. On sent que l'état de
gêne où elle se trouve actuellement, décroîtra au fur et à mesure
que chacun de ces enfants pourra contribuer a augmenter les
ressources au moyen de son gain journalier,
27° QuxsTiofl. — Quelle est en général la condition morale des
ouvriers dans votre ressort?
aiponsi, — La condition morale des ouvriers dans notre ressort,
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H6 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
est en général réellement déplorable. L'ignorance et les vices qui
en sont la conséquence forment le partage de la plupart d'entre eux.
Dans les villes , et pour ce qui regarde les différentes usines et
fabriques dont nous avons parlé précédemment, la condition morale
de l'ouvrier diffère peu de celle des autres artisan»; mais, dans les
communes charbonnières, les mœurs y sont plus corrompues encore.
Nous nous bornerons, pour ces dernières, à citer les termes d'un
rapport fait en 1842 par la commission administrative de la caisse
de prévoyance, instituée à Mous en faveur des ouvriers mineurs.
Voici comment ce rapport s'exprime :
■ On remarque, cbez un grand nombre d'ouvriers mineurs, que
« l'absence presque totale de principes religieux, le défaut d'ordre
« et d'économie , l'imprévoyance pour les besoins à venir , l'ivro-
■ gnerie,le libertinage, le relâchement de tous les liens de famille,
■ marchent de pair avec le manque d'instruction. ■
Nous devons ajouter que, suivant nous, ce tableau, quellequ'en soit
la laideur, n'a rien d'exagéré. Il arrive fréquemment que les filles
et les garçons ne font leur première communion qu'au moment de
se marier, et presque toujours la fille est enceinte avant que la loi
et l'Eglise aient consacré l'union des époux.
La caisse d'épargne est inconnue au Borinage. Des tentatives
faites par le propriétaire d'un grand établissement pour l'intro-
duire parmi ses nombreux ouvriers, même au prix de sacrifices
dont la générosité méritait certes un résultat plus heureux, furent
cependant repoussés avec une répugnance soupçonneuse que rien
ne put vaincre. Aujourd'hui, il est peu de familles d'ouvriers
mineurs au couchant de Mons, qui n'aient pas de dettes. Il en
résulte que les marchands détaillants de tous les objets nécessaires
a la vie , connaissant l'esprit dissipateur de ces ouvriers et s'atten-
dant, sous ce rapport, à des pertes fréquentes, élèvent le prix de ces
objets a des taux souvent exorbitants. Beaucoup de ces débitants
sont a la fois boulangers , épiciers , cabareliers , marchands
d'étoffes, etc. Quelques-uns possèdent de misérables maisons
qu'ils louent à plusieurs ménages qui s'y logent pêle-mêle , i la
condition expresse que ces ménages achèteront exclusivement
chez eux tout ce qui doit servir à la nourriture et au vêtement.
C'est une sorte de féodalité de bas étage, dont l'odieux et la tyran-
nie se trouvent à l'abri des atteintes de la loi.
28° QuESTioH. — Sont-ils adonnés à l'ivrognerie?
répoksk. — Le penchant a l'ivrognerie est remarquable parmi
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE MONS. HT
les ouvriers de noire ressort, surtout parmi ceux qui se livrent aux
travaux de l'exploitation des mines. Les jeunes ouvriers cèdent de
bonne heure à cefunestepenchantque fortifient surtout le bas prix
du genièvre et te grand nombre de cabarets qui s'élèvent autour des
établissements charbonniers. On cite un village qui, sur une popu-
lation d'environ cinq mille habitants, comptait, en 1842, deux cent
soixante et dix-huit cabarets, ou un cabaret par dix-sept habitants.
29* QCE8TIOH. — Y en a-t-il beaucoup qui vivent en concubinage?
sjepohse. — Le concubinage est fréquent parmi nos ouvriers, et
dans les communes charbonnières plus que partout ailleurs. La
prostitution toutefois n'y existe pas ; aiiMsi, les cas de syphilisy sont-
ils extrêmement rares. Des médecins, dignes de foi, et habitant
un village dont la population s'élève au delà de huit mille Ame»,
ont assuré n'avoir pas dû donner leurs soins depuis dix. ans a plus
de deux individus atteints de ce mal. Quand ce mal se déclare,
c'est ordinairement quelque milicien congédié qui l'a rapporté de
la garnison.
30* QinutTiotf. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
nairement bonnes ? Jusqu'à quel point le rapprochement et la con-
fusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils leur être
nuisibles ?
aiponsE. — Cette question se trouve en quelque sorte déjà
résolue par les renseignements qui précèdent. On conçoit, en effet,
que les mœurs des jeunes ouvrières doivent se ressentir de la cor-
ruption générale, et que celte corruption est d'autant plus précoce
et plus profonde, que les femmes et les hommes sont plus étroite-
ment confondus dans les travaux, loin de la surveillance des chefs
de famille.
Les filles qui travaillent aux houillères ont souvent une lieue de
chemin a faire pendant la nuit pour se rendre à leur ouvrage ou
pour revenir chez elles. Ce trajet se fait communément en compa-
gnie avec des mineurs de l'autre sexe ; elles vont fréquemment au
cabaret avec ceux-ci, et cette intimité de tous les jours est évidem-
ment une cause permanente de désordre.
Avant de descendre au fond des bures d'extraction, les filles
changent leurs vêtements contre des vêtements d'homme, et quoi-
qu'elles aient a cette fin un local séparé , la surveillance des chefs
ouvriers n'est pas telle que l'on puisse assurer que tout s'y passe
suivant les règles de la décence.
DiglizedOy G.OOg[e
US RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
31* question. ■ — Quelles sont les principales causes de l'incou-
duite de' l'ouvrier?
eefohsb. — Nous pensons que les causes principales sont le
défaut d'instruction et l'absence de principes religieux ; les causes
accessoires sont l'habitude de fréquenter les cabarets et le rappro-
chement de* sexes dans les ateliers.
32* question. — Existe-t-il, tant sous le rapport physique que
sous le rapport moral, quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui dés campagnes?
'B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
naître?
befonsi. — Des réponses que nous venons de faire aux autres
questions qui font la matière de l'enquête , on peut tirer la con-
clusion que, pour l'arrondissement de Hons, cette différence est
fortement tranchée entre les ouvriers des mines, hommes, filles
et enfants , et ceux attachés aux autres branches d'industrie de
notre ressort.
33* question. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes? Quelles serait les réformes à y apporter?
34" question. — Y a-t-il lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands éta-
blissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous les
jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils travaillent en petite ou en
grande réunion, à l'extérieur ou à domicile ?
befonse. — Nous ne pourrions, pour satisfaire a ces deux ques-
tions , que répéter ce que nous avons dit dans notre réponse à la
douzième question.
35* QusBTton. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son bien-
être physique et moral?
réponse. — Nous ne connaissons, dans notre ressort, que peu
d'institutions favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'aug-
menter son bien-être physique et moral. Nous devons noter, cepen-
dant, les caisses particulières de secours, établies près de chaque
établissement charbonnier ; la caisse de prévoyance dont nous
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CHAMBRE DE COMMERCE DE MOiNS. 119
Tenons de parler, et dont l'organisation ne remonte pas an delà
de 1841 ; quelques écoles du soir et du dimanche fondées ou subsi-
diées, pour la plupart, par la commission administrative de cette
caisse ; l'école dominicale et l'école gardienne de Mons, et enfin les
autres écoles quotidiennes ouvertes dans les diverses communes de
l'arrondissement. La caisse d'épargne ne sert guère qu'aux ouvriers
des villes.
36* question. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail , les moyens propres a améliorer la
condition des jeunes ouvriers?
xtoonsH. — Nous estimons que les meilleurs moyens seraient de
multiplier les institutions qui viennent d'être citées, et de popula-
riser les caisses d'épargne parmi les habitants des communes
charbonnières. Nous croyons devoir rappeler ici quelques réflexions .
faites à ce sujet, par le docteur Villermé, qui s'est livré en France
à des recherchés si complètes et si utiles sur l'état physique et moral
des ouvriers :
s Les institutions sont impuissantes contre la misère produite
» par la paresse, l'imprévoyance, la débauche; mais elles peuvent
« atténuer, retarder ou bien même prévenir la misère qui résulte
k d'une maladie, d'un renchérissement de denrées, d'une diminu-
■ tîon dans le prix de la main-d'œuvre, ou d'une interruption
i. dans le travail, eu offrant à l'ouvrier laborieux, sobre, économe,
« la facilité de rendre sa condition moins indépendante de sa
« santé et du premier événement qui réagit sur l'industrie. Le
■ moyen ne consiste pas à faire une aumône humiliante pour celui
« qui la reçoit et que l'homme de cœur rejette, mais à préparer,
« dès l'enfance, le peuple aux bonnes habitudes, et à les lui faire
« pratiquer plus tard. Les institutions considérées comme les plus
» propres à atteindre ce but , sont : les salles d'asile , les écoles ,
» les caisses d'épargne et les sociétés de secours mutuels. »
Aussi nous n'hésitons pas à placer en première ligne parmi les
moyens d'amélioration de la condition des jeunes ouvriers, les salles
d'asile ou les écoles gardiennes.
■ La salle d'asile, » dit encore M. Villermé, «. fondée pour
« recueillir, pendant le jour, les petits enfants de la classe ouvrière,
- prévient pour eux les mauvais exemples de la rue et les dangers
« qu'ils y courent. En outre, elle les forme à l'obéissance, à l'ordre,
* a la propreté ; elle commence leur éducation morale avec leur
ngtodoy Google
120 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
■ instruction , 1 un âge où lei parents n'y songent pas encore.
- C'est surtout dans les Tilles de fabrique», où les travaux de l'ate-
- lier absorbent complètement le temps des mères, que la salle
« d'asile est une admirable institution. »
Ce que H. Villermé dit des villes de fabriques s'applique parfaite-
ment aux communes charbonnières. Dans ces communes, en effet,
où les travaux périlleux des mines font chaque année tant d'orphelins,
le chef de famille qui perd sa compagne, ou la femme qui a vu périr
son mari, doit presque toujours, ou renoncer à toute espèce de
travail pour prendre soin de ses enfants en bas Age , ou les laisser
seuls au logis. Dans ce dernier cas, ces petits malheureux, abandon-
nés à eux-mêmes, se livrent sans frein à tous les caprices, s. tous les
penchants que l'éducation doit réprimer dans l'enfance, et périssent
souvent par suite d'accidents que leur inexpérience ne peut pré-
venir. Chaque hiver on voit des enfants, restés seuls, mourir dans
d'atroces tortures pour s'être imprudemment approchés du feu
qui a enflammé leurs vêtements.
On reconnaît facilement, par l'indication de ces faits, combien
les écoles gardiennes seraient utiles au Borinage , et cependant il
n'y en existe pas encore une seule. La commune de Frameries
est la première qui ait songea fonder une institution semblable,
dans l'intérêt de sa population ouvrière. Mais cette commune,
comme beaucoup de communes rurales , n'a que des ressources
très-restreintea, et il est à craindre que cet établissement ne se sou-
tienne que difficilement sans le concours du gouvernement et de la
province.
Les heureux résultats de cette institution ne manqueraient pas
d'être promptement appréciés par les ouvriers ; aussi, selon nous,
l'admission de leurs enfants a l'école gardienne devrait être subor-
donnée à la fréquentation, par leurs enfants moins jeunes, des écoles
d'un rang plus élevé, soit quotidiennes soit dominicales. Il va sans dire
que dans les unes et les autres nous entendons que l'enseignement
religieux marche concurremment avec l'enseignement primaire.
Nous conseillons d'abord les moyens moraux, car, par ces moyens,
on arrivera à doter la classe ouvrière de l'esprit d'ordre et d'éco-
nomie. Or, avec ces deux qualités, l'homme laborieux parvient
toujours à se soustraire à la misère et à procurer a sa famille et à
lui-même un bien-être proportionné a sa condition sociale.
Nous croyons aussi qu'il faudrait défendre aux chefs d'établisse-
ments industriels de recevoir dans leurs ateliers des enfants qui
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE CHARLEROY. 121
n'auraient point fait leur première communion, et qui ne sauraient
ni lire ni écrire, on qui ne justifieraient point qu'ils fréquentent le
catéchisme et une école. Pour les jeunes ouvriers, les classes domi-
nicales nous paraissent devoir obtenir la préférence. Nous consi-
dérons ces classes comme devant tendre sinon à détruire entière-
ment , du moins à diminuer de beaucoup l'habitude , si enracinée
aujourd'hui chez l'ouvrier, de fréquenter les cabarets.
En outre, nous voudrions que l'intérieur des travaux souterrains
fut interdit aux femmes et aux jeunes filles.
Nous désirerions enfin que les brasseurs , les distillateurs et les
débitants de boissons, dont les intérétBSont diamétralement opposés
aux progrès de la moralisation de la classe ouvrière, pussent ne
plus être appelés à exercer les fonctions municipales.
Mon», le 18 fétrier 1844.
Le Secrétaire, Le Prérident,
Frkd. CoKzisiaa. Legrabb-Gossart.
A. — Question* spéciale* au travail de* enfant*.
1" question. — Quelles sont, dans votre ressort, les industries
où l'on emploie de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et dans
quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
aipoHss. — Ce sont : les mines de houille;
Les verreries ;
Les usines sidérurgiques ;
Les carrières ;
Les clouteries ;
Les fabriques de sucre ;
La sixième partie de nos jeunes ouvriers n'atteint pas seize ans.
S* question . — A quel Age admet-on, en général , les enfants
dans ces établissements?
réponse. — Les enfants commencent à être employés ordinai-
rement à dix ou onze ans, mais plus généralement à douze ans.
Les filles y sont admises au même Age que les garçons.
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132 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
3e QtiKSTion. — Quelle est la nature des travaux imposés, aux
enfants ? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé?
réponse. — Dans les mines , les enfants sont employés :
1° A balayer et arroser les voies et galeries;
2° A ramasser les pierres qui se trouvent dans le charbon;
3° A traîner des waggons où à les pousser dans les galeries ;
4" À fermer les portes d'aérage.
Il est une partie des travaux imposés aux enfants dans les mines
de houille qui nous parait nuisible à leur santé. Souvent ils sont
employés à hiercAer, c'est-à-dire à tirer ou pousser les chariots
chargés de charbon pour les conduire depuis l'endroit où travaille
le mineur proprement dit , jusqu'au puits d'extraction : c'est un
travail très -fatigant. Obligé quelquefois par le peu de hauteur de la
galerie, à ramper, le jeune ouvrier s'attache au corps une sangle,
terminée par une chaîne accrochée au chariot ou waggon. Il se
traîne alors, comme il le peut, sur les pieds et tes mains, tandis
qu'un autre enfant , placé derrière le chariot, le pousse devant lui
avec la tète et les mains. Ceux-là sont écrasés dans les fosses, suivant
l'expression des ouvriers. Ce travail est d'autant plus au-dessus de
leurs forces , qu'ils sont obligés de l'accomplir dans des galeries
basses et étroites , exposés tantôt à des courants d'air très-frais ,
tantôt à une température assez élevée , et ayant constamment a
lutter contre les mauvais effets de la poussière de charbon et des gaz
délétères. Heureusement que déjà la science a apporté quelques
changements au système suivi depuis longtemps; et, dans certaines
exploitations, des chemins de fer rendent plus facile la traction des
chariots chargés de bouille. Il serait à désirer que ce système fut
mis indistinctement en usage dans toutes nos exploitations , notam-
ment dans les remises à forfait. Les ouvriers hiercheurs se font
généralement remarquer par leur constitution rachi tique.
La sûreté des mines exige que les galeries soient coupées par des
portes, afin de prévenir de dangereux courants d'air, qui, dans les'
entrailles de la terre, pourraient produire de terribles accidents.
Ce sont ordinairement des enfants qui sont chargés de la garde de
ces portes , qu'ils doivent ouvrir aussitôt qu'un ouvrier ou qu'un
chariot se présente , et qui se referment d'elles-mêmes. Ordinaire-
ment dans l'obscurité, car on ne leur fournit pas toujours de la
lumière, et dans l'humidité pendant tout le temps que dure la
,'tizedoy Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE CHARLEROY. 123
journée de travail , cet enfants arrivent souvent à un état d'imbé-
cillité qu'ils conservent toute leur vie, indépendamment de l'altéra-
tion de leur constitution physique.
Dans les verreries, les enfants sont employés à frotter les man-
chons ou cylindres de verre, à les donner aux ouvriers étendeurs,
et a ramasser le coke qui se trouve dans les scories, ou à des
ouvrages qui n'exigent que peu de fatigue. Dans les forges et dans
les carrières, ils viennent en aide aux ouvriers. Ce genre de travail
ne peut nuire que faiblement à leur santé. II n'y a peut-être que
la trop grande chaleur que pourraient redouter les enfants ouvriers
dans les verreries ou dans les établissements de forgerie.
4" question. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive.
akponsi. — La durée du travail journalier pour les enfants dans
les mines de houille, peut être fixée au minimum a neuf heures, et
au maximum à douze heures, y compris les heures de repas.
Anciennement, dans les charbonnages, les ouvriers ne travaillaient
que huit heures par jour, sans doute à cause du mauvais air
qu'ils respiraient dans les galeries. Le travail de huit heures
convenait mieux à leur santé , et rendait plus rares les maladies
de poitrine dont les ouvriers mineurs sont atteints dans leur
vieillesse.
Dans les autres industries, le travail des enfants ne paraît donner
lieu à aucun inconvénient.
5' QtmsTioir. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
bépohsb. — Les heures de repos sont : a huit heures du malin,
une demi-heure ; à midi, une heure; à quatre heures de relevée,
une demi-heure. La journée finit souvent vers six à sept heures du
soir. Ces repos paraissent suffisants aux jeunes ouvriers pour
réparer leurs forces.
6" ocxstioh. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se
combine-l-tl avec le travail de jour?
aironss. — Dans nos principaux établissements, comme les
autres ouvriers, les enfants et les jeunes ouvriers alternent hebdo-
madairement et par nombre égal pour le travail de jour et de
^y Google
124 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COHHERCE.
nuit. Ceux qui ont travaillé une semaine pendant te jour, travail-
lent la semaine suivante pendant la nuit.
7° question. — Y a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux?
aéponsE. — Dans les mines de houille , on ne travaille point le
dimanche. Il n'y a, à chaque puits d'extraction, qu'un surveillant
qui- peut remplir ses devoirs religieux. Dans les fabriques de sucre,
quelques ouvriers sont nécessaires les jours fériés, mais on n'y
emploie jamais les enfants. Dans les verreries et les hauts four-
neaux l'on est obligé de travailler les dimanches. La fonte du fer
et du verre exige que l'on ne ralentisse pas les opérations de
fusion, si l'on ne veut pas être exposé a des pertes certaines.
8* question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries,
les sexes et les âges?
réponse. — Dans les mines, le prix moyen des salaires pour les
enfants est de 75 centimes; pour les autres industries 86 centimes.
9" question. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie ,
l'avantage que l'on trouve à employer des femmes et des enfants,
de préférence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires, les avantages que retirent les familles
d'ouvriers de l'emploi des enfants?
hépohse. — Dans les houillères, il se trouve ordinairement des
galeries qui n'ont pas quatre pieds de hauteur. Il est physique-
ment impossible aux grandes personnes d'y traîner le charbon.
L'on choisit de préférence pour ce genre de travail. les jeunes
ouvriers. L'avantage que Ton trouve à employer des femmes et
des enfants consiste encore dans l'économie de la main-d'œuvre.
Cet avantage, pour les mines, est de 50 pour "/„ dans le salaire
comparé à celui des ouvriers adultes. La pénurie d'ouvriers oblige
aussi , dans certaines circonstances , à recourir aux entants , et il
arrive quelquefois que les parents de ceux-ci ne voient , dans leur
emploi , que l'expérience qu'ils peuvent acquérir pour l'avenir.
Si les femmes et les enfanta ne travaillaient pas dans les mines,
il en résulterait nécessairement une augmentation dans le prix de
la main-d'œuvre. Souvent les bras manqueraient : la journée des
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE CHARLEROY. 143
ouvriers étant plus forte , une plus grande élévation aurait lieu
dans le prix des produits. On sait qu'il importe que les produits
s'obtiennent au contraire avec économie et qu'ils se vendent à des
prix qui, n'étant pas élevés, permettent de supporter la concur-
rence des établissements situés à l'étranger.
10* question. — L'intérêt de certaines industries exige-t-H impé-
rieusement que les enfants soient employés pendant le mérou
nombre d'heures que les adultes?
jiÈKwisR. — Oui , pour l'ensemble du travail. En général , les
ouvriers principaux sont habitués au travail de leurs aides; si ces
derniers venaient a leur manquer ou à être changés à certaine
heure, il en résulterait pour eux une perte de temps , et la régu-
larité de leur service serait entravée.
11* question. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers
l'instruction et l'éducation qui conviennent à leur position ? Quelle
est aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut ?
bkfokse. — Les exigences actuelles du travail peuvent se con-
cilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'instruction
et l'éducation qui conviennent à leur position. Il serait bon d'exa-
miner quels avantages pourrait leur procurer rétablissement d'écoles
du soir. Nous croyons que, pour assurer le succès de ces écoles,
il faudrait obliger les enfants à les fréquenter après leur journée.
A l'âge de douze à treize ans, les jeunes ouvriers possèdent
généralement à peine les premières notions de leur religion ; à
peine savent-ils lire et écrire. Les écoles de village qu'ils peuvent
fréquenter sont souvent mal organisées, et la rétribution que l'on
paye pour y être admis, paraît un grand sacrifice aux parents.
La nouvelle loi sur l'instruction primaire ne remédiera à cet
état de choses qu'autant que les instituteurs soient tenus d'ou-
vrir leurs cours gratuitement. Il serait aussi à désirer que les
industriels employassent, pour faire sortir de leur apathie les chefs
de famille, tous les moyens qu'ils ont a leur disposition.
12' question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'Age,
la limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux?
kevokse. — De douze a quatorze ans.
laty Google
li6 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
13' question. — Quel est le maximum de la journée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants ? Gomment gra-
duerîez-vous cette durée selon les Ages?
kbpofsk. — A tout Age le travail d'un enfant peut durer aussi
longtemps que le travail d'un autre ouvrier , parce que le travail
de l'enfant est proportionné à ion âge «t & ses forces.
Si l'on cherche à graduer la durée du travail des femmes et des
enfants employés dans toutes les industries connues dans notre
arrondissement , l'on perdra les avantages d'économie que pré-
sente l'organisation actuelle, et nous ne voyons pas trop au moyen
de quel système on pourrait le remplacer.
14" question. — Jusqu'à quel Age le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers?
réponse. — Nous ne voyons pas trop quels avantages on obtien-
drait en interdisant le travail de nuit aux jeunes ouvriers. Ce
n'est pas ce travail qui fatigue la jeunesse, mais l'excès, ou le genre
d'occupation auquel elle se livre. Il est des établissements dans
lesquels un enfant peut travailler huit heures sans aucun incon-
vénient pour sa santé, tandis que dans d'autres il ne peut être
employé que la moitié de ce temps.
15* question. — Me conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain Age l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
réponse. — L'interdiction, jusqu'à un certain Age, de l'emploi
des enfants dans les établissements insalubres ou dangereux doit
avoir lieu. Mais il nous est impossible de ranger dans cette caté-
gorie les verreries et les établissements qui travaillent ou produi-
sent le fer. Quant aux houillères, dans lesquelles le gaz hydrogène
carboné se dégage en trop grande quantité, elles présentent des
inconvénients que nous ne voulons pas contester. Mais comment y
remédier? Là est la question. Il nous semble que l'on pourrait
recommander aux ingénieurs des mines de surveiller scrupuleuse-
ment les exploitations à grisou , en leur donnant la faculté d'y
interdire la présence des enfants, quand ils le jugeraient nécessaire.
16' question- — A quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques , etc. , sans qu'aucune restriction
fut apportée à la durée de son travail?
aéronsE. — A quatorze ans pour les garçons , et à quinze ans
pour les filles.
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE CUARLEROY. 127
17* question. — Pour satisfaire à tout les intérêts, ne pourrait-
on pas former, comme en Angleterre, des brigades d'enfante qui
travailleraient alternativement en se relayant à de certains inter-
valles?
18" question. — En cas d'affirmative , quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant, par
exemple, deux brigades d'enfants, qui travailleraient l'une le malin,
l'autre l'après-midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail
avec ceux de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers?
19° question. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers
et l'augmentation de leur aptitude ? -
B. Par le travail que, cette mesure procurerait aux ouvriers
plus âgés?
aspONSB. ■ — Ce mode nous parait impraticable dans la plupart
de nos industries. Il serait peu avantageux de changer les anciennes
habitudes. L'on n'obtiendrait, d'une innovation, qu'un surcroît
de charges, et les relais ne seraient profitables ni aux industriels,
ni aux enfants eux-mêmes. Que deviendraient ils pendant les
heures de- repos? Voilà ce que nous nous demandons. Seraient-ils
abandonnés a eux-mêmes? retourneraient-ils' chez eux, quelque-
fois a une distance d'une lieue? les mettrait-on en surveillance
pour les empêcher d'exécuter les idées que l'oisiveté pourrait leur
suggérer? Cela nous parait impossible à réaliser en pratique sans
de nouveaux inconvénients. •
Nous croyons que les relais seraient en généra) peu convenables
pour les propriétaires ou industriels; les ouvriers eux-mêmes
paraissent ne pas les désirer. Le chef de famille ne fait travailler
ses enfants que pour en tirer bénéfice. Si l'on diminue la durée de
leur labeur, le taux de la journée s'amoindrira. D'un autre côté,
les allées et venues des brigades d'enfants apporteront la pertur-
bation dans les travaux. A, leur remonte, à leur descente, l'enlè-
vement de la marchandise extraite sera suspendu ; puis, la perte
de temps que le parcours d'un lieu à un autre peut occasionner,
n'est-elle pas aussi de nature à rendre nul le repos qui leur serait
accordé?
De tout ce qui précède, .il résulte que nous ne voyons aucun
DglizedOy GOOgle
128 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES SE COMMERCE,
avantage dans la réduction de la durée du travail pour les enfanta,
■ni pour l'amélioration physique ou morale des jeune* ouvriers,
ni pour le surcroît de travail que cette mesure pourrait procurer
aux ouvriers plus âgés.
B. — Question» hygiéniques et économiques.
20" qcestioh. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
répohse. — Les travaux si pénibles auxquels se livrent les ou-
vriers des mines, occasionnent un développement très-inégal des
différentes parties du corps. Les organes très-exercés acquièrent un
énorme développement, les autres restent faibles et chétifs. La
poitrine, les épaules, se fortifient aux dépens des jambes ; des
déformations se manifestent dans la colonne vertébrale; la taille,
enfin, reste au-dessous de ce qu'elle est hors des mines. Toutefois,
ce dernier inconvénient ne se manifeste guère que dans les mines
dont les galeries très-basses obligent les ouvriers â se tenir con-
stamment courbés. Enfin, le travail à l'intérieur des mines altère
et détériore leur constitution physique. Souvent leurs membres
deviennent impotents. En général, à un âge où ils pourraient encore
travailler s'ils avaient exercé un autre métier, leur force muscu-
laire diminue, et ils sont incapables de continuer leur travail. Ce tra-
vail est, pour eux, la source de souffrances et de maladies souvent
mortelles, dont ils contractent les germes dès leur tendre jeunesse,
maladies qui s'aggravent lentement, prennent un caractère formi-
dable entre trente et quarante ans, et entraînent communément la
mort peu après l'âge de cinquante ans. Un autre effet de ce travail
funeste est un retard extraordinaire de la puberté. Le travail des
enfants dans les mines de bouille, à l'âge trop tendre où ils com-
mencent, ralentit l'accroissement de ces jeunes ouvriers, allonge
ainsi la période de l'enfance, raccourcit celle de la virilité, en
engendrant, dès les premières années de l'âge adulte, de graves
maladies qui affaiblissent et épuisent bientôt la constitution phy-
sique et accélèrent la perte de toutes leurs forces. C'est à ce point
que, pour beaucoup de ces ouvriers, la vieillesse arrive à quarante
ans, et que, comme nous venons de le dire, ils meurent beaucoup
plus tôt que les autres. Mais, comme l'exploitation des mines est un
fait nécessaire, ce qu'il faut condamner et empêcher, ainsi que nous
^y Google
' CHAMBRE DE COMMERCE DE CHÀRLEROÏ. 129
Tarons déjà 'dit, ce n'est point celte exploitation elle-même, nais
la manière dont elle se fait; le manque de précautions de la part
des propriétaires ; le mélange immoral des sexes; ce sont des travaux
qui excèdent les forces des enfants, arrêtent leur croissance, défor-
ment leur corps, ruinent leur santé, abrègent leur rie et éteignent
même leurs facultés intellectuel les.
Nous avons parié de la santé des ouvriers dans les mines ; il nous
reste à dire un mot sur l'état sanitaire des ouvriers employés dans
les autres industries.
$1* qobstioh. — Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmités, les difformités aux? .
quelles ils sont sujets?
aiMKsx. — Des accidents. très>graves ont assez souvent lieu
dans les mines de bouille ; 1rs plus fréquents sont des éboulements
ou cbutes de pierres ou de houille dans l'intérieur des galeries,
et les explosions des gaz inflammables qui y sont très-communes.
Ces explosions ébranlent, renversent, détruisent tout, asphyxient,
brûlent les ouvriers, les tancent au loin par. la forcé' du courant
qui se produit, et les écrasent sous des éboulements de terre ou de
rochers. Souvent encore les cordes employées a monter ou a des-
cendre les ouvriers ne sont pas assez fortes ou sont trop usées, et
d'effroyables accidents en sont quelquefois la conséquence. Un
ennemi redoutable de l'ouvrier mineur, et que nous ne devons pas
oublier de citer, est l'eau , contre laquelle il cherche à se pré-
munir; une irruption de cet élément amène là mort dans les
exploitations houillères. On a vu dix, vingt, quarante ouvriers
périr ainsi .à la fois, et en 1828, un semblable malheur, arrivé
dans les environs de Charleroy, fit soixante victimes,
Les maladies les phis fréquentes des jeunes ouvriers mineurs
sont les perturbations des fonctions du canal digestif, les affec-
tions des voies de la respiration ; puis les. rhumatismes. Un autre
genre d'affection chronique existe aussi chez l'ouvrier mineur :
pous voulons parler des scrofules.
Dans les autres industries, notamment dans les verreries, les
souffleurs, a cause de l'exercice forcé et permanent de l'organe
respiratoire, sont éminemment disposés aux inflammations de
poitrine, à la pneumonie, a la pleurésie, à la pieuro- pneumonie.
Les affections du coeur, sous l'influence de la même cause, ne sont
pas rares chez eux : de la, les dilatations anévrismales du coeur et
v xodvOoogle
ISO RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
de* gros vaisseaux. Le* organe* digestifs «ont aussi fréquem
malades, par suite de la chaleur intense a laquelle ils sont cipoiés
et de l'abondante transpiration qui enlève continuellement au sang
une quantité de son sérum.
Les ouvriers sont aussi très-disposés aux ophthalmies aiguës et 1
plusieurs autres affections de Ijceil , telles que l'amaurose et la
cataracte. Il va de soi que les brûlures doivent être assez communes
cbei eux.
Les forgerons sont exposés aux mêmes maladies que les ouvriers
verriers, moins les maladies de poitrine et du système circulatoire,
auxquelles les verriers sont plus exposés, par la raison que nous
avons mentionnée plus haut. Outre les autres affections qui leur
sont communes avec les verriers, ils sont, plus qu'eux, exposés aux
brûlures et aux accidents externes, résultant du maniement de
fardeaux plus ou moins lourds.
Indépendamment des affections ci-dessus indiquées, auxquelles
les ouvriers de l'une et de l'autre catégorie sont exposés, il n'est pas
rare de les voir atteints d'affections rhumatismales, suites de la
transition du chaud au froid, ou de la suppression de la transpira-
tion, qui provient de ce qu'ils s'exposent aux averses, étant en sueur.
22" QTjESTiow. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier? -
réïonse. — Les ouvriers, en général, se nourrissent de pain
de froment, de café au lait, et de pommes de terre. Le dimanche
ils mangent de la viande ou prennent du bouillon.
25* question. — Gomment est-il logé d'ordinaire et combien
paye-t-il par semaine pour son logement?
réponse. — Beaucoup d'ouvriers sont logés dans des maisons
qui leur appartiennent ; d'autres louent des maisons qui, le plus
souvent, sont la propriété des établissements dans lesquels ils sont
employés. La location varie de 4 à 6 francs par mois.
24* question. — Le salaire des ouvriers a-t-i! éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations ?
BÉPonsK. — Le salaire des ouvriers a varié beaucoup depuis
trente ans. Il était peu élevé de 1815 à 1821; il a augmenté en
suivant le prix des céréales après cette époque. De 1855 a 1838,
il avait doublé. Il est revenu aujourd'hui à peu prêt au même taux
qu'en 1850.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE CHARLEROÏ. 131
Il y « environ vingt ans, le Salaire des ouvriers mineurs était :
Pour les hommes faits. . . . . fr. 1 40 à 1 60
Pour les femmes et les enfants. . . . . » 80 à 1 10
En 1837-58-59, il était:
Pour les hommes faits 5 » à 4 •
Pour les femmes et enfants 1 80 à 2 50
Il est maintenant :
Pour les hommes faits , de. 1 80 4 2 25
Les ouvriers qui travaillent a. la tache Ou à la pièce peuvent
gagner de 3 fr. 25 a, 2 fr. 75.
Le salaire est plus élevé dans les établissements de métallurgie.
Dans les verreries, le salaire de la journée des ouvriers souffleurs
peut être évalué, terme moyen, a 6 fr. par jour, dimanches et
fêtes compris.
Depuis 1 836, le salaire des verriers a éprouvé peu de variations.
En été comme en hiver, il est au même taux.
25* oownoa. — Le salaire actuel sufljt-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable? Peut-il faire des économies?
aironsE. — • En 1840, l'ouvrier ne pouvait guère faire d'éco-
nomies. Son salaire suffisait à peine pour satisfaire a ses besoins
indispensables. Plusieurs avaient non tracté des dettes. Aujourd'hui,
s'ils parviennent à les couvrir, il faut l'attribuer à l'emploi qu'ils
ont trouvé ailleurs que dans nos établissements industriels, par
exemple, dans les entreprises de chemins de fer.
26* guKsnofT. — A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine, ses bénéfices et le coût de son entrelien et de celui
de sa famille?
aifOKSE. — L'ouvrier n'a pas l'habitude d'économiser. Quand
le salaire augmente, il se nourrit mieux. S'il fait des économies, elles
sont presque nulles.
27* qdestion. — Quelle est, en général, la condition morale des
ouvriers dans votre ressort ?
BirOKSi. — La grande majorité des ouvriers ne sait ni lire ni
écrire. Cependant depuis quelque temps des écoles s'organisent.
C'est vers ce but que le gouvernement devra faire converger
ses moyens d'action. C'est par les écoles qu'on pourra obtenir
l'amélioration de l'état moral des ouvriers. Les jeunes ouvriers
^y Google
152 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
mineurs sont, en général, de -petits* brute*, si nous pouvons nous
exprimer ainsi , et la plupart apprennent ce qui est nécessaire a
leur éducation religieuse plutôt par instinct, par imitation, que par
intelligence.
28' question. ■ — Sont-ils adonnés a l'ivrognerie ?
bétokse. — L'ouvrier mineur est sobre pendant le travail. On
peut lui reprocher, cependant, de faire régulièrement de -trop
grandes libations, les dimanches et les jours fériés,
29* question. — Y en a-t-il beaucoup qui vivent en concubinage ?
keponsb, — On observe des cas de concubinage dans les com-
munes populeuses. Nous devons cependant dire qu'ils Sont très-
rares, et sous le rapport du mariage civil, l'ouvrier mineur cherche
peu a éluder les prescriptions légales. Il n'en est pas toujours de
même sous le rapport religieux.
30* question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont -elles
ordinairement bonnes ? Jusqu'à quel point le rapprochement et la
confusion des seies dans les ateliers et les travaux peuvent-ils leur
être nuisibles ?
nironsB. — Tous les témoignages s'accordent sur la démoralisa-
tion qui résulte de l'emploi des femmes dans les travaux souter-
rains des mines. Les ouvrières tiennent volontiers des propos indé-
cents, et n'ont pas toujours la pudeur qui convient aux femmes.
Un grand nombre parmi elles sont mères ou enceintes avant de se
marier.
■ 31* Quignon. — Quelles sont les principales causes de l'incon-
duîlede l'ouvrier?
réponse. — La cause de l'inconduite de l'ouvrier provient de
l'abandon dans lequel souvent il est laissé, de son défaut d'instruc-
tion et des mauvais exemples qu'il a parfois sous les yeux.
33* questiok. — Exisle-t-il, tant sous le rapport physique que
sous le rapport moral , quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes?
S. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion ou isolé-
ment?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître ?
kbpokse, — tl existe une différence marquée entre les ouvriers
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE CBARLKROï. 135
des Villa et ceux des campagne». Le moral des premiers est , en
général , meilleur. Les ouvriers Terriers forment cependant une
exception. Ils reçoivent ordinairement le même degré d'instruc-
tion que certains ouvriers des ville».
35" onitBTio». — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes? Quelles seraient les réformes a. y apporter?
iffOKSK. — Nous n'en voyons aucun, quand les livrets sont bien
tenus.
54* QUBsnoH. — Y a-t-il lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands
établissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous
les jeunes ouvriers sans distinction , qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion , à l'extérieur ou à domicile ?
kbtobse. — Les mesures protectrices de l'enfance noua parais-
sent devoir être étendues à tons les établissements d'industrie.
55* QugsTioif. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son
bien-être physique et moral?
aipoRga. — Les caisses de prévoyance et les caisses d'épargne.
36" question. — Quels seraient, indépendamment de la réduction
de la durée du travail , les moyens propres i améliorer la condi-
tion des jeunes ouvriers ?
afiponsE. — L'établissement d'écoles primaires j la nomination
de bons instituteurs pour les desservir.
Cbarleroy, le S novembre 1843.
L» Secrétaire, ■ Le Président,
Hasabt. Jules Faison.
Diglizedey GOOgle
154 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBHES DE COMMERCE.
fil JVtsmwtMW it Çoiumueuc it Sa ywiiuu de Aomm
Iiwuj, li îl ikmkn «Uî,
Moasuna lk GouruaiuK,
Les branches d'industrie qui s'exploitent dans notre arrondîsse-
menl «ont nombreuse», et elle» diffèrent tellement entre elle», qu'il
eût été impossible de formuler une réponse qui pût convenablement
•'appliquer à la totalité de nos jeunes ouvriers.
Nous avons donc cru convenable de prier chacun des membres
de notre collège de nous transmettre une réponse particulière.
Nous en joignons ici la copie , ce qui nous permettra de réduire
notre résumé et nous évitera de retomber dan» de» redite» nom-
breuses.
En général, la condition des jeunes ouvriers dans les fabrique»
de notre ressort, ne laisse point tant à désirer qu'on parait habi-
tuellement le supposer. Leur nombre est assez restreint , et aucun
ne parait chez nous assujetti a Un travail au-dessus de ses forces
physique». Jamais de travail de nuit, ni de travail le dimanche. Le
concours des enfants, pendant toute la durée du travail, est indis-
pensable à presque tous les genres de fabrication ; il est, pour les
parents, une ressource de toute nécessité , non-seulement a cause
de la portion de salaire qu'il rapporte, mais aussi parce qu'il allège
le poids de la surveillance que l'on doit constamment exercer.
Impossible de songer a deux brigades de jeune» ouvriers; on
éprouve mille difficultés pour en composer une seule. Mais fussent'
ils nombreux , nous n'oserions conseiller encore de recourir a ce
moyen. Pendant la moitié du jour, les enfants, le plu» souvent
abandonné» à eux-mêmes, courraient mille foi* plu» de dangers
que dans l'intérieur de no» usines.
Sans nul doute , nous applaudissons aux vues philanthropiques
qui animent les homme» qui veulent améliorer la condition de
cette portion ai intéressante de notre population. Hais nous en-
trevoyons certaines difficultés que nous croyons insurmontables.
Ce que nous voudrions pourtant , c'est que les enfants ne fussent
reçus dans les fabriques qu'après leur première communion , et
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURÏUY. 15S
que jwque-14 tout fut mît eu oeuvre pour leur apprendre au inoins
à lire et à écrire. Une chose des plus frappantes dans les rensei-
gnements que nous avons recueillis, c'est que plus des neuf dixièmes
de no* ouvriers ne savent ni lire ni écrire. Un pareil étal de choses
ne peut se perpétuer en Belgique. Ce ne serait pat trop, ce nous
semble, que d'exiger que l'enfant, avant d'entrer dans une fabrique,
possédât au moins cette première partie de l'instruction. Puis, s'il
a le désir de continuer a s'instruire, il en trouverait le moyen dans
les écoles dominicales ou dans celles de midi et du soir.
Quant aux questions hygiéniques et économiques, voici en sub-
■tance notre manière de voir. Le* jeunes ouvriers sont, en gé-
néral , beaucoup mieux dans les vastes locaux de nos fabriques ,
qu'enfermés chez leurs parents dans les plus tristes cloaques.
Employés a des travaux qui, comme nous l'avons dit, ne sont point
au-dessus de leurs forces, ils ne sont pas plus exposés qu'ailleurs
aux maladies et aux infirmités. Une seule choie leur manque tou-
jours, c'est une alimentation plus substantielle; mais c'est aux
parents a la leur donner, et ils le pourraient le plus souvent, si un
esprit de conduite et de prévoyance présidait à leur ménage. Hais
malheureusement il n'en est point ainsi : les sept huitièmes de nos
ouvriers mangent, le dimanche et le lundi, toutes les économies de
la semaine , et leur position ne s'améliore pas ; et, chose remar-
quable encore , c'est que ceux de nos ouvriers qui perçoivent les
salaires les plus élevés sont presque toujours les plus gènes.
Prise en masse, la journée .de l'ouvrier est augmentée, et il
pourrait, s'il était sage, trouver, sinon à faire des économies, au
moins à se procurer une existence convenable. Malheureusement,
et c'est peut-être aussi un mal sans remède, les objets qui servent à
l'alimentation de l'ouvrier lui coûtent cher, parce que, par impré-
voyance ou par nécessité, il n'achète qu'en petite quantité et tou-
jours chez des revendeurs qui veulent faire de gros bénéfices. Cette
réflexion ne peut manquer de se présenter à l'esprit, lorsque l'on
sait que dans tous nos établissements publics on parvient a donner
aux pauvres, moyennant 29 ou 50 centimes par jour, une nourri-
ture qui comprend la viande, le pain à discrétion, et parfois de la
bière. Bans notre ville, M. le Gouverneur, les institutions utiles
4 la otasse Ouvrière ne manquent pas : outre les écoles gratuites
de tout genre , et les nombreux refuges ouverts aux malheureux
par la commission des hospices civils , Le bureau de bienfaisance
distribue, chaque année , en secours mensuels, une somme qui a
^y Google
138 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
varié de 40 A 60,000 francs. Et pourtant, c'est chose pénible a
dire: quoi que l'on fasse, il est presque toujours impossible d'in-
culquer cet esprit de prévoyance qui sauverait l'ouvrier, s'il prêtait
l'oreille aux conseils qui lui sont donnés* Ce secours est presque
toujours dissipé A l'instant même ,- et la misère reste.
'Les ouvriers des campagnes gagnent moins que ceux.de nos
fabriques, et pourtant ils. sont plus i l'aise, parce qu'ils sont plus
économes et plus sobres. Les mœurs des jeunes ouvrières sont
souvent aussi meilleures au village, parce qu'elles travaillent en
famille; aussi eauil A désirer que les ouvriers de fabriqué des
deux, sexes soient séparés; mais c'est encore une de ces impossi-
bilités, devant lesquelles il faudra nécessairement reculer, dans l'in-
térêt de l'industrie* -
En général, ce n'est pas l'augmentation des salaires qui pourrait
améliorer la condition des ouvriers, car l'expérience nous prouve
que ceux qui gagnent assez pendant deux ou trois jours pour fournir
à l'entretien de leur famille durant la semaine entière, restent oisifs
les autres jours, et se livrent le plus souvent A la débauche. Le
moyen le plus efficace, selon nous, de remédier A cet état de choses,
c'est de propager l'instruction morale el religieuse dans la classe
ouvrière. Que l'on s'efforce de donner A l'ouvrier le sentiment de
sa dignité d'homme; qu'on lui fasse comprendre qu'avec de l'ordre
et de la conduite il peut rendre sa position heureuse; qu'on institue
des récompenses pour ceux qui se comportent bien; que l'on soit
sévère pour ceux qui commettent des délits, et un jour, peut-être t
on verra s'opérer une réforme, sinon générale, du moins dans une
grande partie des ouvriers..
Parmi les institutions susceptibles d'augmenter le bien-être phy-
sique et moral de l'ouvrier, nous avons, en première ligne, dans
notre ville, une caisse d'épargne, où tous les avantages lui sont
assurés. Un secours proportionné A sa mise lui est garanti en cas
de maladie ou d'empêchement ,. et cela indépendamment de l'in*
térêt annuel qui n'est point inférieur A 4*/D. Ce secours hebdoma*
daire, proportionnellement assez élevé, devrait paraître très-avanta-
geux A l'ouvrier; malheureusement il n'en est point ainsi: ce secours;
il le trouve A peu près égal dans une foule de diverses sociétés créées
en ville par les ouvriers entre eux. LA , aur moyen d'une retenue
volontaire de quelques centimes, on se vient naturellement en aide,
s'il y a maladie , et le fonds de caisse est employé chaque année A
célébrer quelque fêle patronale, qui ne dure pas moins de trois»
ïsfeedtv Google
. ■ . CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNAY, 137
ou quatre jours, et pendant laquelle i| est fait de nombreuse! liba-
' lions. Quels que soient les efforts qui aient été faits en notre -ville
pour déterminer l'ouvrier à participer aux caisses d'épargne, le
plus grand nombre des déposants se compose encore de domesti-
ques et de petits rentiers. ■
Après les caisses d'épargne , -viennent' les secours du bureau de
bienfaisance et les distributions par les maîtres des pauvres. Mais
là encore tout le bien que l'on pourrait espérer n'est point atteint.
L'esprit d'imprévoyance l'emporte, et souvent l'ouvrier a dissipé
d'avance la petite somme mensuelle qui lui est donnée, et qu'il finit
par considérer comme un droit acquis. Aussi , les distributions .en
argent diminuent-elles chaque année, pour être remplacées par des
dons eh vêtements ou en objets de couchage. Mais il reste encore plus
d'un genre d'abus, et ce Serait une belle lâche, pour un adminis-
trateur, d'examiner la question de savoir si la somme considérable
qui est distribuée en secoure aux ouvriers , ne recevrait pas une
meilleure destination si on l'employait à ériger un établissement
quelconque destiné à l'amélioration ou au soulagement de' la classe
ouvrière. .
Veuilles agréer, M. te Gouverneur, l'assurance dé nos senti-
ments distingués.
Le Secrétaire , Pour le Président absent ,
ïft ÀLLAKD. E. DaJ.111».
Annexes à la lettre de la Chambre de commerce de Tourna}'.
À. — Questions spéciale» au travail de» enfants.
fonasTioii. .— Quelles sont, dans votre ressort , les industries
où l'on emploie de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et
dans quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
2* osbstioh. — A quel âge admet-on , en général , les enfants
dans ces établissements ?
5* QcssTiofl, — Quelle est la nature des travaux imposés aux
DglizedOy GQOgle
138 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
enfants ? Quels sont ceux de ce» travaux que tous regardez
comme nuisibles à leur santé?
4" question. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants ? Signales les cas où cette durée vous
parait excessive.
5* question. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
6* question. — Les enfants et les ouvriers sont-ils parfois occupés
la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se com-
bine-l-il avec le travail de jour ?
7* question . — Y a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail roet-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux?
8* question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers , en spécifiant, autant que possible , les industries ,
les sexes et les âges ?
9* question. — Quel est, dans les diverses brandies, l'avantage
que l'on trouve à employer des femmes et des enfants, de préfé-
rence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment de
l'augmentation des salaires , les avantages que retirent les familles
d'ouvriers de l'emploi des enfants?
10* QCBSTHw. — L'intérêt de certaines industries exige- t-îl
impérieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
1 1 * question. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent à leur position ? Quelle est
aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut?
12° question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'âge,
la limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux?
13* question. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants? Comment gra-
dueriez-vous cette durée selon les âges?
14* question. — Jusqu'à quel Age le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers ?
15* question. — Me conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNAÏ. 159
un certain âge l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
16* qubstioit. — A quel âge pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques , etc. , sans qu'aucune restriction
fut apportée a la durée de son travail ?
17' QCESTiofl. — Pour satisfaire a tous les intérêts, ne pourrait-
on pas former, comme en Angleterre , des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement, en se relayant a de certains inter-
valles?
18* QutanoH. — En cas d'affirmative , quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant, par
exemple, deux brigades d'enfants qui travailleraient l'une le matin,
l'autre l'après-midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail
avec ceux de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers?
19* quxbtior. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés:
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers
et l'augmentation de leur aptitude?
h. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers plus
B. — Questions hygiéniques et économiques,
20* question. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
SI* question. — Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmités, les difformités auxquelles
ils sont sujets?
22* question. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier?
23* question. ■ — Comment est-il logé d'ordinaire, et combien
paye-t-il par semaine pour son logement?
24* QtrxsTioii. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations ?
25' question. — Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable ? Peut-il faire des économies ?
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140 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
26*QtrssTio*. — À combien estimez- vous, en moyenne, par jour
ou par semaine , ses bénéfices et le coût de son entretien et de
celui de sa famille ?
27* qdestiox. — Quelle est en général la condition morale des
ouvriers dans voire ressort ?
28* QDBSTioir. — Sont-ils adonnés & l'ivrognerie.
29' ouebthm.— - Y en a-t-il beaucoup qui ment en concubinage 7
30* qukstios. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
nairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la con-
fusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils leur
être nuisibles?
31* question. — Quelles sont les principales causes de Tiucon-
duite de l'ouvrier?
32* oossTion. — Exîste-t-il, tant sous le rapport physique que
sous le rapport moral, quelque différence bien tranchée ;
A. Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes ?
S. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion Ou isolément?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître?
53" QussTioif. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes ? Quelles seraient les réformes à y apporter?
. 54* qubstiok. — T a-t-ïl lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands
établissements .industriels, ou conviendrai lil de les étendre à tous
les jeunes ouvriers sans distinction , qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion, à l'extérieur ou à domicile?
55* qcbstiôh. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son
bien-être physique et moral?
56* ooBSTion. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail, les moyens propres à améliorer la con-
dition des jeunes ouvriers?
-codvCoogle
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNÀY.
i. ~'E<p««» faita pir'MM. Daluin el Vandeuborghï ils, «np cmccim
U nsrialin de bwsterie à Team*.
lnREM8tt. — On emploie les enfants Agés de moins de seize ans,
dans la proportion de tin sur dix environ pour le sexe masculin ,
et de un sur quinze environ pour le sexe féminin.
2*. — En général, les ouvriers bonnetiers travaillent à domicile.
Ceslvers l'Age de douze ans qu'ils commencent leur apprentissage.
3*. — Les garçons font leur apprentissage sur les métieri à
bas, etc. Les filles apprennent à coudre et à bobiner.
Ce genre de travail ne peut nuire aux garçons, que lorsqu'ils ,
ont un mauvais maître, maïs nullement aux filles.
4*. — . Environ douze heures : celte durée n'est pas excessive.
5'. — Une demi-heure au déjeuner, une heure et demie au dîner
et une demi-heure au goûter. Ces intervalles de repos suffisent.
6". — Non, la journée finit ordinairement de huit à neuf heures
du soir.
7*. —Comme il est dit à la seconde question, les ouvriers tra-
vaillent chez eux' et non dans des établissements; il est très-rare
d'en trouver qui travaillent le dimanche.
8°. — Pendant leur apprentissage, qui dure ordinairement trois à
quatre années , les garçons peuvent gagner environ 5 francs par
semaine ; les filles 1 franc 50 centimes.
9\ — Il est très-avantageux, dans cette industrie, d'employer les
femmes et les enfants ; comme c'est toujours le obef de famille et
ses fils, lorsqu'il en a d'assez Agés, qui travaillent sur les métiers ,
la femme et les enfants préparent la matière première et achèvent
aussi les articles fabriqués, en les cousant, etc.
Dans les familles où le travail est bien organisé, on trouve plus
d'aisance et plus de moralité, les enfants étant constamment sous
la surveillance de leurs parents.
10'. — Non.
il". — Rien n'empêche les enfants d'acquérir l'instruction et
l'éducation qui conviennent à leur position ; et s'il en est qui n'en
profitent pas, c'est parce que les parents négligent de les forcer à
fréquenter les écoles.
,dby Google
Ul RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
12*. — Comme rien n'est force dan» cette industrie, il n'y arien
à changer.
13*. — La durée du travail n'étant pas excessive, il n'y a rien a
changer.
14*. — lies jeunes ouvriers ne travaillent jamais la nuit.
15". — {Voir la septième réponse.)
16*. — (Sans réponse.)
17*. — Dans cette industrie les ouvriers ne dépendent nullement
l'un de l'autre.
18*. — (Sans réponse.)
19*. — (Sans réponse).
30*. — Assez bonne dans les deux Âges , mais évidemment elle
pourrait être meilleure, si les ouvriers travaillaient régulièrement
les six jours de fa semaine. Malheureusement un grand nombre
non-seulement ne travaillent pas le lundi , niais dépensent encore
pendant quelques jours de débauche , une bonne partie du gain
de la semaine précédente, qui est toute la ressource de leur
famille. Aussi il arrive souvent qu'ils manquent de tout à la fin de
la semaine , et c'est alors qu'ils doivent forcer le travail pour cou-
vrir leurs dépenses du commencement de la semaine. Les 'excès de
boisson d'une part, et l'excès du travail d'autre part, surtout lorsque
la nourriture leur manque , sont deux causes qui doivent nuire à
leur santé. Outre cela, les objets fabriqués s'en ressentent toujours,
ce qui nuit au fabricant.
21*. — Les ouvriers, dans cette industrie, sont beaucoup moins
exposés aux maladies et aux infirmités que dans aucune autre.
22*. — Bu pain, des légumes, rarement de la viande.
25*. — Le logement peut coûter de 1 fr. à 1 fr. 50 c. au plus
par semaine, suivant la quantité de places qu'ils occupent. La salu-
brité laisse beaucoup à désirer chez plusieurs ; cet état est d'autant
plus préjudiciable, qu'ils sont constamment dans leurs habitations,
dont plusieurs sont peu aérées, et que leurs métiers se trouvent le
plus souvent dans la même pièce où couche la famille et où l'on
fait le ménage, enfin où tout se fait, pour ceux qui n'ont qu'une
seule pièce.
24*. — Le salaire des ouvriers n'a pas changé.
25*. —Oui, s'il travaillait régulièrement les six jours de la
semaine ; il en est très-peu qui puissent faire des économies.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNAT. 143
26*. — Un chef de famille , avec des enfants eu bas âge , peut
gagner environ 10 fr. par semaine. Lorsqu'il a des enfants en état
de travailler, le produit s'accroît en raison du nombre d'enfants, de
leur capacité et surtout de leur courage ; s'il en est en dessous de
ce chiffre, c'est parmi les plus Agés, mais il en est aussi qui peuvent
gagner de 1 2 a 15 fr. Cela dépend, il est vrai, du genre de travail
qu'ils ont à faire. Le coût des dépenses du ménage est aussi en
raison du personnel ; ii absorbe amplement tout le produit du
travail de la famille.
27". — Passables.
28". — En général assez.
29". — Il en est très-peu.
30*. — Les jeunes ouvriers, dans cette industrie, travaillent en
grande partie sous la surveillance de leurs parents ; leurs mœurs
sont généralement bonnes.
51*. — Le penchant a la boisson chez les hommes. Très-peu
chez les femmes.
32*. — La différence est très-grande entre les ouvriers des villes
et ceux des campagnes ; ceux-ci sont généralement plus sobres et
d'une constitution plus robuste; on trouve aussi généralement plus
de moralité chez ces derniers.
(Pour la seconde partie de cette question, voir la neuvième
réponse.)
3S*. — Il existe un abus fort grave dans l'apprentissage des
ouvriers bonnetiers : ils s'engagent , en général , chez des maîtres
ouvriers , dont plusieurs n'ont eux-mêmes que des connaissances
très-bornées. Pour défrayer le maître du temps qu'il perd, l'élève
doit travailler gratuitement, ou à demi-façon, pendant deux ans
environ ; il s'ensuit que le maitre s'attacbe à faire produire beau-
coup à son élève, sans s'inquiéter s'il produit bien ; il en résulte
qu'après le temps convenu pour l'apprentissage, il y a un mau-
vais ouvrier de plus.
II serait bien difficile de réformer cet abus : les fabricants font
ce qu'ils peuvent pour le combattre; mais, il faut l'avouer, les
résultats obtenus jusqu'ici ne sont pas encourageants.
54". — Dans cette industrie il n'y a aucune restriction a apporter.
35*. — Les institutions favorables aux ouvriers sont très-nom-
breuses; en les fréquentant, les enfants augmenteraient évidemment
leur bien-être physique et moral.
xuvCoo^le
144 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
- 36*. — Le travail n'étant pas forcé , il n'y a aucun changement
à apporter.
t. — Reps» Ûulw pu H. Over'man, m ce qui cckcth Ii Cibrictlioi
fa tapis à Tiiruj, •
1™ réponse. — La fabrication des tapis et la filature des laines ;
la proportion est d'environ un tiers. .
2*. — Dès l'Age de neuf A dix ans,
3*. — Selon leur force et leur intelligence. Ces enfants ne sont
astreints qu'à un travail manuel et non fatigant, qui ne peut aucu-
nement leur être être nuisible , et qui doit au contraire contribuer
A l'amélioration de leur sort ; car , s'ils n'étaient pas occupés , ils
passeraient leur temps A vagabonder ; et d'ailleurs le peu qu'ils
gagnent, sert A adoucir l'existence de leurs parents.
4*. — Doute heures par jour , et certes cela ne peut nuire aux
enfants,
5e. — Deux heures et demie en tout, dont une demi-heure le
matin au déjeuner, une heure et demie au dîner, et finalement
une demi-heure au goûter. Cela est suffisant,
.6*. — Non jamais.
7*. — On ne travaille jamais le dimanche ; les exceptions sont
tellement rares, qu'il est inutile d'en faire mention.
8". ;— De 50 A 80 centimes par jour, et suivant leur Age et le
genre de travail.
9*. — Pour la filature de laine , l'avantage consiste en ce que
les femmes et surtout les enfants, une fois qu'ils sont au courant
du travail qu'on exige d'eux, et qui ne varie jamais, acquièrent une
agilité et une facilité que les hommes ne peuvent avoir; et ensuite,
ils se contentent d'un salaire bien moindre. Le pliis grand avantage
que les familles retirent de l'emploi de leurs enfants, consiste, indé-
pendamment de l'augmentation des salaires, en ce que les parents,
qui d'ordinaire sont des ouvriers aussi, en quittant leur domicile, sont
certains que leurs enfants sont occupés, et ne peuvent, par consé-
quent, nuire A eux-mêmes ni aux autres, en restant dans l'oisiveté.
10*. — Pour la fabrication des lapis, il est indispensable que
les parents soient employés pendant le même nombre d'heures que
DiglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNAY. 145
les adulte*, oar l'ouvrier ne peut rien faire tans l'enfant, dont toute
la besogne consiste à faire paraître, par un procédé mécanique,
le fil de laine sur le canevas qui doit produire le dessin. L'enfant
est, en un mot, la cheville ouvrière du tisserand de tapie, et sans
lui, l'ouvrier ne peut travailler.
11". — Cela pourrait avoir lieu, mais il est indispensable de
combiner les heures d'instruction, de façon à ne pas entraver les
travaux, sinon cela jetterait une grande perturbation dans ce genre
d'industrie, où l'emploi des enfants est de toute nécessité,
12°. — Sans réponse.
15". — Idem,
14". — Idem.
15V — Idem.
16°, — Ceci est assez superflu , car il ne se trouvera jamais un
maître de fabrique qui veuille exiger des enfants un travail au-
dessus de leurs forces, quel que soit leur âge, et c'est un bienfait
pour les enfants que d'être occupés le plus tôt possible ; cela leur
donne un esprit d'ordre et de docilité*.
17*. — Cette mesure serait impraticable, pour notre ville sur-
tout, ou le nombre des enfants est déjà si restreint, qu'on a bien de
la peine a s'en procurer suffisamment.
18°, — Sans réponse.
J9". — Idem.
3. — défoues fuies par H. Victor Chekcquefosse, es a
les tanneries et les Mmjeriw.
1" et 3" KÉpopsis. — La sixième partie des ouvriers est composée
d'enfants de l'âge de quinze a seize ans.
3°. — Ces enfants nettoient les éçorces et noircissent les cuirs.
4*. — De six heures du matin à huit heures du soir. Rien au
delà de leurs forces.
5*. — Un repos de deux heures ; ce qui est suffisant.
fi*, — La nuit jamais,
7". — Jamais i|s ne travaillent le dimanche,
iO,
^y Google
146 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
8*. — Lear salaire est de 75 centime». On n'emploie que des
ouvriers du sexe masculin.
9"; — Sang réponse.
10". — Idem.
1 1*. ■ — Les enfants pourraient quitter quelques heures. Nos
jeunes ouvriers ne savent pas lire.
12". — Douze à treize ans;
15°. — Dix heures, de dix à douze ans. Douze heures, au-dessus
de douze ans.
14*. — (Foir la sixième réponse.)
15*. — Il n'y a, dans notre ville, aucun établissement insalubre,
du moins, à ma connaissance.
16': — Quinze ans.
17*, 18* et 19". — On trouve très-difficile ment des enfants.
20*. — L'état de santé des ouvriers n'est guère bon. Beaucoup
sont scrofuleux.
21*. — Ils ne sont point exposés aux accidents dans notre fa-
brique.
22e. — Ils ont de la viande provenant des peaux de la tannerie.
33°. — Très-mal logé. Une chambre le plus, souvent pour une
famille. 4 & 5 francs par mois.
24*. — Aucune variation dans le prix de la journée.
25*. — Il peut vivre convenablement.
26*. — 9 à 10 francs la semaine. 15 francs par famille.
27*. — Nos ouvriers sont peu nombreux et tous du même sexe.
Leur moralité est assez bonne.
28*. — Non, pour nos ateliers.
29*. — Aucun de nos ouvriers.
30*. — Les femmes ne sont pas employées dans nos ateliers.
31*. — L'absence presque complète d'éducation première est la
seule cause de l'inconduite des ouvriers de la plupart des fabriques.
32*. — Les ouvriers campagnards sont plus forts en général.
Leur moralité vaut mieux. Il en est de même de ceux qui travaillent
isolément.
33*. — Sans réponse.
34*. — Aux seuls enfants employés dans les grandes manufac-
ture*.
xuvCoo^le
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNAT. 447
55». — A. Les écoles gratuite», tant celles de* frères de» écoles
chrétiennes, que celle» ouvertes aux frais.de la commune.
B. Les écoles dominicales .où les jeunes ouvriers sont instruits
et récompensés. .
C. Les caisses d'épargne sont très-peu utiles, à la classe ouvrière.
■36*. — Exiger un certificat de moralité et d'instruction, délivré ■
par les instituteur» primaires, avant de les admettre dans les ateliers.
4 — BésHie* fait» pu M. Adolphe TommiÊR, « m qui mq m
I» filfrieel isrisuene.
1™ Rirons*. — II est a ma connaissance que des jeunes ouvriers
au-dessous de seize ans sont employés pour la fabrication du fil
à coudre et celle des cordons; pour la première industrie, ils sont
employés dans la proportion du quart ; dans la fabrication des
cordons, chaque ouvrier qui tisse a besoin d'un' enfant de l'âge de
huit à douze ans; un plus grand nombre,, âgés de douze à seize
ans, sont occupés pour le pliage, paquetage, etc., des cordons.
2*. — Us sont admis à l'âge de sept ans.
3". — Le» travaux confiés aux enfants sont ceux de préparation
de la matière première à placer sur les .métiers; ils sont aussi
chargés des dernières manipulations que l'on fait subir aux mar-
chandises avant de les livrer à la consommation. Aucun de ces.
travaux n'est nuisible.
4°. — La durée ordinaire. dû travail est de treize heures; dans
aucun cas elle n'est excessive. '
5'. — Il y a repos de midi à une heure; ce qui est suffisant.
6*. — Daos les deux industrie» dont il est parlé plus haut, jamais
les ouvriers ne sont employés la nuit.
7". - -■ Je crois qu'en général l'on ne travaille pa» d'habitude
le dimanche dans les établissements de l'arrondissement de Tour-
nay. J'en' connais quelques-un» où l'on travaille , mais je pense
que c'est par exception. Cependant la plupart des fabricants font
venir les ouvriers le dimanche matin pour nettoyer les métiers, et, -
parmi ces ouvriers , il en est' qui sont tenus d'une manière assez
continue pour ne pas avoir le temps de remplir leurs devoirs
religieux.
-,! ,d vCoogle
14B RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
8*. — Dans la fabrication du fil & coudre, les enfant» du sexe
masculin, de l'âge de huit à douze ans, reçoivent un salaire moyen
de 30 centimes ; de douze à seize ans, 45 centimes ; et de seize à
vingt ans , 75 centimes.
Dans la fabrication des cordons, les enfants du sexe masculin
reçoivent le salaire de 20 centimes par jour ; ceux de douze à seize
ans, 40 centimes; et ceux de seize à vingt ans, 1 franc.
9*. — Le premier avantage que retirent les fabricants de l'em-
ploi des femmes et des enfants, c'est te salaire minime au moyen
duquel on les obtient. En second lieu, ils ont plus d'aptitude et plus
d'adresse pour des manipulations d'une certaine délicatesse. Mais
après l'augmentation de ressources, que leur emploi procure aux
familles, je ne connais plus d'autre avantage, sinon que les parents
sont débarrassés de leurs enfants pendant toute la journée.
10°. — Oui, certains genres de fabrication exigent la présence
continue des enfants auprès des ouvriers dont ils préparent les
matières. Mais dans la fabrication du fil et des rubans, les jeunes
ouvriers peuvent mettre par avance en réserve des matières pré-
parées.
11*. — Tout homme de bien doit sacrifier les exigences du tra-
vail actuel au bienfait de l'instruction et de l'éducation qu'une loi
voudrait procurer aux jeunes ouvriers ; mais je doute qu'il existe
des exigences bien sérieuses.
Les jeunes ouvriers ne reçoivent, pour la plupart, aucune édu-
cation solide, si ce n'est celle que leur procurent les ministres de
la religion a leur première communion; et si ce devoir, pour
lequel plusieurs se font même rechercher, n'était pas rempli,
les jeunes ouvriers n'auraient reçu aucune instruction , aucune
éducation religieuse. Nous n'avons pas deux ouvriers sur cent qui
continuent à fréquenter les écoles après la première communion.
12°. — Les enfants ne devraient pas être admis aux travaux
avant la première communion.
13*. — De onze à treize ans, les enfants devraient travailler
seulement pendant la moitié de la journée, et fréquenter les écoles
pendant l'autre moitié ; de treize à seize ans , les jeunes ouvriers
devraient encore fréquenter les écoles pendant deux heures de ta
journée.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNAY W
14e. — Jusqu'à l'âge de vingt ans.
15*. — Les enfants devraient toujours être éloignés des établis-
sements où leur bien-être physique peut être altéré ; l'académie de
médecine doit être à même de spécifier tous les établissements
présentant des dangers pour la santé.
16*. — A vingt et un ans.
17". — On ne pourrait mieux faire que d'adopter ce mode.
18". — Il ne pourrait être adopté de meilleur système que la
division de la journée, en formant des brigades selon l'exemple
cité dans la question.
19'. ~- Les avantages de la mesure précitée qui sont signalés aux
paragraphes A et I), ne me paraissent pas douteux.
20°. — Les ouvriers sont en général malingres et d'une com-
plexion qui annonce peu de force physique ; les enfants sont dis-
posés au rachitisme; beaucoup sont scrofuleux. Cet état maladif ne
se remarque en particulier que dans la classe ouvrière de la ville
de Tournay.
21*. — La commission médicale de l'arrondissement de Tournay
peut satisfaire à cette question.
22*. — Le pain, les pommes de terre, quelquefois la soupe, et
très-rarement la viande.
23*. — Il est ordinairement très-mal logé ; une chambre pour
toute une famille , très-souvent un seul lit pour père , mère, filles
et garçons. Sous tous les rapports , l'habitation du pauvre laisse
beaucoup à désirer. Le prix moyen du logement est de 1 franc
par semaine.
24*. — Certains ouvriers manipulateurs , en teinturerie par
exemple , ont reçu une augmentation de salaire de 20 à 30 p. "/•
depuis environ huit ans. Les autres ouvriers ont du se soumettre aune
diminution dans le prix des façons; mais comme la plupart sont à la
pièce , ils ont un peu forcé le travail ; ils sont devenus plus habiles,
et par conséquent ils rapportent À peu près autant au ménage.
25*. — Non, jamais d'économies; te salaire n'est pas même
suffisant pour se procurer amplement du chauffage en hiver.
*by Google
150 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
26'. — J'ai pris les rapporta de salaire et les dépenses de cinq
ménages composés comme suit :
Sans enfuit
lu id.
Le salaire a rapporté au
Les dépenses^ en
Deux id.
ménage, en moyenne,
moyenne, ont été de
Trois îd.
9 fr. 73 c.
9fr. 18 c.
Cinq id.
Dans le chapitre des dépenses il n'a rien été mis en compte pour
les cas imprévus,. les maladies; plusieurs ouvriers ne pouvaient rien
dépenser pour l'habillement j deux seulement mangeaient de la
viande le dimanche >
27°. 4- La condition morale de l'ouvrier est celte du statu quo
de l'ignorance; il fait, en industrie, ce qu'on lui a commandé de
faire ou ce qu'il a vu faire, mais il ne produit rien de mieux. Cet
engourdissement apathique ne détermine cbea lui aucun sen-
timent élevé, même en religion ; il n'a aucun désir de s'instruire, et
cela est si vrai que l'on ne trouve pas six ouvriers sur cent qui
sachent lire et écrire. 11 est remarquable que ceux qui se distin-
guent dans I accomplissement de leurs devoirs religieux, sont Ceux
qui ont le plus d'ordre, de propreté et d'aptitude au travail. Ils.
sont aussi les plus faciles à conduire.
28e. . — Ils sont peu adonnés à ce vice ; il y à même une dimi-
nution notable dans les dispositions à là boisson , depuis environ
huit années.
90*. — Très-peu.
30°. — Les mœurs des jeunes ouvrières ne passent pas pour
bonnes ; le rapprochement et la confusion des sexes sont des dan-
gers inévitables.
31°. - — Le manque d'éducation religieuse.
32*. — La différence est bien tranchée , tant soUs le rapport
physique que sous le rapport moral, entre l'ouvrier des campagnes
et celui des villes; l'avantage est pour le premier. Il n'existe pas
de différence, sous le rapport physique, entre l'ouvrier qui travaille
en grande réunion et celui qui travaille isolément; maïs, sous le
rapport moral, j'ai remarqué que celui qui travaille en fabrique ai
une cobduile plus régulière et plus d'exactitude au travail. Ces ob-
servations, pour le physique, doivent être appliquées aussi à l'enfant.
Mais, sous le rapport moral, il n'est pas à désirer qu'il fréquente les
DgtoO GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNAT. 151
fabriques; par son contact continuel avec les adolescents, il
apprend sourent, dans leur conversation, ce qu'il devrait ignorer.
33*. — Il n'existe presque plus d'engagements et d'apprentissage
entre les maîtres et les ouvriers. La plupart des ouvriers ne sont
plus porteurs de livrets. Des fabricants les reçoivent dans leurs
ateliers non-seulement sans livrets , mais même sans certificats de
fidélité. Il est très-important de remettre en vigueur la loi sur les
livrets et d'établir des conseils de prud'hommes.
34" . — Tous les genres de mesures, et surtout celles qui concer-
nent l'éducation, doivent être prises pour la généralité.
35e. — Les institutions favorables au bien-être physique de la
classe ouvrière , sont en grand nombre dans la ville de Tournav.
L'administration des hospices a ouvert avec générosité des maisons
de refuge a tous les genres de malheurs ; les sourds-muets seule-
ment n'ont pas encore une maison spéciale pour leur éducation :
les enfants, jusqu'à un certain Age, ne sont pas reçus & l'hôpital ; ce
qui est à regretter.
Une maison de santé pour le traitement particulier des scrofu-
leux est ouverte depuis quelque temps ; c'est un très-grand bienfait
pour notre population ouvrière.
Pour l'amélioration morale de l'ouvrier , il existe des écoles
dominicales pour les filles et les garçons qui vont y recevoir de
l'instruction, des conseils et des secours; pour les hommes faits,
on a fondé des congrégations où l'honnête ouvrier, après avoir rem-
pli les devoirs religieux des jours de fête, va se recréer sous la sur-
veillance d'hommes influents par leur caractère ou par leur position.
Les comités de charité sont des institutions qui peuvent répandre
le plus grand bien dans la classe ouvrière. Le maître des pauvres,
en distribuant les secours matériels , s'occupe de tous les besoins
de la famille, et est à même de procurer les plus grands bien-
faits à la société ; ces institutions ne sauraient être entourées de
trop d'égards et d'encouragements.
Les écoles gardiennes établies depuis quelques années sont
une amélioration très-notable pour le bien-être de la classe ou-
vrière; il est a désirer qu'elles se multiplient.
86*. — L'instruction et l'éducation religieuse, des mesures d'or-
dre et d'encouragement.
^y Google
153 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
5. — RépoiMs failea par M. Hehri Debct, bkicat, 1 ils, a a asi ronrame
ks diverses imlnstnns de mi ailss.
1" silOHSB. — Le» jeune* ouvriers en dessous de seize ans sont
généralement employés dans tous les établissements , pour la
grande comme pour la petite industrie. Dans les fabriques d'in-
diennes , leur nombre est d'environ le quart de la totalité des
ouvriers employés; Chez les exploitants de carrières, il est d'en-
viron un dixième.
2'. — Il n'y a point d'âge fixé pour l'admission des enfants;
tout dépend du développement plus ou moins actif de leurs forces
physiques, et de leurs facultés intellectuelles.
Dans les fabriques d'indiennes, il est peu d'enfants ayant atteint
leur neuvième année , qui ne puissent faire très-convenablement
leur travail comme tireurs, c'est-à-dire comme aides des imprimeurs.
Ils font ce travail aussi bien que les enfants de quinze à seize ans,
et gagnent autant queux; ils n'ont besoin que d'une attention
soutenue.
Mais chez les exploitants de carrières , soit qu'on les emploie
pour l'extraction ou pour la taille des pierres , on ne peut guère
les admettre qu'après l'âge de douze ans.
5'. — Dans les fabriques d'Indiennes , leur travail consiste à
étendre, au moyen de petites brosses , sur des tamis en drap , les
couleurs dont on se sert pour imprimer; ils font ce travail dans
une position aisée , se tenant debout , et n'en éprouvent aucune
Fatigue.
Quant à ceux employés aux carrières et à la taille des pierres ,
ils éprouvent réellement de la fatigue, et pour ce motif on ne peut
les admettre qu'après douze ans.
Cependant nous pensons que ni l'une ni l'autre de ces industries
ne peut nuire à la santé des enfants.
4°. — De huit heures en hiver, et de douze heures en été.
Si la journée est un peu longue en été, elle est aussi bien courte
en hiver : il y a compensation. Du reste, une expérience de plus de
trente années nous a appris que les enfants peuvent très-bien sup-
porter ce nombre d'heures de travail. Nous avons vu croître et se
^y Google
DE TOURNAY. 155
développer tous nos yeux un nombre considérable d'individus , et
nous pouvons affirmer que pas un n'a éprouvé d'infirmités ni de
difformités résultant du travail , et que leur étal sanitaire est par-
fait. Une grande partie se trouve encore dans nos ateliers.
Que l'on ne s'y trompe pas , c'est le travail de nuit ; c'est le tra-
vail des houillères, des établissements nuisibles et insalubres, qui
tue les ouvriers : voila ce qui doit fixer l'attention du législateur.
5*. — De huit heures du matin à huit heures et demie ; de midi
à une heure et demie de relevée; de quatre heures à quatre heures
et demie.
Ces intervalles nous paraissent suffisants.
Ce sont ceux accordés dans notre fabrique et dans les autres
établissements de notre ressort.
6". — Nous ne connaissons point d'établissement où l'on tra-
vaille la nuit.
7". — Dans aucun des établissements de notre ressort on ne
travaille le dimanche.
8". — La hauteur du salaire des enfants et des jeunes ouvriers
varie dans les différentes espèces d'industries ; dans les fabriques
d'indiennes , l'enfant de neuf ans gagne 25 à 50 c. par jour ; par-
tant le pris de son salaire est exactement le même que celui d'un
enfant de quatorze ans. Gela s'explique par le fait que l'enfant de
neuf ans fait exactement le même genre de travail que celui de
quatorze à quinze ans, sans qu'il en résulte aucune fatigue pour lui.
Quant aux carrières et à la taille des pierres, il faut, poury travail-
ler, des sujets plus développés, il faut de la force physique et de
l'intelligence. Les jeunes ouvriers gagnent de 50 c. à 2 fr. lors-
qu'ils taillent la pierre; mais nous croyons que ceux a 2 fr. sont une
exception.
On peut donc estimer le salaire des enfants dans les établisse-
ments susmentionnés, comme suit :
De 9 à 12 ans 25 c.
De 12 a 16 ans, moyenne 75 c.
Quant aux enfants apprenant un métier chez un maître , ils
sont traités comme apprentis jusqu'à seize ans: alors on leur
paye 50 centimes environ par jour ; ce n'est guère qu'à l'âge de
dix-huit ans qu'ils parviennent à gagner de 1 franc à 1 franc
50 centimes par jour.
9". — L'avantage ne consiste qu'en ce que le salaire des enfants
ou des femmes est toujours moins élevé que celui des hommes,
*by Google
154 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
et qu'il» peuvent, pour certains ouvrage* qui n'exigent pu une
grande force physique, faire le même travail et à meilleur marché.
Quant aux famille* d'ouvriers, nous ne voyons- d'autre* avantages
que les salaires qu'elles retirent du travail de leurs enfants, et
c'est important pour elles.
10e. — Dans cerLaïnes industries, notamment dans celle des impri-
meurs sur toiles de coton, l'enfant, l'adulte, l'homme fait, doivent
travailler ensemble, et le même nombre d'heures. L'enfant aide
toujours un homme ; l'un ne peut travailler sans l'autre.
Pour les travaux des carrières et la taille des pierres, nous n'y
voyons aucune nécessité.
11*. — Bien difficilement. D'abord, c'est au préjudice de son
salaire que l'enfant reçoit l'instruction ; car, bien que l'enseigne-
ment primaire se donne gratuitement, il n'en perd pas moins sa
journée, puisqu'il fréquente les écoles au lieu de travailler.
Sous le rapport du travail dans les fabriques, l'ordre en est
dérangé, parce qu'on n'a pas ses ouvriers sous la main. Force
serait alors de les employer par relais d'un demi-jour: l'un travail-
lerait le matin, l'autre l'après-midi.
Nous pourrions, pour concilier tous les intérêts, établir des
écoles où la leçon se donnerait après la chute du jour pendant les
six mois d'hiver ; elle se donnerait de sept à huit heures du soir
seulement, pendant les six autres mois.
De cette manière, l'enfant pourrait tout à la fois s'instruire et
gagner un salaire. Il n'avancerait pas aussi vile dans l'instruction,
mais,' par contre, il apprendrait en même temps un métier, et
il contracterait de bonne heure l'habitude du travail.
L'éducation que l'on donne aujourd'hui dans les écoles primaires
gratuites est excellente, mais son défaut, a notre avis, c'est que
les leçons ont lieu pendant la journée, au lieu de se donner le
soir. Combien d'ouvriers donneraient l'instruction à leurs enfants,
et qui s'en abstiennent, parce qu'ils ont besoin du salaire que
gagnent ces derniers.
Dans les réponses que nous avons faites aux questions qui nous
ont été adressées comme fabricant, nous avons dit que si l'intérêt
des classes ouvrière* exigeait impérieusement que l'on fixât ta limite
de ta durée du travail des enfants, on ne devrait pas hésiter a
sacrifier tous les autres intérêt*. Nous persistons dans cette opi-
nion.
,dby Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOUREUY. 155
12*. — Nom oe pensons pat qu'il faille fixer une limite pour
l'admission des enfants aux divers travaux , excepté, pour quelques
établissements dangereux et insalubres. Si on prive l'ouvrier du
travail de ses enfants, on lui doit une compensation , car H faut
■bien qu'il mange. En ce cas, il serait de toute justice de lui payer
l'équivalent.
Habituez de bonne heure les enfants au travail, si vous voulez
éviter d'en faire plus tard des mendiants et des vagabonds ; et joignez
à cela l'instruction, en tâchant de faire succéder les heures de
leçons aux heures de travail , de manière à ce qu'ils s'instruisent
et apprennent un métier simultanément,
13*. — Nous croyons que l'on doit se borner à interdire le travail
de nuit. Cependant , dans, certains établissements , les devoirs de
■ l'humanité exigent impérieusement que l'on restreigne la durée du
travail des enfants et leur admission dans ces mêmes établisse-
ments; il en sera parlé dans notre réponse à la quinzième question.
■1.4". — Jusqu'à dix-sept ans.
15". — Noua en avons ta conviction, et c'est un devoir qui nous
est imposé par l'humanité. Nous citerons parmi les établissements
nuisibles et insalubres t
Les établissements de produits chimique»;
Les fabriques de glaces ; '.
Les fabriques de céruse,. etc.
Dans ces sortes d'établissements , les enfants ne devraient être
admis qu'à quinze ans, et la durée de la journée devrait ne pas
excéder, six heures* . ,
Nous citerons aussi les houillères où les enfants ne devraient être
admis qu'à douze ans, et ne travailler que six heures.
La Faculté devrait être appelée a se prononcer sur cette question.
16". — Cette question nous parait être du ressort de la méde-
cine. Il nous semble cependant qu'il pourrait être libre à dix-huit
ans. Ses forces seraient mieux développées à vingt et un ans. Mais
il faut pourtant que l'ouvrier subsisté avant tout.
17*. — C'est a notre avis le seul moyen qui soit praticable.
18*. — Pour les établissements insalubres et pour les houillères, ■
nous pensons que c'est ainsi que l'on devrait procéder.
19". — Certes, l'amélioration physique et morale de la classe
DgtizedOy GOOgte
136 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
ouvrière est un bienfait, et ce n'est que par de bonnes institutions
que l'on pourra améliorer la condition de l'ouvrier.
Mais vouloir forcer les industriels , par une mesure quelconque,
à faire exécuter par des adultes ou des hommes faits; des ouvrages
que , sans fatigue , les enfants font aussi bien qu'eus , et cela dans -
le but d'une augmentation de salaire, ce serait la plus grande
absurdité. Si l'on augmente les salaires par suite du manque d'en-
fants pour certains ouvrages où ils seraient remplaces par des
adultes ou des hommes faits , on augmente le pris de revient des
produits nationaux. Et comment voudrait- on que les produits
belges pussent lutter contre les produits étrangers , même sur
notre propre marché , alors qu'on aurait augmenté le prix de
revient? Loin de favoriser l'ouvrier, il se trouverait bientôt sans
travail, ce qui est pour lui la plus pire situation. On obtiendrait
ainsi un résultat tout contraire au but que l'on se propose ; qui est
l'amélioration de la condition de l'ouvrier.
Nous admettrions volontiers une augmentation de salaire pour
l'ouvrier; nous la désirerions même; mais il faudrait qu'elle fût en
même temps admise chez nos voisins avec qui nous luttons, dans
des conditions déjà assez désavantageuses.
20'., — Parfaitement bon.
21". — Ils ne sont exposés à aucun danger ni accident parlicu*
liera, Nous n'avons remarqué parmi eux ni infirmités, ni maladies,
ni difformités résultant de leur travail.
22*. — Le pain de froment, la soupe aux légumes, les pommes
de terre, le café, la bière. Les uns ont de la viande de bœuf trois
fois la semaine , d'autres deux fois, d'autres une fois , et il en est
qui n'en ont pas du tout.
23°. — L'ouvrier travaillant dans les grands établissements indus-
triels dont nous avons parlé, est généralement assez bien logé, à moins
qu'il n'y ait de sa part inconduite ou défaut d'ordre. Son logement
lui coûte 1 franc la semaine au minimum, et 2 francs au n
24". — On peut estimer à un sixième l'augmentation du salaire des
ouvriers depuis quelques années dans les établissements industriels
de notre ressort ; mais dans les fabriques d'indiennes, le salaire a
subi une diminution d'un quart, par suite du perfectionnement
apporté aux machines à imprimer, et de la dépréciation des fabri-
cats , résultant de la perte des débouchés qui n'ont pas été rcm-
*by Google
CHAMBRE- DE COMMERCE DE TOUUKAY. 157
placé*. Cependant, avec leur salaire actuel, ils peuvent assez bien
vivre , alors qu'ils ont de l'ordre et de la conduite.
25°. — Pour l'ouvrier qui ne veut point sortir de sa condition,
et qui s'impose l'économie que son état comporte, le salaire actuel
suffit. Il en est d'autres, et ce sont les tailleurs de pierres, qui, par
l'élévation de leur salaire, pourraient réaliser de grandes écono-
mies. Mais ils font abus des boissons spîritueu ses, et chôment jusqu'à
ce qu'ils aient mangé leur dernier sou.
Tel est l'ouvrier en général ;* pour lui, le lendemain ne viendra
jamais. Si vous augmentez son salaire, il le diminue en travaillant
moins. Fuissent les soins que l'on prend de le moraliser par l'in-
struction et par l'éducation religieuse et morale , l'arracher à ces
pernicieuses habitudes ! . . .
26". — Nous ne pouvons répondre que pour ce qui concerne
l'ouvrier des grands établissements industriels ; et pour éviter de
nous tromper, nous dirons que nous avons des ouvriers manœuvre*
occupés dans notre fabrique, qui ne gagnent que 10 francs par
semaine, et entretiennent, sans avoir recours à la mendicité, une
famille composée d'une femme infirme et de trois enfants , dont
l'aîné n'a pas neuf ans.
Voilà ce qui donne la mesure de ce que peuvent l'ordre, l'éco-
nomie et la bonne conduite.
Parmi tant de salaires, qui varient selon le courage ou la capa-
cité des ouvriers, il est difficile, sinon impossible, de fixer une
moyenne. Cependant, nous pouvons inférer de ce qui a été dit,
qu'un ménage composé de cinq individus peut vivre à raison
de 50 centimes par jour pour chacun d'eux. Nous ajouterons que
la moyenne des salaires étant chez les imprimeurs d'indiennes
de 2 francs par jour, soit 12 francs la semaine; et chez d'autres
de 2 fr. 50 ou 3 francs, et les ouvriers pouvant retirer quelque
profit du travail de leurs enfants et de leurs femmes , leur condi-
tion est loin d'être malheureuse, et qu'à aucune époque, les
ouvriers , de notre ressort , n'ont été aussi heureux , attendu
qu'ils se nourrissent et se vêtissent à plus bas prix qu'à aucune
autre époque, et gagnent davantage. Certes, tous les ouvriers sont
loin d'être dans celte heureuse position : l'ignorance, l'inconduite,
l'insouciance, sont d'abord leurs plus cruels ennemis. D'autres
manquent de travail et ne peuvent s'en procurer, quoi qu'ils fassent ;
ceux-ci sont les seuls qui soient réellement malheureux. Nous
croyons, toutefois, que ceux de cette catégorie sont rares.
*by Google
168 ..RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
27°. ■ — Elle est généralement assez bonne. Dans notre arrondis-
sement industriel, beaucoup de nos ouvriers ajoutent à la connais-
sance de la lecture, de l'écriture et. du calcul, quelques notions
de dessin, de musique, etc., et leur conduite est parfaite.
Mais dans d'autres établissements, chez les exploitants de car-
rières, les chefs d'industrie sont à la merci de leurs ouvriers qui
sont plongés dans la dernière ignorance, et adonnés à l'ivro-
gnerie ; on peut dire, de ceux-ci , que trop de prospérité leur nuit.
S'ils gagnaient moins, ils se comporteraient mieux'. ...
28*. — Nous avons rencontré cette demande & la vingt-septième
question, et nous y avons répondu.
29*. — Ce vice n'est guère connu d'eux.
30*. — tes mœurs des jeunes ouvrières sont généralement assez
bonnes. Il n'y a point , dans notre ressort , d'établissement où les
sexes soient confondus. Nous croyons, toutefois, que ce rapproche-
ment doit être bien dangereux pour lès mœurs.
SI0.- — Le défaut d'instruction et d'éducation religieuse et morale.
Dans l'état d'abrutissement où vivent quantité d'ouvriers , ils ne
comprennent pas d'autre plaisir que celui de satisfaire a tous leurs
appétits. Pour eux, le loisir est plus ennuyeux que le travail même.
S'ils se proposent de s'amuser, c'est dans l'ivrognerie qu'ils trouvent
le suprême bonheur.
' Les soins que l'on donne maintenant à l'instruction et à l'éduca-
tion des classes infimes de la société promettent un meilleur avenir.
32*. — L'ouvrier des campagnes et celui des villes sont tout à fait
les mêmes a notre avis : même grossièreté, même ignorance. Les
ouvriers travaillant en grande réunion sont plus mutins, parce
qu'ils forment une espèce de corporation, et se soutiennent les uns
les autres. Quant à la moralité , chez les uns et chez les autres
elle est, à notre avis, a peu près la même. Quant aux enfants, nous
n'y voyons pas non plus de différence.
' 33". — Nous sommes dans l'impossibilité de satisfaire à cette
question. Nous ignorons si des engagements existent dans d'autres
établissements ; tout ce que nous pouvons répondre, c'est qu'il n'y
en a dans notre fabrique ni de la part de l'ouvrier ni de la part du
maître. L'enfant, l'adulte , l'homme fait, sont payés selon ce qu'ils
savent faire; ils ne chôment jamais les jours ouvrables, mais c'est
sans assujettissement de notre part.
54*. — Nous avons déjà fait connaître dans notre douzième
^by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNAY. 159
réponse notre opinion sur les mesure.* restrictifs .du travail des
enfants; mais si de semblables mesures sont prises, nous ne
voyons pas pourquoi elles ne seraient pas appliquées a tous les
enfants en généra] , sans distinction aucune.
.35*. — La ville d'Àth est riche d'institutions favorables à la classe
ouvrière; ces institutions sont :
1 "Une école communale primaire gratuite, où sont admis environ
trois cents élèves des deux sexes ;
2* Une école des frères de la charité, qui compte le même nombre
d'élèves du sexe masculin ; ~
5* TJne école des sœurs Saint-François, où l'on admet gratuite-
ment les filles d'ouvriers;
4* Une école d'architecture gratuite communale;
5° Une école de dessin gratuite communale ;
6" Une école de musique gratuite communale.
Nous persistons dans l'opinion que nous avons émise aux douzième
et treizième réponses, et qui nous parait satisfaire a la question
posée. Habituer l'enfant à travailler de bonne heure, en empêchant
le travail de nuit dans tous les établissements industriels grands ou
petits; limiter le nombre d'heures du travail dans les établisse-
ments insalubres et dangereux, et l'âge auquel ils pourront y être
admis ; faire marcher simultanément l'apprentissage d'un métier
quelconque avec l'instruction et l'éducation religieuse et morale,
de la manière que nous l'avons proposé aux douzième et treizième
réponses; stimuler les enfants par des récompenses qui seraient
accordées à la bonne conduite et aux progrès qu'ils feraient dans
les diverses institutions ; tels sont , à notre avis , les seuls moyens
par lesquels on parviendra a améliorer la condition physique et
morale des ouvriers , sans que , dans' leur enfance , leurs parents
doivent se priver du salaire qu'ils leur rapportent, salaire qui,
quoique bien minime, ne laisse pas que de leur être d'un grand :
secours.
L'assainissement de la demeure de l'ouvrier serait encore chose
très-utile. Ne serait-il pas possible de forcer les propriétaires de
maisons de blanchir, chaque année, au lait de chaux, l'intérieur de
leurs habitations? Les maîtres des pauvres devraient obliger les
ouvriers a entretenir la propreté chez eux, sous peine de les priver
des secours de la commune.
iqtizedoy GOOgle
160 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
6- — Réponses faite psi M. Nicolas Delahsoy, en ce qui concerne
Il hbriatioii dp. chocolat el le commerce d'épiceries.
1™ et 2° réponses. — La proportion des enfanta employés est
d'un tiers, de l'Âge de quinze à dix-huit ans.
3*. — Leur travail consiste dans la mise en forme des chocolats
et menues préparations.
4*. — De six heures du matin à huit heures du soir. Leur
travail n'est pas excessif.
5*. — Ils se reposent deux heures, ce qui est suffisant.
6*. — Ils travaillent rarement la nuit , et lorsque cela arrive ,
c'est le samedi, de manière qu'ils se reposent le dimanche.
7" — Ils ne travaillent pas les jours fériés.
8a — Le salaire moyen de ces enfants est de 70 centimes la
journée.
9". — A. Toute la forée étant fournie par une machine a vapeur,
il ne faut que de l'adresse , et les enfants valent mieux pour cela
que les adultes.
B. Ces enfants, retenus par la discipline de l'atelier, sont exempts
de vagabondage , et ils apprennent des principe* d'ordre et de
propreté qu'ils n'acquerraient pas chez eux.
10". — Oui, parce que sans eux rien ne peut se faire.
11". — En prenant les enfants a l'âge de quatorze ans, ils ont eu le
temps d'aprendre ce qu'un bon ouvrier doit savoir. Ceux qu'emploie
l'établissement savent lire et écrire.
12". — Douze ans, âge de la première communion.
13*. — Douze heures pour tous les âges.
14". — Il est permis, lorsque des cas très-rares s'en présentent.
15". — Notre ville n'a que des établissements salubres.
16°. — Quinze ans,
17' et 18*. — Non , attendu la grande difficulté de trouver de
jeunes ouvriers, et la crainte qu'ils ne profitent du reste de la journée
pour courir tes rues, et échapper a la surveillance de leurs parents
qui sont eux-mêmes continuellement au travail.
19*. — Non; les ouvriers plus âgés n'ayant pas toute l'adresse
nécessaire pour ia besogne confiée aux enfants.
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOUIWAY. 161
20*. —Très-bon.
SI'. — Aucun, lorsqu'ils apportent de lit prudence dans leur
travail.
22*. — La viande et les légumes au repas principal ; la soupe le
matin et le soir.
23". — Fort mal ; une chambre ou deux pour Houle une Famille
coûte 5 francs par mois.
24*. — Sans réponse.
25*.— Oui, puisqu'il est prouvé qu'un ouvrier qui a de. l'ordre
et de la conduite ne manque de rien. Quant aux économies , elles
sont impossibles, attendu que la plupart des ouvriers se marient de
bonne heure et ont beaucoup d'enfants.
26*. — Le- tout dépend du métier qu'il exerce et de l'ordre qu'il .
apporte dans ses dépenses. ■
27«. — Bonne.
28*. — Moins en ville qu'à la campagne, à cause de la sévérité
des obefs de fabrique. .
29*. — Nous n'en connaissons pas.
30'. — Je n'emploie que des hommes.
31'. — Ses contrariétés intérieures.
32*. — Aucune que l'on sache. ■. ■ ■■
53*. — Aucune.
34*.— Aucune restriction à apporter.
■Zh*..A. — La caisse d'épargne. Peu d'ouvriers peuvent en
profiter.
i?,Les écoles dominicales, fréquentées par. te plus grand nombre
de jeunes ouvriers.
C. Celles des frères de la doctrine chrétienne où les garçons
vont, jusqu'à l'âge de douze ans, recevoir gratis un commencement
d'instruction.
36*. Ne les admettre, dans les ateliers qu'avec un certificat de
moralité donné par leur instituteur, et constatant qu'ils savent lire
et écrire.
DglizedOy GOOgle
16* RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
7. — Rppînsœ faites par H. Sacquelei; père, n ce qii «usent
In arriéres se pierres de Buèdes el Qwuinurps.
1 " et 2* réponses. — Dan* cette industrie, on emploie des garçons
dès l'Age de dix ans, et des jeunes filles à l'âge de dix-sept ans.
3*. — Les enfants sont employés pour ta taille des pierres ; ils
travaillent à la pièce , abrités sous des hangars de paille.
Les jeunes filles achèvent la polissure des carreaux à parer, qui
ont subi une première opération au moyen du manège.
4*. — La durée du travail des enfants est facultative , puisqu'il
se fait à la pièce.
Les jeûnes filles travaillent aussi à la pièce et à des heures indé-
terminées , suivant que le manège leur fournit de l'occupation.
S*. — Sans réponse.
6°. — Jamais la nuit.
7". — Jamais le dimanche.
8*. — Le salaire des enfants peut être fixé de 25 à 50 c, celui
des jeunes filles est en moyenne de 90 c. , pour huit heures de
travail .
9* a 21*. — Sans réponse.
22". — L'ouvrier se nourrit habituellement de soupes, soit au lait,
soit aux herbes, de pain, beurre, fromage, pommes de terre, café.
23*. — Son loyer peut s'élever de 10 a 12 centimes par jour.
24°. — L'ouvrier chaufournier et le manœuvre ne recevaient,
il y a cinq à six ans, que 63 c. pour une journée d'hiver, et 82 c.
pour une journée d'été. Depuis lors , le prix de la journée est fixé
a 82 c. pour l'hiver, et à 1 fr. pour l'été.
Le prix des travaux d'entreprise s'est élevé dans la même pro-
portion.
25', 26° et 27°. — Sans réponse.
28*. — L'ivrognerie n'est presque pas connue.
29* à 32*. — Sans réponse.
53*. — L'exécution de la loi sur les livrets est considérée comme
nécessaire.
34°. — Sans réponse.
33*. ■ — Les caisses d'épargne ne sont pas connues dans les
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNA Y. 163
t dont il s'agit. C'est d'autant, plus regrettable que l'on
voit souvent pendant l'été certains ouvriers, travaillant par entre-
prise , gagner jusqu'à 2 fr. 50 c. et 2 fr. 75 c. par jour , ce qui
leur permettrait d'économiser pour l'hiver.
36". — Il conviendrait que les enfants, admis à travailler à la
pièce chez les maîtres de carrières, fussent forcés de fréquenter
pendant quelques heures les écoles gratuites qui existent aujour-
d'hui dans presque toutes les communes rurales. L'enfant travail-
lant à pièce se fatigue trop souvent; les quelques heures consacrées
à son instruction seraient des heures de repos pour lui.
8. — fitpmses faites ftt H. Petermck-Allar», en « qui etnwrie
la fibricalioo de li porceUice.
1" et 2" réponses. — On n'emploie que des enfants au-dessus de
seize ans, dans la proportion de un sur quinze.
3°. — Ils apprennent leur état, et rien ne nuit à leur santé.
4". — Douze heures, ce qui n'est pas excessif.
5°. — Deux heures : une demi-heure au déjeuner, une heure au
dîner, une demi-heure au goûter.
6'. — Non.
7". — Quand les besoins l'ordonnent. Ils peuvent remplir leurs
devoirs religieux.
8*. — 70 centimes. Nous n'employons pas de femmes.
9°. — Je n'emploie que des hommes.
' 10". — Oui.
1 1*. — Les enfants ne peuvent quitter l'atelier sans interrompre
le travail des ouvriers. N'entrant qu'à seize ans, la plus grande
partie savent lire et écrire.
12". — Sans réponse.
13*. — Ils sont assez forts pour travailler douze heures.
14". — Ils ne travaillent pas la nuit.
15". — Nos ateliers sont très-aérés et salubres.
16". — A seize ans.
17", 18- et 19«. — Sans réponse.
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104 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
20'. — Les ouvriers en général ne portent bien , lorsqu'ils ne
s'adonnent pas à la boisson du genièvre.
21". — Aucun danger ni accident.
22". — La viande au dîner, les légumes te soir.
23°. — 1 fr. par semaine, pour une chambre; la plupart ne
sont pas fort saines.
24*. — Sans réponse.
25*. — Le salaire suffit en général ; et ceux qui ont de la con-
duite peuvent faire des économies.
26*. — L'ouvrier' gag ne, eq moyenne, 1 2 fr. par semaine. On ne
peut évaluer le compte de son entretien et de sa famille.
27*. — Bonne.
28*. —Oui.
29*. — Non.
30e. — Je n'emploie que des hommes.
31*. — La boisson.
32°. — L'ouvrier des campagnes étant plus sobre , a une con-
duite plus régulière.
33". — Aucun.
34*. — Il ne faut faire aucune distinction.
36*. — Les écoles gratuites.
9. — Ijpoucs Uto» par M. Duhon-Dumortter, a a qni cssccnt
la UriotioR k h taux el l'citndin des pierres.
V* et 2" BipoHBis. — Dans notre industrie, on emploie de jeunes
garçons de dix & quinte ans, dans la proportion d'un huitième
environ.
3*. — La besogne des adultes consiste à déblayer le banc de
rocher des petites pierres et la chaux des résidus ; ils font aussi des
marchés de terrassements. Ces travaux ne sont pas nuisibles à leur
santé.
4". — Dix heures environ fin été, huit heures en hiver. Ce n'est
pas excessif. ,
5". — Les ouvriers se reposent aux heures fixées pour leurs
*by Google
CHAMBRE DE .COMMERCE DE TOURNA*. 163
repu : une demi-heure au déjeuner, une heure au dîner, une
demi-heure au goûter. Cela e»t suffisant .
6". — Jamais la nuit, sauf des exception* très-rares.
7*. — On ne travaille le dimanche que pour des travaux extra-
ordinaires et indispensables.
8°. — Pour les enfants au-dessous de douze ans , 50 à 75 c.j
pour tes jeunes gens de douze à seize ans, 75 c. à 1 fr. On com-
prend, du reste, combien ces chiffres sont variables, en raison des
saisons, et surtout pour les travaux qui se font à la tache.
9*. — Ou ne trouve pas d'avantage à occuper des enfants; le
seul but, en les prenant , c'est d'être utile à la famille à laquelle
leur gain vient en aide; et puis on les accoutume ainsi au travail.
10*. — Sans réponse.
11*. — Les enfants, qui sont tous campagnards, quittant leur
domicile dès le matin, ne pourraient guère consacrer à leur in-
struction que la soirée et le dimanche. Aussi , fort peu savent lire
et écrire. A l'époque de leur première communion , on leur laisse
la facilité de profiter des instructions données par les curés.
12e. — Sans réponse.
13°. — Quant a notre industrie , il ne semble point qu'il y ait
lieu de modifier les heures de travail.
14*. — V oyez ci -de «s us la sixième réponse.
15*. — ■ Nos établissements ne sont pas insalubres.
16*. — Sans réponse.
17* et 1S*. — Les journées de travail étant très-courtes, il n'est
pas nécessaire d'avoir recours au mode proposé.
19*. — Sans réponse.
20*. — L'état de santé de nos ouvriers , jeunes et vieux , est
fort bon.
21". — La nature du travail, presque toujours eu plein air,
contribue & leur donner une santé robuste et a développer leurs
forces physiques.
Ils ne sont atteints d'aucun genre spécial de maladies.
La nature de nos travaux amène des accidents assez fréquents ,
soit explosion de mines, soit chutes, soit éboulements. On apporte
toute la prudence nécessaire pour les prévenir.
En cas d'accidents, les ouvriers sont soignés par ta Faculté, aux
,::,od;vCo(>£>Ie
)66 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES P/E COMMERCE,
trais de l'établissement. Des secours leur sont donnes en argent ,
ainsi qu'à leurs veuves et à leurs enfants, en cas de décès.
22* et 23". — Sans réponse.
24*. — Les salaires ont été longtemps statïonnaires, mais ils ont
augmenté d'un quart au moins depuis les grandes entreprises faites
dans les industries et dans les travaux publics.
25" et 26". — Sans réponse.
27s et 28*. — La conduite des ouvriers est généralement bonne;
on n'aurait guère à combattre que leur penchant pour les boissons
spî ri tueuses.
29", — Sans réponse.
50». — Nous n'employons pas de femmes.
31* à 34". ■ — SanB réponse.
35*. — Nos ouvriers étant tous campagnards, ne peuvent guère
profiter des institutions qui existent dans les villes et qui sont sus-
ceptibles de leur donner un peu d'instruction.
Presque tous les ouvriers font partie de sociétés qui leur procu-
rent des secours en cas de maladie. A cet effet, ils déposent, chaque
semaine, une légère somme pour le fonds commun. Ces sociétés sont
bonnes sans doute ; mais le mauvais côté , c'est qu'à une certaine
époque de l'année , la société se met en fêle ; alors elle mange et
surtout boit en quelques jours une bonne partie des réserves.
10. — PiUlire et tissage du cotes (1).
ln b épouse. — Dans la filature de coton, de jeunes ouvriers
sont employés en petit nombre, un dixième au plus. Dans le tissage,
ils sont plus nombreux : on peut les estimer à un cinquième.
2". — Pas avant onze ans.
3*. — Dans la filature, quelques petites soigneuses et rattacheiises;
dans le tissage, les bobineurs de la trame.
4* et 5". — Le travail des enfants dans les fabriques est entiè-
rement lié à celui de l'ouvrier, et il dure aussi longtemps.
(I) Il nom b paru peu utile de nom cteudre lur cei deux branches d'indiutric;
pluùeun note» de détail ont dû cire fournie», dam l'enquête, ptr nn» fabricant».
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE TOURNAY. 107
6e. — Jamais.
7°. — Non.
8°. — En filature, 50 à 60 centimes; au tissage, beaucoup moins.
9*. — On trouve chez les enfants une dextérité manuelle qu'on
ne rencontre pas chez les ouvriers faits; puis il y a une économie
considérable pour certaines branches de fabrication.
10°. — Oui, le contraire est impossible.
11". — Cela est difficile; aussi devrait-on, selon nous, exiger que
l'enfant ne fût admis dans les usines qu'à un âge donné, et alors
seulement qu'il aurait reçu une certaine instruction.
12e. — On pourrait fixer dix ans.
13*. — Impossible, les motifs sont et seront donnés.
14". — Sans réponse.
15". — Nous pensons que cela serait utile, mais seulement pour
celles des industries évidemment nuisibles à la santé. De ce nombre
sont peut-être le travail des mines, les fabriques de céruse et
d'autres de l'espèce.
16'. — Dans tous les cas, à seize ou dix-sept ans.
17», 18°etl9*. — Impossible, les jeunes ouvriers sont très-rares
ici ; on ne trouverait point à former deux brigades ; et du reste,
celle qui serait au repos échapperait à la surveillance des parents,
el le remède serait pire que le mal.
20°. — La santé de nos ouvriers, en général, est satisfaisante.
Les enfants employés à des travaux proportionnés à leurs forces
physiques, sont, pour la plupart, bien portants. Quelques-uns sont
atteints de scrofules ; la cause en est plutôt dans la mauvaise nour-
riture et le vice du logement, que dans la fréquentation des usines.
21*. — Ils ne sont exposés à d'autres accidents qu'à ceux insé-
parables de toute machine à vapeur.
22°. — En général, te régime alimentaire n'est point assez bon.
23*. — Assez mal , et pourtant le prix du loyer est élevé : il
dépasse, en moyenne, 1 fr. 50 la semaine.
24*. — Le salaire des ouvriers fileurs, en fin et à retordre, con-
tinue à être assez élevé; on ne peut dire toutefois qu'il soit aug-
menté depuis plusieurs années. Hais le travail se trouve allégé,
car la machine est venue prendre la grosse part du fardeau.
Les ouvriers de corderie sont payés beaucoup plus cher qu'au-
trefois.
^y Google
168 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
Quant aux tisserands, leuçs produits varient à tel point et le»
mains-d'œuvre sont si différentes, que toute comparaison avec le
passé est devenue, pour ainsi dire, impossible:
25° et 26 . — Le salaire des ouvriers fileurs est, en moyenne,
de 2 fr. 50 à 5 fr. par jour, ce qui, certes, serait bien suffisant
pour leur procurer une existence convenable. Mais l'imprévoyance
est le défaut de tous nos ouvriers d'usine, et personne ne fait
d'économies : nul même n'y songe. Les tisserands sont presque en
totalité des campagnards; ceux-là gagnent beaucoup moins, et
pourtant ils sont plus à l'aise.
27*. — A part quelques exceptions , la condition morale de
l'ouvrier serait satisfaisante, s'il voulait quelque peu songer au
lendemain.
28*. — En assez bon nombre, mais seulement le dimanche et
le lundi.
29*. — Très-peu.
30*. — Les mœurs des jeunes ouvrières du tissage sont généra-
lement bonnes ; il y a aussi grande amélioration chez tes jeunes
ouvrières de filature.
Sans nul doute, le rapprochement et la confusion des sexes
sont de nature & provoquer quelques écarts, niais assez souvent
ils sont suivis de mariage. Du reste, la division des sexes dans une
filature est chose presque impossible.
31". — Le plus souvent l'abus des liqueurs spiritueuses.
32*. — Il a été dit déjà qu'il existait une différence assez mar-
quée, sous le rapport moral, entre l'ouvrier des villes et celui des
campagnes : celui-ci est plus assidu à sa besogne et plus rangé. Il
existe aussi cette même différence à l'avantage des ouvriers tra-
vaillant isolément et presque toujours en famille.
33*. — Aucun.
34*. — Les mesures protectrices du travail de l'enfance, s'il en
était pris, ne pourraient, ce nous semble, recevoir leur application
que pour les ouvriers des fabriques. Surveiller les jeunes ouvriers
à domicile, à la ville et à la campagne, nous paraîtrait une lâche
trop lourde pour être entreprise.
35* et 36*. — Il sera répondu à ces deux questions dans les
considérations générales émises par la chambre.
D,g,ized0y GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE BE LIÈGE.
&, JIAsommmu. tt QowMmMu* de ta. yuMua it Sm^j.
MOHSUSCB LE GoUVERNIUA,
Nous avons l'honneur de voua transmettre le résultat de no*
délibérations relativement à l'enquête, ouverte par H. le Ministre
de l'intérieur, sur le travail des entants et la condition desouvriers.
Noua y avons procédé dans l'ordre des questions posées comme suit :
A. — Questions spéciale* au travail des enfants.
1™ question. — Quelles sont, dans votre ressort, les industries
où l'on emploie de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et dans
quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
xepohsb. — A moins que la force physique de l'ouvrier ne soit
la condition première, on compte peu d'industries, et particulière-
ment parmi celtes où les machines jouent un rôle, qui n'emploient
de jeunes ouvriers en dessous de seize ans , dans la proportion du
quart, du tiers, et même quelquefois de la moitié. En général, les
enfants d'ouvriers destinés à une profession sont appelés à l'exercer
avant d'avoir atteint l'âge de seize ans.
2*QTEBïioM. — A quel Age admet-on, en général, les enfants dans
ces établissements?
réponse. — Dans beaucoup de cas, les enfants sont utilisés avant
dix et douze ans.
3* question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants ? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé?
réponse. — Les travaux auxquels les enfants sont employés ont
moins pour effet de leur imposer une fatigue réelle que de les tenir
dans un état constant d'occupation. Parmi ces travaux, nous n'en
avons à signaler aucun qui soit, de sa nature, particulièrement
nuisible. Il est à notre connaissance que l'administration com-
munale de Liège n'est pas restée indifférente lorsque des cas de
*by Google
170 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
ce genre lui ont été signalés ; c'est ainsi que, sur le rapport d'un
médecin, elle a hit interdire, il n'y a pas longtemps, l'entrée d'une
fabrique d'allumettes phosphoriques aux enfants, à cause des effets
nuisibles qui avaient été constatés.
4° question. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous parait
répoksb. — La durée du travail des enfants est la même que
celle du travail des adultes. Habituellement elle est de douze
heures ; mais elle n'est que de huit heures dans les exploitations
charbonnières.
Cependant, le travail est fréquemment porté a treize et a qua-
torze heures pour les uns et les autres , lorsque , à cause de la
saison ou d'autres circonstances, cette industrie reçoit plus de
commandes. Si cet état était normal , il y aurait quelque chose
d'excessif; mais des journées inférieures a douze heures, et même
des chômages, succèdent bientôt à ce travail extraordinaire.
5* question. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier ? Sont-ils suffisants?
réponse. — Ordinairement on accorde une demi-heure pour le
déjeuner; une heure pour le dîner, et une demi-heure ou un
quart d'heure pour le goûter : ces temps de repos sont communs 4
toutes les localités et à toutes les professions ou métiers. Cette
distribution est consacrée par un usage immémorial, et nous la
croyons bien établie.
6" question. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se
combine-t-il avec le travail de jour?
réponse. — C'est une exception. Quand cela arrive , pour une
industrie et dans des circonstances extraordinaires de prospérité ,
le travail de nuit se fait de deux nuits l'une par le même individu.
D'autres fois, et le plus généralement, l'ouvrier de nuit se repose
pendant le jour.
7* question. — Y a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à que! point ce travail met-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux?
hbfohse. — Ce travail , excepté dans quelques usines qui ne
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CHAMBRE DE COMMERCE DE LIÈGE. 171
peuvent jamais chômer, est encore une exception, et n'a lieu,
la plupart du temps , que pendant une partie du dimanche. Dans
les grands établissements, où il est à noire connaissance qu'un tel
travail se fait , les ouvriers ont une heure fixée pour l'accomplisse-
ment des devoirs religieux du matin.
8" question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries,
les sexes elles âges?
réponse. — Les salaires varient à l'infini, suivant les industries,
les localités et le degré d'aptitude. Il serait aussi difficile de fixer
des chiffres, qu'il serait long d'énumérer toutes les industries enga-
gées. On voit pour les garçons et les filles , suivant les âges , la
journée descendre à 20 c. et monter à 1 franc.
9* question. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie,
l'avantage que l'on trouve à employer des femmes et des enfants,
de préférence aux hommes adultes ? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires, les avantages que retirent les
familles d'ouvriers de l'emploi des enfants?
RÉPOifSB. — Le besoin qu'une concurrence incessante fait éprou-
ver d'avoir une main-d'œuvre peu coûteuse. Dans beaucoup de cas,
quand la force physique est sans importance pour la production ,
ou bien quand la motion est fournie par des machines , l'emploi
des femmes et des enfants présente des résultats matériels satis-
Le principal avantage que retirent les familles du travail donné
à leurs enfants, est une augmentation de ressources pour les be-
soins du ménage; de plus, les enfants se trouvent plus prompte-
ment aples à exercer la profession a laquelle ils sont destinés.
10" question. — L'intérêt de certaines industries exige-t-tl impé-
rieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
aipowsE. — Celte nécessité est impérieuse : les deux genres de
travail sont simultanés, se confondent et ne peuvent se diviser.
Il n'y a d'exception que dans les rares fabriques où l'ouvrier peut
travailler seul.
1 1 * question. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
*by Google
173 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
«truclion et l'éducation qui conviennent à leur position? Quelle est
aujourd'hui l'éducation qu'il» reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut?
urépoHSB. — A moins de fournir des moyens spéciaux d'instruc-
tion par des écoles du soir ou du dimanche , cette idée est irréa-
lisable ; d'un autre côté, l'éducation, pour te commun des enfants
d'ouvriers, ne peut leur venir que de l'école et des instructions
religieuses qui ont lieu pour la première communion.
1 3* giranoir. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'âge, la
limite pour l'admission des enfants aux divers travaux?
RKPOitsa. — L'âge de dix ou de onze ans pourrait, sans incon-
vénient, être la dernière limite. Cependant, si, avant cet âge, les
parents négligeaient (ce qui serait le cas pour un grand nombre)
de les placer dans un établissement d'enseignement, ces enfants,
relégués dans des quartiers resserrés, ou dans des habitations
malsaines , y seraient peut-être plus à plaindre , sous le rapport
de. l'hygiène et de la sécurité, que dans les ateliers mêmes; et
au point de vue moral, ils courraient plus de risques encore en
restant abandonnés entièrement à eux-mêmes en l'absence des
parents.
13* «uBSTioir. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants? Comment gradue-
riez-vou» cette durée selon les âges?
kepoiue. — Par les mêmes motifs que ceux consignés à la dixième
question, cette gradation est tout à fait impossible.
14"ouestios. — Jusqu'à quel âge le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers?
HÉPonsB. — Le travail purement de nuit ne devrait atteindre
que les jeunes gens qui ont quinze ans; mais, il ne faut pas se le
dissimuler, une défense absolue présenterait, dans certaines cir-
constances , des inconvénients réels.
lo* question. — Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain âge remploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
bépohss. — Oui. Alors un règlement spécial de police générale
aurait à régir cet objet qui doit éveiller la sollicitude de l'autorité
publique. Mais des personnes, plus compétentes que nous, par
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE LIEGE. 473
leur» études et lea» observations, auraient à spécifier le« genres
de manipulations qu'il faudrait comprendre dans l'interdiction.
16* oVkbtiok. - — A quel âge pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques, etc., sans qu'aucune restriction
fut apportée à la durée de «on travail?
«épouse. — Cela pourrait avoir lieu, sans inconvénient, à dix-
sept ans.
17* question — Pour satisfaire à tous les intérêts, ne ponrraît-on
pas former, comme en Angleterre, des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement , en se relayant à de certains
intervalles?
lipome. — Cette organisation rencontrerait pins d'une difficulté,
et nous pourrions dire qu'elle est tout à fait irréalisable^ D'abord,
ici, on ne parviendrait pas à réunir un nombre suffisant d'enfants
pour chaque genre de fabrication. -
D'un autre côté, les fabricats qui demandent une longue manu-
tention et qui exigent une grande régularité dans tout le cours du
travail, n'admettraient pas, sans compromettre gravement les
intérêts du maître, des brigades qui s'alterneraient ; ou bien il
faudrait créer autant de séries de métiers qu'il y aurait de brigades
employées, et par conséquent aussi, avoir des locaux plus vastes.
Cela placerait l'industrie dans des conditions onéreuses, et ne pour-
rait avoir pour effet que d'aggraver, au même degré, la position
de l'ouvrier.
18* orrxsTion. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant, -par
exemple, deux brigades d'enfants, l'une le matin, l'autre l'après-
midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail avec ceux de la
santé et de l'instruction des jeunes ouvriers ?
airoKSB. — Ce qui précède a dû faire comprendre l'embarras
que nous éprouverions a proposer un système et à répondre par
anticipation à la question dont il s'agit.
19* question. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
d. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers et
l'augmentation de leur aptitude ?
B. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers plus
âgés?
«épouse. — En abandonnant, pendant une moitié de la journée,
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174 REPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
les enfants des fabriques a l'oisiveté , le bon ordre et la discipline
auraient bientôt à en souffrir; car il ne faut pas croire que la plupart
des jeunes ouvriers se rendraient à l'école , pendant ce temps de
repos ; et d'un autre côté, cela réduirait la quotité de leur salaire
de moitié, au détriment du bien-être matériel. On amènerait ainsi
des privations dans la nourriture, dans le vêtement, dans le com-
bustible et dans le logement , ce qui serait plus nuisible que le
séjour dans des ateliers généralement mieux aérés et mieux
chauffés que la demeure de l'ouvrier; les enfants, d'ailleurs , y
perdraient sous le rapport de l'aptitude au travail.
Ce système n'aurait même pas pour résultat de procurer plus de
travail aux ouvriers plus Agés. Le contraire aurait lieu ; car il amè-
nerait la fermeture de beaucoup de fabriques où les forces phy-
siques sont peu recherchées, et pour lesquelles te moindre prix
de main-d'œuvre que l'on paye aux enfants et aux femmes est une
condition d'existence, en présence de la concurrence étrangère.
B, — Question» hygiénique* et économiques.
20" question. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier , employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
rbpobsr. — L'état de santé des ouvriers et des enfants présente
plus d'un côté affligeant. Mais il faut moins l'imputer à la profes-
sion qu'ils exercent, qu'aux habitations qui sont ordinairement
resserrées, froides et humides. L'autorité ne pourrait assez se
préoccuper de la nécessité d'assainir fes quartiers habités par les
populations des fabriques et d'y faire régner la propreté. Cela
exerce encore une influence directe sur l'ordre intérieur des maisons.
SI' question. — Quels sont les dangers et accidents auxquels ils
sont exposés ; les maladies, les infirmités, les difformités auxquelles
ils sont sujets?
réponse. — A l'exception des travaux des naines et des pou-
drières, nous n'avons a signaler, dans notre ressort, aucune indus-
trie qui offre des caractères particulièrement alarmants pour la vie
ou pour la santé de l'ouvrier.
Comme nous l'avons exposé dans la précédente réponse, fes
maladies et les difformités qui se font le plus fréquemment remar-
quer chez nos ouvriers, tiennent à d'autres causes : ces infirmités,
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE LIEGE. 175
■ont, le plus généralement, des goitres et des scrofules, des cancers
et des ulcères, dont on aurait tort de rechercher la cause dans la
vie des ateliers.
22* question. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier?
hbponse. — Chez nos ouvriers, le pain et la pomme de terre,
un peu de graisse commune et du sel ; rarement de la viande. Le
café est devenu leur boisson indispensable. La bière n'entre presque
jamais dans la dépense intérieure du ménage de l'ouvrier, qui la
consomme au cabaret. Userait philanthropique de lui rendre cette
boisson d'un usage moins coûteux en tempérant les rigueurs de
l'accise et de l'octroi.
23* question. — Comment est-il logé d'ordinaire , et combien
paye-t-il par semaine pour son logement?
répossb. — Mal. Une même pièce sert d'habitation, de cuisine
et de chambre à coucher pour les parents et les enfants.
Cette partie de la dépense varie nécessairement, suivant les loca-
lités et la rue, et d'après le plus ou le moins d'espace ou de com-
modité qu'offre le logement. Le prix de cette location est , par
mois, en moyenne, de 3 à 9 francs.
24" question. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations ?
réponse. — Pendant les dernières années, la majeure partie de
nos industries ont eu a subir, pour les salaires, l'influence du ren-
chérissement des denrées et des habitations. L'augmentation a été
de 10, 20, 30 et même de S0 pour •/..
25" question. — Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable? Peut-il faire des économies?
réponse. — Nous le croyons au point de vue général. Beaucoup
d'ouvriers qui ne sont pas surchargés d'enfants ou qui en reçoivent
déjà des secours, pourraient faire des économies s'ils apportaient
plus d'ordre dans l'intérieur du ménage, et s'ils tenaient une conduite
plus régulière , avec plus d'assiduité au travail , en renonçant,
surtout, à l'habitude contractée par un grand nombre, de chômer
tout ou partie du lundi.
26" question. — A combien estimez-vous , en moyenne , par
Digilizedby GOOgle
176 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
jour ou par semaine, ses bénéfices et le coût de son entretien et de
celui de sa famille?
sépohse. — Il est difficile de poser des chiffres que le genre de
travail et l'aptitude de l'ouvrier peuvent modifier à l'infini. On peut
cependant évaluer entre 7 et S francs le salaire hebdomadaire
d'un ouvrier; celui de sa femme, entre 5 fr. 50 c. et 4 francs, et
celui d'un ou de deux enfants, de 2 et 5 francs. Son gain total
varierait donc, en moyenne, de 12 fr. 50 c. à 17 francs. Le coût
de son entretien doit se régler nécessairement sur le plus ou moins
d'importance de ce gain;
27" QCBSTion. — Quelle est, en général, la condition, morale des
ouvriers dans votre ressort?
bbmmsb. — En général, nos ouvriers sont soumis ; mais l'esprit
d'ordre et de prévoyance manque au plus grand nombre.
28* qubstiok. — Sont-ils adonnés à l'ivrognerie ?
H&poxsE. — On voit peu d'ouvriers de fabriques qui s'abstiennent
de liqueurs alcooliques , et qui np n'enivrent pas de temps à autre.
Le bas prix du genièvre est une calamité pour les familles ouvrières
et pour l'industrie. C'est par l'usage de cette boisson qu'une partie
précieuse du revenu de l'ouvrier est enlevée à l'alimentation du
ménage, et qu'il en , résulte un abrutissement aussi préjudiciable
à l'ouvrier qu'à sa femme et à ses enfants.
29° qebstio!». — Y en a-t-il beaucoup qui vivent en concubi-
nage?
ebvorbb. — Oui. Une société établie ici depuis deux ans, sous
le nom de Saint-François Régis, veille a réprimer oe genre de
désordre avec le zèle le plus actif , et on lui doit déjà les meilleurs
résultats. Il faut espérer que les moyens d'instruction qui sont mis
à la portée de la classe pauvre, serviront, en se répandant, à en
améliorer ses mœurs et à lui faire comprendre ses devoirs.
30* QUB.STI0K. — Les moeurs des jeunes ouvrières sont -elles
ordinairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la
confusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils leur
être nuisibles ?
rbponbjj. — Les jeunes ouvrières conservent difficilement des
moeurs pures, au milieu des fabriques où se trouvent ordinairement
de nombreuses réunions d'hommes. II serait sans doute désirable
que la confusion des sexes n'eut pas lieu dans tes ateliers ; mais ,
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE LIÈGE. 177
dans l'état de nôtre industrie, l'idée d'une séparation complète pour
les femmes, serait aussi peu réalisable que celle de vouloir donner
une organisation à part au travail des enfants.
31* question. — Quelles sont les principales causes de l'in con-
duite de l'ouvrier?
réponse. — Ces causes sont, d'abord, l'absence de bons eiem-
ples.au foyer paternel et d'une éducation première, et, plus tard,
la facilité qu'il trouve à satisfaire sa passion pour les liqueurs fortes ,
ce qui l'entraîne bientôt à d'autres desordres.
32* questiou. — Exîsle-t-il, tant sous le rapport physique, que
tous je rapport moral, quelque différence bien tranchée:
A. Entre l'ouvrier des villes et' celui des campagnes?
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier. en petite réunion ou isolément? .
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant, chez un
maître?
nipoiiB». — r De meilleures conditions dans l'état atmosphérique
des habitations, un autre genre de' nourriture et d'habitudes,
établissent l'avantage, sous .le rapport physique, en faveur de l'ou-
vrier des campagnes. Au point de vue moral, l'ouvrier, des campa-
gnes se distingue encore de l'ouvrier des villes, par un plus grand
esprit d'ordre et: de famille, et par un sentiment religieux plus
profond'. Il doit ces avantages aux bons exemples qui lui ont été
donnés, et à ce qu'il a été moins exposé à la corruption.
Les mêmes- différences morales , dues aux mêmes causes a peu
près, se font remarquer entre l'ouvrier qui travaille en grande
réunion et celui qui travaille en petite réunion. ou isolément ; entre
l'enfant dès fabriques et celui qui travaille en qualité d'apprenti
chez un maître , parce que le contact avec des individus vicieux
n'a pas lieu aussi fréquemment ni au même degré pour l'un comme
pour l'autre.
33° question. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes? Quelles seraient les réformes à y apporter?
Barons*. — Relativement aux industries de notre ressort, nous
ne pourrions signaler aucun -abus. Nos grands établissements n'ont
adopté aucun mode particulier d'engagement où d'apprentissage
pour les enfants ; il est alloué A chacun d'eu» un salaire, presque en
«^.Google
178 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
débutant dans l'atelier. Ceat le degré d'aptitude qui règle exclusi-
vement celte matière.
La législation des livrets est ici partout en rigueur. Il serait
dangereux d'y vouloir ajouter, eu égard aux changements et aux
modifications que nos diverses branches d'industrie ont sans cesse
a subir et aux nécessités qui viennent à surgir.
Dans beaucoup de cas, on s'exposerait à nuire aux ouvriers
comme aux maîtres, si l'on fixait des limites; chaque (ois, surtout,
qu'on aurait des rivaux en présence. Notre époque se prêterait
difficilement a ce qui rappellerait le régime des jurandes.
Cependant des règles particulières , sanctionnées par l'usage ,
régissent encore certaines professions qui s'exercent avec un
moindre développement. Jusqu'à présent, il n'en est résulté aucune
plainte , et on ne désire y voir apporter aucune modification.
34" question. — Y a-t-il lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands
établissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous
les jeunes ouvriers sans distinction , qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion , à l'extérieur ou à domicile?
&ÉPONBE. — Des mesures de protection étant adoptées, il faut,
sans doute/ les étendre à tous les enfants sans distinction , qu'ils
travaillent en grande ou en petite réunion, a l'extérieur ou à domi-
cile, les mentes effets devant résulter partout des mêmes causes.
55" qubstiok. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son bien-
être physique et moral?
KÉPorssK. — Des bureaux de bienfaisance dans toutes les com-
munes. Au chef-lieu de la province, cette institution se divise,
dans chaque paroisse , en comités de secours.
On y a établi des écoles gardiennes gratuites ; des écoles primaires
communales, pour les garçons et les filles, sont ouvertes a tous les
indigents. Plusieurs établissements du même genre ont été érigés
par les frères de la doctrine chrétienne et par des associations reli-
gieuses de femmes. Des écoles du soir et du dimanche y sont en
plein exercice, établies spécialement en faveur de la classe ouvrière,
à côté d'une école industrielle préparatoire et d'une école indus-
trielle fortement organisée, à laquelle il vient d'être annexé une
chaire d'hygiène populaire. Ces deux établissements ont été fondés
par la commune. Enfin, il y existe des hospices civils et de nom-
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE LIEGE. 179
breuses institutions de bienfaisance , élevées et soutenue* par ta
charité privée.
Mais, d'une part, le besoin que beaucoup de parents éprouvent
de faire gagner, de bonne heure , un salaire à leurs enfants ; et,
de l'autre, leur entière indifférence relativement à leur avenir,
continuent à priver le plus grand nombre des bienfaits que ces
divers établissement» sont susceptibles d'assurer à la classe indi-
gente.
Suivant nous , il doit suffire de chercher a faire participer le
plus grand nombre possible à l'influence de ces institutions.
36* question. — Quels seraient , indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail, les moyens propres à améliorer la
condition des jeunes ouvriers?
aiponsE. — Nous avons déjà émis notre opinion relativement aux
inconvénients qui résulteraient d'une réduction de travail qui ne
se concilierait pas avec notre organisation industrielle , et nous
avons indiqué, dans les réponses qui précèdent, les moyens les plus
propres, suivant nous, à améliorer la condition physique et morale
des jeunes ouvriers.
Après ces détails exigés par l'enquête, la chambre croit, H. le
Gouverneur, avoir à émettre quelques considérations susceptibles
de ramener cette enquête aux vraies proportions qu'elle comporte.
Tout en applaudissant aux sentiments de philanthropie qui ont
suggéré cette louable intervention du gouvernement dans l'appré-
ciation du travail imposé à l'enfance , il est facile de se convaincre,
par la nature des questions posées , qu'on a cru entrevoir le mal
là où il n'existe pas, et que, par conséquent, on risque de s'égarer,
sans trouver le remède aux souffrances de cette portion si intéres-
sante de la société.
Qu'on ne s'y trompe pas : ce n'est pas le travail de l'atelier, mais
l'absence d'une nourriture substantielle , d'une habitation saine et
aérée , d'un vêtement et d'une chaussure convenables a leur Age ,
qui étiole, mine et dévore les enfants de la classe ouvrière,
et les met, pour ainsi dire, en coupe réglée.
Cest là que gtt la cause de cette déplorable moisson, on ne peut
le méconnaître ; mais il a paru plus facile de la chercher ailleurs,
parce qu'il y avait plus d'espoir d'y trouver remède. C'est éluder
la question et tourner la difficulté, sans réfléchir que les sympa-
thies qu'on éprouve pour l'enfance pourraient, en dernier résultat,
lui être plus nuisibles que favorables.
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160 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
En effet, qu'on consulte les personnes qui s'occupent d'hygiène
publique, ou plutôt qu'on visite les écoles gardiennes, qui, sous de
nombreux rapports, conservent le régime de l'atelier, et on y con-
statera ce fait , que dans les années d'abondance , alors que la vie
animale est à bon compte, que l'industrie permet de rémunérer
suffisamment le travail 9e l'ouvrier, les enfants jouissent générale-
ment d'une bonne santé, qu'ils sont frais, dispos , bien conformés.
Survient -il une année où le prix des denrées alimentaires augmente,
où les salaires diminuent; alors, dans cette même école, on ne verra
plus que des visages pâles , une génération maladive et amaigrie ,
subissant déjà des infirmités physiques et la privation des joies et
des plaisirs de l'enfance.
Un peu moins de travail dans l'atelier, un peu plus d'exercice au
grand air, suffiraient-ils pour calmer ces souffrances? Assurément
non : c'est du pain qu'il faut à ces enfants, avant tout. Eh bien, en
diminuant les heures de travail assignées aux enfants employés
dans les fabriques , on diminuera les salaires, et, par conséquent,
les moyens de pourvoir, non-seulement .à leur propre subsistance ,
mais encore à celle de leur famille.
On ne prétendra certes pas mettre à la charge de l'industriel le
soin tout providentiel de fournir à la subsistance des enfants , en
obligeant ceux qui: les emploient à les rétribuer d'une manière
égale pour un nombre déterminé d'heures de travail. Ce serait
faire facilement de la philanthropie que d'astreindre l'industriel
à remplir eu quelque sorte l'office du bureau de bienfaisance. '
Certainement-, il ne faut pas que l'enfant succombe à la tâche,
qu'on l'oblige à entreprendre un travail au-dessus de son Age,
ou qui puisse nuire eu développement de ses forces physiques ,
soit parce qu'il exigerait trop de fatigue, soit parce qu'il l'expo-
serait a des émanations morbides ; ce sont la des éventualités
auxquelles l'intervention tutélaire du gouvernement doit parer.
La chambre croit devoir insister sur. ce point, que loin de s'y
opposer, elle sollicite une surveillance plus active que celle qui est
exercée aujourd'hui dans les : fabriques par la police locale ; mais
elle demande, en même temps, qu'on évite un autre écueil, celui
de nuire , au lieu de venir en aide aux misères de l'enfance et de
la classe ouvrière j car il ne faut pas s'abuser au point de croire
qu'en réglementant l'industrie , on l'aura sauvée. Il faut plutôt
aviser au moyen, de l'alimenter, de la vêtir et de la loger. Alors
la lâche du philanthrope pourra s'agrandir. C'est là le problème &
-,::„d,vGooyle
CllAMBBE DE COMMERCE DE LIÈGE. 181
résoudre, et à la solution duquel le .gouvernement doit pousser en
faisant appel à toutes les intelligences généreuses. Appelée a donner
son avis, la chambre de commerce de Liège s'empressera d'y ap-
porter le contingent de ses recherches ; en un mot, c'est l'organisa-
tion de la bienfaisance publique et privée qu'il importe d'assurer et
d'étendre a tous les membres souffrants de la classe ouvrière, dont
le sort est tout aussi digne d'intérêt que celui des prisonniers, auquel
nos publicistes consacrent tous leurs soins. Déjà, on a explore tout le
monde civilisé pour constater le mérite d'un bon système péniten-
tiaire ; on s'est, avec raison, apitoyé sur les repris de justice. Il n'y
a qu'a féliciter le gouvernement d'avoir prêté son- louable concours
à cette amélioration, liais le temps est venu aussi de faire dispa-
raître une anomalie sociale qui, souvent, place l'ouvrier dans une
condition inférieure à celle du prisonnier. Pour ne citer qu'un fait,
n'est-il pas déplorable qu'en cas de maladie , l'ouvrier , ses enfants
et sa famille ne puissent recevoir un traitement aussi favorable que
celui du reclus? Et n'est-ce pas, jusqu'à un certain point, mat pla-
cer sa compassion, quelque respectable que soit le motif, que d'or-
ganiser des collectes dont le produit vient en partie satisfaire les
menus plaisirs du prisonnier , alors que , faute de travail , ou par
suite de maladie , d'honnêtes artisans et leurs familles éprouvent
tous les maux et toutes les privations de la misère ?.
- Telles sont les réflexions que l'enquête a suggérées à la chambre
de commerce de Liège. Elle vient vous les présenter, M. le Gou-
verneur , et vous offrir , en même temps , l'assurance de sa haute
considération.
Le Secrétaire, Le Vice-Président,
, Fais. Gilsus. V. Bu.LmojD.
DglizedOy GOOgle
182 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
A. — Question* spéciale» au travail des enfants.
1™ QusaTiOK. — Quels sont, dans voire ressort, les industries où
l'on emploie de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans , et dans
quelle proportion s'y trouvent ces derniers 7
uÉPOKSE. — Les faïenceries d'Aodennes, les houillères, les
papeteries, les filatures, les Fabriques d'objet» de terre plas-
tique, les établissements de forgerie, les fabriques de cuivre, les
coutelleries , les cristalleries et verreries , les fabriques de ceruse,
les marbreries et les houillères de la Sambre.
On emploie, dans diverses proportions, des ouvriers au-dessous
de seize ans, dans tous les établissements précités, excepté dans les
fabriques de ce ru se.
A. Dans treize usines à ouvrer le fer (en ne comprenant que
les employés à l'intérieur, abstraction faite de nombreux bûche-
rons, fauldeurs, mineurs, voituriers, etc., occupés à l'apprêt des
matières premières) on occupe quatre cent deux jeunes ouvriers,
dont un dixième n'a pas atteint l'âge de seize ans.
B. La même proportion peut être admise pour les fabriques de
cuivre-laiton.
C. Sur quarante-neuf ouvriers de notre principale fabrique de
couteaux à Namur, trois seulement n'ont pas seize ans. -
F. Deux établissements qui exploitent et travaillent le marbre ,
occupent deux cent sept ouvriers , dont dix-neuf n'ont pas atteint
leur seizième année.
G. Une grande houillère de la Sambre en emploie sept sur
soîxante-cinq.
Résumant ces données, l'on trouve que la proportion des ouvriers
au-dessous de seize ans est de près de treize pour%8ur la masse.
2' QFESTioti. — A quel Age admet-on, en général, les enfants dans
ces établissements ?
BÉPonsi. — Dans les faïenceries d'Andennes, les houillères, les
mines, les papeteries, les filatures et les fabriques d'objets de terre
plastique, on admet généralement les enfants a dix ans , rarement
au-dessous.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE NAMUR. 185
Dans les forgea et fonderies de fer, la coutellerie , la cristallerie
et les fabriques de cuivre dont noua avons parlé, on reçoit les
enfants aussitôt après leur première communion. Ils doivent com-
mencer jeunes pour parvenir à être ouvriers à l'âge ou ils en ont
la force.
Dans les fabriques de céruse , l'on n'accepte que des ouvriers
dont l'âge offre quelques garanties contre l'insalubrité de ce genre
de préparation.
Dana les exploitations de marbre et dans les houillères , on ne
reçoit pas d'enfant au-dessous de neuf ans.
L'article 29 du décret impérial du 3 janvier 1813 défend de
laisser descendre dans les mines des enfants au-dessous de dis ans.
Cette partie de la loi n'est pas fidèlement observée.
3* qubstioh. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfanta? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé ?
&BPOTOE. — En général dans les forges, les fabriques de cuivre,
de couteaux , de cristaux , les enfants ne sont employés qu'à des
travaux faciles qui ne gênent en rien leur- développement physique;
cela leur donne au contraire cette aptitude au travail, ce tour de
main que l'on n'acquiert que par un long usage. Dans les faïen-
ceries, ils font mouvoir des tour*. Dans les fabriques de papiers
et de terre plastique , on les emploie aux travaux de manoeuvre
les plus légers; chez les fileurs de coton, a la surveillance des
machines. Ces travaux nuisent aux jeunes ouvriers, à cause de leur
durée et de la température qui règne dans les ateliers , et surtout
à cause de la poussière que l'on y respire. Dana les mines et dans
les houillères, ils traînent habituellement, sur de petits chariots, les
produits de l'extraction.
En général, dans les exploitations, le genre de travail auquel les
enfants sont souvent seuls convenables, contribue forcément à
produire chez eux une foule de graves accidents , qui , comme on
le voit d'après les demandes auxquelles doit faire droit la caisse de
prévoyance, les rendent impropres au travail à un âge où d'autres
pat acquis un plus grand degré de force.
4' ooxsTiOH. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les entants? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive.
atsonsi. — La durée du travail est généralement de huit heures
^y Google
184 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
dans les -houillères; de douze heures dans le» fabriques, et de
.quatorze heures dans les filature*. ■.--■■
Dans les forges, l'enfant est payé à forfait, comme l'ouvrier ; les
vingt-quatre heures sont divisées par des intervalles de travail et
de repos successifs, de manière à ce que l'enfant ne soit pas occupé
plus de dix & douze heures par jour. Il en est de même dans les
fabriques de cuivre et de couteau*.
Les ouvriers de verreries travaillent onze heures; lés tailleurs sur
cristaux, dix heures.
Dans les carrières de marbre, les ouvriers- sont employés onze
heures en été , et huit a neuf heures en hiver.
Dans les mines, ils travaillent par périodes de huit heure*.
5° question. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux ;
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants? ■
uteoiisi. — Dan* le* établissements où le travail est continu;
ils n'ont point d'heure fixe pour le repos.
Dans d'autres,- on leur accorde trente ou soixante minute* à huit
heures ou au déjeuner; soixante minutes à raidi, et trente minutes
à quatre heures ou vers le soir. ■ ■ ' ,
Le travail de huit heures de l'enfant mineur, n'est ordinairement
suspendu que pendant une demi-heure pour les repas.
Le temps de travail noua parait beaucoup trop long, surtout
celui que l'on consacre, au traînage des produit* d'extraction,, h
travers les galeries étroites et humides de- certaines mine*.
6" question. — Les enfants et le* jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se
combine-t-il avec le travail de jour?
répons*. — On ne travaille pas habituellement la suit. Dans les
forges, les ouvrier* «'entendent pour que chaque semaine une nou-
velle brigade travaille pendant-la première partie de la nuit.
Dans les fabrique*- de cuivre, la fonte qui commence à six heures
du matin,, finit à six heure* du soir. Dans certains laminoirs, tréfi-
lerîes et batteries, on travaille de minuit à midi, et de midi à minuit.
Les enfants sont alternativement occupés six heures de nuit et six
heures de jour. *
Dans les coutelleries on ne travaille pas la huit.
La fonte des cristallerie* exige un travail de nuit auquel les
enfants prennent part.
Dans tes mines ils font leur période de nuit.
DgtizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE NAMUR. 185
7* QUOTioH. — Y a-l-il des établissement» où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail mel-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement Jes enfouis, puissent remplir leurs
devoirs religieux. *
kcfosse. — Dans aucun des établissements précités on ne tra-
vaille le dimanche , si ce n'est dans des cas d'urgence et pour des
réparations indispensables. Et si, par cas exceptionnel, on doit'
travailler dans certaines fonderies de fer, de cuivre ou de cristal,.
pour entretenir le feu, ou dans quelques mines pour l'épuisement
des eaux, ce travail ne met point obstacle k ce que les ouvriers
puissent remplir leurs- devoirs de religion.
8" question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des jeunes
ouvriers» en spécifiant, autant que possible, les industries, les sexes
et les Ages?
EÉroBSB. — Les jeunes filles de dix à quinze ans, gagnent, terme'
moyen, ' 40 centimes par jour à la filature de coton j les garçons
gagnent, de 50 centimes a 1 franc , dans quelques autres Indus-
tries.
Les enfants attachés, aux forges peuvent gagner 25 francs par
mois de vingt-six jours ou. . . ■ . par jour, fr. » 96
. Ceux qui nettoient les objets de moulage,
10 à 15 fr. ou environ. ....... id. * 50
Ceux qui travaillent dans les usines a cuivre. id. * 75
Dans les coutelleries. . . ,. . . . id. ' » 60
. Dans les fabriques de cristaux :
Les femmes. ........ . id. 1 ».
Les enfants de douze a seize ans. . id. * 90
Dans les marbreries :
Les femmes. ........ id. 1 »
Les enfants de douze a seize ans. . . id. » 75
Dans les houillères : •
Les femmes. .._..:... id. 1 »
Les enfants de douze à. seize ans. id. » 80
9* QDBSTiOK. — Quel est, dans les diverses branche* d'industrie,
' l'avantage que l'on trouve a employer des femmes et des. enfants ,
de préférence aux hommes adultes? Quels sont, Indépendamment
de l'augmentation des salaires T- les avantages que retirent les
familles d'ouvriers de l'emploi des e
-, .j, Google
186 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
BÉpoHSB. — L'avantage que l'on trouve à employer des enfants
et des femmes consiste uniquement dans l'économie.
Toutefois, il y a obligation de n'employer que des enfants dans
certains travaux de mines inaccessibles à des hommes faits.
L'avantage que retirent les familles d'ouvriers de l'emploi de
leurs enfants, indépendamment du salaire qu'ils en retirent, est
que les enfants acquièrent de bonne heure l'habitude du travail
et de l'ordre.
L'apprentissage ,■ commencé de bonne heure , forme de bons
ouvriers; et les familles s'assurent par là aide et assistance dans
l'avenir, en donnant un état à leurs enfants.
10* qoestiok. — L'intérêt de certaines industries exige-l-il
impérieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
11° question. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent à leur position ? Quelle
est aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement , et en
quoi fait-elle défaut?
befokse. — Il est assez difficile de concilier l'intérêt des industries
qui emploient des enfants avec la nécessité de procurer a ceux-ci
une éducation et une instruction qui conviennent à leur position.
Le travail des enfants est ordinairement combiné avec celui des
adultes et doit avoir la même durée. Si donc, pour obvier à cet
inconvénient et diminuer la durée du travail des enfants, l'indus-
triel est obligé d'avoir deux relais d'enfants, il devrait supporter
un surcroit de frais ou faire subir aux ouvriers une réduction de
salaire.
Il est impossible que des enfants, exténués par douze ou quatorze
heures de travail, soient disposés à donner à leur instruction, dont,
en général , ils ne sentent pas le besoin , le temps nécessaire à
la réparation de leurs forces.
L'instruction, tant morale que pratique, est, en général, très-
peu avancée chez nos ouvriers.
L'instruction qu'ils reçoivent aujourd'hui, se borne pour ainsi
dire à la préparation bien incomplète à la première communion.
L'absence des plus simples éléments scientifiques ou mécaniques
se fait vivement sentir chez nos ouvriers en tous genres.
Les renseignements suivants que nous avons pu obtenir pour
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE NAMUR. 187
quelques branches d'industrie, démontreront combien l'instruction
des ouvriers est négligée.
Sur mille trente-trois ouvriers occupés dans treize forges, deux
fabriques de cuivre, une de couteaux, une de cristaux, une de
céruse, deux marbreries et une houillère :
388 ou 37 p. % ne savent ni lire ni écrire.
589 ou plus de 37 p. "/„ savent lire et écrire imparfaitement.
248 ou 24 p. '/, gavent lire, écrire et calculer.
8 seulement savent le dessin.
1,035.
Cet état de choses ne peut cependant que s'améliorer en pré-
sence de la loi sur l'instruction el de l'établissement des écoles par
les caisses de prévoyance en faveur des ouvriers mineurs.
12° question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'âge,
la limite inférieure pour l'admission des enfantsaux divers travaux?
afarnsE. — Nous croyons qu'un enfant ne devrait être admis
dans une fabrique ou usine quelconque , qu'après avoir fait sa
première communion , c'est-à-dire après sa dixième ou onzième
année.
13" qubstios. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants? Comment gradue-
riez-vous cette durée selon les Ages?
bbpowse. — II nous parait difficile d'établir uniformément la
durée du travail , qui doit au contraire nécessairement varier,
selon la nature et les conditions de ce travail. Un enfant est plus
apte à un travail actif et en rapport avec les goûts et les habitudes
de son âge, qu'à un travail sédentaire qui s'effectue dans l'atmo-
sphère viciée des fabriques.
La durée du travail, dans ce dernier cas, doit évidemment être
moindre que dans l'autre.
14" qubstios. — Jusqu'à quel âge le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers?
aÉpoasB. — En n'entrant au service d'un établissement que vers
onze ans , l'enfant pourrait s'habituer, dans certaines industries ,
comme dans la forgerie , la fabrication du laiton , etc. , à veiller
deux semaines par mois , six heures chaque nuit , sans grand
inconvénient pour sa santé . Il n'en est pas de même dans les
*by Google
188 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
fabriques fermées où, pendant la nuit, les produits de la combus-
tion ajoutent encore aux miasmes délétères accumulés dans tin
petit espace.
Il serait toutefois à désirer que l'on put supprimer entièrement
lé travail de nuit, généralement nuisible à la santé des enfants , et
qui , à cause de leur imprévoyance et de la difficulté qu'ils éprou-
vent de résister au sommeil, présente de grands dangers d'in-
cendie.
15" question. — Ne conviendrait- 11 pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain âge l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
rbfoksx. — Les fabricants de céruse semblent avoir compris
l'importance de cette question; car ils n'occupent que des hommes
et des femmes de l'âge de vingt ans environ.
Certaines industries ne peuvent se passer d'enfants, qui, par
leur taille, sont seuls aptes à certains travaux:. Ainsi, par eiemple,
les houillères se passeraient difficilement d'enfante pour: l'exploi-
tation des galeries basses et étroites.
16° questioh. — A quel âge pourrait-on laisser l'ouvrier fibre
de s'engager dans les fabriques, etc., sans qu'aucune restriction
fut apportée â la durée de son travail?
KXroHSK. —.On ne pourrait préciser l'âge auquel un ouvrier
serait libre de s'engager dans une fabrique , sans restriction sur
la durée de son travail ; cet âge devrait, sir était possible, être
subordonné a la nature de l'occupation, à laquelle il voudrait se
livrer.
La santé d'un mineur, d'un' fabricant de céruse, est bien plus
exposée que celle d'un forgeron pu d'un fondeur. A part son âge,
il serait bon de faire constater la force et la constitution de l'ou-
vrier par un médecin ou un chirurgien, comme cela se fait, pen-
sons-nous, en Angleterre, avant de l'admettre a certain genre de
travail.
17" question. — Pour satisfaire k tous les intérêts, ne pourrait-
on pas former, comme en Angleterre, des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement en se relayant a certains intervalles?
18" question. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur système
que l'on pourrait adopter pour les relais? En tonnant, par exemple,
deux brigades d'enfants qui travailleraient l'une le matin, l'autre
DiglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE NAMUR. 189
l'après-midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail avec ceux
de la santé et de ['instruction des jeunes ouvrière?
réponse. — . C'est, en d'autres termes , la dixième question qui
réduirait la durée du travail des enfants a six heures par jour.
Comme nous t'avons dit plus haut, cette réduction, éminemment
utile au développement physique et moral des jeunes ouvriers ,
aurait pour résultat de diminuer leur gain , ou d'augmenter les
frais du maître.
Du reste , la proportion des enfants employés dans les divers
établissements dont nous nous sommes occupés, est. trop petite
pour qu'une modification dans la durée du travail puisse influer
d'une manière sensible sur les intérêts des fabricants.
Toutefois, en admettant la réduction de la durée du travail des
enfants, il faudrait avoir soin que le temps de repos rut en partie
consacré à leur instruction ; car mieux vaudrait les laisser travail-
ler dans les usines, si le repos qu'on veut leur accorder n'était pas
employé ît leur amélioration morale et intellectuelle.
19* question. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
j4. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers et
l'augmentation de leur aptitude?
B. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers plus
Agés?
aeponsB. — L'expérience peut seule démontrer si cet inconvé-
nients seraient compensés.
B. — Questions hygiéniques et économiques.
20" QUKSTiori. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établissements
industriels de votre ressort ?
aÉPonsE. —Les ouvriers de certaines fabriques, mines, houil-
lères, etc. , sont en général d'une santé robuste et d'une stature
peu élevée.
Dans les forges, les fabriques de cuivre, les coutelleries, les cris-
talleries, les marbreries, la santé des ouvriers , tant enfants
qu'adultes, parait généralement bonne. .
ly Google
100 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
21e question. — Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ilssontexposés; les maladies, les infirmités, les difformités auxquelles
ils sont sujets?
beponsb. — La phthisie et les scrofules sont des maladies fort
communes chez les ouvriers, notamment chez les ouvriers mi-
neurs ; car, outre qu'ils exposent chaque jour et à chaque instant
leur vie, ils sont encore souvent affectés de pulmonie, d'ul-
cères, de déviations et de difformités des membres, surtout des
jambes et de la colonne vertébrale. Ces accidents proviennent de
l'humidité et des positions forcées et continues auxquelles ils sont
astreints, a cause de l'exiguïté de l'espace dans lequel ils doivent
travailler.
On remarque que les ouvriers forgerons ou roarteleurs de cuivre,
sont souvent affectés de surdité.
Les ouvriers fabriquant la céruae sont exposés à de graves mala-
dies, et entre autres aux coliques de plomb.
11° question. — Quel est le régime alimentaire babituel de
l'ouvrier?
skpoubb. — Le régime alimentaire de l'ouvrier se réduit a du
pain, des pommes de terre, du café, quelquefois de la bière,
rarement un peu de viande, et souvent du genièvre ou de l'eau-
de-vie.
On peut dire que le mouleur, le forgeron et le fondeur sont
soumis à un véritable traitement hydrosudopathique permanent.
28" question. — Comment est-il logé d'ordinaire, et combien
paye-t-il par semaine pour son logement?
brfonsb. — Dans les usines à ouvrer le fer et le cuivre, l'ouvrier
demeure toute la semaine à l'établissement.
Les ouvriers de certaines fabriques retournent généralement
chaque soir dans leur famille.
Quant a ceux qui ne retournent point chez eux, ils trouvent à se
loger passablement pour 1 franc ou 1 fr. 50 centimes par semaine.
14* question. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-
lions sensibles depuis un certain nombre d'années , et quelles sont
ces variations?
réponse. — Le salaire de nos ouvriers a subi une assez forte
réduction depuis quatre ans, surtout pour les ouvriers artisans
(gens de métier). Hais celui du manœuvre a peu varié.
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE NAMUR. 191
25° question. — Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable? Peut-il Faire des économies '!
bbpoitsb. — Le salaire actuel de l'ouvrier suffit , en général , à
procurer une existence supportable 1 celui qui a de l'ordre ; mais
nous ne croyons pas qu'il lui soit possible de faire des économies,
surtout quand il a une nombreuse famille à nourrir.
26" question. — A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine , ses bénéfices el le coût de son entretien et de
celui de sa famille?
ssPonSB. — Dans certains établissements, la moyenne du salaire
du manœuvre peut être évaluée à 1 franc 25 centimes par jour;
celle de l'artisan varie de 2 à 5 francs par jour.
La pension de l'ouvrier s'élève, pour la nourriture et le loge-
ment , de 90 centimes à 1 franc par jour.
Pour quelques autres établissements , ainsi que nous l'avons dit
à propos du travail de nuit, le salaire moyen des enfants serait
de 75 centimes par jour, ou 4 francs 50 centimes par semaine.
Celui des femmes de 1 franc par jour, ou 6 francs par semaine.
Dans les forges et fonderies, l'ouvrier adulte gagne, en moyenne,
d'après le relevé de seize données diverses, par jour, fr. 1 91
Dans les usines a cuivre id. » 1 73
Dans les fabriques de couteaux. ... id. « 1 75
Dans les cristalleries et les verreries. id. •• 5 ■
Les tailleurs sur cristaux id. « 3 »
Dans les fabriques de céruse id. * 1 20
Dans les marbreries id. » 1 90
Dans les houillères de la Sambre. . . id. ■ 1 40
La moyenne est de 2 fr. 23 c. par jour , ou 13 fr. 38 c. par
semaine de six jours.
27* questiok. — Quelle est, en général, la condition morale des
ouvriers dans votre ressort?
Réponse. — La moralité de l'ouvrier doit se ressentir du manque
presque absolu d'instruction et d'éducation.
28' question. — Sont-ils adonnés & l'ivrognerie?
bepobsb. — L'usage de l'eau-de-vie est général . *
29' question. — Y en a-l-il beaucoup qui vivent en concubinage?
réponse. — Les mœurs sont en général peu sévères , sans que
cependant le libertinage soit poussé a l'excès.
«by Google
19* RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
30" question . — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles .ordi-
nairement bonnes ? Jusqu'à quel point le rapprochement et la con-
fusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils être
nuisibles? ' ;■,
bépohsk. — La confusion des sexes dans les ateliers hâte natu-
rellement le développement des instincts physiques.
31° QUESTioif. — Quelles sont les principales causes de l'incon-
dui le de l'ouvrier?
. reponsr. ■ — Nous signalerons comme une des premières causes
de l'iuconduile de l'ouvrier, l'ivrognerie et l'absence de sentiments
religieux, etc.
32* qukstioi». — Existe-t-it , tant sous le rapport physique que
sous le rapport moral, quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes?
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître?
réponse. L'ouvrier des campagnes est physiquement mieux par-
tagé que celui des villes. Nous ne croyons pas qu'il y ait, sous le
rapport moral, de différence bien tranchée.
33* ocbstioh. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes? Quelles seraient les réformes A y apporter?
réponse. — - Il n'y a que fort peu d'apprentis dans notre ressort.
Le petit nombre de bons ouvriers artisans ou hommes de métier
que nous possédons, nous vient du dehors.
34" ocbstion. — Y a-t-il lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands
établissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre A tous
les jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion, A l'extérieur ou A domicile ?
kApohsb. — Nous pensons qu'il n'y aurait pas lien A s'occuper
' des enfante qui travaillent A domicile et d'ordinaire avec leurs
parents, leurs protecteurs naturels.
Des mesures protectrices en faveur des enfants employés dans
les grands établissements, sagement combinées avec les besoins de
DiglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE NAHUR. 193
l'industrie et les exigence» de la concurrence, nous paraissent très-
désirables.
55° question. — Quelles sont, dans votre ressort, les institu-
tions favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter
son bien-être physique et moral ?
mipoirSE. — L'institution de la caisse de prévoyance, fondée par
arrêté royal du 1" décembre 1859, est d'un grand secours pour
les ouvriers mineurs.
Quarante-quatre d'entre eus recevaient des pensions ou secours
au 31 décembre dernier.
4,487 francs avaient déjà été distribués par cette caisse dans
l'intervalle de trois années d'existence.
Dans la plupart des localités ou il existe des fabriques , manu-
factures, etc. , on déplore virement l'absence totale d'institutions en
faveur de la classe ouvrière.
Une école où les ouvriers pourraient puiser les principes des
arts et des sciences, remplirait une lacune fortement sentie par
tous les industriels.
36* question. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail, les moyens propres à améliorer la con-
dition des jeunes ouvriers?
Réponse. — Le bienfait d'une mesure qui donnerait des loisirs
au jeune ouvrier, serait incomplet, si elle ne lui procurait aussi
les moyens d'utiliser ces loisirs pour son instruction. Nous signalons
surtout le manque d'instruction et d'éducation de nos ouvriers,
comme le plus grand obstacle à l'amélioration de leur condition.
Kamur, le 6 novembre 1845,
Le Secrétaire, Le Président,
Bruno, fils, Lemielle-Mail-ke.
*by Google
194 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
A. — Question* spéciales au travail des enfant*.
1™ QBisTJon. — Quelles sont, dans votre ressort, les industries
où l'on emploie déjeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et dans
quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
aipoitsi. — Dans les fabriques de soie à coudre, les ouvriers au-
dessous de seize ans sont employés dans la proportion de trois sur
huit ; dans celles d'étoffes de soie, dans la proportion de un sur
cinq ; dans une fabrique de blanchisserie , teinturerie et apprêt
de calicots, tulles, etc., dans la proportion de un sur douze; dans
une fabrique de toiles à voiles, coutils, etc., dans la proportion
de un sur trois ; dans deux fabriques de papier peint, dans la pro-
portion de cinq sur dix ; dans une fabrique de siamoise, dans la
proportion de un sur cinq ; dans les fabriques de drap, dans la pro-
portion de un sur cinq; dans une fabrique de matière servant de
préparation au feutrage de vieux articles en laine, dans la propor-
tion de un sur cinq. Dans les fabriques de tabac et de cigares,
les deux tiers des ouvriers se composent d'enfants.
Les dentellières sont au nombre de trois mille cinq cents A quatre
mille.
S* odxstioh. — A quel Age admet-on , en général , les enfants
dans ces établissements?
xironsB. — Généralement, c'est à l'Age de huit ou neuf ans
qu'on commence à travailler dans les fabriques. Les dentellières,
dans les écoles, commencent vers six ans.
S* question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles à leur santé?
ïefoksi. — Dans les fabriques de soieries, de toiles à voiles, de
papier peint, de tabac, dans la blanchisserie de tulles et générale-
ment dans tous les établissements sur lesquels nous avons pu
recueillir des renseignements , les enfants sont employés exclusi-
vement s. des travaux qui ne fatiguent point et qui ne sont pas
susceptibles de nuire au développement de leurs facultés physiques.
DglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE D'ANVERS. 195
Noui n'avons qu'une seule exception à signaler, c'est le régime
auquel sont soumises les dentellières de Turnfaout et de quelques
autres localités de la Campine. Ces jeunes filles étant pour la plu-
part enfants de tisserands, les ateliers de tissage leur serrent
d'écoles ; elles travaillent dans ces endroits humides et malsains
depuis sept heures du matin jusqu'à midi, et depuis une heure de
l'après-midi jusqu'à huit heures soir, et cela dès l'âge de six ans.
Le mauvais air qu'elles respirent continuellement , joint à leur
position assise et plus ou moins courbée, ne peut manquer d'être
funeste à leur santé et à leur croissance : aussi , elles contractent
ordinairement des difformités et vieillissent avant le temps.
4* qokstios. — Quelle est la durée habituelle du travail journa-
lier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous parait
excessive.
aéronse. — La durée habituelle du travail journalier pour les
enfants est de dix à douze heures. Ce travail n'étant pas pénible
dans les fabriques de notre ressort, cette durée n'est pu exces-
sive, sauf ce que nous Tenons de dire k l'égard des dentellières.
S' ours-hob. — i- Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
liront. — Les intervalles de repos varient suivant l'ordre établi
dans les différentes fabriques. Il y en a généralement trois : un
d'une heure, et deux d'une demi-heure chacun ; cela est suffisant.
6* Quas-noTi. — Les enfants et les jeunes ouvriers «ont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail , et comment se
combine-t-il avec le travail de jour.
lÉPonsE. — Ils ne sont occupés, la nuit, dans quelques établisse-
ments, que par exception, lorsqu'il y a travail extraordinaire.
7* qukstioh. — Y a-tril des établissements où l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux?
kkpoksk. — Les seuls établissements industriels dans notre
province, où l'on travaille le dimanche , sont les distilleries, qui,
par l'effet de la législation actuelle , ne pourraient suspendre
la fabrication le dimanche, sans une perte considérable; mais les
distilleries n'emploient pas d'enfants, et leurs travaux sont réglés
de manière que les ouvriers peuvent remplir leurs devoirs religieux.
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196 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
8" question. — Quel est le salaire moyen de* enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries ,
tes sexes et les âges?
repoksb. — Dans les fabriques de soie a coudre, 20 à 55 cen-
times par jour; dans celles d'étoffes de soie, t à 1 fr. par semaine;
dans la blanchisserie de tulles, 75 centimes par jour pour les enfanls
au-dessous de douze ans et, 1 fr. 16c. pour ceux de douze à seize ans;
dans la fabrique de toiles à voiles, environ 40 centimes ; dans la
préparation de vieux objets de laine pour feutrage, 45 centimes
au-dessous de douze ans, et 64 centimes de douze à seize ans; dans
les fabriques de tabac, 40 à 65 centimes par jour.
9* question. — Quel est, dans les diverses branches d'industrie,
l'avantage que l'on trouve à employer des femmes et des enfanls ,
de préférence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires, les avantages que retirent les
familles d'ouvriers de l'emploi des enfants?
b épouse. ■ — La différence de salaire est presque toujours le seul
avantage, le travail étant trop léger et de trop peu d'importance
pour un adulte. L'emploi des enfants doit encore être considéré
comme un avantage pour les familles d'ouvriers parce qu'ils
font, sous la surveillance de leurs parents, {'apprentissage d'un
état.
10" question. — L'intérêt de certaines industries exige-t-il
impérieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes ?
xbpoksb. — Oui. Les enfants devant assister les ouvriers, il est
indispensable , dans beaucoup d'établissements, qu'ils ne finissent
leur journée qu'avec ces derniers. Mais on pourrait les faire tra-
vailler par de mi -journée.
11* question. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent à leur position ? Quelle est
aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement et en quoi
fait-elle défaut ?
■épouse. • — Dans la plupart des établissements où les jeunes
ouvriers travaillent a la fabrique même, l'organisation actuelle de
l'industrie les met dans l'impossibilité de fréquenter les écoles ;
et dans les branches où ils travaillent chez leurs parents, la cou-
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE D'ANVERS. 197
pable négligence de ceui-ci est la cause qu'ils restent également
dans l'ignorance.
12" question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'âge, la
limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux?
bépoxsr. — Nous serions d'avis de fixer pour cette limite, l'âge
de huit ans accomplis; mais comme le travail obligé est souvent
un obstacle & l'instruction des enfants, nous voudrions que les
enfant» ne sachant ni lire ni écrire ne pussent être admis avant
dix ans, que sous la condition de continuer à fréquenter l'école,
sans avoir égard au préjudice qui pourrait en résulter relati-
vement à leur journée de travail. Dans quelques années, on
pourrait même rendre cette condition obligatoire jusqu'à treize
ans; ce serait un moyen de stimuler les parents à envoyer de
bonne heure leurs enfants à l'école, afin de pouvoir d'autant plus
vite les mettre en apprentissage. Une semblable disposition existe
dans la loi française du 22 mars 1841 (art. 5).
15* question. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants? Comment gra-
dueriez-vous celte durée selon les âges?
airoiiBB. — En France, la loi précitée du 22 mars 1841 a sta-
tué que les enfants de huit à douze ans ne pourront être employés
au travail effectif plus de huit heures sur vingt-quatre, divisées
par un repos ; et que ceux de douze à seize ans ne pourront l'être
plus de douze heures, divisées par deux repos. Ces dispositions
nous paraissent très-sages, et nous serions d'avis de les adopter
pour notre pays.
14' question. — Jusqu'à quel âge le travail de nuit devrait-il être
interdit aux jeunes ouvriers?
réponse. — Tout travail de nuit, c'est-à-dire entre neuf heures
du soir et cinq heures du matin, devrait être interdit pour les
enfants au-dessous dé quatorze ans. De quatorze à dix-huit ans,
il devrait être interdit dé les employer pendant deux nuits consé-
cutives.
là* ooBSTiOK. — Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain âge l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
Biromi. — Oui ; et nous croyons que dans la catégorie des
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J« RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE,
établissements dangereux ou insalubre* , il faudrait placer le*
mine*, le* fonderies et les élamages de glaces.
La seule branche d'industrie qui toit , dans noire province ,
une source de dépérissement pour les enfants, c'est, suivant nous,
celle des dentellières qui travaillent dans les mêmes locaux que
les tisserands. Une police sévère devrait exiger, à leur égard sur-
tout, que la limite posée plus haut, tant pour l'Age que pour le
mazimumàcs heures de travail, ne fut jamais dépassée.
16* QUESTION. — A quel Age pouraiUon laisser l'ouvrier libre de
s'engager dans les fabriques, etc., sans qu'aucune restriction fut
apportée à la durée de son travail?
Birbnsi. — A dix-huit ans.
17* questioh. — Pour satisfaire a tous les intérêts, ne pourrait-
on pas former, comme en Angleterre , des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement en se relayant à de certains inter-
valles?
bbfoit3e. — La mesure serait certainement salutaire pour les
enfants. Elle n'aurait aucun inconvénient dans certaines industriesoù
les enfants ne sont employée qu'en qualité de manœuvres; mais
dans beaucoup d'autre*, où certains ouvrages doivent être com-
mencés et achevés par une même personne , une telle mesure
rencontrerait une vive opposition.
18' question. — En cas d'affirmative , quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant , par
exemple, deux brigades d'enfants, qui travailleraient l'une le matin,
l'autre l'après-midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail
avec ceux de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers?
àépowsE. — En ce cas , le meilleur système serait de les faire
relayer l'après-midi.
19' qubstiov. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés:
A. Par l'amélioration physique et morale de» jeunes ouvrier*
et l'augmentation de leur aptitude?
S. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers
plus Agés?
rkfossk. — L'inconvénient serait certainement plus que com-
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE D'ANVERS. 199
pensé par l'amélioration physique et morale des ouvriers. Hais
nous ne croyons pas que la mesure puisse augmenter sensiblement
les moyens de travail des ouvriers plus Âgés, parce que les enfants
ne sont employés qu'à des travaux trop légers pour pouvoir , eu
aucun cas, fournir a l'ouvrier un salaire journalier suffisant.
B. ' — Question* hygiéniqueê et économiques.
20" question. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier , employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
xivoHSB. — Sauf ce que nous avons dit plus haut des dentel-
lières, l'état de santé des jeunes ouvriers est généralement satisfai-
sant.
Nous entrerons , au sujet de ces questions hygiéniques , dans
quelques détails sur l'état des ouvriers dans la principale branche
d'industrie de notre ville : les raffineries de sucre. On n'emploie
que' très-peu d'enfants dans ces usines, et ceux qui y sont admis
s'occupent d'ouvrages légers. La santé des ouvriers raffineurs est
en général satisfaisante ; leur travail n'est ni nuisible, ni au-dessus
de leurs forces. Les différentes manipulations qui se rattachent a
cette industrie sont faciles à exécuter, surtout pendant l'hiver. La
fabrication du sucre candi fait seule exception sous ce rapport ;
mais les soins et les ménagements qui y sont apportés empêchent
que la sanlé des ouvriers puisse en souffrir. Deux ouvriers y tra-
vaillent alternativement, et reçoivent à chaque cuisson un salaire
extraordinaire.
La santé des ouvriers travaillant dans les fabriques de tabac
est généralement bonne. Il est même rare qu'ils soient atteints de
maladies épidémiques.
31* qukstiov. — Quels sont les dangers et accidents auxquels
ils sout exposés; les maladies, les infirmités, les difformités
auxquelles ils sont sujets ?
kbpohsb. — Nous ne connaissons aucun établissement industriel
de notre ressort où les travaux donnent lieu à des dangers ou à des
accidents graves. Les maladies sont quelquefois les suites d'excès
de boisson; les infirmités et difformités sont très-rares, toujours
en exceptant la classe des dentellières, mentionnée plus haut. Les
xuvCoo^le
200 RÉPONSES- ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
difformités que l'on rencontre parmi les ouvriers , proviennent
ordinairement du peu de soin qu'on a pris d'eux dans leur enfance.
Ces observations générales sont entièrement applicables aux
ouvriers des fabriques de tabac et des raffineries de sucre. Dans
ces dernières, l'ouvrier, s'il est ivre ou imprudent, peut se brûler
par le sucre en ébullition, ou se blesser par le transport des
caisses ; mais on a eu rarement à déplorer des accidents de cette
nature.
22' queïtioh. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier?
bépohsb. — Le régime alimentaire varie considérablement
dans les diverses villes et communes industrielles de notre pro-
vince.
A Anvers, les ouvriers reçoivent en général un salaire assez
élevé pour se procurer une nourriture satisfaisante. Sous ce rap-
port, Is position des ouvriers mariés est plus ou moins aisée,
suivant le nombre de leurs enfants et l'état de leur santé; suivant
que leur Femme est économe ou dépensière, et qu'elle exerce elle-
même un métier ou tienne une petite boutique.
Les ouvriers raf&neurs ont toujours reçu un bon salaire. La plu-
part se nourrissent de viande , au moins trois ou quatre (bis ta
semaine ; plusieurs en mangent même à leur déjeuner ; le reste de
leur nourriture se compose de pain , de pommes de terre) d'œufs
et de poisson. L'ouvrier raffineur a besoin de prendre une nourri-
ture substantielle, parce que la chaleur et l'odeur fade du sucre
l'affaiblissent plus ou moins. Outre son salaire, il reçoit deux pots
de bière par jour, et toutes les semaines une ou deux caisses à
sucre, vides, qu'il veod a raison de 1 fr. la caisse. Il a ensuite, à la
nouvelle année et aux jours de kermesse, de petits profits extraor-
dinaires. En cas de maladie, l'ouvrier reçoit la moitié de son salaire.
Le salaire des ouvriers en tabac est également assez élevé. Les bons
ouvriers dans celle branche d'industrie gagnent de 1 fr. 80 c.
à 5 fr. par jour, et cela pendant toute l'année, sans chômer dans
aucune saison.
Dans quelques villes de province, le salaire est très-minime ; les
ouvriers n'y mangent de la viande que très-rarement ; ils se nour-
rissent presque exclusivement de pommes de terre qu'ils ont cul-
tivées eux-mêmes, et de pain qu'ils achètent chez leur chef. Ce
qui contribue à aggraver la position de ces ouvriers, c'est que les
«yGooglc
CHAMBRE DE COMMERCE D'ANVERS. SOI
salaires leur sont payés souvent en nature et non en espèces.
Ainsi , la liberté de l'ouvrier est entravée , et on l'oblige quel-
quefois à accepter en payement des objets autres que ceux dont
il a le plus impérieusement besoin. Les fabricants de Turnhout
ont fait très-récemment un arrangement entre eux pour donner
un salaire uniforme à leurs ouvriers ; mais il serai ta désirer qu'ils con-
vinssent aussi de les payer tous en argent sur le même pied.
25' question. — Comment est-il logé d'ordinaire et combien
paye-t-il par semaine pour son logement?
heponsb. — Dans notre ville , les ouvriers sont presque tous
bien logés ; ceux qui demeurent en chambre payent de 2 fr. &
2 fr, 50 c. par semaine. D'autres, dont les femmes s'occupent de
petites affaires de détail , telles que bouliques d'épiceries, de
légumes, de poteries et autres, habitent de petites maisons dont le
loyer s'élève de 200 à 300 fr. par an. A peu d'exceptions près,
tous les ouvriers raffineurs sont mariés.
Dans les autres villes de la province, les ouvriers sont maintenant
bien logés , au moins en général ; mais dans plusieurs établisse-
ments où le logement leur est fourni par le fabricant , il leur
revient a un prix très-élevé" , proportionnellement à leur salaire.
24' question. ■ — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des Varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations ?
aéronsK. — Les salaires, dans les principales branches d'industrie
de notre province, n'ont subi que peu ou point de variation depuis
un certain nombre d'années ; celui des bons ouvriers en cigares
a augmenté, tandis que celui des ouvriers raffineurs, qui était
toujours resté au même taux, a subi une diminution, par suite de
la position précaire que la loi volée dans la dernière session a faite
a cette industrie. Ainsi, dans certaines raffineries, un ouvrier qui
gagnait 2 francs à 2 francs 25 centimes par jour, n'obtient plus
que 1 franc 65 centimes. Dans d'autres, la bière est remplacée
par l'eau : les caisses et les petits profils ne leur sont plus accordés.
25* question. — . Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable ? Peut-il faire des écono-
mies?
hshmse. — En général, comme nous l'avons développé a la
vingt-deuxième question, le salaire des ouvriers, dans notre ville,
^y Google
Va RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
suffit a son entretien et a celui de sa famille , a moins de circon-
stances malheureuses. Ceux qui sont le mieux rétribué* peuvent
même , s'ils ont beaucoup d'ordre et si leur famille n'est pas trop
nombreuse, faire quelques économies. Toutefois , on comprendra
que ces économies ne peuvent être bien importantes, les denrées
étant fort obères à Anvers. Bon nombre de nos ouvriers habitent
les faubourgs.
La condition des ouvriers est dure dans quelques Villes de la pro-
vince, surtout dans certaines industries qui sont en décadence ; le
salaire y est réduit à son minimum.
26" quistiok. — A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine, ses bénéfices et le coût de son entretien et de celui
de sa famille?
hépobse. — Il est difficile d'établir des bases fixes a cet égard ,
à cause des changements fréquents dans le prix des vivres, et des
circonstances variées qui influent sur le sort de la classe ouvrière.
Nous croyons qu'à Anvers un salaire de 3 francs par jour suffit
pour mettre un ménage composé de six personnes a l'abri de la
misère en été. Mais, pendant l'hiver, l'existence de ce même
ménage, privé de toute autre ressource que ce salaire de 2 francs,
ne saurait être que pénible.
Dans le reste de la province , il faut, pour un ménage de six
personnes, 1 franc 60 centimes par jour. La vie y est plus régulière;
il y a moins d'occasions de dépenses; la nourriture et le logement y
sont à meilleur marché, c'est-à-dire dans les établissements ou l'ou-
vrier n'est pas payé en nature ; les ouvriers cultivent eux-mêmes
leurs pommes de terre : toutes ces causes concourent a y rendre
là vie moins chère.
Quant aux économies que l'ouvrier peut faire au delà du coût de
son entretien et de celui de sa famille , nous ne saurions établir à
cet égard que des données très-arbitraires : cela dépend, avant
tout, du plus ou moins d'ordre que les mères de famille apportent
dans leur ménage.
27' question. — Quelle est en général la condition morale des
ouvriers dans votre ressort?
béponbb. — En général, la conduite morale des ouvriers est
bonne dans toute notre province. La révolution avait exercé,
sous ce rapport, une influence défavorable : le respect et l'obéis-
sance des ouvriers envers leurs chefs avaient diminué , surtout
ly Google
CHAMBRE DE COMMERCE D'ANVERS- «03
parmi ceux qui . travaillent i forfait ; mais cet état de choses s'est
amélioré de nouveau. L'ouvrier raffineur se distingue entre tous
par sa moralité; rarement il s'adonne au libertinage. La nature
de son travail l'empêche d'être oisif, la plupart des travaux étant
régies de telle manière qu'on sait en combien d'heures chaque
ouvrier peut achever ce qui lui a été imposé.
28' QtiESTiOK. — Sont-ile adonnés i l'ivrognerie?
ripoxsk. — L'ivrognerie n'est pas fréquente dans notre province
parmi les ouvriers des fabriques. Dans certaines industries, parmi
lesquelles nous devons mentionner en première ligne les raffineries,
tout ouvrier que l'on verrait adonné à l'ivrognerie serait renvoyé ,
fut-il le meilleur sujet sous le rapport de l'aptitude au travail.
39" ouestio». — Y en a-t-il beaucoup qui vivent en concubinage?
répons». — Le concubinage est excessivement rare.
30* qukstiom. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
nairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la con-
fusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent-ils leur être
nuisibles ?
airoKSE. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont généralement
bonnes , et plusieurs institutions morales et religieuses tendent
encore à les améliorer.
Nous croyons que le rapprochement et la confusion des sexes
dans le même atelier sont nuisibles sous le rapport moral , alors
même que l'on exerce la plus sévère surveillance; mais dans notre
province ce rapprochement et celte confusion sont très-rares.
31" question. — Quelles sont les principales causes de l'incon-
duite de l'ouvrier ?
abpoxsk. — Ces causes varient à l'infini. L'absence de toute
instruction et de toute éducation religieuse est peut-être la cause
la plus générale de l'inconduïte des ouvriers. Quelques-uns se per-
vertissent par trop de mollesse et trop peu de sévérité; d'autres
sont aigris par la brutalité ou l'inconduïte d'un chef ouvrier* La
plupart du temps la cause de l'inconduïte d'un ouvrier échappe
à toute investigation.
52" oratTion. — Exisbvt-il , tant sous le rapport physique que
sou» le rapport moral, quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des villes et celui des campagnes ?
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204 RÉPONSES. ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître ?
ïépoksb. — A. L'ouvrier de la campagne est généralement
plus moral , plus soumis et plus courageux que celui des villes ;
aussi, dans toutes les fabriques où les ouvriers ne sont en partie
que manœuvres, telles que brasseries, distilleries, raffineries, etc.,
ceux de la campagne sont préférés,
S. Il est incontestable qu'à la campagne et dans les villes de
troisième ordre, les ouvriers qui travaillent en petite réunion,
isolément ou en famille, ont une conduite plus régulière que ceux
qui travaillent en grande réunion dans les ateliers; mais dans les
grandes villes, l'entourage de l'ouvrier qui travaille hors des fabri-
ques n'est souvent pas moins corrupteur que celui de l'ouvrier
travaillant dans la fabrique même ; d'ailleurs , celui-ci étant plus
immédiatement surveillé, a, sous ce rapport, moins d'occasions
de s'écarter des règles d'une bonne conduite, surtout s'il a un bon
chef.
, C. L'apprenti qui travaille cbez un maître, étant sous une surveil-
lance plus directe et plus continue , est ordinairement plus moral
que l'enfant qui travaille dans les fabriques où souvent les mauvais
exemples des adultes lui sont très-nuisible*.
53* questioh. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes ? Quelles seraient les reformes a y apporter ?
réponse. — Pour quelques industries, à cause de la pénurie
des ouvriers, les apprentis ne finissent pas leur terme et sont
engagés par d'autres maîtres, au mépris des conventions qu'ils ont
faites et dont l'exécution, à défaut de conseils de prud'hommes, ne
peut être poursuivie; cependant ces cas sont assez rares. Pour
y remédier , il serait très-utile de faire exécuter strictement les
arrêtés sur les livrets des ouvriers , arrêtés qui sont tombés en
désuétude. L'obligation, pour les ouvriers, de se pourvoir de livrets
dès leur apprentissage , serait encore très-avantageuse sous d'au-
tres rapports. Ces livrets, en constatant leur moralité , leur apti-
tude, leurs défauts , etc. , formeraient un état complet de services
et leur inspireraient de la conduite et de la retenue , car ils sau-
raient d'avance qu'avec un livret défavorable ils ne seraient admis
dans aucun autre atelier.
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE D'ANVERS. 203
34* QUESTION. — Y a-t-il. lieu de restreindre les mesures protec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands éta-
blissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous les
jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils travaillent en petite ou en
grande réunion, à l'extérieur ou à domicile?
&KPOHSB. — Le but que l'on veut atteindre, l'amélioration de la
condition physique et morale des ouvriers, nous semble exiger que
l'on étende les mesures protectrices à tous les jeunes ouvriers sans
distinction. II est vrai qu'on ne pourra empêcher que la loi ne soit
quelquefois éludée , maïs on aura donné une impulsion générale ,
qui ne manquera pas d'opérer des effets très-salutaires.
35* question. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son bien-
être physique et moral?
■épouse. — Ces institutions sont de deux espèces : il en est qui
sont générales pour toute la classe ouvrière ; d'autres sont parti-
culières à certains établissements.
Parmi les premières nous devons mentionner, avant tout, les
écoles dominicales établies dans les villes et dans les grandes com-
munes ; les jeunes ouvriers, qui ne peuvent , pendant la semaine,
Iréquenter les écoles, trouvent, dans ces établissements, le moyen
de compléter leur instruction restée presque toujours très-impar-
faite et même souvent nulle. On ne saurait trop encourager ces
institutions qui sont encore loin d'avoir acquis le développement
auquel elles semblent destinées.
Il s'est formé, dans les grandes villes, des associations religieuses
et charitables , tendant à attirer la classe ouvrière le dimanche
dans des réunions susceptibles de la récréer , tout en réveillant
en même temps ses sentiments moraux et religieux et en l'arra-
chant à l'ivrognerie et à la corruption. Ces établissements , qui
sont encore dans l'enfance, sont très-utiles , et nous devons désirer
qu'ils se propagent et se multiplient. Dans certains établisse-
ments , les chefs ont réussi a organiser des caisses de secours,
formées d'une légère retenue opérée sur les salaires et de divers
accessoires , et destinées à venir en aide aux ouvriers malades ou
infirmes. Nous joignons ici les statuts d'une semblable association,
établie dans une fabrique de toiles à voiles. Ces sorte» d'institutions,
qui habituent l'ouvrier à la prévoyance et le garantissent contre la
misère, méritent les plus grands encouragements.
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ÎOO RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
La fabrique de tulles, établie près de notre ville, a également
institué une caisse de secours mutuels ; elle a aussi érigé une
école, et possède de très-sages règlements pour les ouvriers. Nous
les joignons a notre rapport.
36' oubstios, — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail , les moyens propres à améliorer la
condition des jeunes ouvriers ?
hepoeise. — Indépendamment des mesures signalées dans nos
précédentes réponses , nous croyons devoir recommander deux
améliorations qui seraient de nature à exercer une heureuse in-
fluence sur le sort des ouvriers.
D'abord il serait utile d'établir, sous la direction des bureaux de
bienfaisance, des dépôts de pommes de terre, qui, durant les épo-
ques de cherté, seraient délivrées aux ouvriers, au prix de revient,
sur un certificat de leurs chefs d'atelier. Une grande partie de la
classe ouvrière se nourrit exclusivement de pommes de terre ;
mais, dans l'impossibilité de s'en approvisionner dans la bonne saison,
le* ouvriers doivent les acheter au fur et à mesure de leurs besoins,
et sont souvent obligés, dans l'hiver, de les payer 80 et 100 p. */■
plus cher. Au moyen de ces dépôts, on ferait disparaître une ano- "
malie choquante, et le pauvre ne payerait plus le double de ce que
paye le riohe pour un aliment de première nécessité. On pourrait
étendre cette mesure au chauffage.
Ensuite nous voudrions que les prêts du mont-de-piété fussent
gratuits , quand ta somme empruntée ne dépasse pas 4 à 5 fr. , à
la condition que les ouvriers soient munis d'un certificat de leurs
chefs d'atelier.
Le Secrétaire , Le Président ,
Paul Dhrcxsehb. Th. de Cock.
^y Google
LETTRE DE M. LE GOUVERNEUR DE LA FLANDRE OCCIDENTALE. 907
&, JkmkHeue le, Jllloiwûtee de f Arteweu*, à Ç&tuse&a..
MoKSIEt'a LE MlKISTKI,
Vous m'avex charge, dam le temps, de recueillir auprès de»
chambres de commerce et dea principaux industriels, des rensei-
gnements sur la condition des ouvrier» et le travail des jeunet gens
âgés de moins de seize ans, dans les manufactures et usines de cette
province.
J'ai eu soin, M. le Ministre, de me conformer à vos intentions.
J'ai prié les chambres de commerce de m' adresser un rapport Sur
l'objet qui nous occupe et de m'envoyer une réponse aux questions
qui leur ont été soumises. J'ai en même temps chargé les autorités
communales de réclamer des principaux chefs d'établissements de
leur ressort, un travail en réponse à la série de questions dont des
exemplaires leur avaient été transmis à cet effet.
Avant de vous rendre compte, H- le Ministre, du résultat de
mes démarches, je crois devoir voua soumettre quelques considé-
rations générales.
La Flandre occidentale est une province éminemment agricole;
l'industrie manufacturière n'y vient qu'en seconde ligne. Aussi, n'y
existe-t-il que peu ou point d'établissements qui exigent l'emploi
de beaucoup de bras et l'agglomération de beaucoup d'individus
de tout âge et de tout sexe.
Les questions qui m'ont été transmises par le gouvernement,
paraissent n'avoir été spécialement formulées que pour les localités
ou il existe des manufactures proprement dites, des exploitations
de mines, des carrières ou d'autres établissements industriels du
même genre. Il a paru dès lors que la demande des renseignements
dont il s'agit ne pouvait être que d'une application très-restreinte
dans la Flandre occidentale. C'est là du moins, M. le Ministre,
l'opinion qu'émettent les chambres de commerce de Bruges et
d'Ostende pour ce qui concerne leur ressort respectif. Je vous
envoie ci-joint les réponses des chambres de commerce de Cour-
irai et d'Ypres, réponses qui ne satisfont pas à toutes les ques-
tions.
Quant aux industriels , H. le Ministre , bien peu ont consenti à
^y Google
408 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
fournir des renseignements. Je dois me borner à tous envoyer les
déclarations telles qu'elles nie sont parvenues, et sans pouvoir en
aucune manière en garantir l'exactitude. It résulte, du reste, de ces
documents, que dans cette province la condition des ouvriers est
loin d'être intolérable, et qu'à l'égard des jeunes gens âgés de moins
de seize ans, il n'existe pas d'abus.
La Société médico-chirurgicale de Bruges ayant adopté et inséré
dans le Recueil de ses annales, le rapport que j'ai eu l'honneur de
vous adresser le 18 avril 1844, 1™ division, n° 39185, et qui éma-
nait de la commission médicale provinciale , j'ai cru pouvoir me
dispenser de saisir de nouveau ce collège de la question. Il n'est
pas inutile de faire remarquer que la Société médico-chirurgicale
a pour président le président de la commission médicale provin-
ciale, et que les membres de cette commission font également
partie de la Société médico-chirurgicale.
En terminant, je pense pouvoir vous donner l'assurance, M. le
Ministre, que dans la Flandre occidentale les chefs d'établissements
industriels ne spéculent pas sur la force physique des jeunes gens
Agés de moins de seize ans ; que les maîtres, en général , les trai-
tent avec humanité, et, qu'à cet égard, il ne se commet pas d'abus
dont la répression exigerait l'adoption de nouvelles mesures.
J'ajouterai , M. le Ministre, que l'on peut soutenir avec fonde-
ment que la condition actuelle des ouvriers employés dans les
fabriques de cette province, n'est pas moins bonne que celle des
ouvriers du même genre dans les pays voisins.
Pour le Ministre d'État Gouverneur,
Baron Ch. Pecsteih.
, dVpr,,.
■■ans à nie lettre du taverneir it It Flandre «fflduUle , ta iiitit 9 «ril 1815.
À. — Questions spéciales au travail des enfants.
1" question. — Quelles sont , dans votre ressort , les industries
où l'on emploie déjeunes ouvriers au-deesous de seize ans, et dans
quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE D'¥PRES. 209
afoomi. — Les dentelle* , larubanerîe, les boulangeries, les
tailleurs, les cordonniers, serruriers, poélierB, chaudronniers et
charpentier».
La proportion, quoique plus forte dans l'industrie dentellîère et
dans la rubaoerie, Tarie selon l'espèce de chaque industrie.
V oraiTioif. — A quel âge admet-on , en général , les entants
dans ces établissements ?
rApousb. — Dans l'Industrie dentellîère, dès l'Age de cinq1 ans,
et dans les autres, depuis l'Age de sept ans.
3* question. — Quelle est la nature des travaux imposés . aux
enfanta ? Quels sont ceux de ces travaux que vous regardez comme
nuisibles a leur santé?
réponse. — La nature des travaux imposés aux enfants est rela-
tive A l'état qu'ils ont embrassé. La réponse A la première question
comprend la nomenclature des états ou professions où l'on emploie
le plus généralement les enfants, et qui, aux yeux de la chambre,
sont tous également nuisibles à leur santé.
A* question. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants ? Signalex tes cas où cette durée voua parait
aaionsB. — Four la dentelle , le travail commence ordinaire-
ment A sept heures du matin, en été, jusqu'A midi, et de une heure
jusqu'A sept, dans les villes; A la campagne, le travail dure de
six heures du malin jusqu'A midi , et de une heure jusqu'A huit ;
en hiver, la durée du travail diminue de trois ou quatre heures.
Bans la rubanerïe, les enfants ne travaillent ordinairement que
six heures par jour; mais ce qui leur est particulièrement nui-
sible, c'est le mauvais air qu'ils respirent dans les ateliers, et la
poussière qui sort du fi] et du coton. Il faut ajouter qu'on les
admet A ce travail dans un Age trop tendre.
Chez les boulangers, le travail est continuel. Il commence sou-
vent à deux heures du matin, et ne finît qu'A une heure fort avan-
cée de la nuit. Ce long et pénible travail, joint aux grandi poids
qu'on leur fait porter, rend' cette profession une des plus perni-
cieuses pour les enfanta.
Chez les .tailleurs, cordonniers, serruriers, poêtiers et chaudron-
niers , les heures de travail sont & peu près réglées comme dans
Û.
lyGoogIe
210 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
l'industrie dentellière : dans les deux premières de ces professions,
la position gênée qu'ils doivent continuellement garder , position
nuisible au développement de leurs forces , leur fait contracter
des difformités qu'ils conservent toute leur vie.
5* qumtios. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier? Sont-ils suffisants?
h épouse. — De huit heures à huit heures et demie , le matin ;
de midi à une heure, et de quatre heures à quatre heures et demie
de relevée ; à l'exception des dentellières et des garçons boulan-
gers, pour qui le travail est continuel.
Ces intervalles sont insuffisants.
G* onxs'HOic. — Les enfants et les jeunes ouvriers sont-ils parfois
occupés la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se
combine-t-il avec le travail de jour?
R&FOifSK. — Oui ; les apprentis boulangers, qui, souvent, sont a
l'ouvrage depuis deux heures du matin jusqu'à dix heures du soir.
7* Qi'HSTio!». — Y a-t-il des établissements ou l'on travaille le
dimanche? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux?
aferoNBE. — Seulement chez les boulangers. Ce travail n'em-
pêche jamais l'accomplissement des devoirs religieux.
8* question. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers, en spécifiant, autant que possible, les industries,
les sexes et les Ages?
befoksb. — Il est impossible de répondre d'une manière caté-
gorique à ces questions. On doit se borner à dire qu'en général le
salaire des enfants et des jeunes ouvriers se réduit a bien peu de
chose, le produit de leur travail devant compenser, pour les maî-
tres, le temps de leur apprentissage.
9" orasTiOH, — Quel est, dans les diverses branches d'industrie ,
l'avantage que l'on trouve a employer des femmes et des enfants,
de préférence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment
de l'augmentation des salaires, les avantages que retirent les familles
d'ouvriers de l'emploi des enfants?
liponsi. — A l'exception de l'industrie dentellière , les femmes
ne sont employées dans aucun autre établissement chez nous.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE D'VPRES. 211
Quant aux avantagea^ il* consistent dans l'économie du salaire et
l'apprentissage de l'état auquel les familles destinent leurs enfants.
10* question. — L'intérêt de certaines industries exige-t-il impé-
rieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes ?
rkfosse. — L'intérêt d'aucune industrie ne l'exige ; mais celui
de l'industriel le prescrit.
11* question. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers
l'instruction et l'éducation qui conviennent à leur position ? Quelle
est aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut ?
réponse. — Elles pourraient se concilier, si les intérêts des
maîtres ne s'y opposaient pas.
L'éducation des ouvriers est presque nulle, par suite du peu de
loisir qu'on laisse aux enfants.
12* question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'Age,
la limite inférieure pour l'admission des enfants aux divers travaux?
béponsh. — Sept ans.
13* question. — Quel est le maximum de la journée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfants ? Comment gra-
dueriez-vous cette durée selon les Ages?
béponse. — De sept A neuf ans, quatre heures ; de neuf A douze -
ans, six heures ; de douze à seize ans, dix heures.
14* question. — Jusqu'A quel Age le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers ?
réponse. — Jusqu'à seize ans.
15* question. — Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
.un certain Age l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
réponse. — Oui; il conviendrait d'interdire l'emploi des enfants,
avant l'Age de neuf ans, dans les ateliers suivants : les serrureries,
les boulangeries, les boucheries, et chez les poêliers et chau-
dronniers.
16*. question. — A quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
Digilizedby GOOgle
212 REPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
de «'engager dans les fabriques , etc. , sans qu'aucune restriction-
fui apportée a la durée de son travail?
bxpohsr. — A l'Âge de seize ans.
17" çutaîiom. — Pour satisfaire a tous les intérêts, ne pou ira it-
ou pas former, connue en Angleterre, des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement en se relayant à de certains inter-
valles?
18' ouxsTion. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur sys-
tème que l'on pourrait adopter pour les relais? En formant, par
exemple, deux brigades d'enfants, l'une le matin, l'autre l'après-
midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail avec ceux de la
santé et dé l'instruction des jeunes ouvriers ?
héponsb . — Non j cela serait inutile , si les mesures indiquées
dans les réponses précédentes étaient adoptées.
19* Q.UB8TIOK. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraîne certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
A. Far l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers et
l'augmentation de leur Aptitude?
B. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers plus
jgé.?
REPONSE. — Oui, certainement.
B- — ■ Questions hygiéniques et économiques.
20' qcbstion. — Quel est l'eut de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
ments industriels de voire ressort?
réponse . — La santé des ouvriers en général, et des enfants en
particulier, est dans un état satisfaisant, excepté parmi les dentel-
lières, les boulangers et les rubaniers.
21° «nBsîioW. — Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmités, les difformités aux-
quelles ils sont sujets ?
répohsi. — Le rachitisme) la phthisîe pulmonaire, et, pour les
boulangers, les hernies.
22' ooBSTioit. — Quel est le régime alimentaire habituel de l'ou-
vrier?
isroKsï. — Du café , du pàui , des pommes de terre et du sel.
*by Google
CHAMBRE DE COMMERCE D'ÏPRES- 215
S3*QDB9Ti0n. — Comment est-il logé d'ordinaire, et combien
paye-l-il par semaine pour son logement?
bkpohsf. — L'ouvrier est d'ordinaire mal logé, mal couché ; il
paye, en moyenne , 1 fr. par semaine, pour son logement.
24* question. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations?
aiponsE. — Le salaire de l'ouvrier n'a éprouvé que peu ou point
de variation depuis un certain nombre d'années.
25* question. — Le salaire actuel suffit-il, en général, pour que
l'ouvrier ail une existence convenable ? Peut-il faire de* économies?
skpoAbk. — Non, difficilement en présence de la cherté actuelle
des denrées. ;'
26* ooasTioH. — A combien estimez-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine, se* bénéfices et le coût de «on entretien et de celui
de sa famille?
siponss. — Impossible de répondre à une question posée d'une
manière si générale.
27* question. — Quelle est, en général, la condition morale des
ouvriers dans/votre ressort?
hépohse. — Cette condition est en général assez bonne.
28' QunTiQir. — Sont4l« adonnés à l'ivrognerie ? ■
KKPonsB. — Oui , quelques-uns.
29* question. — Y en a-t-il beaucoup qui vivent en concubinage ?
réponse. — Non.
30* çùBsnoif. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-eUcs ordi-
nairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la
confusion des sexes dans les ateliers et les travaux peuvent.»!* être
nuisibles?
aepohsb. — Les mœurs de nos jeunes ouvrières ne sont pas des
plus sévères; le rapprochement ou la confusion dés sexes dans les
ateliers n'a pas lieu chez nous.
31* question. — Quelles sont les principales causes de l'incon-
duile de l'ouvrier?
airoasB. — La boisson.
xuvCoo^le
SU RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES OE COMMERCE.
32° question. — Existe- l-il, tant sou» le rapport physique que
sous (e rapport moral, quelque différence bien tranchée :
j4 . Entre l'ouvrier des Tilles et celui des campagnes?
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître ?
hbponse. —Oui; l'ouvrier des campagnes, plus sobre, plus
rangé, adonné à des travaux plus rudes, est en général plus
robuste que celui des villes. L'ouvrier qui travaille en grande
réunion étant plus sujet a contracter des maladies chroniques, est
moins bien portant que celui qui travaille isolément ou en petite
réunion , et enfin , pour la même cause, l'apprenti travaillant chez
un maître est plus robuste que l'enfant des ateliers.
33' question. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes? Quelles seraient les réformes à y apporter?
réponse. — Les maîtres spéculent trop sur le produit du travail
des eu fa nt« ; il n'y n point de remède possible à cet abus.
54* question. — Y a-t-il lieu de restreindre les mesures pro-
tectrices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands
établissements industriels, ou conviendrait-il de les étendre à tous
les jeunes ouvriers sans distinction, qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion, à l'extérieur ou à domicile?
bevonse. — II conviendrait d'étendre ces mesures protectrices a
tous les enfants en général, si la chose était possible.
35* question. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables a la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son
bien-être physique et moral?
réponse. — Les écoles gratuites , les académies de dessin et
d'architecture, et les écoles de manufactures, régies selon les pres-
criptions mentionnées ci-dessus.
36" question. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de la durée du travail, les moyens propres à améliorer la con-
dition des jeunes ouvriers?
hkponse. — La propagation de l'instruction parmi la classe
ouvrière.
Le Secrétaire , Le Président ,
Donny. Th. Vanmsn Boqaebde.
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE COURTRAI.
XIV. — ttuunbre de «
A. — Quettions spéciales au travail des enfant*.
V guESTioH. — Quelles sont , dans votre ressort , les industries
où l'on emploie de jeunes ouvriers au-dessous de seize ans, et
dans quelle proportion s'y trouvent ces derniers?
axroitsE. — Les enfants sont généralement employés de sept à
huit ans en qualité d'épouleurs chez les tisserands, ou comme
apprentis dans les filatures de lin; ce travail n'est point fatigant
et ne peut énerver leur constitution, pas plus que la dentellerie, &
laquelle on les occupe dans quelques écoles pauvres et en famille ;
dans l'apprentissage des métiers, on les admet assez généralement de
onze à douze ans, mais on ne les emploie pas à des travaux au-dessus
de leurs facultés physiques, car alors l'ouvrage serait imparfait.
2° question. — A quel âge admet-on , en général , les enfants
dans ces établissements ?
b épouse. — Celte question est résolue par la réponse faite a la
première question.
5° question. — Quelle est la nature des travaux imposés aux
enfants ? Quels sont ceux de ces travaux que voua regardes
comme nuisibles a leur santé ?
«eposse. — Nous regardons comme nuisible a la santé un travail
trop assidu de la dentellerie pour les filles qui approchent de l'Age
de puberté; mais nous croyons que la loi ne peut intervenir ici avec
succès : c'est aux parents et aux maîtresses d'école à prévenir le
mal; parfois aussi l'intervention des médecins est nécessaire.
4' question. — Quelle est la durée habituelle du travail jour-
nalier pour les enfants? Signalez les cas où cette durée vous
parait excessive.
réponse. — Cette durée est moindre que la journée habituelle
de l'ouvrier. On laisse aux enfants un temps pour se distraire.
5' question. — Quels sont les intervalles de repos accordés aux
jeunes ouvriers pendant le travail journalier ? Sont ils suffisants?
airoiisi. — On leur accorde généralement du repos de huit à
^y Google
216 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMENCE.
neuf heures, de midi à une heure, et de quatre à cinq heure*
l'après-midi, ce qui suffit.
6' question. — Les enfants et les ouvriers sont-ils parfois occupés
la nuit? Quelle est la durée de ce travail, et comment se com-
bine-t-îl arec le travail de jour ?
&KFOS9I. — Ils ne sont point assujettis a des travaux de nuit.
7* QVKSTioir. ~ Y a-t-il des établissements où l'on travaille le
dimanche ? Jusqu'à quel point ce travail met-il obstacle à ce que
les ouvriers, et particulièrement les enfants, puissent remplir leurs
devoirs religieux?
axpoKsi. — Les établissements sont fermés le dimanche.
8* qotsstiom. — Quel est le salaire moyen des enfants et des
jeunes ouvriers , en spécifiant, autant que possible , les industries ,
les sexes et les âges ?
réponse. — Ce salaire est réglé d après l'âge, l'aptitude et le
genre de travail; il est fixé avec les parents pu, s'il s'agit d'orphe-
lins, avec l'administration charitable qui les entretient.
9* qukstiob . — ■ Quel est, dans les diverses branches, l'avantage
que l'on trouve à employer des femmes et des enfants, de préfé-
rence aux hommes adultes? Quels sont, indépendamment de
l'augmentation des salaires , les avantages que retirent les familles
d'ouvriers de l'emploi des enfants?
réponse. — On peut «e servir de femmes et d'enfants, au lieu
d'hommes adultes, pour l'époulage, la filature du lin, du coton, etc.
Les salaires des enfant* sont toujours une ressource pour la famille.
10' odbstioh. — L'intérêt de certaines industries exiger t'-il.
impérieusement que les enfants soient employés pendant le même
nombre d'heures que les adultes?
ftiroKSB. — L'épouleur doit suivre son tisserand ; mais ce travail
n'est point fatigant.
1 1" questjoh. — Les exigences actuelles du travail peuvent-elles
se concilier avec la nécessité de procurer aux jeunes ouvriers l'in-
struction et l'éducation qui conviennent à leur position? Quelle est
aujourd'hui l'éducation qu'ils reçoivent généralement, et en quoi
fait-elle défaut?
répobbe. — Les jours de fêtes ils sont réunis dans des établis-
DglizedOy GOOgle
CHAMBRE DE COMMERCE DE COCRTRA1 317
seroenU publics où on leur donne l'instruction religieuse ; dans
bon nombre d'école* on leur enseigne la lecture , l'écriture et
l'arithmétique.
12' question. — Quelle devrait être, sous le rapport de l'Age,
la limite inférieure pour l'admission des enfanta aux divers travaux?
simule. — Ici il n'y a point de limite à prescrire : tout dépend
de la nature des travaux.
IS'qubstiob. — Quel est le maximum de la durée auquel on
pourrait borner par jour le travail des enfanta? Comment gra-
dueriez-vous cette durée selon les âges? -
réponse. — Lorsque les travaux sont proportionné», comme ici,
a la force physique, tes enfants peuvent s'occuper pendant la
journée ordinaire de l'ouvrier adulte.
14" question. — Jusqu'à quel Age le travail de nuit devrait-il
être interdit aux jeunes ouvriers ?
réponse. — Ici les enfanta ne sont pas soumis à des travaux de
nuit.
15* quxstiok. — Ne conviendrait-il pas aussi d'interdire jusqu'à
un certain Age l'emploi des enfants dans certains établissements
dangereux ou insalubres? Spécifiez ces établissements.
réponse. — Il serait utile d'interdire au-dessous de quinze ans
le travail chez les plombiers et surtout chez les fabricants de mine
de plomb.
16* question. • — A quel Age pourrait-on laisser l'ouvrier libre
de s'engager dans les fabriques , etc. , Sans qu'aucune restriction
fut apportée à la durée dé son travail?
réponse. — A l'Age où ils sont dégagés de la surveillance de
leurs parents, de leurs tuteurs naturels ou administratifs, car, avant
cet Age, ils sont inhabiles à contracter des engagements.
17* question. — Pour satisfaire à tous les intérêts, ne pourrait-
on pas former, comme en Angleterre , des brigades d'enfants qui
travailleraient alternativement, en se relayant à de certains inter-
valles?
18" question. — En cas d'affirmative, quel est le meilleur sys-
tème-que l'on pourrait adopter pour les relais? En tonnant, par
exemple, deux brigades d'enfanls qui travailleraient l'une le matin,
DiglizedOy GOOgle
31B RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
l'autre l'après-midi, ne concilierait-on pas les intérêts du travail
avec ceux de la santé et de l'instruction des jeunes ouvriers ?
aitonsB. — Ces relais par brigades seraient ici une impossibilité :
ni maîtres ni parenU ne se soumettraient à un tel arrangement ;
il vaut mieux s'en tenir à l'usage habituel.
19* question. — En admettant que la réduction de la durée du
travail pour les enfants entraine certains inconvénients, ces incon-
vénients ne seraient-ils pas amplement compensés :
A. Par l'amélioration physique et morale des jeunes ouvriers
et l'augmentation de leur aptitude?
B. Par le travail que cette mesure procurerait aux ouvriers plus
âgà?
beponse. — Il n'y pas lieu a réduire la journée de travail.
B. — Questions hygiéniques et économiques.
20" question. — Quel est l'état de santé des ouvriers en général
et des enfants en particulier, employés dans les divers établisse-
ments industriels de votre ressort?
21' question. — Quels sont les dangers et les accidents auxquels
ils sont exposés; les maladies, les infirmités, les difformités auxquelles
ils sont sujets?
(Plusieurs de ces questions étant du ressort de l'art de guérir,
il nous paraît que c'est aux comités de médecine à les résoudre,
et nous devons nous borner a répondre aux questions sur lesquelles
nous avons quelques données positives.)
Les vingtième et vingt et unième questions , sans réponse.
22* question. — Quel est le régime alimentaire habituel de
l'ouvrier?
réponse. — La nourriture de la classe ouvrière se compose de
pain , de pommes de terre et de soupe au lait battu , aliment sain ,
mais que malheureusement la plupart de nos ouvriers ne peuvent
pas toujours se procurer à défaut d'occupation ou d'un salaire
suffisant.
23' QUBSTKMt. — Comment est-il logé d'ordinaire , et combien
paye-t-il par semaine pour son logement 7
^y Google
CHAMBRE DE COMMERCE DE COURTRA1. 219
kbfonsb. — L'ouvrier paye pour «on logement de 1 fr. Ï5 1
1 fr. 50 c. par semaine et par ménage.
24* qvbstioit. — Le salaire des ouvriers a-t-il éprouvé des varia-
tions sensibles depuis un certain nombre d'années, et quelles sont
ces variations?
bbfokse. — Le salaire des métiers a peu diminué; celui des
Sieurs et fileuses a considérablement baissé ainsi que celui des
tisserands.
25* ovbstiok. — Le salaire actuel suffit-il en général pour que
l'ouvrier ait une existence convenable ? Peut-il faire des économies?
réponse, — Non, il est insuffisant pour les trois classes désignées
dans la réponse à la vingt-quatrième question.
26' question. — À combien estimez-vous, en moyenne, par jour
ou par semaine , ses bénéfices et le coût de son entretien et de
celui de sa famille?
kéi'okse. — Cette question ne pourrait se résoudre que par une
enquête longue et minutieuse, attendu qu'elle sort des bornes primi-
tivement posées et qui ne concernaient que les enfants ; il faudrait
s'enquérir de tous les états, de toutes les professions, des charges
que les familles ont à supporter en raison du nombre de leurs en-
fants, des salaires qu'ils rapportent, de ce que peuventgagner le père
et la mère, etc. Mais, dans le plat pays particulièrement, les salaires
sont insuffisants.
27° questio». — Quelle est en général la condition morale des
ouvriers dans votre ressort ?
béponse. — La condition morale des ouvriers n'est pas mauvaise.
Nous traiterons plus amplement cette question dans nos observa-
tions supplémentaires.
28* question. — Sont-ils adonnés à l'ivrognerie.
répobse. — Moins qu'autrefois; la modicité du salaire s'y oppose.
29* QBESTioir. — Yen a-t-il beaucoup qui vivent en concubinage?
bépomsb. — Le concubinage est caché autant que possible ;
il faudrait ici procéder par supposition, ce qui serait trop hasar-
deux. Nous croyons le mal moins grand qu'on ne le pense ; au
reste , c'est à ceux qui dirigent la conscience plutôt qu'à la loi à y
mettre obstacle.
30" question. — Les mœurs des jeunes ouvrières sont-elles ordi-
Digilizedby GOOgle
HO RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
nairement bonnes? Jusqu'à quel point le rapprochement et la con-
fusion des sexes dans les ateliers et les travail* peuvent-ils leur
être nuïsibles7
képonse. — Les mœurs se relâchent par la misère publique ;
noire opinion est que la réunion des deux sexes dans' les ateliers
est toujours nuisible.
M'qvestioh. — Quelle* sont les principales causes de l'ineon-
duite de l'ouvrier?
répohsb. — Le défaut de travail ou le bas prix des salaires.
32* QDBgTjoir. — Exîste-t-il, tant sous le rapport physique que
sous le rapport moral , quelque différence bien tranchée :
A. Entre l'ouvrier des Tilles et celui des campagnes ?
B. Entre l'ouvrier qui travaille en grande réunion et celui qui
exerce son métier en petite réunion ou isolément ?
C. Entre l'enfant des fabriques et l'apprenti travaillant chez un
maître? :
BKPoasï. — L'homme qui respire fajr pur des campagne» est
favorisé comparativement a celui des grandes Agglomérations
des villes ; l'avantage est encore plus sensible mus le rapport
moral.
33° questios. — Quels sont les principaux abus du mode actuel
d'engagement et d'apprentissage pour les jeunes ouvriers des deux
sexes ? Quelles, seraient les réformes a y apporter?
.aÉPoasK. — Les engagements des enfants sont contractés par les
parents ou par leurs représentants ; la loi n'interviendrait que très-
difficilèrnent dans de semblables transactions.
34° question. — Y a-t-il lieu de restreindre les mesures prolec-
trices de l'enfance aux seuls enfants employés dans les grands
établissements industriels , ou conviendrait-il de les étendre a tous
les jeunes ouvriers sans distinction , qu'ils travaillent en petite ou
en grande réunion, à l'extérieur ou à domicile?
réponse. — Mon, pour les raisons ci-dessus alléguées.
35* QDESTioi*. — Quelles sont, dans votre ressort, les institutions
favorables à la classe ouvrière et susceptibles d'augmenter son
bien-être physique et moral?
KfJponsE. — Rien de mieux que de protéger l'ancienne' indus-
trie JJnîère, en mettant notre comité Isoler a même de propager
>dby Google
CHAMBRE- DE COMMERCE DE COURTRA1. 311
le mécanisme Pareil et le nouveau filage dont les produits sont
recherchés par les négociants indigènes et étrangers.
56" question. — Quels seraient, indépendamment de la réduc-
tion de |a durée du travail, les moyens propres à améliorer la con-
dition des jeunes ouvriers?
(Sans réponse.)
ousaviTions SOtVEftmNTlIlIS.
La maladie syphilitique fait de grands ravages dans la classe
ouvrière. L'ouvrier craint, avec raison, de s'engager dans les liens
du mariage, de peur de ne pouvoir suffire à ses besoins et à ceux
de sa famille future. II préfère se livrer à la débauche. La plupart
des ouvriers dissimulent les maladies syphilitiques dont ils sont
affectés; d'autres n'ont pas les moyens de se faire traiter ; ils
deviennent ainsi valétudinaires ; à un âge peu avancé ils sont inca-
pables de supporter les fatigues des travaux, et ils finissent par se
livrer au vagabondage , à la mendicité et parfois même au crime.
Si, dans cet état, ils procréent des enfants, soit légitimes, soit
illégitimes, ces êtres malheureux sont un fardeau perpétuel pour
l'ordre social qui doit pourvoir à leur entretien , souvent pendant
toute leur vie.
Ne pouvant remédier qu'en partie à cette calamité, il nous
paraît indispensable d'ordonner que partout où il existe des maisons
publiques , elles soient soumises à la surveillance sévère de la
police ; qu'un officier de santé soit nommé pour visiter souvent les
prostituées qui y habitent, ou les fréquentent, et que lorsque celles-
ci seront reconnues malades, elles soient de suite transportées dans
un hôpital à ce destiné, où à créer aux frais des communes de leur
domicile. Costa ce nul qu'il faut pourvoir sans délai afin de préve-
nir l'afFaibliscement et réservation des hommes du peuple, ma!
qui fait déjà d'affreux ravages et dont les suites sont incalculables.
Le Secrétaire.
' BlXBUTCK.
^y Google
282 RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
€L JlflooMdieue Se Çeuvetueut. de fa 5taudte occtdeutafo.
BmpH, If S Kfteta 18U.
MOKSIKDR LE G0UVEB.HBUR,
Par votre lettre en date du 26 août dernier, 1" division,
n" 40287, tous nous adressez un certain nombre d'exemplaires
de questions relatives au travail des enfants et à la condition des
ouvriers dans notre ressort, et vous nous invitez h vous fournir les
renseignements demandés.
Un examen attentif de ces questions nous prouve , M. le Gou-
verneur, qu'elles ont été formulées spécialement pour les localités
où il existe des manufactures , mines, carrières, ou autres établis-
sements qui exigent l'emploi de beaucoup de bras et l'aggloméra-
tion de beaucoup d'individus de tout Age et de tout sexe.
Malheureusement, dans notre ressort , il n'existe aucune indus-
trie de l'espèce ; nous ne pouvons conséquemment préciser aucune
réponse à ce sujet. Tout ce que nous pourrions dire , c'est que ,
jusqu'ici, le sort de nos ouvriers, en général, n'est précaire que
parce que, trop souvent, ils sont privés du travail nécessaire pour
pourvoir à leur subsistance. Il ne s'agit donc pas de réglementer
ou de limiter l'excès d'un travail trop assidu et compromettant
pour leur santé; la chose essentielle pour améliorer leur position,
serait de leur procurer des occupations plus multipliées, et, con-
séquemment, le gain nécessaire pour pourvoir à leurs besoins.
Nous remarquerons toutefois que, quelles que soient les priva-
tions auxquelles notre classe ouvrière a été assujettie dans ces
derniers temps, par suite du manque de travail et de la cherté des
vivres, sa position hygiénique est certainement plus favorable
que celle des ouvriers, dans bien d'autres localités , où les jeunes
gens étant assujettis à de rudes travaux dès leur tendre enfance ,
contractent des infirmités qui se présentent rarement chez nous.
Agréez, etc.
Le Secrétaire, Le Président,
L. Dk Lkscluze. J. Roils.
*by Google
Héponses
INQSNIIEUR8 ®E® RSQDIFSE®.
I. — Réponses de I. riagnûeor en chef de la première diïisiM des mines.
&. JUnowdieur te ,iLW»ùttte du dtoooux puêfiox..
■m, b 1S uf iMkn iStl.
MOH SIEUR LK MlKISTRE ,
J'ai l'honneur de tous transmettre les copies des rapports
en date des 12 mars et 24 avril 1845, que m'ont adressés
MM. les ingénieurs du premier et du deuxième district des mines ,
sur la série de questions posées par H. le Ministre de l'intérieur,
dans la prévision de la présentation prochaine à la législature,
d'un projet de loi sur le travail des enfants employés dans Jes
mines et usines.
Avant de vous communiquer ces rapports, j'ai été obligé d'en-
treprendre un grand nombre de tournées, et de recueillir des ren-
seignements multipliés et minutieux, pour vérifier l'exactitude de
certains faits principaux qui y sont avancés, pour les rectifier au
besoin, et pour résoudre moi-même, autant qui) m'était possible
de le faire, les questions que l'on a soulevées, dans ces derniers
temps, au sujet de l'exploitation des mines.
Ce travail, qui méritait d'être fait avec beaucoup de soin, joint a
la multitude de mes occupations ordinaires, a été cause, M. le
*by Google
m RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
Ministre, que je n'ai pas répondu plus tôt à la première de vos
dépêches.
Ces explications préliminaires données, je crois pouvoir entrer
immédiatement! en matière.
1" question. — Quel est le nombre total des ouvriers employés
aux travaux des mines , là proportion ou le nombre de ceux de
l'Age de dix a seize ans? — Distinguer les sexes.
bkvokhe. ■ — M. l'ingénieur du 1" district des mines a évalué
le nombre des ouvriers charbonniers, d'après le nombre des
livrets déposés aux bureaux des divers établissements ; je pense
que le nombre de vingt-deux mille cent cinquante sept est trop
grand, parce que les ouvriers qui cessent momentanément ou défi-
nitivement de travailler, laissent cependant leurs livrets entre les
mains des maîtres qui les ont employés , et cela aussi longtemps
qu'ils ne sont pas dans la nécessité de chercher de ta besogne dans
une autre mine.
Par contre, j'ai des raisons de croire que M. l'ingénieur du
deuxième district est resté au-dessous de l'évaluation réelle, et qu'il
a négligé de tenir compte de plusieurs catégories d'ouvriers , par
exemple , de ceux qui sont occupés à transporter le combustible
des fosses aux lieux d'expédition, à charger la houille dans les
bateaux, etc. Toujours est-il que le nombre de huit mille trois
cent quarante qu'il donne comme étant le nombre total actuel des
ouvriers mineurs du second district, est inférieur de plus de deux
cents à celui qui résulte des états d'exploitation dressés, pour l'as-
siette de la redevance proportionnelle de l'exercice courant , sur
les opérations de l'année dernière.
Une autre observation à faire, c'est que M. Bidaut n'a pas bit
constater directement la répartition du nombre total des ouvriers
en diverses catégories; il en a jugé par comparaison avec les résul-
tats obtenus a dix-«ept des principales mines du deuxième district,
procédé qui ne présente peut-être pas le degré de certitude que
l'on aurait pu désirer en pareille matière.
Enfin, M. Bidaut a omis de faire une distinction importante et
qui n'aurait pas dû lui échapper, bien qu'elle ne soit pas demandée,
j'entends la distinction entre les ouvriers employés au jour et les
ouvriers occupés dans les travaux souterrains.
D'après les nombreux renseignements que j'ai recueillis moi-
même, je pense que l'on ne s'éloignera pas beaucoup de la vérité,
DiglizedOy GOOg[Ç
PREMIÈRE DIVISION (HAINAOT.) m
en fixant à vingt et un mille, le nombre des ouvriers mineurs de
toute espèce du premier district des mines, et à neuf mille, celui
du deuxième district. Total, trente mille ouvriers mineurs pour
toute la province de Hainaut.
Celle quantité d'ouvriers, eu égard au sexe, a l'âge et à la nature
des travaux, se répartirait comme il suit, en nombres ronds :
FEMMES.
Travaux
1 au-deMOUS de 16 ans.
900
de la surface,
\ au-dessus id.
1,900
Travaux
( au-dessous îd.
900
souterrains,
| au-dessus id.
1,800
Travaui
j au-dessous îd.
1,800
de tonta espèce,
1 au-dessus id.
3,000
Travaux i au-dessous de 16 ans. . 600 1
de la surface, [ au-dessus id. . . 3,000 ]
Travaux ( au-dessous id. . . 3,600 1
souterrains, ( au-dessus id. . .18,000 |
Travaux I au-dessous id. . . 4,200 I
de toute espèce, i an-dessus id. . .91,000 j
FEMMES ET HOMMES.
Travaux i au-dessous de 16 ans.
de la surface, ) au-dessus id,
Travaux f au-dessous id.
souterrains, ( au-dessus id.
Travaux I au-dessous id.
de toute espèce, j au-dessus id.
. 1,800 j
. 4,900 |
. 4,300 1
.19,800 j
. 6.000 1
.94,000 j
21,600
33,800
30,000
Ainsi, sur trente mille ouvriers mineurs, il y a quatre mille huit
cents femmes ou seize pour cent; de ces quatre mille huit cents
femmes, dix-huit cents sont âgées de moins de seize ans et trois
mille de plus de seize ans ; deux mille cent travaillent au jour, deux
mille sept cents dans l'intérieur des mines.
Parmi les vingt-cinq mille mineurs, quatre mille deux cents sont
âgés de moins de seize ans ; vingt et un mille ou soixante et dix pour
cent du nombre total d'ouvriers, de pins de seize ans ; trois mille
six cents sont occupés à la surface, vingt et un nulle six cents dans
les travaux intérieurs.
Enfin, si l'on oe fait aucune distinction de sexe, six mille ouvriers,
ou vingt pour cent, sont âgés de moins de seize ans ; vingt-quatre
mille ou quatre-vingts pour cent, de plus de seize ans; cinq mille
xuvCoo^le
236 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
sept cents, ou dix-neuf pour cent, (ont occupe* à la surface ; vingt-
quatre mille trois cents ou quatre-vingt-un pour cent, dans les
travaux souterrains.
Il est excessivement rare de voir travailler les femmes mariées,
non seulement dans l'intérieur des mines, mais même à la surface ;
aussi sont-elles presque toutes Agées de moins de vingt-quatre ans.
La seule raison que l'on puisse donner de ce fait, c'est que l'état
de grossesse d'abord, et ensuite les soins assidus et multipliés que
réclament les enfants en bas âge ne permettent plus aux femmes
de se livrer à des occupations pénibles, continues, et qui les éloi-
gneraient, chaque jour, pendant dix à douze heures, de leurs
ménages.
î° Quignon. — Quel est approximativement le nombre d'ou-
vriers de dix à seize ans qui travaillent dans les mines, pendant la
nuit? Ceux de celte catégorie sont-ils employés toutes les nuits, on
bien alternent-ils avec d'autres?
retorse. — J'estime que le nombre des ouvriers âgés de moins
de seize ans , employés pendant la nuit , s'élève approximative-
ment au tiers du nombre total des ouvriers de cet Age occupés
dans l'intérieur des mines de la première division, c'est-à-dire à
quinze cents. Il faut toutefois observer que les ouvriers de cette
catégorie du premier district des mines, qui n'alternent pas avec
d'autres, ne travaillent pas ordinairement au delà de minuit, et
quittent la mine avec les brigades de travailleurs auxquelles ils sont
pour ainsi dire associés ; tandis que ceux du second district, qui
alternent, en général, avec d'autres, chaque semaine, descendent
de six & huit heures du soir, dans les travaux, pour n'en sortir qu'à
cinq ou six heures du matin, après l'achèvement de leur lâche.
3' question. — Une disposition qui défendrait d'employer aux
travaux de nuit, c'est-à-dire de huit heures du soir à cinq heures
du matin, des enfants au-dessous de treize ans, aurait-elle des
inconvénients graves en ce qui concerne le» ouvriers mineurs?
Y aurait-il lieu de faire une exception à leur égard?
aiponsE. —J'estime environ à quatre cent cinquante, le nombre
des ouvriers des deux sexes Agés de moins de treize ans, qui tra-
vaillent, soit d'une manière continue pendant la première partie de
chaque nuit (premier district), soit alternativement, chaque
semaine, pendant toute la nuit (deuxième district), dans les mines
de la première division.
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PREMIÈRE DIVISION (IIAINAIT). m
On conçoit facilement qu'une disposition législative, qui défen-
drait d'employer aux travaux nocturnes, les enfants âgés de moins
dé treize ans, n'aurait pas de graves inconvénients pour l'exploi-
tation des mines ; mais outre qu'elle serait d'une exécution très-
difficile, je pense, d'abord, avec H. l'ingénieur du premier district,
que le travail de nuit, tel qu'il est ordonné dans le* mines de la
province de Hainaut, est moins pénible et moins pernicieux pour
le santé dés ouvriers mineurs, jeunes ou vieux, que te travail de
jour ; et ensuite, qu'il conviendrait peut-être de n'admettre au tra-
vail des mines, en général, de jour ou de nuit, de la surface ou de
l'intérieur, que les ouvriers des deux sexes qui auraient au moins
atteint leur douzième année. Le nombre des enfants au-dessous de
cet âge, actuellement occupes dans les mines de la province, ne
dépasse probablement pas onze cents.
4° 0UBBT1ON. — Si la loi défendait d'employer des enfants de
treize à seize ans aux travaux nocturnes plus de trois nuits sur sept,
y aurait-il des inconvénients graves en ce qui concerne les ouvriers
mineurs?Et cette disposition serait-elle réellement avantageuse aux
enfants de cette catégorie, sous le rapport de la sanié, du dévelop-
pement et de l'instruction?
aérons!. — Ce que je viens de dire répond suffisamment à cette
question; je crois, en effet, avec M. l'ingénieur du premier district
des mines, et par les motifs qu'il expose en peu de mots dans sa
réponse à cette quatrième question , que la mesure dont il s'agit
troublerait inutilement si elle ne bouleversait pas complètement
l'ordre et l'économie des travaux des mines, sans exercer aucune
influence favorable sur la santé, le développement des forces et
l'instruction de la classe ouvrière; il est même a remarquer qu'elle
forcerait les enfants à faire, chaque semaine, une double tache,
pour passer du travail diurne au travail nocturne ou réciproque-
ment : inconvénient grave qu'il faut au contraire tâcher de prévenir
autant que possible.
6* ot'KSTioif. — Les enfants employés dans les mines, savent-ils,
en générai; lire et écrire? Ont-ils des heures libres pendant les-
quelles ils pourraient assister aux leçons, soit des écoles du jour,
soit des écoles du soir, là où il en existe?
kkpohse. — J'estime approximativement que plus des deux tiers
des ouvriers mineurs, c'est-à-dire plus de vingt mille, ne savent ni
lire ni écrire; le reste, ou dix mille environ, savent seulement lire,
xuvCoo^le
M8 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES,
ou lire et écrire imparfaitement. Les subside* et les nombreux
encouragements que les comitâssiena administratives des caisses
de prévoyance accordent au* anciennes comme aux nouvelles
écoles , apporteront certainement avec te temps une améliora-
tion à cet état de choses ; cependant il faut reconnaître que le plus
grand obstacle a la propagation de l'instruction parmi les ouvriers
mineurs , c'est le travail prématuré que les parents se trouvent
presque toujours dans la nécessité d'imposer à leurs enfants. On
ne peut guère exiger, en effet, ou plutôt il est absolument impos-
sible que le jeune ouvrier qui quitte sa demeure, de deux à cinq
heures du matin, pour n'y rentrer, exténué de fatigue, que vers
cinq heures du soir, fréquente encore une école pour y recevoir
des leçons de lecture et d'écriture dont ni lui ni ses parents
n'espèrent retirer aucun profit prochain ou éloigné ; à peine lui
reste-t-il le temps de prendre son repas du soir et de réparer ses
forces épuisées par quelques heures de repos.
De ce qui précède, il est facile de conclure que si l'ouvrier
mineur ne sait ni lire ni écrire, lorsqu'il commence à se livrer au
travail des mines, il ne le saura jamais, et que, par conséquent,
te seul moyen de le soustraire a une ignorance complète, serait de
ne l'admettre à figurer sur le contrôle des ouvriers, qu'à l'Age de
douze ans par exemple, c'est-à-dire lorsqu'il aurait eu le temps
d'acquérir, dans les écoles publiques ou particulières, le degré
dlnstruction convenable à son état et à sa profession. Une chose
serait seulement à regretter, c'est que cette mesure retarderait
encore les secours que, de dix à douze ans, la plupart des enfants
par leur travail , commencent à apporter dans leurs familles ,
secours dont la privation rend si difficiles et si pénibles les pre-
mières années du mariage de l'ouvrier mineur.
6* question. — Remarque- t-on dans oette classe de travailleurs
(les ouvriers des mines, en général, ) plu» d'indiscipline, d'ignorance
ou d'immoralité que parmi les ouvriers de fabriques?
Observation. Si les éléments de cette comparaison , difficile
d'ailleurs, ne sont pas réunis, donner une idée de l'état moral des
ouvriers mineurs, ce qui est essentiel pour l'objet de ces rensei-
gnements.
fitHurai. — J'ajouterai quelques observations aux réponses faites
par MM. les ingénieurs à cette question.
Il est impossible que la réunùm journalière de plusieurs cen-
*by Google
PREMIÈRE DIVISION (HA1MUT). «9
laines et souvent de plusieurs millier» d'individus, dans sk même
localité, dans une même commune, et, pour ainsi dire, dans un
même établi Mènent, ne produise pu, de temps en temps, quelques
désordres, quelques coalitions; et encore, est-il facile de prouver
que ces actes d'indiscipline, assez rares d'ailleurs, doivent être
imputés a la mauvaise organisation du travail et aux exigences con-
certées des sociétés charbonnières , plutôt qu'à la volonté prémé-
ditée des ouvriers.
En effet, ce n'est ni dans les mines des environs de Charleroy,
ni dans celles dites du Centre (Houdeng, La Hestre, Marimont, etc.),
où l'exploitation est régulière et rarement interrompue , et où la
population ouvrière est disséminée sur une assez grande 'étendue
superficielle, que les émeutes ont lieu ; mais bien dans les mines
dites du Bermage, au couchant de Mons, ou vingt mille ouvriers
sont accumulés, pour ainsi dire, sur un espaoe de trois ou quatre
lieues carrées, et ou la fermeture périodique des canaux change
subitement, et pour des mois entiers, leur position. Tantôt l'activité
de l'extraction exige un grand nombre de bras : l'on se dispute les
ouvriers, on leur accorde des salaires exagérés ; tantôt l'interrup-
tion de la navigation rend impossibles les expéditions de combus-
tible a l'étranger : on renvoie alors en masse les ouvriers chez eux,
ou il» attendront patiemment, pendant un, deux ou trois mois, que
la réparation des ouvrages d'art, le curage du canal ou le dégel
aient de nouveau rendu possible la circulation des bateaux ; aujour-
d'hui c'est le prix de la nutin-d'œuvre qui semble trop élevé, et que
l'on veut immédiatement ramener à un taux normal; demain oe
sont les règlements de police sur les mines, l'usage des livrets, par
exemple, que l'on avait laissés tomber en désuétude, ou dont les
ouvriers s'étaient affranchis depuis plusieurs années, que l'on vient
tout à coup remettre en vigueur, etc., etc.
L'on ne doit, selon moi, s'étonner que d'une chose : c'est qu'au
milieu de toutes ces secousses, de tous ces bouleversements , l'ou-
vrier mineur, atteint dans sa propre existence et dans l'existence
de sa famille, se borne à refuser momentanément son travail pour
le prix qu'on lui offre , et ne se livre à aucune voie de fait , ni a
aucun autre acte répréhensible que les tribunaux auraient à pour-
suivre. Ce fait seul prouve mieux que tout ce que l'on pourrait
dire, le caractère paisible et la résignation de l'ouvrier mineur.
Les autres accusations dont cette classe intéressante de la popu-
lation est ordinairement l'objet ne sont pas mieux fondées.
*by Google
3» . RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
Les crime» contre les personnes et contre les propriétés sont
pour ainsi dire inconnus parmi les ouvriers charbonnier» , et il
serait facile de constater, en parcourant tes annales judiciaires,
si les -délits sont plus fréquenta dans les cantons houillers de la
Belgique que dans les autres. Pour ma part , je ne le crois pas.
Les personnes qui ne visitent pas fréquemment les contrées où
sont établies les exploitations de mines de houille, s'imaginent que
les ouvriers mineurs sont généralement adonnés à l'ivrognerie et à
la débauche; c'est une erreur qui s'est accréditée , je ne sais com-
ment, dans le public, et que je vais m'eftbrcer de détruire.
Les hauts salaires qui 'ont été payés aux ouvriers pendant les
années 1637, 1838, 1859 et 1840, n'ont pas été entièrement
dissipés, comme on se plaît à le dire; une grande partie a été
employée en acquisitions de pièces de terre, en construction de
maisons, etc. ; je citerai, entre autres, les communes de Cuesmes ,
Frameries et Pâturages, qui sont maintenant couvertes d'une mul-
titude de petites habitations neuves.
Depuis 1840, le prix de la main-d'œuvre, dans les mines du
Uainaut, a considérablement diminué , puisque, par des calculs
dont le résultat est consigné daus le compte rendu annuel de la
députation permanente au conseil provincial, de 1842 et de 1843,
j'ai démontré que chaque ouvrier mineur n'avait reçu, en moyenne,
que 692 fr. en 1841, et 612 fr. en 1842, ou, par jour , 1 fr. 90
en 1841 , et 1 fr. 68 en 1842.
Or voici la dépense journalière et normale d'un ouvrier aisé du
couchant de Mous, en 1843 :
i* Nourriture . . © fr. 65
S- Boisson 0 — Si
5° Vêtements de toute espèce .0 — 30
4- Literies 0 — 05
5° ChauHage, éclairage, blanchissage, logement. . 0 — 08
1 fr. 57
Celte dépense est exacte et facile à contrôler , car on sait qu'un
individu de la classe ouvrière paye, pour sa table et son logement,
1 fr. par jour , dans les communes de Cuesmea , Jemmapes , etc.
Hais il arrive rarement qu'un ouvrier mineur soit seul :■ ou il de-
meure chez ses parents, et remet son salaire au chef de la famille,
ou il est lui-même marié, et a plusieurs enfants en bas Age. Dans le
premier cas, il n'est pas libre de disposer de l'argent qu'il reçoit;
dans le second, et le suppotat-on dans les conditions les plus favo-
^y Google
; DIVISION (HAINÀUn 251
râbles, je veux dire Agé de vingt-cinq ans, n'ayant, que deux petits
enfanta et sa femme, travaillant six jours par semaine, touchant le
salaire le plus élevé, c'est-à-dire 2 fr. 50 par jour, je ne m'explique
pas que ce salaire suffise à l'entretien de la jeune famille , bien
loin que l'on puisse en détourner une partie pour le dépenser au
cabaret.
Je ne crois donc pas à l'ivrognerie comme vice particulier à la
classe des ouvriers mineurs , a moins que l'on ne regarde comme
un excès de ce genre, l'habitude que les charbonniers du couchant
de Hons ont prise ,. après avoir séjourné dix à douze heures dans
les travaux intérieurs et être remontés au jour , par des échelles
ordinairement mal établies,. d'une profondeur de trois a quatre
cents mètres , d'avaler un petit verre de genièvre et de boire un
demi-litre de bière., en mangeant le reste de la tartine ou de la
tranche de pain qu'ils ont emportée avec eux en quittant leurs
demeures à deux ou trois heures du matin ; encore est-ce là un
excès que l'indigence interdit en ce moment à la plupart des
ouvriers.
Enfin reste le reproche de relations illicites entre les sexes.
D'abord il faut qu'on sache que ce n'est pas dans les travaux
intérieurs, quoi que l'on en ait dit, que ces désordres peuvent avoir
Heu; ceux qui ont visité les mines, qui connaissent l'activité qui y
règne, la surveillance continuelle qui s'y exerce, le grand nombre
d'ouvriers qui y sont constamment en' circulation , enfin la préci-
sion , la célérité et l'attention que chacun apporte à remplir la
tâche imposée, ne seront pas étonnés de celte assertion; ceux
qui ne connaissent l'exploitation des mines que par les relations
inexactes et incomplètes qui en ont été données, auront plus de
peine à y croire ; cependant les faits attestent que j'ai raison , et
' qu'il se commet moins d'actes répréhensibles dans les travaux
souterrains qu'à la surface , et surtout que dans les fabriques ou
dans les manufactures ou existe aussi la promiscuité des aexet.
Quant a la conduite des femmes de mineurs en général, je puis
heureusement prouver par des documents positifs et officiels ,
qu'elle est plus régulière que celle des femmes des contrées sim-
plement agricoles.
En effet, voici d'après les registres de l'état civil, le nombre des
naissances légitimes et illégitimes, pendant les années 1841 et 1842;
1" dans l'arrondissement judiciaire de Tournay ; 2° dans les can-
D,g,ized0y GOOgle
454 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
tons de Bouini , Dour, Pâturages, Rœulx, Charleroy , Goseelies et
HtiauNon
HUIMHOU
lulumn.
muUuiwUptiaM.
6,954
622
0,090
7,186
379
0,053
6,328
567
0,069
456
55
0,080
1841:
1* Arroudisscment de Tourna?.
2« Cantons de Boussu, Dour,
Pâturages, Rœolx, Charleroy,
GosseliesetSenene. . . .
1849:
1= Arrondissement de Tourna}' .
S< Villes de Charleroy, Gosse-
lies et Rœnlx
Je n'ai pu indiquer , pour 1842 , les naissances des cantons de
Boussu, Dour, Pâturages, Rœulx, etc., parce que le compte rendu
de la députatîon permanente du conseil provincial de 1843 ne les
distingue pas de celles des communes rurales des arrondissements
administratifs ; mais les chiffres de 1841 sont concluants et démon-
trent que le nombre des naissances illégitimes , proportion gardée
avec les naissances légitimes, est 1 ,75 fois plus grand dans l'arron-
dissement de Tournay, que dans les cantons où il existe des exploi-
tations de mines de houille.
J'ai fait moi-même le relevé des registres de l'état civil de la
commune de Cuesmes, pour les années 1841 et 1 842. En voici le
résultat :
h légitimes; — 7
illégitimes.
Un des sept entants naturels de l'année 1841 a été légitimé par
le mariage du père et delà mère ; cinq des douce enfants naturels
de' 1842 ont été aussi légitimés, soit pendant l'année, soit au
commencement de l'année 1843. Il ne reste donc , pour les deux
années, que treize enfants naturels, sur trois cent six enfants légi-
times ou légitimés peu de temps après leur naissance. Le rapport
de ces deux nombres est 0,042, ou un peu plus d'un vingt-cin-
^y Google
PREMIÈRE DIVISIOn (HAINAUT). 955
quième; l'on «ait que le même rapport pour tout le royaume est
de un onzième.
Parmi les mères des treize enfante naturels qui n'ont pas été
légitimé*, une seule était employée ai» travaux des mines ; encore
était-ce lia surface; les autres étaient servantes, journalières,
couturières, etc.
De tout oe que je viens de dire , l'on conclura sans doute , sans
s'arrêter aux apparences et en étudiant attentivement la ques-
tion, que les mœurs des ouvriers mineurs sont plus régulières que
celles des autres classes de la société, et, dans tous les cas, que
leur vie n'est pas aussi désordonnée qu'on pourrait le croire
d'après les assertions, pour la plupart erronées, qui ont été émises
a ce sujet.
7* QDESTiort, — Si une disposition législative établissait , comme
la loi française du 22 mars 1841 l'a prescrit quant aux enfants
admissibles dans te* manufactures, que «nul enfant âgé de moins de
douze ans , ne sera admis qu'autant que ses parents ou tuteurs
justifient qu'il fréquente une école publique ou privée; et que tout
enfant admis devra, jusqu'à douze ans, suivre une école, ■ cette
mesure pourrait-elle être exécutée sans grandes difficultés et sans
grave inconvénient, en ce qui concerne les ouvriers des mines?
aipoNSB. — Tout le monde est d'accord sur un point : c'est qu'il
est impossible à un jeune homme , et , à plus forte raison , 1 un
enfant, de se livrer au travail des mines et de fréquenter en même
temps une école; ce sont la deux conditions absolument incom-
patibles. Si l'on défendait d'employer aux travaux des mines ,
comme on pourrait peut-être le faire d'après ce que j'ai dit ci-
dessus, les enfants qui n'auraient pas encore atteint leur douzième
année, il est probable qu'arrivés à cet âge , tous ou presque tous
sauraient lire et écrire; cependant, comme c'est principale-
ment dans leur intérêt et en vue de leur bien-être à venir , que le
gouvernement multiplierait les moyens d'instruction, je crois qu'il
y aurait d'autant moins lieu d'imposer aux exploitants l'obligation
de ne recevoir que des enfants sachant lire et écrire, qu'en pra-
tique cette disposition serait à peu près inexécutable.
J'estime, en conséquence, que le gouvernement devrait se bor-
ner a établir, au milieu des populations charbonnières, un assez
grand nombre d'écoles où l'instruction élémentaire serait donnée
gratuitement aux enfants d'ouvriers, jusqu'à l'âge auquel on leur
permettrait de commencer a travailler dans les mines.
^y Google
S34 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
8' question. — D'après l'état de santé et de force des ouvriers
qui ont travaillé la nuit, dans leur enfance, y a-l-il lieu de prendre
à cet égard des mesures protectrices pour prévenir l'abus ?
bépoksb. — Je ne pense pas que le travail de nuit , tel qu'il est
organisé dans la première division des mines, ait aucune influence
fâcheuse sur la santé des ouvriers. Ce qui altère promptement leur
constitution physique, c'est la mauvaise conduite, l'insuffisance
de l'aérage, la mauvaise disposition des échelles, les petites dimen-
sions et l'humidité des puits et des galeries, etc.; et si, par des
mesures sévères et par une surveillance rigoureusement exercée,
l'administration parvenait à régulariser l'exploitation sous ces
divers rapports, elle aurait certainement rendu un immense service
a l'humanité.
9* question . — Quel est l'âge moyen auquel parviennent les
ouvriers mineurs?
réponse. — Comme le fait observer M. l'ingénieur du premier
district des mines, cette question ne peut être résolue convenable-
ment que par les administrations chargées de tenir les registres
de l'état civil ; cependant, d'après les données que j'ai recueillies a
plusieurs mines, il paraîtrait que l'âge moyen des ouvriers occu-
pés dans les travaux souterrains serait à peu près de vingt-huit
ans, et il n'est pas rare d'en rencontrer qui sont âgés de soixante
à soixante-cinq ans ; ce qui ferait supposer que les ouvriers mineurs
vivent et travaillent aussi longtemps que les Ouvriers des autres
professions. Toutefois, il est permis de conserver des doutes à cet
égard. Les femmes, comme je l'ai déjà dit, ne travaillent guère,
soit au jour, soit dans les mines, que jusqu'à l'âge de vingt-quatre
ans ; il y a néanmoins des exceptions , et quelques femmes sont
même âgées de plus de quarante ans.
En résumé, je pense que la conduite des femmes employées dans
l'intérieur des travaux des mines n'est pas plus répréhensible que
celle des femmes employées à la surface ni même que celle des
autres classes ouvrières; que M. l'ingénieur du premier district des
mines se trompe lorsqu'il avance que ■ l'emploi des femmes con-
« centre le gain journalier dans un moins grand nombre de familles
« et en' laisse ainsi beaucoup dans le besoin, etc., » puisqu'il peut
arriver et puisqu'il arrive en effet, tous les jours , que des filles
soient l'unique soutien de parents vieux et infirmes ; que, par con-
séquent , il n'y a pas lieu, dans l'état actuel des choses , d'exclure
ly Google
PBEMIÈHE DIVISION (HAQtAUT). 335
tes femmes des travaux intérieurs des mines, ce qui priverait d'ail-
leurs injustement* un grand nombre de familles de leurs moyens
d'existence , et causerait un préjudice considérable aux proprié-
taires d'exploitations; et enfin, que la seule mesure d'ordre public
qu'il conviendrait peut-être d'adopter , serait d'interdire doréna-
vant le travail des mines, et par conséquent la délivrance des livrets
d'ouvriers mineurs aux en&nts Âgés de moins de douze ans; toute-
fois, ceux qui n'auraient pas atteint cet Age et qui sont employés
dans les mines, continueraient à y travailler.
L'Ingénieur en chef de la première division, des minée,
J. Gonor.
5. — lipomes de I. l'Ingèmear h premier district des mines.
( PEHMlàfiE DmSI0H. )
fitjlflo. CSuaèmeùt, et* ofiePde ta ptetutke dteÏMow 3ej JUWwJ, à JAaoMJ.
Ihi, ta M mtiffiU.
MOKSIKim l'ikgkmeuu IK CHJO ,
Il m'a été impossible de satisfaire plus tôt a votre lettre , par
suite de différentes besognes spéciales dont j'ai ' du m'occuper
presque incessamment, et aussi parce que je voulais que le travail
que vous demandez par cette lettre fat le plus exact possible , ce
qui a exigé assez de recherches pour la vérification des faits.
Il est cependant encore quelques questions auxquelles il m'a été
impossible de répondre catégoriquement , par suite du manque
d'éléments relatifs aux généralités auxquelles elles se rapportent.
Je vais donc y satisfaire autant que je le pourrai, en vous fai-
sant observer, toutefois, que j'ai cru devoir distinguer les charbon-
nages situés au levant de Hoos et compris parmi ceux que l'on
nomme les charbonnages du Centre ainsi que celui de Blaton,
^y Google
256 RÉPONSES DES INGÉNffiL'BS DES HINES.
situé dans l'arrondissement de Tournay, d'arec ceux du Borinage,
parce que la distribution et les conditions du travail ne sont pas
les mêmes dans les uns que dans les autres.
C'est ainsi que dans les premiers, la tache ni le salaire ne sont
aussi forts que dans les derniers ; qu'il y a bien peu de femmes
qui y soient employées, tant a la surface que dans les travaux sou-
terrains, tandis que le nombre proportionnel des enfants y est plus
grand, attendu qu'ils y Font encore le traînage par suite de ta dis-
position particulière des travaux, et de ce que la production par
chaque puits est loin d'approcher de celle des puits du Borinage ;
en sorte que, bien que la journée de travail ne soit pas aussi longue,
chaque traîneur a cependant une moindre charge à conduire par
chaque voyage. C'est d'ailleurs ce qui se faisait au Borinage avant
que l'extraction n'y prit le développement qu'elle a maintenant
acquis.
1™ ooestior. — Quel est, sur le nombre total des ouvriers
employés aux travaux des mines , la proportion ou le nombre de
ceux de l'âge de dix à seize ans? — Distinguer les sexes.
Ksponsx. — Il y a dix-neuf mille six cent quarante-deux ouvriers
mineurs dont les livrets sont déposés dans les bureaux des diffé-
rentes mines du Borinage. Sur ce nombre il y a treize mille cent
quatre-vingt-six adultes, dont onze cent quarante-deux femmes ou
filles, employés dans l'intérieur des travaux, ainsi que deux mille
cent soixante et dix-neuf garçons de dix a seize ans et cinq cent
quatre-vingt-neuf filles du même Age , en tout quinze mille neuf
cent cinquante-quatre. 11 y a dans le même canton houiller , deux
mille huit cent quatre-vingt-neuf adultes, dont mille vingt femmes
ou filles , plus deux cent cinquante garçons et cinq cent quarante-
neuf filles de dix a seize ans, employés à la surface.
La proportion demandée est donc à peu près un septième en
jeunes garçons et un vingt-septième en jeunes filles du nombre
total des ouvriers employés dans les travaux souterrains, et a peu
près un quinzième en jeunes garçons et un peu plus d'un sep-
tième en jeunes filles, du nombre total des ouvriers occupés à la
surface.
Le charbonnage de Blaton , s'éteodant sur BUton, Bernissait,
Harcbies, Pommerœul, et où l'on commence seulement à exploi-
ter , n'occupe actuellement que cent quatre-vingt-douze ouvriers ,
dont cent quarante hommes et douze jeunes garçons à l'intérieur
^y Google
I DIVISION (HAINAUT). S37
des travaux et, trente-ttfn hommes à la surface. Il n'y a aucune
femme qui y travaille. Quant aux jeunes garçons, il n'y en a que
trois au-dessous de treize ans.
Les charbonnages du centre qui' font partie du premier district
des mines , occupent deux initie trois cent vingt-trois ouvriers,
dont dix-sept cent soixante et quatorze travaillent dans l'intérieur
des travaux, sur lesquels il y a treize cent quarante-neuf hommes,
quatre femmes ou filles adultes, trois cent quatre-vingt-dix-neuf
garçons et vingt-deux filles de dix à seize ans. Quatre cent quatre-
vingt-neuf hommes , quarante-six femmes ou filles adultes, et qua-
torze filles de dix à seize ans, travaillent à la surface.
La proportion est donc, dans oes derniers charbonnages, a peu
près un quart en garçons et un quatre-vingtième en filles de dix
à seize ans de la totalité des ouvriers occupés dans les travaux sou-
terrains, et un quarantième en filles de dix a seize ans, de la tota-
lité de ceux occupés a la surface.
Il' faut cependant remarquer qu'il y a, dans ces charbonnages,
fort peu d'ouvriers au-dessous de l'âge de douze ans.
Il n'y a pas de femmes ou de filles employée» au fond dans les char-
bonnages de celle catégorie, peu dans ceux de Sars-Longchamps et
de Boussu, et il n'y a pas bien longtemps que cela a lieu.
HÉCAPITULATION DE LÀ PREMIERS (fmSTÏON.
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258 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
2* question. — Quel est, approximativement , le nombre d'ou-
vrier* de dix à seize ans qui travaillent dans les mines pendant la
nuit? Ceux de cette catégorie sont-ils employés toutes les nuits ,
ou bien alternent-ils avec d'autres?
atrOnsv. — Dans Jes mines du Borinage, environ les deux sep-
tièmes du nombre total des ouvriers de dix à seize ans employés
dans l'intérieur des travaux , soit de 'sept cent cinquante a huit
cents, travaillent dans les mines pendant la nuit. Cependant, je
dois faire observer que la majeure partie n'y est occupée que
jusqu'à dix ou onze heures du soir, et que , parmi ceux qui tra-
vaillent de huit heures du soir à deux ou trois heures du matin ,
il est rare qu'il y en ait au-dessous de treize ans ; ils sont employés
à graisser les chariots avec de l'huile , alimenter les lampes, faire
les commissions, etc.
ABIaton, la tâche de nuit se prolonge rarement après minait,'
et on n'y emploie pas d'enfants.
Dans les mines , au levant de Mona , la tâche de nuit ne con-
siste, en général, que dans l'entretien et la réparation du boisage.
II n'y a, au plus, que quarante -cinq ouvriers, parmi lesquels on
en compte peu au-dessous de treize ans, qui travaillent pendant
la nuit, encore la tâche est -elle toujours terminée vers minuit
au plus tard.
Les jeunes ouvriers n'alternent pas avec d'autres, parce que les
ouvriers travaillent ordinairement par bandes qu'ils forment entre
eux, et dans lesquelles les jeunes gens sont incorporés, en nombre
proportionné à l'espèce de travail à exécuter.
5* question. — Une disposition qui défendrait d'employer aux
travaux de nuit, c'est-à-dire de huit heures du soir à cinq heures
du matin, des enfants au-dessous de treize an*, aurait-elle des
inconvénients graves en ce qui concerne les ouvriers mineurs?
T aurait il lieu de faire une exception à leur égard ?
hépossi. — Il n'y a , ainsi que je l'ai déjà dit , que fort peu
d'ouvriers âgés de moins de treize ans occupes pendant la nuit dans
les houillères, et je pense qu'avant de prendre une telle mesuré à
l'égard des ouvriers mineurs , il serait bon d'examiner la question
sous toutes ses faces , parce que je ferai voir, tout à l'heure , que
le travail de nuit des mineurs n'est pas, en lui-même, aussi fatigant
qu'on pourrait le croire, et que le principal est d'empêcher que le
même individu , non adulte , puisse faire double tâche.
*by Google
PREMIÈRE DIVISION (HABSAOT). 239
4* qubjtio*. — Si la loi défendait d'employer des enfants de
treize à seize ans aux travaux nocturnes , plus - de trois nuits sur
sept, y aurait-il des inconvénients graves en ce qui concerne les
ouvriers mineurs? Et celte disposition serait-elle réellement avan-
tageuse aux enfants de cette catégorie,, sous le rapport de la santé,
du développement et de l'instruction?
aipoNSB. — Je ne sais si on a entendu, en posant cette question,-
dire que lés enfants qui auraient travaillé seulement pendant trois
nuits dans le courant de la semaine, devraient chômer complète-
ment pendant le reste de la semaine, ou si on' les ferait alterner
avec d'autres qui travailleraient pendant le jour, tandis que ceux-ci
travailleraient pendant la nuit, de manière que chacun d'eux ferait,
alternativement, trots journées pendant le jour, et trois journées
pendant la nuit.
Dans la première hypothèse , le prix de la main-d'œuvre serait
considérablement augmenté, puisqu'il faudrait doubler le nombre
des ouvriers de celte catégorie, quantité qu'on ne pourrait peut-
être pas trouver disponible. De plus , les parents eux-mêmes cher-
cheront à éluder toute mesure dé ce genre, qui aurait pour résultat
de diminuer la somme que leurs enfants rapportent à la masse par
leur travail.
Quant a la seconde hypothèse , elle n'est pas admissible , parce
que la généralité des jeunes ouvriers' de nuit est Agée de plus de
treize ans. Le plus grand nombre ont même de quinze a dix-
sept ou même dix-huit ans , tandis que ce sont ceux de dix à qua-
torze ans qui travaillent pendant le jour. En supposant même que
cela serait faisable, sous le rapport de Pige, comment ferait-on
pour que ces jeunes ouvriers ne se trouvent pas dans la nécessité de
travailler trente-six heures de suite à chaque changement d'heure
de travail , c'est-à-dire une fois chaque semaine. Il faut encore
remarquer que les plus jeunes, ceux de dix a douze ans, travaillent
généralement aux mêmes mines, et pendant les mêmes heures que
leurs pères ou leurs frères, qui peuvent ainsi veiller plus ou moins
sur eux et les familiariser avec la fréquentation des travaux.
Quand j'ai parlé de l'augmentation qu'occasionnerait dans le
prix de la main-d'œuvre ou le prix de revient de la houille, ce qui
est la même chose, l'obligation de n'employer, pendant la nuit, les
mêmes ouvriers de treize à seize ans, que trois nuits par semaine, ce
n'est pas que j'aie voulu mettre la question d'argent au-dessus de
celle du bien-être des ouvriers ; mais j'ai voulu qu'elle put être prise
^y Google
U(\ RÉPONSES DES INGENIEURS DES MINES.
en considération, parce que l'introduction des houille» anglaise* en
France nous oblige à y abaisser le prix des nôtres, autant que pos-
sible , pour pouvoir soutenir la concurrence. Quant à la question
du bien-être , jo pense que quelques explications sont nécessaires
pour la faire bien comprendre à l'administration supérieure.
Les jeunes ouvriers occupés à la surface ne travaillent jamais pon-
dant la nuit , et j'ai déjà fait voir que le nombre de ceux occupés à
l'intérieur de la mine pendant ce temps est très-restreint. J'ajouterai
que le temps qu'ils y sont retenus est beaucoup moin» long que
celui pendant lequel ceux qui travaillent pendant le jour doivent
y rester.
Voici comment les choses se passent dans les mines du Flénu ,
celles où le travail est le plus actif et où l'ouvrier eu fait le plus
peut-être de toute la Belgique.
Les ouvriers à la taille, dits aussi ouvriers à veine (ceux qui déta-
chent la bouille), doivent être prêts à descendre dans la mine à
trois heures du matin.
Les chargeurs à la taille (ouvriers qui emplissent les petits cha-
riots), les jamhots de crachote (ceux qui entretiennent les lampes
dans les galeries), les balayeurs, les fermeurs de portes, etc. , tous
petits ouvriers de dix a douze ou treize ans au plus, doivent être
prêts dès trois heures et demie.
Les eclâneure (tralneura), hauteur» (pousseurs de charbon le
long des tailles, lorsqu'il est détaché), chargeurs aux cuffaU,
conducteurs de chevaux, descendent de trois heures et demie à
quatre heures.
Enfin le« portons, caiint, boiseurs, meneurs de terre au troussage,
descendent dans le cours de la journée.
Les ouvriers a la taille sortent de la mine à mesure qu'ils ont
fini leur tâche, qui est d'environ quatre mètres carrés : les pre-
miers commencent à remonter de deux à trois heures après-midi.
Lesjtmtbots (c'est le nom générique de tous les petits ouvriers
désignés plus haut), remontent de quatre à cinq heures après-
midi.
Les derniers sclôneurs remontent entre cinq et six heures.
Tous ces ouvriers habitent donc dans l'intérieur de la mine ,
pendant au moins doute heures et même pendant quatorze ,
lorsqu'ils y sont rassemblés en plus grand nombre , et que la
bouille que l'on abat obstrue plus ou moins le passage de l'air le
long des tailles, passage déjà occupé par les ouvriers à veine,
^y Google
PREMIÈRE DIVISION (HAINAM.) 241
au moment où l'air circule le moins facilement et qu'il est le plut
échauffé et le plus vicié. Ils sont, en outre, forcés d'être levés à
deux heures du malin , s'ils demeurent dans le voisinage de la
mine, et beaucoup plus tôt encore s'ils en sont éloignés, comme
cela a lieu pour beaucoup d'entre eux , d'une lieue et demie ou
plus , tandis qu'ils ne sont rentrés chez eux qu'à six ou sept heures
du soir, au plus tôt.
Une autre catégorie d'ouvriers, les coupeurs de voie et les rele-
reurs de terre (oeux qui vont entamer l'ouvrage pour le lende-
main), descendent vers deux heures après-midi pour remonter
entre huit et neuf heures du soir. Ils sont accompagnés de quel-
ques jambots, en général un peu plus forts que les premiers et
servant a leur amener le bois dont ils ont besoin pour étançonner
la galerie d'allongement qu'ils avancent, etc.
Fufin les meneurs de terre (remblayeurs) descendent de cinq à
six heures du soir, pour remonter vers deux heures du matin. Ce
sont ordinairement de jeunes ouvriers , de quinze a dix-huit ans,
et il n'y a que deux ou trois jambots avec eux.
Ainsi, ceux qui travaillent pendant le jour sont privés de la
lumière solaire durant la plus grande partie de la journée en été,
et ne la voient jamais en hiver ; ils sont occupés plus longtemps
que les autres ; plongés, pendant leur travail, dans une atmosphère
viciée plus qu'en tout autre temps ; enfin, ils ont moins de repos et
doivent l'interrompre aux heures où on est habitué d'en jouir le
plus complètement.
Ceux qui descendent avec les coupeurs de voie ne séjournent
dans la' mine que pendant six à sept heures ; lis sont placés dans un
courant d'air plus actif et moins vicié , et peuvent prendre autant
de repos qu'il leur convient.
Quant aux meneurs de terre , ce sont des jeunes gens dont le
développement est déjà assez avancé et qui ont acquis des forces
suffisantes pour le travail auquel ils s'adonnent ; leur tâche ne dure
que huit heures environ ; ils sont occupés pendant que le courant
d'air est le plus libre et qu'il a balayé tout l'air vicié qui pouvait
s'être accumulé dans les travaux ; ils ont assez de temps pour se
reposer et peuvent jouir de la lumière solaire plus que les autres.
Ce sont donc les ouvriers de nuit qui sont exposés à un travail
moins long et moins pénible , qui peuvent prendre le plus de repos,
qui peuvent le mieux jouir de la lumière solaire, et qui ont le plus
de temps pour fréquenter les écoles ; car on conçoit que l'enfant
^y Google
U% RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES,
qui a dû se lever quelquefois avant une beure du matin, et qui
ne rentre chez lui que vers six pu sept heures du soir , n'a pas
trop de temps pour manger et se reposer , et qu'il ne peut même
penser à fréquenter une école.
Il n'y a donc pas lieu à prendre des mesures extraordinaires à
l'égard des ouvriers de nuit, pas plus qu'à l'égard des ouvriers qui
travaillent pendant le jour, quant à la limitation du travail.
J'ai dit , en répondant à la question précédente, que la princi-
pale mesure à prendre était d'empêcher les jeunes ouvriers de
doubler leur lâche, de faire ce qu'on appelle des rebande*. En effet,
il arrive souvent , dans le Borinage , que l'ouvrier qui a travaillé .
pendant le jour, demande à- faire une journée de nuit en sus ; celte
augmentation de travail est même regardée comme une faveur
par les jeunes ouvriers de treixe à quinze ans, dont les parents
retiennent tout le gain ordinaire, en leur laissant pour leurs
menus plaisirs celui des journées extraordinaires. Il en résulte
que les jeunes ouvriers restent souvent trente-six heures, dans
la mine , préférant y coucher dans quelque coin de galerie aban-
donnée et mal aérée, que de remonter et de descendre deux
fois de plus, par les échelles et à de courts intervalles. Dans
plusieurs charbonnages ; les portons (chefs ouvriers) ont l'ordre
de visiter les travaux après chaque tâche finie, afin de. forcer
chacun à remonter à la surface; mais on n'y fait pas moins
des rebandes, parce qu'il manque quelquefois plusieurs t
de nuit, par suite de l'absence de quelques-uns d'entre i
d'une augmentation accidentelle de travail , sur laquelle ou n'avait
pas compté.
Cette manière d'agir . est très-nuisible à la santé des jeunes
ouvriers, car ils se nourrissent nécessairement moins bien pendant
qu'ils restent dans la mine, que lorsqu'ils en Sortent; et, en se
retirant dans des galeries où l'air ne circule pas, pour se garantir
du froid, ils respirent, pendant tout le temps de leur repos, un
air vicié; aussi reconnait-on ceux qui commettent cette sorte
d'excès, à leur maigreur et à leur pâleur ; ils offrent l'apparence
d'un commencement d'anémie.
La défense de laisser faire double journée, par des ouvriers
âgés. de moins de dix-huit ans et même de vingt , serait donc une
mesure de première nécessité ; car si on ne peut empêcher les
inconvénients inhérents au métier de mineur, il faut au moins en
supprimer lesabus.
DgfeedOy GOOgle
: PREMIÈRE DIVISION (RAINAIT}. 243
■On voit Aussi, par ce que je viens dédire, que ce Mot le* ouvriers
de nuit qui ont leplua de temps disponible pour fréquenter les
écoles, au moins pendant une partie du jour. ,
. Les commissions administratives des caisses de prévoyance pour
les ouvriers mineurs accordent des subsides pour l'instruction
primaire de ces ouvriers ; elles pourraient se faire rendre compte
de l'âge de ceux qui fréquentent lés écoles, et du genre de travail
auquel ils sont occupes dans les mines, en distinguant ceux qui
fréquentent lés classes quotidiennes de jour, celles du soir ou lés
~ écoles dominicales.
J'ai fait remarquer que, dans les charbonnages du levant de Mons,
il n'y avait que fort peu de jeunes ouvriers employés pendant la
huit, et que leur travail ne -se prolongeait guère au delao^e l'heure
de minuit. ,
5" question. — ; Les enfants employés dans les mines savent-ils,
en général, lire et écrire ? Ont-ils des heures libres pendant les-
quelles ils pourraient assister aux leçons, sok des écoles du jour,
soit des écoles du soir, là où il en existe?.
' fiéponsB. — Dans les charbonnages du levant de Wons , où la
journée n'est jamais que de huit heures, les enfants ont le- temps
de fréquenter les écoles, et ils y mettent d'autant plus de zèle que
la vie des mineur» de ce canton est bien. p|us' régulière que celle
des mineurs du Borinage ; aussi presque tous les ouvriers de vingt
ans et au-dessous savent-ils lire et; écrire. '
II' n'en- est pas de même dans le Borinage, où le nombre des
écoles est loin d'être proportionné a celui de la population qui y .
est. accumulée j où la journée de fa majorité des ouvriers dure de
douze à quatorze heures, et où lé genre de vie du mineur est loin
d'être aussi régulier que dans l'autre canton houillère
Cependant il y a progrès sousce rapport , depuix l'établissement
de» caisses de prévoyance, une partie du subside qui a été affecté
à ces caisses étant consacré a l'établissement d'écoles primaires
pour les enfants des ouvrier» mineurs , et plusieurs personnes
charitables et quelques- sociétés y ayant ajouté des dons volon-
taires. C'est ainsi que le nombre. des élèves fréquentant les écoles
sou» les auspices de l'administration de la caisse de prévoyance
pour le Borinage, qui était de dix-neuf cent quatre-vingt-deux
en 1841, s'est élevé à trois mille quatre en 1842. .
La commission administrative de m. caisse de prévoyance pour
-, ^Google
iii RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
les charbonnages du centre, dan* lesquels sont compris ceux du
levant de Mons, va aussi donner des secours pour propager l'in-
struction primaire, et la société du Bois-du-Luc, à Houdeng-Aime-
ries, paraît disposée à établir à son compte une école pour ses
ouvriers.
6* QUBBTioft. — Remarque-ton dans cette classe de travailleurs
(les ouvriers mineurs, en général), plus d'indiscipline, d'ignorance
ou d'immoralité, que parmi les ouvriers des fabriques?
Observations. Si les éléments de cette comparaison, difficile d'ail-
leurs, ne sont pas réunis, donner une idée de l'état moral des ouvriers
mineurs, ce qui est essentiel pour l'objet de ces renseignements.
hjbposbk. — Lesouvriers mineurs des charbonnages du centre,
où l'étendue des concessions qui sont toutes limitées par des plans
verticaux partant de la surface, empêche le trop grand rappro-
chement et la multiplication des exploitations, et où la nature de
la houille permet de l'emmagasiner pour pins de temps qu'au Bori-
nage ; ces ouvriers, dis-je, ayant du travail régulièrement pendant
toute l'année, les sociétés qui les emploient le leur partageant de
manière à ce que chacun en ait encore lorsqu'il ralentit, sont infi-
niment plus disciplinés que ceux du Borinage, et ne vont pas
courir d'une mine a l'autre pour gagner quelques sous de plus ;
en outre, ils sont connus de leurs maîtres et en sont bien traités en
toutes circonstances, ce qui fait qu'ils mènent une vie fort régulière.
Les femmes ne travaillant point ou fort peu avec les hommes,
les mœurs y sont aussi bonnes qu'on peut le désirer dans la classe
ouvrière.
II n'en est pas de même au Borinage ; mais je pense que l'indis-
cipline qu'on y remarque parmi les ouvriers mineurs, provient de
ce que l'on arrête les travaux lorsqu'on n'a pas besoin d'extraire
du charbon, et de ce qu'ils savent apprécier qu'il leur est nécessaire,
pour subvenir a leurs besoins, de chercher à gagner le plus d'argent
possible quand la vente est considérable. II faut dire aussi, en leur
foreur, que les exploitants, en général, ne leur ont jamais montré
le même intérêt que ceux du levant en montrent a leurs ouvriers, et
que la concurrence que *se font tes directeurs des mines, si rap-
prochées dans ce canton, pour se procurer des travailleurs dans
les moments de besoin, a habitué ceux-ci à se porter là où il y a le
plus à gagner.
Les vols et les assassinats sont extrêmement rares parmi les véri-
^y Google
: DIVISION (HAINAUT). US
tablée Borains, et si on en a eu des exemples depuis quelque temps,
les coupables étaient des étrangers attirés dans ce canton par les
salaires qui s'y étaient considérablement élevés dans les dernières
années.
Quant aux relations entre les sexes, je pense qu'il y a, parmi les
ouvriers mineurs du Borinage, plus de moralité que parmi les
ouvriers des fabriques, malgré le grand nombre de femmes qui
séjournent dans l'intérieur des mines de ce canton , parce que
leur travail, continu et fatigant, ne laisse pas agir l'imagination
chez eux comme chez les autres qui n'ont généralement qu'une
occupation très-peu active. Cependant, sous le rapport de la mora-
lité et pour le bien-être des femmes de la génération k venir, je
pense qu'il serait convenable de défendre d'admettre des femmes
et des filles dans les travaux souterrains. Déjà, depuis quelque
temps, on leur interdit le travail de nuit au charbonnage du Grand-
Hornu.
Les plus grands défauts des Borains sont l'ivrognerie et l'absence
de toute prévoyance ; habitués à gagner beaucoup, lorsqu'ils ont
du travail, ils dépensent leur salaire souvent à l'avance, et n'ont
rien gardé lorsque surviennent des chômages un peu longs ou une
diminution notable de travail, de sorte que la misère devient plus
grande parmi eux, comme cela a lieu dans ce moment.
7* QcxsTioir. — Si une disposition législative établissait, comme
la loi française du 22 mars 1841 l'a prescrit quant aux enfants
admissibles dans les manufactures, que ■ nul enfant âgé de moins
de douze ans ne sera admis qu'autant que ses parents ou tuteurs
justifient qu'il fréquente une école publique ou privée, et que tout
enfant admis devra, jusqu'à douze ans, suivre une école, * cette
mesure pourrait-elle être exécutée sans grandes difficultés et sans
grave inconvénient, en ce qui concerne le» ouvriers mineurs?
nàronsi. — Les soins que prennent les commissions administra-
tives des caisses de prévoyance pour encourager l'instruction
primaire chez les ouvriers mineurs, par l'établissement d'écoles
quotidiennes de jour et du soir, et d'écoles dominicales, ainsi que
l'influence qu'elles peuvent exercer sur les ouvriers, relativement a
ce point, peuvent venir en aide aux mesures que l'on pourrait
prendre à cet égard ; mais je pense que l'exécution de la mesure pro-
posée ici serait difficile, et il reste à savoir si elle est générale-
ment exécutée en France et comment elle l'est. Par quel moyen
*by Google
ÎM RÉPONSES DES mcÉSlKURS DES MINES. .
s'assurera-t-on que tes dix ou dôure raille enfants, qui travaillent
dans les mines de la Belgique apprennent à lire et a écrire, si les
exploitants ■ trouvent que leiir principale affaire est d'avoir un
nombre suffisant d'ouvriers de chaque âge et de chaque catégorie,
et non de s'informer. du degré de leur instruction ?-
La longueur de b journée de travail est d'ailleurs un obstacle
à ce que les enfants puissent fréquenter une école quotidienne, et
l'on' sait qu'à cet âgé ta fréquentation d'une école dominicale est
insuffisante.
Si l'on tient, comme on a raison de le faire, a répandre l'instruc-
tion primaire parmi les ouvriers mineurs, il faut 's'attacher à mul-
tiplier les écoles en proportion de' la population, y placer des
maîtres -capables, donner des encouragements aux élèves, et,
peut-être , conviendrait-il de défendre feutrée des travaux sou-
terrains aux enfants qui auraient moins de douze ans;
Cette mesure, qui semblera sans doute- contradictoire avec ce
que j'ai dit plus haut relativement aux inconvénients qu'il y aurait
de faire augmenter le prix de la main-d'œuvre, aurait, selon moi,
un but plus important encore : .ce serait d'éviter à des enfants d'un
âge aussi tendre, fa fatigue de remonter sur des échelles de l'inté-
rieur des mines qui deviennent de plus en plus profondes, et cela
après y avoir séjourné et travaille pendant douze ou quatorze
heures.
L'inclinaison que l'on donne a ces échelles à certainement l'avan-
tage de fatiguer beaucoup moins les ouvriers que les échelles ver-
ticales ; mais on peut juger de ce que doit éprouver de fatigue Un
enfant de dix ans, lorsqu'il doit remonter de la profondeur de trois
ou. quatre cents mètres, quand on a vu l'état dans lequel arrivent
à la surface des ouvriers faits, remontant de mines moins pro-
fondes. ■■■
S'quutiok. — D'après l'état de santé et de force des ouvriers
qui ont travaillé la nuit dans leur enfance, y'a-t-il lieu, de prendre
à cet égard des mesures, protectrices pour prévenir l'abus?
BÉroHsiK. — Je crois1 avoir déjà répondu a celte question en
taisant remarquer que le travail de nuit est moins pénible et moins
long que celui du jour. J'ajouterai que tous les ouvriers mineurs
ayant plus- ou moins travaillé pendant ia nuit, ne constituent pas
une classe à part: '
La seule chose à faire serait, je pense, d'interdire la double
DVlizedOy GOOgle
PREMIÈRE DIVISION (HAINAUT). 147
tâche à des ouvriers âgés de moins de dix -huit ou de vingt
ans; mai» comment l'empêcherait -on? Voilà la difficulté, car
lorsque l'ouvrage abonde, tes ouvriers deviennent rares, et il sera
bien difficile d'obliger les exploitants et surtout leurs maîtres ou-
vriers de ne pas laisser (aire double journée pour s'épargner la peine
de chercher de» ouvriers et le désavantage de les payer plus cher.
9° QuisTioH. ' — Que! est l'âge moyen auquel parviennent les
ouvriers mineurs?
aipoNSE. — C'est une question qui devrait être adressée aui
autorités communales, puisqu'elle ne peut être résolue que par le
relevé des registres de l'état civil sur lesquels sont inscrits les noms,
âges et professions des défunts.
En résumé, dans le Borinage, la proportion du nombre de
jeunes garçons de dix à seize ans employés dans l'intérieur des
travaux au nombre total des ouvriers de la même classe, est à
peu près de 14 p. %, et celle des filles du même Age de 8,7 %■
La proportion entre le nombre des jeunes garçons de dix à seize
ans qui travaillent à la surface et le nombre total des ouvriers qui
y sont employés, est d'environ 7 p. ■/% et celle des jeunes filles du
même Age de 15 p. •/„.
Il y avait, au commencement de l'annéecourante, dix-neuf mille
six cent quarante-deux livrets d'ouvriers mineurs de toute classe
et de tout Age , déposés dans les bureaux des différentes mines
du couchant de Mons au Borinage ; cent quatre-vingt-douze livrets
au charbonnage de Blaton , et deux mille trois cent vingt-trois
dans les bureaux des charbonnages du centre qui sont situés dans
le premier district des mines, soit vingt-deux mille cent cinquante-
sept livrets d'ouvriers mineurs de toutes catégories pour les mines
de houille du premier district.
Les jeunes ouvriers des deux sexes, de l'âge de dix à seize ans,
employés pendant la nuit , c'est-à-dire depuis le soir jusque vers
deux heures du matin , dans l'intérieur des mines, est peu consi-
dérable, le travail auquel le plus grand nombre est occupé, hors
dea heures de la journée ordinaire, ne durant que jusqu'à dix ou
onze heures du soir, tout au plus. Le nombre de ceux qui travail-
lent le soir ou la nuit s'élève, dans le Borinage, aux deux septièmes
du nombre total des ouvriers de cet Age.
Il n'y en a aucun qui passe la nuit entière dans les travaux des
mines de» autres cantons houillers.
*by Google
3*8 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
Les ouvriers de nuit el du soir se trouvent places dans des cir-
constances plus favorables sous le rapport de la salubrité et de la
durée du travail que ceux qui travaillent pendant le jour, el ils ont
plus de temps pour se livrer au repos , pour respirer l'air pur à
l'extérieur de la mine et pour fréquenter les écoles.
Une mesure qu'il conviendrait de prendre , dans l'intérêt de la
santé, du développement physique et de l'instruction des jeunes
ouvriers mineurs, serait la défense d'employer, pendant la nuit, des
jeunes ouvriers âgés de moins de dix-huit ans, qui auraient déjà
travaillé soit à l'intérieur ou a l'extérieur des travaux, pendant la
journée qui viendrait de s'écouler, ou qui devraient travailler pen-
dant la journée suivante. On ne peut cependant se dissimuler que
l'exécution de cette mesure éprouverait des difficultés dans le com-
mencement, et, en tout temps, lorsque l'on aurait besoin de beau-
coup d'ouvriers. Ces difficultés proviendraient de l'avidité des
parents, et de ce que les maîtres ouvriers n'auraient plus autant
de facilité pour compléter au besoin l'atelier de nuit.
La surveillance de l'administration des mines serait insuffisante
pour l'exécution de cette mesure, parce que, pour l'assurer, il fau-
drait au moins un officier des mines pour chacun de nos grands
établissements.
Il y a peu d'ouvriers mineurs du Borinage , proportion gardée
avec leur nombre total, qui sachent lire et écrire ; cependant il y
a progrès depuis rétablissement des caisses de prévoyance pour
les ouvriers mineurs, par suite des subsides que l'administration de
cette caisse, dans le Borinage, a accordés pour l'encouragement de
l'instruction primaire.
La majorité des ouvriers mineurs au-dessous de vingt ans, dans
le* charbonnages du levant de Mon», sait lire et écrire.
Let ouvriers mineurs des charbonnages situés au levant de
Mons mènent une vie très-régulière , sont attachés aux établisse-
ments auxquels ils sont accoutumés de travailler, ne les quittent
pas , et en outre , sont plus connus de ceux qui les emploient et
mieux soignés que dans le Borinage.
Les femmes ne travaillent pas ordinairement dans les houillères
ni à la surface; elles vivent chez elles, et les mœurs sont aussi
bonnes, dans ce canton , que dans les campagnes environnantes.
L'indiscipline qu'on remarque parmi les ouvriers du Borinage
doit être attribuée plutôt aux circonstances dans lesquelles ils se
trouvent qu'à leur naturel, qui est loin d'être mauvais.
^y Google
PREMIÈRE DIVISION (HAINAUT). 219
Une mesure qui interdirait l'admission des femmes dam l'inté-
rieur Jet travaux peut paraître d'abord d'une difficile exécution ;
maii je pense qu'en l'examinant bien , on verra qu'il n'en eat pas
ainsi.
En effet , le nombre des femmes et filles qui séjournent dans
les travaux intérieurs du Borinage, n'est que de dix-sept cent
trente et un sur quinze mille neuf cent cinquante-quatre ouvriers,
nombre total des ouvriers de tout sexe et de tout âge , environ un
neuvième du tout.
Dans le moment actuel, et aussi longtemps que les exploitante
comprendront qu'ils ne peuvent pas augmenter l'extraction, sous
peine de ruine, le nombre d'ouvriers employés sera loin d'égaler le
nombre d'ouvriers munis de livrets, et qui les ont laissés dans les
établissement* où ils travaillaient l'année dernière, dans l'espoir
d'y être bientôt rappelés.
L'emploi des femmes concentre le gain journalier dans un moins
grand nombre de familles et en laisse ainsi beaucoup dans le besoin,
tandis que leur exclusion des travaux intérieurs des mines rappel-
lerait, en leur place, un nombre égal d'hommes et de jeunes gar-
çons qui sont actuellement sans emploi, et dont les familles sont
dans la misère. Ainsi certaines familles gagneraient moins, il est
vrai, mais d'autres qui ne gagnent rien seraient retirées de la
misère dans laquelle elles sont plongées.
La mesure une fois établie, il ne serait pas bien difficile de la
maintenir, et cela aurait, outre l'avantage d'arrêter la corruption,
suite nécessaire du travail en commun dans les travaux intérieurs,
celui d'empêcher les mauvais effets de ce genre de travail sur la
moitié la plus faible de la population ouvrière de nos charbon-
nages. Et l'on doit bien remarquer que si le travail forcé dans la
mine attaque l'individu dans sa santé et même dans sa constitution
entière, les effets de ce travail ne se font pas sentir autant qu'on
pourrait le croire, sur la génération, car toutes les femmes du
fiorinage qui ne travaillent pas dans les mines sont fortes, bien
constituées et ont le teint bien coloré; les mineurs eux-mêmes qui
n'ont pas été occupés longtemps à des travaux pénibles, parce
qu'ils sont devenus chefs ouvriers, sont des hommes forte, bien
portante, et qui fréquentent les travaux jusqu'à un Age avancé ;
enfin, les ouvriers qui ne sont occupés qu'à la surface, comme les
mesureurs, maréchaux, charpentiers, machinistes, etc., présentent
tous les caractères d'une race saine et robuste.
^y Google
8S0 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
llestdoncewenliel deconserver intacte* la santéet l'organisation
des femme*, *i on ne veut pas voir la race de* ouvrier* mineur* se
dégrader tout à fait.
Une autre mesure à prendre, dans l'intérêt de la santé, de la
moralité et de l'instruction des enfants, serait peut-être de défendre
l'entrée de* travaux à ceux qui sont âgés de moins de douze ans.
Je pense qu'il ; a loin encore de la démoralisation des ouvriers
mineurs du Hainaut à celle de* ouvrier* de* fabriques, sous quelque
point de vue qu'on la considère. Le genre de travail qui entretient
l'énergie, l'activité qu'il faut déployer, s'opposent à ce que la cor-
ruption des mœurs approche de ce' qu'on voit dans les fabriques,
et principalement dans celle* des grandes villes.
Nos ouvrier* mineurs gagnent aussi de plu* fortes journées et
jouissent déplus d'aisance queles ouvriers des fabriques. Ils gagnent
aussi, proportion gardée de la cherté des vivres, beaucoup plus
que les mineurs des houillères du nord de l'Angleterre, et sont loin
d'être aussi abruti* qu'il paraîtrait que le «ont ce* derniers.
L'Ingénieur du premier dittrict de* minet,
P.-J, Delmeltcouh.
-. <.:i.-.vj .-y Google
PREMIÈRE DIVISION (HAINAIJT).
■ Réponse de 1. Higénihir du dmftnw dislrid des aines.
(PKKSIIÈBK D1VISIOS. )
M TUT1IL
DES FEMMES ET' DES ENFANTS
dm In mm it k.iills
Le ministère de l'intérieur, ' par l'intermédiaire du département
des travaux publics, a soumis tes demandes suivantes aux ingé-
nieurs des mines .-
1*' Quel est, sur le nombre total des ouvriers employés aux tra-
vaux dès mines , la proportion ou le nombre de ceux de l'âge de
dix à seize ans ? — Distinguer les sexes.
2° Quel est, approximativement, le nombre d'ouvriers de dix à
seize ans qui travaillent dans les mines pendant la nuit? Ceux de
cette catégorie sont-ils employés toutes les nuits, ou bien alternent-
■ ils. avec d'autres?
5° Une disposition qui défendrait d'employer aux travaux de
nuit, c'est-à-dire de huit heures du soir à cinq heures du matin , .
des enfants au-dessous de seize ans , aurait-elle des inconvénients
graves en ce qui concerne les ouvriers mineurs? T aurait-il lieu de
faire une exception à leur égard ?
4" Si la loi défendait d'employer des enfants de treize à seize ans
aux travaux nocturnes, plus de trois nuits sur sept, y aurait-îl des.
inconvénients graves en ce qui concerne les ouvriers mineurs , et
celle disposition serait-elle réellement avantageuse aux enfants de
cette catégorie , sous le rapport de la santé , du développement et
de .l'instruction ?
5* Les enfants employés dans tes mines savent-ils, en général ,
lire et écrire? Ont-ils dès heures libres pendant lesquelles Ils pour-
DglizedOy GOOgle
2S2 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
raient assister aux leçons , soit des écoles du jour , soit des écoles
du soir, là où il en existe ?
6" Remarque -ton dans cette classe de travailleurs (les ouvriers
des mines, en général), plus d'indiscipline, d'ignorance ou d'immo-
ralité, que parmi les ouvriers des fabrique»?
Observations. Si les éléments de cette comparaison , difficile
d'ailleurs, ne sont pas réunis, donner une idée de l'état moral des
ouvriers mineurs , ce qui est essentiel pour l'objet de ces rensei-
gnement».
7" Si une disposition législative établissait, comme la loi fran-
çaise du 22 mars 1841 l'a prescrit quant aux enfants admissibles
dans les manufactures, que ■ nul enfant âgé de moins de douze ans
ne sera admis, qu'autant que ses parents ou tuteurs justifient qu'il
fréquente une école publique ou privée , et que tout enfant admis
devra, jusqu'à douze ans, suivre uneécole, ■ cette mesure pourrait-
elle être exécutée sans grandes difficultés et sans grave inconvé-
nient, en ce qui concerne les ouvriers des mines?
8" D'après l'état de santé et de force des ouvriers qui ont tra-
vaillé la nuit dans leur enfance, y a-t-il lieu de prendre à cet égard
des mesures protectrices pour prévenir l'abus?
9" Quel est l'âge moyen auquel parviennent les ouvriers mineurs?
§ 1"- — La question du travail des enfants dans les mines n'est
qu'une des faces d'une question plus générale, celle du travail des
enfants dans les ateliers de quelque espèce qu'ils puissent être.
Peut-être vaudrait-il mieux la considérer comme une question à
part , eu égard aux circonstances qui font de la profession de
mineur une profession, à tant d'égards, sans analogie avec les
autres. On ne peut nier, en effet, que cette profession, dont l'exer-
cice prive de la lumière solaire, fait absorber d'autres gaz que l'air
atmosphérique , maintient le corps dans des positions autres que
les positions naturelles, l'expose à des dangers constants, etc.,
ne soit celle qui éloigne le plus l'homme des conditions normales
de son existence, et ne doive, dès lors, être l'objet de mesures
spéciales. Pour moi, cela est hors de doute.
Quoi qu'il en soit, et sous quelque forme qu'elle se produise, la
question sera toujours d'un haut intérêt en Belgique , où plus de
*by Google
PREMIÈRE DIVISION (HA1NAUT). 253
trente-sept raille individu» exercent la profession de mineur. Jai
donc pense qu'il ne serait pas «ans utilité de répondre d'une ma-
nière quelque peu étendue, aux questions posées par H. le Ministre
de l'intérieur.
Les trois tableaux qui suivent indiquent le nombre de mineurs
employés dans dîx-sept des exploitations de houille des plus impor-
tantes de l'arrondissement de Charleroy, et la proportion ainsi que
le nombre de ceux de dix a seize ans, en distinguant les sexes. Ces
tableaux ne comprennent qu'un nombre de quatre mille deux cent
trente-deux mineurs, tandis que, en 1841 , huit mille trois cent
quarante individus exerçaient cet état dans le deuxième district.
Je n'ai donc basé mes calculs que sur la moitié du nombre réel des
mineurs : il était tout à fait superflu , pour l'objet en question ,
d'opérer sur le nombre absolu. D'ailleurs , le total pendant un
trimestre quelconque, n'est plus le total du trimestre précédent, et
n'est pas le total du trimestre qui suit, II ne faut donc admettre les
nombres représentant les résultats totaux que comme des moyennes,
mais comme des moyennes fort exactes, puisqu'elles ont été obte-
nues sur de très-grands chiffres, se rapportant indistinctement aux
diverses localités du district. Si, du reste, on veut voir ce que de-
viendraient ces nombres , rapportés au chiffre total des mineurs
énoncé plus haut, il suffît de les multiplier par 1 .97, rapport entre
le nombre pris pour base des opérations, 4,252, et le nombre
total, 8,340.
^y Google
RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
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60 14
12 03
78 76
1131
99 97
laacoop. . ;■ ,iVaK-
j Fém.
1 69
4S3
296
439
405
105
405
74 99
100 07
100 07
Courcellë. (■*). ( MaK"
1 Fém..
DM
099
296
0 49
246
0 49
099
197
3 94
1 48
76 84
640
89 17
10 83
100 00
ian-le-Monlio.
Mate.
Fém.
■
OBI
0 51
2 55
0 51
102
153
204
255
3 08
304
67 83
16 31
77 01
13 16
100 fl
iacré- Français.
Mate.
Fém.
056
t 12
113
1 12
1 II
1 12
I 69
337
3 93
1 13
561
225
62 80
14 05
76 63
14 15
îoo M
aariePMDi. .. .
Mut.
Fém.
1 16
1.8.1
039
1 55
5 81
155
5 61
077
3 49
ose
3 49
077
69 77
3-10
93 01
897
99 96
„
Maie.
019
■ '■
7 18
3 73
7 47
2 30
7 18
64 86
92 51
99 9f
S-Ss
Fém.
1 15
171
259
•
8 86
1.15
7 47
Ma«.
007
0Î1
125
250-
2 61
336
347
3 85
65 29
8181
99 9!
Fém.
'•
007
0 31
080
1 21
I 70
1 39
1 68
10 10
17 17
—*.;.-.,
UMt.
0*7
0*8
1 56
a si
402
596
4 76
5 53
75 39
9998
99 96
3,ji,.dB,'Goog[c
RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
Tablera K- S.
Tableau récapitulatif dis deux précèdent».
DITFÉtBHTS ÀIIES ISOLÉS.
0 990
0 005
0 000
0 002
0 123
0 ISS
0 211
1 000
Digilizedby GOOgle
PREMIÈRE DIVISION (HAIMAUT.)
TaMeaa N> S (.nite).
Tableau récapitulatif de» deux précédents.
DIFFÉUBRTS IflBI ISt>L*S.
H*
1-f
il
I
0 oot
0022
0 068
0 138
0 287
0 313
0 411
1 000
7«
'/«
'/,
y.
-*■/,
■y.
7.
AL. 0»
™. 0 004
^y Google
RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
r*jkleu »(• » (unité).-
Tableau -récapitulatif de» deux précédent».
nirrAïKMTs i8BS iholSs.
I!
I
•1
0 000
0 003
0 019
0 143
0 190
0 244
1 000
0 050
10 047
234 \ 0 088
3,191 \0 75f
tôt». 0 993
mrc. 0 007
ized by G.OOgle
PREMIÈRE DIVISION (HAINÀliî). 939
Il rétulle de* tableaux ci-dessus : que,
Sur un nombre d'individus employés dans les mines et égal
a 4,232,
Il y a, en individus du sexe masculin, âgés de moins de
dii-scpt ans 742
Il y a , en individus du sexe féminin , âgés de moins de
dix-sept ans 299
Total. . . . 1,041
Si Ton veut appliquer ces chiffres au nombre total des mineurs,
indiqué plus haut pour le deuxième district, on trouvera :
Que, sur un nombre d'individus employés dans les mines et égal
à 8,340,
Il y a, en individus du sexe masculin, âgés de moins de
dix-sept ans . 1,462
Il y a , en individus du sexe féminin , Agés de moins de
dix-sept ans 589
Total. ... 2,051
Que, le nombre total des mineurs mâles étant repré-
senté par l'unité, le nombre d'individus du sexe masculin,
âgés de moins de dix-sept ans, sera représenté par la
fraction • 0,211
Que, le nombre total des mineurs du sexe féminin étant
représenté par l'unité, le nombre d'individus de ce sexe,
âgés de moins de dix-sept ans, sera représenté par la
fraction 0,411
Que, le nombre total des mineurs des deux texea étant
représenté par l'unité , le nombre des mineurs des deux
sexes, âgés de moins de dix-sept ans, sera représenté par
la fraction 0,244
La différence considérable qui existe entre les proportions, par
rapport au nombre total , des jeunes mineurs du sexe masculin et
du sexe féminin , proportion qui est beaucoup plus grande pour
ce dernier, peut être attribuée a deux causes diverses : la pre-
mière, c'est qu'une foule de professions industrielles différentes
s'offrent aux jeunes garçons ; ils peuvent être forgerons, serruriers,
charpentiers, maçons, menuisiers, verriers, fondeurs, pudleurs,
lamineurs, etc.; tandis que, parmi les professions industrielles ,
une seule est ouverte aux jeunes filles, et c'est celle à laquelle il
^y Google
260 RÉPONSES DES INGENIEURS DES MINES,
semblerait, au premier abord, qu'elles doivent rester le plus étran-
gères : c'est celle de mineur,
La seconde cause , c'est que jamais les femmes mariées ne tra-
vaillent dans les mines.
Nous avons donc, d'un côté, une cause qui augmente le nombre
des jeunes filles de seize ans et au-dessous ; une seconde cause qui
diminue et qui réduit presque à zéro le nombre des femmes qui
ont atteint ou dépassé la trentaine ; ainsi se trouve expliquée la dif-
férence que j'ai signalée plus haut entre les rapports numériques
des deux sexes, suivant les âges.
J'ai dit tout a l'heure que la profession de mineur semblerait
être celle qui devrait rester la plus étrangère aux personnes du sexe
féminin ; à mon avis, elle devrait leur être complètement interdite,
pour des raisons de diverses natures.
En première ligne, il faut placer celles qui reposent sur des con-
sidérations de moralité. Il est évident que des individus des deux
sexes, dans l'effervescence de la jeunesse ou dans la force de l'Age,
placés dans les conditions où se trouvent les mineurs par rapport
les uns aux autres, c'est-à-dire ayant souvent un travail qui les
isole par couples, au milieu d'une obscurité profonde, dans un
désordre de vêtements plus ou moins complet, résultant de la
nature ou de l'intensité de leur travail ; il est évident , dis-je , que
ces individus, chez lesquels les principes de chasteté ne sont pas
de tradition, sont peu disposés à résister a leurs passions. Ces dés-
ordres sont d'autant plus déplorables, que l'équipage d'une même
mine subit sans cesse des modifications partielles, quant au nombre
et a l'identité des individus qui le composent. Il est à remarquer
ici que les mineurs mariés ne permettent jamais a leurs femmes
de continuer à travailler dans les mines , et ce n'est pas en vue
de l'obligation où elles seraient de se consacrer, d'une manière
exclusive, aux soins du ménage , car cette règle existe également
pour les jeunes femmes qui n'ont pas encore d'enfants, les femmes
plus âgées qui n'en ont jamais eu, et les femmes qui, restant dans
leur famille ou dans celle de leur mari, pourraient confier les
leurs, soit a leur mère, soit à leur sœur.
Une seconde cause qui devrait faire exclure les femmes de l'inté-
rieur des mines, c'est le danger qu'on y court. Sans parler de ce
qu'il peut y avoir de peu généreux à exposer ainsi des femmes , il
faut observer que , dans tout péril imminent et qui pourrait être
évité ou amoindri par du sang-froid, les cris et les clameurs des
^y Google
PREMIÈRE DIVISION (HALNAUT). 261
femmes sont de nature à réagir d'une façon fâcheuse sur l'esprit
des hommes les mieux organises , et à leur ôter la faculté de sau-
ver les autres et de se sauver eux-mêmes. Je ne dis ceci que d'une
manière générale; je reconnais que, dans certaines occasions, des
femmes ont fait preuve d'un courage et d'un dévouement au moins
égaux à ceux des hommes.
Disons encore que, si les exploitants entendaient bien leurs inté-
rêts, ils renonceraient a l'emploi des femmes dans les mines :
1* parce que, toutes choses égales d'ailleurs, les hommes sont
susceptibles d'un plus grand développement de force physique que
les femmes ; 2" parce que la différence entre le prix des salaires
n'est point équivalente a la différence d'effet utile produit; 3° parce
que les désordres moraux que j'ai signalés plus haut , outre leur
caractère répréhensible , occasionnent des pertes de temps et
introduisent du désordre physique dans l'exécution du travail.
Examinons le second des tableaux qui précèdent ; nous y ver-
rons que les dix-sept mines qui y sont indiquées portent, en
moyenne, le nombre des femmes qui y sont em-
ployées, a , . . 17| n>« p. •/«
De toutes les mines de bouille de l'arrondis-
sèment de Charleroy, il est notoire que celles
qui produisent les plus grands bénéfices sont les
quatre mines dites du Centre, dont font partie
celles de Marimont, de l'Olive et de Basooup.
Or nous voyons que la proportion des femmes
employées dans la 1™ est de 6, ^ p. */•
* - ' 7, £ p. •/.
5* - - 0, 00 p. %
chiffres dont l'un est nul , et dont les deux autres sont de beau-
coup au-dessous de la moyenne. Eh bien, il est évident, pour moi,
que l'un des éléments de prospérité de ces mines réside, tant dans
l'amélioration apportée au hïerchage , que dans la plus grande
régularité introduite dans l'économie générale de tout le travail,
par l'exclusion totale des femmes , ou par la notable diminution
du nombre de celles que l'on emploie-
Une dernière considération , d'un» intérêt plus général , vient à
l'appui de mon opinion : le gouvernement apporte, dans notre
pays , des soins minutieux a. l'amélioration des races de diverses
espèces animales ; la reproduction de l'une d'elles est entourée de
précautions infinies; chaque jour, des mesures nouvelles témoignent
=dbV Google
îflï RÉPONSES DBS INGENIEURS DES MINES.
d'une sollicitude plus grande à cet égard : ne devrait-on pas s'oc-
cuper également de l'amélioration physique de la race humaine,
ou , au moins , tâcher d'en arrêter la dégradation ? Or il est évi-
dent , et nous en verrons plus loin la preuve , que le travail dans
les minée est l'une des deux professions exercées dans l'arrondisse-
ment de Charleroy, qui altèrent le plus la constitution des per-
sonnes qui s'y livrent. Sous ce point de vue encore , ne serait-ce
pas une obligation pour l'autorité d'interdire ce travail aux femmes?
§ 2. — Nous avons vu quels étaient le nombre et les proportions
relatives des mineurs des différents âges et sexes employés dans
l'arrondissement de Charleroy. On sait que leurs travaux s'exé-
cutent la nuit aussi bien que le jour. Souvent les exigences de
l'industrie ne permettent pas de les interrompre pendant j'espace
de temps que la nature semble avoir voulu accorder au repos. De
là encore une des causes de l'influence pernicieuse exercée par te
travail des mines sur la constitution humaine. . Hâtons-nous dé te
déclarer cependant : il y a, en général, beaucoup moins démineurs
employés la nuit que le jour, et notamment le nombre de ceux de
la classe de dix à seize ans qui travaillent la nuit est très-exigu ,
comparé au nombre total.
Pour se rendre un compte satisfaisant de ce fait, il faut examiner
le travail des mines de houille dans ses diverses périodes. Qu'on
nous permette d'entrer dans quelques explications sur ce point :
elles peuvent présenter de l'intérêt à divers égards.
Ce travail consiste spécialement : 1" à faire des galeries horizon-
tales ou verticales dans la pierre, pour arriver aux gites de com-
bustible; 2" à. abattre la substance qui remplit ceux de ces gîtes
que l'on a rencontrés; 5" a étayer les excavations que l'on a
pratiquées; 4° à explorer, au moyen de sondages, les points vers
lesquels oo avance ; 5° a se débarrasser des eaux que l'on ren-
contre , en les élevant artificiellement jusqu'à un point d'où elles
puissent s'écouler d'elles-mêmes, en vertu des lois de la pesanteur,
vers un lieu où elles cessent d'être nuisibles ; 6", et enfin à transpor-
ter dans divers endroits les substances provenant du percement
des différentes excavations. .
Les quatre premières de ces opérations sont exclusivement du
ressort, des hommes faits ; il est très-rare d'y voir employer des
jeunes gens de seize ans, à moins qu'ils ne se trouvent dans des
conditions tout à fait exceptionnelles de développement et de force
physique.
^y Google
PREMIÈRE DIVISION (HAINAUT.) . U3
Ces quatre opérations, surtout la première, la troisième et la
quatrième, ont lieu indistinctement la nuit et le jour ; la seconde
n'a lieu pendant la nuit que quand une absolue nécessité rend
insuffisante la quantité de combustible que l'on peut a ira cher du
gîte pendant la durée du jour. 11 faut observer que les quatre caté-
gories de mineurs (a valeur* et bacneurs, ou bawetteurs ; haveurs
ou piqueurs ; bpiseurs et remblayeurs, ou ristapleurs ; sondeurs),
qui exécutent -ces diverses opérations, ont besoin d'un certain
nombre d'aides pris parmi les mineurs d'une classe inférieure et
qui ont généralement-moins de aeîie «m. Nous chercherons tout à
l'heure 1 évaluer ce nombre.
la cinquième des fonctions susmentionnées est opérée .par des
machinés à vapeur. Ces machines , lorsqu'elles sont uniquement
affectées a ce service, marchent indifféremment la nuit .et le
jour (1). En général ; dans le deuxième district, l'épuisement est
opéré, soit exclusivement par' des machines servant en même
temps à l'extraction des produits utiles de la mine, toit simulta-
nément par ces machines (dites machines d'extraction) et par les.
machines A'exhaure. Dans l'es deux cas, les machines d'extraction ■
ne sont employée» a l'épuisement des eaux que la nuit.
La surveillance, l'entretien et la conduite de» machines n'étant
confiés qu'à des individus éprouvés par un long apprentissage ,
ceux-ci ont généralement atteint ou dépassé l'âge de vingt ans. Le
travail de' nuit des machines ne Suppose donc point l'emploi d'in-
dividus au-dessous de seize ans.
Nous arrivons à la dernière des opérations que j'ai indiquées ,
au transport des substances provenant du percement des excava-
tions pratiquées dans les mines. A cette opération sont consacrés :
1° un certain nombre d'individus mâles ayant' dépassé seize
ans; S" toutes les femmes employées dans les travaux intérieurs;
S" tous les individus mâles au-dessous de seize ans, excepté ceux
qui sont employés comme aides des catégories de mineurs que je
viens de désigner.
Les substances détachées du sein de la 1ère peuvent être
classées en deux divisions, sous le point de vue de leur transport
intérieur.
Les unes sont destinées à être transportée* de l'endroit de l'ex-
traction jusqu'à la surface du sol; les autres, à être transportées
(I) MichinM dWAuura, ou d'épuiiement proprement dilet.
D-, i!6d0yGoogIe
394 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
d'un point de la mine vers un point différent pour y être employées
comme remblais (1).
C'est toujours pendant la journée que les substances de la pre-
mière catégorie, et spécialement le combustible, sont transportées
de leur gîte jusqu'au point où elles sont abandonnées par les rou-
teurs ou hiercheurs. Il en est Ainsi , soit que l'on travaille à l'aba-
tagedu combustible pendant le jour seulement, soit pendant le jour
et la nuit, c'est-à-dire , soit que l'on travaille à une ou à deux
couplée*, suivant l'expression des mineurs.
Si le déhouitlement n'a lieu que pendant le jour, les haveurs ou
piquenrs descendent les premiers dans les travaux où les tailles
sont préparées , de telle façon qu'ils les trouvent havées par les
ouvriers de la veille : leur première opération consiste donc à faire
l'abatage du combustible. Ils sont ainsi à même, au bout d'une a
deux heures, de fournir de la matière iransportable aux bîercbeurs,
qui n'ont commencé à pénétrer dans les travaux qu'après que tous
les baveurs y ont été introduits. Comme , dans le second district,
la descente et la remonte des mineurs ont lieu à l'aide des machines
a vapeur servant à l'extraction , il en résulte que , au moment où
tous les hiercheurs sont parvenus à leur poste , c'est-à-dire , au
moment où la machine a vaoeur peut être exclusivement consacrée
a l'extraction, ils sont à peu prés en mesure de lui fournir les
matières qu'elle doit élever à la surface du sol. Les baveurs, après
avoir opéré l'abatage et le reculade (arraché la houille de son gîte
et l'avoir amenée hors de la taille, dans la voie de roulage), ter-
minent leur journée par faire le havage (2).
Si le dépouillement s'opère pendant le jour et pendant ta nuit,
le roulage du combustible n'a cependant lieu que pendant la jour-
née. Une raison presque générale empêche qu'il puisse en être
(1) En général, dans In minât bien dirigée» , la première dmtion us comprend
que Jet tubstances qui font, à proprement parler, l'objet de l'exploitation , c'est-à-
dire, dana le< minci de houille, le corobuttiblB; la quantité det produits de cette
catégorie est de beaucoup supérieure i la quantité de eaux de la seconde.
(2) Disons, en panant, quoique cela loit étranger à ta question, que nette manière
de dûpoiei' le travail det taillea, facilite beaucoup l'opération de l'abatage. Si le
havage oit au mui, la pesanteur et lei gai contenu! dam le combustible et dam lot
rochet qui lui sont juxlapoiéet et qui t'en dégagent ou tendent a l'en dégager,
agissent, pendant douie heures, tur le parallélépipède de houille dégagé sur quatre
de leafaeet, et tendent S rompra l'adhérence dei deux autret; si le havage ett au tait,
la deuxième de cet cautet agit seule, et cet carnet aont auei puiitantet pour qu'il ne
toit pat tant exemple que let ouvriers, arrivant à la taille, aient trouvé la houille
abattus par leur leule influence.
^y Google
PREMIÈRE DIVISION (HÀINÀLT). 265
autrement : c'est que, la ouït , la plupart de* machines à vapeur
d'extraction sont employées à enlever les eaux qui , pendant la
journée , se sont rassemblées dans les divers réservoirs préparés
à cet effet. Il ne servirait donc à rien d'amener du combustible
aux chambres d'accrochage, puisque la machine ne pourrait
l'enlever , et , d'ailleurs , Jes accrochages seraient souvent trop
petits pour pouvoir contenir tout le combustible abattu pendant
douze heures ; dans le cas que nous examinons , ce sont les hier-
cbeurs qui descendent avant les baveurs; d'un autre côté, le travail
des tailles est disposé de façon qu'il faut commencer par le bavage ;
de cette manière donc, les hiercheurs ayant commencé leur jour-
née avant les baveurs, et ceux-ci devant faire lehavage, l'abatage
et le reculage, avant de pouvoir fournir de la matière transpor-
table aux hiercheurs , il en résulte que ces derniers ont opéré le
transport de la houille abattue pendant la nuit, lorsque celle abat-
tue pendant le jour leur est livrée. 11 va sans dire que, comme la
quantité k transporter est double , le nombre des hiercbeurs doit
alors être plus considérable. Quoiqu'ils soient descendus les pre-
miers, ce sont eux qui remontent les derniers, bien que les haveurs,
après avoir débarrassé leur taille , aient généralement à la rem-
blayer, k la boiser et à faire, dans le toit ou dans le mur , le cou-
pement nécessaire à la conduite des voies.
Quant aux substances de la seconde catégorie , celles qui sont
conduites d'un point de la mine k un autre , leur transport a lieu
indistinctement la nuit et le jour; mais elles sont en petite quantité.
Ces substances sont celles provenant du percement des galeries
dans la pierre que l'on doit amener à des tailles pour en opérer le
remblai. En supposant qu'il y ait , dans une mine en activité d'ex-
ploitation, deux nouveaux en percement, et que chacun, avec son
nouveau d'aérage, produise, en vingt-quatre heures, quatre mètres
cubes de déblai, cela fera huit mètres cubes qu'il faudra transpor-
ter k une distance que je supposerai de deux cents mètres. Admet-
tant que la pesanteur spécifique des roches coupées soit de 3,04,
cela fera un poids de 16,320 kilogrammes à transporter à deux
cents mètres, ou de 52,640 kilogrammes a transporter k cent
mètres. Nous verrons plus tard que l'effet utile moyen d'un hier-
cbeur est égal k 19,240 kilogrammes transportes k centimètres.
Les substances dont nous nous occupons n'exigeront donc que
moins de deux hiercheurs ordinaires , ou de quatre petits hier-
cheurs, pour leur transport à pied-d'œuvre.
^y Google
DES INGÉNIEURS DES UNES.
Nous venons de voir que l'on ne s'occupait pas, pendant la nuit,
du transport des substances destinées h être extraites à la surface,
et que le transport des matières pour remblai n'occupait qu'un
nombre d'individus fort peu considérable. Pour l'évaluer approxi-
mativement , supposons qu'il y ait, dans le second district, qua-
torze-mines où l'on exécute, à la fois, le travail dont nous avons
parlé, et que le transport des déblais qui en proviennent se fasse
entièrement durant la nuit : nous aurons , de ce chef, en suppo-
sant qu'il soit opéré pour moitié par des biercheurs au-dessus de
seine ans, et pour moitié par des hiercheura au-dessous de cet
âge; nous aurons, dis-je, vingt-huit mineurs au-dessous de seize
ans, occupés de ce chef, ci. . . ". . . .. . ' . .38
D'un autre côté, nous avons vu plus haut que les avaleurs et les
bacneurs (ouvriers à la pierre), les haveurs, les bojseurs, les reio-
blayeurs et les sondeurs, employaient, comme aides, des individus
dans l'enfance ou dans la .première jeunesse. — Essayons d'arri-
ver à' une évaluation du nombre de ceux qui travaillent pendant
la nuit.
Mous avons vu (tableau n° 1 ) que le nombre des individus mâles
de dix-sept ans et au-dessus, les seuls parmi lesquels on prenne les
classes de mineurs sas-indiquées , était de S, 765. Multipliant ce
nombre par le coefficient 1,97, nous aurons le nombre total
des mineurs de cet âge employés dans le district ; il sera
de . ^ ......... . 5,4*3-
Admettons que, sur ce nombre, il y ait 1,443 individus
employés, soit à la surface, soit au bierchage, etc., il restera
4,000 personnes, que nous diviserons comme suit :
Haveurs. 2,800 (1)
Avaleurs, bacneurs, boiseurs, sondeurs, etc. . . 800
' Torreleurs, etc., ne travaillant que le jour. . . 400
4,000
Admettons encore qu'un tiers des haveurs', avaleurs, bac-
neurs, boiseurs, sondeurs, etc., travaille la nuit, ce nombre sera
(2,800+8Q0)± . . . 1,200
(I) Ce nombre eit pout-êtru déjà un peu coniidarable ; l'extraction de 1b houille,
dam te deuxième nutrict de» minet, t'oit élevée, un 1841, a 1,066,371 tonn.
2,800 haveun, travaillant troi* oenta jouri par an et produisant
moyennement, par jour, chacun 1 i./( tonneau, donneraient. ■ ■ 1,260,000 tonn.
3l< imb, Google'
PREMIÈRE DIVISION (BAINADT). 367
Nous trouverons ainsi douze cents mineurs employés dans les
travaux de nuit. Supposons qu'un aide soit nécessaire pour quatre
mineurs, nous aurons trois cents aides qui, divisés en deux parties
égales par rapport a l'Age, nous donneront cent cinquante jeunes
mineurs; nous en avions déjà vingt-huit d'autre part; nous arrivons
de la sorte, pour les mineurs travaillant la nuit et avant moins
de dix-sept ans, au nombre de ' . . 178
Le travail de nuit n'est continuel pour aucune classe de mineurs ;
Je dimanche , jour de repos , interrompt les travaux et en inter-
vertit l'ordre ; ainsi , dans les mines où l'on travaille à deux cou-
plées, la brigade qui a eu durant une semaine le travail nocturne,
prend le travail diurne pendant la semaine suivante ', et récipro-
quement.
S 3. — Ce qui précède et l'examen des trois tableaux donnés
ci-dessus , démontrent à l'évidence qu'une disposition qui défendrait
d'employer aux travaux de nuit , c'est-à-dire , de huit heures du
soir a cinq heures du matin, des cnfarita au-dessous de treize ans,
n'aurait pas le moindre inconvénient en ce qui concerne les ouvriers
, mineurs. Nous venons de trouver que le nombre d'individus au-des-
sous de dix-sept ans travaillant la nuit, est de cent soixante et dix-huit.
Cherchant , dans le tableau n" 3 , le nombre des mineurs au-des-
sous de dix-sept ans, nous voyons qu'il est porté A 1,041 : multi-
pliant par 1,97, nous trouverons que le nombre total des
mineurs de cet âge dans le second district, est de. . . 2,051
Opérant de même pour les mineurs au-dessous de treize ans,
nous rencontrerons , au troisième tableau, le nombre 221, qui,
multiplié par le coefficient, donnera pour le nombre total des
mineurs du district au-dessous de treize ans. ..... 435
Si sur deux mille cinquante et un mineurs, nous avons cent
soixante et dix-huit travailleurs dé nuit, nous pouvons nous deman-
der quel nombre de travailleurs de celte espèce nous aurions sur
quatre cent trente-cinq mineurs : nous verrions' que ce nombre
n'est que de trente-huit; ainsi, sur hnit mille trois cent quarante
mineurs de tout âge , il y en a seulement trente-huit qui, Agés de
moins de treize ans , travaillent, la nuit. Ce nombre est tellement ,
insignifiant, qu'il est bien évident que, sans le moindre inconvé-
nient, on pourrait remplacer ces mineurs enfants par d'autres
mineurs jeunet hommes , qui , doués de plus de force musculaire,
DgSzedOy GOOgle
268 . RÉPONSES INES INGÉNIEURS DES MINES.
pourraient être en moins grand nombre , sans apporter la plus
légère perturbation dans le travail.
II est donc démontré qu'il n'y aurait pas lien à déroger , au
•ujet des ouvriers mineurs, à une disposition législative qui défen-
drait d'employer a un travail nocturne , quel qu'il fût , des indivi-
dus Agés de moins de treize ans.
Haïs il ne faut pas se dissimuler qu'il serait, sinon impossible,
au moins fort difficile de s'assurer de l'exécution rigoureuse d'une
semblable mesure , même dans les mines , malgré l'existence des
registres de contrôle les mieux tenus. Que de temps et de peines
n'exigeraient point le dépouillement de ces registres , homme par
homme, et la comparaison de l'article consacré à ebaque individu
dans le registre de contrôle, soit avec l'article qui lui est consacré
dans le registre d'inscription, soit avec son livret ? On augmenterait
ainsi le travail déjà fort considérable des conducteurs des mines,
et il serait à craindre que l'aridité de celte tâche nouvelle ne les
portât à l'accomplir d'une manière un peu légère.
Il ne faut pas se dissimuler non plus que laisser aux exploitants
la faculté d'employer une certaine classe de mineurs pendant le
jour, en leur défendant de l'employer pendant la nuit , c'est les
exposer à la tentation d'enfreindre la défense , en leur en fournis-
sant le moyen. Puis, il faut reconnaître que les limites de la nuit
et du jour sonL assez arbitraires. Si , pour remédier à ce qu'elles
ont de vague, on fixe des heures précises, y aurait-il contravention
dans le cas où des circonstances imprévues, forçant à prolonger
plus que d'habitude le travail du jour, le moment fixé se trouverait
dépassé de quelques minutes , d'un quart d'heure , d'une heure?
Quel serait l'instant précis où commencerait réellement la contra-
vention ?
Il faut admettre que le travail des mines est, en effet, plus nui-
sible la nuit que le jour, parce qu'il intervertît l'ordre établi par
la nature pour le repos de l'homme. Hais il faut reconnaître qu'il
y a peut-être a cet inconvénient une compensation au moins par-
tielle, par la circonstance que les individus qui ont travaillé la nuit
se trouvent exposés, pendant le jour , à la lumière solaire , dont
l'influence sur le bien-être des animaux eu général, et surtout de
l'homme, n'est pas révoquée en doute. C'est donc ailleurs que dans
le travail de nuit qu'il faut spécialement chercher les causes de
l'influence délétère exercée par l'exploitation des mines sur ceux
qui la pratiquent. Suivant moi, il faut mettre en têle de ces causes
^y Google
DIVISION {HA1NAUT). i69
les efforts physiques trop considérables des jeunes mineurs, con-
damnes à des positions si forcées par la forme et l'exiguïté des
excavations dans lesquelles ils se meuvent : c'est la partie supé-
rieure du corps pliée à angle droit, et quelquefois à angle aigu,
sur les cuisses; c'est , les genoux rapprochés et les pieds écartés
pour chercher des points d'appui contre les parois des galeries,
qu'ils s'exténuent à traîner les produits de l'exploitation.
Il est facile de prévoir les résultats de pareilles causes agissant
sur desenfantsouturde très-jeunes gens, quelle que puisse être leur
constitution, et surtout sur ceux, malheureusement trop nombreux,
dont la constitution est lymphatique ou scrofuleuse ; leur croissance
est arrêtée et leur charpente se déforme. De là l'extrême petitesse
de taille de tous les mineurs et le grand nombre de cas de diffor-
mités des jambes et de déviation plus ou moins prononcée de l'épine
dorsale, que l'on peut remarquer en eux. Mais ce n'est pas tout :
le milieu dans lequel vivent les enfants dont nous nous occupons
est bien loin de présenter les conditions de salubrité que tout le
monde sait être nécessaires. Souvent, en proie à la transpiration
que font ruisseler sur leurs corps appauvris des efforts continus ,
ils ont les pieds, parfois les jambes , parfois même une partie du
tronc, plongés dans l'eau froide. Ils sont tantôt exposés à un cou-
rant d'air actif et froid, mais pur; tantôt à un air tiède et vicié par
son mélange avec les hydrogènes carbonés, l'acide carbonique, etc.
Enfin , après dix ou douze heures de ce supplice , que chaque
jour leur ramène, leur tâche est finie : ils sont, ou trempés de
sueur, s! le contact des fluides froids ne l'a point arrêtée , ou bien
mouillés de la tête aux pieds : il serait naturel de penser qu'ils vont
immédiatement remonter à la surface et changer de vêtements. Il
en serait ainsi , ai les exploitants , et malheureusement aussi les
mineurs du second district, n'avaient pas, contre les échelles, des
préventions irrationnelles et funestes, qui empêchent, en général,
les premiers d'en placer , et les seconds de s'en servir quand il y
en a. Hais les mineurs sont remontés au jour à l'aide des machines
d'extraction. Or il est impossible de mettre ce moyen de locomo-
tion à la disposition de chacun de ceux qui se présente isolément
pour en profiter. Il faut donc attendre , la plupart du temps , que
le nombre de mineurs qui peuvent remplir un cuffat soit complet,
et, quelquefois , que la machine ait achevé l'extraction entière du
combustible. Que deviennent, cependant, les hiercheurs? Ils sont
dans les chambres d'accrochage , grelottant sous l'influence du
^y Google
270 RÉPONSES DES INGENIEURS DES MENES.
courant d'air frais venant de la surface , et exposés aux suppres-
sions de transpiration et à toutes les maladies des appareils respi-
ratoire et digestif, qui en sont les conséquences.
Veut-on savoir quels sont les effets de cet eut de choses sur la
constitution des mineurs parvenus a l'âge de dix-huit ans? Exami-
nons le résultat des opérations de milice faites sur la classe de 1 843,
du premier canton de Cbarleroy , comprenant les communes
de Dampremy, Roux, Jumet, Lodelinsart, Gilly, lHontigny-sur-
Sambre , Farciennes et Lambusart , auxquelles on a ajouté les
communes de Felui et d'Arquennes , faisant partie d'un autre
canton et avant fourni vingt-quatre miliciens.
Le tableau ci-contre indique les diverses professions exercées
par chacun d'eux , le nombre d'individus de chaque profession
admis au service , le nombre des réformés , les causes de la ré-
forme, et le rapport du- nombre des individus réformés au nombre
des individus admis.
^y Google
PREMIÈRE DIVISION (HAJNAUT).
DESICNATION
FKOrlIlitlI.
IfOKBBB
JIJWÏcmwJ:
l!
CAUSAS DE LA RÉFORME
Défaut de taille
Perte de l'œil droit. . . .
Difformité! de jambe*.
Cicatrice adhérente de» oa du cri
Carie ira or de la cuitw droite.
Luxation du brai droit. .
Difformité du pied gauche.,
Voitu fiers. . .
Cloutien. . . .
Briqueliers. . .
TaUleur» d'habit).
Plafonueur *. . .
Cordonnier*.
Terrien...
H (ut atterrât,
ni 1m itdiiidu
MalntHlilicatH
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f«™«,rt(tui,d'»l-
MM {ri tUTMll*
plu facile à iftta-
ri Mb m larulls
l'nltarriUa.
Carrier* et tailleur*
de pierre*. .
Défaut de taille.
>dby Google
Ce tableau , que je dois à l'obligeance d'un haut fonctionnaire
de l'arrondissement, et que je regrette de ne pas «voir pu étendre
à un plus grand nombre de localités, révèle des faits bien affli-
geants et qui sont le corollaire inévitable des circonstances que j'ai
exposées plus baut. Il démontre que , tandis que certaines profes-
sions , celles de journalier , decloutier, de forgeron, de carrier et
de tailleur de pierre, ne donnent lieu qu'à un petit nombre de cas
de réforme , tandis que certaines autres , celles de voiturier , de
tailleur, de plafonneur, de cordonnier et de menuisier, ne donnent
lieu à aucun cas de celte espèce, celle de bouilleur, au contraire ,
procure des miliciens dont les -± , presque le tiers, sont réformés.
Une seule profession peut lutter d'influence pernicieuse avec celle
de bouilleur , c'est celle de verrier qui fournit des hommes dont
les ~ , ou le quart, sont jugés impropres au service.
Je ne parle point de celle de briquetier, qui, d'après les chiffres
portés au tableau, semble donner lieu à des cas de réforme égaux
en nombre à la moitié de celui des miliciens de cette profession.
Ceci doit être considéré comme l'effet d'un hasard produit par
l'exiguïté du chiffre.
Il est donc établi que, de toutes les professions exercées dans
l'arrondissement de Charleroy , celle de bouilleur est celle qui
amène les résultats les plus désastreux sur la constitution humaine.
Du reste, pour s'en convaincre, il suffit de jeter un coup d'œil sur
les enfants employés dans les mines ; d'observer , en général , la
petitesse de leur taille , le peu de développement de leur carrure ,
leurs membres grêles et déviés. Il est certain que, les enfants et
les très-jeunes gens de certaines communes des environs de Char-
leroy étant rassemblés, rien ne serait plus facile que de discerner,
par une simple et rapide inspection, quels sont ceux d'entre eux
qui pratiquent l'état de houilleur : l'appauvrissement de leur con-
stitution les signalerait à l'oeil le moins exercé.
§4. — En présence d'une pareille situation, on doit reconnaître
la nécessité d'un remède prompt et efficace.
Défendre, d'une manière absolue, d'employer aux travaux noc-
turnes les mineurs au-dessous de treize ans ; défendre d'employer
à ces mêmes travaux , plus de trois nuits sur sept , les mineurs de
treize à seize ans, ce serait à peine un palliatif, et nullement un
remède. Nous avons vu qu'il serait fort difficile d'assurer l'exécution
de la première de ces mesures ; il le serait davantage de surveiller
^y Google
PREMIÈRE DIVISION (HAINÂUTt. 275
Faccora plissement de la seconde ; car, pour la première, il suffirait
de vérifier te contrôle d'un seul jour , et, pour la seconde , il fau-
drait ■ vérifier le contrôle de toute une semaine- Du reste, cette
seconde mesure ne serait que la. consécration de ce qui existe
maintenant. Nous avons tu que les mineurs échangent hebdoma-
dairement le travail de nuit contre le travail de jour ; or, comme
on, ne travaille presque jamais durant la nuit du dimanche au
lundi , il en résulte que la proportion des nuits passées actuelle-
ment au travail est de £ égale à f. On ne ferait donc que séparer
les nuits à passer , sans en diminuer le nombre. De plus , si l'on
adoptait cette précaution pour les mineurs au-dessous de seize ans,
il faudrait l'adopter également pour ceux au-dessus de cet âge avec
lesquels les premiers sont souvent réunis en société , lorsque les
travaux s'exécutent à marchandage. II faudrait donc bouleverser
toute l'économie de la division actuelle du travail dans tes houil-
lères. Ce bouleversement aurait lieu en pure perte, suivant moi, sous
le rapport de la santé et du développement physique des jeunes
ouvriers, car je pense avoir démontré que c'est dans le travail des
mines, envisagé d'une manière absolue, qu'il faut chercher les
causes de l'altération de la constitution de ceux qui l'exercent, et non
dans la question desavoir s'il a lieu la nuit ou le jour, ce qui n'est
qu'une circonstance accessoire et d'une influence très-secondaire.
Sous le rapport de l'instruction, l'avantage à retirer de l'adoption
de ces mesures serait également nul : c'est un fait avéré, que le tra-
vail des mines exige une telle dépense d'efforts physiques que, lors-
qu'il est achevé , ce qui reste des vingt-quatre heures doit néces-
sairement , pour la plupart des organisations , être consacré au
repos. Enfin , nous avons vu combien était faible le nombre des
mineurs au-dessous de dix-sept ans employés aux travaux nocturnes.
Ainsi, sous aucun rapport , les mesures que je viens d'examiner
ne me paraissent ni complètement convenables, ni suffisantes.
Il faut reprendre les choses de plus haut pour trouver le remède
que tout le monde semble aujourd'hui juger nécessaire. Recourons
encore aux tableaux qui précèdent pour nous rendre un compte
satisfaisant de ce qui existe dans les mines, quant au nombre et à
l'âge des travailleurs.
le décret du 5 janvier 1 815 permet d'employer dans les mines
les enfants qui ont atteint l'âge de dix ans. Nous voyons, dans le
tableau n" 2, que trois enfants au-dessous de cet âge sont employés;
mais c'est évidemment aux travaux de la surface. On doit donc
*by Google
Î7i RÉPONSES US INGÉNIEURS DES UNES.
fionwdércr le décret susdit comme exécuté d'une manière rigou-
reuse. Remarquons, en outre, qu'il est évident que l'on ne profite
pas même autant qu'on le pourrait de la latitude qu'il laisse à cet
égard. Combien y a-t-îl de mineur* de dix ans dana les mines du
second district? Le tableau n° 2 nous donne le chiffre 12, qui,
rapporté au nombre total des mineurs, nous donnerait vingt-trois
et une fraction, soit vingt-quatre enfants de dix ans , dont bien
certainement une partie n'est employée qu'a la surface. Or on ne
peut révoquer en doute qu'il n'y ait , dans les familles de mineurs
de l'arrondissement de Charleroy, plus de vingt-quatre enfants de
dix ans; donc, il est évident que l'on ne profite pas de toute la
latitude laissée par le décret du 5 janvier 1813. La conséquence à
tirer de là, c'est que la limite d'âge, fixée par oe décret, est descen-
due trop bas, et nous arrivons, de cette manière, à trouver le
remède désiré : suivant moi , il consiste simplement à modifier le
décret du 3 janvier 1813, en ce qui touche la condition d'Age
exigée pour la pratique de la profession de mineur. Il faut que la
loi décide que l'âge de dix ans ne sera plus suffisant, et qu'elle
recule cet Age jusqu'à une limite plus convenable.
Mais quelle sera cette nouvelle limite? La solution n'est pas , à
mon sens , bien difficile; elle doit satisfaire à deux conditions : il
faut que l'Age adopté soit tel , que l'on ne prive pas : 1* les mines
d'un trop grand nombre de bras ; 2" les familles des ressources
qu'elles sont en droit d'attendre du travail de leurs enfants, sous le
rapport pécuniaire.
Arrêtons-nous , d'abord, 1 cette seconde partie de la question.
S'il est vrai que les familles des mineurs ne possèdent, générale-
ment, d'autres moyens d'existence que le travail des membres qui
les composent, est-ce leur rendre un bon service que de leur per-
mettre, suivant une expression vulgaire, de manger leur blé en
herbe, c'est-à-dire, d'énerver leurs enfants en leur laissant entre-
prendre trop tôt un travail au-dessus de leurs forces; de leur
faire contracter le germe de maladies ou de difformités, qui, plus
tard, peuvent les mettre- hors d'état de pourvoir à leur propre
subsistance? S'il est des familles qui ne craignent pas de recourir
à de semblables moyens afin d'augmenter momentanément leur
bien-être, n'est-il pas du devoir du gouvernement de mettre obsta-
cle à leur imprévoyance, je dirai plus, à leur cruauté? Il est
à remarquer qu'en proposant d'interdire l'entrée des mines aux
enfants n'ayant pas atteint un Age à déterminer, je ne prétends pas
^y Google
PREMIÈRE MVIYIS10IN (HAINAUT). Ï75
leur interdire toute espèce de travail. Il en est qui sont eu rapport
avec les forces de l'enfant et qui , loin de lui nuire , auraient une
salutaire influence sur le développement de sa constitution et de
sa moralité ; je citerai, entre autres, les travaux de petite culture ,
complètement négligés dans la partie de l'arrondissement de Char-
leroy où sont situés les grands établissements industriels. Un fait,
qui est notoire, prouvera jusqu'à quel point cette sorte de travaux
y est peu en honneur. C'est que les ~s des végétaux, autres que
ceux de l'espèce la plus commune, exposés en vente sur les marchés
de la ville de Charleroy, proviennent des campagnes qui envi-
ronnent Bruxelles; il en est de même pour ceux des animaux
domestiques de la petite espèce qui servent à la nourriture de
l'homme. Aussi, à Charleroy , la vie animale s'élève-t-elle a un
taux en desaccord avec les ressources moyennes des habitants. Il
serait évidemment bien plus convenable que les femmes de tout
Age, et les enfants mâles de dix à quatorze ans, abandonnassent
les travaux des mines pour s'adonner aux travaux agricoles. Ceux-
ci auraient l'avantage de les soustraire à une cause permanente
d'immoralité et d'énervation physique ; ils contribueraient, de plus,
à mettre les familles de bouilleurs, jusqu'à un certain point, à l'abri
des crises industrielles qui, parfois, viennent brusquement le*
priver de toutes ressources, ou au moins, comme cela a lieu en
ce moment, dans certaines localités du second district des mines
(février 1843), réduire de moitié leur travail et, par conséquent,
leur salaire.
J'ai dit que la mesure que je propose devait Satisfaire à une autre
condition, celle de ne pas priver les mines d'un trop grand nombre
de bras.
Nous savons que toutes les femmes, et presque tous le* enfants
maies au-dessous de quatorze ans, occupés dans l'intérieur des
mines, sont employés exclusivement au transport des produits de
l'exploitation. Jusqu'à quel point leur emploi est-il indispensable?
Le tableau suivant indique l'effet utile produit : 1* par de* hier-
cbeurs de divers Âges et sexes ; 3* par des chevaux, dan* diverses
mines de bouille de Belgique.
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RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
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Gomme conséquence à tirer de ce tableau relativement à la
question qui nous occupe, noue remarquerons l'énorme différence
de l'effet utile produit par un biercheur dans les différentes
mines énumérées : bien qu'une partie de cette différence doive être
attribuée aux moyens de roulage plus ou moins parfaits et, notam-
ment, à l'emploi des bandes saillantes ou plates, nous remarque-
rons que des différences très-grandes existent entre les effet»
produits, dans des mines placées dans les mêmes circonstances.
Ces différences ne peuvent donc provenir, en ce cas, que de celles
qui existent entre les forces physiques des divers hiercheurs. Le
but de celte observation est de prouver que le tableau comprend
des hiercheurs de tout âge, et d'en tirer la conséquence que l'effet
utile moyen d'an biercheur étant de 19,240 kilogrammes traînés
à cent mètres, et l'effet utile moyen d'un cheval étant de 274,000 kilo-
grammes traînés à cent mètres, l'un ne représente que moins du
quatorzième de l'autre, ou, en d'autres termes, qu'un cheval pro-
duirait plus d'effet utile que quatorze hiercheurs.
Or le tableau n° 3 nous donne, pour le chiffre des mineurs des
deux sexes au-dessous de quatorze ans S91
Multipliant ce chiffre par le coefficient indiqué, nous avons pour
le nombre total des mineurs de cette classe 770
Nous venons d'établir qu'un cheval remplaçait quatorze hier-
cheurs et au delà; donc cinquante-cinq chevaux suffiraient pour
tenir lieu des sept cent soixante et dix mineurs, qu'il serait si dési-
rable de voir occupés à des travaux moins rude* et moins malsains
que les travaux de mines, de quelque espèce qu'ils soient.
Remarquons qu'en supposant ce nombre d'enfants réparti éga-
lement entre les mines du district, cela ferait moins d'un cheval
par mine ; car ce district en possède soixante et dix-sept.
Je sais que l'on peut opposer, au calcul qui précède, que les sept
cent soixante et dix mineurs au-dessous de quatorze ans ne sont point
tous employés au roulage. Je n'en persiste pas moins à prétendre
qu'ils devraient être exclus des mine* dont les travaux, à quelque
ordre qu'ils appartiennent, et le séjour seul, sont nuisibles à de
jeunes constitutions. Il faudrait donc les remplacer par d'autres
mineurs de quatorze à dix-sept ans, qui sont, eux, exclusivement
employés au transport des produits de l'exploitation.
Avoir indiqué le moyen de remplacer les hiercheurs par d'autres
agents mécaniques , ce ne serait avoir résolu la question qu'à
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PREMIÈRE DIVISION (HAINAUT). 970
moitié, si le prix de revient du combustible devait s'en trouver
augmenté.
L'une des colonnes du tableau n* 5 démontre heureusement que,
loin qu'il en soit ainsi , c'est a un résultat tout opposé que l'on
arrive. Il est évident, dès lors, que la seule objection que l'on
aurait à faire contre le remplacement partiel (1) des hommes par
des chevaux, pour le transport intérieur des produits des mines,
n'est pas admissible.
le m'empresse de reconnaître que, dans la comparaison faite du
prix d'un certain travail exécuté par un homme, et du même
travail exécuté par un cheval, il y » un élément asses essentiel dont
il n'a pas été tenu compte : c'est le prix du boisage et de l'entretien
des galeries de roulage. Il est évident, eu effet, que pour livrer
passage a un cheval qui ne peut diminuer sa taille qu'en mettant
h tête a la hauteur du garrot, il faut une voie plus haute que pour
un homme, qui peut, tout au moins, se plier en deux. J'admets
donc que le pris du boisage des galeries de roulage, pour chevaux,
coûtera plus que le boisage des galeries de roulage pour hommes;
mais, quelle que soit la différence qui en résulte, quant au prix de
revient, il est constant que le remplacement dont je parie peut
permettre de réaliser une économie des ; sur le prix du transport
intérieur,
Ce n'est point là le seul avantage qu'une semblable substitution
procurerait à l'exploitation des mines de houille du district de
Charleroy ; il en est un autre qui, pour être moins promptement
réalisable , ne serait pas moins évident. L'exploitation des mines,
dans aucun pays du monde, n'est irréprochable. Il y a trop peu de
temps que cette branche d'industrie mit l'objet de l'attention se rieuse
des gouvernements et que la direction en est généralement confiée
à des hommes capables, pour que les vices qui l'entachaient, aient
pu entièrement disparaître. Dans l'arrondissement de Charleroy,
malgré les améliorations qu'ont introduites et qu'introduisent
(I) Cert arec intention que j'ai appelé ce remplacement partiel; Je reconnal*
qall y a certaine! circonstance! dam lesquelles il faut bien recourir à l'emploi des
homme» ; je ne tbui ni Ici examiner ni les discutât ici, cala m'entraînerait trop loin.
Je dirai seulement que, (Uns de grande) exploitation!, ces cas sont en petit nombre ;
que l'on peut suffire aux exceptions qu'ils constituent, au moyen d'un nombre peu
considérable de hiercheura, et que l'on a, pour y titulaire, tous «H de qnatone
i dix-sept ans al «u-deisui.
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280 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
encore tous tes jours les hommes éclairés, chargés, de la direction
des mines, quelques imperfections continuent a y subsister. Il y en
a deux capitales :
L'une est la multiplicité des sièges d'exploitation dans une même
mine ;
L'autre, qui est, en quelque sorte, la conséquence de la pre-
mière, est le défaut de développement des travaux de chacun d'eux,
ou plutôt le défaut d'ensemble et de suite dans les travaux de
développement.
Ces vices doivent être attribués a l'ancienne législation du Hai-
naut en matière de mines. Dans le Hainaut , ainsi que dans les
enclaves appartenant à la principauté de Liège, les mines de houille
étaient possédées par les seigneurs hauts justiciers. Ces seigneurs
en accordaient la concession par couches, et même par parties de
couches , sur leurs territoires respectifs ; il résultait de là que tel
individu qui avait rencontré , par une bure ou par une galerie, '
un certain nombre de couches, pouvait, cependant, n'avoir que
le droit d'en exploiter une seule. Il fallait alors que les conces-
sionnaires des autres couches vinssent, a leur tour, établir égale-
ment des sièges d'exploitation pour tirer parti des gtles minéraux
qui leur appartenaient. De là l'étonnante multiplicité d'anciennes
bures que l'on rencontre dans certaines localités de l'arrondisse-
ment de Charleroy.
Bien que l'abus des concessions par couches ait subi d'heureuses
modifications par les réunions successives de beaucoup de sociétés
entre elles, les houilleur* du pays, accoutumés, dès leur enfance ,
au grand nombre de sièges d'extraction, ont conservé en partie
celte habitude fâcheuse, quoique j aujourd'hui, l'ancien état de
choses qui en faisait une nécessité, ait généralement disparu.
D'un autre coté , par ce seul fait , que les anciens exploitants
ne possédaient qu'une couche ou deux couches, les bouveaux ou
galeries à travers bancs étaient ordinairement une chose inutile,
et même, dans certains octrois de concessions , il était fait défense
expresse aux concessionnaires de rebavetter hors de leur* allures,
c'est-à-dire, de prendre des galeries dans la pierre pour chercher
d'autres couches.
De là il résulte maintenant encore que les grands bouveaux ne
sont point dans les habitudes de la plupart des exploitants du second
district des mines.
Les deux faits que je viens de rappeler, la multiplicité des sièges
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PREMIÈRE DIVISION (liUNAUT). 281
d'extraction et l'absence de grands bouveaux , ont , dans les loca-
lités où ils existent, des résultats également regrettables. -
La multiplicité des sièges d'extraction conduit , d'abord , à une
mise de fonds considérable pour premier établissement ; c'est ainsi
que, si l'on a construit deux de ces sièges là où un seul , avec des
travaux développés , aurait pu produire une extraction égale à
celle des deux, et que chacun de ces sièges ait coûté , je suppose,
en achat de terrain, en frais de percement, en bâtiments et en
agrès, 300,000- francs, on aura grevé, en pure perte, l'exploita-
tion d'une rente annuelle de 15,000 francs. Hais ce n'est pas tout:
des sièges d'extraction, en nombre double ou triple de ce qu'ils
pourraient être, exigent un personnel double ou triple de mécani-
ciens, de tireurs, de potions, etc., et augmentent, dans la même
proportion, l'entretien et l'alimentation des machines à vapeur,
l'entretien des bures, des galeries et des communications à la sur-
face, la surveillance, etc., etc.; il faut, en un mot, que l'extraction
totale supporte des frais généraux doubles' ou triples de ceux
qu'elle aurait a supporter si elle avait lien par un seul siège.
Quant a l'absence de grands bouveaux , de ■ grandes voies de
communication s'étendanl d'une extrémité à l'autre des conces-
sions, elle produit des effets non moins regrettables. Elle empêche
d'acquérir des notions complètes sur les richesses minérales rece-
lées dans la concession ; elle empêche de connaître les évolutions
de- chacun des gîtes qui constituent cette richesse minérale ; et,
cependant, cette double connaissance est nécessaire -, est indis-
pensable pour que l'on puisse combiner d'une manière intelli-
gente l'aménagement du système général des travaux à l'aide
desquels on peut opérer, dans un temps donné, l'exploitation
entière de la concession.
À mon avis, le remplacement partiel des hommes par des che-
vaux pour le roulage dans l'intérieur des travaux , contribuerait
puissamment à compléter l'extirpation des deux vices d'exploitation
que j'ai signalés.
. En effet, le roulage au moyen de chevaux ne présente, une
économie remarquable , que lorsqu'il a lieu sur de grandes
longueurs : ce n'est que dans les bouveaux que l'économie est
complète; car, d'une part, le percement d'un houveau.de grande
section ne coule pas plus que le percement d'un .nouveau de
moyenne section. Gela est si vrai , que les adjudications pour la
construction de ces galeries ont lieu en mesures de longueur et
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382 RÉPONSES DBS INGÉNIEURS DES MINES,
non en mesures cubiques , et que les contrats ne font presque
jamais mention de la largeur ni de la hauteur à leur donner.
D'autre part, les bou veaux , dans les ~ des cas , n'exigent aucun
frais d'étançonnage ni d'entretien ; donc , comme je l'ai dit, la
nécessité d'employer à l'élançonnage des bois de plus grandes
dimensions, l'obligation de les renouveler plus souvent, ne Tiennent
pas ici déranger les résultats économiques produits par l'emploi
des chevaux.
Il est certain que les exploitants qui feraient usage de ceux-ci ,
ne tarderaient pas a être Frappés des résultats que je viens d'indi-
quer, et que, voulant en profiter dans toute leur plénitude, ils
étendraient successivement le champ de leurs exploitations, Or
cette extension ne peut s'obtenir que par l'allongement des nou-
veaux et la réduction du nombre des sièges d'extraction; l'intro-
duction des chevaux dans l'intérieur des charbonnages Ferait donc
disparaître les rares imperfections qui déparent encore l'exploita-
tion des mines dans le second district.
Ainsi se trouvent démontrées et la possiblité et l'utilité d'exclure
des travaux des mines les enFants au-dessous de quatorze ans et
les femmes en général. Je sens que cette mesure ne pourrait rece-
voir brusquement une exécution complète sans froisser beaucoup
d'intérêts, et sans compromettre les ressources de nombreuses
familles de mineurs ; aussi voudrais-je qu'elle ne Fut appliquée que
graduellement et après avertissement donné. La loi pourrait énon-
cer, par exemple , que , passé le délai d'une ou de deux années,
les enfants des deux sexes, au-dessous de quatorze ans, ne rece-
vraient plus de livrets de mineurs, et devraient faire la remise de
ceux qu'ils posséderaient. Cette mesure serait étendue aux femmes
i en général, après un laps de temps de deux, trois, quatre années
ou plus, si cela était jugé nécessaire.
Pour agir avec toute la lenteur et toute la prudence désirables,
pour ne pas arracher subitement à une industrie un trop grand
nombre de bras, on pourrait régler que, pendant la première de
ces années, on exclurait les femmes de quatorze ans seulement ,
pendant la seconde celles de quinze , et ainsi jusqu'à la cinquième
année, qui serait le signal de l'interdiction générale. De cette façon,
tous les intérêts seraient saufs. Les exploitants auraient le temps
de combiner les moyens de remplacer les hierebeurs qu'on leur
retirerait, et les familles de mineurs pourraient chercher et
trouver les moyens de remplacer avantageusement les ressources
^y Google
PREMIÈRE WV1S10N (HAINAUT). 283
funestes que la prévoyance et la sagesse du gouvernement leur
enlèveraient.
§ 5, — Les bienfaits de cette innovation seraient de diverses
natures. En général, les mineurs, quel que soit leur âge, ne
savent ni lire ni écrire; en laissant de côté les portons et quelques
maîtres ouvriers , je crois pouvoir avancer que la proportion de
ceux qui possèdent cette double connaissance a ceux qui ne la
possèdent point , n'est pas même de ~. Rien n'est plus commun
que de voir une bande de huit, douze, seize ou vingt mineurs, con-
tracter avec des exploitants, faire mettre par écrit les conditions
du marché, et aucun d'eux n'être en état ni de lire , ni de signer
le contrat.
On n'est pas autorisé à. faire aux mineurs un reproche de cette
ignorance, qui, a chaque instant, peut compromettre leurs inté-
rêts. Ils ne savent ni lire ni écrire ; mais comment en serait-il
autrement? L'instruction exige deux choses : de l'argent et du
temps. Or tout le monde sait que les familles de mineurs sont
généralement très-pauvres ; il leur a fallu déjà s'imposer des sacri-
fices pour pourvoir à la subsistance de leurs enfants; il aurait fallu
les augmenter pour pourvoir à leur instruction. Les uns ne le
pouvaient pas, les autres n'en sentaient pas la nécessité. Une insti-
tution dont les heureux effets se font chaque jour sentir de plus
en plus, bien que son existence ne date que de l'année 1841 ,
l'institution de la caisse de prévoyance en faveur des ouvriers
mineurs , a modifié cet état de choses et y a remédié en partie.
Les statuts de la caisse de l'arrondissement de Charleroy décident
qu'une partie d'un fonds de réserve « pourra être consacrée à
« améliorer la condition morale de l'ouvrier, et à propager l'in-
« struction parmi ses enfants. ■ Des mesures ont été prises en
vertu de cette disposition ; je crois devoir transcrire ici, du rap-
port de la commission administrative de ladite caisse sur ses opé-
rations depuis le 1er février 1841 jusqu'au 1" janvier 1842, le
passage indiquant ce qui a été fait en faveur de l'instruction des
enfants d'ouvriers ;
■ L'assemblée générale, se rendant au vœu exprimé par la
■ commission, et appréciant avec elle l'urgence de faire jouir la
■ classe ouvrière des avantages d'une instruction gratuite, a, dans
• sa séance extraordinaire du là juillet dernier, voté à cette
« fin une somme de 8,000 francs , en confiant à la commission
« l'emploi de ce crédit.
^y Google
284 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
* Comment réaliserait-on la mesure?Telle était ta question que
« la commission avait à examiner.
» Trois moyens se présentaient :
* 1? Ouvrir des écoles spéciales ;
« 2" Accorder des traitements fixes aux instituteurs commu-
« naux;
* 3" Autoriser les enfants à fréquenter une école de leur choix,
« sur la production d'un acte émanant de fa commission, sauf a
■ accorder a chaque instituteur recevant des élèves, une rétribu-
• lion fixe par léte et par mois.
« Le premier mode n'a pu être admis, parce que la somme votée
» ne permettait pas d'établir des écoles en nombre suffisant pour
- satisfaire aux exigences des localités , si l'on considère que les
• ouvriers, appartenant aux sociétés associées, sont répandus dans
- plus de quarante communes différentes. Il aurait pu sembler
m qu'on pouvait en établir seulement dans les endroits où les
« ouvriers sont le plus concentrés ; maïs, outre que c'eût été créer
« une exception susceptible d'exciter des mécontentements , les
« fonds votés n'en eussent pas moins été-insuffisants, et l'on n'éprou-
» vera aucun doute à cet égard, si l'on sait que pour une seule
• commune , celle de Gillj , par exemple , qui est cependant une
« des plus agglomérées, il eût fallu au moins trois écoles, non en
« raison du nombre d'enfants, car, sous ce point de vue, une seule
« école pouvait suffire, mais seulement à cause de la dissémination
• des familles.
« Les difficultés que présentait la répartition des subventions
• entre les instituteurs, en l'absence de toute donnée sur le
- nombre d'élèves qui fréquentaient ou qui pourraient fréquenter
« leurs écoles, ont également fait renoncer à l'emploi du second
« moyen,
■ On s'est donc arrêté au troisième moyen ci-dessus indiqué.
« L'application en était plus prompte et moins dispendieuse,
« en n'empiétant nullement sur la liberté de l'ouvrier et en ne
" prêtant guère, en présence des mesures dont il est entouré, à
« l'exigence de rétributions indues ou imméritées. Huit cent vingt
- et un enfants ont été ainsi admis à fréquenter les écoles. »
A la date du 8 septembre 1842, le nombre des lettres d'admis-
sion délivrées et non rentrées s'élevait à treize cent trente-trois.
L'étal de choses dont je viens de rendre compte dura jusqu'au mois
de décembre 1842,
^Google ■
PREMIÈRE DIVISION (HÀINAIT). 385
La commission crut s'apercevoir qu'il donnait lieu à des abus
plus ou moins graves. Elle avait laissé aux parentale soin de déter-
miner les écoles où ils enverraient leurs enfants. Hais les choix des
parents n'étaient pas toujours heureux; si les instituteurs établis
dans les communes rurales présentent tous des garanties de capa-
cité, on ne peut disconvenir qu'ils ne les présentent à des degrés
différents ; il résultait donc de cette liberté trop absolue laissée à
des gens pour la plupart tout à fait illettrés , que le progrès de
l'instruction n'était pas tel qu'on était en droit de l'attendre.
La rétribution à payer aux instituteurs avait été fixée à 1 franc
par élève et par mois; on jugea que cette rétribution était trop
élevée et qu'elle ne tarderait pas à occasionner une dépense trop
forte, ou qu'elle forcerait à restreindre le nombre des lettres d'ad-
mission que l'on pourrait distribuer.
Enfin les enfants de sept , huit , neuf et dix ans, étaient admis à
prendre part. & l'instruction ; on reconnut que la limite inférieure
de l'&ge d'admission avait été fixée trop bas.
Pour remédiera cet abus, la commission, en décembre 1842,
décida : ■
1" Que les instituteurs" dont les écoles devraient être fréquen-
tées, seraient désignés par elle : pour faire ses choix, elle s'en-
toura de tous les renseignements administratifs existants , propres
a l'éclairer sur le degré de moralité et de capacité des instituteurs
et institutrices ;
2" Qu'il ne serait dorénavant accordé aux instituteurs , pour
toute rétribution, que 50 centimes par tête et par mois, rétribu-
tion qui , sans doute , a été trouvée suffisante par ces instituteurs,
puisque nulle réclamation n'est parvenue à la commission , et
qu'aucun refus de recevoir les élèves à ce taux n'est arrivé à sa
connaissance;
3" Que les enfants de l'âge de huit, neuf et dix ans, seraient seuls
admis a recevoir l'enseignement ;
4° Qu'il ne serait plus délivré de lettres d'admission aux enfants
domiciliés dans des communes où l'instruction est donnée gratui-
tement aux frais des caisses communales et des pauvres.
- A la suite de cette résolution , les anciennes lettres d'admission
ont été retirées et de nouvelles lettres ont été délivrées ; et, depuis
le 1" janvier 1843, l'instruction est donnée avec les modifications
qui viennent d'être indiquées. Jusqu'à ce jour, mille deux enfants
ont pu v participer.
;dby Google
1*6 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
' Les modifications qui viennent d'être indiquée» n'ont point
encore reçu la sanction de l'expérience. Maïs il ne faut pas se dis-
simuler que, dans l'état actuel des choses, les résultats de L'in-
struction donnée ne peuvent jamais être complets, c'est-à-dire, que
l'on ne peut espérer que la totalité , ni mime la grande majorité
des mineurs, saura, a l'avenir, lire, écrire et compter.
Il est facile de trouver les causes qui empêcheront qu'il en puisse
être ainsi; et ces causes, il est malheureusement hors du pouvoir
de la commission d'y porter remède.
Les lettres d'admission aux écoles sont retirées aux enfants ayant
atteint l'âge de onze ans, par la considération que c'est a cet Age
que les enfants, malgré la plus grande tolérance laissée par le
décret du 3 janvier 1813, commencent a pénétrer dans les exploi-
tations. La commission a senti que les enfants, une fois admis a
prendre part aux travaux des mines, devaient renoncer à acquérir
une instruction quelconque. En effet , le travail des mines occupe
les jeunes mineurs d'une manière effective, pendant dix ou douze
heures sur vingt-quatre : admettant qu'il leur faille moyennement
deux heures pour aller de leurs demeures à leurs ateliers et pour
revenir ehez eux, il leur reste dix heures pour deux repas et pour
le sommeil. Ceux qui connaissent le travail des mines ne trouve-
ront certes pas que ce temps de repos soit trop long.
Une autre cause vient se joindre à celle-là pour priver les jeunes
mineurs de moyens d'instruction : la plupart d'entre eux sont
employés pendant la journée , c'est-à-dire, généralement, de six
heures du matin à quatre ou six heures du soir ; la fréquentation
des écoles de jour leur est donc absolument interdite, et je ne
connais, dans l'arrondissement de Gharleroy, aucune école du soir.
Du reste, je le répète, en existât-il , les jeunes mineurs ne pour-
raient les fréquenter, ou, s'ils les fréquentaient, ils n'en pourraient
retirer aucun fruit, épuisés qu'ils seraient par leur travail physique.
Comme dernière raison , je rappellerai qu'un certain nombre de
mineurs , jeunes et vieux , travaillent , parfois , dans des localités
assez éloignées de leur domicile réel pour qu'ils n'y rentrent
qu'une fois par semaine; il faudrait donc que les jeunes mineurs
de celte catégorie reçussent l'instruction dans la localité ou leur
travail les fixerait momentanément; or, comme il n'arrive que
trop souvent, les mineurs quittent volontairement ou sont obligea
de quitter un atelier pour un autre ; il en résulterait qu'ils seraient
forcés de changer autant de fois d'école , de passer d'un système
^y Google
PREMIÈRE DIVISION (HAINÀUT). 387
d'enseignement a un autre système, d'entrer dans des classes où
l'on serait arrivé à un point d'instruction moins ou plus avancé que
celui auquel ils étaient parvenus : toutes ces causes contribue-
raient à paralyser les efforts qui pourraient être tentés.
La commission administrative de la caisse de prévoyance a pensé,
dès lors, qu'elle pouvait supprimer les lettres d'admission aux
écoles pour les enfants ayant atteint l'âge de onze ans ; qu'en agis-
sant autrement, elle puiserait sans utilité véritable dans la caisse
dont l'administration lui est confiée.
Si quelques jeunes mineurs , doués d'une organisation remar-
quable, avaient des titres tout spéciaux à la sollicitude de la com-
mission, il n'est point douteux qu'elle ne s'empressât de leur fournir
les moyens de tirer parti de leurs heureuseB dispositions, en faisant,
en leur faveur, une exception a la mesure qu'elle a dû prendre.
La commission a agi sagement en fixant une limite d'âge (huit
ans) au-dessous de laquelle les enfants n'auraient point encore
droit aux lettres d'admission aux écoles; en deçà de cette limite,
les enfants ne sont pas, en effet, susceptibles de l'attention néces-
saire pour retirer quelque fruit de ce qu'on leur enseigne.
Ainsi donc, on le voit, c'est de huit a onze ans, c'est-à-dire pen-
dant trois années, que les enfants de mineurs sont appelés aax
bienfaits de l'instruction : au-dessous de huit ans, la nature les
empêche d'en profiter ; au-dessus , la toi , en leur permettant un
travail physique trop noient pour leurs forces, leurôte les moyens
de continuer k en jouir.
EU bien, je n'hésite pas a affirmer que cette instruction, reçue
pendant deux ou trois années, ne peut avoir de résultats bien favo-
rables pour les enfants d'une intelligence et d'une organisation
ordinaires, en d'autres termes, pour les -,*„■ d'entre eux; deux ou
trois années ne suffisent pas pour enseigner à lire, a écrire, et
surtout k calculer couramment, alors surtout qu'il s'agit d'indivi-
dus qui se trouvent d'un âge et dans des conditions k ne pouvoir
faire une application utile de ce qu'ils ont appris. Pour moi , il
n'est pas douteux que deux ans après leur sortie des écoles, aucun
d'eux ne conservera quelque trace un peu durable de l'instruction
qui lui aura été donnée.
Ce résultat est d'autant plus affligeant qu'il y a peu de classes
de travailleurs qui méritent, k plus juste litre que les bouilleurs,
la bienveillance et les encouragements de ceux qui sont k même de
^y Google
208 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES,
veiller et de pourvoir à l'amélioration- de leur condition physique
et morale.
§6. — Il y a, eu effet, peu. de reproches graves & adresser à la
classe des ouvriers bouilleurs de l'a rrondi&se ment de Charleroy.
La discipline, l'obéissance presque passive et la résignation, sont
si bien dans ses habitudes, que depuis quelques années on l'a vue
subir de bien grandes vicissitudes, passer brusquement des circon-
stances financières les plus heureuses à une position comparative-
ment déplorable» accepter une mesure (le rétablissement des
livrets) que, à très-grand tort, il est vrai, elle considérait comme'
hostile à ses intérêts ; on l'a vue, dis-je, supporter tout cela sans
qu'aucun acte répréhensibie ait été posé par elle.
C'est à peine s'il y a lieu de signaler quelques rares et insigni-
fiantes coalitions, œuvres surtout des hiercheurs et des femmes,
dans le but d'obtenir de minimes augmentations de salaire, coali-
tions toujours apaisées par la sagesse des exploitants sans l'inter-
vention de la justice, et qui n'ont d'autres résultats fâcheux qu'une
ou deux journées de chômage (1).
Il faut aussi rendre justice au dévouement dont les bouilleurs
root preuve à la suite de ces catastrophes qui viennent trop souvent
décimer leurs rangs,: Toujours an en trouve qui sont prêts a
marcher sur les pas de leurs portons et à exposer leur vie pour
sauver celle de leurs camarades ; dévouements obscurs, d'autant
plus méritoires, il y a peu d'années, qu'ils restaient inconnus et
sans récompense. Heureusement qu'aujourd'hui il n'en est plus de
même. Une médaille spéciale a été instituée, le .19 octobre 1840 ,
pour récompenser les traits de courage et de dévouement des
mineurs, mesure sage et généreuse qui a été accueillie ayejr
reconnaissance.
Quant a la moralité des houitleurs, je ne pense pas qu'elle laisse,
en général , plus à désirer que celle des individus qui exercent
d'autres professions.
On peut l'examiner sous trois rapports différents :
1" Sous le rapport des crimes et délits ;
(1) La remplacement dei homme) pat des oneTanx pour le roulage intérieur cou-
perait court à ces coalition! et aux chômage! qui en rétultcot, puisque Ici mineur*
proprement tlils n'y prennent point part; mois ili sont réduite i l'inaction par mite
da l'encombrement de» Toiei, encombrement qui n'existerait pat, n, pour enlerer lei
produits de l'exploitation, on atait recourt aux che v aux .
IdByGOOglC
PREMIÈRE DIVISION (HAINAUT). 189
2° Sous le rapport des habitude* de désordre et d'ivrognerie ;
3" Sous le rapport des relation* illicites entre les sexes.
Relaii vement au premier point , j'aurais désiré présenter des
chiffres indiquant : S" le nombre d'individus de chaque profession
industrielle proprement dite , exercée dans J'arrondisse ment de
Charleroy; 2" le nombre et l'espèce de délit commis annuellement
par les individus de chacune de ces professions; malheureuse-
ment je n'ai pu recueillir les éléments nécessaires à ce travail. Le1
ministère de la justice publie des travaux où quelques-uns de ces
éléments sont consignés ; mais plusieurs circonstances les rendent
impropres a la comparaison que je désirerais faire : 1" ils concer-
nent tout le royaume, sans établir de subdivisions; S" la rubrique
relative h la profession de bouilleur y est commune à la profession
de mineur, en général, et 1 celles de carrier, terrassier, etc.;
3* ils ne portent point le nombre total des individus de chaqne
profession , indication indispensable pour obtenir la proportion
relative des criminels ou des délinquants des divers métiers.
Je dois donc renoncer au procédé que j'ai indiqué, et qui résou-
drait la question d'une manière rigoureuse, pour m'en tenir à des
généralités.
le pense que les crimes et délits contre les personnes et contre
les propriétés , sont très-peu communs parmi les houiHeurs. Nous
venons de traverser un hiver qui a été pour eux une époque cri-
tique : la douceur de la température a permis à bien des gens dé
diminuer leur consommation de combustible , a d'autres de fa
supprimer tout à fait ; l'état déplorable des chemins de traverse,
défoncés par les pluies , ont empêché les habitants de» campagnes
de faire leurs approvisionnements, ou, au moins, de les faire aussi
oomplels que d'habitude ; par suite , beaucoup de charbonnages'
ont diminué leur extraction et ont dû, les uns renvoyer Un certain1
nombre de mineurs, les autres n'employer les leur» qite trois ou
quatre jours par semaine ; d'un autre côté, les substances de pre-
mière nécessité ont subi une augmentation assez notable, par suite
de ta présence momentanée, dans certaines localités dé l'arrondis-
sement de tibarleroy , d'une grande quantité de terrassiers étran-
gers, occupés à la démolition et à la reconstruction des ouvrages
de fortification de la ville de Cbarleroy et à la construction du
chemin de fer. Cependant les bouilleurs, dont les ressources ont
été ainsi paralysées ou réduites , supportent patiemment leur dé-
tresse, en attendant des temps plus heureux, et aucun crime ni
^y Google
390 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
aucun délit notable, non pas justifié, mais provoqué et expliqué
par la misère, n'a été révélé par la voix publique.
Les diverses profusions exercées, et les différentes natures de
localités où on les pratique, ont, certes, une grande influence sur
les habitudes et sur la moralité des individus. C'est ainsi que la
profession de mineur, exercée comme elle l'était jadis dans le pays
qui forme aujourd'hui l'arrondissement de Charleroy , a eu , en
certains points, de fâcheux résultats pour les mœurs des houilleurs.
Nous avons vu qu'autrefois les seigneurs hauts justiciers concé-
daient les mines de houille par couches et par fragments de cou-
ches ; on sent que les concessionnaires devaient être extrêmement
nombreux ; généralement ils travaillaient par eux-mêmes les gîtes
qui leur avaient été accordés; mais, pour travailler sa propre
couche, il fallait parfois traverser, toucher celle de son voisin,
qui, plus riche que celle dont on était propriétaire, pouvait inspi-
rer des tentations auxquelles on ne résistait pas toujours. Les eaux
étaient alors comme aujourd'hui, et plus qu'aujourd'hui, un grand
obstacle a l'exploitation des mines : quelquefois il était bien plus
facile de s'en débarrasser, en les envoyant à un voisin en position
de les recevoir, que d'employer des moyens d'art pour les épuiser ;
on adoptait le parti le plus prompt et le plus économique. Souvent,
il faut le reconnaître] les auteurs de oes faits pouvaient les prati-
quer a leur insu , car les évolutions et les dérangements des cou-
ches sont si fréquents dans la partie du terrain boitiller comprise
dans l'arrondissement de Charleroy , qu'une couche pouvait être
prise pour une autre , des communications pouvaient -se trouver
ainsi pratiquées entre les travaux de deux exploitations et livrer
passage de l'une dans l'autre ; de plus , ces circonstances avaient
fini par devenir fréquentes et réciproques au point de perdre, aux
yeux des concessionnaires, toute leur gravité morale. De cet état
de choses, il résultait des contestations extrêmement nombreuses,
dans lesquelles l'une des deux parties devait nécessairement nier
ce qui était la vérité, ou affirmer ce qui ne l'était pas j de là, parmi
cette classe d'industriels à cette époque, un esprit processif et porté
au mensonge. Un certain nombre des houilleurs actuels sont les
fils des concessionnaires d'autrefois , et l'on doit reconnaître que ,
sous le point de vue qui nous occupe, ils ne sont point entièrement
dépossédés de l'héritage paternel.
Quant aux habitudes de désordre et d'ivrognerie , je partage
entièrement. l'avis énonce, par M. l'ingénieur en chef Gonot, dans
^y Google
PREMIÈRE DIVISION (HA1NAUT}. 291
un. rapport qu'il a adressé à M. le gouverneur de la province de
Hainaut , et qui est inaéré en extrait dans celui de la députation
permanente du conseil provincial pour 1842, page 319 et sui-
vantes. ■ Je suis, dit ce Fonctionnaire, porté à conclure que
« les- habitudes d'ivrognerie et d'intempérance sont beaucoup
■ moins répandues panai les ouvriers mineurs qu'on ne le croit
" généralement , et que, dans celte classe, comme dans toutes les
■ autres, c'est Une minorité même Assez faible qui se livre au
• désordre. »
H, Gonot tire cette conclusion de la circonstance, * que chaque
■ individu, homme, femme ou enfant de U classe des ouvriers
« charbonniers, ne peut compter, pour se loger, se vêtir et vivre,
■ que sur une rétribution moyenne de soixante- trou centimes par
■ jour. » Le rapport d'où j'extrais ces deux passages est de 1842,
A la date du 29 mai 1841, j'ai eu l'occasion de consulter
M. Galles, directeur de la mine de la Saisonnière, sur la dépense
annuelle d'un mineur homme fait. Je tiens de son obligeance le
devis suivant :
Fr.
Pain par jour. . . 0 36
Beurre, fromage, etc. ........ 0 10
Tabac, boisson. 0 14
Total par jour. . 0 50
Soit par an. ... 182 50
Deux bahits de fosse par an, à trois francs chacun. 6 00
Deux cultes (chemises de fosse), à deux francs
chacune. 4 00
Habillement du dimanche, un pour six ans, à rai-
son de cinquante-quatre francs, soit par an. 9 00
Une chemise des dimanches 4 00
Deux paires de soulier* 11 00
Deux sarraus 16 00
. Total par an, fr. . . 232 50
Soit par jour 0 63 £
Cette concordance remarquable entre le travail de M. Gonot
et celui-ci, dont il n'a eu aucune connaissance, tend à prouver-
leur exactitude mutuelle. Dans le devis de M. Gâtiez, il n'est pas
tenu compte des frais de logement; mais ce devis se rapporte à la
consommation d'un homme fait ; une femme ou un enfant con-
^y Google
192 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
somment moins, et c'est sur celte différence en moins que l'on
trouve la somme nécessaire pour le logement et pour la viande
dont les malheureux bouilleur* ne peuvent faire usage que bien
rarement.
Or, je le demande, comment pourrait-on prétendre que des
gens auxquels 0,63 -^ sont indispensable* pour satisfaire aux con-
ditions les plus rigoureuses de leur conservation , et dont le salaire
moyenne s'élève qu'à 63 c, puissent être ivrognes et débauchés?
Quant aux relations illicites entre les sexes chez les houilleurs,
j'ai eu occasion de reconnaître, en commençant, que je le* croyais
fréquentes; mars, dans l'état actuel des choses, tant que le péle-
méle des sexes subsistera, peut-on s'étonner beaucoup s'ils succom-
bent aux tentations auxquelles on les expose si imprudemment? Je
ne pense pas, au reste, que les désordres de celte espèce, ohez
les houilleurs, soient beaucoup plus nombreux que dans les ateliers
d'autres travailleurs, où les sexes sont confondus; disons aussi que,
si ces désordres sont déplorables, ils ne paraissent pas, du moins,
avoir donné lieu aux crimes qu'ils pouvaient faire craindre. Depuis
six ans que j'habite le centre de l'arrondissement de Charleroy ,
aucun fait d'infanticide ou d'exposition d'enfant, dans les com-
munes minérales, n'est venu k ma connaissance. J'en conclus que
les premiers ont été nuls , et les seconds nuls ou fort rares. On
peut avancer que, généralement, dans les familles de bouilleurs,
une fille enceinte ne tarde pas à épouser son séducteur. Il est donc
vrai de dire que, ai les houilleurs s'abandonnent aisément à leurs
passions, ils s'empressent de réparer leur faute, du moment qu'un
dommage matériel, appréciable pour eux, semble devoir en être le
résultat (1).
Un reproche que l'on n'a presque pas le courage d'adresser aux
mineurs, et qui serait mérité, c'est celui de manquer de prévoyance
et de ne pas chercher, au moyen d'épargnes dans les circonstances
favorables, à s'assurer des ressources pour les temps critiques. Le
taux de leur salaire a, vers 1838, subi, pendant un an ou dix-huit
(1) Ce n'eit pu dam la claue aeule des houilleurs que les jeunet gens ne ie
marient guère que lorsque leur union cjjt auaii bien une réparation pour le pasis
qu'une eoniécration et un lien pour l'avenir. Dana un certain nombre de communes
de iïirtn-Sambre-et-lwue, pays «iiontieDeineul agricole et Foreatier, il set d'Etage
coûtant et immémorial que chaque jiune fille <rui contracte mariage, muu que dei
apparence! extérieure! en démontrent la neecsiité , offre on coeur en argent à la
Vierge de M paioiue- le connais des paroiliei où il n'y a guère de cet cceurs votifs,
et l'on m'a amii é qu'il en ouatait on il n'y en avait pai du tout.
^y Google
PREMIÈRE DP7IS0N (FUBuWT). 393
mois, ime augmentation considérable qui, pour quelques classes ,
allait au delà de 100 p. %. Les objets de première nécessité
avaient, à la vérité, subi une hausse ; mais elle était bien loin
d'atteindre ce taux. Eh bien , quand les choses ont changé de
face , quand la réaction est venue faire baisser les salaires , les
mineurs se sont retrouvés aussi malheureux qu'auparavant, et
même plus ; car ils avaient contracté des habitudes de bien-être
qu'ils ne pouvaient plus satisfaire. Disons cependant que ce n'est
point hors de leurs domiciles que l'argent avait été dissipé ; on
l'avait dépensé en famille, à faire meilleure chère, et à se procurer
des vêtements et des objets peu en harmonie avec la profession.
Les habits noirs, les fleurs artificielles et les montres, ont absorbé
une grande partie des revenus ; mais je dis que l'on hésite a faire
aux mineurs un grief de ce défaut d'ordre , tant il est naturel de
vouloir jouir un peu, après avoir été accablé de privations de tout
genre, tant il est facile de s'aveugler sur la durée d'un état de
choses qui vous procure un bien-être inconnu ! Remarquons ici
qu'il n'existe de caisse d'épargne pour les mineurs, ni à Char-
leroy, ni dans aucun des grands centres industriels de rarron-
Sous le rapport de l'intelligence, enfin, je ne pense pas que les
ouvriers bouilleurs , en généra) , le cèdent aux ouvriers d'aucune
autre profession, et je crois qu'ils remportent sur ceux d'un grand
nombre. Pour être bon ouvrier bouilleur, il faut être un peu for-
geron, un peu charpentier, un peu mécanicien, un peucordier, etc.;
il faut être inventif, et surtout observateur ; car la vie du bouilleur
dépend de cette dernière qualité. Si l'intelligence qu'il possède n'est
guère développée que sur certains sujets spéciaux, et est souvent fort
bornée sur des matières générales , cela tient à la nature de son
travail, qui le séquestre de tout commerce avec les gens du monde.
Privé, pendant les trois quarts de son existence, de la lumière du
jour et de la vue des événements , on ne doit pas s'étonner de le
trouver étranger a bien des idées familières aux gens d'autres
professions, qui vivent et travaillent dans les conditions ordinaires,
et qui sont en rapport journalier avec le reste des hommes. -
$§ 7 et 8 . — Je viens d'exposer franchement les vices comme les
qualités des bouilleurs. Che& ces hommes pour lesquels , pendant
longtemps, on a peu fait, chez ces hommes livrés à leurs propres
instincts, la somme du bien l'emporte évidemment, et de beaucoup,
^y Google
294 RÉPONSES DES INGENIEURS DES UNES.
sur celte dû mal. Que l'attention des législateurs se porte avec
intérêt sur ceux qui fournissent, à notre pays le premier et le phi»
sur élément de la richesse , et cet état de choses ne tardera pas à
s'améliorer encore.
J'ai , dans les pages qui précèdent , signalé le mal el indiqué le
remède, je me résumerai en peu de mots :
Le mal provient de ce que l'on admet a pratiquer la profession
de bouilleur :< 1" -des personnes du sexe féminin, sexe auquel celte
profession devrait rester complètement étrangère ; 2° des individus
du sexe masculin au-dessous de l'âge de quatorze ans. Ces deux
causes amènent, entre autres, les désordres moraux dont j'ai parlé,
produisent une dégénérescence physique déplorable, et maintien-
nent les bouilleurs dans un état d'ignorance qui ne l'est pas moins.
Si l'on veut, comme on le doit, soustraire cette classe si digne
d'intérêt aux causes de dégradation physique et morale auxquelles
elle est en proie , ce n'est point avec des demi-moyens que l'on y
pourra parvenir. C'est en vain que l'on prendrait des mesures pour
supprimer ou diminuer le travail nocturne pour les mineurs de tel
ou tel Age; c'est en vain que l'on exigerait que les enfants fréquen-
tassent les écoles jusqu'à dix ans pour être reçus mineurs el conti-
nuassent a les suivre jusqu'à douze , exigence incompatible avec
leur travail ; ces dispositions , je crois l'avoir démontré , seraient
inexécutables et inefficaces. Celles, beaucoup plus simples et
beaucoup plus énergiques, que j'ai indiquées, peuvent seules faire
atteindre promptement et complètement le but. L'exclusion abso-
lue des mines : 1" des femmes de tout âge; 3° des enfants mâles
au-dessous de quatorze ans ; leur remplacement par des chevaux ;
voilà le remède au mal existant. Il faut y ajouter l'obligation, pour
tout individu de quatorze ans sollicitant un livret de mineur , de
prouver qu'il sait lire , écrire el compter , et , si jamais obligation
a été justifiée, c'est bien dans ce cas, puisque les enfants de mineurs
jouiront pendant quatre ou cinq ans (en supposant qu'on élève
encore l'âge d'admission), des bienfaits d'une éducation gratuite.
Ainsi l'on obtiendra une amélioration physique dans la race , une
instruction prompte , suffisante , et que le temps n'effacera plus ;
on dotera les familles de mineurs et le pays de Charleroy, d'une indus-
trie qui mettra les premières & l'abri des crises commerciales qui
s'y renouvellent si souvent, qui procurera au second une plus grande
somme de bien-é(re , obtenue à meilleur marché , el qui augmen-
tera la valeur du sol ; on permettra aux exploitants des mines de
ly Google
DEUXIÈME DIVISION (NÀMUR ET LUXEMBOURG). 295
houille d'améliorer directement et immédiatement le roulage inté-
rieur; de réaliser ainsi une grande économie sur cet élément du
prix de relient; d'introduire, dan* d'autre* parties de l'exploita-
tion, d'autres améliorations, conséquence* inévitable* de celle-là;
et , pour résultat final , de' livrer & meilleur marché au commerce
le combustible minéral , source primitive de la puissance indus-
trielle de la Belgique.
Peut-être , dans ce que je viens d'exposer , se trouvera-t-il des
choses qui peuvent alarmer certains intérêts particuliers mal
entendus, froisser des idées reçues, déranger de* habitudes prises :
je le regretterai*. Mais le mal frappait depuis longtemps me* veux,
une occasion s'est présentée de le signaler et d'indiquer les moyens
de l'atténuer : je l'ai saisie. J'ai dit ce qui, selon moi, est la vérité.
Il ne me reste qu'à mire des vœux pour que ce qu'il peut y avoir
de bon et de pratique dans les idées que j'ai émises, ne reste point
stérile.
AtrillSU.
L'Ingénieur de* mines du deuxième district.
Edo. Bidaut.
-Réponses de M. l'Ingénieur en chef de la faxit» frisûm des mines.
El JMooMJieut & JUVwWtw ia 3taaau.r, pufâoX/.
tant, U 31 jurin «U.
MoHSIEUB. LeMibI9TRE,
J'ai cherché a me procurer les renseignement* nécessaires pour
répondre aux diverse* questions qui ont été présentées, par BJ. le
Ministre de l'intérieur, relativement au travail des entants employés
dans les mines. Ce que je savais de la manière dont le travail était
organisé dans les mines de la deuxième division me portait à con-
sidérer comme peu nécessaire, pour cette division, l'adoption de
mesures réglementaire* , dans l'intérêt des jeunes ouvriers. C'est
ce que confirment les renseignement* recueillis par MB. les offi-
ciers des mines.
ly Google
396 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DBS MINES.
Le nombre total des ouvriers employé» , dam cette division , h
l'extraction de la bouille et travaillant dan» l'intérieur des mines ,
est de huit cent soixante- trois, dont hait cent quarante et un
du sexe masculin , et douce seulement du sexe féminin. Sur ce
nombre , l'on compte deux cent trente-deux jeunes ouvriers de
douze à. seize ans, parmi lesquels il ne s'en trouve que deux du
sexe féminin.
Le travail n'a lieu, pendant la nuit, que dans un très-petit nombre
d'exploitations ; l'on n'y emploie guère plus de quarante-cinq jeunes
ouvriers de douce à seize ans et ils alternent, pour la plupart,
chaque semaine, avec Ceux qui travaillent pendant le jour. L'on ne
remarque pas que les jeunes ouvriers qui travaillent pendant la
nuit soient moins forts ni moins bien portants que «eux qui ne
travaillent que pendant le jour. Je ne pourrais citer aucune obser-
vation à l'appui des mesures exceptionnelles dont On propose
l'adoption, et quant à l'âge que les jeunes ouvriers devraient avoir,
pour être admis au travail de nuit , et quant au nombre de nuits
de travail par semaine. Ces mesures me sembleraient, d'ailleurs,
devoir rencontrer de grandes difficultés dans leur application.
Sous le rapport de l'instruction , les ouvriers qui travaillent
pendant la nuit ont plus de temps pour fréquenter les écoles que
ceux qui travaillent pendant le jour; ces derniers ne peuvent
suivre que les écoles du soir , là où il en existe. En général , les
écoles sont peu fréquentées par les jeunes ouvriers mineurs;
presque tous ceux qui savent lire et écrire l'ont appris avant de
commencer à travailler. Nous avons vu que leur apprentissage ne
commençait pas, dans cette division, avant l'âge de douxe ans;
à cet âge ils devraient tous savoir lire et écrire. Cependant il a
été constaté que les deux tiers au moins étaient incapables de
signer leur nom,
J'ai aussi recueilli quelques renseignements sur l'âge moyen
auquel parviennent les ouvriers mineurs; en réunissant les âges
de tous les ouvriers morts pendant une période de dix années et
divisant par le nombre des morts, dont on a retranché ceux qui
ont péri par accident , l'on a trouvé que la durée moyenne de la
vie du mineur parvenu k l'âge de douze ans , qui est celui auquel
il commence à travailler , dans les mine* de la deuxième division ,
était de cinquante-quatre ans.
Les ouvriers mineurs parviennent généralement , dans cette
division, à un âge assez avancé ; cependant ils se plaignent presque
^y Google
DEUXIÈME DIVISION (NÀMUR ET LUXEMBOURG). 397
tout de la poitrine, et meurent la plupart asthmatiques. Cette
affection les oblige à renoncer au travail de bonne heure ; il est
rare de voir , dans les mines , des ouvrier* âgés de plus de cin-
quante à cinquante-cinq ans.
Il est néanmoins à observer que si les affections de poitrine
sont si communes parmi les vieux mineurs de cette division, il faut
surtout l'attribuer à oe qu'on n'apportait anciennement aucun soin
à la conduite de l'aérage ; au point que les ouvriers devaient sou-
vent travailler sans lumière. Aujourd'hui que l'on attache la plus
grande importance à l'assainissement des travaux et à rétablissement
d'un bon aérage, l'on verra probablement diminuer le nombre de
ces affections qui déciment les ouvrier* bouilleurs et les rendent
invalides à un âge ou l'homme est encore dans toute se vigueur.
Les éléments me manquent pour établir une comparaison , sous
le rapport de la moralité , entre l'ouvrier mineur et l'ouvrier des
fabriques. Je suis néanmoins porté à croire que la comparaison
serait tout à l'avantage du premier, dans la deuxième division
surtout. Mais il y a encore une distinction à faire entre les ouvriers
des fabriques dont les ateliers sont situés dans l'intérieur ou à
proximité des villes , et ceux dont les ateliers sont éloignés de ces
grands fovera de corruption. L'on peut faire a ces derniers, comme
aux ouvriers mineurs , l'application de cette règle que les popula-
tions des campagnes sont généralement plus morales que celles des
grandes villes.
Dans les campagnes, l'ouvrier a presque toujours son habitation
a lui; il est rare qu'il n'y joigne pas un petit jardin ou un morceau
de terre qu'il cultive dans ses instants de loisir ; il se marie , et les
devoirs de la famille absorbent tout son temps.
Dans les villes, l'ouvrier peut moins facilement s'établir; l'isole-
ment et le désoeuvrement dans lesquels il se trouve, hors des heures
de travail , joints aux nombreuses occasions de désordres que lui
offre le séjour des villes , expliquent suffisamment son inconduite
et les excès de tous genres auxquels il se livre pendant les journées
qui devraient être consacrée» au repos.
Cependant, les rapports qui s'établissent forcément entre le
mettre et l'ouvrier de* fabriques devraient exercer une grande
influence sur la moralité de celte classe d'ouvriers. L'on remarque,
en effet , et l'on en trouve une exemple frappant dans une des
fabriques de coutellerie de la ville de Namur , que partout où le
maître a su maintenir une discipline sévère et où les règlements
^y Google
398 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
punissent t'iricooduite, comme la négligence et l'inexactitude dans
le travail , l'on n'a pas tardé à avoir des ouvriers probes , rangés ,
laborieux , et d'autant plus dévoués à leur maître que celui-ci s'est
montré plus sévère à leur égard. Ne doit-on pas en conclure que
l'inconduite des ouvriers provient presque toujours de l'indifférence
des maîtres?
Quoi qu'il en soit, ces rapports si désirables entre le maître et
l'ouvrier n'existent presque jamais pour l'ouvrier mineur qui tra
vaille , le plus souvent , pour des maîtres qu'il ne connaît pas et
qu'il lia même jamais vus. Il n'est ordinairement en relation qu'avec
des contre-maîtres dont la rudesse de manières et de langage est
peu propre à adoucir le caractère quelque peu farouche de nos
ouvriers mineurs.
Cependant, dans la deuxième division , les ouvriers mineurs se
trouvent encore, sous ce rapport, dans une situation exceptionnelle
qui doit exercer une heureuse influence sur leur moralité et leur
discipline. La plupart des exploitations sont , en effet, possédées
par des personnes du pays , résidant sur les lieux et dirigeant
presque toujours ces exploitations par elles-mêmes. Elles connais-
sent donc parfaitement les familles de leurs ouvriers et elles s'y
intéressent. Je dois, d'ailleurs, déclarer à l'honneur des conces-
sionnaires des mines de bouille de la province de Namur, que je les
ai toujours vus adopter avec empressement toutes les mesures qui
pouvaient contribuer au bien-être et à la conservation de leurs
ouvriers. De leur côté , tes ouvriers restent attachés , pendant de
longues années , aux mêmes exploitations , et , s'il s'élève quelques
contestations entre eux et leurs maîtres, elles se terminent toujours
à l'amiable.
Je ne me suis occupé, jusqu'ici, que des ouvriers qui travaillent
dans les mines de houille ; je dois cependant dire aussi quelques
mots de ceux qui s'adonnent à l'extraction du minerai de fer et qui
sont , dans cette division , plus nombreux que les premiers. Hais,
comme il est rare que les jeunes ouvriers commencent a travailler
dans les minières, avant l'âge de quinze à seize ans, et qu'ils ne tra-
vaillent jamais la nuit, les dispositions proposées par H. le Ministre
de l'intérieur ne leur sont pas applicables. Les mineurs de fer,
exposés à moins de dangers que les ouvriers bouilleurs, se trouvent
encore , sous le rapport hygiénique , dans des conditions bien plus
favorables. Les minières n'atteignent généralement qu'une faible
profondeur et les galeries présentent toujours d'assez grandes
^y Google
DEUXIÈME DIVISION (NAMUB ET LUXEMBOURG). 299
dimensions pour que l'ouvrier y travaille parfaitement à l'aise.
Lee mineurs de fer s'arrangent, d'ailleurs, de manière à travailler
alternativement à l'intérieur et a l'extérieur de la minière, a abattre
le minerai et à l'élever a la surface. Enfin, pendant la belle saison,
les travaux agricoles viennent presque toujours faire diversion aux
travaux des minières. Aussi , les mineure de fer ne paraissent- ils
sujets a aucune des maladies qui atteignent les ouvrier* bouilleurs
et se distinguent-ils , au contraire , par une haute stature et une
vigueur peu commune. Ile l'emportent encore généralement sur les
ouvriers bouilleurs par plus d'instruction et de moralité. Cependant,
je dois dire, à regret, que dans une partie de la province où leurs
conventions avec lee propriétaires de la surface lee 'obligent à se
pourvoir , à leurs frais , dee bois nécessaires au soutènement des
travaux , il ee commet de nombreux délits forestiers dont on les
accuse d'être les auteurs. 11 serait donc à désirer, dans l'intérêt de
la morale publique , de voir généralement adopter la règle suivie
par le plus grand nombre des propriétaires de la surface et des
maîtres de forges, de fournir aux ouvriers le bois qui leur est
nécessaire. L'on peut encore en faire une question d'humanité ,
car, dans le désir d'économiser, un peu de bois , ces malheureux
s'exposent à des accidents dont île ne sont que trop souvent .
victimes.
En résumé, M. le Ministre, les investigations auxquelles je me
suis livré , en suite de votre dépêche du 30 décembre dernier , ne
m'ont fait découvrir , dans la manière dont le travail est organisé
dans. les mines de la deuxième division, aucun abus qui soit de
nature à nécessiter l'adoption de mesures réglementaires telles que
celles dont il est parlé dans la note qui accompagnait la dépêche
précitée.
Si des abus étaient a craindre, je croîs que, de toutes les mesures
proposées, la plus efficace serait celle qui établirait que « nul enfant
âgé de moins de douze ans ne serait admis dans les mines qu'autant
que ses parents ou tuteurs justifient qu'il fréquente une école publique
où privée , et que tout enfant admis devrait , jusqu'à douze ans ,
suivre une école. ■ Hais j'irais plus loin ; je proposerais de rap-
porter les- dispositions du décret du 3 janvier 1813, qui fixent a dix
ans l'âge auquel les enfants peuvent être admis dans les mines, et
je défendrais, sans exception, de recevoir dans les mines, minières
ou carrières souterraines, des enfants au-dessous de douze ans. .
Je voudrais aussi , qu'avant leur admission, ces enfants fussent
:>gszed0y Google
300 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
examinés par des chirurgiens attachés anx exploitations ou à dési-
gner par l'administration, qui constateraient que ces enfants jouis-
sent d'une constitution assez forte pour supporter les fatigues du
métier de mineur.
Il serait même bon de soumettre , de temps a autre , ceux qui
seraient admis, à un nouvel examen , pour s'assurer de leur état
similaire , et éliminer ou éloigner momentanément ceux dont le
travail de* mines compromettrait trop fortement la santé ou le
développement.
Enfin, une mesure à laquelle j'attacherais la plus grande impor-
tance, dans l'intérêt de la morale et des générations à venir, serait
celle qui n'admettrait au travail intérieur des mines que des ou-
vriers du sexe masculin.
L'on voit, d'ailleurs, par tes faits consignés dans le présent
rapport, qu'en œ qui concerne la deuxième division, ces mesures
n'apporteraient que peu de changements à ce qui existe aujour-
d'hui, et que leur adoption n'offrirait aucune difficulté.
L'Ingénieur des mine», faisant fonctions d'ingénieur
en chef de la deuxième division ,
Gactiek.
5. — Réponses de I. l'Ingénieur en chef de la troisième division des ma.
(liège.) •
€L JIILooHjicut Ce JUWuùtte bei Suwaux vuf&cO..
Liège, h H xplnta I8f3
HonsiKua i.p HimsTat,
J'ai reçu successivement, le 17 mars, le 28 juin et le 8 septembre
de cette année , les trois séries de réponses ci-jointes , Élites par
MM. les ingénieurs des cinquième , septième et sixième districts ,
aux diverses questions posées par H. le Ministre de l'intérieur,
concernant le travail des enfants dans les mines et usines.
Il est à remarquer que ces trois mémoires, qui contiennent tous
^y Google
TROISIÈME DIVISION (UÉGE.) SOI
des données um intéressantes pour m'engager à tous le* trans-
mettre intégral ement, portent chacun ua cachet particulier, résul-
tat naturel de la combinaison de deux élément* : 1" l'influence
des localités sur toutes les circonstances du travail dans les mines,
et sur les oonséquences qu'il entraîne sous le rapport hygiénique
et moral ; 2° la manière de voir , l'opinion plut ou moins précon-
çue de chacun des auteurs, sur ces divers points d'économie sociale.
H résulte néanmoins de l'ensemble des faits signalés et des con-
sidérations produites, que pour toute la division, «t abstraction
faite des nuances d'opinion qui partagent nos ingénieurs :
1" Sur environ dix mille cent cinquante ouvriers, il y a approxi-
mativement douze cents garçons de dix à seize ans , et six à sept
cents femmes dont moitié à peu près de dix à seize ans ;
2* Que les femmes et surtout les jeunes filles ne sont presque
jamais employées aux travaux de nuit, et que, même le jour, il est
rare qu'elles travaillent à l'intérieur des mines ;
Que les ouvriers dé nuit n'alternent généralement pas avec ceux
de jour, au moins d'une manière régulière, et que le nombre de
ceux de dix à seize ans qui descendent la nuit, est d'environ quatre
cents sur douze cents ;
5* Que , s'il ne peut résulter d'inconvénient bien grave d'une
mesure qui défendrait tout travail de nuit aux enfants au-des-
sous de treize ans , on ne pourrait en attendre aucun avantage
marqué ni sous le rapport hygiénique, ni sous le rapport moral ;
4" Que la restriction de la défense a quatre nuits sur sept pour
des enfants de treize a seize ans, ou même de dix a treize ans ,
n'atteindrait non plus aucun but important, capable de compenser
les inconvénients de cette prescription.
Les principaux motifs à l'appui de ces deux réponses , sont : .
que le travail de nuit est généralement moins pénible que celui de
jour; qu'il ne prive pas l'ouvrier de la lumière bienfaisante du
soleil, et que l'air des mines, la nuit, est ordinairement plus actif et
plus pur que pendant la journée ;
5° et 6" Que l'instruction est en généra] moins répandue chez
les mineurs que dans les autres catégories d'ouvriers; peut-être
parce que c'est l'état où les premiers éléments de l'instruction
recevant te moins d'applications, portent, par conséquent, le moins
de fruits ;
Qu'on remarque d'ailleurs, parmi les mineur», plus de disci-
laty Google
302 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
pline, de sentiments religieux et de principes moraux, que parmi
les ouvriers des fabriques, et que, sous ce rapport, le besoin de la
lecture, de l'écriture et du calcul, ne semble point se faire sentir.
Peut-être un autre genre d'instruction, plus en rapport avec
leurs travaux et leurs habitudes, devrait remplacer, pour eux, celui
de nos écoles primaires. Peut-être. aussi, comme l'indique judi-
cieusement M. l'ingénieur M uese 1er, accomplirait-on, * leur égard,
tout ce que commandent l'hygiène, la philanthropie et une sage
philosophie, en donnant, à titre de récompense , aux familles qui
s'en rendraient dignes, les moyens de se procurer, a proximité de
leur habitation, une portion de terrain dont la culture les occupe-
rait utilement dans leurs moments de loisir ;
' 7* Que les bienfaits des premiers éléments de l'enseignement
primaire, pour la généralité des mineurs , ne sont pas assez bien
établis , pour que l'on s'accorde & appeler, pour cette classe d'ou-
vriers, une disposition législative analogue a la loi française du
22 mars 1841;
8° Qu'il n'y a pas lieu, quant à présent, dans l'intérêt de la santé
ou du développement physique de nos mineurs, de restreindre les
travaux de nuit dans les mine» de la troisième division ;
9° Que l'âge moyen auquel parviennent les ouvriers mineurs ,
même abstraction faite de l'influence des accidents, varie sensi-
blement avec le* localités, ainsi qu'avec la nature, la durée et la
rigueur des travaux.
Cet âge serait de soixante-cinq ans pour les communes d'Oupeye,
Vivegnis, Herstal , Milmorte et Vottem , où les travaux agricoles
occupent le mineur presque autant que l'exploitation.
Il serait de cinquante-cinq ans pour les-commiines de Wandre
et de Cheratte (rive droite) ; de cinquante-six ans pour les com-
munes de Hollogne-aux-Pierres, Mons, FlémaHe, Chokier, Awire ,
Horion, Gleixhe et Engis; de cinquante ans pour tout l'arrondis-
sement judiciaire de Huy, localités dans lesquelles la position des
mineurs participe plus ou moins de la catégorie qui précède.
Enfin il se réduirait â quarante-huit ans et demi pour les com-
munes de Liège, Ans, Glain, Saint-Nicolas, Grâce-Montegnèe,
Jemeppe , et ne serait même plus que de trente-sept ans (1) pour
(I) Ce résultat, qui liiiie tubiûter toute défiance, ■ été obtenu iut un chiffre
de 30 décès, pendant lei quatre dernièrei annéei.Juiqu'à information plu* complète,
cette oonclutiun numérique dott être écartée. (JVofe de la Commune*. )
ly Google
TROISIÈME DIVISION (LIÈGE ET LIMBOURG}. 303
le» mines de Seraing et des environs. Ce dernier chiffre toutefois
est si différent des autre» qu'il y a lieu de le vérifier en le dédui-
sant de l'observation d'un plus grand nombre d'ouvriers. Quoi
qu'il en soit , il semble permis de conclure de ces données, que
c'est surtout vers le centre du bassin , là où les raines sont plus
riches, plus activement exploitées et plus profondes, que la vie
moyenne de» mineurs est le plus abrégée. Il sera intéressant de
suivre de près ces observations pour en déduire, si c'est possible,
entre autres conclusions -, les conséquences de l'usage des échelles
sur la durée de l'existence de l'ouvrier mineur; car je n'oserais
point encore tirer parti, en faveur de ce mode de communica-
tion, de l'observation suivante .- qu'à égalité de profondeur et d'ac-
tivité industrielle, les mines de la rive gauche, où l'usage des
échelles est en partie conservé, sembleraient donner pour l'exis-
tence une durée moyenne de onze an» de plu» que dan» les raine»
de Seraing, où le» échelle» ne sont employée» qu'en cas d'accident.
. L'Ingénieur en chef des mines, ■
A. Drvads.
- Réponses de i. l'Ingénieur du cinquième district
de la troisième division des mines.
[riTtpiUftfelinNM].)
@L Mo. CÔwbwew. «* cfief de la. ttuûièuie dioûtou ûei wmti.
Wp, b 16 an OU,
MOKSOTl L'iHaiNIBUK BU CHEF,
Donnant suite à votre dépêche du 29 décembre dernier, j'ai
, l'honneur de tous adresser mes réponse» à ta série de question»
concernant le travail des enfants employés dans les mines et usines
de la Belgique.
1" ouisTioH. — Quel est, sur le nombre total des ouvriers
-,:!,,:: ,yC00^le
304 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
employés aux travaux des mines, la proportion ou le i
ceux de l'âge de dix à seixe ans? — Distinguer les sexes.
répowse. — Sur six mille cent trente-cinq ouvriers travaillant
dans Jet charbonnages du cinquième district, on compte six cent
soixante et seize garçons et cent dix filles de l'âge de dix à seize
2* question. — Quel est, approximativement, le nombre d'ou-
vriers de dix à seize ans qui travaillent dans les mines pendant la
nuit? Ceux de cette catégorie sont-ils employés toutes les nuits ,
ou bien alternent-ils avec d'autres?
bbkmïsb. — Deux cent dix-buit garçons travaillent toutes les
nuits et n'alternent point. Les jeunes filles ne sont jamais employées
pendant la nuit, et il est très-rare d'en rencontrer une dans la.
mine. Elles sont toutes employées dans la point à nettoyer le
charbon, les lampes, etc.
3* question. — Une disposition qui dérendrait d'employer aux
travaux de nuit, c'est-à-dire de huit heures du soir à cinq heures
du matin , des enfants au-dessous de treize ans , aurait-elle des
inconvénients graves en ce qui concerne les ouvriers mineurs 7
Y aurait-il lieu de faire une exception à leur égard ?
réponse. — Je ne vois aucun inconvénient grave a interdire
l'entrée des mines, pendant la nuit, aux enfants au-dessous de
treize ans. Seulement l'exploitant serait obligé de payer plus cher
certaine main-d'œuvre confiée aux petits garçons. Le maintien de
i'élat actuel serait plutôt utile, comme on va le voir par la réponse
à la quatrième question.
4" question. — Si la loi défendait d'employer des enfants de
treize à seize ans aux travaux nocturnes plus de trois nuits sur sept,
y aurait-il des inconvénients graves en ce qui concerne les ouvriers
mineurs?Et cette disposition serait-elle réellement avantageuse aux
enfants de cette catégorie, sous le rapport de la santé, du dévelop-
pement et de l'instruction?
«épouse. — La ventilation est beaucoup plus active la nuit
que le jour, et le nombre de travailleurs étant aussi beaucoup
moindre, il en résulte que l'ouvrier de nuit respire un air moins
vicié et éprouve plus de sécurité , notamment dans les mines a
grisou ; il est aussi plus libre et moins gêné dans ses mouve-
ments, etc.
^y Google
TBOISIÈME DIVISION (LIÈGE ET LIMBMJRG). SOS
Le travail de nuit commence entre lixetiuît heures du soir, et
finit entre une heure et trois heures du matin ; il n'exige ni la préci-
sion, ni la discipline, ni le concours de plusieurs espèces d'ouvriers
comme Je travail de jour ; l'ouvrier arrive donc à six, sept ou huit
heures du soir a ton poste, tandis que son camarade de jour, s'il
te présente vingt-cinq minutes après l'heure fixée pour le commen-
cement du travail >' perd sa journée; ce qui arrive quelquefois, car il
faut qu'il se trouve à la houillère avant six heures du matin ; dans
quelques établissements, c'est à cinq heures ou quatre heures et
demie du matin que le chef mineur .organise ses ateliers.
L'ouvrier de nuit rentre chez lui avant quatre heures du matin;
déjeune, se couche et dort six à huit heures;- il dîne à-midi en
famille, et se repose toute l'après-dlnée ; l'été il s'occupe l'après-midi
a son jardin légumier, etc.
En général, l'ouvrier. de nuit, plus réglé dans sa vie et dans
sa conduite, ne passe pas ses soirées au cabaret. Aussi, sous le
rapport de la santé et du développement physique, les ouvriers de
nuit, de tout âge, l'em portent-ils, en général, sur ceux de jour.
. Le travail de jour finit, pour les enfants de dix à seize ans, entre
une heure et trois heures de l'après-midi. Rentrés chez eux , ils!
- mangent d'abord et se reposent ensuite quelques heures.
Il résulte de cet état de choses, qqe les enfants qui travaillent la
nuit se trouvent dans des conditions plus avantageuses soit pour
la santé, soit pour l'instruction, que les enfants de l'autre catégorie.
5* qtostiok. — Les enfants. employés dans les minet savent-ils,
en général , lire et écrire? Ont-ils .des heures libres pendant les-
quelles ils pourraient assister aux leçons, soit des écoles du jour,
toît des écoles du. soir, là où il en existe?
KftFOKSK. — Sur trois cent vingt-deux ouvriers de l'âge de dix à
seize ans, j'en ai trouvé vingt-quatre sachant imparfaitement lire
et écrire, et, d'après ma réponse à la précédente question, on voit
que de trois à sept heures de- l'après-midi les ouvriers des deux
catégories sont entièrement libres..
. 6° question. — Remarque-l-on dans cette classe de travailleurs
{les ouvriers mineurs, en général), plus d'indiscipline, d'ignorance
ou d'immoralité, que parmi les ouvriers des fabriques?
Observations. Si les éléments de cette comparaison, difficile
d'ailleurs, ne sont pas réunis, donner une idée de l'état moral des
-, ^Google
306 RÉPONSES DES 1SGÉMEUHS DES UNES,
ouvrier» mineurs , ce qui est essentiel pour l'objet de ce* rensei-
gnements.
ufeaojcsx. — L'ouvrier mineur observe fort bien la discipline ;
ce résultat est dû aux amendes qu'il encourt lorsqu'il enfreint Tes
règlements établit. S'il manque au ebef mineur, il est congédié. En
un mot, la voix du maître mineur suffit pour imposer silence
aux mécontenta. Hais il est à remarquer que quand le manque de
bras se fait sentir, l'ouvrier devient plus exigeant, se tient plus fier
envers son chef, et ne souffre pas les observations qu'on lui faisait
naguère, certain de trouver sur-le-champ de l'ouvrage dan» la
mine voisine. Le mineur est fort religieux et élève ses enfants dans
des principes pieux. 11 est bon père de famille ; mai» quand le prix
de» journées est fort élevé, il ne cherche pas a faire de» économies,
et l'on remarque alors plu» de misère dans les familles , paroe
que, an lieu de travailler tous les jours, le mineur ne consacre au
travail que trois ou quatre journées par semaine, et le reste du
temps il le passe dans l'oisiveté, s'adonnant aux jeux de hasard et à
la débauche, ce qui l'abrutit «t le rend intraitable. Toutes les mères
de famille sont d'accord sur ce point : il suffit d'avoir un peu plu»
que le strict nécessaire, pour conserver dans l'intérieur des familles
de mineurs la tranquillité et la concorde.
Sous le rapport de la discipline et de la morale, il n'est donc pas
permis de comparer l'ouvrier mineur à l'ouvrier des fabriques.
Hais pour l'instruction, le dernier l'emporte de beaucoup sur le pre-
mier; et cela se conçoit : l'ouvrier des fabriques habite dans tes grands
centres d'industrie ; il est en contact avec les classes plu» élevées, etc.
Les femmes et les filles qui travaillent dan» les fabriques sont
plus hardie», plus débauchées, et partant moins abruties que les
femmes et les filles des houillères. Ces dernières ont quelquefois
un ou plusieurs enfants que le mariage légitime ensuite : le
mineur ne voulant prendre pour compagne qu'une femme féconde.
Aussi le plus grand malheur qui puisse arriver à un bouilleur, c'est
d'épouser une femme stérile, fut-elle d'ailleurs la plus belle du
village; il s'unirait plutôt à une vieille femme, pourvu qu'elle
eût plusieurs enfants : sur huit veuves ayant ensemble dix-sept
enfants (victimes du Horloz), deux seulement ont épousé en secondes
noces des bouilleurs plus âgés qu'elles. Les six autres se sont unies
a des mineurs ayant dix, onze, douze, treize et quatorze ans de
moins qu'elles. Ces unions disproportionnées, quant a l'âge des
femmes, sont très-communes parmi les ouvriers bouilleurs, tandis
^y Google
TROISIÈME «VISION (LIÈGE ET LI»BOTJRG). 30?
que dans les autre» datte* d'ouvrier* cela est très-rare. Ce désir
si grand et si général de posséder une famille, me semble naître de
l'isolement dans lequel vît le mineur, et aussi de l'espoir d'être
nourri dans tes vieux jours par ses enfants.
7* QDsanoR. — Si une disposition législative établissait, comme
la loi française du 33 mars 1841 l'a prescrit quant aux enfants
admissibles dans le» manufacture*, que « nul enfant âgé de moins
de douze ans ne sera admis qu'autant que ses parents ou tuteurs
justifient qu'il fréquente une école publique ou privée, et que tout
enfant admis devra, jusqu'à do me ans, suivre une école , « cette
mesure pourrait-elle être exécutée sans grandes difficultés et sans
grave inconvénient, en ce qui concerne les ouvriers mineurs?
KBFOnm. — Partisan de l'instruction du peuple, j'appelle de tous
mes vœux la disposition établie dans la loi française du 22 mars 1 841 .
Toutefois, je ne puis passer sous silence un fait qui m'a frappé et
que mes collègues auront sans doute eu occasion d'observer comme
moi, à savoir : qu'en général la soumission, l'obéissance, la disci-
pline, la bonne conduite, sont observées par les mineurs, en raison
inverte du degré d'instruction qu'ils ont reçu. Plus le mineur se
croit «avant, plus il est turbulent et mauvais sujet. Interrogez
tout chef de coalition, et il vous répondra qu'il sait lire et écrire,
voire même l'arithmétique. Partout et toujours, à Rions comme
a Liège, j'ai eu, depuis vingt-cinq ans, cent fois l'occasion de
vérifier cette espèce d'anomalie.
Cependant les ouvriers mineurs allemands qui travaillent en
Belgique savent presque tous lire et écrire, et, à tous égards, leur
' conduite est bien meilleure que celle de nos Wallons, mais ceci
tient en grande partie au caractère national.
8* question. — D'après l'état de santé et de force des ouvriers
qui ont travaillé la nuit dans leur enfance, y a-t-il lieu de prendre
à cet égard des mesures protectrices pour prévenir l'abus?
«.épouse. — Ma réponse à la quatrième question prouve qu'il
n'y a pas lieu de prendre des mesures restrictives à l'égard des
ouvriers de nuit. Dans les environs de Liège beaucoup de mineur*
préfèrent le* travaux de nuit parce que l'air est alors plus pur
et qu'une partie de la journée il* peuvent «e livrer à la culture
d'un morceau de terre et se rendre utiles dans lenr ménage.
^y Google
308 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
9* onxsTioii. — Quel e*t l'âge moyen auquel parviennent les
ouvrier» mineur»?
kkpouue. — Cet Age varie suivant les localités; dans les com-
munes d'Oupeye, Vivegnis, Herstal, Milmorte et Vottem, il est de
soïxante-cinq »ns; à Liège, Ans et Glain, Grâce - Montefjnée ,
Saint-Nicolas et Jemeppe, quarante-huit ans et demi ; tandis qu'il
est de cinquante-six ans environ à Hollogne-aux-Pierres, Mon», les
deux Flémalles, Chokier, Àwirs, Horîon-HoEémont, U Glexbe et
Engis.
Comme on le voit, c'est dans la partie orientale du bassin houiller,
c'est-à-dire dans les communes où les hommes et les femmes sont
sensiblement pliis robustes et plus sains que partout ailleurs, que
les bouilleurs atteignent l'âge le plus avancé.
L'Ingénieur de première datte,
C. Wellekehs. *
7. — Bépouses 4e I. flcgéniear du sixième district
de la troisième division des mines.
El Mo. Wwçjètweu* eu .efief <te Sa teoùietwe divùùu Ztâ v
UOHSIBUK l'iSGÉSIEIIH ES CHEF,
J'ai l'honneur de vous adresser, en ce qui concerne le sixième
district, les réponses à la série de questions posées par 91. le
Ministre des travaux publics, et relatives au travail des enfants
dans les mines.
1" oùssTHur; — Quel est le nombre lotal des ouvriers employés
aux travaux des raines , la proportion ou le nombre de ceux de dix
à seize ans ? — Distinguer les sexes.
^y Google
TROISIÈME OIVISION (LIEGE).
ÉTABL1S8KMKNTS.
Yvoi,
Marihaye. . .!
EapeKSca.
CockeriD.
Bii-Booolen •'
Ougrëe.
Trembleur.
Cberalie
Wandn
La Chartreuae
HonSem ,
FonddenFawei
VfJ-
Fond Piquette
Bomtent-Haldid.
FoiJjalle.
Srandfontalne
Cowetta
Steppe»
Onboni
Mom
Hermau etl'liherotle
Quatre-Jean.
«elle.
Cntuy. . ,
Werjifujuw. ,
- !od,vCoog[e
310 RÉPONSES DES INGENIEURS DES MINES.
S* question. — Quel est approximativement le nombre d'ou-
vriers de dix à seize ans qui travaillent dans les raines, pendant la
nuit ? Ceux de cette catégorie sont-ils employés toutes les nuits, ou
bien alternent-ils avec d'autres ?
xiroRSE. — la réponse à la première partie de 1a question se
trouve dans le tableau de la page précédente.
En général, dans le travail des raines, les ouvriers n'alternent
pas d'une manière régulière. Ordinairement, ils travaillent pen-
dant un laps de temps indéterminé, soit le jour , soit la nuit, sui-
vant la nature de leur emploi.
Dans les grandes mines, comme celles du canton de Seraing,
où le traînage est exécuté presque partout par des chevaux , les
enfanta sont occupés à reporter les lampes, nettoyer lesrigolee,
porter des matériaux, fermer les portes, et ils sont à peu près en
même nombre le jour que la nuit. Dans les mines moins impor-
tantes, comme celles qui se trouvent au nord de la Veadre , les
enfants sont employés comme tralneurs, et l'extraction étant beau-
coup plus active le jour que la nuit , on emploie bealcoup plus
d'enfants pendant le jour que pendant la nuit. Même dans plu-
sieurs de ces mines, les deux ateliers se succèdent pendant le jour,
et il n'y a pas de travail de nuit.
5* qcestiok. — Une disposition qui défendrait d'employer aux
travaux de nuit, c'est-à-dire de huit heures du soir à cinq heure»
du matin, des enfants au-dessous de treize ans, aurait-elle des
inconvénients graves en ce qui concerne les ouvriers mineurs?
Y aurait-il lieu de faire une exception à leur égard?
képonse. — Le nombre d'enfants au-dessous de treize ans,
qui travaillent dans les mines, étant bien inférieur a la moitié
du nombre total des enfants employés, je pense qu'une semblable
disposition ne pourrait entraîner, pour l'industrie minérale,
aucun inconvénient grave. La faible différence qui existe entre les
salaires des mineurs dont l'âge ne dépasse pas seize ans, ne serait
pas de nature àoccaiionner une augmentation sensible dans le
prix cje revient du combustible. Le seul inconvénient qui pour-
rait résulter d'une semblable mesure , serait d'éloigner un certain
nombre d'enfants du travail des raines. Dans la plupart de* cas ,
Je* mineurs initient eux-mêmes leurs enfants à leur profession, en
sexaisant accompagner par eux, et en les faisant travailler sous leur
surveillance. S'ils étaient occupés pendant le nuit , ils ne pour-
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TROISIÈME DIVISION {LIÈGE]. Ml
raient jouir de cet avantage, et alors, moins excité» par 'l'appât du
salaire que les ouvriers au-dessous de treiae ans gagnent dans le»
mines, et qui est supérieur a celui qu'ils obtiennent dans les autres
industries, on pourrait craindre que lesparents ne fussent plus aussi
tentés de faire embrasser la profession de mineur à leurs enfants. En
effet, on remarque que les ouvriers plus avancés en âge ont beau-
coup de répugnance à se prêter à l'apprentissage long et pénible
qu'elle exige, surtout a cause de la répulsion qu'inspire le travail
souterrain à ceux qui n'y ont pat été habitués, dès leur jeune Sge.
D'un autre côté , la grande variété du travail des mines don-
nerait presque toujours aux ouvriers qui seraient dam le cas
que nous supposons , la possibilité de trouver de l'emploi pen-
dant le jour, de sorte que l'inconvénient signalé serait peu sérieux.
Mais il importe de s'assurer ai une telle disposition aurait de* con-
séquences assez favorables pour motiver un changement dans la
législation actuelle. Dans les mines où la durée du travail est la
plus longue , l'ouvrier de jour descend le matin vers cinq ou six
heures, et sort de la mine vers quatre ou cinq heures du soir;
l'ouvrier de nuit descend vers cinq ou six heures du soir, sort le
matin vers trois ou quatre heures, et se met au lit jusque vers onze
heures ou midi. Le premier ne jouît que fort peu de la lumière
solaire, tandis que le second est a la surface pendant la journée,
et se trouve sur pied ta meilleure partie de l'après-midi.
En outre, l'on fait principalement pendant le jour l'abatage de
la veine, et l'aérage est alors moins actif que pendant la nuit.
Il en résulte que l'ouvrier de jour se trouve dans une atmosphère
moins saine et moins pure que l'ouvrier de nuit. Le traînage se
faisant en même temps que l'abatage, les enfants qui sont employés
la nuit sont occupés à des travaux moins pénibles. Je pense donc
qu'eu égard & la spécialité du travail des mines, la mesure propo-
sée porterait peu de fruits.
4' question. — Si la loi défendait d'employer des enfants de
treize à seize ans aux travaux nocturnes , plus de trois nuits sur
sept, y aurait-il des inconvénients graves en ce qui concerne les
ouvriers mineurs? Et cette disposition serait-elle réellement avan-
tageuse aux enfants de celte catégorie, sous le rapport de la santé,
du développement et de l'instruction ?
réponse. — Une disposition qui aurait pour effet de dimi-
nuer de moitié la durée du travail hebdomadaire de l'enfant ,
^y Google
311 RÉPONSES DES INGENIEURS DES UNES.
aurait certainement l'influence la phis heureuse sur les jeunes
mineur», tous le rapport de la santé, du développement et de l'in-
struction. En effet, dans la plupart des raines situées au nord de
la Vesdre, la durée du travail journalier rie dépasse pas six k huit
heures, et laisse, par conséquent, encore à l'enfant un temps suf-
fisant pour se délasser et acquérir un peu d'instruction. Dans les
grandes mines, et spécialement dans celles de Seraing, cette durée
est souvent de douze heures, de sorte que l'entant trouve à peine,
dans l'intervalle qui sépare la reprise du travail, le temps de
prendre le repos nécessaire et de réparer ses forces.
D'autre part, introduire cette mesure pour la nuit seulement,
c'est interdire, pour cette catégorie d'ouvriers. , le travail de nuit ;
car, en réduisant de moitié le nombre de jours de travail, on dimi-
nuerait aussi de moitié leur gain , et ils préféreraient le travail de
jour, ou y seraient forcés par leurs parents.
D'ailleurs, nous venons de voir que, pour les mines, l'influence
du travail nocturne, comparé au travail diurne, n'est pas assez .
nuisible pour qu'il puisse y avoir avantage a adopter une pareille
mesure. Si on retendait à tous les enfants indistinctement , on
retomberait dans l'inconvénient de diminuer de moitié le salaire
des jeunes ouvriers, et, par la, on rendrait plus difficile encore le
recrutement de la classe des mineurs.
5" QUBSTiOK. — Les enfante employés dans les rainas, savent-ils,
en général, lire et écrire? Ont-ils des heures libres pendant les-
quelles-ils pourraient assister aux leçons, soit des écoles du jour,
soit des écoles du soir, la où il en existe?
bépoksk. — Les enfants employés dans les mines ne savent pas,
en général, lire et écrire. Les mineurs sont, sous ce rapport,
d'une insouciance très-grande; dans beaucoup de' mines d'ailleurs,
les enfants, même au-dessous de dix ans, gagnent déjà un salaire, en
faisant le triage des pierres sur les tas de charbon extrait.
Dans les mines de Seraing, les enfants étant employés douze
heures par jour, il est impossible qu'ils puissent, après une fatigue
aussi prolongée, suivre avec le moindre fruit les leçons données
aux écoles. Dans les mines situées au nord de la Vesdre, le travail
du malin cessant vers deux heures, les ouvriers pourraient assister
aux écoles du soir, s'il en existai!.
6' oi'BSTioti. — - Remarque-t-on dans cette classe de travailleurs
Digilizedby GOOgle
TROISIÈME DIVISION (LIÈGE). 515
(tes ouvriers des mines, en général), pli» d'indiscipline, d'ignorance
nu d'immoralité que parmi les ouvriers des fabriques?
Observation. Si les éléments de cette comparaison, difficile
d'ailleurs, ne sont pas réunis, donner une idée dé l'état moral des
ouvriers mineurs, ce qui est essentiel pour l'objet de ces rensei-
gnements.
réponse. — On doit distinguer, sous ce rapport, les mines qui,
comme celles du canton de Seraing , sont dans une' contrée indus-
trielle, où la population est fort agglomérée, et celles qui, situées
au nord de la Vesdre , se trouvent éparpillées dans une contrée
plus agricole.
Les ouvriers de ces dernières mines sont en général plus sobres,
plus prévoyants et plus économes que les ouvriers des fabriques.
Ils se rapprochent beaucoup , sous ce rapport , dés ouvriers
employés aux travaux de l'agriculture. Moins agglomérés, ils sont
aussi moins disposés a se coaliser et à se mutiner, et se montrent
plus dociles. Les salaires, en général moins élevés, sont aussi
soumis à des variations moins brusques , et la condition des
mineurs est, sous ce rapport, beaucoup plus stable que dans
les grands charbonnages de Seraing. Les mines sont aussi, pour
la plupart, conduites par des niai très ouvriers pris dans le pays,
connaissant tous les ouvriers et les traitant avec certains égards.
D'un autre côté, ils sont routiniers, et les améliorations sont
difficiles à introduire.
Le bien-être matériel réagit d'une manière très-favorable sur
leur constitution physique. Soumis à un travail dont la durée
n'excède pas huit heures, logés convenablement et occupés encore
en partie à des travaux agricoles, ils sont en général robustes et
d'une taille qui dépasse la moyenne. II n'est pas rare de trouver
des ouvriers travaillant encore a l'âge de soixante, de' soixante et dix
ans, et même au delà ; il en est même qui atteignent jusqu'à quatre-
vingt-dix ans. On ne les distingue des ouvriers employés à l'agri-
culture que par un teint plus pale, et un plus grand développe-
ment des muscles de la poitrine;- plusieurs d'entre eux ont
les jambes arquées. Le travail des mines* , dans ces conditions, ne
laisse à désirer que dans certaines exploitations où les voies. de- rou-
lage ont de petites dimensions, sont souvent couvertes d'eau, et
où l'aérage n'a pas toute l'activité qui lui serait nécessaire ; mais
ces inconvénients disparaîtront à la suite des améliorations qui
s'introduisent dans les mines.
Dgtizedêy GOOgle
314 RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES UNES.
L'ignorance est en général très-grande dana cette classe d'ou-
vriers, et leur intelligence est peu développée ; cela tient à l'insou-
ciance des mineurs, jointe, la plupart du temps, à l'absence
d'écoles. Leurs mœurs sont en général assez pures ; la plupart se
marient, et fort peu vivent en concubinage- Si nous passons aux
mines du canton de Seraing , nous y trouverons, avec une intelli-
gence plus vive, presque autant d'ignorance que chez les premiers.
Ils ont aussi beaucoup plus de facilité à se mutiner, ce qu'ils font
presque chaque fois qu'on diminue leurs salaires. D'ailleurs,
quoique moins dociles, ils n'ont rien de barbare dans leurs
mœurs, et se dévouent même avec le plus grand courage chaque
fois que leurs camarades sont en danger. Plus dissolus, ils fré-
quentent davantage les cabarets et vivent aussi quelquefois eb
concubinage, quoique cet état ne soit pas très-fréquent. Ils ont
en général de la probité , et les vols que la justice a eu à pour-
suivre dans ces dernières années, provenaient d'ouvriers allemands
qui sont venus s'établir en assez grand nombre dans ces localités.
Dans ces mines, les voies étant fort élevées, et l'aérage en général
excellent, le travail n'a rien de malsain et se mit dans des condi-
tions bien plus favorables a la santé de l'ouvrier , que dans la plu-
part des manufactures. Le seul mal à reprocher au système employé
dans ces mines , c'est la longue durée du travail journalier , qui
est déjà de douze heures, et que l'activité de la concurrence rend
encore plus pénible. Pour ne pas porter le salaire de l'ouvrier à un
taux inférieur à celui que réclament les nécessités de la vie , on
rend chaque jour sa tache plus longue et plus laborieuse. L'ouvrier,
d'ailleurs, est, dans ce canton, d'une imprévoyance très-grande;
il est rare, quel que soit son salaire, qu'il parvienne à faire des
économies. Il est constamment exploité par les boutiquiers qui lui
vendent à crédit, par petites portions, et qu'il ne peut presque
jamais acquitter ; aussi sa position est-elle fort précaire, et dépense-
t-il au cabaret ou en superâuités tout ce qu'il pourrait économiser
de son salaire.
En général, les logements étant rares et chers, les mineurs
occupent des chambres petites, malsaines et malpropres.
Néanmoins, si nous les comparons aux ouvriers des fabriques
existant dans les grandes villes, comme Liège et Verriers, nous
leur trouverons une supériorité incontestable sous le rapport de
la moralité et du développement physique. D'abord , dans les
mines, les femmes sont moins nombreuses que dans les fabriques ;
^y Google
les habitations sont, en général, plus spacieuses et moins agglo-
mérées. Il n'y a pal, par conséquent, cène promiscuité dea
sexes qui existe dans les villes , ni un aussi grajod nombre d'en-
fant» naturels. La misère est aussi beaucoup plus grande chez
les ouvriers des fabriques qui n'ont en général, qu'un salaire insuf-
fisant pour nourrir leur nombreuse famille. Sous le rapport phy-
sique, les mineurs sont, en général, de taille moyenne, robustes, et
ne se' font remarquer que par cette pâleur caractéristique qui tient
peut-être à la présence continuelle d'une conçue de poussière de
charbon sur leur face. Ils parviennent a un âge assez avancé ; et,
si l'on rencontre encore parmi eux quelques asthmatiques, l'activité
de la ventilation dans les mines peut faireespérer que cette affection
diminuera d'intensité. On ae voit pas chez les mineurs les constitu-
tions débiles, racbitiques, et cette pâleur cadavéreuse que l'on
remarque chez les ouvriers des fabriques. Les cas de mutilation
sont aussi bien plus fréquents cbez ces derniers.
7" QUKSTI05. — Si une disposition législative établissait , pomme
la loi française du 33 mars 1841 l'a prescrit quant aux enfants
admissibles dans le* manufactures, que «nul enfant âgé de moins de
douze ans, ne sera admis qu'autant que ses parents ou tuteurs
justifient qu'il fréquente une école publique ou privée; et que tout
enfant admis devra, jusqu'à douze ans, suivre une école, « cette
mesure pourrait-elle être exécutée sans grandes difficultés et sans
grave inconvénient, en ce qui concerne les ouvriers des mines?
réponsk. — Je pense que cette disposition, si elle était générale
pour tous les ateliers, ne pourrait que produire de bons résultats,
eu égard au développement de l'intelligence des mineurs.
Mais il serait difficile que les enfants pussent à la fois suivre une
école et se livrer au travail des mines. Il me paraît donc que par
cette mesure on retarderait jusqu'à douze ans l'admission des
enfants dans les mines, à moins que pour un âge moindre l'on ne
se contentât d'un certificat de fréquentation antérieure à leur
admission à l'établissement.
8" question. — D'après l'état de santé et de force des ouvriers
qui ont travaillé la nuit, dans leur enfance, y a-t-il lieu de prendre
à cet égard des mesures protectrices pour prévenir l'abus ?
kkfoksb. — Presque tous les ouvriers mineurs avant travaillé
tantôt le jour, tantôt la nuit, il est impossible de pouvoir apprécier
l'influence de l'un ou de l'autre mode de travail sur leur conslilu-
*by Google
316 RÉPONSES DES INGENIEURS DES MINES,
lion physique. Les développements dans lesquels je suis entré en
répondant à li troisième question me semblent établir que des
mesures protectrices seraient superflues.
9" QtiESTJOR. — Quel est l'Age moyen auquel parviennent les
ouvriers mineurs?
KÉponsB. — D'après un relevé fait pour les six dernières années
dans les communes de Wandre et de Cheratte, l'âge moyen des
ouvriers mineurs dépasserait quarante-cinq ans. Dans cette der-
nière commune ils seraient classés comme suit :
Entre 25 et 35.
— 35 et 45.
— 45 et 55.
— «5 et 65.
— 65 et 75.
— 75 et 85.
— 85 et 95.
Dans la commune de Seraing, la moyenne générale des quatre
dernières années, accidents compris, est trente-trois ans quatre
mois ; la moyenne, en ne comprenant que les morts naturelles, est
de trente-Sept ans. Les morts naturelles sont réparties de la ma-
nière suivante ;
Entre 10 et 15.
— 15 et 25.
— 25 et 35.
— 35 et 45.
. — 45 et 55.
— 55 et 65.
— 65 et 70.
moyenne
37 ans.
L'âge le plus avancé est de soixante-neuf a
V Ingénieur du sixième district des mines,
Jules GkhiUxht.
jlizedoy Google
TROISIÈME DIVISION {LIÈGE).
• Réponses de I. l'Ingénieur do septième d
de la troisième division des mises.
€1 JUo. f&ioèttteu* eu cfiej7 3a ta. tïoiaàue ÏHwtJWM De.) iukmj.
, iwgt, 1. « jsw isa
. Monsieur L'inGÉnnCK in chef, ■'
En réponse & votre lettre du 29 décembre 1842, j'ai l'honneur
de vous adresser nies réponses aux renseignements demandés par
H. le Ministre des travaux publics relativement au travail des
enfants dans les mines. .
'. 1"çhistiob. — Quel' est, sur lé nombre total des ouvriers
employés aux travaux des mines , la proportion ou le nombre de
ceux de l'âge de dix à seize ans? — Distinguer les sexes.
réponse. — Dana le septième district on compte huit cent trente-
six ouvriers, dont cinq cent trois hommes, cent quatre-vingt-
dix-neuf femmes et cent trente-quatre enfants de dix & seize ans.
. S* otnwnor, — Quel est, approximativement, le nombre d'ou-
vriers de dix a seize ans qui travaillent dans . les mines pendant la
nuit? Ceux de cette catégorie sont-ils employés toutes, les nuits, ou
bien alternent-ils avec d'autres?
réponse. — Dans le septième district , la plupart des travaux
d'exploitation se trouvent au niveau du canal d'écoulement j on
n'est guère occupé, pendant la nuit, que de travaux préparatoires
et de réparation. Ces travaux exigeant peu d'emploi pour lesenfants,
on n'en compte que vingt de dix à seize ans occupés pendant la
nuit. Ils n'alternent avec aucun autre ouvrier travaillant' pendant
lé jour.
5* otirstio*. — Une disposition qui défendrait d'employer aux
travaux de nuit, c'est-à-dire de huit heures du soir & cinq heure*
du matin , des enfant» au-dessous de treize ans, .iurait-el le des
D.g'lize^y GOOgle
318 RÉPONSES DES INGÉMECRS DES MINES.
inconvénients graves en ce qui concerne les ouvrier! mineurs?
T aurait-il lieu de faire une exception a leur égard 7
héposse. — Il y a environ vingt-cinq ans , les enfants étaient
généralement employés dans les mines an transport du minerai.
Lorsque les chemins de fer furent établis et qu'une grande partie
de ce travail fut effectué par les chevaux, la plupart des enfants
de mineurs ne trouvant plus d'occupation dans les mines, durent
se livrer à d'autres travaux à la surface. Mais au bout de quelque
temps le manque d'ouvriers mineurs n'étant fait sentir dans le
pays, on ne tarda pas à reconnaître qu'il était principalement dû
au licenciement des jeunes ouvriers, et dès lors on sentit la
nécessité de leur créer un nouveau genre d'occupation dans les
mines.
Aujourd'hui , les jeunes ouvriers sont encore plus rares que
les vieux , et souvent ceux-ci ne travaillent qu'autant que le
nombre des premiers soit au complet, pour exécuter tel ou tel
ouvrage. Si donc, pour les ateliers de nuit, où, ainsi que je viens
de l'indiquer, on ne s'occupe guère que de travaux préparatoires,
on ne pouvait employer des enfants au-dessous de treize ans,
indépendamment du tort qui pourrait en résulter pour l'exploitant,
qui souvent se trouverait dans le cas de ne pouvoir exécuter des
travaux indispensables, il en résulterait encore, que de vieux
ouvriers qui doivent travailler pour vivre, seraient obligés de
chômer.
D'après ces considérations , je suis d'avis qu'une disposition de
l'espèce de celle dont il s'agit ne peut être appliquée sans de graves
inconvénients.
4' question — Si la loi défendait d'employer des enfants de
treize à seize ans aux travaux nocturnes, plus de trois nuits sur
sept , y aurait-il des inconvénients graves en ce qui concerne les
ouvriers mineurs , et cette disposition serait-elle réellement avan-
tageuse aux enfants de cette catégorie, sou» le rapport de la santé,
du développement et de l'instruction?
afoonsB. — J'ai eu souvent l'occasion de remarquer que lors-
qu'un ouvrier quitte l'atelier du jour pour travailler pendant la
nuit , les premières journées de travail lui sont ordinairement très-
pénibles; mais au bout de quelque temps, lorsqu'il y est habitué,
il fait, en général, peu de distinction entre le travail de jour et
celui de nuit. Si donc desenfanje de treize: i seise ans i
^y Google
TROISIÈME DIVISION (LIEGE). 31»
employés aux travaux nocturnes que pendant trois nuit» sur sept
et qu'ils dussent employer le reste du temps a des travaux de jour,
il est probable qu'ils éprouve raient les mêmes dérangements, et
qu'ainsi la disposition dont rt s'agit ne leur serait aucunement
avantageuse sous le rapport de la santé , du développement et de
l'instruction.
J'ajouterai qu'une telle loi serait impraticable, non-seulement
a cause des difficultés que présenterait la surveillance de son exécu-
tion, mais encore, parce qu'elle occasionnerait une irrégularité dans
le travail de l'exploitation, irrégularité qui tendrait à subordonner
ce travail à la volonté de l'ouvrier; ce qui ne doit pas avoir lieu. Ace
sujet, je citerai ce qui se passe au commencement de [ajournée dans
presque toutes les mines, quelles que soient leur étendue ou leur dis-
position.— Le chef mineur, après avoir consulté les besoins de l'ex-
ploitation, distribue dans les différents ateliers, le travail de ebaque
ouvrier. Dans celte distribution, il a soin de donner toujours le
même travail au même ouvrier, parce que dans les mines comme
partout ailleurs, l'habitude d'un même travail donne à l'ouvrier
de l'adresse et une facilité qu'il n'acquerrait pas s'il était obligé de
changer fréquemment.
Le travail d'une exploitation de mines devant marcher journel-
lement et régulièrement, si les jeunes ouvriers de treize à seize ans
ne pouvaient travailler que pendant trois nuits sur sept, lorsqu'ils
auraient fait une journée, le lendemain ils devraient être remplacés
par d'autres ouvriers de la même espèce et à peu près du même
Age : or je crois qu'il suffit d'indiquer cette a [ter nation dans le tra-
vail de l'ouvrier mineur, pour qu'on en comprenne toutes les diffi-
cultés et en quelque sorte l'impossibilité de la mettre en pratique.
5* question. — Les entants employés dans les raines savent-ils,
en général , lire et écrire? Ont-ils des beures libres pendant les-
quelles ils pourraient assister aux leçons , soit des écoles du jour,
soit des écoles du soir, là où il en existe?
Réponse. — De tous les ouvriers, le mineur est certainement celui
qui s'occupe le moins de lecture et d'écriture, et si, par exception,
on en rencontre de temps en temps un qui sache lire, ce n'est
guère que dans un livre de prières. Quant a l'écriture, leurs rudes
travaux ne leur permettent guère de s'en occuper.
L'état de mineur, plus qu'aucun autre, laisse aux jeunes ouvriers'
des beures libres pendant lesquelles ils pourraient assister aux
DglizedOy GOOgle
320 RÉPONSES DES INGENIEURS DES MINES.
leçons de* écoles ; mais en général , ils ont peu de goût pour ce
genre d'instruction. El si, .de temps en temps, mus trouvons des
parents qui obligent leurs enfants à suivre ces leçons, aussitôt que
ceux-ci montrent quelque intelligence , ils ne tardent guère de les
retirer des mine» pour leur faire prendre un autre état.
6* qdbStioh. — Remarque t- on dans cette classe de travailleurs
(les ouvriers des raines, en général), plus d'indiscipline, d'igno-
rance ou d'immoralité, que parmi les ouvriers des fabriques?
Obtervatiana. Si les éléments de celte comparaison , difficile
d'ailleurs, ne sont pas réunis, donner une idée de l'état moral des
ouvriers mineurs, ce qui est essentiel pour l'objet de' ces renseigne-
ments.
bépobse. — On remarque, en général, peu d'indiscipline parmi
les ouvriers mineurs, et il est assez rare de les voir sortir des tra-
vaux sans qu'ils aient fini la tâche qui leur a été imposée.
Je ne crois pas, du reste, que l'on puisse considérer comme indis-
cipline, le refus qu'ils font quelquefois de se rendre dans la mine
pour y exécuter tel ou tel ouvrage qui ne leur convient pas, ou de
travailler à des prix qui ne leur semblent pas assez élevés; car s'il
arrive parfois que les ouvriers se coalisent contre les proprié-
taires des mines afin d'obtenir une augmentation de salaire, nous
voyons aussi très-souvent les propriétaires des mines se coaliser
contre les ouvriers pour leur imposer une diminution'. '
Je ne crois pas que l'on puisse considérer comme ignorant,
celui qui connaît tout ce, qui se rapporte à son état. Ainsi que
je viens de l'indiquer, très-peu de mineurs savent lire et écrire,, et
très-peu témoignent le désir d'acquérir ce genre de connaissance
qu'ils considèrent généralement comme ayant peu de rapport avec
leurs occupations. Ils ne vojent pas que là lecture et l'écriture
puissent concourir à augmenter l'intelligence, et, à l'appui de cette
Opinion, ils manquent rarement de citer nos chefs mineurs dont
la plupart ne savent ni lire ni écrire, et qui cependant sont géné-
ralement préférés à des directeurs instruits, lorsqu'il s'agit de dis-
cuter un travail de mines ou d'en surveiller l'exécution.
, Je crois qu'en général il y a moins d'immoralité parmi les-ouvriers
mineurs que parmi ceux des fabriques. Voici, je pensé, les princi-
pales causes auxquelles on peut plus ou moins' attribuer ce
résultat:
1" Nous savons que généralement les mœurs des habitants des
DigfeedOy GOOgle
TROISIÈME DIVISION (LIÈGE). 521
campagnes sont moins corrompues que celles des habitants des
villes. Or, les naines te trouvant dispersées dans les campagnes,
tandis que les fabriques août ordinairement situées dans les villes
ou dans des endroits populeux, il en résulte que l'ouvrier mineur
a plus que l'ouvrier des fabriques, des mœurs et des habitudes qui
se rapprochent de celles des habitants des campagnes.
3" L'agglomération -sur un même point d'un grand nombre d'in-
dividus des deux sexes et de tout âge; ne pouvant que concourir.au
relâchement des bonnes mœurs, il en résulte que les ouvriers des fa-
briques sont, bien plus que les ouvriers des mines, exposés à Celte
chance de corruption; d'abord, parce que les différents ateliers des
mines sont plus épars, plus divisés que ceux des fabriques , et
ensuite parce qu'on y emploie moins de femmes.
5° Enfin , je crois que les dangers auxquels l'ouvrier mineur
est exposé, la rudesse de ses travaux et les difficultés de tous genres
qu'il rencontre, ne concourent pas peu a lui laisser une pensée de
religion et de morale qu'on ne retrouve pas chei l'ouvrier des
fabriques.
On a dit souvent que les ouvriers mineurs étaient prodigues ,
qu'ils avaient l'habitude de dépenser tout ce qu'ils gagnaient. Cette
assertion est inexacte. Il y a parmi les mineurs, comme parmi tous
les autres ouvriers , des prodigues et des économes , et dans ces
derniers temps , lorsque le "prix de leurs journées était plus élevé
qu'il ne l'est actuellement, nous en avons vu plusieurs acquérir
une maison et des portion* de terrain auxquelles Ils travaillaient
après la journée.
D'après ces faits , et sachant d'ailleurs que , hors de la mine ,
l'ouvrier mineur est naturellement paresseux, J'ai cru qu'un des
meilleurs moyens d'améliorer sa condition, et qui serait bien autre-
ment dficaee que la lecture et que l'écriture, consisterait à la
mettre à même de se procurer, à proximité de son habitation,
une portion de terrain pour l'occuper pendant ses moments de
loisir. Ainsi , l'on ferait non-seulement disparaître de la Famille
du mineur un vice qui se propage de père en Sis , mais on lui
donnerait encore le moyen de se procurer des aliments à bon mar-
ché , ce qui serait pour lui un bienfait inappréciable dans des cir-
constances semblables à celles où nous nous trouvons maintenant,
lorsque la cherté des vivres né lui permet pas de se procurer la
nourriture qui tais est nécessaire.
*by Google
7' ovjustiok. — Si une disposition législative établissait, comme
la loi française du 32 mars 1841 l'a prescrit quant aux enfants
admissibles dans les manufactures, que ■ nul enfant âgé de moins
de douze ans ne sera admis, qu'autant que ses parents ou tuteurs
justifient qu'il fréquente une école publique ou privée, et que tout
enfant admis devra, jusqu'à douve ans, suivre une école, > cette
mesure pourrait-elle être exécutée sans' grandes difficultés et sans
grave inconvénient, en ce qui concerne les ouvriers- des mines?
xSYOïtse. — Indépendamment des difficultés que présenterait
l'exécution d'une telle loi, parce que les mines se trouvent disper-
sées sur une très-grande étendue, je crois qu'elle aurait encore
l'Inconvénient d'engager un grand nombre de jeunes ouvriers à
quitter les mines pour se livrer à d'autres travaux et qu'elle por-
terait par conséquent un préjudice notable à l'industrie minière.
8' question. — D'après l'état de santé et de force des ouvriers
qui ont travaillé la nuit dans leur enfance, y a-t-il lieu de prendre
à cet égard des mesures protectrices pour prévenir l'abus?
réponse. — Cette circonstance devient difficile à. apprécier ,
parce qu'il est rare de rencontrer des ouvriers mineurs qui aient
travaillé constamment pendant la nuit. L'ouvrier mineur aime 1
changer de travail , et souvent on le voit passer de l'atelier du
jour à celui de nuit , et réciproquement. Quoi qu'il en toit , je ne
crois pas que les travaux nocturnes chez les ouvriers mineurs,
aient eu sur leur santé une influence aussi nuisible qu'on l'a sup-
posé. Le mauvais aérage des mines, l'eau qui tombe dans les puits
et les galeries où ils doivent circuler , enfin les accidents en géné-
ral, leur ont été bien autrement funestes; et sous ce rapport, on ne
peut que désirer de voir accueillir favorablement les mesures pro-
posées pour faire disparaître ces causes de destruction.
D'après ces considérations , je ne pense pas qu'il y ait lieu de
prescrire des mesures pour régler les travaux nocturnes des jeunes
ouvriers mineurs.
9* question. — Quel est l'âge moyen auquel parviennent les
ouvriers i
asponsE. — Dans le septième district , l'âge moyen de la vie de
l'ouvrier mineur peut être évalué à -cinquante ans.
L'Ingénieur des mines du septième district,
M. MCEBELEK.
^y Google
TltOISIfcKE DIVISION (UÉGE).
9. — Renseignements additionnels communiqués par I. l'Ingénieur en chef
de la troisit» division des mines.
&. Mo. fe Mûuniltt èej xfeavaux puéfiox..
Ufe, Il 3juU UU.
MoHSIEHa L« SlIflSTBB,
Par dépêche du 3 février 1844, tous me faites l'honneur de me
demander le nombre des enfante des deux sexes, an-dessous de
l'Age de douze ans, employés dans les mines de ma division, et mon
avis sur le mérite d'une disposition législative qui interdirait l'ad-
mission des enfants dans les mipes avant l'âge de douze «ns révolus.
Vingt-deux enfants ; seize garçons et six filles, sont employés
à la surface dans les magasins à nettoyer les minerais; et quinze
garçons seulement n'ayant pas atteint leur treizième année, sont
occupés dans l'intérieur des mines.
L'article 29 du décret du 3 janvier 1813 défend de laisser des-
cendre ou travailler dans les mines et minières les enfants au-
dessous de dix ans ; cette disposition, si sage k tous égards, était
devenue une nécessité alors que l'on employait tant d'enfants de
l'âge de sept h dix ans au transport du minerai à l'intérieur des
exploitations; mais, aujourd'hui que les petits traîneaux ont été
remplacés par de grands galliots roulant sur des chemins de fer,
ce sont, en général, des chevaux ou les ouvriers les plus robustes,
de l'âge de seize 4 trente ans, qui font la besogne dont on chargeait
autrefois les enfants.
Anciennement les galeries de roulage n'avaient que 0" 45 à
0" 65 de hauteur et atteignaient rarement un développement de
300 mètres; il y avait donc nécessité absolue d'employer les
ouvriers les plus petits au transport des minerais, des déblais et des
matériaux. Maintenant que les progrès de l'art permettent de
donner à ces voies des dimensions beaucoup plus grandes, etc., le
déhouillemeot s'opère sur une plus grande échelle, s'éloigne parfois
jusqu'à 1,540 mètres de la bure d'extraction et ne réclame plus
le concours de jeunes enfants.
^y Google
SU RÉPONSES DES INGÉNIEURS DES MINES.
Je ne vois donc aucun inconvénient a interdire l'accès des minet
et minières aui enfante qui n'ont pas atteint douze ans révolus ,
tandis qu'une telle mesure peut produire des effets salutaires sur
le physique et sur le moral de ces faibles créatures.
J'ajouterai encore, M. le Ministre, que tous les directeurs
et chefs mineurs que j'ai interrogés m'ont déclaré-, sans hésiter,
qu'il y a longtemps que l'article 29 du décret précité aurait dû
subir la modification projetée. C'est aussi l'opinion de la plupart
des officiers dès mines de la troisième division.
L'Ingénieur en chef des mines,
C. Wellcreks.
igtizedoy GOOgle
■* aux coassa* ni saut»*itb.
*.— Aeaéeaie royale de «édeetae 4e Belgique.
RAPPORT
tut i l'iausù nt l'ilil fkjiifM M wot iet mIuU M|]t]ti du ht Miihctir* , mim it
' U BdfifH, fit ne uàmum mjatHi U. tnjgnm, Initiitt, tinbù, lutta <lTi
..{1. BDtpMTi.nnRtoir.)
. Bans la plupart dès États où l'industrie manufacturière a fait le
plus de progrès, on a reconnu la nécessité de fixer par des disposi-
tions législatives, l'âge avant lequel les enfants ne peuvent pas être
reçus dans les fabriques, ainsi que la durée de leur travail.
En effet, il ne pouvait échapper aux gouvernements que le tra-
vail continu et prématuré imposé à l'enfance, exerce une influence
plus ou moins fâcheuse sur le développement des forces physiques
et sur celui de l 'intelligence , et que l'humanité et la morale leur
faisaient un devoir de protéger contre les écarts de l'industrie, des
infortunés que leur faiblesse et la négligence de leurs parents pri-
vent de tout appui.
Les abus déplorables que le gouvernement anglais a eu à répri-
mer.en portant la première loi qui ait été rendue sur la matière,
ne se sont certainement pas produits dans notre pays ; mais l'ad-
ministration s'est assurée que certains fabricants admettent dans
DiglizedOy GOOgle
526 RAPPORT DE LÀ COMMISSION
leurs ateliers des enfants en très-bas âge , que (es réformes du ser-
service militaire pour défaut de taille et pour infirmités ou fai-
blesse de constitution , sont bien plus fréquentes dans nos grands
centres industriels que sur les autres points du royaume, et, enfin,
que la durée de la vie moyenne dans ces localités, y est aussi plus
courte qu'ailleurs. Ces derniers faits, on ne peut en douter, sont en
partie le résultat du travail excessif imposé aux enfants dans le
premier âge. Ce n'est donc pas sans raison que la sollicitude du
gouvernement s'est éveillée sur la nécessité d'améliorer la condi-
tion des jeunes ouvriers de nos fabriques, sans compromettre les
intérêts de l'industrie.
A cet effet, il a institué une espèce d'enquête dans laquelle les
différents intérêts du pays sont appelés à apporter le concours de
leurs lumières. L'Académie a été consultée a son tour ; et d'est,
messieurs, le résultat de ses investigations, que la commission dont
je suis l'organe tient vous apporter aujourd'hui. L'enquête, telle
que la marche en a été réglée par le gouvernement , Comprend
une série de demandes que nous allons successivement passer en
revue, afin de vous permettre d'asseoir votre opinion sur une des
questions les plus graves et les plus complexes que soulève l'état
actuel de l'industrie.
1™ question. — Les enfants sont-ils employés en grand nombre
dans les différentes manufactures, mines et usines? Distinguez le
sexe et les catégories d'Âge : huit à dix ans ; dix a quinze ans;
BÉpo'ssE. — Le nombre de ces enfants est très-Considérable ; dans
l'industrie cotonriière, qui a pris une sî grande extension dans notre
pays , la proportion moyenne d'une filature pour les enfants est
d'un tiers. Sur ce nombre , la moitié ont l'Age de six ans et demi
à dix ans; l'autre moitié de dix à quinze ans.
Dans les autres industries , le nombre des enfants employés est
également très-considérable ; sur dix mille Sept cent un ouvriers
employés, en 1840, dans les houillères de la province de Liège,
on comptait six mille quatre-vingt-dix enfants. Ces enfants ne sont
en général admis à j travailler qu'à l'âge de dix ans. Dans une
houillère que l'un de vos commissaires (1) a visitée, sur cent
ouvriers se trouvaient vingt S trente enfants âgés de dix à quinze
ans, c'esl-à-dirc, près du quart. On lui a assuré que le nombre en
(1) 1 Kiikem.
^y Google
])E L'ACADÉMIE ROYALE DE MEDECINE. 327
est considérablement diminué depuis qu'on s'est déterminé i intro-
duire et à maintenir dans les fosses, des chevaux qui traînent sur
des rails les chariot» chargés des produits ; lâche très-pénible et
fatigante que les jeunes bouilleurs remplissaient autrefois presque
exclusivement.
Dans une manufacture d'épingles à la mécanique, où l'on emploie
du fil de laiton et du plomb fondu pour confectionner la tête d'une
espèce d'épingles, travaillent, dans une position assise et continue,
environ quarante enfants âgé* pour la plupart de dix à quinze ans,
quelques-uns de huit à dix ans.
Dans une manufacture de cardes à I* mécanique, sur. cent
ouvriers, il n'y a. qu'un petit nombre d'enfants au-dessous de doute
à quinze ans; nuis on compte & peu près un dixième d'adolescents
de quinze à vingt ans.
Dans une manufacture de machines et de limes, sur trois à
quatre cents ouvriers se trouvent quelques enfants et adolescents
des deux sexes, âgés de dix à dix-huit ans. Le petit nombre d'en-
fants d'un âge plus tendre (de huit à dix ans) qu'on y voit, sont
tous des apprentis non salariés, fils d'ouvriers, qui ne sont occupés
qu'a de légers travaux, sous les yeux de leurs pères, et pendant
quelques heures de la matinée seulement.
Dans une filature de lin à la mécanique, sur neuf cents ouvriers,
on compte au delà des deux tiers d'enfants et d'adolescents de dix
a dix-huit ans et de huit' à douze ans. Cette dernière catégorie est
la plus nombreuse.
Dans les fabriques de draps et de couvertures de laine, la pro-
portion des enfants de huit à quinze ans est à peu près d'un sixième
ou d'un septième du nombre total des ouvriers employés.
Dans une fabrique de gobtéterie et de cristaux où travaillent
cent cinquante ouvriers, se trouvent environ trente enfants de huit
a quinze ans.
Dana les fabrique» de verreries, ou les reçoit ordinairement a
l'âge de douze ans au moins, quand ils sont assez forts pour sup-
porter le travail.
2* ocxsTioir. — Quel est, dans les divers genres d'établissements,
le salaire moyen de la journée de travail, d'après l'âge, le sexe et
l'habileté des ouvriers ?
repusse. — Le salaire moyen des ouvriers dans les houillères est
de 1 fr. 85 c; celui des enfants de 1 fr. 3c, et celui des femmes
de 82 centimes.
^y Google
328 RAPPORT DE LA COMMISSION
Dans les filatures de lin et de coton, les garçons de huit k dix
ans gagnent 30 centimes, les plus habiles 45 k 50; ceux de douze
à quinze ans, 75 à 90 centimes ; les filles, HO à 40 centimes.
Dans les fabriques de draps et de couvertures, le salaire varie
de 1 fr. à 50 centimes.
Dans les manufactures d'épingles, il est seulement de 30 cen-
times pour les plus petits enfants, de 50 pour les moyens et de
1 fr. 70 s. pour les plus âgés.
Dans la Fabrique de machines et de limes, le salaire moyen des
enfants est de 1 fr. 50 centimes.
Dans les fabriques de cardes, il est de 1 fr., et varie suivant le
travail qu'ils exécutent.
Dans la fabrique de gobléterie, il est de 50 centimes. À Ver-
Tiers, le salaire moyen d'un enfant est de 78 centimes.
3* ouxsnoir. — Combien d'heures les ouvriers travaillent-ils par
jour, tant en été qu'en hiver?
béponse. — Dans les filatures de coton et de lin, les journées de
travail sont de treize heures en été, et de douze en hiver.
Dans les houillères elles sont de huit à douze heures.
Dans les manufactures de cardes, les ouvriers travaillent jusqu'à
quatorze heures par jour.
Dans les fabriques de gobléterie où il y a en même temps une ma-
chine et un feu continu, le travail qui s'effectue dans le courant de
vingt-quatre heures, se fait par deux troupes d'ouvriers k peu près
égales, qui se remplacent alternativement. L'une commence sa
journée a midi et Ja termine a onze heures et demie du soir, tandis
que l'autre la commence à minuit et la termine vers onze heures
et demie du matin (1).
4' QUESYion. — Les enfants travaillent-ils autant que les hommes
faits?
airoirsB. — La durée du travail des enfants des deux sexes dans
les manufactures, mines et usines, est la même que celle des
hommes faits. Leur absence occasionnerait le chômage de la
fabrique entière.
5" ODWTIOB-. — A quels travaux les emploie-l-on ? .
axponsE. — En général, l'ouvrage qu'on impose aux enfants dans
(I) A Vervim*, iei euTTÎen travaillent douta heurai et donùc ds jour, fi neuf
hniirci da nuit, un* compter lei rtUii.
^y Google
•DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MEDECINE. 399
les usines et manufactures, ne constitue pas un labeur au-dessus de
leurs forces. Cette règle ne comporte peut-être d'exception que
pour les houillères où le jeune houilleur, indépendamment des cir-
constances défavorables et nuisibles dans lesquelles il se trouve
placé, sert au; transport des produits dans les galeries qui ne sont
pas assez élevées pour permettre aux chevaux d'y marcher.
Dans les filatures de fil et de coton à la mécanique, la condition
. des enfants et des adolescents change tout à fait , et leur emploi
acquiert une importance réelle ; devenus ouvriers indispensables,
ils sont constamment à côté du fileur qui ne peut se passer de leur
coopération. Rassemblés en nombre déterminé dans un même ate-
lier, chaque métier a filer en occupe au moins deux, quelquefois-
trois ou quatre, selon l'étendue et le nombre de ces machines. Ils
sont occupés a diverses fonctions sous les noms de : tireurs, tàvevrs,
bobineurs, balayeurt et rattacheurs. Ces derniers sont chargés de
surveiller les fils , de rattacher ceux qui se rompent, de nettoyer
les bobines, de ramener le coton qui s'échappe du ventilateur, au
risqué de se faire broyer les doigts et les mains.par les rouages des
machines. Ce sont, à proprement parler, dit un auteur moderne,
les aides, les élèves, et presque toujours les souffre-douleur du
fileur. Ajoutez que ces diverses occupations exigent de l'enfant
une attention et une activité qui ne soient jamais interrompues,
car le moteur est là qui les presse , et toute distraction de leur
part, par cela seul qu'elle serait préjudiciable au fileur, serait
punie de la manière la plus sévère.
6* qubstiok. — Le travail des enfants a-t-jl lieu d'une manière
continue ou se fait-il par intervalles, et, dans ce second cas; quels
sont ces intervalles?
hépobsi. — En général, le travail des ouvriers dans les manu-
factures n'a pas lieu d'une' manière continue, mais par intervalles.
Dans la plupart d'entre elles, ces intervalles sont au nombre de
trois, chaque jour ouvrable : le premier destiné au déjeuner, est
d'une demi-heure ; le second au dîner, d'une heure ; le troisième
au goûter, d'une demi-heure.
Cependant, dans les houillères, le travail journalier qui dure un
peu moins que dans les manufactures, a lieu d'une manière con-
tinue; dans la fabrique de .gobléterie, le travail est également
presque continu et ne se suspend que pendant une demi-heure
y^hay Google
330 RAPPORT DE LA GOMMLSSWN
A Verviers, le travail du tondeur a lieu par intervalle* { il est
continu pour les- autre* travaux.
7* question. — Y a-t-il dans certain» établi sseinents un travail
de nuit pour les enfanta ? Dans l'affirmative, de combien d'heure*
par nuit ou par semaine?
KEtottsx. — Ordinairement il n'y a pas de travail de nuit dans
le* manufacture*. Dan* le* fabriques de draps, les ouvriers sont
cependant obligés de travailler ainsi, six foi* par mois ; mais alors
le travail auquel concourent le* adultes comme les enfants, ne dure
que neuf heure*. Il a lieu de huit heure* du soir à cinq heures du
matin, avec deux petits intervalles de repos; le salaire pour ce
travail nocturne est égal a celui d'une journée de travail diurne.
Dans les houillères, il y a un travail de jour et un travail de
nuit, qui sont a peu près les mêmes quant a la durée. Les ouvrier*
qui ont terminé leur journée sortent de la fosse, retournent cheï
eux, et sont remplacés par d'autres qui leur succèdent immédiate-
ment, en sorte que les travaux ne discontinuent que les jours fériés.
Dans la fabrique de gobléterie, il y a bien aussi deux troupes
d'ouvriers qui travaillent et se relèvent alternativement, mais le*
époques du jour où le travail commence et se termine, ne sont pas
les mêmes, comme on l'a vu plus haut & la troisième question.
A Verviers, les enfants sont soumis a un travail de nuit, qui a
lieu de sept heures du soir à cinq heures du matin.
Dans les filatures de colon et de lin, en général, le travail de
nuit est proscrit comme étant aussi pernicieux sous le rapport
pécuniaire que sous le rapport moral. On n'y a guère recours que
pour regagner le temps que fait perdre le dérangement du moteur
principal.
8° question. — Les enfants des deux sexes sont-ils confondus
dans le* ateliers?
airoKSa. — Dans les filatures de coton et de lin les entants de*
deux sexe* sont confondus. II en est de même dan* le* houillères,
mais dans les fabriques de draps, de couvertures de laine, de limes,
de machines, de gobléterie, etc., ils sont ordinairement séparés.
Dans les fabriques d'épingles, ce sont presque toute* filles; les
enfants, qui s'y trouvent en petit nombre, sont Agés de sept a huit
ans. A Verviers , le* enfant* des deux sexes sont séparés dam les
fabrique*.
^y Google
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE. 351
9* question. — Les enfants appartiennent-ils ordinairement aux
ouvriers occupés eux-mêmes dans l'établissement?
réponse. — Dans la plupart des établissements susmentionnés,
à l'exception des filatures de coton et de lia , et de la fabrique
d'épingles où il y a beaucoup de filles et de garçons dont les parents
ne travaillent pas avec eux, les enfants appartiennent, du moins
pour le plus grand nombre, aux ouvrier» adultes qui y sont
employés.
Le nombre des enfants et des adolescents occupés dans les ate-
liers de filature a beaucoup diminué depuis 1831; aujourd'hui,
comme alors, ils y sont admis de l'Age de six ans et demi a celui de
doute ans. Lorsque le fileur est père de famille, il trouve un avan-
tage matériel, c'est-à-dire , une augmentation de salaire, en choi-
sissant ses aides parmi ses enfants qu'il sacrifie en quelque sorte k
ce rude métier, lorsque leurs forces commencent a peine à se déve-
lopper. Desfilateurs respectables et éclairés nous ont affirmé que, sous
divers prétextes futiles, des ouvriers fileurs, pères de nombreuses
familles, poussés par la cupidité , ont voulu forcer tes chefs de
fabriques à admettre leurs enfants âgée de moins de six ans.
10* otJESTiôn". — Quels avantages le fabricant trouve-t-i! 1
employer des enfants de préférence aux adultes?
b épouse. — Les principaux avantages que les chefs de manufac-
tures trouvent a employer des enfants de préférence aux adultes,
sont :
a. De pouvoir leur accorder un salaire moins élevé;
b. De lés employer à certains travaux manuels ou autres pour
l'exécution desquels les enfants ont, suivant eux, une aptitude plus
grande, comme par exemple, de traîner des chariots dans les
galeries basses des houillères à l'instar des bêles de somme;
c. De leur permettre de vendre le* produits manufacturés a bon
marché ;
d. De diminuer l'oisiveté dans laquelle croupissent les enfants
des prolétaires;
e. D'offrir une ressource aux familles pauvres;
/'. De laisser aux mères de famille plus de temps disponible pour
vaquer à leurs occupations domestiques, eto.
Il est à remarquer que ces avantages spécieux ne sont pas
toujours dans ('intérêt bien entendu des familles, en général, misé-
^y Google
33Î RAPPORT DE LA COMMISSION
râbles et de leurs pauvres enfants, et qu'il* ne s'obtiennent qu'aux
dépens de la santé physique et morale et de la durée espérable de
la vie de ces derniers.
1 1" qtjotiok. — Comment les enfants sont-ils généralement traités
par ceux qui les emploient?
aiponsE. — Les enfants sont généralement mieux traités dans
nos manufactures qu'ils ne le sont dans certaines fabriques d'An-
gleterre, de France, de la Nouvelle-Espagne, etc.,' d'après ce que
rapportent Àstley, Cowers, Aikin, Bowles, Villermé et ' Hùnjboldl.
Il est très-rare, en effet, qu'un enfant y soit maltraité. Ceux qui
sont volontaires ou peu attentifs, étant d'ailleurs fort préjudiciables
aux intérêts de ceux qui les occupent, sont renvoyés des ateliers.
Au surplus, tout acte d'oppression envers les enfants est sévèrement
défendu par les maîtres. Aussi, le filcur ou tout autre ouvrier est-il
soumis à l'amende ou congédié, si on apprend qu'il maltraite se»
aides. Mous le répétons, il est excessivement rare qu'il se commette
des actes de brutalité.
12" çcestio». — Les travaux auxquels les enfants se livrent, leur
permettent-ils de fréquenter les écoles?
képohsb. — Les travaux auxquels les enfants se livrent dans la
plupart des établissements sus-indïqués, ne leur permettent point
de fréquenter les écoles; et, lorsqu'à la fin de leur journée de tra-
vail de douze a. quatorze heures, ils se retirent épuisés de fatigue
et de faim, ils ne sont guère en état d'aller et de profiter aux écoles
du soir, qui présentent, surtout en hiver, de grands inconvénients
sous le rapport, des mœurs. Si l'on instituait partout des écoles
dominicales , les enfants des fabriques pourraient les Fréquenter
facilement et avec beaucoup d'avantages, mais le nombre des jours
fériés de Tannée, fussent-ils même utilement employés, est trop
restreint pour oser espérer que ces enfants puissent recevoir une
éducation morale et intellectuelle en rapport avec les besoins
moraux de l'ouvrier futur.
Aussi, une longue et malheureuse expérience a démontré à tous
ceux qui s'occupent du bien-être de la classe ouvrière, que la cor-
ruption des mœurs d'une partie de celte classe a atteint un degré
qui inspire de sérieuses inquiétudes. Arrivé à l'âge de puberté,
l'ouvrier, privé d'éducation, tombe dans l'abrutissement le plus
complet j il vît dans l'ignorance absolue de ses devoirs religieux et
de ses devoirs de citoyen, conséquence inévitable du système de
^Google
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MEDECINE. 333
travail qu'on lui a imposé dès l'âge le plus tendre. Il le livre à tous
les emportements de la jeunesse, à tous les vice» provoqués par
l'orage des passions alors si violentes, et qui l'entraînent dans un
abîme de désordres, parce que aucune vérité* morale el religieuse
ne parle à son cœur, parce que aucune instruction n'éclaire son
intelligence et ne vient contre-balancer ou arrêter l'impulsion qui
le pousse aii mal.
Ainsi les enfants des fabriques ne fréquentent et ne peuvent guère
fréquenter les écoles. Il en est de même dé ceux qui travaillent
dans les houillères ; ils pourraient cependant le faire puisqu'ils ne
sont occupés que huit à douze heures sur vingt-quatre.
D'après des renseignements obtenus, nous avons lieu de croire
que ceux de ces enfants qui travaillent avec leurs pères dans les
mêmes fosses, et habitent des villages voisins où ils se livrent', pen-
. dant le temps qu'ils ont disponible, a ta culture des champs ou de
quelque jardin potager, reçoivent, en général , plus d'éducation et
plus d'instruction, et qu'ils sont soumis à des conditions hygiéniques
plus salutaires, que ceux qui ne font pas alterner les travaux sou-
terrains des mines avec lès travaux agricoles et qui habitent la ville,
les faubourgs ou la banlieue. Bans la fabrique de gobléterie, les
enfants profitent de la moitié du jour où ils né travaillent pas pour
fréquenter les écoles gratuites. A Verviers, les enfants qui tra-
vaillent le jour, fréquentent les écoles du soir, mais ceux qui tra-
vaillent la nuit ne le peuvent pas. ' .
15* qiisstiok. — Quels sont les établissements industriels aux-
quels des écoles sont attachées?
HKMHtn. — Nous n'en connaissons aucun.
14* question. — Quels sont les établissements industriels dont
les propriétaires payent régulièrement pour les écoles publiques,
l'écolage d'un certain nombre d'enfants employés comme ou-
vriers?
aÉPOKSR. — A Verviers il y a quelques chefs de fabriques , et
entre autres MU. Biolléy, Grandry et Simonis, qui payent l'écolage
d'un certain nombre de jeunes, ouvriers. Il serait à souhaiter que
cet exemple libéral fût imité par les autres industriels.
15* question. — Quels sont les établissements industriels où il
existe une caisse d'épargne ou une caisse de prévoyance en faveur
des ouvriers malades 7
DiglizedOy GOOgle
534 RAPPORT DE LA COMMISSION
«kpohse. — La plupart des houillères sont associées à la caisse
de prévoyance récemment instituée par les soins du gouvernement.
Cette sage mesure ne parait pas avoir encore été introduite dans
les autres établissements ; mais plusieurs ont une caisse pour les
malades et les blesses. Dans la fabrique du Phénix à Gond , les
premiers obtiennent le quart de leur salaire journalier, et les
seconds la moitié, lorsque leurs blessures sont la suite des dangers
auxquels ils sont exposés dans leurs travaux. Un médecin-chirur-
gien est attaché à rétablissement,
16' question. — Quelles sont les maladies ou les infirmités que
les ouvriers contractent par suite de leurs travaux dans les manu-
factures, mines et usines?
sépohse. — Ces maladies ou infirmités sont très-nombreuses.
Elles varient suivant les influences nuisibles exercées par la situa-
tion des ateliers ; par la nature et la durée des travaux ; par les
époques du jour et de la nuit auxquelles les ouvriers s'y livrent ;
par la nature des matériaux mis en œuvre; par les substances mor-
bifiques pulvérulentes , vaporeuses ou gazeuses mélangées ou sus-
pendues dans l'air ambiant; par la situation incommode du corps ;
par l'humidité; par une température trop élevée; par un excès de
fatigue, etc., etc. Ces maladies contribuent puissamment à pro-
duire cette mortalité et ce dépérissement des hommes, proportion-
nellement plus évidents et plus considérables dans les pays manu-
facturiers que dans les pays agricoles, au point qu'un auteur moderne
appelle les villes de fabriques les catacombes de la population.
Lorsque le gouvernement anglais voulut tarir dans leurs sources
les maux produits par le travail des fabriques, il fit examiner par
un comité médical l'état sanitaire des districts manufacturiers. Le
comité constata cinquante affections morbides propres aux diverses
espèces d'industrie.
Indépendamment des accidents multipliés auxquels nos jeunes
ouvriers sont exposés dans les fabriques où l'on emploie des ma-
chines à motenr continu, nous noterons spécialement: l'affaiblisse-
ment de la constitution; le dépérissement général du corps; l'arrêt
du développement normal et régulier des diverses parties; fané-
mie, les affections scrofuleuses, rachiliques, tuberculeuses et can-
céreuses, devenues si fréquentes de nos jours ; l'emphysème pulmo-
naire, les phi egmasies aiguës et surtout chroniques des voies aériennes
et des poumons; des maladies lentes et trop souvent incurables,
^y Google
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE. 335
parce qu'elles altèrent profondément la composition , la texture
de* organes affectés , du cœur et des gros vaisseaux , de l'œso-
phage, de l'estomac, du foie et des centres nerveux. De toutes ces
maladies, l'une des plus fréquentes dans les grandes villes, et sur-
tout dans les villes manufacturières , parmi les ouvriers adonnés
aux travaux sédentaires, est sans contredit la pntaisie pulmonaire.
On a signalé comme circonstances propres à favoriser le dévelop-
pement de cette affection, la misère, une nourriture insuffisante et
de mauvaise qualité, la malpropreté, l'encombrement prolongé
d'une certaine quantité d'individus dans des espaces clos, l'absence
d'exercice actif général, l'air impur des ateliers, l'exhalaison de
certaines vapeurs minérales ou végétales, l'intempérance dans
l'usage des boissons alcooliques, etc., tandis que les circonstances
qui exercent en quelque sorte une influence prophylactique sur
ce fléau dévastateur des jeunes ouvriers sédentaires, dans nos
fabriques, sont : une condition aisée, la vie active et en plein air,
les travaux agricoles, l'exercice de toutes les parties du corps, l'in-
halation de vapeurs aqueuses, une habitation saine , une bonne
nourriture, la tempérance, des soins de propreté, etc., et, enfin,
une éducation physique et morale susceptible de développer la rai-
son et les forces, et de mettre le malheureux prolétaire plus en état
de lutter avec avantage contre les causes de destruction qui l'en-
tourent de toutes parts.
L'on connaît les précieux travaux de H. Villermé sur la trop
longue durée du travail des enfants dans beaucoup de manufac-
tures, et sur la maladie à laquelle sont sujets ceux qui travaillent
dans les filatures de coton : ses observations ne se vérifient mal-
heureusement que trop dans nos villes manufacturières. Le système
de travail tel qui) est actuellement organisé dans tous les grands
établissements de filature, a effectivement produit à la longue des
résultats d'autant plus désastreux que les enfants sont reçus dans
les ateliers à un âge où leur constitution n'est pas encore formée
et ou ils ne peuvent pas résister aux causes qui tendent à l'altérer.
Examinez l'enfant des fabriques : vous lui trouverez l'organisa-
tion peu développée en proportion de son âge ; il est chétif et
comme étiolé ; il présente tous les signes d'un état de dégradation
physique, caractérisée par des symptômes de chlorose avec dispo-
sition aux scrofules et au rachitisme, La face pâle et maigre exprime
un air de souffrance ; les muscles sont à peine dessinés ; le ventre
est proéminent, empAté et gonflé ; les digestions sont souvent labo-
,dby Google
530 RAPPORT DE LA COMMISSION
rieuses et remplacées par des aigreurs! Il se plaint de mal de tête,
de diarrhée et d'affection vermineuse ; sa croissance est lente, sou-
vent interrompue ou statîonnaire, et «a taille définitive reste tou-
jours au-dessous des limites normales.
Arrivé à l'âge de la puberté, le jeune homme ressent plus que
jamais les conséquences des conditions nuisibles, inhérentes à sa
profession. 11 contracte des maladies professionnelles et n'atteint
que rarement la virilité. La poitrine et le bassin se développent
irrégulièrement et restent étroits ; les viscères' contenus dans ces
. cavités sont disposés aux maladies les plus graves , telles que la
pneumonie, la pleurésie, les tubercules des poumons, la plubisic, eto.
Chez les jeunes fille» pubères, les organes générateurs subissent a
leur tour les tristes effets de oe degré de dégradation physique
générale. Quoique âgées de dix-huit à vingt-quatre ans, la Faiblesse
de leur constitution les rend incapables de devenir mères de famille,
triste garantie contre l'état de désordre dans lequel elles virent le
plus souvent! Elles succombent ordinairement aux scrofules, a la
chlorose, à la phthisie pulmonaire/
17' question. ■ — Dans quelle proportion ces maladies ou infir-
mités s'élèvent-elles ?
bépousi. — Le défaut de documents statistiques nous empêche
de répondre & cette question. C'est un travail que, dans l'intérêt
de l'humanité, il serait & désirer de voir effectuer sur une échelle
complète. Le docteur Jucha, professeur de médecine à Wurtz-
bourg, a publié, il y a quelques années, un essai statistique relatif
à l'influence qu'exercent certaines professions sur la santé des
ouvriers adultes. Comme ce travail pourrait être utile à celui qu'on
voudrait entreprendre dans le même genre, nous en rapportons
ici tes dispositions principales.
Il existe, à Wurtzbourg, un établissement où tous les individus
âgés de quinze a trente-cinq ans qui se livrent à des professions
mécaniques (ceux atteints de syphilis et de gale en sont exclus),
reçoivent des conseils et des secours quand ils tombent. malades.
En examinant les registres de rétablissement depuis 17.86 jus-
qu'en 1854, le docteur Juchs a recueilli les matériaux nécessaires
pour traiter la grande question dont il s'est occupé. Pendant le
laps de temps compris entre ces deux époques, cinquante-huit
mille cent vingt-cinq ouvriers séjournèrent dans la ville pendant
un an au moins, et de ceux-ci treize mille deux cent soixante-huit
ly Google
DE L'ACADEMIE ROYALE DE MÉDECINE. 337
tombèrent malades; sur ce nombre quatre cent quarante-cinq
moururent, ce qui donne par an, terme moyen, deux cent soixante
et quinze malades et neuf morts, c'est-à-dire, 1 sur 29,8, propor-
tion minime et qu'on doit certainement attribuer d'un côté a la
jeunesse des malades, et de l'autre aux traitements qu'ils ont subis.
L'auteur fait connaître par un tableau l'état de santé et de mor-
talité considéré dans chaque profession. Cette mortalité varie
entre 0,353 et 0,004. Quant a la fréquence des maladies, elle
varie entre 4 et 76 par cent. Du reste, les chiffres relatifs
a la fréquence des maladies ne sont pas proportionnels, et le
nombre des morts n'est pas toujours en rapport avec celui
des maladies. La moyenne de la fréquence des maladies est
de 0,2282. Vingt professions présentent un chiffre supérieur à
celui-ci, et les trente-deux autres un chiffre inférieur. Les conclu-
sions générales que le docteur Jucha déduit de ses recherches, sont
les suivantes :
1" L'influence de la profession sur la fréquence des maladies et
sur la mortalité est très-grande, et sous ce point de vue, les dif-
férences entre les diverses professions sont très-importantes à
noter ;
2* La fréquence des maladies et la mortalité ne sont pas tou-
jours en proportion entre elles; beaucoup de professions causent
beaucoup de maladies et peu de mortalité, et vice versa;
3* On peut admettre qu'il existe vingt professions insalubres, et
trente-deux salutaires ;
4" Les circonstances qui déterminent une grande mortalité sont :
les gaz qui s'exhalent du charbon en combustion ; un air chaud et
sec ; le travail dans une position incommode et courbée du tronc ;
la position assise et verticale; la poussière provenant des sub-
stances minérales ; le séjour ou le voisinage des eaux ou dans les
eaux ; les changements brusques et les vicissitudes de température;
un salaire modique ; l'intempérance dans la boisson, surtout dans les
boissons alcooliques ; une faible dépense de force dans le travail ;
l'habitation dans des lieux fermés ;
5" Les circonstances qui paraissent au contraire être cause de la
fréquence des maladies, sont : les émanations métalliques; un
salaire élevé; le changement de position ; les exhalations animales;
la poussière végétale; une nourriture abondante; le séjour dans
un air chaud et humide ; les efforts musculaires ; le travail au
grand air;
«.
a'tv Google
3» RAPPORT DE LA COMMISSION
6° Let maladie* grave* et la grande mortalité reconnaissent pour
cause* : une disposition morale triste ; une faible dépense des
forces; les émanations métallique* autres que celle* du fer; la
situation assise longtemps continuée ; le travail à l'exposition d'un
air froîd et humide ; un petit salaire ; l'influence de l'air sec et
froid ; les changements brusques de température ; les lieux fermés;
la position courbée ;
7' Les circonstances qui semblent avoir une influence favorable
sur la conservation de la santé et de la vie, sont : la bonne nourri-
ture ; le changement fréquent de position ; l'habitation dans le
voisinage des eaux courantes, à la campagne et non dans les
villes, etc.
18* question. — Ces maladies ou infirmités atteignent-elles plus
fréquemment les enfants que les adultes?
képoksb. — Il y a des maladies qui atteignent plus fréquemment
les enfants que les adultes; telles sont, le rachitisme, la déforma-
tion des membres , l'incurvation de l'épine dorsale , les scrofules,
le carreau , les tumeurs blanches des articulations , la teigne , les
tubercules des os et des centres nerveux, une sorte de dépérisse-
ment général avec atonie et arrêt ou perversion dans la nutrition
des organes. En outre, dans les fabriques où l'on emploie des
machines à moteur continu pour filer de la laine, du coton ou du
lin, il arrive assez souvent que diverses parties du corps, spéciale-
ment les doigts et les mains, s'engagent et sont broyés entre les
rouages , d'où résultent des plaies par arrachement , qui estro-
pient ordinairement ces jeunes malheureux pour le reste de
leur vie.
Dans les fabriques d'aiguilles et de cardes, il s'élève continuel-
lement, des fils d'acier ou de fer passés sur des meules de grés ,
une poussière ferrugineuse qui , inspirée par les ouvriers, irrite la
trachée artère et dispose à la phthisie trachéale.
19' question. — Quelles précautions hygiéniques y aurait-il a
prendre dans les fabriques mines et usines?
répokse. — Ces précautions devraient être générales et spé-
ciales. Les premières tendraient a corriger ou a altérer, autant que
possible, les effets délétères du milieu dans lequel les ouvriers sont
plongés. La première et la plus essentielle serait de leur procurer
le bénéfice d'un air constamment renouvelé. Il serait donc indis-
pensable que , comme mesure hygiénique générale , les fabriques
^y Google
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MEDECINE. 339
adoptaient le système des ventilateurs qu'on emploierait avec le
plus grand avantage pour dissiper la chaleur, l'humidité, et extraire
l'air corrompu. Dans les carder ie» de coton ou de lin surtout , où
le nettoyage des matières fibreuses dégage une poussière nuisible,
l'effet salutaire du ventilateur se fait sentir de la manière la plus
remarquable. Cet effet est tel, qu'un ventilateur placé dans une
salle de cent a cent cinquante pieds, suffit pour pomper l'air inté-
rieur avec asses de force pour produire, a l'autre extrémité de la
salle, un courant capable de tenir une porte a contre-poids
ouverte, à une distance de six pouces. On ne saurait assez insister
pour généraliser l'usage de ces appareils dans les filatures de coton
et de lin. En effet, c'est 11 que les inconvénients d'un air non
renouvelé se font particulièrement sentir. La température de cet
air chargé de matières hétérogènes et plus ou moins délétères, y
est d'autant plus élevée que l'on y fabrique des fils plus fins; les
ouvriers y sont plongés dans une atmosphère chaude et humide.,
qui, même en hiver, s'élève au-dessus de vingt a trente degrés de
Réaumur, atmosphère suffocante, corrompue, d'une odeur dés-
agréable, chargée de poussière végétale, d'émanations huileuses et
animales qui s'échappent des machines et du corps de tant d'indi-
vidus, la plupart k moitié nus, couverts de baillons, et d'une mal-
propreté dégoûtante, et, peut-être aussi mélangée, surtout pendant
l'hiver, avant le lever et après le coucher du soleil, d'une certaine
quantité de gaz non respirables (gaz acide carbonique et hydro-
gène carboné), quoique l'éclairage s'y fasse généralement au gaz.
Indépendamment de ces précautions générales, il en est de
spéciales. Ainsi, dans les fabriques anglaises où l'air est continuel-
lement chargé d'une poussière Ferrugineuse (fabriques d'aiguilles
et de cardes), on a imaginé un masque d'un réseau de fil de fer
aimanté, sur lequel la poussière métallique va s'attacher et se
déposer.
Dans les fabriques d'épingles à la mécanique, où l'on emploie
du plomb fondu pour confectionner les tètes, les ouvriers pour-
raient interposer devant eux un châssis vitré qui leur permit , en
passant les avant-bras et les mains par-dessous , de voir et de
manier les objets; cet appareil empêcherait, en même temps, les
émanations saturnines d'être inspirées avec l'air.
On a également conseillé l'usage du masque pour les ouvriers
employés dans les Garderies de coton ou de lin , mais tous ces
appareils ayant le grave inconvénient de gêner l'ouvrier dans ses
^y Google
340 RAPPORT DE LA COMMISSION
mouvements , seront toujours repoussés par lui. Il vaut donc
mieux s'en tenir a un système de ventilation assez puissant pour
entraîner les corps étrangers au fur et à mesure qu'ils se produisent.
20' question. — Quelle influence eierce le travail des enfanta
sur leur développement physique ?
nifON8E. — Le travail prématuré des enfants exerce une influence-
malfaisante sur leur nutrition, sur leurs forces , sur leur dévelop-
pement en général et particulièrement sur. celui des systèmes
osseux et musculaires. Il enraye la croissance, épuise la vie et
en abrège la durée.. Il produit des infirmités et des maladies nom-
breuses.
21'QTmsTKm. — Quelles sont les opérations où cette influence
est la plus marquée et que l'on peut regarder comme leur étant
particulièrement nuisibles?
repokss. — Parmi ces opérations, nous signalerons celles qui
ont lieu dans les manufactures de draps. Là, les enfants employés
k plaquer, sont obligés d'être toujours debout ; leurs doigts s'usent
et ils deviennent boiteux.
Dans celui de ces établissements où l'on fabrique des couvertures
de laine , on se sert de machines mobiles , dites machines à hou
dîner, auxquelles il faut imprimer des mouvements successifs de
va-et-vient. Pour faire reculer la machine poussée en avant par
les buudineurs, les enfants occupés à pîoqver, ne pouvant se servir
de leurs membres inférieurs, appliquent à cet effet la partie anté-
rieure et moyenne de la jambe contre le support de la machine
qui est élevée sur des roulettes, et, de ces actions fréquemment
répétées, il résulte que les os flexibles des jeunes ouvriers cèdent
sous l'effort, et subissent, à la longue, une incurvation qui con-
stitue une déformation permanente des jambes de ces enfants.
Il esta notre connaissance que le directeur de l'un de ces éta-
blissements, M. Louis James, a fait cesser la cause qui produit cet
> accident grave, en élevant le support des machines au-dessus
du sol ou du plancher, de manière que les enfants ne sont plus
obligés de les pousser à l'aide de la jambe; ils peuvent, avec beaucoup
plus d'avantage pour la puissance musculaire déployée, y appli-
quer le genou ou la partie antérieure de la cuisse et du fémur.
22' question. — Si les travaux des enfants leur sont nuisibles ,
quels sont les moyens à adopter pour remédier au mal?
DiglizedOy GOOgle
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MEDECINE. Ul
k£khi8B. — Pour remédier au mal, il faudrait d'abord en détruire
ks causes autant que possible , ou soustraire tes enfanta k leur
action, ou au moins, les modifier de manière à atténuer leurs effets
nuisibles. Or, dans l'espèce de travail imposé, ces causes sont amo-
vibles ou inamovibles, disponibles ou non disponibles ; il y en a
qui sont inévitables, c'est-à-dire , auxquelles l'ouvrier est contraint
de se soumettre; mais, en revanche, il en est aussi qu'on peut
détruire, qu'on peut éloigner, ou dont on peut amoindrir les effets
pernicieux.
On obtiendra ce résultat par l'observance rigoureuse des règles
hygiéniques applicables aux enfants, suivant leur Age, leur consti-
tution, les influencée auxquelles ils sont exposés, mais surtout en
les éloignant des travaux trop fatigants qui excèdent leurs forces
et qui pourraient être faits par des femmes ou par des hommes
adultes. Le travail ne doit leur être permis que quand l'Age , la
constitution, le développement de l'organisme, les forces et la
santé bien constatés, les rendent propret a le remplir sans les expo-
ser à de graves inconvénients. Une fois admis au travail, il faudrait
encore que celui-ci ne fût pas de trop longue durée , et n'empê-
chât pas les enfants de fréquenter les écoles et de recevoir une
instruction morale et religieuse, dont l'absence se fait sentir
aujourd'hui d'une manière si déplorable. Il faudrait, enfin, qu'on
évitât le mélange des enfants des deux sexes dans tes mêmes ate-
liers, surtout quand ils ne sont pas surveillés avec la plus grande
exactitude, car cette promiscuité exerce l'influence la plus fâcheuse
sur leurs mœurs et sur leurs habitudes. Les renseignements que
nous nous sommes procurée â cet égard, confirment à peu près
de tout point. la description que M. Arnould Fremy vient de tracer
de l'enfant des fabriques en France (1). Enfin, il faudrait laisser aux
enfants le loisir et la faculté de faire des exercices en plein air.
25" QuasTion. — Quel âge convient-il de fixer pour l'admission
des enfants dans les manufactures, mines et usines ? Y a-t- il , â cet
égard, des distinctions à faire entre les divers genres d'établisse-
ments? En cas d'affirmative, établir des catégories.
BBPOSBE. — ■ L'on conçoit qu'on ne peut établir d'âge fixe pour
l'admission des enfants dans les manufactures, fabriques, mines et
usines. Cet âge doit nécessairement varier suivant les forces, l'in-
(1) Lu Fronçai* peint' par titi-mimtê.
nglizedoy GOOg|e
343 RAPPORT DE LA COMMISSION
tellifjence et l'adresse a déployer par l'enfant dans les divers genres
d'établissements. La septième année , dit le docteur anglais
Baîllie, est, peut-être, le premier âge où l'on devrait employer les
enfants dans les manufactures, et, dans la première année de tra-
vail, on ne devrait pas les tenir occupés plus de quatre à cinq heures
par jour; pendant les deux années suivantes, six ou sept heures;
ensuite dix, et, suivant lui, on ne devrait jamais outrepasser ce
temps de travail.
On connaît les sages dispositions que renferment les articles 2
et 5 de la loi française relative au travail des enfants dans les
manufactures, usines et ateliers, promulguée le 24 mars 1841.
Nous pensons qu'il conviendrait de se rallier à ces dispositions, au
moins en beaucoup de choses.
Dans ses Réflexion* sur l'hygiène de* mineur» qu'il a récemment
publiées, H. le docteur Vanden Broeok conseille d'éloigner les
enfants de tous les ateliers où l'on prépare des produits métalliques
autres que le fer, surtout lorsqu'ils sont volatils, et de ne pas per-
mettre de les employer dans les fosses avant l'âge de quinie ans.
Ces avis sont sages , bien motivés dans l'intérêt de la santé des
enfants, et, sous ce rapport, ils méritent d'être pris en considération .
24" question. — A quel temps convient-il de limiter le travail
journalier des enfants?
niponai. — Nous pensons, pour les motifs énoncés plus haut,
que la durée du travail journalier ne doit pat excéder huit heures
par jour.
25' question. — Jusqu'à quel âge le travail de nuit doit-il être
interdit?
eepousb. — Nous pensons, pour les mêmes motifs, que le travail
de nuit doit être interdit aux enfants. Les adolescents de quinze à
dix-huit ans, pourront seuls y être admis.
26* question. — Ne faudra-t-il pas limiter la durée de travail
de nuit pour les enfants ou les adolescents, à l'égard desquels on
trouverait qu'il n'y a pas lieu de l'interdire?
sépohsb. — Règle générale, le travail de nuit devrait cesser a
minuit,
27" question. — Quels seraient, dans les établissements qui
occupent un certain nombre d'enfants, les inconvénients du système
^y Google
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MEDECINE. 343
des relais, et le service de deux troupes d'enfants se remplaçant
successivement dans le travail, et dont l'une commencerait la
journée et l'autre la finirait?
BÉrossK. — Le système des relais présenterait sans doute de
grands avantages : la durée de travail serait moindre ; les enfanta
auraient disponible une grande partie de la journée qu'on pourrait
consacrer a l'éducation, à des exercices utiles, aux repas, etc.;
mais, dans la pratique, l'emploi de deux troupes d'enfants serait
fort difficile. La population pourrait a peine y suffire, ou bien la
réduction du gain ferait abandonner le travail d'ateliers. Du reste,
c'est une question que nous ne prétendons pas décider et que nous
abandonnons aux hommes spéciaux.
28° QCESTioit. ■ — A quel âge peut-on laisser l'ouvrier libre de
s'engager dans les fabriques, mines et usines, sans qu'aucune res-
triction soit apportée à son travail?
répons». — Un industriel que nous interrogions sur cette ques-
tion, nous répondit dans les termes suivants : « Il ne peut y avoir
d'inconvénients à laisser a l'ouvrier une liberté entière de s'engager
dans les manufactures, vu qu'il est de l'intérêt du fabricant même
de n'admettre dans ses ateliers que des sujets capables de soutenir
le travail auquel il les destine.
Nous ne pensons pas, messieurs, que cette réponse vous satis-
fasse plus qu'elle ne nous a satisfaits nous-mêmes. Et d'abord, les
malheureux enfants qu'on introduit dans les ateliers k l'âge de six
ou sept ans, ont-ils bien leur libre arbitre? Est-ce de leur consen-
tement qu'on violente en quelque sorte ia nature pour forcer ces
frêles organisations à produire, à une époque où elles ont encore
besoin de se développer avant de payer à la société leur tribut
d'activité et de forces 7 En vain dira-t-on que L'intérêt du fabricant
est de n'admettre dans ses ateliers que des sujets capables de sou-
tenir le travail auquel il les destine. Ce travail, de faibles consti-
tutions pourront toujours y suffire, car ce n'est pas un travail de
force, mais plutôt d'agilité, de souplesse; et, à ce titre, l'intérêt
du fabricant, si vous le rendez juge dans la question, lui conseillera
de prendre les enfants les plus jeunes. N'est-ce pas en effet ce qui
arrive ? Comment expliquer autrement la présence d'enfants de six
a sept ans dans les ateliers?
Il est vrai que dans l'industrie cotonnîère où l'abus est te plus
criant, le fabricant met sa conscience en repos en disant que ce
^y Google
344 RAPPORT DE LA COMMISSION
sont les fileurs qui choisissent eux-mêmes leurs aides. Mais ce*
pauvres enfants ont-ils perdu tous leurs droits, parce que le hasard
les a fait naître d'hommes ignorants, et eu qui l'absence de toute
éducation b étouffé les sentiments les plus sacrés de la nature?
Est-ce enfin une chose à tolérer que cette cruelle représaille par
laquelle une génération fait expier à une autre l'abus dont elle a
été elle-même victime? Vous penserez avec nous, que non, mes-
sieurs; et, dussent les intérêts matériels en souffrir, vous admettrez
que l'homme ne doit être admis aux travaux de l'industrie qu'à
l'expiration de ses années d'enfance, et que ce n'est pas lui accorder
trop que de lui laisser jusqu'à dix ans pour développer son intelli-
gence, son moral et son physique. Le libre arbitre ne saurait être
invoqué ici, puisque l'expérience a démontré qu'on ne manque pas
de motifs pour faire violence à la faiblesse, sauf à la voiler tous les
prétextes les plus spécieux. C'est ainsi du moins que la question a
été décidée en Angleterre, pays où les exigences de l'industrie sont
cependant les plus impérieuses, mais où, par un respect bien,
entendu de l'humanité, on n'admet plus les enfants dans les ateliers
avant l'Age de dix ans, et où l'on exige qu'ils soient d'une bonne
constitution, et qu'ils sachent lire et écrire.
Telles sont, messieurs, les questions soumises à votre examen,
et pour la solution desquelles nous avons lâché de réunir les bits
principaux qui devront voua guider dans vos déterminations. Il
nous reste encore une remarque importante à faire, c'est que toutes
les causes des maladies auxquelles les enfants des fabriques sont
sujets, ne dépendent pas exclusivement des ateliers où ils travaillent
et des travaux qu'ils exécutent. Elles proviennent aussi de la misère,
de l'ignorance, de l'inconduile, de l'insouciance, de l'intempérance,
de la dépravation des mœurs de leurs parents, de l'air infect et
corrompu qu'ils respirent dans leurs demeures qui se composent
le plus souvent de chambres basses, étroites et obscures, où les
individus sont entassés et confondus sans distinction d'Age, de sexe,
quelquefois deux ou trois familles ensemble; elles proviennent
encore d'une nourriture malsaine et insuffisante (1), de la malpro-
(I) La plupart dei ouvriers ne se nourriueul que de pommes de terre cuitci dim
l'eau, et légèrement taléei; rarement on y mêle un peu de graine on de lard. Le pain
gris de froment, souvent falsifié avec de la farine de Wverole , etc., eit donné d'une
main avare ; de aorte que cei malheureux , privés de •ubitanoea nutritive! animales.
ne peuvent fournir à l'accroissement à ci mu tel ci et de» 01. De là l'oitéomalaxie et,
par suite, le rachitisme- Voila pourquoi , à l'Ige de dii-huil ant, ils ne sent pas aatei
développé! pour faire partie de l'armée, et qu'il faut lei visiter pendant quatre ou
cinq ani pour voir s'ils ont acquit un accroiiiemeut suffisant
a», Google
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE. 345
prêté la plus dégoûtante ; du défaut de vêtement» capables de les
abriter contre les intempéries et les vicissitudes atmosphériques;
du manque de toute éducation et de toute instruction ; de l'oubli
et de l'inobservance de tous les devoirs de leur part, maïs surtout
de la part de ceux qui devraient les leur faire remplir et observer.
Ajoutez à cela que, dans no» villes populeuses et manufactu-
rières, les habitations de la plupart des pauvres familles d'ouvriers
sont situées dans des rues étroites, où le soleil ne pénètre presque
jamais; où l'air ne circule pas librement; où souvent des eaux
croupissantes, chargées de produits végétaux et animaux en décom-
position, exhalent en été une odeur infecte et des émanations délé-
tères, et vous vous rendrez facilement compte de l'état scrofuleux,
racbitique et atrophique de nos enfants des fabriques, dont le sort
n'est guère meilleur et non moins à plaindre que celui des enfants
des fabriques en France et en Angleterre.
Il résulte de ce que nous venons de dire, que les causes du
malaise el de la souffrance des enfants des fabriques sont complexes.
Elles existent hors et dans leurs ateliers, et dépendent, en grande
partie, de l'état de gène dans laquelle l'industrie moderne s'est
placée avec ses tendances exagérées à la production, et la concur-
rence ruineuse qu'elle s'est créée à elle-même. Voyez l'Angleterre
el ses nombreuses populations Ouvrières se débattant sur le bord
d'un précipice qui menace à chaque instant de les engloutir. Certes,
l'humanité ne peut que gémir d'un pareil état de choses. Où est le
remède ? Il ne serait pas impossible de le dire, si son application ne
se présentait malheureusement eomme une utopie dont la réalisa-
tion doit être presque considérée comme une chimère, dans l'état
actuel de la société.
Améliorer l'état moral de la. classe ouvrière des fabriques; la
rattacher aux autres classes de la société par l'intelligence de ses
devoirs; lui inspirer cet esprit d'ordre et de prévoyance sur lequel
repose le bonheur intérieur des familles ; réveiller eq elle ce saint
amour des enfants qui l'empêcherait de sacrifier à des travaux trop
rudes et trop précoces des êtres trop jeunes et trop faibles pour
les' soutenir ; en un mot, faire que l'ouvrier soit un citoyen moral
et non une brute toujours prête à se révolter contre la société dont
il ne partage que les peines ; tels seraient les moyens propres a
faire cesser les abus dont on se plaint à si juste titre.
Mais comment y parvenir? Il est bien évident que ces résultats
ne sont pas de ceux qu'on obtient par une loi. Si le gouvernement
^ Google
540 RAPPORT DE LA COMMISSION
voulait intervenir d'une manière trop directe, il serait à craindre
que le peuple ne se mit à crier, comme à Rome : Panent et cir-
censés! et, le cas échéant, que lui répondrait-il? C'est à l'action
lente d'une éducation morale et religieuse qu'il faut demander des
bienfaits que l'intervention trop directe de la loi ne saurait amener.
Il faut que le chef de fabrique coopère à cet acte de régénération
sociale, en y apportant cet esprit de justice et d'humanité qui,
après tout , est sa meilleure sauvegarde. Il faut qu'il se rappelle
ces paroles qu'un professeur célèbre, M. Puccinotti, écrivait
naguère a l'un de vos commissaires (1) : « Afin que les entrepre-
neurs sachent conserver la santé et la force physique des classes
ouvrières, il faut que le principe de respect a la dignité fraternelle
trouve sa source dans leur propre cœur. Alors le travail est ordonné
en proportion de l'âge et des forces ; le salaire est relatif au travail.
L'homme qu'on emploie est un de nos semblables ; sa condition
doit en conséquence être respectée ; il ne faut point qu'on le dégrade
jusqu'à celle des brutes, qu'on l'estime presque au-dessous de la
valeur d'un rouage matériel, d'une machine, et qu'on vienne a le
confondre avec le boeuf ou le cheval qui, les yeux bandés, font
tourner les roues d'un moulin. Quand les ouvriers reconnaissent
dans leurs chefs ce principe de justice et d'humanité, et en ressen-
tent les effets par la manière dont ils en sont traités, oe respect de
la dignité fraternelle devient un principe commun de la classe
industrielle et tend à lui imprimer ce caractère civil qui l'harmonise
avec les autres classes de la société, et coopère à cimenter la fra-
ternité nationale. *
Quelles que soient les difficultés qui entourent la question, nous
croyons que dans notre Belgique si éminemment morale , la voix
de l'humanité sera comprise et ses droits respectés.
Nous pensons que le fabricant comprendra qu'il vaut mieux
pour lui d'avoir des ouvriers dont l'intelligence et l'esprit d'ordre
doubleront l'activité, que des manœuvres abrutis , ne connaissant
aucun frein, et dont il peut devenir la première victime aux jours
de perturbation politique. Mais , pour obtenir ces heureux résul-
tats, il faut qu'il consente à renfermer dans des bornes raison-
nables le travail journalier des enfants et des adolescents qu'il
emploie ; il faut qu'il leur laisse le temps nécessaire pour déve-
lopper leur état physique, intellectuel et moral ; il faut qu'il cesse
^y Google
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE. 347
de se rendre complice de la barbarie de set ouvriers qui forcent
leurs malheureux enfants & les suivre dans les ateliers, où tout est
cause de dégradation pour leur âge trop tendre; il faut, enfin ,
qu'il veille à ce que ses salles de travail soient constamment dans
les conditions hygiéniques que réclame le genre d'industrie auquel
on s'v livre.
Ces mesures, messieurs, l'intérêt de l'humanité les réclame. Ne
pas y faire daoil serait faire preuve d'une incurie coupable, et
nous pensons qu'il est du devoir du gouvernement de rendre
dorénavant impossibles les abus que nous avons signalés, A cet
effet, nous pensons qu'il faudrait :
1* Que les enfants ne fussent plus admis aux travaux des fabri-
ques, usines ou mines , avant l'Age de dix ans ;
2* Que les adolescents faibles, chétifs ou scrofuleux, en fussent
éloignés ;
3* Que , pour les uns comme pour les autres , le travail de nuit
fut supprimé ;
4* Que la durée du travail journalier n'excédât .pas huit a dix
heures ;
5" Que les enfants ne fussent reçus dans les fabriques que sur un
certificat constatant qu'ils savent lire et écrire;
6" Qu'il fut pourvu à ce que tes ateliers soient constamment dans
les conditions hygiéniques que réclame le genre de travaux qu'on
y exécute.
m. le passiDEHT. — La discussion générale est ouverte sur ce
rapport. La parole est à M. Sauveur.
m. baovbdb.. — Messieurs , le rapport qui est soumis à nos déli-
bérations, traite une des questions les plus importantes et les plus
difficiles que le gouvernement ait à résoudre dans l'état actuel de
l'industrie. Je regrette, à ce point de vue, que la Commission n'ait
pas recueilli tous les renseignements dont elle pouvait s'entourer
pour éclairer la Compagnie. Je me borne à exprimer ces regrets ;
mais , à côté de la question du travail des enfants , vient se placer
celle plus importante encore de la santé des classes ouvrières, et je
crois servir les intérêts de l'humanité et ceux de la science en
venant vous soumettre la proposition dont je vais avoir l'honneur
de vous donner lecture.
Les maladies qui affligent la classe ouvrière ont donné lieu à
un grand nombre de recherches consignées dans les écrits pério-
^y Google
348 RAPPORT DE LA COMMISSION
diques et dans des ouvrages spéciaux. Le but que les auteurs de
ces écrits se sont proposé a été de faire connaître l'influence fâ-
cheuse de certaines professions sur la santé de ceux qui les exer-
cent, les moyens physiques ou hygiéniques a employer pour amé-
liorer ces professions; et, enfin, le traitement spécial que réclament
les affections particulières qu'elles déterminent. Mais, comme l'a
fort bien dit M. Parent-Duchâtelet , la plupart de ces documents,
loin d'être le fruit d'une observation pratique et consciencieuse,
ont été composés dans le silence du cabinet par des hommes qui
n'ont fait qu'entrevoir les artisans et les manufactures, et qui,
généralisant quelques faits que le hasard leur a présentés, ont
singulièrement exagéré les inconvénients de quelques professions,
et attribue a d'autres , des influences qu'elles sont loin d'avoir.
La demande que le gouvernement a faite à l'Académie, en vue
d'améliorer la condition des jeunes ouvriers de nos fabriques,
m'engage a vous demander, messieurs, de compléter le travail
que vous allez remettre à H. le Ministre de l'intérieur, en vous
réunissant pour étudier d'une manière vraiment pratique , la
grande question de la santé des classes ouvrières, et pour ré-
pandre ainsi de nouvelles lumières, sur un des points les plus
importants de la médecine publique.
J'ai donc, messieurs, l'honneur de vous proposer la nomination
d'une commission de cinq membres, qui serait chargée d'examiner
et de coordonner les matériaux que chacun de nous prendrait
l'engagement de recueillir dans le lieu de sa résidence, pour la
rédaction du travail dont il s'agit. Les correspondants de la Com-
pagnie prendraient part a cette œuvre, qui réaliserait le vœu
formé depuis longtemps , par des médecins jaloux des progrès de
leur art et par plusieurs philanthropes éclairés.
Voici, sous forme de questions, les points principaux sur lesquels
nos recherches devraient porter :
1° Quelle est, en distinguant les sexes, l'influence que les diverses
professions exercent sur la santé et sur la durée de la vie des
ouvriers?
2" Quelles sont les maladies ou infirmités particulières à chaque
profession, et la nature du traitement qu'elles réclament?
5" Dans quelles proportions ces maladies ou infirmités s'obser-
vent-elles?
4" Pendant combien de temps les ouvriers peuvent-ils supporter
les fatigues ou les inconvénients attachés à tels ou tels travaux ?
D,g,ize.d0y Google
DE L'ACADÉMIE HOYALE DE MÉDECINE. 349
5* Depuis quel âge les enfants peuvent-ils exercer telle ou telle
profession, sans que l'on ait à craindre que les travaux auxquels
ils sont soumis, nuisent trop à leur développement physique?
6* Quelle est .la durée du travail journalier dans chaque pro-
fession?
7" Quel temps convient-il d'accorder journellement pour le
repos aux hommes faits et aux enfants employés dans les diffé-
rentes industries?
8' Quels sont les moyens hygiéniques à employer pour l'assai-
nissement des professions insalubres?
9* Quels sont les établissements ou , pour causes d'insalubrité,
les enfants ne devraient pas être admis?
10* Quelle est la moyenne du salaire des ouvriers de chaque
profession, d'après l'âge et le sexe?
1 1° Le salaire suffit-il , en général , pour que l'ouvrier ait une
existence convenable?
12° Quel est le régime alimentaire de l'ouvrier dans les villes et
dans les campagnes?
13° Les ouvriers ont-ils généralement des habitudes d'ordre et
d'économie?
14° Quelle est la principale cause de l'inconduite des ouvriers?
15° A quel âge se marient le plus ordinairement les ouvriers
employés dans les fabriques et les manufactures, etc., et, quel est,
terme moyen, le nombre d'enfants par mariage?
16° Quels sont les établissements qui, pour cause d'insalubrité ,
doivent être éloignés des centres de population?
H. vLKMincKï. — Je ne méconnais pas l'importance des ques-
tions que M. Sauveur vient de nous soumettre , mais je .suis d'avis
qu'elles ne doivent pas nous empêcher de délibérer sur le rapport
qui est à l'ordre du jour. Le gouvernement nous a demandé de
résoudre quelques points qu'il a eu soin d'indiquer lui-même ; et,
je trouve, pour ma part, que nous n'en finirions pas, si, a l'occasion
de la discussion à laquelle cette solution peut donner lieu, nous
allions nous livrer à l'examen de toutes les questions incidentes que
chaque membre voudrait soulever.
m. sauveur. — Mon intention n'est point de faire ajourner la
discussion des questions qui sont à l'ordre du jour, car je sais que
ma proposition ne peut pas être soumise aux délibérations de la
Compagnie, sans avoir fait l'objet d'un rapport, ou tout au moins
DiglizedOy GOOgle
350 RAPPORT DE LA COMMISSION
sans avoir été prise en considération, aux termes de l'article 69 du
règlement.
h. bubggbaeve. — Messieurs, l'importance des questions que
M. Sauveur soulève n'a pas échappé à l'attention de la Commission ;
el, si je ne me trompe, quelques-unes de ces questions sont résolues
dans le rapport que vous avet sous les yeux. Je pense, du reste,
que la proposition de notre collègue mérite, à tous égards, d'être
favorablement accueillie.
si. VLBurncxx. — Soit. Nommons une commission pour l'examiner,
et passons à la discussion des conclusions du rapport qui est a
l'ordre du jour.
L'Académie décide que la proposition de M. Sauveur sera sou-
mise à l'examen d'une commission à nommer par le bureau.
Cette commission à laquelle M. Sauveur est adjoint, se composera
de MM. Burggraeve, Frankinet, Guislain, Raikem et Van Coetsem.
■. le FaÉsiDBirr. — La délibération est ouverte sur les conclu-
sions du rapport de M. Burggraeve. La première est ainsi conçue :
■ Que les enfanls ne puissent plus être admis aux travaux des
fabriques, usines et mines, avant l'âge de dix ans. »
La parole est à M. Burggraeve.
h. iivrggraevb. — Je demande, en mon nom personnel, que la
limite d'âge soit portée à douze ans. Notre collègue, M. Boulvin,
que je regrette de ne pas voir ici , partage cette manière de voir,
et son opinion est fondée sur l'expérience qu'il a acquise dans l'une
de nos grandes provinces industrielles.
H. fbawçois. — J'ai également pratiqué pendant longtemps dans
la province de Hainaut, et la position que j'y occupais m'a permis de
recueillir sur la question que nous examinons, une foule de maté-
riaux que je m'empresserai de communiquer à l'Académie, si elle
en témoigne le désir. Les travaux des mines occupent , dans le
Hainaut, environ seise mille ouvriers, dont un tiers d'enfants et
beaucoup de femmes. Je sais , par expérience , que les enfants y
acquièrent facilement l'habitude du travail et qu'ils soutirent moins,
plus tard, des inconvénients attachés à leur profession. Je pense
donc que la limite , que la commission fixe à dix ans, devrait être
plutôt diminuée qu'étendue.
m. MLAVACHEKiE. — L'observation que M. François vient de
faire , au sujet des enfants employés dans les mines du Hainaut ,
^y Google
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE. 551
l'applique à ceux de la province de Liège. Il est certaines limites
d'âge que l'expérience commerciale doit respecter, au moins pour
les travaux des houillères. Si les enfants y sont admis à un Age
trop peu avancé, on abuse évidemment de leurs forces, on met
obstacle à leur développement, et si, au contraire, on les emploie
trop tard , on les empêche d'apprendre leur état.
J'ignore si celte observation peut s'appliquer aux enfants des
fabriques, mais je crois qu'on ne saurait fixer un même âge pour
l'admission de» enfants dans tous les genres de travaux. Si l'Aca-
démie adoptait l'amendement de H. Burggraeve, je demanderais
une exemption en faveur des enfants employés dans les houillères,
parce que je suis persuadé qu'ils peuvent y travailler sans incon-
vénient grave, dès l'âge de dix ans.
h. fallot. — Je désire connaître positivement l'avis de la Com-
mission sur ce point , car la chose est trop importante pour qu'on
n'; réfléchisse pas mûrement avant de prendre une résolution défi-
nitive. Deux de nos collègues, également compétents, semblent
différer d'opinion à cet égard. M. Burggraeve, qui doit avoir
étudié la question relativement aux enfants employés dans les manu-
factures de la ville de Gand, demande que la limfte d'âge soit fixée
& douze ans, tandis que MM. François et Delavacherie soutiennent
qu'à l'âge de dix ans, ils sont généralement aptes aux travaux des
mines . Y a-t-il lieu à fixer un âge différent, suivant l'espèce de tra-
vaux? La Commission doit avoir étudié toutes ces questions ; qu'elle
veuille donc nous éclairer.
■t. BUKooBABVB. — L'avis de la commission est exprimé dans le
rapport que j'ai présenté en son nom. Elle demande que la limite
d'âge soil fixée à dix ans, pour toute espèce de travaux. Quant &
moi, je persiste à croire que, pour les usines comme pour les
manufactures , cette limite doit être fixée à douze ans. Je vous l'ai
déjà dit, messieurs, M. Boulvin partage celte manière de voir qui,
je le reconnais, n'est point celle de MM. François et Delavache-
rie , au moins pour les enfants admis à travailler dans les houil-
lères.
at. le PBEsimurr. — Je vais consulter l'Académie sur l'amen-
dement de M. Burggraeve.
Il n'est pas admis.
La proposition de la Commission est ensuite mise aux voix et
adoptée.
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552 RAPPORT DE LA COMMISSION
h. le, raÉsiDsro. — Nous passons à la seconde conclusion;
elle est ainsi conçue : « Que les adolescents faibles , chétifs ou
scrofuleux, en soient éloignés. ■
H. delavachbbib. — Cette prescription serait inexécutable.
h. daumeme. — Un médecin pourrait être constitué juge des
cas de celte nature.
h. vlehirckx. — Pourquoi, messieurs, nous arrêter à cette
difficulté et à toutes celles que l'exécution de la mesure proposée
par la Commission pourrait rencontrer ? Le précepte est-il ou
n'est-il pas conforme aux règles de notre art, aux lois humani-
taires? Celte question est la seule que nous ayons à examiner. Si
nous la décidons par l'affirmative , le gouvernement aura à faire
exécuter notre décision, s'il le juge convenable, dùt-il avoir recours
pour cela a des mesures législatives. Quant à moi, je donnerai
mon assentiment à la mesure dont il s'agit. Je demande cependant
que le root maladif soit substitué au mot scrofuleux, afin de
rendre la prescription moins sujette à être éludée.
m. delavacherie. — - Croye^-^n mou expérience, messieurs;
cette prescription, lors même qu'on viendrait a l'insérer dans une
loi, ne sera jamais exécutée. Je ne m'oppose pas , du reste , à ce
que la Compagnie l'adopte ; mais je demande que le mot scro-
fuleux soit remplacé par celui de rachitique, qui a un sens bien
défini et sur la valeur duquel on ne peut se tromper.
m. sïab. — Je ne puis accepter les dispositions proposées par
la Commission. Ne voyez-vous pas, en effet, messieurs, que ces
enfants que vous empêcherez de travailler, auront le droit de venir
Tous dire : Si vous ne nous laissez pas travailler, nourrissez- nous,
car vous n'avez pas le droit de nous faire mourir de faim ?
m. BURdCHAEVR. — L'observation de M. Stas est parfaitement
juste; aussi la Commission ne s'est-elle pas fait illusion sur la por-
tée de celle partie des conclusions de son rapport. Elle l'a for-
mulée en acquit de ses devoirs, et parce que l'humanilé lut en fait
une loi ; mais, suivant moi, la mesure dont il s'agit est irréalisable.
h. tan coetsem. — L'affection scrofuleuse est malheureuse-
ment Ires-commune dans la ville de Gand; or, si les enfants
atteints de cette disposition pathologique sont admis trop facile-
ment dans les manufactures, il s'ensuivra que la phlbisîe en fera
périr un grand nombre. Les enfants scrofuleux qui vivent dans des
établissements où ils ne respirent pas un air pur, ne se développent
ly Google
DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE. 353
qu'imparfaitement et l'on, tait que le* grand» centres industriel»
procurent, relativement, beaucoup moins d'homme» aptes au ser-
vice militaire, que lea localités où les fabriques sont moins nom-
breuses.
m. le niaittant. — Si aucun' membre ne demande plus la
parole, je proposerai d'abord la suppression du mot tcrofuùux.
Cette suppression est adoptée.
• m. lk presiimht. — M. VIeminckx demande que le mot dont
la suppression vient d'être décidée soit remplacé par le mot
maladif, et M. Delavacherie propose d'y substituer le mot racki-
tique,
le vais mettre aux voix la proposition de H. VIeminckx.
Elle est adoptée.
m. ls pbbsidbht. — Xe troisième paragraphe des conclusion»
du rapport de la Commission porte : ■ Que, pour .les uns nomme
pour les autres,' le travail de nuit soit supprimé. »
Ce paragraphe est également admis ■sans discussion.
k. lb président. — Nous passons & l'examen du quatrième .
paragraphe ; il est ainsi conçu ; « Que la durée' du travail journa-
. lier n'excède pas huit & dix heures. »
■■, fàllot. — J'aurais désiré une disposition plus précise sur
la durée du travail. Là Commission a-t-elle eu des motifs particu-
liers.pour ne pas adopter une limite de temps fixe ?
m. burgorabye. — La 'Commission a rencontré de grandes diffi-
cultés quand elle a voulu résoudre cette question, toutes les
industries n'exigeant, pas un travail journalier d'une égale durée.
Elle s'est arrêtée a proposer une moyenne qui lui parait pouvoir:
être adoptée sans inconvénient,
m, praxçois. — ■ Dans les fabriques, le travail journalier s'ac-
coniplit en deux fois, tandis que. dans les minés il ne subit pas
d'interruption; c'est à peine . si les ouvriers de ces derniers établis-
sements trouvent le temps nécessaire pour prendre quelque nour-
riture.
m. pallot. — Je demande que le temps que les enfants. auront
à consacrer journellement au travail , soit réduit a huit heures.
Cette proposition est conformé aux lois de l'hygiène,
m. TXRBKECK. — Je préférerai» voir- le travail des fabriques
s'aeéoroplir en huit heures consécutive», car l'interruption qui a lieu
-,:!,,, ,yC00^le
35* RAPPORT DE LA COMM. DE L'ACAD. ROYALE DE MÉDECINE,
dan* ces établissement* à l'heure de raidi, est trop courte pour une
foule d'ouvriers dont la demeure est éloignée des ateliers , et qui ,
par conséquent, ont à peine le temps de prendre leur repas. Un
repas, pris ainsi à la hâte et suivi tout aussitôt d'un retour au tra-
vail, ne peut être considéré comme salutaire.
h. le PRBSi&nrr. — Je vais mettre aux voix le terme du temps
demandé par SI. Fallot.
Il est adopté.
h. vlemihckx. — Je propose d'ajouter à ce même paragraphe
la disposition suivante : ■ Et qu'un jour par semaine soit consacré
au repos. ■
m. FBAirçois. — J'adopte cette disposition , mais je demande
que le jour consacré au repos hebdomadaire soit fixé au dimanche,
ce qui est tout à fait dans nos mœurs et dans nos habitudes.
m. vlemixcxx. — L'Académie résout des questions d'hygiène ;
à ce point de vue, il lui importe peu que le jour à consacrer au
repos soit ou non fixé au dimanche. Je m'oppose , par ce motif, a
l'adoption de la proposition de M. François.
m. ibakçois. — Je la retire.
La disposition additionnelle de H. Vleminckx est mise aux voix
et adoptée.
h. lb président. — La cinquième conclusion du rapport est
ainsi conçue : <• Que les enfants ne soient reçus dans le* fabriques
que sur un certificat constatant qu'ils savent lire et écrire. »
Celte conclusion est adoptée sans discussion.
h. le pbesibeict. — Enfin, la sixième conclusion porte : ■ Qu'il
soit pourvu a ce que les ateliers soient constamment dans le* con-
ditions hygiéniques que réclame le genre de travaux qu'on y
exécute. *
Cette conclusion est également adoptée sans discussion.
u. le presides'i . — Les décisions que l'Académie vient de
prendre, ainsi que le rapport de la Commission seront transmis à
M. le Ministre de l'intérieur.
^y Google
8. - GouissÎM médicale h Branri.
1" question. — Indiquer d'une minière générale la constitu-
tion physique et l'état sanitaire de la population ouvrière. de la
province. Existe-t-il, à cet égard, des différences entre les ouvriers
occupés aux travaux agricoles et ceux que l'on emploie dans l'in-
dustrie , et parmi ces derniers, entre ceux qui travaillent séden-
tairement dans la petite industrie ou dans les grands établissements
industriels?
a£ponsE. — La constitution physique de la classe ouvrière de la
province de Brabant présente des variétés si nombreuses, qu'il est
bien difficile, impossible même, faute de données statistiques, d'as-
signer à chacune d'elles le nombre approximatif d'individus qui s'y
rattachent. Cependant on peut rapporter au tempérament lympha-
tique et à ses divisions, la plus grande partie des personnes des deux
sexes qui se livrent aux travaux journaliers, et qui constituent la
classe ouvrière proprement dite.
Leur constitution marchant presque toujours en harmonie avec
leur tempérament, subit les influences qui en dérivent; et sans
revêtir les formes disgracieuses et avoir les inconvénients attachés
aux vices de conformation, on ne les voit pas non plus offrir les
formes robustes et athlétiques de nos aïeux. Personne n'ignore
combien est rare l'occasion de voir ce qu'on est convenu d'appeler
un bel homme , et encore, si on en rencontre de temps a autre,
ne peut-on pas toujours les ranger dans la classe ouvrière, qui,
seuleici, mérite de fixer toute notre attention. La constitution la plus
généralement répandue est donc la constitution moyenne ; c'est-
à-dire qu'à un squelette dehauteur ordinaire, se joignent un embon-
point médiocre, un teint légèrement coloré , un appareil muscu-
laire assez développé, des facultés intellectuelles assez, restreintes,
l'exercice des fonctions régulier.
Sans doute , il serait consolant pour l'humanité , que les classes
ouvrières eussent pour attribut les conditions physiques ci-dessus
énumérées; mais, a côté de ce tableau; s'en présente un autre bien
plus triste , qui , sans renfermer dans ses cadres un aussi grand
^y Google
nombre d'individu» , en contient assez pour exciter la commiséra-
tion et engager les gouvernements à chercher les moyens de
remédier à leur infortuné sort, ou à empêcher que des- infirmité*
fréquentes ne viennent les assaillir.
De tout temps, dans tous les lieux, les anciens comme les
modernes, les gens du monde comme les personnes de l'art , firent
la remarque de l'immense différence qui existe entre les habitants
des villes et les habitants des campagnes. Cette différence devient
plus saillante encore quand on examine la classe ouvrière pressée
dans les enceintes des villes, celle, qui se livre a de rudes travaux,
renfermée dans des ateliers bas, humides, et la classe ouvrière de
nos campagnes qui se livre aux travaux que réclame l'agriculture.
• O forlvnutoi ntnit'&m tua «V bona tiorint
• Agrieolat .'.......... •
Les travaux agricoles ne sont pas- sans influence sur la santé de
la classe ouvrière : c'est la un axiome, un fait reconnu par tout le
monde. Loin- de donner naissance à une foule d'affections souvent
incurables, presque toujours mortelles, les exercices- musculaires
qu'ils exigent sent plus propres & rendre les hommes qui s'y livrent
robustes, forts ; ils impriment a tous les phénomènes vitaux de la
régularité et de l'énergie.
Le peu de connaissances hygiéniques qu'ont les ouvriers de la
campagne, font qu'ils n'évitent pas les causes ordinaires des mala-
dies, et que souvent ils sont atteints d'affections très-graves. * Le
peu de soin que les laboureurs ont de leurs demeures contribue
encore beaucoup k détruire leur santé, » disait Ramazxini.
Si les travaux agricoles, renfermés dans de justes limites , sont
plus propres k entretenir la santé florissante qu'à. produire des
maladies, il n'en est pas de même de ceux qu'exige l'industrie
dans les villes. Loin de nous l'idée que tout travail est nuisible , ce
n'est point là notre pensée: le travail fait le bonheur et la richesse
des nations. Mais si nous avons vu les- campagnards jouissant d'une
bonne constitution, physique , nous ne pouvons en dire autant de
là classe ouvrière de nos villes. Autant ta sobriété est grande, la
vie régulière , à* ta campagne, autant est profonde la déprava-
tion, la débauche dans les villes. Ici la misère est bien plus hideuse,
et toujours cependant une amélioration sociale est, pour les;
hommes, la source d'une santé plus vigoureuse et d'une vie com-
munément plus longue.
- i.iyCoogle
DE LA COMMISSION MÉDICALE DU BRADANT. 837
■ Il est démontré, d'après l'unanimité des renseignements qu'on a .
recueillis, dît H. Villermé , que la santé des pauvres est toujours
précaire, leur taille moins développée , et leur mortalité excessive
en comparaison du développement du corps, de la santé, et de la
mortalité des gens mieux traités; ou, en d'autres termes, que l'ai-
sance, les richesses , c'est-à-dire les circonstances dans lesquelles
elles placent ceux qui en jouissent, sont véritablement les premières
de toutes les conditions hygiéniques.
Telles sont aussi les conclusions que H. Quelelet a déduites de
•es recherche» sur la taille de l'homme en Belgique. Leur stature
devient d'autant plus haute, dit-il, leur croissance s'achève d'autant
plus vite que, toutes choses étant égales d'ailleurs , le pays est plus
riche, l'aisance plus générale; que [es logements, les vêtements et
surtout la nourriture sont meilleurs, et que les peines, les fatigues,
les privations1 éprouvées dans l'enfance, la jeunesse, sont moins
grandes ; en d'autres termes , la misère, c'est-à-dire les circon-
stances qui raccompagnent, produit les petites tailles, et retarde
le développement du corps;
Ainsi , tandis que les ouvriers campagnards qui se livrent aux ■
travaux agricoles, pèchent plutôt par un excès de frugalité et par
l'usage d'un régime quelquefois peu réparateur , les ouvriers des
villes se livrent à tous les excès d'une vie déréglée , à l'abus des
boissons alcooliques, aux écarts du régime, a la débauche, source
si féconde de maux de tous genres, tels que la misère, l'abrutisse-
ment, les infirmités, les crimes même! Dirons-nous quelle est
l'influence d'une telle manière de vivre sur l'état sanitaire des
classes ouvrières?
Voilé, sans doute, des considérations qui ne doivent point' être
perdues de vue dans les recherches sur les causes d'une si grande
différence entre la constitution physique des ouvriers citadins et
des ouvriers campagnards. Celte différence est énorme, et cepen-
dant l'expérience a démontré qu'il n'y avait pas d'exagération.
Malheureusement, nous n'avons en Belgique ni en France, -personne
qui se soit occupé de recueillir ni de rédiger les observations .qui
pourraient mettre hors de doute ce que les officiers militaires,
chargés du recrutement de l'armée ont constaté depuis longtemps.
H . Villermé, en France, a cependant fait des recherches à cet égard,
en se bornant à la ville d'Amiens. Il en résulté que les hommes
Agés de vingt à vingt et un ans ont été trouvés d'autant plus sou-
vent impropres au métier des armes par leur taille, leur constitu-
-,:!,,, ,yC00^le
338 RÉPONSES
tion et leur santé , qu'ils appartenaient à la classe pauvre, et l'on
pourrait dire à la classe ouvrière de la fabrique. Contre mille hommes
que nous supposons aptes au service militaire, quatre-vingt-treize
ne l'étaient pas dans les classes aisées, et jusqu'à deux cent quarante-
trois dans les classes pauvres (1).
Un médecin anglais, M. lire, qui s'appuie sur le témoignage de
plusieurs médecins, dit que ses recherches l'ont conduit à regarder
la population rurale de l'Angleterre comme moins saine que la
population manufacturière, et si ce n'est l'abus que celle-ci fait du
lard rance, du tabac, du genièvre, les individus seraient plut
charnus, plue corpulent», d'une poitrine plus arrondie, et vivraient
aussi longtemps que qui que ce soit.
Il est difficile de se rendre compte des assertions émises par
M. Ure, quand, dans le même pays, d'autres médecins gémissent
sur la détresse et les souffrances des classes manufacturières. Les
données statistiques, seules, pourraient éclatrotr la question, et c'est
ce qu'a fait II. Villermé. Nous citons ses parota :
» N'ayant jamais été en Angleterre , je n'ai point vu les faits
du débat qui s'agite entre ces messieurs et les personnes qui
adoptent leurs opinions, débat dans lequel on s'accuse mutuelle-
ment de fausseté. Selon les Uns, les propriétaires des manufac-
tures sont des monstres; ils Spéculent sur les sueurs et la vit de
leurs ouvriers; ils tes soumettent au plus honteux esclavage. Selcn
d'autres, les ouvriers des manufactures sont au contraire très-
heure ux ; ils ont presque toujours en partage l'aisance avec une
bonne santé et une longue vie. Il y a certainement là des deux
côtés, au moins de la prévention. Aussi, dans cet état de choses,
j'aime mieux rechercher la vérilé à une autre source. Celte source
est le dernier ouvrage officiel sur la population de la Grande-
Bretagne, imprimé par ordre de la Chambre des communes
en 1833, et dont les chiffres, beaucoup plus authentiques et con-
séquemment plus vraisemblables que les assertions de qui que ce
soit, ont d'autant plus de valeur ici, qu'ils n'ont pas été recueillis
pour la question qui nous occupe.
« Ainsi, si l'on divise tous les comtés ou districts de l'Angleterre
en trois classes, suivant qu'ils sont plus spécialement agricoles, à
la fois agricoles et manufacturiers, ou plus particulièrement manu-
facturiers , et si, à l'aide de l'ouvrage dont il s'agit, on examine
(I) Annalti d'hygiène publique ttdt midaciHa IrgaU, l. XXI, p. 397.
^y Google
DE LA COMMISSION MÉDICALE DU BRABANT. 359
ensuite la mortalité dam chacun d'eux , on arrive a des résultats
qui ne sont rien moins que favorables aux manufactures. Ainsi, il
en ressort, qu'en Angleterre , dans l'état actuel des choses, c'est
dans les districts où l'industrie des tissus a pris une immense exten-
sion, surtout dans les villes qui lui servent de grands centres, que
la mort exerce les plus grands ravages, que les populations s'étei-
gnent et se remplacent le plus vite; tandis que, d'une autre part
et comme par contre-épreuve, c'est dans les districts agricoles où
il j a très-peu de manufactures, que la vie est la plus longue.
■ Les tables de mortalité, dressées séparément pour chacun des
quarante-trois comtés ou districts entiers et pour les douze princi-
pales villes, en fournissent la démonstration (1). »
Enfin, H. Viltermé termine en disant : A l'aide de l'ouvrage
officiel qui m'a fourni tous les chiffres, et à l'aide d'autres publica-
tions qui permettent de classer entre eux les divers comtés de
l'Angleterre , d'après la prédominance des industries manufactu-
rières et agricoles, j'ai trouvé que sur dix mille décès totaux il y a
eu pendant les dix- huit mêmes années , savoir :
h 11 suasses a 10 us : 3,505, dus l'ensemble de» disliitls agricoles ;
— — 3,828 — — agricoles et mianfactnriers;
— — 4,355 — — nuaCïcliuitn.
De 10 a 11 m : 1,038 dus les premiers districts;
— 1,048 — seconds —
— 1,104 — treisims —
De sorte que, sur dix raille, enfants qui naissent, il en parvien-
drait à l'âge de quarante ans, si les renseignements sont exacts :
4,457 dus les dtstrids agricoles;
4,114 — M partie agricoles et nuufaetariers;
3,541 — uisladiiriers.
Ces chiffres portent assez haut; il serait à désirer que les mêmes
calculs fussent établis pour d'autres pays.
II nous reste maintenant à chercher, pour terminer la réponse &
la première question , s'il existe une différence, parmi les ouvriers
des villes, entre ceux qui travaillent séde niai renient dans la petite
industrie, et ceux qui travaillent dans les grands établissements
industriels. Cette question a déjà fait l'objet des méditations et des
(I) yoj.An**l*drhtgià*t, p. 414*410.
^y Google
recherches savantes d'un grand nombre de personnes animées de
sentiments généreux envers la classe ouvrière.
Les grands établissements industriels sont dirigés, la plupart du
temps, par des hommes instruits et de cœur , qui, loin de regarder
leurs ouvriers comme des esclaves ou des machines, ont pour eux,
si ce n'est des égards, au moins de la bonté. Aussi les voit-on faire
des sacrifices d'argent pour doter leurs établissements des béné-
fices d'une saine hygiène . et détruire , par les dispositions qu'ils
donnent à leurs ateliers, les mauvais effets que la confusion, l'en-
combrement, le défaut d'aérage, l'humidité, amènent avec eux.
Ici, les ouvriers ne sont nj harassés d'ouvrage, ni plongés au milieu
d'une atmosphère corrompue; aussi sont-ils moins souvent malades,
prennent-ils moins souvent les germes de cruelles maladies, qui
les conduisent au tombeau.
Bans la plupart des petits établissements industriels,, au con-
traire, où le maître, privé d'éducation, n'est dominé que par l'ap-
pât du lucre, dont l'Ame est souvent inaccessible aux sentiments
généreux, les ouvriers sont bien plus souvent atteints de maladies
funestes pour eux et leurs descendants, parce qu'ils sont plus mal-
traités, que leur salaire est moins élevé, et qu'ils ne jouissent pas
des mêmes conditions hygiéniques que les ouvriers employés dans
les établissements précédents.
Si nous nous trouvons en desaccord avec la Commission de
l'Académie royale de médecine dé Belgique , qui croit qu'il est
rare que les ouvriers, surtout les enfants, soient maltraités par
ceux qui les emploient ,' c'est, croyons-nous , qu'elle a porté prin-
cipalement ses recherches sur les ouvriers employés dans les grands
établissements industriels, et ceux d'une moyenne importance , en
ne «'occupant que peu de ces petits établissements , où six et huit
individus se trouvent réunis.
Mais, peut-on dire, les petits établissements sont loin de pré-
senter tous des conditions hygiéniques aussi pernicieuses. Pour
répondre à cette objection , le tout est de se comprendre et de
savoir ce que nous entendons par petit établissement industriel.
Un cordonnier, un tailleur, qui emploie six ou huit individus, est
un industriel, comme un maître de forge qui a à son service trente
ou quarante ouvriers. Si nous recherchons dans quelle proportion
ces genres d'établissements sont les uns envers les autres , on ne
tarde pas à voir que les premiers sont bien, plus nombreux. Or
c'e«t précisément de ceux-là que nous avons' voulu parler, sans
^igilizedby GOOgle
DE LA COMMISSION MÉDICALE DU BRADANT. . 301
toutefois en excepter tous le» autre», car il en est de ceux-ci qui
ne doivent en ' être distingués ni sous le rapport des conditions
hygiéniques dont ils jouissent , ni sous le rapport- de la manière
dont ils sonttenus et dirigés.
Ainsi, point de doute qu'il existe une très-grande différence
entre l'état sanitaire et la constitution physique des ouvriers
employés dans les grands établissements industriels, et ceux
employés dans la petite industrie. Les positions sociales et hygîé-.
niques des uns et des autres étant les mêmes , une fois sortis des
ateliers, elles changent complètement aussitôt qu'ils reprennent
leurs travaux : tous étant nourris, logés dé la même manière, mais
tous n'étant pas soumis aux mêmes influences pendant douze et
quatorze heures, c'est-à-dire, pendant le temps du travail.
Un autre inconvénient, qui se retrouvait autrefois dan* presque
tous les petits établissements industriels, et qui a en partie disparu
aujourd'hui, c'est la confusion des sexes; confusion qu'on ne retrouve
guère aussi souvent dans les établissements d'une grande impor-
tance.
Les lois réglementaires et de bonne administration se rapprochent
parfois de si près des règles de l'hygiène , qu'il devient souvent
difficile de les en séparer ; elles se confondent en se prêtant un
mutuel appui. Ainsi , depuis longtemps , il avait été reconnu que
cette confusion des sexes, pendant le travail de jour et surtout pen-
dant* le travail de nuit, amenait arec elle de nombreux -désordres»
et que les ateliers étaient des écoles où la jeunesse puisait des prin-
cipe» subversifs de la morale et de la religion. Nous, médecins, nous
devons dire aussi que cette confusion était une source féconde de
maux corporels, et violait toutes les lois de l'hygiène.
Voila donc encore, selon nous, une circonstance qui doit exercer
une grande influence sur lès ouvriers employés dans la petite
industrie, et ceux employés dans lea grandB établissements indus-
triels.
Enfin , pour exprimer notre opinion en .peu de mots , nous
croyons sincèrement que la constitution physique et l'état sanitaire
de la population ouvrière de la province de Brabant, sans présen-
ter des conditions si désavantageuses j qu'on doive concevoir des
craintes sérieuses sur son sort', sont susceptibles de grandes amé-
liorations.; qu'il existe Une différence énorme entre les ouvriers
occupé* aux travaux agricoles, et ceux que l'on emploie dans l'in-
dustrie ; que, parmi ces derniers, ceux occupés sédentairement
DiglizedOy GOOgle
563 . RÉPONSES
dans les petits établissements industriels sont soumis à des influences
hygiéniques nuisibles qu'on ne retrouve plus dans les grands éta-
blissements ; que le nombre des malades est plus considérable, et
que les ouvriers y sont plus souvent atteints d'affections qui sapent
la santé jusque dans se» fondements.
2* Q.ini3TioM. — Quelles sont les maladies, les infirmités et les
difformités que les ouvriers de tout âge et de chaque sexe con-
tractent dans l'exercice de certaines professions?
kbvorsb. — Si la statistique, appliquée à l'hygiène et à la méde-
cine, ne mérite pas toujours une confiance illimitée, on doit
cependant avouer qu'elle est destinée à faire sortir des ténèbres et
de l'indécision, plusieurs questions irrésolues. Non-seulement cer-
taines questions d'hygiène générale d'un haut intérêt recevraient
une solution, mais la prophylactique, la thérapeutique elles-mêmes
en éprouveraient d'heureuses mutations.
Le besoin de travaux statistiques se fait vivement ressentir pour
donner une solution quelque peu complète à la question que nous
cherchons à résoudre. Si nous avons plusieurs travaux précieux de
médecins qui ont recherché quelle était l'influence de quelques
professions sur le développement de certaines maladies, nous
sommes privés de lumière pour nous conduire a travers cette foule
d'autres professions ,' qui ont été regardées tour à tour comme
donnant naissance, ou servant au développement de maladies ou
infirmités. A défaut de chiffres , on peut raisonner , émettre ses
opinions, mais on ne peut se baser sur aucune preuve. L'exagéra-
tion qui a présidé aux recherches des uns, émousse la confiance ,
affaiblit les vérités qui peuvent avoir été dévoilées : l'imperfection
de celles-là rend méfiant; les divergences d'opinion entre des
hommes éclairés font naître l'indécision , et laissent les questions
dans leur état primitif, c'est-à-dire , dans l'incertitude et l'igno-
rance.
Ainsi, pour nous, qui devons nous baser sur des opinions
émises, qui ne sont établies sur aucun chiffre authentique, et noua
en rapporter à ce que notre faible expérience nous a appris, nous
croyons devoir nous borner à énumérer les maladies principales ,
les infirmités, les difformités, que les ouvriers, de tout âge et de
chaque sexe contractent dans l'exercice de certaines profession».
Disons, avant de commencer, que si certaines professions portent
atteinte à la santé des ouvriers, en faisant naître des maladies, il
*by Google
DE LA COMMISSION MEDICALE DU BRADANT. 363
en est, parmi ces profession», quelques-unes qui les en fjaran-
t usent, soit en modifiant la constitution de l'ouvrier, ou en faisant
naître un antagonisme heureux. Ainsi, l'influence des professions
doit être considérée sous deux rapports : * ou relativement aux
maladies qu'elles font naître , ou relativement aux maladies dont
elles préservent (1). »
Nous suivrons les divisions établies par H. Pâtissier dans son
Traité des maladies des artisans, afin d'éviter les répétitions et de
faciliter l'intelligence de nos recherches.
Maladies coûtée* par lu» vapeur» ou molécule» minérale».
La province de Brabant ne contenant pas de mines, nous n'avons
pas à nous occuper des maladies des mineurs.
Les doreurs sur métaux sont assez nombreux : Bruxelles en
renferme un grand nombre. Quoiqu'on n'ait pas remarqué qu'ils
soient plus souvent malades que d'autres artisans, on ne peut dis-
convenir qu'ils sont exposés aux émanations acides mercurielles
qui développent différentes maladies.
Nous avons bile de faire remarquer que toutes les professions
ont tour à tour été regardées comme insalubres , en déterminant
certains genres de maladies , ou comme agissant d'une manière
funeste sur la durée de la vie. Il y a la vraisemblablement de
l'exagération. L'expérience a bien souvent démontré, par exemple,
que le terme de la vie était fréquemment dépassé par les ouvriers
employés dans telle industrie, alors que, selon les uns, il devait
être rarement atteint , et jamais selon les autres. Nous avons fait
cette remarque tout en commençant , parce qu'elle est applicable
à d'autres professions qu'on a accusées d'èlre très-nuisibles à la
santé des ouvriers.
Pour en revenir a notre sujet, nous dirons que les doreurs sur
métaux sont exposés à contracter le tremblement mercuriel ,
l'hydrargyrose , des ulcères , la paralysie , l'asthme , les Vertiges ,
la phtbisie pulmonaire.
La plupart des auteurs qui ont traité des maladies des artisans,
ont insisté particulièrement sur ta cachexie mercurielle , te trem-
blement convulsif des membres ; il n'en est aucun qui ait signalé
l'influence nuisible du mercure , comme faisant naître la phtbisie
pulmonaire. Selon M. Lombard, de Genève , cette cruelle maladie
afflige d'une manière particulière les doreurs sur métaux, puis-
(l) M. Piiinitr.
qu'elle en fait périr constamment plus d'un dix-huitième chez le*
hommes , et plus d'un dix-septième chez les femme*. Une pareille
mortalité , dit-il , l'emporte de beaucoup sur celle due a l'action
des poussières, et méritait d'être remarquée. Ici le danger est réel.
Les chapeliers., exposés également aux vapeurs mercurielles ,
paraissent devoir à celle cause, bien plus qu'aux débris végétaux
qu'ils respirent, le grand nombre de phlhisies qu'ils présentent.
D'après H. Benoiston de Châleauheuf , la proportion est de 4,78
sur 100 , tandis qu'elle n'est pas d'un chez les chapelières, 0,55.
Quelques-unes des maladies ci- dessus nommées s'observent
rarement dans nos hôpitaux et dans la clientèle particulière. Aussi,
sommes-nous portés à croire qu'on a généralement exagéré la
fréquence de tels accidents, et que les ateliers de nos doreurs ne
peuvent- pas être considérés comme des tombeaux (1) où vent s'en-
sevelir les ouvriers doreurs. Loin de nous cependant de prétendre
a l'innocuité d'une exposition à de semblables émanations. Mais
la construction des ateliers , et les soins que peuvent prendre les
ouvriers, prouvent que les maladies ci-dessus énoncées sont beau-
coup moins fréquentes , et qu'on peut même les annihiler.
Il est d'autres états où les ouvriers sont exposés a contracter tes
mêmes maladies que les doreurs sur métaux, et qui dépendent aussi
des émanations du mercure : tels sont les étameurs de glace (ï) ,
les argenteurs , les chapeliers employés au sécrétage des poils, les
ouvriers qui travaillent les cendres des orfèvres.
Maladies causées par les émanations de plomb.
Le plomb est un métal qui entre dans la composition d'une
foule de substances employées dans les arts et l'industrie. Depuis
très-longtemps, on avait remarqué les effets nuisibles, dus à
ses émanations. Il n'est peut-être pas de métal qui ait été plus
étudié, sous le rapport de son influence sur la santé de l'homme.
Autrefois les accidents produits par les émanations du plomb
étaient si fréquents., et étaient tellement connus, qu'il n'y avait
guère que tes condamnés qui étaient employés à l'extraire ; et, sans
remonter bien avant dans tes temps qui nous ont précédés ,- noua
voyons que ce sont ou des malfaiteurs sortis des bagnes, ou des
(1) ». PïUnier.
(2) Selon M- Cad et-Suti court, Ut ne pourraient TÏ»re plui de dix «ni, t'ili n'iatrr-.
rompaient pi aucun foi) leur métier.
■.DgtizedOyGÔOglë
DE LA COMMISSION MEDICALE DU BRABANT. 385
malheureux que la misère poursuit, qui se livrent aux différentes
préparations satu rnines que réclament et le commerce et l'in-
dustrie.
Sans avoir fréquemment observé des accidents causés par le
plomb , nous en avons vu assez pour nous convaincre de ses effets
pernicieux, et de l'urgence qu'il y avait de surveiller les établisse-
ments où il subit toute sorte de préparations, afin d'y faire observer
les lois de l'hygiène et de la circonspection. C'est, sans aucun doute,
a ces deux causes, et à des améliorations introduites dans le mode
de préparation , ainsi qu'à la connaissance plus étendue qu'ont les
personnes des dangers qu'il y a de braver ses émanations, que nous
devons attribuer la rareté des accidents observés aujourd'hui.
Le plomb porte principalement son action sur les intestins , et
de là sur la moelle épinière. L'enléralgie saturnine est la maladie
la plus fréquente qu'on observe à la suite de l'absorption des molé-
cules de plomb. Viennent ensuite les paralysies générales ou par-
tielles, l'affaissement des facultés intellectuelles, le tremblement
des membres, un élat cachectique. Ces accidents s'observent d'au-
tant plus vite qu'ils sont dus à l'introduction .du plomb, par voie
humide d'absorption, et que les molécules absorbées sont plus
ténues (1).
•. Les ouvriers qui sont exposés à contracter les maladies que
nous venons d'énumérer sont ceux qui fabriquent la ce ruse , le
minium, /qui retirent le plomb de la mine. Les plombiers sont
moins souvent frappés; il en est de même des fondeurs de carac-
tères d'imprimerie. Parmi ces derniers, ceux qui sont employés
dans les imprimeries à ranger les cases, et qui ont pour habitude
de mettre. les caractères à la bouche, sont assez souvent atteints.
Les peintres en tableaux ne sont pas exempts de cette dou-
loureuse maladie. C'est aux émanations saturnines qu'ils doivent,
selon Ramazzini,. la cachexie, la noirceur des dents, la p&leur
de leur visage. ■ Souvent , dit-il , en prêtant aux portraits des
autres plus de beauté et de couleur' que ia nature ne leur en
donne , ils manquent eux-mêmes de coloris et d'embonpoint. ■ La
mélancolie est également produite par tes qualités pernicieuses
des couleurs que les peintres emploient. Le même auteur cite
l'exemple de l'immortel Cortège, qui avait l'esprit si aliéné, qu'il ne
connaissait ni son mérite ni ses ouvrages, et qu'il reporta plusieurs
(I) Selon H. Sun-Clair, H petit 1 lur 3 inditidui qui ftbriquentln céruie.
Digrlizedby GOOgle
366 RÉPONSES
fois aux acquéreur* le prix de ses tableaux, comme s'ils se fussent
trompés en lui donnant de l'or pour ses peintures admirables, qui
actuellement ne peuvent plus être assez payées.
Après les peintres en tableaux , nous devons ranger les peintres
en bâtiments, qui sont peut-être, parmi les artisans exposés
aux émanations saturnines , le plus souvent atteints de coliques et
de paralysie métallique. Les broyeurs et les marchands de couleurs,
les potiers de terre, les potiers d'étain, sont également exposés aux
mêmes maladies.
La phthisie pulmonaire se rencontre assex souvent parmi les
ouvriers exposés aux émanations saturnines. Les peintres en sont
souvent atteints : selon M. Lombard, la phthisie en fait succom-
ber 21 i sur 1,000.
Les ouvriers qui travaillent le cuivre, les peintres qui emploient
le vert-de-gris, éprouvent aussi des tiraillements d'estomac et des
coliques qui ressemblent à celles produites par le plomb.
Nous ne dirons rien des maladies auxquelles sont sujets les
ouvriers qui manient le soufre , ou qui sont exposés aux vapeurs
irritantes de ce minéral.
Nous croyons seulement utile de signaler un danger qui a
déjà fait plusieurs victimes, et qui est d'autant plus grand qu'il
produit une mort violente. La préparation des allumettes pkospha-
riqttes, qui s'est accrue d'une manière si rapide, réclame le ma-
niement de substances très-inflammables , et qui prennent feu en
occasionnant une violente explosion. Plusieurs personnes ont déjà
péri à la suite de ces accidents; souvent, parce qu'elles n'avaient
pas les connaissances nécessaires, ou qu'elles n'étaient pas instruite*
des dangers qu'elles couraient ; d'autres ont eu des membres mu-
tilés , des brûlures profondes.
Nous omettons, à dessein, de parler des serruriers, des forgerons,
des maréchaux ferrants; les maladies qui les frappent , -reconnais-
sent plus souvent pour cause , des influences qui leur sont com-
munes avec d'autres métiers.
Les ouvriers qui travaillent dans les fabriques d'acides minéraux,
peuvent contracter différentes affections , s'ils travaillent dans
des ateliers mal construits, où la ventilation est imparfaite. Ainsi ,
dans les fabriques d'acide muriatique , d'acide sulfurique , d'acide
azotique , il s'élève constamment des vapeurs irritantes qui agis-
sent sur les voies respiratoires ou digeslives. Les ouvriers sont pris
de toux, de resserrement de poitrine, de crachements de sang,
^y Google
DE LA COMMISSION MÉDICALE DU BBABANT. 567
de phthisie pulmonaire et laryngée, de coliques, de nausées, de
diarrhée, etc.
Les fabrique* de sublimé, ou de deuto-cblorure de mercure,
dégagent aussi des vapeur» très-pernicieuses pour la santé des
ouvriers, et pour les habitants qui sont dans le voisinage. Hais les
soins hygiéniques, et des ateliers bien construits, arec un bon sys-
tème de ventilation, détruisent leurs effets meurtriers.
Les tailleurs de pierre, les marbriers, les sculpteurs, sont exposés
a respirer les poussières et des fragments anguleux que leur ciseau
soulève. La maladie du grès ou de Saint-Roçh leur est propre.
Selon Margagni, Alibert, qui disent avoir trouvé dans les poumons
des tailleurs de pierre, des concrétions pierreuses, ceux-ci sont
souvent atteints de phthisie. On sait que Bayle avait aussi cru à
l'existence de cette affection, puisque dans les différents genres de
phthisie il en reconnaît une colculeuse. Sans avoir été à même de
vérifier des faits semblables, nous n'avons pa* remarqué que les
ouvriers dont nous nous occupons, soient plus souvent poitrinaires
que d'autres. Nous ne sommes pas loin de croire cependant a l'in-
fluence nuisible que doit produire la poussière de la pierre ou du
marbre. La poussière du grès est surtout nuisible : .tout le monde
sait que dans la commune des Molières (France), où l'on taille le
grès, la mortalité est effrayante, surtout parmi les enfants. Elle
s'élève de 0 a cinq ans à 45, 66, sur 100. Aussi une génération qui
naît se troure-t-elle réduite de moitié vers quinze ans.
Dans la commune de Meusnes (France), où l'on taille le silex, la
pierre de fusil , la phthisie est endémique. Depuis que ce genre
d'industrie s'y est introduit, M. Benoiston de Cbftteauneuf a fait
des recherches à cet égard, en voici le résumé :
De 1680 à 1709, c'est-à-dire pendant un espace de trente ans,
la population moyenne de Meusnes a été de quatre cent quinze
habitants.
Les naissances étaient alors, avec la population, dans le rapport
de :: 1 : 24, 08
Et les décès :: 1 : 33, 24
Une génération ne se trouvait réduite a la moitié qu'au bout de
dix-huit ans, et la vie moyenne était de vingt-quatre ans trois mois.
La fabrique n'existait pas encore. Depuis son établissement, et
de 1760 a 1790, la population moyenne de la commune a été de
huit cent cinquante habitants.
^y Google
368 RÉPONSES
Dans celle seconde période de temps, aussi de trente ans, comme
la première , le rapport des naissances avec cette population a
été. . . ..... . . . . . . ■ . ii-liB,7l
celui des décès. . . , . :: 1 : 35, 60
au lieu de 35, 34. Une génération était réduite a la moitié avant
cinq ans au lieu de dix-huit, et la vie moyenne, raccourcie de cinq
ans, n'allait pas au delà de dix-neuf ans deux mois.
Les maçons sont exposés aux mêmes maladies que les tailleurs
de pierre. La vapeur de la chaux fondante ne peut que nuire à
leur santé. Établis quelquefois sur des échafaudages très-élevés,
ils sont exposés a faire des chutes. Le nombre d'accidents qui en
résultent est très-grand. Il ne se passe guère de semaine, dans
Bruxelles, par exemple, qu'on n'ait plusieurs malheurs à déplorer.
Tantôt ce sont des fractures du crâne, suivies souvent de mort;
tautôt des fractures de membres, des contusions, etc., etc.
Il nous parait utile de dire un mot de la manière dont vivent les
maçons; elle a une grande influence surles maladies qui les attei-
gnent. La plupart sont des campagnards qui viennent par escouades
travailler dans les villes. Us y séjournent toute la semaine, sans
retourner dans leurs foyers. Il* vivent avec une extrême économie,
et se logent dans des espèces de maisons garnies ; celles-ci se. trou-
vent souvent dans des rués étroites, humides, mal aérées; elles
sont d'une insalubrité si grande, qu'un : règlement particulier les
régit à Paris. Ils couchent entassés' en très-grand nombre dans
ces réduits malsains, et contractent fréquemment des fièvres de
très-mauvais caractères , qu'ils transportent avec eux lorsqu'ils' se
rendent dans leur famille. De là viennent, selon nous, ces épidémies
si meurtrières d'entérite falliculeuse, de typhus même, qu'on observe
au milieu de dos campagnes : de là vient aussi que les maladies
contagieuses se communiquent si facilement, et frappent un grand
nombre d'individus. ...
Les couvreurs, de même que les maçons, sont exposés a faire des
chutes fréquentes, et aux nombreux accidents qui en résultent.- De
plus, ils sont exposés aux ardeurs du soleil, qui leur occasionnent
des érésipèles, des congestions, des apoplexies.
Les accidents et les cas de mort violente sont si fréquents parmi
les couvreurs, que les sociétés de secours mutuels, établies a Paris,
ont refusé de les admettre parmi leurs membres, ne voulant pas
compromettre leur avenir en payant trop souvent à ceux-ci des
indemnités de maladies représentatives de la journée de salaire.
tizedby Google
DE LA COMMISSION MEDICALE DO BRABANT. 365
D'après M. Lombard, c'est dans la profession dé couvreur qu'il
7 a le plu* de ces morts violentes accidentelles, puisque, d'après
ses recherches, la proportion est de vingt-sept pour cent.
Maladies causées par les vapeurs ou molécules animales.
Il n'est pas de métier qui expose à des accidents plus terribles
que ceux auxquels les vidangeurs sont exposés. Il nous souvient
qu'il y a cinq ans, trois personnes périrent, pour avoir voulu vider
une fosse, sans avoir pris les précautions nécessaires. Ce fait se
rapproche beaucoup de celui qui est consigné dans les ouvrages
de H. Pâtissier. Gomme dans le cas observé à l'Hôtel-Dïeu à Paris,
le père étant descendu le premier dans la fosse, et ne répondant
pas 1 ses fils qui travaillaient avec lui , un de ceux-ci n'hésita pas a
aller le rejoindre, et il éprouva bientôt toutes les angoisses de
l'asphyxie. Le plus jeune des frères, voyant le danger que, couraient
et son père et son frère, n'écoutant que la voix de la nature, s'élance
a leur secours , et il allait périr aussi , quand des secours leur
arrivèrent. Tous trois furent transportes a l'hôpital Saint-Jean de
Bruxelles, où ils moururent l'un après l'autre, dans un état de
profonde prostration.
Les maladies des vidangeurs sont désignées sous les noms de
plomb et de mitte. La première reconnaît pour cause la présence
des gaz hydrogène sulfuré et hydro-sulfure d'ammoniac, et quel-
quefois le gaz azoté. La mitte est causée par les vapeurs ammonia-
cales qui déterminent une ophtbalmie très-prompte, très-doulou-
reuse, -et un coryza très-aigu.
On a généralement exagéré les dangers attachés à la profession
de tanneur. Cependant on a souvent observé qu'ils sont atteints
de rhumatisme ; ce qui parait provenir de ce qu'ils travaillent
dans l'eau. Les fièvres intermittentes s'observent rarement dans
cette classe d'artisans : ce qui, selon H. Geoffroy, provient du
tan dont ils se servent. Les tanneurs sont quelquefois atteints de
pustule maligne, de même que les équarisseurs. Les covroyeurs sont
sujets aux hémoptysie», aux maladies du cœur, aux déformations de
la poitrine. Le genre de travail auquel ils se livrent en est la cause.
Les chandeliers sont exposés aux émanations acres et stupéfiantes
qu'exhale la graisse en se fondant. L'habitude qu'ils ont de fondre
le suif dans des caves souvent mal aérées, fait qu'ils vivent au
milieu d'une atmosphère corrompue, chargée assez fréquemment
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de vapeurs de charbon. Les chandeliers sont sujets aux vertiges,
aux étouffements, à l'asthme ; ils ont souvent des nausées, du
dégoût. Il est à désirer qu'ils ne puissent fondre le suif que hors
de l'enceinte des villes ; ils ne nuiraient pas alors à la salubrité
publique et exposeraient moins aux incendies.
Mous terminerons ici nos recherches sur les maladies des ouvriers
exposés aux émanations des molécules animales, pour aborder celles
produites par les vapeurs ou molécules végétales. Il nous semble
inutile de nous entretenir des maladies des boulangers, des meu-
niers, des pâtissiers, de fabricants de labac, etc., etc», n'ayant rien
de particulier à ajouter a ce qu'en disent les ouvrages qui traitent
des maladies des artisans.
Parmi les maladies dues aux émanations végétales, nous croyons
devoir nous livrer à quelques recherche» sur celles qui atteignent
les brasseurs et les distillateurs.
Le nombre des brasseries établies dans la prorince de Brabant
est trés-élevé ; un grand nombre d'ouvriers y sont employés. La
ville de Louvain, d'après le rapport de la Commission médicale, en
compte au delà de six cents. Nous ignorons le nombre des ouvriers
brasseurs employés dans les établissements de Bruxelles et des
autres arrondissements : il doit être considérable. La plupart des
ouvriers brasseurs sont des hommes rigoureux et jeunes; à un
esprit obtus, à une imagination froide, ils joignent une force mus-
culaire développée. On croirait facilement que ce dernier appa-
reil et le (issu graisseux sont les seuls de leur économie qui rirent
et s'entretiennent. Peu susceptibles de grandes passions, de senti-
ments nobles , ils ne savent que satisfaire aux besoins de la vie
organique. L'habitude qu'ils ont de boire les rend lourds , peu
actifs, éteint leur peu d'imagination, et fait prédominer chez eux
le système adipeux .(1 ). Souvent des maladies qui portent une pro-
fonde atteinte à leur économie les rendent caduques et impotents
à la fleur de l'âge. L'apoplexie, le cancer de l'estomac, le delirium
potatorum, la gastrite chronique, l'hypertrophie du cœur et des
gros vaissaux, l'albincinurie , sont les affections dont ils sontsou-
(1) Si nom jetoni on coup d'oeil, dit Briaud, sur tlei profemioni élero'ei , noui
re commit ru m qu'il j « preique toujuun une proportion iuiene entra le déreloppe-
ment de 001 force» phjiiquei et celui de noi faculté» intellectuelle^ que le corps et
l'eiprit ne peuvent en quelque lorte s'accroître limulUnéinont; que toute profeuion
qui exige le travail oxoluiif de l'un ocenioune BBCBuairemeut t'i ~ "
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DE LA COMMISSION MÉDICALE DU BRADANT 367
vent frappés. D'après le rapport cité plus haut, les ouvriers bras-
seurs vivent rarement au delà de quarante-cinq ans. On serait en
droit de penser cependant, en voyant ces hommes athlètes, qu'ils
doivent vivre plus longtemps.
Parmi les maladies, dues aux causes accidentelles, nous croyons
devoir citer les brûlures, qu'elles soient produites par la matière
en ébullition qui fait irruption hors de la cuve, ou que les ouvriers
ivres se précipitent dans les cuves. Ces brûlures sont ordinairement
très-vastes, et se terminent d'une manière funeste.
Il est encore d'autres accidents que nous avons remarqués parmi
les ouvriers brasseurs, et que nous n'avons trouvés consignés dans
aucun ouvrage : ce sont des fractures de la clavicule, de la rotule,
des déchirures, des distensions des ligaments roluliens. Ces
diverses fractures s'expliquent aisément : les premières sont pro-
duites par la branche horizontale et ferrée , à l'aide de laquelle
ils soulèvent les tonneaux et les transportent dans les caves ; les
secondes se produisent quand l'ouvrier, chargé du tonneau,
descend les marches d'un escalier. Cette fracture est ordinairement
accompagnée de chute. Il est dès lors facile de comprendre à
quels dangers elle expose.
Une fois seulement, nous avons remarqué un anévrisme de l'ar-
tère poplilée, résultant d'un effort que lit l'ouvrier en descendant
un tonneau rempli de bière.
En examinant les ouvriers employés dans les distilleries , et en
les comparant aux ouvriers brasseurs, on est frappé de la différence
qui les sépare. Ceux-là sont ordinairement maigres, alertes, d'un
esprit plus vif, d'une imagination plus ardente , et vivent ordinai-
rement plus longtemps que les ouvriers brasseurs. Ils sont du reste
exposés aux mêmes maladies.
N'ayant rien à dire de particulier des maladies causées par les
vapeurs ou molécules des trois règnes mêlées ensemble, nous pas-
serons immédiatement aux maladies causées par les particules lai-
neuses et cotonneuses.
Quoique la province de firabant ne soit pas le centre de l'indus-
trie drapière et ootonnière , et que les comités médicaux des pro-
vinces des Flandres et de Liège soient plus à même de traiter cette
question , nous avons cru ne pas devoir la passer sous silence. Il
existe quelques fabriques où l'on travaille le coton dans la pro-
vince de firabant. Sans être aussi nombreuses et aussi vastes que
celles de la Flandre , elles nous ont instruits des dangers que
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368 RÉPONSES
courent let ouvriers qui y «ont employés, dangers qui rejaillissent
souvent sur l'enfance et l'adolescence.
Le modique salaire que gagne l'ouvrier cotonnier, qui a souvent
une famille nombreuse à nourrir, le force a conduire dans les fabri-
ques sesenfanude six à sept ans pour les y faire servir d'aides. Quoi-
que leurs travaui ne soient ni rudes ni fatiguants, ils éprouvent
bientôt l'influence d'un travail précoce, d'un séjour au milieu d'une
atmosphère chargée de molécules cotonneuses, et des changements
brusques de température qu'ils sont obligés de braver pour four-
nir aux besoins des différentes préparations que réclame le coton.
Les enfants employés dans l'industrie cotonniers sont très-nom-
breux, puisqu'ils entrent pour un tiers dans la population des fila-
tures. Beaucoup d'entre eux n'ont pas atteint l'âge de sept ans ,
qu'ils aident déjà leurs parents avec lesquels ils sont presque tou-
jours. Parmi eux se trouvent confondues beaucoup de jeunes filles,
ainsi que des femmes. Au nombre des professions qu'on a accusées
d'être nuisibles à là santé des ouvriers, il n'en est peut-être aucune
qui réunisse autant de circonstances favorables au développement
des maladies que celle que nous examinons maintenant.
Le battage du coton, qu'il se fasse a la main ou à l'aide des
machines, produit un nuage de poussière irritante, qui s'introduit
jusque dans les voies profondes de la respiration. L'unanimité des
opinions ne laisse aucun doute sur l'insalubrité d'un tel travail.
L'état de dépérissement dans lequel se trouvent les ouvriers vient
du reste dessiller les yeux des incrédules. Tous se plaignent de
sécheresse dans la bouche, dans le pharynx, le larynx, et ne lar-
dent pas à être atteints d'une toux qui devient de plus en plus fré-
quente. Beaucoup d'entre eut ont les yeux chassieux, le bord des
paupières rouge , gonflé (blépharophthalmie), et perdent leurs cils
par suite de l'irritation chronique des follicules muqueux et pileux.
La toux que nous avons vue se manifester tantôt, n'est souvent
que le prélude, Tavant-coureur d'un cortège de symptômes les plus
effrayants qui caractérisent la phlhisie pulmonaire et laryngée,
cruelle maladie contre laquelle viennent se briser les secours de
la médecine , et qui fait périr le tiers des populations ! Comme ce
sont des femmes et des enfants qui se livrent au battage mécanique
dans les établissements , if va de soi que ce sont eux qui sont le
plus souvent atteints.
La pneumonie a été regardée comme se développant fréquem-
ment sous l'influence des poussières du coton. Désignée sous le
nom de pneumonie cotonneuse, elle attaque tout, hommes, femmes,
DglizedOy GOOgle
DE LA COMMISSION MÉDICALE DU BHABANT. 369
enfants, sans distinction d'Age et de sexe , et présente souvent un
très-haut degré de gravité.
Les autres manipulations qu'exige le coton , sans être aussi nui-
sibles à ta santé des ouvriers , ne sont pas moins insalubres , mais
à un moindre degré que le battage.
Après celte dernière opération vient (e filage , qui exige que la
température soit d'autant plus élevée , qu'on fabrique des fils plus
fins. Les ateliers sont chauffés communément a 24 et 37 degrés
du thermomètre centigrade. Les ateliers d'impression d'indiennes
et ceux où l'on fait sécher les toiles sont chauffés jusqu'à 40 degrés.
Aussi, les ouvriers ont-ils le corps ruisselant de sueur, et, soit
qu'ils négligent d'éviter les brusques changements de température,
soit qu'ils soient forcés de les braver, ils sont souvent frappés de
pneumonie , de pleurésie , d'inflammations aiguës des organes de
la respiration, de la circulation, delà locomotion.
Ces maladies s'observent dans les grands établissements indus-
triels comme dans les petits. Si ceux-ci sont plus nuisibles à la santé
des ouvriers que les premiers, parce qu'ils ne jouissent pas des
mêmes conditions hygiéniques, toutes choses égales d'ailleurs, on y
voit moins d'ouvriers devenir impotents ou perdre l'usage d'un
membre par suile des violences exercées par les machines. Les
enfant» et les jeunes gens des deux sexes sont de tous les ouvriers
les plus exposés, tant par la nature de la besogne dont ils sont
chargés, que par la distraction inhérente a leur Age, qui leur
a fait oublier le danger qui les environne.
Ainsi qu'on a pu le voir, les ouvriers employés dans les filatures
sont entourés de dangers, et menacés de cruelles et douloureuses
maladies. Leur santé ne tarde point à être profondément ébranlée,
et a éprouver la funeste influence des conditions au milieu des-
quelles ils vivent.
H. Thackrah de Leeds, qui s'est livré a un travail sur l'influence
des arts et métiers sur la santé et la longévité, à propos du
sujet qui nous occupe , s'exprime comme suit (1) ; ■ Une grande
proportion des hommes , dans cette branche d'industrie , meurt
pendant la jeunesse, et nous trouvons comparativement très-peu de
personnes igées^armi les ouvriers employés aux filatures. D'après
des renseignements pris dans un des grands établissements de ce voi-
sinage, j'ai constaté que, sur mille soixante et dix-huit individus, il
n'y en avait que «en/" qui fussent arrivés jusqu'à, quarante ans. »
(I) Diicoun de M. Stdler , membre rie 1» Chambte dm cammune*, en Angleterre.
Dis izedbyGOOgle
370 RÉPONSES
M. le docteur Àhston et un chirurgien ont examiné six fila-
tures à Stockport, dans lesquelles huit cent vingt-quatre individus,
la plupart enfants, étaient employés; ils ont passé en revue chaque
individu en particulier, et la liste qu'ils en donnent parait plutôt
celle d'un hôpital que celle d'un atelier. Sur huit cent vingt-quatre
personnes , cent quatre-vingt-trois seulement se trouvaient en état
de santé ; deux cent quarante étaient délicates ; deux cent cin-
quante-buit malades ; quarante-trois très-rabougries ; cent avaient
les chevilles des pieds et les genoux gonflés, et, sur la totalité, on
observait trente-sept cas de courbure rachidienne.
Telle est, en vérité , la situation sanitaire de la classe ouvrière
employée dans les filatures , qu'elle porte dans l'âme de qui-
conque a été a même de la voir de près, un sentiment pénible.
H. Simmons , médecin de l'infirmerie de Manchester , s'écriait ,
lui , en pensant aux maux qui assiègent ces artisans : « J'en
frémis en les contemplant I ■ En effet, d'une figure pale, étiolée,
souvent amaigrie par la misère et un travail excessif, on voit
ces ouvriers, les enfants surtout, étiolés avant l'Age. Leur ventre
est développé, piteux, leur digestion pénible; les scrofules,
le rachitisme, le carreau, impriment & leur économie le cachet de
la dégradation physique. Leur poitrine est étroite, le système
musculaire peu prononcé, leur intelligence nulle; ils n'ont de
penchant que pour la débauche , la dépravation. Les jeunes filles
sont tourmentées par des affections ve rmineuses ; d'un teint pale,
d'une constitution chétive, elles sont victimes des affections chlo-
rotiques, anémiques, sont mal réglées, souvent incapables de
devenir mères, et, si elles le deviennent, ce n'est qu'en courant les
plus grands dangers et pour elles et pour leurs enfants. L'ostéo-
malaxie , le rachitisme , déformant leur bassin , l'accouchement
naturel est souvent périlleux , quelquefois impossible avec les
seules forces de la nature.
En examinant les métiers qui exposent les ouvriers aux parti-
cules laineuses et cotonneuses, nous trouvons successivement les
cardeurs de matelas, les pelletiers, les chapeliers, etc., etc. Il
nous reste peu de chose a dire relativement aux maladies
auxquelles ils sont exposés. Ce que nous avons dit plus haut leur
est applicable, jusqu'à un certain point ; nous rappellerons que les
chapeliers, exposés non-seulement à respirer un air charge de
corpuscules étrangers , et à contracter les maladies qui en résul-
tent, sont en outre exposés aux émanations mercurielles, dont
nous connaissons les effets pernicieux sur l'économie.
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DE LA COMMISSION MEDICALE DU BRABANT. 371
Au nombre des maladies causées par l'humidité, parmi lesquelles
on range tes maladies des blanchisseuses , nous dirons seulement
que celles-ci sont exposées aux brûlures , aux varices , aux ulcères
des jambes, aux catarrhes, aux hypertrophies du cœur. Le cancer
de l'estomac est une maladie assez fréquente parmi elles , et qui
dépend souvent de l'usage des boissons alcooliques dont elles
font de fortes libations pour chasser , disent-elles , les émanations
qui s'exhalent du linge sale.
N'ayant rien a dire des maladies des teinturiers, des bateliers, etc. ,
nous les passons sous silence.
Nous arrivons maintenant à un ordre de maladies que nous
avons été a même de rencontrer assez souvent : ce sont celles
produites par des exercices ou travaux pénibles, et celles produites
par le défaut d'exercice ou la vie sédentaire. Les maladies qui se
rattachent au premier ordre sont généralement connues. Parmi
celles qui se rattachent au second ordre, nous parlerons des mala-
dies des dentellières, des couturières, des tailleurs, des cordonniers,
en omettant les maladies des écrivains, des gens de lettres, des reli-
gieuses, des horlogers, des bijoutiers, etc.
D'après les recherches de H. Lombard de Genève, les profes-
sions sédentaires sont des causes fréquentes de pbtbisie pulmo-
naire. Sur soixante et dix-neuf professions exercée» dans de vastes
laboratoires , il s'en est trouvé vingt-sept qui ont donné une mor-
talité au-dessus de la moyenne fournie par d'autres états, et cin-
quante-deux au-dessous. Le contraire est observé pour les profes-
sions exercées dans des locaux étroits et bien fermés : celles-ci sont
en majorité , c'est-à-dire que sur soixante-sept de ces professions
dernières , il y en a eu trente-cinq au-dessus de la moyenne et
trente-deux au-dessous.
L'industrie dentellière est très-répandue dans ta province de
Brabant. Selon le rapport de la Commission médicale de Louvain, il
n'y aurait pas moins de trois mille femmes de tout âge employées dans
cette industrie pour cette localité. Pour Bruxelles nous ne pourrions
en dire le nombre : il s'élève probablement a un chiffre aussi élevé.
Afin de se rendre mieux compte des maladies auxquelles les
dentellières sont exposées , il suffit de rechercher quelle est leur
manière de travailler , quelles sont les conditions hygiéniques au
milieu desquelles elles vivent. Si nous exceptons les ouvrières
qui travaillent en fabrique , elles sont peu nombreuses ; nous
voyons que toutes travaillent à domicile. Rassemblées dans des
chambres basses , étroites et humides , mal aérées , dans des rues
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où les rayons du soleil ne pénètrent jamais , le tronc courbé sur
leur tabouret, leurs jeux fixant toujours des objets de petit volume,
gagnant peu, et plongées souvent dans la misère, elles ne tardent pas
à éprouver l'influence débilitante de telles conditions. ■ L'habitation
dans de tels lieux, rend les hommes Faibles, misérables, maladifs,
diminue la population et sévit principalement contre l'enfance (1 ). ■
D'autre part, la débauche, les excès, un mauvais régime, con-
courent puissamment A développer dans cette classe nombreuse
d'artisans , une foule d'affections qui détériorent leur santé. La
phlhisie pulmonaire fait périr, chaque année, un grand nombre de
dentellières. L'anémie, ïaminorrbée , la chlorose, les déviations
ihoraciques et vertébrales, le rachitisme, les scrofules, les engor-
gements des viscères abdominaux et des extrémités pelviennes , sont ,
en outre, les difformités et les maladies qu'on observe très-fréquem-
ment chez elles. Il y a peu de dentellières qui ne soient atteintes de
l'une ou de l'autre de ces infirmités. Nous pouvons dire, sans crainte
de nous tromper, que l'état de santé est chez elles l'exception ,
l'étaf de maladie 1* règle générale. Ches toutes, on voit au pre-
mier coup d'oeil, que l'organisme est menacé et languissant.
L'habitude qu'ont ces ouvrières de chanter quand elles travaillent,
c'est-à-dire dans une position courbée, alors que les organes de la
respiration sont gênés dans leurs fonctions, contribue beaucoup k
l'apparition des symptômes de la consomption (2).
Il en est de même des couturières qui , sans être exposées à un
aussi grand nombre de conditions .hygiéniques malfaisantes ,
sont cependant frappées de la phlhisie pulmonaire. aussi fréquem-
ment que les dentellières. On ne doit point oublier que chez elles
comme chez ces dernières, les passions, sans être trop violentes,
sont souvent mal dirigées, et qu'elles se livrent a une vie déréglée,
(1) Piorri, De* Habitation* et de Fin/fnence de leur* disparition* tur f homme
en iiiU et en maladie.
(2) Les remarquai qui précèdent ont été faites dans d'autre* paya. Rcli «More que
la plus grande partie des ouirïèret en dentelle*, d'Arrai, meurent phtliiiiquei.
M. Brioude, dan* n Topographie d'Auvergne {houle), dit avoir remarqué que toute»
lei jennet pertonnea de Sainl-îlour, d'Auriltac, de Murât, de Mauriac, qui travaillent
k faire de la dentelle, contractaient une roauvaite senti, et finissaient pnr avoir toutes
lei cachexies qu'une ii« té d en taire , une attitude courbée et nue mauvaise noorri-
pki» lentement pat déni et troi» tur crut que l'on compte le* victime* : e'ett par
quatre et ail choc le* homme* , et par quatre, sii, huit et au delà ohei lei femme*.
Certes, pour quiconque a tu travailler le* patte m en tien, tuipendu* à leur métier
par dent bretelle*, la poitrine penchée en avant et le* brat dant un mouvement
continuel, il va, dam cette altitude pénible et dan* toute* celle* qni l'en approchent,
une cause toujours agitsanle , une tendance manifeate au développement de la
phthiiie, et, comme dan* le* autre* état*, le* femmes sont plu* frappée* que le»
hommes. (Lombard, Influencée dei profeition* lur le développement de la phtkiri*-)
>aiizfrdbr Google
DE LA COMMISSION MÉDICALE DU BRAISANT. 373
à l'oubli de tous les devoirs , à l'abrutissement. C'est aussi parmi
elles qu'on rencontre le plu* de femmes publiques.
Les tailleurs et les cordonniers peuvent être ranges dans la
même catégorie , relativement aux maladies dont ils sont atteints.
Sans être aussi pernicieux que les deux états que nous venons
d'examiner, à cause des mouvements des membres qu'ils sont
obligés d'exécuter dans des limites plus étendues, l'état de tailjeur
et de cordonnier influe d'une manière marquée sur la constitution
physique des individus qui s'y livrent. Ces influences sont celles
qui résultent d'une vie sédentaire , d'une position courbée , de
l'incouduite^ des excès auxquels ils se livrent souvent. C'est un
spectacle fort plaisant, dit Ramazxini, que de voir à certaines fêtes
de l'année, les communautés des cordonniers et des tailleurs aller
en procession en bon ordre, deux à. deux , ou bien assister & un .
convoi de quelqu'un de leurs confrères , et offrir une troupe de
bossus, de courbés, de. boiteux, d'un côté et de l'autre comme
choisis pour exciter les rires et les plaisanteries.
La vie sédentaire que mènent les tailleurs leur donne la com-
plexion lâche. «J'ai vu, dit Stoll (1), un très-grand nombre de
tailleurs attaqués particulièrement des maladies des poumons. >
Ce qu'il attribue à la position courbée, d'où résulte une gène de
la respiration et de la circulation. Ils ont, en général, le corps et les
jambes grêles. "Les tailleurs, dit iW. Cadet-Gassicourt, ont des goûts
antiphysiques très-remarquables, du penchant au vol, au jeu, à la
dépense. Ceux qui nous viennent de la Flandre et des Pays-Bas
sont querelleurs et peu fidèles. La plupart sont agiles , aiment la
paume et la danse. » Pour. nous, nous ne saurions admettre une
distinction aussi subtile entre les tailleurs français et ceux des pays
limitrophes. Nous croyons qu'ils sont tous les mêmes, et qu'il y a
beaucoup à faire pour améliorer la condition des uns et des autres.
« Les cordonniers ont souvent la poitrine déformée, ce qui pro-
vient de l'habitude qu'ils ont d'appuyer leurs ouvrages contre
l'épigastre , quand ils se servent du tranchet pour tailler le cuir.
Les maladies organiques du centre digestif s'observent fréquem-
ment parmi eux. Ils sont , en outre , d'une excessive malpropreté ,
ce qui les dispose aux maladies de la peau. Ils sont souvent très-
misérables, crapuleux, ivrognes (2). »
Un mot des maladies des tisserands, et nous terminerons ce que
nous avons à' dire des maladies et des difformités qui atteignent
les artisans.
(I) Médecine pratiqua (?) Csrlel-Ganicourl.
. - Digilizedby GOOgle
374 ' RÉPONSES
Les tisserands sont nombreux dans la province de Brabant ; ils
travaillent dans des chambres basses, humides et mal aérées, quel-
ques fois établies au-dessous du sol ; des odeurs fétides se dégagent
de ces ateliers étroits où sont renfermés plusieurs individus , sur-
tout quand ils travaillent à la lumière, parce qu'ils se servent
d'huiles mal épurées; parce que, en outre, ils ne pensent jamais a
renouveler l'air de leurs ateliers. Les mouvements qu'exige leur
métier sont une source féconde de maladies et de difformités. « Le
plus cruel de ces mouvements est la commotion qu'ils éprouvent
au creux de l'estomac, occasionnée par le retour du peigne contre
eux ; en travaillant , ils sont obligés de le ramener avec force
contre l'épigastre, afin que le fil soit bien appliqué (1). » Ils sont
ensuite dans une position courbée, ce qui nuit, ainsi que nous
l'avons dit, au libre exercice de deux principales fonctions de l'or-
ganisme : la respiration, la circulation.
Les tisserands ont ordinairement le teint pâle, la face bouffie,
et leurs maladies reconnaissent pour causes les conditions hygié-
niques au milieu desquelles ils vivent.
Nous terminerons ici nos recherches. Vous remarquerez que
nous avons omis de parler de plusieurs professions assez répandues
dans la province ; mais comme les maladies et les difformités qu'on
les accuse de faire naître, leur sont communes avec d'autres pro-
fessions que nous avons examinées, nous nous sommes tus, afin
d'éviter les répétitions et les longueurs ; peut-être nous sommes-
nous trop étendus à ce sujet, et les détails dans lesquels nous sommes
entrés vous auront-ils paru déjà trop longs.
3" otestiob. — Dans quelle proportion ces accidents s'obser-
vent-ils? A quelles causes doit-on les attribuer, et au bout de
quel temps commencent-ils le plus ordinairement à se manifester?
hkposse. — Il nous est impossible de répondre au premier
membre de cette question. L'absence de documents statistiques
s'oppose à toute solution quelque peu complète. Des recherches
■ statistiques ont été faites pour certaines maladies; dans quelques
pays ; mais n'étant pas toutes applicables au nôtre, nous croyons
devoir les taire , et attendre qu'un travail consciencieux vienne
remplir ce vide dans les annales hygiéniques de notre province.
Quant aux causes auxquelles on doit attribuer les maladies et les
accidents observés dans les différentes professions que nous avons
successivement examinées , nous croyons les avoir suffisamment
énoncées pour ne plus y revenir.
(I) I.Pmiiiici.
^y Google
DE LA COMMISSION" MÉDICALE DU BRABAXT. 373
L'époque a laquelle ces maladies et ces difformités apparais-
sent , est nécessairement très-variable ; rien de positif ne peut être
énoncé à cet égard. C'est ainsi que, dans certaines professions,
parmi celles même qui exercent une si nuisible influence sur la
santé, on voit des individus y résister un grand nombre d'années,
ne les ressentir même jamais. Cette Variété d'effets provient de
causes inconnues, souvent de la constitution, des dispositions par-
ticulières des individus, des améliorations introduites dans les pro-
cédés, de la construction des ateliers, des soins que prennent les
ouvriers pour s'y soustraire (1). Cependant, toutes choses égales
d'ailleurs, on peut assurer que les en/ants et les adolescents sont
plus exposés que les hommes faits à ressentir les effets pernicieux
des étals auxquels ils se livrent.
4* QEBSTion. — Quels sont, dans chaque industrie, les travaux
qui nuisent plus spécialement au développement physique et à la
santé des enfants et des adolescents ? Décrivez-en les effets.
r&pokse. — Nous avons déjà résolu cette question en partie, en
traitant de la seconde j aussi, nous serons concis, et, afin de mettre
autant d'ordre que possible dans sa solution, nous croyons néces-
saire de suivre la même marche que celle que nous avons suivie
pour la deuxième. Mais comme dans celle qui nous occupe, nous
devons rechercher principalement les travaux qui, dans chaque
industrie , nuisent le plus aux enfants et aux adolescents , nous
omettrons de parler de quelques professions où les hommes faits
sont seuls employés.
Les opérations qui exposent le plus les doreurs sur métaux à
contracter les maladies que nous avons énumérées, sont :
1" Le recuit des pièces destinées à être dorées; il se dégage,
pendant cette opération, des vapeurs de cuivre et de une oxydés ;
2* le dérochage ou le décapage ; il s'exhale alors des vapeurs
acides qui attaquent les voies de la respiration ; Z" l'exposition au
feu de la pièce destinée à être dorée ; celle-ci est alors couverte
d'amalgame, et le feu, en volatilisantle mercure, celui-ci peut être
(1) On ne doit point oublier qu'il eit un pouvoir de l'habitude qui peut contre-
balancer, jusqu'à un certain point, loi inconvénient" des ut) et métiers les plut dan-
gereux ; que lei gai délétères semblent l'dmouuer insensiblement sur nui organes,
que ceux-ci acquièrent de» moyen» de force et de réaction contre Ici objet! qui
tendent i lei gêner, à en comprimer Ici mouvement» régulier»; et que, ti tant
d'homme» périitenl victime» delà nature de» fatigues ou de l'influence det t ubi tance i
au milieu detquellet il» vivent, il finit autant en accuaer l'imprudence ou l'iniou-
ciance dea ouvrier», qui ne ■'aiaujettittent pa» k certaine! règle» de propreté, de
tempérance, de modération, qu'a la faiblesse intrinsèque de leur» organe», et a l'in-
fluence dangereuse de leur» travaux. (Pâtissier.)
^y Google
576
absorbé, et détermine alors le* accident* du* à sa présence dan* le
sang. Il se déclare un état cachectique particulier chez, le* individu*
atteints : le visage devient pâle, bouffi, cadavéreux ; il* «ont pris
de tremblements dans le cou et les membres ; leurs dents vacillent
et tombent ; il s'écoule de leur bouche des flots de sanie d'une
odeur repoussante ; elle se remplit d'ulcères félidés ; leurs yeux se
tuméfient ; leur esprit devient aliéné, stupide (1); ils deviennent
quelquefois muets et paralytiques (2).
Les étameurs de glaces sont tout aussi exposés que les doreurs
sur métaux, à ressentir les influences délétère* des émanation*
mercurielles. Le* travaux qui les exposent le plus, sont :
1" L'avivure ; 2° (a regratignure , opérations dans lesquelles le
mercure, combiné à d'autres métaux, surtout a l'élain, existe en
grande proportion.
Si les enfantset les adolescents étalent occupés dans' les fabriques
où l'on travaille le plomb, on devrait leur en interdire l'entrée.
Les opérations (es plus dangereuses pour la santé, et qui exposent
le plus à contracter les maladies que nous avons énumérées, se
développent sous l'influence des émanations du plomb. Ce sont :
1' Le séchage, opération pendant laquelle il se dégage de l'acé-
tate de plomb;
2° La réduction en poudre, plus ou moins ténue, de la céruse.
Quant aux autres métiers qui exposent les ouvriers à devenir
malades, les accidents dépendent plutôt du contact dés substances
saturnines, par suite de son absorption , mais non de l'absorption
pulmonaire, qui est la plus dangereuse et la plus prompte.
Décrire ici les effets de cette absorption , serait répéter ce que
tous les auteurs ont déjà dit ; qu'il nous suffise d'énumérer les mala-
dies principales qui en résultent. Ce sont : des coliques violentes, qui
font pousser des cris au souffrant, pendant lesquelles il se roule et se
cramponne en se pressant le ventre ; sa figure exprime la souf-
france ; son ventre est rétracté, enfoncé vers la région ombilicale ;
il y a une constipation opiniâtre, souvent des vomissements poracés.
La paralysie s'observe moins fréquemment , mais apparaît le
plus souvent à la suite de la réapparition des coliques. Elle peut
être bornée aux membres supérieurs ou inférieurs, ou les atteindre
simultanément.
Les ouvriers qui travaillent le cuivre sont exposés à des coliques
qui ont beaucoup de points de similitude avec celles déterminées
par le plomb, moins la constipation et la rétraction du ventre.
(I) lUimiiini. — (2) Forwlui.
ly Google
DE LA COMMISSION MEDICALE DU BRABANT. 377
Sans parler des éboule ment» et des oh mes qui menaeent «ans
cerne la vie des maçons, nous dirons qu'étant exposés, comme les
tailleurs de pierre, les marbriers, les sculpteurs, à l'influence des
poussières, les voies de la respiration sont souvent atteinte*. Tan-
tôt ce sont de simples catarrhes , qui peuvent- n'être que les avant
coureurs de la phlhisie. Nous n'entreprendrons point de décrire
les nombreuses maladies dont ils peuvent être atteints. Tous les
auteurs de pathologie en traitent largement. Disons seulement que
les aides- maçon s sont presque toujours des enfants et des adoles-
cents, et que, par la nature de leurs fonctions et leur âge, ils sont
plus exposés aux chutes, à recevoir sur lecrine des objets conton-
dants, et a ressentir l'influence d'un travail force.
Ce que nous avons dit des maladies des vidangeurs nous dispense
de revenir surce sujet ; il en est de même des maladies des brasseurs.
Nous abordons maintenant l'industrie linière, dans laquelle beau-
coup d'enfants et d'adolescents sont occupés. Ayant décrit, dans la
réponse à la seconde question, l'aspect généra! de la constitution phy-
sique de cette classe nombreuse d'artisans, de même que leur état
sanitaire, el les maladies nombreuses auxquelles ils sont exposés, nous
nous contenterons d'énumérer les travaux les plus nuisibles dans
cette industrie. Ces travaux se divisent , suivant le but qu'on se
propose , en trois arts distincts : 1" la filature ; 2° le tissage ;
5" l'impression des toiles.
S 1". — La filature comprend : 1" le battage, opération pendant
laquelle les ouvriers sont plongés au milieud'une atmosphère chargée
de particules cotonneuses el de corps étrangers que le coton brut
renfermé. Que le battage se fasse a la main ou avec des machines,
c'est une des opérations les plus dangereuses pour la santé des
ouvriers. Ils sont environnés d'un duvet cotonneux qui les
recouvre, s'attache a leurs cheveux, à leurs paupières, à leur
barbe, 1 l'ouverture de leurs narines, ce qui leur donne , pendant
le travail, un aspect fort extraordinaire. Celte poussière, en s'in-
troduisant dans le nez, la bouche, le gosier, même dans les voies
profondes de la respiration, détermine des affections gravés, ainsi
que nous l'avons vu. Ils sont, en outre, forcés de travailler dans
des ateliers assez soigneusement clos. L'insalubrité est tellement,
reconnue par les contre-maîtres, les médecins, les ouvriers , que,
dans certaines fabriques, ces derniers sont chargés, a tour de
rôle , de battre le coton.
Dans les fabriques où le coton se bat à l'aide de machines, ce
sont des enfants et des jeunes filles qui sont le plus employés à celte
DiglizedOy GOOgle
378 RÉPONSES
manipulation, de même qu'A l'épluchage. Ces dernière» sont, de
toutes les ouvrières, les plus exposées aux affections pulmonaires.
Les relevé* statistiques ne permettent aucun doute à cet égard.
2° Le cardage est une opération un peu moins insalubre pour
les ouvriers, que le battage et l'épluchage.
§ 2. Du tissage. — Le lissage comprend plusieurs opérations
les unes moins dangereuses que les autres : elles consistent à
ourdir , à encoller, à disposer les fils dans la navette, et a tisser ;
l'insalubrité de cette opération varie suivant plusieurs circonstances.
On distingue deux sortes d'ateliers de tissage : ceux à métiers à
bras ou métiers ordinaires , et ceux à métiers dits mécaniques.
Dans les premiers ce sont des hommes qui sont employés; les
enfants préparent les fils; ils n'ont pas assez de force pour tisser.
Ces ateliers sont situés dans des pièces enfoncées dans le sol ; ils
sont sombres, humides, peu ou point aérés. On choisit ces pièces,
malgré les inconvénients qui en résultent pour la santé, afin de
conserver aux fils de chaînes la souplesse, l'élasticité.
Dans les ateliers de tissage à la mécanique il y a beaucoup
d'enfants et de femmes. Ils sont moins insalubres que les pre-
miers, mais les ouvriers sont exposés aux accidents déterminés
par les violences exercées par les machines.
L'insalubrité relative des deux ateliers pourrait bien n'être pas
tout a fait établie, parce que les femmes et les enfants étant les
plus exposés à contracter les maladies de poitrine , sont presque
exclusivement employés dans les ateliers à tissage mécanique.
L'encollage n'est fait que par des hommes, et dans des locaux
où la chaleur est excessive, 54, 37" centig.
Les autres temps de l'opération du tissage, sans être insalubres
par leur nature, le sont cependant à un haut degré par la position,
la vie sédentaire, qu'ils réclament des ouvriers.
% 3. Les ouvriers employés à l'impression dans les établissements
de filature sont les mieux partagés. Leurs travaux ne sont pas en-
tourés d'autant de dangers, ni aussi fatigants que ceux dévolus
aux ouvriers qui précèdent. Il faut en excepter les appréteurs qui
travaillent communément dans des ateliers échauffes à 35, 40* :
parmi ces derniers il y a beaucoup de femmes.
Il est un autre point de vue sous lequel doivent être étudiés les
travaux des enfanta et des adolescents dans l'industrie linière. Ce
n'est plus sous le rapport de la température excessive à laquelle
ils sont soumis, ni de l'atmosphère corrompue au milieu de laquelle
ils vivent , c'est sous le rapport de la position qu'ils occupent en
^y Google
DE LA COMMISSION MÉDICALE DU BKABANT. 379
travaillant et du défaut d'exercice auquel ils sont astreints. Les
éplucheuses , les empaqueteuses de fils , les dévideuses , les pico-
teuses , les couturières, les nopeuses, fes tisserands et les graveurs
de planches ou de rouleaux, travaillent assis et exécutent des mou-
vements partiels.
En traitant des travaux sédentaires dans les autres industries ,
et des effets qu'ils produisent sur la constitution physique des
ouvriers, nous avons déjà vu combien ils étaient pernicieui à la
santé. Les états de dentellière, de tailleur, etc., se rapprochent beau-
coup des travaux que nous venons d énumérer : nous les confondrons
pour ne faire qu'un seul tableau des misères de la classe ouvrière,
occupée sédentaire meut , ayant déjà fait ressortir, en traitant la
seconde question, les légères différences qu'on observe parmi eux.
Les travaux sédentaires, alors surtout que la misère , les priva-
tions, la débauche, viennent s'y joindre, une attitude viciée, l'expo-
sition à des émanations nuisibles dans des lieux bas, humides, mal
aérés , détruisent en peu de temps la santé la plus vigoureuse et
font naître des affections redoutables ; l'enfance, l'adolescence sur-
tout, éprouvent des commotions violentes , et les générations doi-
vent trembler en voyant l'état cacoebique des classes ouvrières.
La gaieté, l'enjouement, font place à la tristesse qui vient impri-
mer ses rides et ses sombres couleurs sur le front des jeunes
enfants; pâles, bouffis , le corps amaigri, les articulations tumé-
fiées, le ventre démesurément développé, ces enfants sont plongés
dans un morne silence , et minés par une fièvre lente. Leur con -
slitulion physique fait assez souvent un contraste d'autant plus
poignant avec leur intelligence, qu'elle est plus développée. Le
scrofule, lui aussi, ne tarde guère à imprimer ses traces indélébiles
sur leur physionomie, à semer le germe de maladies incurables,
La constitution des jeunes ouvriers dans les fabriques est con-
stamment arrêtée dans sa marche; il y a presque toujours dépéris-
sement notable de leur corps ; ils sont souvent frappés de maladies
rebelles qui les rendent vieux avant que d'être jeunes. Ainsi que
nous l'avons dit, le rachitisme, les déviations thoraciques s'obser-
vent fréquemment, et le sexe jouit de la fatale prérogative d'une
très-grande disposition à les éprouver. La chlorose , l'anémie , la
pbthisie pulmonaire, font périr, chaque année, un grand nombre
d'ouvrières, et celles qui survivent laissent bien peu de garantie à
la société qui les réclame, et à l'industrie qui les entrelient.
5* question. — Depuis quel âge les enfants peuvent-ils être reçus
dans les établissements industriels, sans que l'on ait à craindre que
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380 RÉPONSES
le travail nuise trop à leur développement physique ? Y aurait-il
quelque distinction à établir a cet égard entre les différentes indus-
tries?
kxpowse. — On comprendra facilement qu'il ne peut être répondu
d'une manière absolue a celle question. Les enfants n'étant pas
tous, à un Age donné, d'une constitution physique et sanitaire sem-
blable , il est impossible d'établir un âge fixe pour leur admission
dans les manufactures. En général, on doit d'autant plus appré-
hender que le travail nuise a leur développement physique , qu'ils
sont plus jeunes, que le travail auquel ils sont destinés est plus fort,
et entouré de dangers de tous genres. D'après ces considérations,
on peut établir des distinctions entre les différentes industries , et
les asseoir sur le degré d'insalubrité relative , sur le mode de tra-
vail et le genre d'industrie lui-même.
En jetant un coup d'oeil sur ce qui se passe dans les autres pays,
nous voyons qu'en Angleterre les enfants ne peuvent travailler
ni être admis dans des manufactures , avant l'âge de neuf ans
accomplis; dans ce pays cependant les exigences du commerce et
de l'industrie sont poussées très-loin. Le même âgé est admis en
Prusse et en Bavière. Dans le grand-duché de Bade , les enfants
doivent avoir onze ans; en Autriche, il faut qu'ils en aient douze ;
dans les cas de nécessité reconnue , ils peuvent être admis à neuf
ans révolus. En France, les enfants ne doivent pas avoir moins de
huit ans. .
Non-seulement dans les pays que nous venons de citer, il faut
que les enfants aient acquis une constitution physique assez robuste,
mais il faut que leur intelligence ait été cultivée; et on exige. d'eux
des connaissances dans la langue du pays , de la grammaire , du
calcul, qu'ils sachent écrire. En étudiant la constitution physique
des peuples, on ne tarde guère à voir les différences qui séparent
les Méridionaux d'avec les habitants du Nord. Notre pays, à nous,
est intermédiaire : en fixant à dix ans l'âge auquel les enfants peu-
vent être admis dans les manufactures, nous croyons avoir saisi
l'époque à laquelle -leur constitution est asseï développée pour
essuyer les premières fatigues.
6* question. — Quelles sont les limites qu'il convient d'établir,
selon les âges et la nature des travaux, à la durée du travail jour-
nalier des enfants? Indiquez les intervalle» de repos que vous
regardez comme nécessaires.
xefousk. — - Le travail forcé auquel étaient soumis un grand
-, odvCoogle
DE LA COMMISSION MEDICALE DU BRADANT. 381
□ombre d'enfant», n'était pas une de* moindre* cause» du dépéris-
sement rapide qu'on observe dans la classe ouvrière. Il faut réel-
lement que le mal ait fait bien des progrès pour que tous les gou-
vernement* cherchent a résoudre cette importante question ; il faut
dis-je, qu'il ait jeté des racines bien profondes dans la classe
ouvrière, pour qu'on ose, ou entraver les besoins et les exigences
de l'industrie, ou mettre un freîn à la cupidité quelquefois féroce
de parents dénaturés, ou que la misère poursuit. On n'essaye
pas des réformes aussi radicales , sans qu'il y ait des motifs
sérieux. Certes, il est consolant de voir la sollicitude qui s'est
éveillée envers la classe des artisans, si digne d'intérêt! Espérons
que le temps n'est pas éloigné où les maîtres ne verront plus dans
l'ouvrier qu'un de leurs semblables; qu'ils chercheront a éveiller
en lui l'amour de l'ordre et de la prévoyance ; qu'ils ne profileront
plus des sueurs des malheureux, sans les rétribuer convenablement.
Qu'ils sachent que le travail, pour un grand nombre d'ouvriers,
n'est qu'un moyen insuffisant de pourvoir à leur subsistance ; si ces
malheureux veulent vivre, il faut qu'ils s'épuisent, et l'épuisement
conduit à la maladie, a la mort.
■ L'Être suprême n'a pas créé l'homme pour qu'il succombe
« sous son fardeau ; il n'a pas enfoui des richesses dans les entrailles
■ de la terre ponr qu'on ne puisse les extraire qu'au péril de la
• vie. C'est en nous conformant a sa loi, â la loi du travail intet-
■ ligent et organisé, que nous trouverons le remède aux impci-fec-
■ tions, aux inconvénients d'un travail inintelligent et barbare (1).
Les limites que nous croyons devoir établir pour la durée du ,
travail, basées sur l'âge et la nature des travaux, sont les suivantes :
Les enfants de dix à douze ans ne pourront être employés dans
les manufactures pendant plus de dix heures, moins deux heures
pour les repos.
Le travail de douze a dix-huit ans ne pourra excéder douxe
heures, moins deux heures pour les repos.
Ce travail ne pourra durer que de six heures du matin a neuf
heures du soir. Les intervalles des repos doivent avoir lieu autant
que possible après les repas et en plein air: une demi-heure le matin,
une heure après le dîner, et une demi-heure au commencement de
la soirée. Les jours de fête et les dimanches devront être observés.
7* QtBSTioir. — Les veilles et les travaux de nuit doivent-ils être
interdits aux enfants et aux adolescents, et jusqu'à quel Age?
0)ti
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lapons. — Nous croyom qu'on doit sévèrement interdire les
veilles et les travaux de nuit aux enfant» et pe le» permettre que
dans de justes limites aux adolescents âges d'au moins seine ans;
que ces restrictions mises au travail doivent disparaître pour les
ouvriers qui ont atteint leur dix-huitième année. En général, pour
la Belgique, c'est l'Âge où la constitution physique est assez robuste
pour supporter les grandes fatigues.
8° question. ~ Si le travail de nuit devait être toléré dan* certain*
établissements, quelles devraient être les limiter et les conditions?
retorse. — Nous admettrons l'esprit de la loi française. Les
adolescents, âgés de moins de seize ans, pourront travailler la nuit,
en comptant deux heures pour trois, entre neuf heures du soir et
cinq heures du matin , dans les cas de chômage d'un moteur
hydraulique ou de réparations urgentes.
Le travail de nuit des adolescents ayant plus de seize ans,
pareillement supputé, sera toléré s'il est reconnu indispensable
dans les .établissements à feu continu, dont la marche ne peut être
suspendue pendant le cours de vingt-quatre heures.
9* question1. — Devrait-on interdire aux enfants certains établis-
sements dangereux où insalubres, et jusqu'à quel âge? Désignez
ces établissements.
RBPOifBE. — On doit interdire aux enfants certains établissements
dangereux ou insalubres. Il nous est impossible de désigner jusqu'à
quel Âge. Cela devrait dépendre de la décision des médecins qui
seraient chargés de visiter les enfants avant de leur laisser embrasser
une profession quelconque, et de voir s'ils sont capables d'en sup-
porter les fatigues ou de braver les influences nuisibles de quelques-
unes d'elles. Parmi les établissements dont on doit interdire l'accès
aux enfants, Sont les fabriques où il se produit des vapeurs minérales
volatiles autres que le fer, les fabriques de céruse, d'eaux minérales.
Les métiers de doreur sur métaux, de vidangeur, devraient éga-
lement leur être interdits.
10" question. — A quel Âge peut-on laisser l'ouvrier adolescent
libre de s'engager dans les fabriques, sans qu'aucune restriction
soit apportée à la durée de son travail?
réponse. — Ainsi que nous l'avons dit plus haut, et pour les
raisons que nous en avons données, l'âge de dix-huit ans nous
parait être celui qu'on doit admettre.
11* question. — Quel est le régime alimentaire ordinaire et
l'état des habitations des ouvriers de la province? Jusqu'à quel
Dfglizedliy GOOgle
DE LÀ COMMISSION MEDICALE DU BRABANT. ' 385
point ce» circonstances et d'autres semblables peuvent-elles influer
sur leur état sanitaire ?
réponse. — Les ouvriers de la province sont généralement mal
nourris ; ils ne mangent guère que des pommes de terre cuites à
l'eau ; rarement ils y mettent de la graisse , du beurre ou du lard.
Le pain dont ils font usage , est souvent un mélange de farine de
seigle et de froment , quelquefois de seigle uniquement , ou de
farine de féverole ; une légère infusion de café avec du lait est
leur boisson favorite. Ils sont presque constamment privés de
substances nutritives animales.
L'étal de leurs habitations laisse beaucoup à désirer. « Voilà' com-
ment, dit Piorry, dans un pays qu'on dit être civilisé, la demeure
du pauvre est ravalée bien au-dessous de celle de beaucoup de
peuplades sauvages. La civilisation a organisé des châteaux, la
barbarie préside encore à la construction des chaumières. ■
Nous ne reviendrons pas sur l'influence qu'exerce sur ta santé le
séjour dans les habitations malsaines , dans des rues boueuses et
fétides; nous en avons parlé assez longuement dans le cours de
ce rapport : n'oublions pas que cette influence est d'autant plus
nuisible que la misère, la fatigue, les privations, les excès, sont
plus profonds.
12* çubstioit. — Quelles précautions hygiéniques y aurait-il a
prendre dans les fabriques, manufactures, mines et usines de la
province, dans l'intérêt de la santé des ouvriers ?
«épouse. — Les mesures hygiéniques qu'il y aurait à prendre
dans les manufactures , dans l'intérêt de la santé des ouvriers, sont
subordonnées au genre de travail et au mode de construction des
ateliers. En général , les ouvriers doivent éviter de se mettre trop
en rapport avec les influences délétères qui les entourent, surtout
si ce sont des substances minérales. Ils auront soin, pendant le tra-
vail , d'éviter de les respirer , de se tenir constamment propres ,
d'avoir recours aux bains généraux , de se bien nourrir. Les
propriétaires des manufactures, de leur côté, doteront leurs éta-
blissements d'ateliers bien vastes , bien aérés et ventilés , recom-
manderont a leurs ouvriers d'éviter les brusques transitions de
température, et, par des lois réglementaires, ne permettront plus
le mélange des sexes , principalement pendant le travail de nuit.
Il est des règles d'hygiène générale applicables en tout point à
la classe manufacturière. Tous les auteurs qui ont traité de cette
science, eu parlent longuement; on peut les consulter avec fruit.
Nous nous dispenserons de les reproduire ici.
D,g,iz'ed0y GOOgle
384 RÉPONSES DE LA COMMISSION MEDICALE DU BRADANT.
Il serait a, désirer que dans les grands établissements industriels
on érigeât des salles de bains pour les ouvriers. Cela occasionnerait
bien peu de frais, et serait d'une utilité incontestable. Il serait
également à désirer que les enfants et les ouvriers, qui doivent
faire de longues courses pour aller prendre leurs repas, fussent
nourris & l'établissement.
13* question. — Y aurait-il lieu d'étendre les mesures protec-
trices de l'enfance aux enfants occupés dans la petite industrie,
travaillant isolément ou en petite réunion?
béponsk. — Nous croyons qu'il y aurait lieu d'étendre les mesures
protectrices de l'enfance aux enfants occupés dans la petite indus-
trio , travaillant isolément ou en petite réunion. Le moyen d'y
parvenir serait la création d'un comité inspecteur et de médecins
qui visiteraient les ateliers et ne permettraient aux enfants de tra-
vailler que lorsqu'ils auraient reconnu l'innocuité du travail ou un
développement physique proportionné a leurs travaux.
Les livrets dont les ouvriers doivent être porteurs , aideraient
singulièrement A les découvrir quand ils voudraient éviter les
recherches et s'affranchir des sages avis qu'on pourrait leur donner.
Ici se termine notre lAche. Il nous reste à désirer que notre
travail puisse être de quelque utilité, et amener quelques mesures
protectrices pour la santé des ouvriers. Sans avoir la prétention
de la nouveauté et de l'invention , nous avons puisé a différentes
sources ce qui nous a paru bon à prendre ; et nous avons cherché
à être aussi simples que possible et a éviter cette sorte de fata-
lité attachée aux procédés de l'esprit humain, qu'il n'arrive aux
idées simples qu'après avoir épuisé les idées compliquées. Or,
dégager cette idée simple des liens qui l 'étouffent, c'est faire, en
quelque sorte, « œuvre de création (1 ). »
Bruxelles, le 17 août 1844.
Le Rapporteur ,
André Uyttbiuiobveh.
Approuvé par la Commission le même jour.
Le Secrétaire , Le Président ,
Lkboh. J.-J. Càrolt.
(1) Forget, Traité de FmUritë falticuUu,,,
^y Google
3. - Consul central de salubrité publique de Bruxelles.
iéioim piisisrf i 1. u iinsru n l'Htéihi*.
En ordonnant une enquête sur le travail de» enfants et la con-
dition des ouvrier» , le gouvernement a accompli un devoir impor-
tant, un devoir devant lequel il ne lui était plut permis de reculer
depuis que la plupart des nations , la France , l'Angleterre , la
Prusse, la Bavière, l'Autriche, les États-Unis, entre autres, avaient
marché si hardiment dans la véritable voie du progrès et de l'hu-
manité, en promulguant des lois protectrices en faveur de la classe
laborieuse, partout si malheureuse, si peu considérée, et cependant
si digne de tout notre intérêt, de toutes nos sympathies \ L'exploi-
tation de l'homme par l'homme est de toutes lea exploitations la
plus illicite , et celle qui doit le plus soulever d'indignation tout
cœur généreux , toute âme qui n'est pas complètement inac-
cessible à la pitié, à ta commisération. Malheureusement l'appât
du lucre, la cupidité, ne viennent que trop souvent combattre
(et presque toujours avec succès , hélas !) les meilleurs sentiments,
l'amour , la charité , dont Dieu a fait une loi à ses créatures. Alors
le cri de la nature est étouffé ; l'homme ne voit plus en son sem-
blable un être auquel il doit amour, aide et protection , mais un
instrument,. une machine, qu'il fait fonctionner outre mesure, pour
augmenter la production et réaliser de plus grands bénéfices. La
charité étant si mal comprise, et Yauri sucra famés dirigeant la
grande généralité des hommes , qui viendra au secours de la classe
ouvrière , qui mettra des bornes aux empiétements incessants de
la cupidité, qui protégera tes travailleurs, jeunes ou vieux, contre
les exigences toujours croissantes des maîtres , qui défendra le
^y Google
386 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
pauvre contre le riche , l'honnête et modeste ouvrier contre le
puissant manufacturier , qui fera tout cela , si ce n'est le gouver-
nement?... Oui, au gouvernement appartient non-seulement le
droit, mais incombe l'obligation de prendre l'initiative; c'est a lui
de faire sonder l'abîme, d'en faire constater la profondeur et
d'aviser aux moyens de le combler ; c'est à lui qu'est réservée la
création d'une réforme des plus utiles et des plus vivement désirées,
parce que , seul , il peut assurer une protection efficace à la classe
si nombreuse des travailleurs.
C'est ce qu'a très-bien compris le ministre intelligent et éclairé
(M. Nothomb), sous l'administration duquel une commission d'en-
quête a été instituée pour étudier les diverses questions qui se
rattachent le plus intimement à la position si malheureuse et à
l'existence si précaire des familles de ta classe ouvrière. Si quelque
bien résulte de cette enquête, comme il n'est pas permis d'en
douter, M. le Ministre aura rendu un service éminent a l'humanité,
et se sera créé des titres incontestables à la reconnaissance de tous
les hommes doués de sentiments nobles et gEnéreux. Quant à nous,
nous lui exprimons ici toute notre reconnaissance pour la part
qu'il a bien voulu faire au Conseil de salubrité, dans l'œuvre qui
était à produire en vue du bien-être futur des classes laborieuses
de la société.
Maintenant un mot sur la manière dont ce travail a été exécuté.
Appelés par le gouvernement a apporter, dans l'examen de 11m*
portante question qui allait être agitée, le tribut de nos faibles
lumières, nous avons répondu à son appel avec le plus grand
empressement , nous allions presque dire avec bonheur et amour,
sans nous dissimuler néanmoins combien était laborieuse, ardue et
difficile la tâche dont nous assumions l'accomplissement. C'est
qu'en effet le sort des familles ouvrières nous a toujours vivement
. intéressés; c'est que, depuis longtemps, nous leur avions consacré
notre temps et nos veilles, pour rendre leur condition moins misé-
rable , pour les mettre à l'abri de certaines causes toujours pré-
sentes de maladies; c'est que, enfin, dès l'année 1838, nous avions
entrepris spontanément un travail analogue à celui-ci, travail qui
avait déjà reçu un commencement d'exécution , et auquel nous
n'avons renoncé que par la difficulté de nous procurer des rensei-
gnements suffisants (1). Pour répondre convenablement à, l'attente
(1) Voyei Compte rendu dei travaux du Conteii central de tùlubriti publique de
Brurellen, pendant l'année 1889, par le D> Dian donne.
^y Google
PRÉSENTÉ A H. LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR. 387
du gouvernement, qui ne nous demandait pu de faire un résumé plut
ou moins succinct et méthodique des diverses opinions émises dans
les nombreuses publications relatives à la matière que nous avions
à traiter, mais de lui formuler notre opinion personnelle , c'est-à-
dire une opinion basée sur des faits, et résultant d'une observation
directe et attentive , il ne pouvait y avoir qu'une seule manière de
procéder a l'étude des questions que nous avions a' résoudre, c'était
de visiter les fabriques, de pénétrer dans' les ateliers, de voir où,
comment et dans quelles conditions s'effectuait .le travail. Ce parti,
nous l'avons pris. Nous ;avo'ns donc parcouru la province de
Brabant en tous sens, et, dans cette longue pérégrination, qui n'a'
pas duré moins de six mois , et durant laquelle noue avons visité
au moins cent soixante et dix fabriques ou ateliers, nous avons
recueilli et annoté sur les lieux tous les renseignements indispen-
sables à la confection de notre travail.
Lorsque nous nous disposâmes a mettre en œuvre les nombreux
matériaux que nous -avions amassés de toutes parts, nous nous
aperçûmes bientôt que nous avions quelque chose de plus a faire
que de donner une solution aux questions qui nous étaient pro-
posées ; que ne faire servir nos notes, obtenues avec tant de peine,-
qu'à nous aider à résoudre plus facilement ces questions, c'était
enfouir des richesses précieuses, des richesses difficiles à acquérir, 1
comme nous en avions eu la triste expérience en 1838, des ri- ;
chesses enfin dont la Commission d'enquête pouvait tirer le plus
heureux parti.. Dès lors nous n'avons' pas hésité devant un surcroît
considérable de travail, et nous avons singulièrement agrandi le
cadre de notre œuvre. Ces notes, que noua n'avions prises que
pour nous, ces notes qui devaient seulement nous éclairer et nous
guider, nous les avons rédigées, fabrique par fabrique, pour
former la première partie de notre travail , celle qui résume tous
les renseignements obtenus, toutes les observations que' nous avons
été à même de faire dans le cours de nos- excursions, celle enfin qui
constitue V enquête proprement dite.
Plusieurs motifs nous ont engagés à rédiger et & communiquer
cette enquête au gouvernement : et d'abord, parce que- c'était
prouver au gouvernement que nous nous étions consciencieusement
acquittés de là mission qu'il nous avait confiée, et que nous n'avions
exprimé notre opinion qu'après avoir vu, et beaucoup vu ; eh
second lieu, parce que en nous bornant à répondre aux questions
posées, nous devions passer sous silence. une foule de renseigne-
* Google
388 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
menu , d'observations de détail et de réflexions qui ne pouvaient
trouver leur place que dans un travail où toute* les industrie*
seraient successivement passées en revue, fabrique par fabrique,
atelier par atelier; enfin, parce que la Commission d'enquête,
instituée par M. le Ministre de l'intérieur, devait posséder une pro-
vision de faits à présenter a l'appui du travail qu'elle était appelée
à élaborer, et que nous avons craint qu'elle ne reçût pas un nombre
suffisant de renseignements, toujours si difficiles à obtenir, surtout
lorsqu'on les désire complets et véridiques.
Ainsi, nous le répétons, notre travail se compose de deux
parties distinctes : la première est une enquête proprement dite ,
dans laquelle on trouve tous les renseignements concernant la
nature et la durée du travail , le salaire des ouvriers, leur mora-
lité, leur instruction, leur état sanitaire, l'état des ateliers, l'in-
fluence du travail , etc. Dans la seconde partie , nous nous sommes
attachés a résoudre les questions dont le programme nous avait été
soumis , et nous nous sommes élevés à des considérations du plus
haut intérêt , puisqu'elles se rapportent directement à la santé, au
bien-être et au bonheur de cette partie si considérable de nos sem-
blables, dont toute l'existence n'est qu'une lutte continuelle contre
la misère et les privations.
Notre œuvre renferme certes de nombreuses imperfections-, il
nous eût fallu quelques mois de plus pour la compléter et la rendre
plus parfaite ; mais , telle qu'elle est , nous espérons qu'elle fera
naître quelques convictions, et qu'elle ne sera pas tout à fait inutile
a la cause qui se plaide en ce moment en faveur de la classe
ouvrière. C'est ta seule récompense que nous ambitionnons.
*by Google
ENQUÊTE
BANS LES ETABLISSEMENT» INBUSTSIËLS
PB E Kl 0 ERE PAR7DK.
iTiaummini A.
On y occupe en tout trente-cinq ouvrier», quinze homme» et vingt femme»,
dont les moins 9gée« ont quatorze on quinze ans ; ou ne prend pas de fille*
au-dessou* de cet âge.
Le» faommet seuls exécutent des travaux fatigants, qui consistent à battre
de* morceaux de lingot d'or pour les réduire en feuilles. Les femmes et le»
filles ne font pas autre chose que placer l'or réduit eu feuilles dan* de petits
Tous les ouvrier», indistinctement, travaillent i la journée, de sept heures
du matin à huit heures du soir en été, et de huit heures du matin k huit
heures du soir en hiver. Ils ont une demi-heure de repos le matin et une
heure et demie à midi, en sorte que la durée du travail n'est que de onie
heures en été et de dix heures en hiver. Ils sont, du reste, occupés toute l'année.
Il est rare qne l'on travaille le dimanche, et lorsque cela arrive, ce n'est
que jusqu'à midi. Le travail a lieu le lundi comme les autres jour», et le chô-
mage n'est point toléré.
Les ouvriers de cet établissement reçoivent, en général, des salaires asseï
élevé* ; ce salaire varie naturellement en raison des services rendus ; ainsi
il est de* batteurs qui ne gagnent que 3 ou 4 fr. par jour, tandis que d'autres
gagnent B, 6, 7, 8 et même jusqu'à 10 fr. par jour.
Les apprentis gagnent S fr. par jour.
Les fille* et les femmes gagnent, de 80 cent, à 2 fr., selon leur habileté.
En général, les ouvrier* ont eu, depuis une couple d'années, une augmenta-
tion de salaire.
Le* ouvriers des deux sexe* n'ont aucun rapport entre eux dans l'établis-
sement et travaillent dan* de* locaux séparés. Leur conduite et leur moralité
sont bonnes ; on conçoit, du reste, que travaillant une matière de grande
^y Google
390 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PUBLIQUE DE BRUXELLES.
valeur, les ouvriers lie sont acceptés qu'autant que. le chef ait obtenu à leur
égard les renseignements les plus favorables, ' . » ■
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le* malade*. Lors-
qu'un ouvrier devient malade, Les autres viennent à son secours en faisant
une quête entre -eux. Les cas de maladie août d'ailleurs très-rare», la pro-
fession n'exposant pas par elle-même lés ouvrier* à une affection quelconque.
Eu fait d'accidents, on ne peut mentionner que quelque* contusions plus ou
moins fortes de* doigts, lorsqu'ils viennent à être frappé» par le maillet ; ce -
qui n'arrive d'ordinaire que par la maladresse de l'ouvrier.
Le chef ne pense pas qu'aucun de *e» ouvriers soit inscrit sur la liste de* .
pauvre* : leur salaire est assez élevé pour leur permettre de vivre à l'aise.
Eu effet, les ouvrier* (homme* et femmes) de cet établissement nous ont
offert toute» les apparence* de là santé et de l'aisance ; on remarquait cbei
eux une propreté qu'on rencontre bien rarement dans la classe ouvrière.
Le* -ouvriers batteur* devant être d'une certaine force, Hs se nourrissent, eu
général, très-bien.
ÉT*ILlS*tMI3T B.
Une petite machine à vapeur, de la force de deux chevaux, fait l'ouvrage
le pin* fatigant, et quî, autrefois, t'exéoutait à bra* d'hommes.
Il y a vingt et un ouvrier» : *ix hommes et quinxe femmes.
En outre, cinq enfants de douze à treize ans. On n'en prend pas au-des-
sous de cet âge.
Lea ouvrier» sont occupé» toute l'année : quatre hommes travaillent à la
journée, deux à forfait. Toutes le» femmes travaillent a forfait.
Les enfants sont engagés et pavés par. le chef; il n'y en a point qui tra-
vaillent là avec leur* parent* , maïs il y en a plusieurs de la même famille ,
frère* et sœurs. On se procure aisément le» enfants dont on a besoin.
La durée du travail ne dépasse jamais onze heure*. Hiver et été, la jour-
née commence à sept heures du matin et finit à huit heure* du loir. Il n'y a
qu'un seul intervalle de repos : de midi à deux heure*. Tout les ouvriers
vont prendre leur repas cbei eux.
En général, le* travaux sont peu fatigant» ; s'il y a quelque fatigue, c'est
pour le* homme*. Le* femme* travaillent a ssi a et, et n'ont d'autre occupation .
que de tirer le fil d'or à la filière. Les enfants sont employés à tirer le fil fia;
si on les emploie de préférence aux adulte*, c'est qu'il y a de l'économie à
leur confier ce travail qu'il* font tout aussi bien et aussi facilement que de*
ouvriers qui exigeraient un salaire beaucoup plu* élevé.
Le* atelier* sont fermé* le dimanche ; on travaille te lundi ; mai*, généra-
lement, on ne fait que trois quart* de journée.' "
La moyenne du gain journalier peutêtre évaluée a
Francs 3 25 pour les hommes ;
. g 25 pour le» femmes.
Quant auxeofanls, ils gagnent de 28 à S0 centime* par jour. . .
Il n'y a eu aucune variation dans le salaire.
>S1izedny GOÇgle
ENQUETE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRABANT. 391
Aucun enfant ne fréquente le* écoles ; deux* au plu», Bavent lire et écrire.
L'instruction est presque nulle chez les ouvrier* adulte*.
Les ouvrier* de* deux sexe* travaillent dan» le même atelier ; leur con-
duite e*t trèa-bonne, et, vu la valeur de la matière confiée à leur* main*, on
n'admet que ceux d'une moralité éprouvée.
Enfant» et adulte* jouissent d'une bonne Mnté, et sont très-rarement
malade*. Cette industrie n'offre rien de malsain on de nuisible. Il n'y a jamais
eu aucun accident.
. Le* ouvrière* tirant à I* filière, devant patser le fil d'or dan* de* trous
excessivement petit* et presque imperceptibles, il leur faut de bons yeux ;
on conçoit qu'à la longue ce travail doit nuire, et amener un affaiblissement
notable de lavne.
S'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres, ils doivent être en
très- petit nombre ; le chef ne «ait rien de positif a cet égard. En général, la
mise de* ouvriers nous a para propre et annoncer nne certaine aisance.
ii.-ki— —
triitissiatsT A.
On n'y occupe que quatre ouvriers etdeux apprentis. Les enfant* ne sont
reçus comme apprentis que lorsqu'il* ont au moins douxe ans; l'ouvrage
qu'on leur confie est peu fatigant: il consiste principalement à retirer les
pièces de l'eau seconde, à les sécher et le* nettoyer.
Les ouvrier* y «ont occupés toute l'année et travaillent tous à la journée.
Le travail commence, en toute saison, à six heures et demie du matin, et se
prolonge jusqu'à huit heure* du soir ; en défalquant les intervalles de
repos, qui sont d'nne demi-heure le matin, d'une heure et demie à midi,
et d'une demi-heure à quatre heures, il reste onze heure* de travail.
Quelquefois cependant l'on fait cinq quarts, c'est-à-dire que l'on travaille
alora deux heures de plus, soit treize heures, jusqu'à dix heures du soir.
Les apprenti* participent à ce travail extraordinaire.
Le déjeuner et le goûter se font dans l'atelier ; le dîner a lieu au dehors.
Assez souvent les ouvriers font un demi-jour le dimanche; ils ne travail-
lent guère plus le lundi, souvent même il* ne travaillent pas du tout.
Le prix de la journée de travail peut être établi comme suit :
Fondeurs. ...'....'.'.; fr. t 00
Monteurs 1 7B
Ciseleurs S S»
Le* apprentis ne gagnent guère plus d'un franc par semaine, et sont payés
par le chef.
^y Google
392 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES
Le salaire a augmenté depuis quelque» année», environ de 93 centimes
par jour.
L'instruction des ouvrier* et de* apprenti* est presque nulle; deux tout
■u plu» savent lire et écrire. Leur conduite est ataei bonne ; il* ne sont pat
adonnés à l'ivrognerie el l'on ne peut guère leur reprocher que ta mauvaise
habitude de courir les cabarets le lundi.
Le chef ignore s'il a des ouvriers inscrit* sur la liste de» pauvre»,
La tante de* ouvriers est en général bonne ; cependant étant exposé* aux
Tapeurs mercurietle» , il» «ont sujet» au irembUmeni ; mai* une vie réglée,
l'abstinence des boissons alcooliques et le* soin* de propreté, contribuent
beaucoup à prévenir cet accident, qui arrive presque inévitablement à ceux
qui se livrent à des excès continuels de boiston ou qui n'ont pas l'habitude
de la propreté.
Le* ouvriers polisseurs sont plus particulièrement sujets aux crache m eut»
de sang, k la phthisie et autre* affections de la poitrine.
U n'existe aucun règlement d'ordre ou de discipline.
On exige un livret de tout ouvrier entrant à l'atelier.
Cet établissement laisse beaucoup à désirer sou* le point de vue hygié-
nique : la fonderie est établie dan* une cave basse et insuffisamment aérée ;
l'atelier de* monteur* et des ciseleurs est au grenier, et celui affecté au dorage,
dans une pièce au rez-de-chaussée : la cheminée de ce dernier est garnie
d'un manteau, mais ce manteau est insuffisant pour s'opposer à ce que les
vapeur* mercurielle* se répandent dan» l'atelier.
tTlHISSIHKT B,
Le chef travaille seul : quelquefois U se fait aider par *a femme. Il n'y a
pa» assez d'ouvrage pour occuper un ouvrier.
Il exerce la profession de doreur depuis dix-huit ans, et a travaillé quelque
temps à Paris.
Il n'a jamais été malade, mais il reconnaît que la profession est insalubre
et expose à de graves inconvénient*. Ces inconvénients sont principalement
du* 4 la mauvaise disposition des ateliers et des fourneaux, et se manifestent
surtout chez le* ouvriers malpropre* et buveur*. Une cheminée ayant un
bon tirage et garnie d'un manteau descendant très-bas, met le plu* souvent
les ouvriers à l'abri de l'influence pernicieuse de* vapeurs mercurielle*,
surtout lorsqu'ils sont propres et qu'il* mènent une vie régulière.
L'atelier est petit et situé au deuxième étage : la cheminée est assez bien
dispotée et garnie d'un manteau qui pourrait encore descendre un peu pins
bas sans nuire au travail, si Ton y adaptait le châssis mobile recommandé
par Darcet.
■VI hisses rut C.
On y occupe deux ouvriers adultes et deux apprenti» âgés de plus de
douze ans.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ËTABLISSEH. INDUSTRIELS DU MURANT. 395
lie travail continue tonte l'année sans interruption.
Les ouvriers travaillent à ta journée.
En tonte* saison», la journée commence à sept heure* tlu matin et finit à
■ept heures du soir.
Ce* limites sont quelquefois dépassées de deux heures et demie environ.
Il y a une demi-heure de repos le matin et une heure et demie à midi.
H n'y a jamais de travail de nuit.
Le* ouvriers retournent cher eux pour le dîner.
Le* apprenti* «ont logé* et nourris dans la maison.
Il est très-rare que l'on travaille le dimanche.
On n'a pas l'habitude de chômer le lundi.
Les ouvriers doreurs gagnent de 5 à S francs par jour.
Les appreoLis gagnent, indépendamment de leur logement et de leur nour-
riture, B francs par semaine.
L'instruction de* ouvrier* et des apprentis est très-salia faisante. Leur
conduite est bonne : comme ils travaillent une matière de grande valeur, on
ne prend que ceux d'une moralité reconnue.
La santé des ouvriers est bonne. — La profession expote cependant,
déclare le chef, au tremblement et aux coliques métalliques ; mai* ce* acci-
denta peuvent être prévenus par quelques précaution* et un régime conve-
nable. Les ouvriers adonnés à l'intempérance ou à la débauche, manquent
rarement de devenir victimes de leurs vices. Le chef n'a pas encore observé
d'accidents chez ses ouvriers, immunité qu'il attribue à la bonne disposition
de ses fourneau* et de ses cheminées.
Lea fourneaux et le* cheminées sont , en effet, construits d'après les indi-
cations fournies par Darcet, c'est-à dire que le manteau de la cheminée,
quoique descendant déjà très-bas, est garni à *a partie inférieure d'un châssis
vitré mobile qui, lorsqu'il est abattu, laisse un passage suffisant aux bras de
l'ouvrier, et permet a celui-ci de suivre l'opération de l'œil à travers le verre.
La disposition que noua venons de décrire devrait être adoptée par lou*
les doreur* car métaux.
hkniwuin A.
On n'y occupe que cinq ouvriers, ton* adulte*.
Les principaux produits de cette fabrique sont : le chlorure de chaux sec.
l'huile de pied de bceuf et la colle gélatine.
I>e* ouvriers «ont payés * la journée et gagnent 1 franc 80 centimes par jour
Ij> Innll mnnnuia k ci» lianua si ,Umio fin malin, fi finit à SCDt hfilirei
Le travail commence à six heures et demie du matin, et finit à sept heures
Il n'y a pas d'intervalle* fixes de repos; les ouvriers s'arrangent entre eux
Digilizedby GOOgle
394 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
pour aller prendre leurs repas, car il» ne peuvent pas tou* abandonner la
fabrique, une surveillance continuelle étant nécessaire.
Les ouvriers passent à tour de rôle la nuit dans la fabrique, pour y entre-
tenir les feux et surveiller les appareils.
L'instruction est complètement nulle.
Oit ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste de* pauvres.
Cet établissement est mal tenu et offre de nombreuses conditions
d'insalubrité pour les ouvriers; il n'yapasde doute que leur santé
doive s'y altérer profondément après quelque temps de travail ; il
est difficile de préciser l'époque où se font d'ordinaire sentir les
influences délétères de la fabrication-, celte époque variant néces-
sairement en raison de la constitution plus ou moins forte des
ouvriers, des précautions qu'ils peuvent prendre, de leur manière
de vivre, etc. Toujours est-il qu'au bout d'un certain temps les
ouvriers portent sur la figure- un cachet tout particulier, dû à la
nature de leur travail; ainsi, ils pâlissent, maigrissent, commen-
cent à tousser et sont pris d'une diarrhée qui devient souvent
fâcheuse. Deux ouvriers sont morts, depuis peu , de phthisie pul-
monaire.
S'il ne fallait s'en rapporter qu'à la déclaration du contre-maître,
qui, du reste, n'est pas depuis longtemps dans cette Fabrique,
tout ce que nous venons de dire serait fort exagéré, etla fabrication
n'aurait rien de nuisible ; mais cet homme venait de se livrer à des
libations d'eau-de-yie, et nous a paru vouloir se poser en fanfaron.
Nous devons ajouter d'autant plus de foi aux renseignements qui
nous ont été donnés, que nous les avons obtenus d'un homme, le
portier ou gardien de la fabrique , qui depuis plusieurs années a
été à même d'observer ce qui se passe. Cet homme nous a signalé
la fabrication comme des plus dangereuses, et noua a déclaré qu'à
aucun prix il ne voudrait y prendre part i il a ajouté que si nous
étions venus dix minutes plus tôt, nous aurions encore vu un ouvrier
à demi asphyxié, penché à une fenêtre pour reprendre ses sens.
On peut considérer ces assertions comme vraies, car il suffit de
voir le local destiné à la fabrication du chlorure de chaux sec ,
pour se convaincre que les ouvriers sont exposés à tous les dan-
gers qui peuvent résulter de l'inspiration de gaz irritants. Ce local,
d'une longueur assez considérable, et contenant neuf chambres au
chlorure de chaux sec, n'offre, pour toute largeur, que celle stric-
tement nécessaire pour la construction de ces chambres et pour
laisser un passage aux ouvriers. La hauteur des chambres n'est
*by Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABUSSEM. INDUSTRIELS DU BRÀBÀNT. 395
{fuèrequc de deux mètres : le toit les recouvre presque immédia-
tement, et il n'y a entre celui-ci et la paroi supérieure des cham-
bres, que l'espace résultant de l'inclinaison obligée du toit pour
l'écoulement des eaux pluviales. Quelques rares fenêtres -en taba-
tière dans le toit, et des croisées percées dans le mur qui fait face
aux chambres , constituent les seuls moyens d'aérage et de venti-
lation. Vu la pesanteur spécifique du chlore , on peut dire que les
ouvriers se trouvent presque toujours dans une atmosphère forte-
ment chargée de ce gaz. Nous ajouterons que lors de notre visite
nous avons rencontré sur le sol de ce local plusieurs Saques assez
considérables d'acide cblorhvdrique, ce qui prouve une négligence
impardonnable.
Stiilimimit B, '
I.e» produits fabriqué* sont : l'acide py roligneu* et le chlorhydrate d'é-
Cette fabrique peu importante n'occupe que deux
nous ne la mentionnons ici qu'à cause de sa défectuosité sous
tous les rapports.
En effet, ce n'est qu'un mauvais hangar, bas et obscur, dépourvu
de toute espèce d'aérage ; il est impossible de se figurer un taudis
plus sale, plus mal tenu, et réunissant un plus grand nombre de
conditions d'insalubrité.
En v entrant nous fumes assez incommodés de l'odeur vive et
pénétrante qui accompagne toujours la fabrication de l'acide
pyroligneux , mais qui. là reste concentrée et est intolérable. Les
gaz acide carbonique et oxyde de carbone, trouvant de la peine à
s'échapper , s'accumulent dans la fabrique et en rendent le séjour
très-nuisible; à certaines époques de L'opération, le dégagement de
ces gaz est si abondant, que les poules vaguant dans la cour inté-
rieure, tombent, au dire même du propriétaire, quelquefois
asphyxiées, et qu'il a fallu prendre l'habitude de les chasser dans
la campagne pour les soustraire à une mort certaine. On conçoit
aisément que les ouvriers qui respirent ces gaz impropres à la res-
piration doivent en éprouver des incommodités assez graves ; aussi
sont-ils fréquemment atteints de vertiges et d'éblouissements , et
s'il n'arrive pas d'accidents plus funestes, c'est que la nature de
leurs occupations ne les assujettit pas à rester constamment dans
la fabrique.
■ Les gaz provenant de la distillation sont brûlé* dans la fabrique
i),g,ized0y GOOgle
396 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
à mesure qu'ils se dégagent, a proximité de tonneaux goudronnés
et d'autres matières facilement inflammables !
Le chlorhydrate d'étain se fabrique sur un fourneau mal monté
et en mauvais état.
Les deux ouvriers employés dans cette fabrique travaillent
alternativement la nuit : ils ne gagnent guère plus d'un franc par
jour.
r C.
Les produits fabriqués sont l'acide chlorhydrique, le sulfate de soude et le
chlorure de chaux liquide. Cet établissement occupe dix ouvriers , tous
hommes mariés et habitant la campagne. Le travail n'est suspendu que du
SI mai an SI juillet. Cette suspension de travail est obligatoire, à cause des
dommages apportés aux récoltes des champs environnants par l'acide hydro-
chlorîque qui s'échappe de la cheminée.
Tona les ouvriers travaillent à la journée, qui se compose de douxe heures
de travail continu; ils as relayent toutes les douxe heures, lis prennent
leurs repas dans la fabrique, tout en continuant â surveiller les appareils.
Ils travaillent le diinancbe comme les autres jours , et ne chôment jamais
le lundi.
Le prix de la journée de travail est de 1 franc 80 centimes.
Ce prix n'a pas éprouvé de variation.
L'instruction des ouvriers est presque nulle ; leur conduite est bonne, et
ils mènent, en général, une vie très-réglée.
Le contre-maître déclare que les ouvriers ne sont «posés à aucune mala-
die, et ne sont jamais malades ; que jamais non plus aucun accident n'est
arrivé dans la fabrique.
Il ne sait pas s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres ; il ne le
pense pas, car les ouvriers vivent à peu de frais à la campagne ; en gagnant
1 franc 80 centimes par jour, ils peuvent pourvoir à leur subsistance, d'autant
plus facilement que, presque toujours, ils cultivent, avec leurs femmes et
leurs enfants, on petit jardin, ou quelque coin de terre.
Celte fabrique, sans offrir de grands inconvénients sous le rap-
port hygiénique, pourrait cependant être mieux tenue. L'appareil
pour l'acide chlorhydrique est établi à l'air libre ; mais les bobonne*
étant mal lutées et quelques-unes en mauvais état, il se fait des
pertes de gaz chlore qui rendent l'atmosphère irritante et nuisible
aux ouvriers.
Le local où se trouve l'appareil pour la fabrication du chlorure
de chaux liquide , n'est pas suffisamment pourvu de moyens d'aé-
rage.
Pour nous assurer de l'exactitude de* renseignements fournis par
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE*!. INDUSTRIELS DU BRABANT. 397
le contre-maître, nous nous somme» rendus, en sortant de la fabri-
que, au domicile d'un des ouvriers. Cet homme nous a déclaré élre
âgé de trente-trois ans et travailler depuis deux ans dans l'établis-
sement C. Quoique son teint soit jaunâtre et qu'il paraisse beau-
coup plus âgé qu'il n'est réellement , il dit n'avoir j'aimais éprouvé
que quelques incommodités légères , comme de la tous , un peu
d'oppression. II n'a jamais connu d'ouvriers atteints de crache-
ments de sang ou d'affections de poitrine; le seul inconvénient de
la fabrication est de déterminer , par moments, un peu de toux et
d'oppression.
Cet ouvrier est marié, père d'un enfant, et cultive un petit coin
déterre: l'intérieur de son habitation est très-propre et annonce
de l'aisance.
La presque innocuité du travail dans cette fabrique peut être
rapportée a plusieurs causes ; 1* à ce que le principal appareil,
celui pour l'acide cbïorhydrique , est établi en plein air ; 2° à ce
que les appareils une fois mis en fonction, les ouvriers vont et
viennent , et ne respirent pas toujours le même air; 3* à ce que,
leurs habitations étant construites en pleine campagne, ils respirent
a leur retour chez eux un air pur ; 4° à ce que l'ivrognerie et la
débauche leur sont inconnues.
■tAM.ltSr.niRT D.
Les principaux produits de cet établissement «ont : les acides tulfnrique
et cbïorhydrique, le sulfate de soude, la soude artificielle, le noir animal et
let conteurs.
Il y a une machine a vapeur de là force de six à huit chevaux.
On y emploie quatorze ouvriers, tous adultes.
Le travail se continue toute l'année, et dure de six heures du matin à sept
heures du soir, en toutes saisons. La nature du travail ne permettant pas
d'interruption, trois ou quatre ouvriers doivent passer la nuit à tour do râle.
On accorde une demi-heure de repas le matin, et une heure S midi. Les
ouvriers prennent leurs repas dans la ta brique-
Leur instruction est à peu près nulle.
Le prix de U journée de travail est de I franc SB centimes,
Les ouvriers qui passent la nuit, gagnent 1 franc 90 centimes.
Leur conduite est, en général, bonne ; s'il n'y a pas précisément de l'ai-
sance, il n'y a pas non plus de misère.
Le chef prétend que ses ouvriers ne sont jamais malades, et que la fabri-
cation ne les expose à aucane maladie. Il est difficile d'admettre cette assertion
comme l'expression de la vérité , surtout quand on a pris c
D,g,ized0y GOOgle
398 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
lieux. En effet, cette fabrique art malproa re, mal tenue ; tout y annonce le
détordre.
Le lw»l destiné à la fabrication du noir animal est trop peu spacieux et
mal aéré.
Celui où se trouvent la chambre de plomb et le fourneau nù l'on brûle le
soufre, manque d'élévation. Le fourneau est défectueux et mal monté; il
laisse fuir le gai acide sulfureux. Au moment de noire visite, la fabrique en
était tellement remplie , que nous pûmes a peine la parcourir, et que nous
ne le fîmes pas sans éprouver plus d'une quinte de toux. Le chef se bâta de
nous conduire au grand air, car, malgré son habitude, lui-même ne put
résister à l'action du gai.
Les autres locaux de cet établissement sont, en général, trop étroits, et
manquent il'aérage.
L'appareil pour l'acide chlorbydrïque est à l'air libre ; il ne fonctionnait
pas lors de notre visite.
H n'est pas douteux pour nous, qu'un semblable établissement ne doive
exercer une influence fâcheuse sur la santé des ouvriers qui y travaillent.
ITSBitssinnrt E.
On y fabrique principalement les acides sulfurique et nitrique.
On y occupe dix ouvriers, tous adultes et habitants de la campagne.
Le travail continue toute l'année, et les ouvriers sont employés a (ajournée.
La journée oommence à six heures du matin et finit a six heures du soir ;
à, six heures du soir commence une nouvelle journée qui se termine a six
heures du matin, de sorte que le travail n'est pas interrompu, et que les
ouvriers font alternativement douze heures de travail de jour et doute heure*
de travail de nuit.
Pendant le travail de jour, les ouvriers ont une demi-heure de repos le
matin, une heure à midi, et une demi-heure i quatre heures. Pendent le tra-
Tail de nuit, ils s'entendent entre eux pour prendre. le repos nécessaire,
La plupart des ouvriers prennent leurs repas dans le fabrique.
On travaille le dimanche, parce qu'on ne peut interrompre une opération
commencée ; par la même raison, il ne peut y avoir de chômage Le lundi.
Le salaire de* ouvriers n'a pas subi de changement.
Le* ouvrier* gagnent 3 franc* par jour.
Le plus grand nombre ne savent ni lira, ni éerim.
Leur conduite est bonne ; leur vie est régulière, et ib ne se livrent ni à la
débauche, ni a la boisson.
Il n'y a pas de caisse d'épargne ou de fonds de réserve pour In* malades.
L'état sanitaire des ouvriers est assez satisfaisant ; œpondent fa profes-
sion exerce sur leur santé une influence défavorable, car, d'après la déclara-
tion même du directeur, quelques ouvriers finissent par devenir poilrinatrtê.
On ignore s'il y a des ouvrière inscrit* sur la liste des pauvres ; on ne le
^y Google
ENQGÉTE DANS LES ÉTABLISSE*. INDUSTRIELS DU BRABANT. 390
pense pat, car les ouvriers de la campagne , gagnant 3 franc* par jour,
peuvent vivre assez à l'aise.
Le» prescriptions relatives an livrât sont exécutées.
Celle fabrique est bien tenue : les appareils sont montés avec
beaucoup de soin, et Jes déperditions gazeuses sont presque nulles;
ou y rencontre enfin à peu près toutes le* conditions de salubrité
désirables dans un semblable établissement. On se propose de munir
la fabrique d'une pompe à incendie.
t? ABLJSSEBIKI F.
On y fabrique de la colle gélatine, de l'huile de pied de bœuf, et de la
graisse pour oindre les mécaniques.
On y occupe dix ouvriers; sur ce nombre, il y a quatre jeunes ouvrière
de l'âge de treize k dix-huit ans.
Les ouvriers sont occupes toute l'année ; île travaillent tons a la journée.
Le* jeunes ouvriers sont engagés par le chef; on les emploie à étendre la
colle et à quelques autres travaux léger*.
En tonte* saisons, la journée commence à six heures du matin et finît à
sept heure* du soir.
Ces limites ne sont que tria- rarement dépassées.
Il est très-rare aussi que l'on travaille la nuit.
La durée du travail est restée toujours la même.
Il 7 a une demi-heure de repos le matin, et une heure à midi.
Le* ouvriers prennent leurs repas dans l'atelier eu dans les cour*.
On travaille quelquefois le dimanche.
Jamais on ne chétae le lundi ; les ouvriers font journée complète.
Le prix de la journée de travail n'a pas varié.
Le* ouvriers adultes gagnent 1 franc Su centime* par jour.
Le* jeunes ouvriers gagnent S francs KO centime* par semaine.
Ces derniers sont toujours payé* par le chef.
L'instruction des jeunet ouvrier* et des adulte* est tout à fait nulle.
Leur conduite est très-bonne.
Il n'y a ni eaiue «l'épargne, ni fond* de réserva pour les malades.
L'état sanitaire est excellent. Tous les ouvriers sont robustes; il* habitent
la campagne, et sont très-rarement malades.
Le* travaux ne sont nullement fatigants, et n'offrent rien de nuisible à la
Le chef ne pense pas qu'aucun de se* ouvrier* soit inscrit sur la liste des
pauvre*.
Il n'y a pat de règlement d'ordre ou de discipline.
Le* prescriptions relatives au livret sont observées.
Cette fabrique est bien tenue et bien dirigée : bot locaux sont
sains , les appareils bien montés et bien combinés ; enfin l'on y
rencontre toutes les conditions de salubrité désirables.
^y Google
400 CONSEIL CENTRALOE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
(TSILISSIUIST 0.
On D'y fabrique que du noir animal.
Il y a une machine à vapeur de la force de dix chevaux;.
On' y occupe cinq ouvriers adulte*, et deux enfants de Tige de dix à
quinxe ani. Les enfant» «ont engagés par le chef, et «ont employé* i briser
le* o* et à en dire le triage.
Le* ouvriers sont occupés toute l'année, et tous travaillent a la journée.
En été, la journée commence à six! heures du matin et finit à six heures et
demie du soir; en hiver, elle ne commence qu'à sept heures du math), et finit
a cinq heures du soir.
Cea limites sont quelquefois dépassées. Il arrive même que Ton. travaille
la nuit, mais rarement. On relève alors le* ouvrier*.
Le* enfants doivent ainsi travailler la nuit.
Il y a une demi-heure dé repos le matin, une heure à midi, et nue demi-
heure à quatre heure*.
Quelque* ouvriers vont dîner chex eux ; d'autres restent dans l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche.
Quelque» ouvrier* chôment le lundi ; cependant cela n'arrive que rarement.
Le salaire des ouvrière n'a pas subi de variation.
Le* adulte* gagnent 1 franc 36 centime* par jour, et le* entants «ont
payé* à raison de 60 a 90 centimes.
Les enfant* sont toujours payés par le chef.
L'instruction de* enfants et de* adulte* «si tout a (ait nulle.
Leur conduite est a*sei bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, 'ni fonds île réserve pour le* malade*.
L'état sanitaire est satisfaisant. Le* ouvrier* sont rarement malades, et le
chef ne connaît aucune maladie propre a la profession.
Un seul ouvrier ett inscrit sur la liste des pauvre*. Tous les ouvriers
demeurent à la campagne; il* n'ont pas de misère; leur nourriture et leurs
habitation* «ont asset bonnes.
Il n'y u pa* de règlement d'ordre ou de discipline.
On exige le dépôt du livret.
Les ateliers laissent quelque chose k désirer »u* le rapport de l'aérageet
de la lumière.
iTtBMSSMinr H.
On n'y fabrique que de la e£ru*e.
On y occupe dix ouvriers et quatre ou cinq 611e* de. l'âge de dix-sept à
dix-huit an*.
Il y a de l'ouvrage la plus grande partie de l'année.
Tous les ouvriers travaillent à la journée.
La journée commence, en été, à six heures du matin, et finit i sept heures
du soir; en hiver, elle commence à six heures et demie du matin, et finit a
six heure* du soir.
>91izedby GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTÀBUSSEM. INDUS TftlELS DU BRÀBÀMT. 401
Cet limites ne «ont jamais dépassées, et il n'y ■ jamais de travail de nuit.
Il y a une demi-heure de repos te matin, une heure à midi, et une demi.
heure i quatre heure*.
Les ouvrier» pienvieut leur» repas dans l'établissement ; mai* il* se retirent,
à cet effet, dan* un local spécial.
On ne travaille jamai* le dimanche.
H n'y a paa de chômage le lundi.
Le prix de la journée de travail n'a pas varié.
Les ouvrier* gagnent environ 1 franc 60 centime* par jour.
L'instruction des ouvriers laisse à désirer ; elle est, à peu près, nulle. Leur
conduite est bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades ; en cas
de maladie, c'est rétablissement qui fait soigner l'ouvrier.
L'état sanitaire est satisfaisant, dît le chef, en égard an genre d'industrie.
■ Les ouvriers ion t eiposés à gagner la colique de plomb ; mais cette maladie
ne se déclare que rarement. Ce résultat favorable est attribué aux mesure*
de propreté auxquelles on oblige les ouvriers de se soumettre. Quelque*
ouvrier* travaillent depuis quinze ans dans les fabrique* de cérase, et sont
bien portant*.
Le chef ignore s'il y a des ouvrier* inscrits sur la liste des pauvres ; il ne
le pense pas.
Ledépôt du livret est exigé.
Les ateliers sont assez élevés et bien aérés ; les ouvriers nous ont
paru être très-propres ; ils ne quittent jamais l'atelier sans se laver
a grande eau. Nous avons examiné plusieurs ouvriers, et chez aucun
nous n'avons rencontré des symptômes d'intoxication saturnine.
Et IBr lîSEMBUT /.
On y fabrique les acides sulfurique et chlorhydrique , le sulfate de soude
et le chlorhydrate d'étain.
Il y a deux chaudières a vapeur et deux chambre* de plomb.
On y occupe soixante ouvriers, tous adultes.
Ils sont employés tonte l'année, et ton* travaillent i la journée.
Il y a douze heure* de travail par jour, et deux heure* de repos pendant
te* heure* de travail.
Quelque* ouvriers doivent travailler la nuit pour entretenir le* fourneaux
et surveiller le* appareil*. Le* ouvriers travaillent donc alternativement le
jour et la nuit.
On travailla le dimanche, parce qu'on ne peut interrompre une opération
H n'y a pas de chômage le lundi.
Le* ouvriers de la fabrique gagnent 1 fr. 63 c. par joui
>aiizodor Google
«M CONSEIL CENTRAL DE SALUBK1TÉ PUBLIQUE OE BRUXELIJKS.
Ceux employés comme manœuvres emballeur* na gagnent que I fr. KO c.
par jour.
La conduite de* ouvriers est bonne, et leur instruction nulle ou à peu
pria.
L'étal Militaire e*t salis faisant, et le* ouvrier* (ont rarement malade*. Le
chef ne regarde pas le travail comme insalubre ; do moins, l'expérience ne
lut ■ pai appris que la fabrication exerce quelque influence ntr la santé de*
ouvrier*.
Le* atelier* «ont vaste* et aussi salubres qu'ils peuvent l'être dans un
semblable établissement,
Ou n'y fait que de la céruse.
11 y a une machine a vapeur de la force de dis chevaux j la vapeur qui a
fonctionné «ert à chauffer les séchoir*.
On y emploie vingt-cinq ouvrier*; sur ce nombre, il y a sept femme* ou
filles, et quatre enfants de l'âge de quatorze à quinze ans.
Le travail continue toute l'année.
Les ouvriers travaillent tous à la journée.
La journée de travail est de doute heures, entrecoupée par sept quarts
d'heure de repos pour le déjeuner, le dîner et le goûter.
Ces limites ne sont jamais dépassées.
11 n'y a jamais de travail de nuit.
On ne travaille pas non plus le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Les salaires n'ont ni augmenté, ni diminué.
Les ouvrier* adnltes gagnent , terme moyen, 1 franc 90 centimes par jour.
— fié* femmes gagnent 80 centimes, et le* enfant* 70 centimes par jour.
La conduite des ouvrier* est généralement bonne.
Leur instruction est pour ainsi dire complètement nulle.
L'état sanitaire est assex sa lis fui saut. La colique de plomb eat une maladie
propre aux ouvriers céruslers ; cependant le chef déclare qu'on l'observe
Les soins de propreté, une vie régulière et l'abstinence de* boissons
alcoolique*, contribuent beaucoup a prévenir cette maladie.
Les séchoirs sont élevés et bien disposés, ci les autre* atelier* vastes et
14.-
ETASMSSIXIHV A.
Les moteurs sont deux chutes d'eau ayant chacune la force d'environ
douze a quatorze chevaux.
Il y a un générateur a vapeur, destiné principalement à chauoer les cylin-
dres de la machine à papier continu.
xuvCoo^le
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABANT. 40S
Il n'y i qu'une cuve 4e papier à la main en fonction.
Ou y occupe cent ouvriers ; cinquante homme» et cinquante femmes.
Le* enfanta «ont au nombre de an., et aont âgés de douze & quinze ans.
Le travail continue toute l'année.
Les coupeuse* et trieuse» travaillent à pièce; elles sont payée* par 100 kilo-
Les nettoyeuses et les satineuses sont payée* par rame.
Les ouvrier* travaillant à la cure doi*ent Faire vingt por»« pour une jour-
née. — La parte ait une ma**e de papier ayant dis centimètre* de hauteur :
le* vingt panes font de six à sept rame* de papier.
Le machiniste, le* colleurs, le* leveuses et tous les autre* ouvrier* tra-
vaillent a la journée.
Le* enfants sont engagés et payés par le chef, qui se le* procure d'ailleurs
facilement. Leur travail est peu fatigant; ils arrangent le papier et lèvent à
la cuve ; les petites filles lèvent à la collerie et satinent.
En été, le travail commence a cmq heures et demie dn inatiu, et Boit à sept
heure* du soir. — Bu hiver , on commence et l'en finit aveu 1e jour. On ne
dépasse jamais on* tante*.
Il y a une demi-heure de repo* le matin, an* heure à midi et une demi-
heure à quatre heures.
Le travail de nuit est indispensable pour les meunier», c'est-à-dire pour
les ouvriers chargés de la mouture des chiffons : ce* ouvrier* se relayent
toutes les douie heures, et font alternativement une semaine de travail de jour
et une semaine de travail de nuit.
Presque tous le* ouvrier* prennent leurs repas dan* la fabrique.
On travaille quelquefois le dimanche, et jamais on ne chôme te lundi;
Quelque* ouvrier* gagnent 5 francs par jour; nui* La plupart ne gagnent
qu'un franc ou 1 fr. 28 centime*. •
Le formeur (papier à la main) gagne 1 franc 80 centime* par jour.
Les enfants gagnent en général BS centime* par jour.
Le prix de la journée de travail* augmenté de â3 a 56 centime*.
Les enfants employés dans cette fabrique savent tous lire et écrire; on ne
les accepte que lorsqu'ils ont fait leur première communion.
Tous le* ouvriers de l'âge de vingt à vingt-cinq ans tavent lire et écrire ;
le* vieux ouvriers sont de l'ignorance la plus complète.
Les hommes et les femmes travaillent dans de* locaux, séparés ; leur con-
duite est excellente.
L'établissement ne posséda ni caisse d'épargne, ni fond* de réserve pour
le* malades.
La santé des ouvrier* est trèft-bonne, et la fabrication «expose à aucune
L'opération la plu* dangereuse est le blanchiment de la pâte au
moyen du chlore gazeux. La pâte est arrangée par étages dans
des chambres où l'on fait passer un courant de chlore, après les
^y Google
404 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PUBLIQUE DE BRUXELLES.
■voir fermées hermétiquement - au moyen d'un lut. Lorsqu'on
ouvre ces chambres, après que l'opération est terminée, il s'en
échappe une atmosphère de chlore des plus dangereuses pour les
ouvriers chargés de cette besogne. Dent ouvriers y ayant même
trouvé la mort, on a cherché à rendre ce travail moins dangereux,
et l'on s'est arrêté au -moyen le plus simple et en même temps le
meilleur,' celui de rendre l'ouverture des chambres' possible, les
ouvriers se trouvant en dehors du local et au grand air. Depuis
lors il n'y a plus eu le plus léger accident.
L'appareil pour le dégagement du chlore pourrait être mieux
monté : il se trouve dans le local même où sont construites les
chambres de blanchiment. Cet appareil devrait être placé en
dehors de ce local et à l'air libre.
Une autre opération qui n'est pas sans présenter quelques incon-
vénients , c'est la coupe et le triage des chiffons : beaucoup de
trieuses ne peuvent supporter ce travail, à cause de la poussière
qu'il occasionne. Le chef n'a cependant point observé que les
maladies de poitrine fussent communes chez ces ouvrières ; mais
comme il nous a dît que les nouvelles arrivées étaient sujettes à
contracter de la tous et qu'on les renvoyait alors immédiatement
pour les remplacer par d'autres, On s'explique fort bien pourquoi
ces maladies n'ont pas été observées.
Les maladies, de peau sont assez rares chez ces ouvrières.
Le criblage ou tamisage des chiffons pour eft séparer les ordures
et la poussière , tel qu'il est usité dans cette fabrique , met les
ouvriers complètement à l'abri de la' poussière abondante qui
résulte de cette opération.. La machine a cribler , un cylindre ou
tambour , dont les parois sont formées d'un treillis en fil de fer ,
est placée dans un local qui ferme hermétiquement et où l'ouvrier
ne doit entrer que pour charger et décharger le tambour : le
tambour une fois chargé de chiffons , on le met en mouvement
au moyen d'une manivelle placée a l'extérieur.
Très- peu d'ouvriers de cette fabrique sont inscrits sur la liste des
pauvres ■: généralement on ne peut pas dire qu'il y ait de la misère
chez eux ; leurs habitations sont propres et saines. Leur nourri-
ture consiste principalement en pain , pommes de terre ou autres
légumes, et café t ils ne mangent de la viande qu'une fois par
semaine.
Le travail à la cuve (papier à la main) se fait dans un local au-
dessous du rez-de-chaussée : ce local est assez vaste , bien éclairé
D,g liz^d bV Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES). INDUSTRIELS DU BRÀBANT. 405
et bien' aéré, proprement tenu, et il n'y a d'autre humidité que
celle qui est inséparable de ce travail : de tousjes locaux destinés
à la fabrication du papier a la main que nous avons tus , c'est ,
sans contredit, le plus salubre.
Tous les ouvriers nous ont paru jouir d'une bonne sauté et se
faisaient remarquer par une propreté très-grande.
Le chef n'a arrêté aucun règlement d'ordre ou de discipline;
lorsqu'il prend un nouvel ouvrier, il exige le dépôt du livret.
Nous avons visité cet établissement avec une véritable satisfac-
tion ; il est bien tenu et d'une propreté exquise ; tous les locaux en
sont vastes, bien éclairés et bien aérés, et ne laissent rien à désirer
sous le rapport de la salubrité. Un seul fait exception , c'est l'ate-
lier des cou peu ses et des trieuses , qui , en raison du nombre de
femmes qui y travaillent et de la, poussière qui y règne, toujours ,
n'est pas assez ventilé et manque de hauteur ; il n'a, en effet , que
2 mètres 62 centimètres d'élévation.
En félicitant le propriétaire de la bonne tenue de son établisse-
ment, nous lui avons exprimé nos regrets dé ce que l'atelier où se
fait le travail le plus sale et le plus incommode, le triage des chif- .
fons, était précisément celui -qui laissait, le plus a désirer sous le
rapport de la salubrité , par son manque d'élévation et de venti-
lation. Il nous a répondu qu'il se proposait de, faire abattre cette
partie de bâtiment, et que lors de la reconstruction, il aurait égard
a nos observations dont il appréciait toute la justesse.
1T1H1MMM1 B. '
Les moteurs sont nue machine * vapeur de la force.de dix chevaux et
une chute d'eau de la force de vingt-cinq a trente chevaux. ■ ■
On y fabrique le papier à la mécanique.
Sur Ici cinquante ouvriers employés, il y a dix homme* adultes et qua-
rante femmes ou Elles (1). La plupart des ouvriers sont mariés.
Le travail continue toute l'année.
Les ouvrier* occupés à la machine et le* meunier* travaillent à Ut journée ;
le* trieuses i forfait.
La durée du travail e*t Du peu plus longue qu'elle ne l'émit jadis; le tra-
vail commence, en tonte* saisons, à sii heures du malin, et finit à sept heure*
du soir. Il est très-rare que ce* limite* soient dépassée».
Le* ouvriers travaillant a la journée ont une heure et demie de repos : le*
trieuses travaillant à forfait s'arrangent comme elle* veulent.
Beaucoup d'ouvrier* prennent leur* repas dan* la fabrique.
(1) Cal établissement occupe aujourd'hui plus de vingt-cinq enfant».
>aiizftdby Google
406 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Jusqu'à présent il n'y a pM de travail de nuit, mai* on se propete de
l'établir aussitôt, qu'on aura monté une machine a vapeur beaucoup pins
forte que celle qui existe actuellement {de la force de quarante-cinq clie-
Les meuniers travaillent encore vingt-quatre heures de suite, mail on
nous a assurés que bientôt on les relayerait de dôme en douze heures.
Actuellement on ne travaille pat le dimanche : cependant on te propose
de le faire plu* tard.
Jamais ou ne chôme le lundi.
Le prii de la journée de travail varie de. . 1 fr. 30 à 1 IV. 80
Les meuniers gagnent 1 — 42
Les trieuses environ * — 78
Depuis trois ans le salaire a augmenté d'environ 1 5 centimes.
L'instruction des ouvriers est tout à fait nulle : leur conduite est eu
général bonne.
Les hommes et les femmes travaillent dans de» locauk séparés.
Il n'y a ni naisse d'épargne, ni fond* de réserve peur les malades.
La santé des ouvriers est en général bonne ; il* sent rarement malade* :
la fabrication à la mécanique n'eipese il aucune maladie.
On n'a pas observé que les trieuse* fù**ent sujettes a des maladies de
poitrine. Les maladies de peau sont peu communes parmi elles.
Le directeur de cette fabrique, qui a Une connaissance parfaite
de la fabrication a la main, telle qu'elle se fait dam quelques petites
fabrique* voisines, déclare que cette fabrication eteroeuneinfiuenoe
nuisible sur la santé des ouvrier». — Les coucheur» finissent presque
toujours par souffrir de la poitrine. Les bemmefl employés a la
cuve se voûtent, deviennent rbumalisé* et ont ordinairement
un teint pale : leurs jambes se couvrent quelquefois de clous. Ceux
principalement qui travaillent dans les fabriques où l'on fait du
papier a envelopper le sucre , deviennent pales et étiolés , et sont
souvent vivement incommodés par l'odeur infecte que répandent
les chiffons grossiers lorsqu'ils sont en voie de décomposition.
On n'a encore eu à regretter aucun accident dans celte fabrique.
De» coupures plus ou moins sérieuses «ont no tribut qtte beaucoup de
trieuses payent à l'apprentissage.
Quelques femmes seulement «ont insorites sur la liste des pauvres.
11 n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline, mais te directeur nous
a dit qu'il était occupé à en rédiger un.
On n'exige pas le dépôt d'an livret, par la raison que le» ouvriers sont toui
de la commune et parfaitement connus.
Cet établissement, propre et bien tenu, noue a paru offrir des conditions
suffisantes de salubrité. L'atelier de* trieuses manque, du reste, comme
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTÀBLDSSEM. INDUSTRIELS MI BRUANT. 407
dan* toute» le* antre* fabrique* de mime genre que noua avons visitées, de
cette ventilation large et bien entendue, impérieu tentent réclamée par U
nature dn travail qui s'y fait.
i-t uuuiini C.
■ Les moteurs sont une machine à vapeur de la force de six chevaux et nue
chute d'eau de la force de vingt.
Cette fabrique de papier à la mécanique occupe, tonte Tannée, vingt-deux
ouvrier»; huit hommes et quatorze femmes.
Tons travaillent à la journée, qui commence, en été, à cinq faenre» et
demie du matin, pour finir à sept heures dn soir. En hiver, on commence à
•ii heures du matin, et Ton finit à six heures dn soir.
Ces limites sont quelquefois dépassées, nuis généralement on ne fait ator*
qu'un quart en plu*.
H est Ires-rare que l'on travaille la nnit, et cela n'arrive ordinairement que
lorsqu'il y a en quelque dérangement aux machines.
Lee meunier* *e relayent tonte* le* douze heure*, et font alternativement
une semaine de travail de nuit et une semaine de travail de jour.
Le* intervalle» de repos «ont : une demi-heure le matin, trois quarts
d'heure à midi, et une demi-heure a quatre heure*; en hiver, on supprime
l'intervalle de repos à quatre heures.
Les ouvriers sont dans l'habitude de manger dans râtelier.
On travaille quelquefois le dimanche pour satisfaire a des demande* pres-
santes, ou pour récupérer le temps perdu par toile d'accidents survenus a
la mécanique ou à la machine à vapeur.
Jamais on ne chôme le lundi.
Le prix de la journée de travail peut être évalué a 1 fr. pmw les meuniers
et le* ouvriers employés à la mécanique, et a 63 centimes pour les trieuses.
Ce prix a augmenté de Su centimes environ.
L'instruction des ouvrier* peut être dite noRe; deux seulement savent
lire et écrire : leur santé et leur conduite sont bonne*.
Le* homme* et les femmes travaillent dans de» locaux séparés.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le» malade*.
Le chef déclare que les ouvriers fentrier* et meuniers sont sujets aux
rhumatismes, et qu'ils se voûtent de bonne heure.
On n'a pa* eu d'accident» grave» à déplorer dans celte fabrique : «Vu»
ouvriers se sont légèrement brûlé le* mains.
On ignore (II y a des ouvrier» inscrit» »nr la liste des pauvre*-.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline, et le dépôt dn livret
n'e»t pas eiigé.
Cet établissement est peu spacieux : la plupart des locaux «ont trop étroits
et mal aéré» ; celui où se trouve la mécanique à papier continu est trop bas,
•ombre et très-humide ; l'entrée en est détestable, et il faut user de précau-
tion* pour éviter le jeu de la machine à vapeur.
^y Google
408 CONSEIL CENTRAI, DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
■ . etibliisement D.
Les moteur* «ont un moulin à vent, une «bute d'eau de la force de vingt-
deux chevaux et deux machine» a vapeur de la force de huit chevaux cha-
On v fabrique du papier à la mécanique.
Cet é ta bl i> terne ot n'est pas encore en pleine activité : lors de notre visite;
on n'y occupait que vingt femmes trieuses; le nombre total des ouvriers sera
plus lard de cinquante.
Le* ouvrier* meunier* se relayent toute* les douze heures, et' travaillent
eJ teruativ émeut une semaine la nuit et une semaine le jour.
Les trieuses nous ont paru être bien portantes, et leur mise était propre.
Le chef ne connaît pas. de maladies . particulières à la profession ; son
contre-maître, qui a pins d'expérience de la fabrication, déclare que les
ouvrier* a la cuve se voûtent au bout de quelque* années de travail.
Tous le» locaux, celui de* trieuse* excepté, sont vastes, bien aérés, et
noua ont paru offrir de* conditions, suffisante* de salubrité..
' On y fabrique le papier à la mécanique.
Le moteur est une chute d'eau.
■ Lors de notre visite (8 septembre), c'était fête dans la localité où se trouvé
celte fabrique : n'ayant pu rencontrer ni le chef, ui le contre-maître, nous
u'asons pu prendre aucun renseignement, et nous nous sommes borné* à
visiter les différent» ateliers.
Tous «ont spacieux, bien aérés, et se font remarquer par leur propreté;
. celui surtout qui contient la mécanique à papier continu offre toutes les con-
dition* désirable» de salubrité.
L'atelier de* cou penses et trieuses est un peu trop bas; il est bien éclairé,
mais il manque de moyens de ventilation. .
' Le blanchiment de la pâte au chlore gazeux y est usité , mais l'appareil
pour le dégagement de ce gai a été construit a l'air libre. Les chambres k
blanchiment sont trop rapprochée* des magasin» aux chiffons et de quelque*
ateliers de femme* : une odeur vive de chlore régnait dans ces locaux, et
bien certainement elle doit incommoder les ouvrière*. '
Nous avens rencontré dans cette fabrique une machine à cribler, disposée
comme dans L'établissement A, de sorte que les ouvrier* ne peuvent pas être
incommodés par la poussière qui résulte du. criblage ou tamiiage des chiffons.
. S'il y a un règlement d'ordre, et de discipline, il n'est du moins pas affiché
; dans le* ateliers.
Cet établissement, comme ceux A et B, est bien tenu et ne laisse que
fort peu de chose à désirer.
irsausenis» F.
fabrication de papier a la mécanique.
Le moteur est une chute d'eau de la force de soixante chevaux.
ïgnzedr* Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BUABANT. 40»
Il y a une chaudière à vapeur pour chauffer lu cylindre* de la machine
à papier continu.
Le travail hc continue toute l'année et on y occupe trente-deux ouvrier*,
«avoir, huit hommes, vingt et une femmes, et trois enfants de quatorze à quinze
On n'accepte pa* d'enfants au dessous de l'âge de douze aa».
. Les enfants sont engagés et payés par In chef, qui se le* procuré très-
aisémènt.
: Dix-neuf femmes travaillent à forfait : tout les antre* ouvrier* travaillent
ï la journée.
Le travail commence, en toute* saison», à sii heure* du matin, et finit à .
•îx heures du soir. Quelquefois cependant ces limite» «ont dépassée* de trois
on quatre heure* , et le* enfants prennent alors part à ce travail extraordi-
naire. Leur occupation est d'ailleurs peu fatigante et consiste principalement
à prendre le papier à mesure qu'il sort coupé de la machine.
Il est rare que l'on travaille le dimanche : le. travail est cependant tou-
jours obligatoire, ce jour, pour les quatre ouvriers employé» au moulin. —
Ou ne chôme jamais le lundi.
Quelquefois on travaille la nuit, mais cela est rare : le» enfant» «ont alors
occupé* aussi.
lie* ouvrier* meunier* ne ae relayent que toute* le* vingt-quatre heures.
Fendant le travail de jour, le» ouvrier* jouissent d'une heure et demie de
repos. — La plupart prennent leurs repas dan» la fabrique.
Le» ouvrier* meunier* gagnent I franc. 36 centime* par douxe heures,
•oit 2 franc* 73 centime* pour le* vingt-quatre heures de travail continu.
. Ceux employés à la mécanique gagnent 3 francs par jour.
Les. femme* gagnent 8i centimes psr jour.
Celle» qui travaillent à forfait gagnent de 7 a 9 francs par quinzaine.
Il y a eu depuis quelque» année* une légère augmentation dan* le salaire
de* on Trier*.
Deux enfant* savent lire. — L'instruction des ouvrier* adulte* est tout à
fait nulle.
Les homme» et le* femme* travaillent dans des locaux, distinct*.
Leur conduite est eu général très-bonne.
. 11 existe dan* rétablissement une caisse d'amendes dont on ditpoae en
faveur de* ouvrier* malade* ; ceux-ci reçoivent «oit la moitié, aoit le total de
leur journée ordinaire.
Longtemps on a fait de* avances aux ouvriers, mai* on a enfin aboli cette
mauvaise habitude.
La santé de* ouvriers est bonne : le directeur déclare ne con-
naître aucune maladie propre a la fabrication. Il signale comme
très-nuisible l'ancien système de fabrication, celui a la cure.
Le» enfante qu'on employait a ce travail devenaient malingre* et
DglizedOy GOOgle
410 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUIELUJS.
rabougrie. La voussure et les affections rhumatismales étaient le
triste partage de tous les ouvriers qui avaient passé quelques années
à la cuve.
On a eu a regretter plusieurs accidents dans cette fabrique; les
uns ont été occasionnés par la mécanique à couper le papier, et les
autres par les cylindres destinés à le sécber : quelques ouvriers
ont été estropiés, et un a même succombé a sa blessure. Le direc-
teur lui-même a perdu plusieurs phalanges de ses doigts. En
général, ces blessures ne peuvent être attribuées qu'à l'imprudence
ou à la maladresse de ceux qui les ont reçues.
Il n'y a pas de misère parmi les ouvrier» de celte fabrique ; un ou deux
seulement sont inscrits sur la liste des pauvre*; i|s sa pourri ■sent assa bien,
et la propreté règne dans leur demeure et sur leur personne.
Il existe un règlement d'ordre et de discipline, au quai on liant fermement
la main.
On n'exige pas le dépôt du livret.
L'appareil, pour le dégagement du chlore gazeux, est placé dans
un local séparé, bien fermé vers le bas, mais largement ouvert par
le haut. L'appareil est du reste bien monté. Avant d'ouvrir les
chambres au chlore , on a soin de laisser échapper ce gaz par une
fenêtre dont chaque chambre est pourvue.
L'atelier des coupeuses est très élevé et bien aéré.
L'établissement possède une pompe à incendie dont les ouvriers connais-
sent le maniement ; on leur (ait faire souvent des exercice* avec cette pompe.
ITllLlSSinSNT G.
On ne fait, dans cette fabrique, que du papier a la main. — Le moteur est
une chute d'eau de la force de quime à vingt chevaux.
On y occupe trente ouvriers, quatorze hommes, huit femmes et huit
Les ouvriers sont employés toute l'année, et tous travaillent à forfait,
excepté les meuniers.
Les enfants sont acceptés à partir de Tige de hait ans; mais on ne se les
procure pas facilement, parce qu'il est une foule d'industries où ils peuvent
gagner davantage. Ils sont engagés et par le chef et par les ouvriers, mais
toujours payés par le chef. Peu d'enfants travaillent dans cette fabrique
avec leurs parent*.
Le travail qu'on leur confie est peu fatigant; ils aident les ouvriers et
lèvent le papier ; il y en a ordinairement quatre par cuve.
Sa été, la journée nomstenea de quatre à cinq heures du matin, et Suit a
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRADANT. 411
cinq on six heures du soir; en hiver, on commence à lit heures du matin, et
l'on finit à cinq heure* du *oir.
Quelquefois, mai* dans de» circonstances rares, on travaille jusqu'il minuit.
Quelquefois aussi, mais plu* rarement encore, on travaille toute la nuit.
Les enfant* prennent part a ces travaux extraordinaires.
En gênerai, la durée du travail est moins longue qu'elle ne l'était il y a quel-
Les ouvriers ont une demi-heure de repos le matin, et une heure et demie
à midi. — Le déjeuner et le goûter ont lieu dans la fabrique ; le dîner se fait
an dehors.
Ilest rare qu'on travaille le dimanche.— On ne chôme pas le lundi: le*
ouvriers font toujours trois ou quatre quart*.
Ici, comme dan* plusieurs autre* fabriques, le* meuniers doivent tra-
vailler vingt-quatre heures de suite.
Le gain journalier des ouvriers peut être établi comme suit :
Pour les formenrs, de fr. 1 80 à 9
= coucheurs, de * 1 64 à 1 71
leveurs, de 0 6U 0 Tl
* leveurs du petit feutre, de » 0 27 à 0 36
* meuniers (vingt-quatre heure* de travail),de. » 1 35 à I 44
Il y a eu, sur le salaire de* ouvriers, une diminution de 18 à $6 centimes.
L'instruction des enfants est nulle, parce que le* parents se hâtent de le*
envoyer dans le* fabriques pour leur faire gagner quelque chose.
i adultes sont aussi très-ignorants : très-peu savent lire ou
mmes travaillent réunis dans le* mêmes ateliers; mais le chef
y exerçant une surveillance continuelle, il n'en résulte aucun inconvénient.
La conduite des ouvrier* est bonne : cependant ils forment quelquefois
des coalitions pour obtenir une augmentation de salaire.
L'établissement ne possède ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour
le* malade*.
Le chef déclare que la santé de ses ouvriers est assez bonne, mais que cens
qui travaillent à la cuve finissent par se courber , se voûter , et par être
atteints de rhumatisme.
Quelques ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres F ce sont de*
hommes marié* ayant une nombreuse famille.
Il n'y a pat de règlement d'ordre ou de discipline, et Ton n'exige pas non
pin* le dépôt du livret, cette mesure «tant peu ou point exécutée dan* la
Celle fabrique est mal tenue : tous les ateliers sont trop peu
vastes et manquent d'air; celui où se trouvent le* cures est des plus
insalubres : il est très-humide, froid, et beaucoup plus bas que le
reir-de-chau*aee. Les ouvriers qui travaillaient là ont produit sur
^y Google
412 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
nous une pénible impression; !a pâleur de la face, la déformation
anticipée des traits, dénotaient assez la funeste influence de leur
travail. Un formeùr de cinquante ans, tout courbé et voûté, parais-
sait bien avoir toisante et dis ans. Les enfants, à face blême, nous
ont présenté tous les caractères de la constitution scrofuleuse la mieui
prononcée : en les voyant, on peut assurer d'avance qu'ils ne
deviendront jamais des hommes.
EVIILISSIBIKT H.
On n'y fait que du papier de qualité inférieure ; du grié , du bleu «l du
blanc.
Le moteur est une chute d'eau de la force de. quinze chevaux.
La fabrication a lieu â la main.
On y emploie douze ouvriers. Il n'y a pas d'autre* enfanta que les trois fils
du chef, qui participent aux travaux.
Le travail continue toute l'année, et le* ouvriers sont loua employés à la
journée.
La journée commence, en été, à cinq heure* dn matin, et finit à six heure*
du soir ; en hiver , on ne travaille que de six heures du matin à mi heures
du soir. Il cal accordé une heure et demie de repos pendant le jour.
Ce* limites sont quelquefois dépassées, le travail se continuant même toute
la nuit. Le* enfant* prennent part à tous le* travaux extraordinaires.
Le* meuniers travaillent toujours vingt-quatre heures de suite.
Une partie de* ouvrier* prend ses repas dans la fabrique ; ce sont, d'ordi-
naire, ceux dont le domicile est Lrè» -éloigné.
On ne travaille jamais le dimanche, et on u'eat pas non plu* dan» l'ha-
bitude de chômer le lundi.
Le salaire n'a éprouvé aucune variation ; on peut le lai
Pour le formeur. . .
fr. 1 80 par jour
• ■ coucheur . .
- I 26 •
leveur ....
. 0 78 à 0 81 .
« petit leveur
i 0 56
Les enfants savent lire et écrire (c
a «ont ceux du chef)
L'instruction des autre* ouvriers est tout 'à fait nulle. Leur conduite et
leur santé sont bonnes.
Le chef ne connaît aucune maladie particulière à la profession ; il nie
même que le* affections, rhumatismales soient plus fréquentes dans cette
fabrication que dans d'autres, et convient, tout au plus, que les ouvriers se
voûtent de bonne heure.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond* de réserve pour les malades. On
ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres ; ou ne le pense
pas, car les ouvriers peuvent vivre â peu de frais à la campagne, et, en
général, ils mènent une vie très- réglée, et ne sent pas buvenr*.
jv Google.
ENQUÊTE DANS. LES ÉTABLISSE*. INDUSTRIELS DU BRABANT. 415
Il n'y a pu de règlement d'ordre on de discipline, ut le* dispositions rela-
tive! au livret ne «ont point observée*.
Cette fabrique peut être assimilée à la fabrique G, mu* le rapport de
l'insalubrité. Tous le» locaux Mat petit*, humide» et. dépourvu* de moyen*
d'aérage. Celui où se trouvent les cuves e*t cependant un peu meilleur que
dan* l'établissement G. Le* ouvrier» nous ont paru être aussi mieux por-
tant».
Quoi qu'en ail dit le chef, il nous paraît évident qu'au bout de
quelques années de travail, les ouvriers doivent se ressentir de
l'atmosphère froide et humide, au milieu de laquelle ils se trouvent
presque constamment. L'influence de celte atmosphère doit se
faire sentir d'autant plus certainement qu'elle «'exerce sur des
hommes prenant Une nourriture peu réparatrice, et dont un pain
grossier, des pommes de terre et du café très-faible, forment la
base principale.
iTiiuHiiEii A. — Inditnnct et teinturerie.
Le» moteur* sont deux machine* a vapeur ; f une de la force de quatre
chevaux, et l'autre de la force de huit.
On ; occupe cent ouvrier* ; sur ce nombre, il y a quarante homme* , dix
femmes et cinquante, enfant*.
Les enfant* «ont accepté* des l'âge de huit ans; ils sont engagés par le*
ouvriers. On se les procure facilement.
. Ci-devant, on pouvait occuper les ouvrier* toute l'année; mais, depuis cinq
ans, cette industrie est tellement tombée, que le» ouvriers sont occupés
tout au plu* trois ou quatre jours par semaine, et que, en hiver, on reste
quelquefois plusieurs semaines de suite sans pouvoir leur donner du travail.
On a même pris le parti de ne plus remplacer le* ouvriers qui quittent la
fabrique, afin de pouvoir continuer a donner du pain aux ancien*.
Ce malaise est attribué à la concurrence, mai* surtout à la concurrence
étrangère et au manque de débouché*.
La plupart des ouvrier* travaillent à la journée.
En été, la journée commence a six heure* du matin, et nuit a six heure* et
demie du soir; en hiver, on travaille de aept heure* du matin a sept heures
du soir. Ce* Limite* ae Mal jamais dépassées, et Ton ne travaille jamais non
plus la nuit.
Le* ouvrier* ont une demi- heure de repos le matin et une demi-heure à
S7.
DgtizedOy GOOgle
414 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
midi ; l'après-dînée, il n'y a pan d'intervalle de repos ; ils mangent leur tartine
tout en travaillant.
Ed général, les repas se prennent dana les ateliers.
Il est très-rare que l'on travaille le dimanche; cela n'arrive que pour satis-
faire à trne commande pressante. Le mécanicien est cependant obligé de
travailler le dimanche.
Le chômage est de force majeure le lundi , puisqu'il n'y a pas aiseï d'ou-
vrage pour occuper les ouvriers toute la semaine .
Quand l'ouvrage ne manque pas, on ne chôme pas.
Le salaire a nécessairement diminué, et la diminution a principalement
frappé sur le salaire des ouvriers imprimeurs.
Le gain journalier actuel peut être fixé comme suit ;
Ouvriers adultes . . de fr. 1 00 à 1 29
Imprimeurs a la main. . 2 IK>
• au rouleau. • 3 00
Graveurs 3 00
Teinturiers 0 81 a 1 00
Tireurs (enfants quiétendent les couleurs) 0 Si
Les enfants sont payés par les ouvriers; maïs le payement se fait sous le
contrôle du chef d'atelier.
Les enfants aident les imprimeurs a la main ; ils chargent le tamis de cou-
leur, étendent continuellement celle-ci ; d'autres, ce sont les plus âgés (de
quinze, seize, dix-sept ans), impriment au maillet; d'autres travaillent à la
teinturerie; d'autres, enfin, tirent les pièces de coton dans la courte, k mesure
qu'elles viennent'd'é'tre imprimées entre les rouleaux.
Les tireur» et les imprimeurs aumaitlet travaillent debout ; ceux delà tein-
turerie sont constamment dans l'humidité, et travaillent debout, plus ou
moins courbés, et les jambes nues jusqu'à mi-cuisse.
Les enfants employés à la course travaillent aussi debout, et sont dans
une atmosphère dont la température varie entre trente-cinq et quarante
degrés centigrades.
On n'exerce jamais de voies défait sur les enfants.
Quelques enfants savent lire, et fréquentent les écoles du soir pendant
Parmi les adultes, il y en a un assez bon nombre qui ont un peu d'in-
struction.
Les femmes et les hommes travaillent dans les mêmes ateliers.
Leur conduiteest excellente, et le chef d'atelier loue beaucoup leur probité.
11 n'y a ni caisse d'épargne , ni fonds de réserve pour le* malades ; quand
un ouvrier tombe malade, on fait une quête dan» rétablissement. Du reste,
leur santé est généralement bonne, et la profession n'est pas nuisible pour
On n'a encore eu aucun accident à déplorer dans cette fabrique.
Très-peu d'ouvrier* sont inscrits sur la liste des pauvres, bien qu'ils n'aient
xuvCoo^le
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLIS8KM. INDUSTRIELS MI BRABANT. US
pas del'onvrage tons les jours. Si le travail élut continu, oe* ouvriers jouiraient
d'une certaine a isauoe. Lenr mise non» a para propre, et elle n'annonçait pat
la minore. Si ces ouvriers peuvent vivre assez bit», c'est que la plupart cul-
tivent un jardin, et qu'ils mènent one vie très-régulière. A peu près loua noua
ont présenté les apparences d'une bonne santé.
H n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline ; mai* on exige qae l'ou-
vrier soit muni de son livret à son entrée.
Cet établissement est propre et bien tenu : en général, tes locaux
•ont vastes et bien aéré* ; on pourrait peut-être détirer un peu plu*
d'élévation à l'atelier des imprimeurs à la main, et un écoulement
plu* facile pour le* eaux dans la teinturerie. Le travail à la tein-
turerie est un des plus nuisibles peut-être pour les jeunes ouvriers
de cette fabrique : travaillant les jambes nues et étant presque
toujours mouillés , il nous semble qu'ils doivent être sujets aux
affection* rhumatismales. Le chef d'atelier, que nous avons inter-
rogé sur oe point, nous a répondu qu'on n'était guère à même de
juger de l'influence du travail a la teinturerie, parce que les jeunes
ouvriers n'y restent jamais longtemps , et qu'au bout d'un certain
temps ils abandonnent l'établissement pour se rendre dans un autre
où les salaires «ont plus élevés.
En parlant de la course, nous avons signalé la haute température
qui règne continuellement dans le local auquel on a donné ce nom :
si les enfants ne sont pas constamment dans la course, il* y sont du
moin* une grande partie de la journée, et l'on conçoit que la
chaleur qui règne dans ce* locaux , toujours étroits et peu aérés ,
doit exercer une action débilitante sur leur organisme ; d'un autre
coté, chaque fois qu'ils sortent de la course, ils sont plus ou moins
exposé* aux inconvénients des changements brusques de tempéra-
ture. Dan* la plupart des fabriques on veille, il est vrai, à ce qu'ils
ne s'exposent pas imprudemment, mais cette surveillance ne suffît
pas ; il faut arriver a la suppression du travail dans la course , et
la chose est possible , ainsi que nous l'établirons plu* loin.
ET* si iss sa sut B. — Blanchiment, ttinturrric et imprettùmi.
lies moteurs sont deux machines à vapeur à haute pression de la force de
seize chevaux chacune.
Il y a cent vingt ouvriers, sur lesquels il y a environ vingt femmes et
trente-cinq on quarante enfant*. Ce nombre est très-sujet à varier suivant
qu'il y a plu* ou moins d'ouvrage pour les imprimeurs à ta main. On ne
prend pas d'enfant» au-dessous de l'âge de dix ans.
^y Google
416 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
lies ouvrien «ont. occupé* toute l'année, et. toi» travaillent à la jônrné«.
Les enfants «ont engagea, partie par le chef, pwtie par le* ouvriers; ceux
engagés par If* ouvrier» Mut les tireurs. Les ouvriers imprimeurs au rouleau
travaillent, pour le plus grand nombre, avec leurs propres enfanta. On te
procure, du reste, facilement, lea enfants dont on a besoin. Le* travaux
qu'on leur confie- sont Tacite* ; ce n'est, en quelque' aorte, qu'une espace de
surveillance qu'ils exercent; Ils n'ont" aucune: force à déployer': ! ai enfants
employés à la course put le travail le plus désagréable, mais ce travail n'est '
pas continu.
Les ouvriers adultes n'exercent jamais aucun mauvais traitement a l'égard '
dea enfanta.
On emploie les enfants, de préférence à des adultes, par. motif d'économie,
car un ouvrier à 1 fr. par jour ne ferait ni plus, ni mieux, qu'un enfant
- auquel on ne donne que 30 ou KO centimes.
Depuis peu, il y a eu une diminution dans le nombre d'enfants employés
dan* cette fabrique, parce qu'on y a introduit une nouvelle machine à
imprimer, qu'on appelle perrôline, et.au moyen de laquelle oh peut Imprimer
en trois couleurs à la rois. La perroline, une foi* mise en fonction* fait «n un
jour autant d'ouvrage que cinquante imprimeurs à la main pourraient en
faire dana le méme-iaps de temps. Chaque imprimeur à la main ayant besoin
d'un enfant tireur, il en résulte que le nombre des enfaitls a dit nécessaire-
ment diminuer dans la même proportion que celui des imprimeurs.
En toutes saisons, la journée commence à six heures et demie. du matin, et
finit à six heure* et demie du soir. Ces limites ne sont guère dépassées que
pour les imprimeurs qui font souvent un quart de plus. Les enfanta doivent
alors travailler comme les adultes.
. La durée du travail a diminué par suite de l'emploi de nouvelle* machines.
On n'a jamais essayé de faire travailler les enfanta par brigades ou rehia,
et le directeur pense qu'il n'est pas nécessaire de fixer pour eux un auxi*>»t*
dé durée pour le travail selon- lea âges, parce que dans les . fabriques d'in-
dienne* ils o'ont.aucun ouvrage fatigant on au-dessus de leurs forces.
Il n'y a jamais de travail de nuit, ni pour les adultes, ni pour les enfants.
Les intervalles de repos pendant le travail de jour, sont : en été, une demi-
heure le matin et une heure à midi; en hiver, une demi-heure le matin et
une demi-heure à midi.
Les repas se prennent dana les ateliers, mais, en été, presque- toujours au
grand air, dana les cours de rétablissement. Les enfant* profilent de* inter-
valles de repos pour se livrer a divers jem. .
On ne travaille jamais le dimanche, et l'on ne chôme jamais le lundi.
Le salaire pour les différentes catégories d'ouvriers, peut être établi
comme suit ;
Imprimeurs au rouleau fr. 1 38 par jour.
Enfants employés au rouleau. ... 0 80 »
Imprimeuses' a la main. . de fr. 1 78 a i 00 ■ »
tireurs (enfants). .....'. 0 50 ■
Teinturiers 1 30 •
D^doy Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABXISSm INDUSTRIELS DU BtUBAKT. AIT
Ce* prix n'ont pas varié depuis quelque» années.
Les tireurs «ont payés par le» i m prime use» qui Us emploient; tous les
autre»- enfant» sont payés parle chef.
L'instruction des enfants, comme celle de» adultes, est complètement.
nulle. Leur conduite est bonne, mais sous ce rapport, le directeur a observé
qu'il y a une notable différence entre les ouvrier» de la campagne et ceux dé
. la' ville; il préfère infiniment les premiers, dont le» mœurs sont plu» simples,
plus douces, la fie plu* réglée, et que l'on conduit a volonté. Sous le rapport
de la santé, celle différence n'est pas moins «en si blé : l'ouvrier de la ville
est maigre, -son teint est pAIe et blafard, son extérieur est celui d'an homme
. qui a été longtemps soumi» a de» cause» d'épuisement ; l'ouvrier de la cam-
pagne, au contraire, est fort et robuste; il a tonte» les apparences d'une
bonne santé et son teint offre de l'animation. " "
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades, mai» les
ouvriers ont formé une caisse entre eux. Lorsqu'ils sont dan» le besoin, ils
empruntent A cette caisse 1 ou 3 francs, et payent, jusqu'à remboursement
de la somme avancée, toutes les semaine», un intérêt de 4 centimes par franc. .
Bien que les bénéfice* produits par le payement des intérêts soient partagés
entre les ouvriers, nous devons hautement blâmer une institution ai perni-
cieuse pour la classe ouvrière, dont elle ne peut que hâter la ruine.
ha santé de* ouvriers, en général, est très-bonne ; le travail ne unit aucu-
nement à l'état physique ou au développement des enfants; le directeur
considère même le travail dans les fabriques d'indiennes comme favorable à
leur santé et à leur développement.
Le* ouvrier* teinturiers sont seul» exposé» A de* maladie* particulière*,
qui sont le rhumatisme et le* varices aux jambes.
Depi)is cinq an*, aucun accident n'est, arrivé dan* 1* fabrique.
Il n'y a pas d'ouvrier* inscrits sur la liste de» pauvre*, du moins, à la
connaissance du directeur; la majeure partie des ouvrier* habite la cam-
pagne où l'on vit à peu de frais : beaucoup ont un jardin ou un petit coin
de terre; il n'y a point de misère chez eux, il* vivent proprement et, en
général, leur condition est assex heureuse.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline , mai* les dispositions
relative* au livret tont observée*.
Cet établissement est bien tenu et dirigé avec intelligence.
Sous le rapport de se* conditions de salubrité, nous n'avons qu'à
dire un mol de. la course , qui -, étant très-étroite, offre une tempé-
rature encore plus élevée que celle de l'établissement A. A peine
étions-nous entrés dans ce local, que notre thermomètre marquait
déjà trente-sept degrés centigrades ; or, les enfants , travaillant la
dans la partie la plus élevée, doivent naturellement être soumis
a la plus forte chaleur.
DgfedOy GOOgk
41 8 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
étiilissibskt C. — tlunchiment , teinturerit et imprtitiûnt.
11 y a trois machine* & vapeur ; une à haute pression de la force île vingt-
cinq chevaux ; une à basse pression de la force de vingt chevaux, et une autre
à basse pression de la force de cinq chevaux.
On y occupe de cent dix à cent quinxe ouvriers, tur lesquels il y a environ
quarante enfanta et doute femmes. Les enfants sont de tout âge, depuis celui
de neuf jusqu'à celui de seife ans. Ils sont tous engagés par le chef qui, du
reste, se les procure facilement.
Une partie de* ouvriers travaille à la journée, une autre partie à pièce :
la plus grande partie cependant travaille à la journée.
Ils sont occupés toute l'année, et beaucoup d'entre eux travaillent avec
leurs enfants dans cette fabrique.
L'occupation des enfants n'est pas fatigante ; ils accrochent, plient et
rangent le* pièces, les tirent à la course, aident dan* la teinturerie et servent
de tirturt aux imprimeur* à la main. On emploie moins d'enfant» que ci-
devant : leur diminution est due à l'introduction de la ptrrotmt {voytz éta-
blissement S), qui, suivant la déclaration dn chef, remplace au moins vingt-
cinq imprimeurs, et par conséquent aussi vingt-cinq enfants.
En été, la journée commence à sii heures du matin, et finit à six heures du
soir ; en hiver, on travaille de sept heures du matin à six heures du soir.
Quelquefois, quand il y a des commandes pressantes, on travaille jusqu'il
huit on neuf heures du soir; au printemps, l'on travaille mime assez souvent
jusqu'à minuit : le* enfant*, dan* ces deux eaa, sont obligés de prendre
part an travail extraordinaire.
La durée du travail n'a ni augmenté ni diminué.
Le* ouvrier* ont denx heure* de repos par jour; il* vont tons prendre
leur* repas au dehors.
On ne travaille jamais le dimanche; on ne connaît pas le chômage du
lundi, on fait toujours journée complète.
Le salaire a éprouvé, depuis quelques années, une diminution que l'on
peut évaluer à dix pour cent. Le gain journalier actuel peut être évalué à :
Fr. 1 36 pour les imprimeurs et les teinturiers.
3 00 — 3 33 pour les blanchisseurs.
I 00 pour les éplucheuses et les appréteuae*.
0 HO — 0 80 pour le* entant».
Le* enfants sont payé* par le chef, sauf le* tireur» qui «ont payé* par les
imprimeurs, à raison de 9 centime* par pièce : un imprimeur pouvant faire
de cinq 4 six pièces par jour, le salaire du tireur varie de 43 a 04 centime*.
Enfant* et adultes sont dépourvus de toute espèce d'instruction.
Quelques femmes travaillent dans des ateliers où il y a des hommes; mai*
le chef ne peut faire que l'éloge de leur conduite et de leur moralité; la
plupart des ouvriers sont mariés.
Jamais les enfants ne subissent de mauvais traitement de la part des ouvrier».
xuvCoo^le
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE!*. INDUSTRIELS DO BRÀBANT. 419
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond* de réserve pour Im malade*, nui* un
médecin est attaché à l'établissement.
La santé des ouvriers ne laisse d'ailleurs rien à déairer, et le chef ne con-
naît aucune maladie propre à ta profession.
Il y a troia an*, un accident grave est arrivé dans celte fabrique ; un bra*
a été broyé dan* un cylindre, el l'individu a succombé à sa blessure.
Le chef ne pente pas qu'aucun de se* ouvrier* soit inscrit sur la li*tc de*
pauvre» : tous ses ouvrier* vivent assez bien et sont propres sur eux et dan*
leurs habitations. No connaissant ni la débauche, ni l'ivrognerie, et ayant
de* goûta fort simples, ila peuvent aisément pourvoir aux besoins ordinaire*
delà vie.
11 n'y a paa de règlement d'ordre ou de discipline, mais on y observe le*
dispositions relative* an livret de* ouvrier*.
S'il y a un travail insalubre dan* cette fabrique, ce ne peut être que celui
des ouvriers occupés au blanchiment et à la teinturerie; ces ouvriers, en
effet, sont «posé* i toute* le* influence* fâcheuse* d'une atmosphère froide
et humide.
Nous nous empressons de faire remarquer que dans cet établis-
sement la course est disposée de manière à ce que les enfants
puissent tirer les pièces qui viennent d'être imprimées sans être
obligés de pénétrer dans ce local où règne toujours une tempéra-
ture très-élevée.
siiiLissBMiST D. — Teinturerie et itnpreiiiom .
Les moteur» sont une chute d'eau de la force de sii chevaux et un manège
à un cheval. H y a, on outre, deux chaudière* à vapeur, uniquement des-
tinée* i chauffer.
On y occupe vingt -six ouvriers; mr ce nombre il y a dix ou douze femme»
et un enfant. Cet enfant n'a d'autre occupation «pie de surveiller le che-
val au manège.
Ton* les ouvriers travaillent à la journée et sont occupé* toute l'année.
En été, la journée commence a. cinq heure* et demie dn matin et finit à sept
heure* dn soir ; en hiver, on commence avec le jour, et fou finit à sept ou huit
heure* du soir. Ce* limites ne aont dépassées que lorsqu'il y a des com-
mandes pressantes ; dan» ce cas, on travaille deux heure* de plus par jour.
Le» ouvriers ont une heure et demie de repos par jour : une demi-heure
le matin et une heure à midi.
Quelque* ouvrier» prennent leurs repas dans la fabrique.
On ne travaille jamais la nuit. — Quelquefois on travaille le dimanche,
mais cria arrive rarement.
Les ouvriers travaillent le lundi comme les antre* jouxt-
ai.vCoo^le
420 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Le prix de la journée de travail peut Sire établi comme mît :
Pour lea femme» de la teinturerie. . fr. 0 90
veilleur». ....... • 1 67
• graveur» • 4 00
» imprimeur» au 'rouleau. ... » 3 00
« ouvrier» de la perrotïne. ... • 1 67
* l'enfant 'employé au manège. . , » 0 45
Ce* prix n'ont éprouvé aucune variation depuis quelque* année*.
L'instruction de» ouvrier* peut être regardée comme nulle.
: Le» «exe* ne «ont pat toujours séparé» ; homme» et femme» travaillent
quelquefois réuni» dan» le» même» locaux. . .
La conduite de» ouvrier» est bonne; mai* le cbef déclare que lorsqu'il
employait de» imprimeur» à la main, il y avait parmi eux un asset bon
nombre d'ivrogne».
11 n'y a ni cause d'épargne, ni fond» de réserve pour les malades.
Il n'est pa» à la connaissance du chef, que les ouvriers aient entre eux une
caisse a laquelle il» puissent emprunter de petite» somme», moyennant un
intérêt à payer toutes les semaines.
La santé des ouvriers est généralement bonne : le cbef ne connaît aucune
maladie propre à la fabrication exercée dan» son établissement.
11 y a deux ana, une jeune ouvrière a été prise dans un cylindre et a eu les
doigta écrasés.
Le chef pense qu'il y a quelques ouvrier* inscrits sur la liste des pauvret;
il n'est pa» rare que pendant l'hiver plusieurs père» de famille réclament de»
avances.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline, et le* dispositions rela-
tive* au livret nesont guère observée».
Cet établissement pourrait être mie ni tenu; cependant, sous le rapport de
la salubrité, il n'y a que la teinturerie qui puisse être considérée comme réel-
lement nuisible aux ouvrier», à eau te de l'humidité qui y règne constamment ;
mais cette humidité est inséparable du travail. Tout ce que l'on pourrait exi-
ger ici, comme dan» beaucoup d'autres établissements du même genre, c'est
que l'on s'attachât davantage à donner un écoulement facile et complet aux
eaux qui arrosent continuellement le sol.
Le travail dans la course e*t confié à une ouvrière d'une ringlaùne d'an-
nées, qui nous a paru jouir de la santé la plus florissante.
triaLisaa«KT E.
Le moteur est une machine i vapeur de la force de si* ou sept chevaux.
Cette fabrique, qui occupait jadis cent cinquante ouvrier», n'en occupe
pin» que doute et trois enfant» d e do uxe an» environ, employés comme tireurs.
— Bien que le nombre des ouvriers ait été considérablement réduit, te chef
ne peut pas encore fournir constamment de l'ouvrage aux quelques ouvrier»
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ËTABLISSEH. INDUSTRIELS DU BRABANT. 421
qu'il conserve plutôt par charité que par besoin réel. Cet ouvriers ne tra-
vaillent que.de temps à autre, et n'ont tout au pins de l'ouvrage que pendant
nn tiers de l'année.
Les ouvrier* imprimeurs et rentreurs travaillent à la pièce; les autre* tra-
vaillent à la journée.
En été, la journée commence à cinq heures et demie du malin, et finit à
six heures et demie du toîr. — En hiver, le travail" commence et finit avec le
Ce* limites ne sont jamais dépassée*, et il n'y a jamais de travail de nuit.
11 y a une demi-heure de repos le malin, et une heure à midi.
Les ouvriers retournent cheà ear pour dîner; cependant quelques-un*,
dont la demeure est trè* -éloignée, dînent dans l'atelier.
On ne travaille jamai* le dimanche, et le lundi il y a chômage' forcé, par
suite de la décadence de l'industrie.
Le salaire de* ouvriers a subi une diminution considérable.
Le* imprimeur* qui gagnaient, il y a quelques années , 8 francs par jour,
ne gagnent maintenant que S fr. 30 c.
Les rentreurs ne gagnent que de 1 franc al fr . 23 c. par jour.
Il fauL déduire du salaire journalier de« imprimeurs et -des rentreurs-, le
salaire du tireur, qui est de 33 à 45 centimes.
L'instruction des ouvriers et de* tireurs (enfanta) peut être considérée
comme à peu pré* nulle.
La aanlé de* ouvrier* est bonne; ils sont rarement malade* et n'ont rien à
souffrir de leur profession.
Leur conduite est généralement bonne : vivant à ta campagne , ils Igno-
rent la plupart des vice* si fréquents chez le* ouvriers des villes.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste de* pauvre*. La plupart ont vu
petit coin de terre qu'il» cultivent et qui leur permet de vivre assez à l'aise.
Bel et vaste établissement, ou J'on constate, avec regret, quelques reste* de
son ancienne et grande activité. -
*V1111S*Ï«SST F.
Les moteur* sont : 1* une machine à vapeur de la force de cinq à sii che-
vaux ; 2" une machine de la force de deux chevaux ; 3° une roue hydraulique '
de la force de trois chevaux.
On y occupe dix-neuf ouvrier*, adulte*,, et sept jeune* ouvrier* de l'âge
de quatorze a seize aoa. Cet derniers «ont engagée par le chef; ils travaillent,
dan* la tonne (deux ou trois), rincent à la rivière et aident dan* la teinturerie.
' Les ouvriers sont occupé* » peu près toute l'année ; il n'y a d interruption
dan* le travail que. pendant les fortes gelée*.
Ton* les ouvriers travaillent à la journée. '
En été, la journée commence i six heure* du matin, et finit à si* heures et
demie du soir. En hiver, elle ne commence qu'à sept heure* du matin, et
fiait à quatre heure* et demie de l'aprea'dînée.
>91izedby GOOgle
422 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Quelquefois ces limite* tont dépassée». Quand au fait cinq quarts, on tra-
vaille jusqu'à huit heures et demie du soir.
Le* jeune* ouvriers doivent alors prendre part au travail extraordinaire.
La durée du travail n'est ni plus ni moins longue que jadis.
On ne travaille jamais la nuit.
Le* ouvrier* ont une demi-heure de repos le matin, et une heure à midi.
Quelque* ouvrier* prennent leur* repasdant l'atelier; d'autres les prennent
avec leur famille.
On ne travaille jamais le dimanche, et Ton ne tolère pas de chômage le
Le salaire de* ouvriers n'a snbî aucune variation.
Lee teinturiers gagnent de 1 fr. 38 c. à 1 fr. 38 c. par jour.
Les imprimeur* gagnent 1 fr. 38 c.
Les jeunes ouvriers gagnent de 80 à 78 centimes par jour.
Ces derniers tont toujours payés par le chef.
L'instruction des jeune* ouvriers est à peu près nulle,
Celle des ouvriers adulte* est tout à fait nulle.
La conduite des uns et dei autres est généralement bonne.
Il n'y a ui caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malade*. L'état
sanitaire est satisfaisant. Le* ouvrier* sont rarement malades, et le chef pré-
tend que la profession n'exerce aucune influence nuisible sur leur santé.
On n'a jamais eu à déplorer aucun accident.
Le chef igaore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste de* pauvres ; sans
être à l'aise, il n'y a cependant pas de misère cbei eux. Il* ne mangent delà
viande qu'une foi* par semaine, le lundi ; le* autres jours, leur nourriture
■e compose de pommes de terre, de pain, de fromage et de café.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline ; mais on exige le dépôt
du livret.
Cet établissement n'a pas été construit pour sa destination actuelle; il est
mal tenu, et laisse beaucoup à désirer sous tous les rapports. Le* atelier*
sont dans de mauvais bâtiments appropriés tant bien que mal ; il* sont, en
général, étroits et peu élevé* ; la teinturerie surtout est trop peu spacieuse
et des plus mal organisées.
Les jeune* ouvriers y sont constamment soumis à des influence* nuisibles;
les uns, dan* la course, à une température très-élevée (cinquante degré* cen-
tigrades); les autres, dans la teinturerie et a la rivière, à une humidité des
plus grande*. Il est impossible que leur sauté et leur constitution ne se res-
sentent pas, au bout de quelque temps, d'un travail assidu au milieu de telles
circonstances.
L'établissement possède une machine à tondre ou a enlerer le
duvet du colon. Cette machine fonctionne dans un cabinet de
quelques pieds carrés, privé de moyens d'aérage suffisante ; l'ouvrier
qui dirige la machine se trouve donc littéralement dans une atmo-
sphère épaisse d'un duvet très-fin et très-délié qui pénètre par toutes
^y Google
ENQUÊTE WSS LES ÉTABLISSE!*. ESOUSTRIEUS DU RKABANT. 423
les ouverture* naturelles, et qui ne peut manquer de lui devenir
nuisible.
ITIILIISIBMT A.
Terme moyen, ou y emploie trente ouvrier* et doute ou seise entants. Il
c'y a pal de femme».
Le» ouvriers tout occupé» toute l'aimée. Ton* travaillent à la journée, qui
se compose d'ordinaire de cinq quarts.
I^es enfants sont engagés et payé» par le chef de l'établisse meut ; on peut,
du reste, en avoir autant que l'on veut.
Il» sont employés à divers travaux, les uns très-simples, les autres plus
ou moin» fatigants: ainsi, ils étendent le» couleurs , tirent te papier, rac-
crochent pour le faire sécher, et servent comme prettîtrt.
Il n'y a eu ni augmentation ni diminution dan* le nombre des enfants,
parce que le modede fabrication n'a pas varié.
1j* journée commence , en été , à six heure» et demie du matin , et finit a
six heures et demie du soir ; eu hiver, elle ne commence qu'à huit heures du
malin, et finit à quatre heure» du soir.
Lorsqu'il y ade» commande» pressantes, ces limites sont quelquefois dépas-
sée» ; on travaille alors deux heures et demie de plus.
Le» enfants sont, dans ce cas, obligés de prendre part au travail extra-
ordinaire.
On ne travaille jamais à la lumière artificielle dan* cette fabrique.
Il u'y a, par conséquent, pas de travail de nuit.
Ha général, 1» durée du travail n'a ni augmenté ni diminué.
Le* ouvriers ont un quart d'heure de repos le malin, une heure à midi, el
un quart d'heure dans l'apres-tlînée.
Le déjeuner et le goûter se font dans le» ateliers; les ouvriers ne retour-
nent chez eux que pour le dîner.
Ou travaille quelquefois le dimanche pour satisfaire à des demandes pres-
te lundi, le» ouvrier» ne travaillent ordinairement que jusqu'à trois heures
et demie; mais, dan» ce cas, ils ne sortent pas, et prennent ton» leurs repa»
dans le» ateliers.
Il nous est impossible de fixer, même approximativement, le salaire jour-
nalier de» ouvrier» de cet établissement, le chef nous ayant déclaré qu'il ne
croyait pas devoir répondre aux questions que nous lui posions à cet égard.
Aux observations que nous lui avons présentées sur l'importance de cette
donnée, il n'a répondu qu'en nous priant de ne pas insister davantage. Tout
*by Google
«4 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
ce qu'il a bien voulu sous dire , c'est qu'il y avait eu une augmentation de
L'instruction de* ouvrier» de cette fabrique, enfant* cantine adulte», peut
être considérée connut; presque nulle. Leur conduite est généralement bonne,
et le chef 'ii 'a qu'à se louer de leur probité;
Il n'y a ni caisse d'épargne , ni fonds de réserve pour le* malades ; mai» il
y a une caisse d'amendes dont on a l'habilude de disposer en faveur des
ouvriers malades. Ce qui reste en caisse, a la ùa de l'année, est partagé entre
tous le* ouvriers. Leur santé est très -bonus ; il* sont rarement malades, et
le chef ne connaît -aucune maladie propre à l'industrie exercée chei lui. lie
travail départi aux enfants ne nuit aucunement a lenr développement.
Aucun accident n'est jamais arrivé dan* cette fabrique.
Le chef ignore si quelques-uns de se* ouvriers sont inscrit* sur la liste de*
pauvres.
Il y • un règlement d'ordre intérieur. -
Les atelier* de cet établissement doivent être considérés comme
malsains ; ils sont relégués dans un vieux bâtiment , et manquent
d'élévation , mais surtout d'aérnge.
Nous devons nous arrêter un moment sur le travail .des enfants
pressiers. Tout l'appareil nécessaire à l'impression du papier ne
constitue pas autre chose qu'un levier du second genre, c'est-à-dire
que la résistance à vaincre se trouve entre te point d'appui et la
puissance, mais bien plus rapprochée du premier que de la der-
nière. La puissance, c'est l'enfant qui, saisissant A pleines mains
le bras du levier au delà de la résistance, saute sur ce bras et lui
imprime , en se courbant , tout le poids de son corps. Dans celte
action, qui se répète constamment, la région épigastrique subit
une compression très -considérable, d'où doit résulter naturelle-
ment un refoulement des organes abdominaux, refoulement sin-
gulièrement susceptible de provoquer peu a peu la formation des
hernies. On conçoit aisément que celle manière de travailler peut
encore avoir d'autres inconvénients pour lés organe» intra abdo-
minaux, par la secoussu vive qu'ils ont A chaque instant A supporter.
Il est donc important de songer A remplacer les pressiers par
quelque moyen mécanique , et certes il ne faudrait pas un grand
effort de génie pour en trouver un.
Notons cependant que dans cette fabrique nous avoflsvu quel-
ques enfants, mais en très-petit nombre, qui exerçaient la pression
par un léger saut et en tombant assis sur le bras du levier; celte
manière de faire, qui est exemple des inconvénients que nous
venons de signaler, est peu usitée, et nous ne l'avons rencontrée dans
aucune des autres fabriques de même genre que nous avons visitées.
DgtizedOy GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRADANT. 425
On y occupe trente ouvrier* , parmi lesquels il y à dix ou douze enfant*.
— Les enfant* employé! comme premier» sont engagés par la» ouvrier* impri-
meurs. Quelques-uns y travaillent avec leurs parents.
L'occupa lion de* 'enfants consisté à lïrer, accrocher et rouler le papier :
les pressiers ont l'occupation la plus fatigante. .
Les ouvriers sont occupés toute Tannée :■ la plupart travaillent à pièce,
dix seulement à la journée.
La journée commence, en été, à six heures et demie du malin, et finit à*
cinq heures et demie du soir. Quelquefois elle commence à cinq heures et
demie, et finît à sept heures et demie : on fait alors cinq quarts. En hiver,
la journée commence et fiait avec le jour.
Il n'y 'a jamais de travail de nuit.
Les ouvriers ont une demi-heure de repos le matin, une heure à midi, et
une demi-heure à quatre heure*.
Le déjeuner et le goûter se font dans les ateliers :1e dîner se Fait au dehors;
cependant quelques ouvriers le prennent aussi dans fa fabrique.
On ne travaille que rarement le dimanche.
Le lundi, les ouvriers ne font en général que trois quarts.
Le prix de la journée de travail n'a pas éprouvé de variation dan* ces der-
nières années; on peut le fixer comme suit :
Pour le» imprimeur*. . ... à fr. 3 80
• satineurs. ..... » 1 80 « 1 78
• fonceur*- ...-.- • 2 28 (journée mojeime)
» pressiers ( enfants). . ■ 0 80 :
' Le* enfant* pressiers sont payé* par te* ouvriers qui le* emploient.
L'instruction de* enfant» est à peu près nulle; il en e*t de même de celle
de* ouvriers adultes : trois ou quatre, tout au plus, savent lire et écrire.
Leur conduite est généralement ho une, et le chef ne peut que se louer de
l'exactitude qu'ils apportent à leur travail.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond» de réserve pour le» malade*.
Le chef déclare que se» ouvriers «e portent toujours bien, qu'ils ne sont
pas plus exposé* .que d'autre» personnes à devenir malades, et que .le travail
confié agi enfant» ne nuit en aucune manière, ni i leur santé, ni à leur déve-
loppement.
11 ignore s'il a des ouvriers inscrits sur la liste de* pauvres, cependant il
ne le croit pas; car, en général, *e» ouvrier» sont bien payé*, et il n'aperçoit
pa» de misère chex eux.
Les atelier» de cette fabrique «ont vastes, bien aérés, et noua ont paru
offrir toutes les conditions désirables de salubrité.
Nous devons répéter ici tout ce que non» avons déjà dit relativement aux
en faut» employé» comme pressiers, .en parlant de l'établissement A.
Cependant nous devons ajouter que , daps cette fabrique, tou» le» enfant*
>a«jzfrdby Google
4» CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
que nous a von» vui travailler , agissaient sur le bra* du levier , en te préci-
pitant dessus par la région épigastrique.
On ; occupe vingt ouvriers, dit adultes et dix enfant*. — Ce nombre est
sujet à varier; en hiver ou en occupe un plus grand nombre.
Les ouvriers sont occupés toute l'année. Les imprimeurs travaillent à
pièce; tous le* antres travaillent à la journée.
, Les enfants sont engagés par le cher qui se les procure très- facilement.
Ils sont employé» comme pressiera, pour broyer les couleurs, les étendre
sur le tamis, pour tirer, accrocher et rouler les papiers.
En élé, la journée commence à six heures du malin, et finit à sept heures
du soir. — En hiver, elle commence et finit avec le jour.
Ces limites ne sont jamais dépassées, et l'on ne travaille jamais la nuit.
Les ouvriers ont une demi-heure de repos le matin, et une heure et demie
a midi, pendant l'été. — En hiver, il n'y a qu'un seul intervalle de repos
d'une heure à midi.
Les ouvriers ne sortent des ateliers que pour aller dîner.
Il n'y a jamais de travail le dimanche.
Le chômage du lundi n'est pas connu; les ouvriers travaillent toute la
jonroée.
Il n'y a eu aucune variation dan* le prix de la journée de travail ; ce prix
peut être établi comme snît :
Pour les imprimeurs et autres ouvriers, à fr. 1 2(1 a 1 35
* graveurs . ■ S 80
■ enfants 0 95
Tous les «ilàntt sont payés par le chef lui-même.
L'instruction des enfant* est nulle, parce que les parent* le* envoient trop
jeunes dans le» fabriques.
L'instruction des adultes est a peo prés nulle.
La conduite de* ouvriers, en général, est assex bonne.
Il est rare qu'an ouvrier soit malade : la profession ne prédispose à ancane
■aekdie, et ne nnit pas an développement des enfants.
II n'y a ni caisse d'épargne, ni fond* de réserve peur les malade*.
Plusieurs ouvrier* sont inscrits sur la liste de* pauvres ; on ne peut pat
attribuer leur état d'indigence à l'inconduite, mais aux charge* que fait peter
sur eux une nombreuse famille.
Il n'y a pas de règlement d'ordre on de discipline, et le* dispositions rela-
tives au livret des ouvriers ne sont pas observées.
Cet établissement ne laisse rien a désirer Mm* le rapport de l'ordre et de
la salubrité : un de» chefs exerce une surveillance continuelle dan* te* ate-
liers, et ceux-ci sont propre*, vaste*, élevé* et bien aérés.
Vayw, poor le* entant* preniers, ee que nous en avons dit en parlant de
l'établitMneat A.
^y Google
ENQUÊTE DANS LESÉTABL1SSEM. INDUSTRIELS DU BRABANT. 427
On y emploie trente ouvriers ; sur ce nombre il y a dit enfant*. — On
n'accepte pas ces dernier* au-dessous Je l'âge de douze an*. Il* sont engagés
par le chef, qui se les procure avec la plu* grande facilité.
Les enfants sont employé* comme pressiers et comme aide* de* ouvrier*;
ils étendent le* couleurs, tirent et roulent les papiers.
Le* imprimeur* travaillent à la pièce : tou* les autre» ouvrier* travaillent
à la journée.
Toute l'année, il y a de l'ouvrage pour les ouvriers.
En été, la journée commence à six heure* du matin et finit à sept heure*
du soir. — En hiver, le travail commence et finit avec le jour.
Cn limite» sont très-rarement dépassées, et il n'y a jamais de travail de
Les intervalles de repos août nne demi-heure le matin, une heure et demie
à midi, elune demi-heure après dîner.
Les repas m font au dehor* de l'établissement.
Ou ne travaille jamais le dimanche, et l'on ne chôme pas non plu» le lundi.
Le salaire des ouvriers n'a paa éprouvé de variation dan* ces dernières
année*.
Le* imprimeur* gagnent de S à S fr. par jour.
Les ouvriers manoeuvres gagnent. . . 1 SB *
Le* enfante gagnent de 80 à 78 centimes.
Tou* la* enfants «ont payés directement par le chef.
L'instruction des enfants est assez satisfaisante : le chef estime que le*
quatre cinquièmes savent lire et un peu écrire ; il attribue ce résultat a ce
rfn'il ne prend pas d'enfants au-dessous de l'âge de doute an*.
Le* anciens ouvriers sont presque tous dan* l'ignorance la pins complète.
La conduite de* ouvrier*, en général , «et banne ; ils mènent une vie très-
régulière.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour lea malades.
La santé de* ouvriers est, du reste, excellente ; la profession n'a rien de
nuisible et n'exerce aucune influence défavorable mit le développement des
enfants.
Il n'y a jamais eu d'accident dan* cette fabrique.
Quelque* ouvrier* sont sur la liste des pauvre* ; ce sont de* individus
ayant une nombreuse famille. —En général, il n'y a pas de nrieère chez, le*
ouvrier*, il* vivent attex bien et proprement.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou dedtscipbue, et les prescription* rela-
tives au livret de* ouvrier* sont peu suivie*.
Le* ateliers sont vaste* et bien aéré* ; il* offrent de* condition» sufxtteute*
de salubrité. — L'atelier des fonceurs laisse peut-être quelque chose à dési-
rer, sou* le rapport de l'élévation.
Cest aussi en portant -la région épi gastrique sur la barre, que les enfants
^y Google
428 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
exercent la pression nécessaire à l'impression du papier. Non* devons donc
encore renvoyer i ce que nom) avons dit à cet égard, en parlant de l'établis-
- Sadsrienae* 4e tsusste et aie eifareau
ftiaiistniiiT A.
On y occupe, terme moyen, quarante ouvriers, et une vingtaine d'enfant*
dont le* âge» varient entré dix et dii-bnit an*.
Lea enfanta sont engagé» par te chef, qui se les procure facilement.
Leur occupation n'est nullement fatigante; les plus jeunet «ont employé»
au dtcàtement du tabac , au triage de» feuilles et de» cigares ; les plu» âgé»
•l le» plu» adroits font les ponpéet pour les cigares. — On emploie de pré-
férence de» enfants pour ces travaux, parce qu'ils sont trop insignifiants
pour en charger des ouvrier» adultes, qu'il faudrait payer beaucoup plus
Il y a en, depuis quelques années, augmentation dans la nombre des jeunes
ouvriers employé» \ cette augmentation e*t due à une consommation toujours
progressive de tabac et de cigares.
Le» ouvriers ont de l'ouvrage toute l'année, et tons travaillent a la journée.
En été ( la journée commence a six heure» du matin, et finit i six heures
du soir..-— -En hiver, elle ne commence qu'à huit heures du malin, et finit à
quatre heures du soir.
* Il est rare que ces limite» «oient dépassées) on ne travaille jamais la nuit.
— En général, la durée du travail n'est ni plus ni moins longue qu'elle ne
Pétait autrefois.
' Le chef estime que pour les enfants employés dans lea fabriques de tabac,
il est inutile de fixer à |a durée du travail un maximum selon les Ages, .paras)
que le travail n'est pas trop long, n'est pas fatigant, et n'offre rien de nui-
Lai ouvriers ont une heure de repos à midi, dont ils profitent pour aller
dîner chex e.ux.
On ne travaille jamais le dimanche; mais les ouvrier» ont conservé l'ha-
bitude de chômer une partie du lundi. ■ .
Le* ouvrier* adultes gagnent, terme moyen, 3 francipar jour. Les enfant*
sont payés a raison des services qu'ils rendent; »'H en est qui gagnent seule-
ment 2B.OU 30 centimes par jour, il en est d'autres qui gagnent environ
1 franc.
Tous le* enfants sostt payés par le chef.
Le salaire. n'a peut éprouvé de variation pour les fabricants de tabac pro-
prement dit* ; mai* celui de* cigarier* a beaucoup augmenté ; le* cigarier*
gagnent aujourd'hui de 36 à M li-auc* par i
îglizedoy GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES*. INDUSTRIELS DU BRABANT. 429
Aucun enfant ne fréquente une école; cependant quelques-un* savent lire
et un peu écrire.
Quant au ouvriers adultes, la plupart ne savent ni lire, ni écrire.
La conduite des ouvriers, en général, ait bonne.
Il n*; a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserva pour les malades.
L'état sanitaire est satisfaisant ; les ouvriers sont rarement malades, et le
cbef déclare que la profession ne présente rien d'insalubre.
Il n'y a jamais en d'accident dans cette fabrique.
Le chef ne pense pas qu'aucun de ses ouvriers adulte* soit inscrit sur la
liste des pauvres ; il est probable que, parmi les enfants employés chez Ini, il
y en a plusieurs dont les parepts sont inscrits sur cette liste.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
On y occupe cinq ouvrier* adulte* et vingt enfants. L'âge de ces enfants
varie entre huit et quatorze an*. Ils sont engagé* par les ouvrier*. Bien qu'il
ne soit pas très-difficile de *e le* procurer, on en trouve cependant plu* faci-
lement pendant l'hiver.
Leur occupation n'est pas fatigante ; elle consiste à enlever au tabac ses
cotes, et à trier les feuilles.
On emploie de préférence les enfant*, parce qu'ils suffisent au travail que
noua venons de mentionner, et parce qu'ils coûtent infiniment moin* que
des ouvriers adulte*.
On emploie actuellement beaucoup plus d'enfant* qu'autrefois ; on peut
estimer que leur nombre a au moins doublé.
Le* ouvriers ont du travail toute l'année, et loua travaillent a la tache.
La journée commence, en été, à tii heure* du malin, et finit à sept heure*
du soir. En hiver, ou ne travaille que de sept heures du matin à sept heures
Il arriva quelquefois, dans des cas pressant* , que l'on dépasse ces limites
ordinaire* du travail; cependant on ne les dépasse guère que d'une heure.
Le* enf*nta doivent alors travailler comme les ouvriers fait*.
La dorée du travail o'est ni plut longue ni plus courte qu'elle ne l'était
jadis.
On n'a jamais essayé de faire travailler les enfants par brigf de* ou relais,
et le chef pense qu'il est inutile de fixer on maximum de durée , selon les
Age* , pour le travail de* enfant* dan* le* fabriques de l*bac , où ils n'ont
aucune occupation fatigante.
Il n'y a jamais aucun travail de ouït.
Les ouvriers ont deui heure* de repos par jour : une demi-heure le matin,
une heure à midi, et une demi-heure à quatre heures.
Le déjeuner et le goftler ont lieu dan* la fabrique; le dîner te fait au dehors.
On ne travaille que rarement le dimanche , et le lundi on ne travaille que
jusqu'à quatre heures.
^y Google
430 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Il n'y a pas en de variation dans le salaire des ouvrier». On peut estimer
le gain des ouvriers adulte» à 3 fr. par jour, et celui des enfants àSfr, 70 C.
par semaine.
Les enfants sont payés par les ouvriers.
L'instruction des enfants est tout à fait nulle.
Celle des ouvriers adultes est presque nulle.
La conduite des ouvriers, enfanta et adultes, est asses bonne. Los enfants
se conduisent, en général , asses bien jusqu'à l'âge de quatorze ans; mais,, à
cet âge, ils commencent à devenir coureurs, et à adopter une vie plus ou
moins déréglée.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades. Lea
ouvriers sont, du reste, rarement malades, et le chef a observé qu'ils jouissent
d'une espèce d'immunité dans les temps d'épidémie.
11 déclare cependant que les ouvriers spécialement employés à la confec-
tion des curotiet , ne peuvent , en général , continuer cette partie de la
fabrication que pendant douze on quinze ans , et qu'au boni de ce temps ils
11 n'y à jamais eu aucun accident dans celte fabrique.
Le chef ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres;
gagnant d'asseï Torts salaires, il ne peut y avoir de misère cb es eux.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
Les ateliers sont dans des caves; Us sont, par conséquent, humides et
mal aérés.
On n'y emploie que huit ouvriers : quatre adultes et quatre enfants. Ces
derniers sont de l'âge de huit à neuf ans.
Ils sont engagés par les ouvriers qui se les procurent facilement.
Leur occupation consiste à décôter le tabac, à trier les feuille* et a faire
les poupcti pour les ouvriers cigariera.
Les onvrters sont occupés toute l'année. Les cigariera travaillent à la
tâche ; lea autres ouvriers sont employés à la semaine.
La journée commence, en été, à six heures et demie du matin, et finit à
sept heures du soir. En hiver, le travail ne commence qu'à huit heure* on
huit heures et demie du matin, et finit h quatre heures de l'après-dinée.
Il est très-rare que ces limites soient dépassées.
Il n'y a jamais de travail de nuit-
Il n'y a qu'un intervalle de repoi, - une heure et demie à midi. Le matin
et l'aprèa-dinée, tes ouvriers prennent, à volonté, le moment de repos néces-
saire pour manger leur tartine.
Les ouvriers retournent chez eux pour le dîner.
On ne travaille jamais le dimanche, et le lundi on chôme généralement.
Les cigariera sont les plus grands chômeurs ; le chômage, pour eux, dure
quelquefois trois jours, jusqu'à ce qu'ils aient dépensé tout leur argent ; alors
ils reviennent au travail, et ils travailleraient alors aussi nuit et jour pour
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE H. INDUSTRIELS DU BRÂBANT. at
récupérer le temps et l'argent qu'il» ont perdus par. leur «conduite, si on
voulait leur ouvrir les ateliers.
La salaire a augmenté depuis quelques année», surtout pour les cigariers.
Les cigariers de premier ordre sont .payés à raison de î franc par cent cigares;
un ci prier, quand il veut bien travailler, peut eu Etire neuf cent* par jour,
et, par conséquent, gagner se* B francs- Mais, comme tous n'ont ni' ta même
adresse ni le mémo zèle, 'il faut compter que la majeure partie des cigariers,
lorsqu'ils fout des cigare» dits tUrni-havanti, gagnent de 4 il 9 francs par jour.
Les cigariers doivent paver les enfant» qu'il» emploient. connue pomwitr»;
ceux-ci peuvent gagner de 3 à \ francs par semaine.
Les eal'ants employés au décrément et aulriage. du tabac gagnent da 1 fr.
à1 fr..ïO c. par semaine.- ■- ■
L'instruction des enfant* est tout à fait nulle ; parai les adultes , il n'y a
que les cigariers qui sachent lire et écrire.
Le chef se plaint beaucoup de la conduite des cigariers ; ils sont buveurs,
vivent dans la débauche, et n'ont' aucune prévoyance. Bien des pire* de
. famille, .(lit-il, pourraient vivre à l'aise avec ce qu'ils gagnent, tandis qu'eux
n'ont encore que de la misère.
! Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
. Le* maladies sont rare» ; ils ne «ont sujet* qu'à celle* qui sont la résultat de
leur débauche : le» maladies vénériennes.
La profession- n'a rien de. nuisible en elle-même.
Le chef ignore s'il y a des ouvriers inscrits «ur la liste de* pauvres.
11 n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline; mais le* dispositions
relatives au livret des ouvriers sont strictement observées.
Les ateliers de celte fabrique pourraient être mieui aérés; ils pèchent
surtout par le défaut d'espace.
On. n-'y (ait que de» cigares.
On y occupe deux cent» ouvriers ; sur ce nombre il n'y a qu'une, femme ;
elle est mariée et travaille dan» la fabrique avec son mari. .
11 y ad» enfant» au-dessous da l'âge, de neuf an», vingt ayant de neuf à
douze ans, trente ayant de doute à seize ans; la plupart ont dé seize à
vingt et un ans. II y a cependant des Ouvrier» qui «ont âge* de plus de vingt
et un an*, mais ceux-là sont eu petit nombre. •
Le» enfant» travaillent à la journée : chaque ouvrier fait a sous se* ordre*
un apprenti qu'il engage lui-ménre.
Aucun enfant ne travaille là avec son pire.
On se procure difficilement les enfants dont on a besoin.
Leur occupation n'est pas fatigante : le» plue jeune* sont employé* au
décolement du tabac, au triage des feuilles et de» cigares ; les plu» âgés font
les poupées et commencent à faire des cigares.
On emploie, de préférence, les enfants, parce qu'ils ont plus d'adresse et
jv Google
45Î CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
d'«gilité dan* le* doigta, et parcs qu'il* coulent moins cher que de* ouvrier*
adulte*.
Le* ouvrier* «ont occupe» toute l'année, et ton*, «anf le* enfants, tra-
vaillent à la tache.
En été, la journée commence A ail heures du matin, et finit à sept heure*
du *oir. En hiver, elle commence a sept heure* du matin pour finir à sept
heure* du soir.
On ne dépasse plu* ce* limite* , parée que l'expérience a prouvé qu'en
prolongeant le* heure* de travail on n'obtenait pat plu* de produit*.
On n'a jamais essayé de faire travailler le* enfante par brigade* ou relala ;
le chef panse que pour le* enfants employé* i la fabrication des cigare», il
n'est pas nécessaire d'établir an maximum de durée de travail, selon le* Ages :
la durée et la nature du travail ne présentent loi aucun inconvénient.
II n'y a jamais da travail de nuit.
Le* ouvrier* n'ont qu'un intervalle de repas d'une heure et demie, i
midi. A quatre heure*, on leur accorde quelques minute* pour manger une
11* retournent chez eux pour dîner.
On ne travaille jamais le dimanche.
Le* ouvrier* employés à la journée ne chôment pas le lundi : ceux qui
travaillent a forfait chôment toujours le lundi, et quelquefois pi nsienra jours
de suite. S'il ; a une fête dan* le courant de la semaine, il arrive souvent
qu'il* ne travaillent pas de tonte la semaine,
L'ouvrage qui *a fait le lundi malin, est toujours insignifiant OU mauvais.
Le chômage a lieu contre le gré du chef : tout ce que celui-ci a essayé pour
mettre fin i cette mauvaise habitude, a échoué.
Le salaire n'a ni augmenté, ni diminué.
Le* ouvriers faits gagnent de 5 à 6 fr. par jour.
Le* enfant* de doute a «eue an* gagnent 1 fr. par jour.
Le* enfant* de neuf a douie an* gagnent i fr. par semaine.
Tous le* enfant*, excepté ceux engagé* par les ouvriers, *ont payé* par
le chef.
L'instruction de* enfanta e*t nulle j ils ne fréquentent pas les écoles ; le
chef est disposé 1 faire tout ee qu'il faut pour leur assurer de* moyens
d'instruction.
L'instruction de* adulte* est presque nulle : très-peu savent lire et écrire.
'La conduite des ouvrier* en masse est généralement mauvaise ; leur* vice* ■
principaux sont : la débauche, la paresse et l'ivrognerie. On ne peut attri-
buer ce* vices qu'au défaut d'instruction, ai» mauvaia exemple* dea parente
et des ouvriers, et à la facilité avec laquelle il* gagnent de forts salaires.
Il y a quelque* ouvrier* qui se comportent bien, mai* ils tout très-rares :
1* chef en cite deux, un protestant et an antre; il a remarqué que c'étaient,
en général, les ouvriers qui avaient quelque instruction, qui se conduisaient
le mieux.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond* de reserve pour les malade*. Du reste,
r !ki,v Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES*. INDUSTRIELS DU BRABANT. 433
l'état unitaire est satisfaisant : la profession n'expose à aucune maladie et
ne nuit pas nu développement des enfants.
Les maladies les plus communes sont les. affections vénériennes , résultat
de leur vie, en général, débauchée.
Plusieurs ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres; ceux-là même qui
gagnent le plus, de 36 à 40 ir. par semaine, réclament des cartes de pain des
maîtres des pauvres.
11 n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline; il y en avait un autrefois,
mais il est tombé en désuétude, par suite d'inobservance de la part des
Il arrive souvent que des engagements pris entre le chef et les
jeunes ouvriers pour la durée de leur apprentissage, ne sont pas
tenus : pour peu qu'on leur offre une augmentation de salaire
dans une autre fabrique, ils partent en masse et laissent leurs
livrets entre les mains du chef. Ce départ subît , qui a quelquefois
lieu alors qu'on a commencé une entreprise importante, est très-
préjudiciable aux intérêts du maître.
Quoique se présentant sans livret , les jeunes ouvriers sont reçus
par les autres fabricants. Il existe parmi ceux-ci , d'après la décla-
ration du chef, un embauchage dégoûtant , qui se fait en général
dans les mauvais lieux.
Les ateliers de cet établissement sont vastes , propres ; bien
aérés ; il y règne surtout beaucoup d'ordre, et les métiers sont
disposés de telle sorte que la surveillance en est très-facile.
itssLissuasr A.
On n'y fabrique que des chapeaux de soie.
On y occupe vingt-cinq ouvriers et sept apprentis ayant de dix à dix-huit
ans. On n'y occupe pas de femmes.
Ou travaille tonte l'année ; cependant, l'hiver, on diminue le nombre d'ou-
vriers.
Les ouvriers travaillent à la tâche et les apprentis à la journée. Les
apprentis sont engagés par le chef, mais arec l'assentiment des ouvriers; le
chef ne peut pas engager autant d'apprentis qu'il le voudrait bien ; il y a
des coutumes établies par les ouvriers, qui ne permettent pas à un chef de
fabrique de faire pins d'un apprenti tons les deux ans. C'est là un abus
criant qu'il but faire disparaître, car il place le fabricant sons la dépendance
de l'ouvrier.
^y Google
434 CONSEIL CENTRAL DE SÀLURRJTÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Il n'y a aucun apprenti qni travaille avec. ion pire dan* cette fabrique.
L'ouvrage des apprentis est peu fatigant : ils servent d'aide* aux ouvriers et
travaillent an collage.
. On les emploie de. préférence, parce qu'ils coûtent moins, et qu'il y aurait
perte à faire faire les ouvrage* faeiles par des ouvriers faits.
En été, le travail commence à aix heures du matin, et finit à huit heure*
du soir. En hiver, il ne commence qu'à huit heures du matin pour finir à
cinq heures du.aoîr.
On nedépasse jamais ces tinitle*, et l'on ne travaille non plus jamais la nuit.
Les ouvriers n'ont qu'une heure et demie de repos à midi.
Ils retournent alors chez eux pour dîner : le déjeuner et le goûter se font
dans fatelier.
Il est très-rare que l'on travaille le dimanche.
Le* ouvriers chôment régulièrement le lundi : toute* les exhortations
faites dans le but de les détourner dé cette habitude sont restée* stériles.
Le. salaire a augmenté dans ees dernières années.
Les ouvriers travaillant à la pièce gagnent ordinairement de 20 à 30 ff.
Les apprentis gagnent, selon leur âge, 4, 6 et jusqu'à 9 fr. par semaine.
Les apprentis sont toujours payés par le chef.
L'instruction des ouvriers et des apprentis est presque nulle ; très-peu
savent lire et un peu écrire.
Leur conduite est loin d'être irréprochable ; non-seulement ils
vivent clans le désordre, la débauche et l'intempérance, mais encore
ils forment souvent, des Coalitions nuisibles aui intérêts des indus-
triels, mettent des ateliers en interdit , se liguent contre les autres
ouvriers qui ne se soumettent pas à leurs exigences, et vont même
jusqu'à exercer sur eux des voies de fait.
L'établissement n'a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour
les malades. Mais il y a une caisse de secours que les ouvriers ont
formée concurremment avec ceux des autres fabriques. Si cette
caisse n'était destinée qu'à venir au secours des malades ou des
infirmes, ou des ouvriers qui, par une raison quelconque) indépen-
dante de leur volonté, se trouvent momentanément sans ouvrage,
nous ne pourrions qu'applaudir à son institution; mais, malheureu-
sement, les sommes qui y sont versées reçoivent encore une autre
destination-; elles servent souvent a favoriser la débauche et la
Coalition.
Ainsi, qu'un fabricant refuse de faire droit à une demande
d'augmentation de salaire, non-seulement les ouvriers abandon-
nent en masse ses ateliers; mais,. de concert avec leurs compagnons
des autres fabriques, ils surveillent celle qu'ils ont mise en interdit;
>aiiz»dby Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRADANT. 455
et empêchent que d'autres ouvrier* aillent y travailler à un prix
inférieur. Pendant tout le temps qu'ils restent sans ouvrage, temps
qu'ils passent dans la débauche et les orgies, on leur paye de la
caisse une certaine somme qui les met à même de pourvoir & leurs
besoins.
Les diverses spécialités dont se compose là fabrication des cha-
peaux ont des caisses particulières ; ainsi il en existe une pour les
coupeurs de poils, une pour les routeurs, une pour tes appro-
prjeurs, etc. Ces derniers ont un encaisse dé 5 à 6,000 francs.
Chaque spécialité a aussi constitué une société particulière.
Ces sociétés se réunissent dans des localités différentes ; elles
ont des règlements que nous n'avons pu parvenir à nous procurer.
Le secret est gardé sur tout ce qui s'y fait ; c'est là qu'on convient
des conditions à imposer aux fabricants, des mesures à prendre
contre tel ou tel industriel qui ne veut pas se soumettre a leurs
exigences, etc.
Nous avons vu, en parcourant les ateliers, plusieurs billets de
convocation, affichés par les ouvriers, et qui portaient à peu près
ces mots :
« Messieurs , vous êtes priés de vous rendre ce soir au local de
la société pour délibérer sur des affaires qui vous concernent. *
La santé des ouvriers se ressent de leur conduite; elle est souvent
délabrée par la débauche. A part les excès de tous genres, la pro-
fession n'offre rien d'insalubre. .
Le chef ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres ;
tout ce qu'il sait , c'est que , malgré des salaires élevés , et quoique
leurs femmes, en garnissant des chapeaux chez elles, gagnent
encore de 10 à 15 fr. par semaine, ils sont souvent dans le besoin.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline : cela te comprend,
puisque le chefest plutôt sous la. dépendance des ouvrier», que les ouvrier*
nous celle du chef.
L'atelier principal nous • paru an peu étroit et pas assez élevé, eu égard
au nombre d'ouvriers qui y Ira vaillent.
ivtlLISSSMIUT S.
On y fait (le* chapeaux de feutre et de soie.
Le nombre des ouvriers varie entre trente et cinquante ; sur ce nombre .
il y a cinq ou si* apprentis. On ue prend pas d'apprentis au-dessous de l'âge
de ilouse ans ; on se les procure facilement.
DglizedOy GOOgle
456 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Le* ouvrier! tout occupés toute l'année, et ton* travaillent à la pièce.
La journée commence, en été, à six heures du malin, et finit à huit ou neuf
heure» du soir. En hiver, le travail commence et finit avec le jour.
Cet limites «ont 1res- rarement dé passée». Il n'y a pat de travail de nuit.
Le* ouvriers prennent, à midi, une heure ou une heure et demie de repos
pour aller dîner ; le déjeuner et le goûter se font dans les ateliers.
On ne travaille que rarement le dimanche ; mais on chôme toujours le
On n'a jamais essayé de faire travailler le* enfanta par brigades ou relais,
lie contre-maître pense que si l'on voulait fixer un maximum de durée pour
le travail des enfants, il faudrait toujours que cette durée fût de dis à doùie
La moyenne du gain journalier des ouvriers peut être estimée à 4 francs.
Depuis quelques années, leur salaire a augmenté d'environ un quart.
Les apprentis gagnent 8, 6 et 7 francs, par semaine.
Us sont toujours payé* par le chef d'atelier.
L'instruction de* ouvriers et des apprentis est très-bornée; un très-petit
nombre d'entre eux tarent lire et écrire.
Leur conduite est, en général, mauvaise; ils sont adonné* i l'ivrognerie et
i la débauche ; ces vice* ont toujours été trètreommuns cher le* chapeliers.
Ils forment aussi quelquefois de* coalitions, el mettent un établissement en
interdit, après qu'ils l'ont quitté en masse. Semblable chose était encore arri-
vée dans cette fabrique environ quinze jours avant noire visite-
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le* malades. Le
contre-maître déclare que les ouvriers chapeliers ont entre eux un fonde spé-
cial qui comporte actuellement au moins S ou 6,000 fr„ et au moyeu duquel
ils s'enlr'aiJent dans les cas de besoin.
Les autres renseignements sont, en grande partie, conformes à ceux donnés
par le chef de l'établissement A. Les fabricant» ne peuvent, faire, dans chaque
spécialité, qu'an seul apprenti tous le* trois au*.
La santé (les ouvriers est asaet Loutre ; mais elle est souvent dérangée par
les excès auxquels ils se livrent.
On a remarqué qtie le* ouvriers fouleurs vivaient assez longtemps et con-
servaient une santé robuste ; on attribue cette prérogative à ce que le fou-
lage exige qu'ils aient continuellement les main* trempée* dans un liquide
composé de lie de vin et d'eau bouillante;
Os ignore s'il y a de* ouvriers inscrit* sur la liste de* pauvres • la plupart
étant mariés, leurs femmes travaillent chez elles comme garnitseuses de cha-
peaux, et gagnent encore de 8 à 1 S francs par semaine ; ils pourraient donc
vivre a leur aise, s'ils avaient plus d'ardre et s'ils étaient moins débauché*.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
xiiiLisaizissT C.
On n'y fabrique que des chapeaux de feutre.
Il y a une machine à vapeur de la force de six chevaux.
^y Google
ËNQUÉTU DANS LES ÉTABLISSEH. INDUSTRIELS DU BRABAKT. *37
On y occupe cinquante-cinq ouvriers. Il n'y a pas d'enfants , car on ne
prend des apprenti* que lorsqu'il» ont quinze ou seixe ans.
Ce* apprenti* «ont engagés par les ouvriers, qui sont leurs véritables
chefs.
Le chef de rétablissement engage de son côté trois ou quatre enfants au-
dessous de l'âge de quinze ans, qui ne sont employés que comme coureurs
Les ouvriers sont occupés toute l'année, et tous travaillent a la pièce.
La durée ordinaire du travail est de douze heures : travaillant à pièce, les
ouiriers arrivent à la fabrique, tantôt une demi-heure plus tôt, tantôt une
demi- heure plus tard ; il en est de même pour le départ.
Ils prennent à volonté des intervalle* de repos pour leurs repas. Quelques-
un* dînent dans l'atelier, mais la plupart retournent chez eui.
Le chef pense qne la durée du travail pour les enfants ne peut être moindre
de douze heures : cette durée est indispensable dans la grande industrie.
Le* ouvriers de cette fabrique gagnent de 30 à 80 franc* par semaine.
On ne travaille que rarement le dimanche, mais lo lundi, le chômage est
d'habitude.
L'instruction des ouvrier* est presque nulle.
Leur conduite est assez bonne dans les ateliers ; mais, en général,
ils sont buveurs, débauchés et très-difficiles à conduire. Le chef
n'a cependant pas trop à s'en plaindre; il se flatte d'avoir chex lui
ce qu'il y a de moins mauvais en fait d'ouvriers chapeliers; il
pense pouvoir attribuer la légère influence qu'il a sur eux , à ce
qu'il est pour ainsi dire le seul fabricant de chapeaux de feutre. Tout
ce qui a été dit précédemment de la coalition des ouvriers est
confirmé par lui. Il ne lui est permis de faire un Apprenti pour
chaque partie, que tous les trois ans ; il voudrait faire apprendre
l'état à un de ses fils, qu'il ne le pourrait pas : cette faveur ne lui
serait accordée qu'à condition qu'il verserait entre les mains des
ouvriers une somme assez considérable. En un mot, les ouvriers
dictent la loi aux fabricants.
H n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades. Les
ouvriers ont entre eux une caisse assez bien fournie.
Leur santé est assez bonne, et la plupart de leurs maladies doivent
être attribuées bien plus a leur inconduite qu'à la profession.
Celle-ci , selon le chef , n'a rien de nuisible ; cependant aux ques-
tions que nous lui avons posées relativement au sécrëlage, il a
répondu qu'il savait que cette opération offrait des inconvénients
asset graves : celui, entre autres, de produire le tremblement, maïs
^y Google
«8 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
que chez lui il n'arait jamais observé cet accident, sans doute parce
que les ouvriers né sécrétaient pas continuellement. Quoi qu'en
dise le chef, la. 'fabrication' des chapeaux.de feutre se compose de
plusieurs opérations, dont l'influence défavorable sur la santé ne
saurait être douteuse. Nous reviendrons sur ce point tout à l'heure.
Le chef ignore s'il a des ouvriers inscrits aur la liste des pauvres ; à en
juger d'après ce qu'il* gagnent, Ils ne doivent pas élre dans le besoin, d'au-
tant moins que la plupart habitent la commune et peuvent y vivre à moins
de frais qu'en ville.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline ; on peut, dit
le chef, faire un règlement; mais l'exécution en est impossible,
puisque le maîlre n'a que peu ou point d'influence sur les ouvriers.
Il n'y a, selon lui , qu'un seul moyen de mettre fin aux abus exis-
tants et de vaincre la coalition des ouvriers : c'est que les fabricants
s'entendent, qu'ils se liguent entre eux pour repousser les exigences
des ouvriers; car, si ceux-ci trouvent des ressources pour rester
huit ou quinze jours sans travailler, les fabricants pourraient aussi
fermer pendant quinze jours ou un mois leurs ateliers : une semblable
niiesure ferait réfléchir les meneurs, et ils rentreraient bientôt dans
le devoir en perdant quelque peu le goût des coalitions.
Eh général, les locaux de cet établissement Sont trop peu spacieux
pour le genre de travail auquel ils sont affectés. Nous signalerons
surtout , comme mal disposé et insalubre , celui où travaillent les
coupeurs de poils : il est beaucoup trop pelit, trop bas de plafond,
et manque d'aérage. On n'y respire qu'une atmosphère puante ,
et chargée de duvet fin et de poils très- déliés ; les ouvriers qui y
travaillent sont chargés de ces poils et de ce duvet ,~ qui pénètrent
dans toutes tes ouvertures naturelles; il faut, certes, Une grande
habitude, pour y résister.- Le temps que nous y avons passé afin de
prendre inspection du lieu, pour jeter un coup d'ceil sur les ouvriers
et prendre connaissance de la nature de leur travail , a suffi pour
nous couvrir de poils et nous procurer des sensations très-incom-
modes, à la gorge , au nez, etc., qui nous ont accompagnés une
bonne partie de l'après-dinée, et cependant nous avions eu la pré-
caution de nous garantir, autant que possible, contre ces poils, en
nous couvrant la bouche et le nez d'un mouchoir. C'est dans ce local,
déjà si insalubre , que se fait encore le sécrétage , comme si l'on
avait cherché à y accumuler toutes, les causes les plus puissantes
de maladies. Aussi les ouvriers que nous avons vus là, «ont-ils, pour
*.Google
ENQUÊTE DANS LES ÉrABLfSSEM. INDUSTRIELS DU BRABANT. 439
la plupart, maigres, pile», et étioles. Si bous ne t'avions tu,
nous aurions de ,1a peine à croire que des' hommes puissent être
assez peu dégoûtés pour pouvoir manger dans on local ou tout se
couvre instantanément d'ordure» et de poils. Nous avons interrogé
les ouvriers relativement k l'incommodité qu'ils pouvaient éprouver
du travail; dans leur insouciance' ordinaire quant ace qui les inté-
resse le plus , ils nous ont répondu que quelquefois ils toussaient
un peu; que, pour faire passer la poussière et lés poils, ils buvaient
un coup de plus, et que leur métier n'avait rien de malsain.
En général, les industriels et les ouvriers conviennent rarement
de l'insalubrité de l'industrie qu'ils exercent : ils cherchent toujours
à prouver son innocuité en citant les rares exceptions de quelques
ouvriers qui sont arrivés à un âge avancé; mais ils ne tiennent,
aucun compte de ceux qui ont été moissonnés dans la force de
l'Age. Ainsi, pour les coupeurs de poils, travaillant toujours dans
un air chargé de poussière et de poils, il est évident que les organes
respiratoires sont très-exposés à devenir malades: L'observation a
prouvé, en effet, que la toux, les crachements de sang, la phthisie
pulmonaire, ne sont rien moins que rares chez eux, et que la
plupart deviennent asihmaliqueh, vers l'àgede quarante ou cinquante
ans. Ce qui rend la profession des coupeurs de poils encore plus
insalubre , c'est qu'ils sont chargés en mente temps du sécrélage
des peaux, opération qui les expose à tous les dangers qui accom-
pagnent l'inspiration de vapeurs mercurielles..
Les éjarreutet , femmes chargées d'ôter tous les longs poils, sont
exposées aux mêmes maladies que les coupeurs de poils, mais à un
degré moindre , parce que leur travail charge moins l'atmosphère
de duvet et de poils.
Les fottleurs ont un travail pénible , qui exige de la part des
extrémités supérieures une grande dépense de force musculaire,
et qu'on ne peut regarder que comme insalubre.. En effet, ils tra-
vaillent toute la journée debout devant des espèces de cuves con-
tenant un liquide très- chaud, et sous un hangar ouvert à tous
vents, les bras et la poitrine nus jusqu'à la ceinture ; tandis que la
partie supérieure du corps travaille toujours, la partie inférieure
est dans une inaction' complète sur un sol nécessairement plus ou
moins humide. Il résulte de là, pour ces ouvriers, des chances
nombreuses de maladies de poitrine et d'affections rhumatismales ;
de plus, la station prolongée et l'inaction des extrémités inférieures
doivent disposer celles-ci. aux Varices et aux ulcères.
ly Google
«40 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Sï , au moins pendant l'hiver, l'on fermait le hangar sou» lequel
i!i travaillent , ils n'auraient plu» qu'à se prémunir contre les tran-
sitions brusques de température; mais le chef que nous avons
interrogé à cet égard, nous a dit que ses ouvriers n'avaient jamais
froid, et qu'ils préféraient travailler, le hangar étant ouvert.
Toutes ces considérations étant émises , il nous semble qu'on ne
peut guère ajouter foi à oe que le chef nous a dit relativement à
l'état sanitaire de ses ouvriers et à la salubrité de la profession.
I ». — Coaaerie 4e poO» et préparation de passa».
Le moteur est une machine à vapeur de la force de huit chevaux.
On y occupe cinquante ouvriers ; sur ce nombre, il y a trente femmes et
cinr[ ou six enfant*. Ces dernier* sont engagés par les ouvrière coupeurs.
Les ouvrier* y ont de l'ouvrage toute l'année.
Cinq ou six ouvriers seulement travaillent à la journée; le* autres, qui
sont les coupeurs et leurs aides , les sécréteurs et les ëjarreuses , travaillent
à la pièce.
En été, le travail commence à six heures et demie du matin, et finit à sept
heures du «où* ; en hiver, il commence à sept heure* du malin, et finit à sept
heures du soir.
Ces limites ne sont jamais dépassées, et il n'y a jamais de travail de nuit.
Les ouvrière n'ont qu'un intervalle de repos pendant le travail de jour ; ,
de midi à une heure.
Les ouvrier* ne retournent chei eux que pour le dîner ; quelques-uns ,
cependant, restent dîner dan* l'atelier.
Il n'y a jamais de travail le dimauche.
Le chômage n'est pas général le lundi ; les ouvriers coupeur* , seul* , ne
travaillent que jusqu'à quatre heure* ; le* autres font journée complète.
Le prix moyen de la journée de travail est de 2 fr. 30 c- pour les ouvrier*
employé* à la journée.
Le* coupeur», quand il* travaillent bien, peuvent gagner delH *16 fr.
Le» éjarreusea m gagnent guère que 3 fr. 50 c. ou 4 fr. par semaine.
Le* sécréteurs gagnent 3 fr. par jour.
Les enfant* engagés par le directeur, gagnent KO centimes par jour. Ce*
enfants sont en petit nombre, et fervent comme com millionnaire*.
L'instruction de* enfant* est tout à fait nulle,
H en est de même pour le* ouvriers adultes.
Le* homme* et le* femme* travaillent dans de* ateliers séparé*.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond* de réserve pour le* malade*.
xuvCoo^le
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE*!. INDUSTRIELS DU BRABANT. «41
D'après la déclaration du directeur, la ganté des ouvriers est
bonne ; ils sont plus souvent, ivres que malades : la profession
n'expose à aucune maladie. Cependant , après quelques observa-
tions faites par nous relativement à l'influence que le sécrétage
exerçait sur la santé des ouvriers, le directeur avoue que les sécré-
teurs et les coupeurs sont quelquefois atteints de tremblement;
niais il attribue cette maladie bien plus à l'intempérance qu'à l'ac
tion du seljnercuriel qui compose le sécrétage. Si cette opinion n'est
pas tout à fait fondée, elle renferme au moins quelque chose de
vrai , à savoir que le sécrétage agit d'autant plus énergique ment
sur la santé des ouvriers , que ceux-ci se livrent à des excès de
boisson.
Quelques ouvriers se conduisent bien ; les coupeurs et les sécré-
teurs sont ceux qui se dérangent principalement ; ils sont ivrognes,
et restent quelquefois des jours entiers sans travailler.
Le directeur ignore s'il y a de» ouvrier* inscrits sur la liste des pauvres ;
mais il pense qu'il doit y eu avoir quelques-uns.
1! n'y a pu de règlement d'ordre on de discipline.
Les dispositions relatives au livret sont observées.
Les ateliers de cet établissement seraient suffisamment spacieux
et élevés pour toute autre industrie que celle qui s'y exerce ; mais,
pour celle-ci, ils laissent beaucoup à désirer, sous le rapport de
l'espace et de l'aérage. Nous ne répéterons pas ici ce que nous
avons déjà dit, en parlant des fabriques de chapeaux, de l'insa-
lubrité attachée aux professions de coupeurs de poils, de sécréteurs
et A'éjarreuses , parce que tout cela est parfaitement applicable
aux ouvriers de cet établissement ; mais nous devons encore appeler
L'attention sur les deux points suivants : il existe dans la fabrique
une machine à couper le poil, et un homme est chargé de lui pré-
senter les peaux ; la mécanique , se mouvant avec une grande
vitesse , rase la peau comme un éclair et projette dans l'air des
nuages de poils très-déliés, au milieu desquels se trouve con-
stamment l'ouvrier employé à cette mécanique. On conçoit , et le
directeur nous l'a d'ailleurs déclaré', on conçoit, disons-nous,
combien une semblable occupation doit être préjudiciable à la
santé de celui qui en est chargé.
Le second point sur lequel nous voulions appeler l'attention,
c'est que ce sont toujours les mêmes hommes qui sont chargés du
sécrétage , et que cette opération se fait dans un méchant petit
réduit des plus mal disposés à cet effet.
^y Google
Ui CONSEIL CENTRAL DE SALUBrffl'É PUBLIQUE DE BRUXELLES.
5 ÎO. — Fabrique *t|nftt,
ÉHUllStnHI A.
On y occupe cinq ouvrier* enfants, ayant de »ii à once. un*.
Le travail continue toute l'année , et les enfants travaillent à la semaine.
Le chef se procure facilement les enfant» dont iTa besoin.
Leur occupation consiste à faire (tes agrafes, travail qui o'eiiyc pas beau-
coup de. force.
On y emploie de préférence des enfants, parce qu'ils coulent moins, et que
le. travail est trop facile pour en charger des adultes!
La journée commence, en été , à six heures du. matin, èl se prolonge jus-
qu'à sept heures du soir. En hiver, on ne travaille que de huit heures jlu
malin à huif heures du soir.
Les" intervalles de repos sont : un quart d'heure le matin, une heure à
midi, et un quart d'heure l'après-dînée.
Ces limite* ne sont jamais dépassée», et il n'y a jamais de' travail de nuit.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas.de chômage le lundi.
Les enfants employés dans celte fabrique, malgré tin travail de omeheures
et demie par jour, n'ont qu'un salaire très-minime.
Le salaire varie de .1 fr. à 1 fr . 60 c. et 1 (t. 73 centime* par semaine.
L'instruction des enfant» est complètement nulle, et c'est là un résultat
forcé de l'âge trop tendre auquel ils sont reçus dans celle fabriqua.
Leur sanlé est, en général, bonne, et la profession n'expose à aucune
maladie.
Les parents de plusieurs des enfants sont inscrit* sur la liste des pauvre*.
tt»*L1»»lHSKT A.
On y fait des clous-épingles, des pointe* de Pari» et des boutons en os.
Le nombre de* ouvriers varie de troi» à cinq. On n'y occupé qu'nn seul
Le* ouvrier* sont occupé* tonte l'année, et. il» travaillent à la journée.
La journée commence, en été, à cinq heure* et demie du matin, et finît à
huit heure* du soir. En hiver, elle commence à six heure* du malin', et finit
à huit heure* du soir.
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ENQUÊTE DANS LES Et ÀBUSSEM. INDUSTRIELS DU BRABANT. 443
Ces limites ne tout jamais dépassées, et. il n'y s jamais de travail cfe nuit.
La durée du travail n'a «L'augmenté, ni diminué.
Il est très-rare que l'on Ira «aille le dimanche; le lundi,, on ne travaille
généra le me ni que jusqu'à quatre heure».
Le salaire des ouvriers. n'a éprouvé aucune variation-.
Ils gagnent 1 fr. 80 c. par jour, en élé; et .1 St. fia c, par jour en hiver.
Sur les trots ouvriers actuellement employés dans celte fabrique, il y en
a deux qui savent lire et écrire.
Leur conduite et leur santé sont bonnes; la profession ne présente rien
d'insalubre.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve .pour les malades.
Il n'y a jamais eu aucun accident dans cette fabrique.'
Le chef ignore s'il y a des ouvrier* inscrits sur la liste des pauvres.
Les ateliers sont bien tenus et aatubres ; le travail est peu .fatigant, et les
i» ont offert toutes les apparences d'une bonne santé.
S I». — Fnbilqne* de toUvH etréeo «4 euln «ernid.
iTlSLlSlIBENt A.
On y occupe de trente à quarante ouvriers, parmi lesquels sont compris
cinq Ou six enfants de quatorze à quinze ans.
Les enfants sont engagés par le chef, qui se les procure très-facilement.
Ils sont employés comme commissionnaires et a monter les toiles sur les
châssis.
Tous les ouvriers ne travaillent pas toute l'année; un tiers chôme pendant
les mois d'hiver. ■
Ils travaillent tous à la journée.
En élé, la journée commence à six heures du matin, et finit à sept heures
du soir. En hiver, elle ne commence qu'à sept heures et demie, et finit a
quatre heures de l'après-dînée.
Ces limites sont quelquefois dépassées en été , mais on ne fait jamais plus
de cinq quarts.
La durée du travail n'est ni plus , ni moins longue qu'elle ne l'était il y a
quelques années.
Le* ouvriers ont deux heures de repos par jour : une demi-heure le matin,
une heure à midi et une demi-heure a quatre heures.
Pendant l'hiver, il n'y a qu'un seul intervalle de repos à midi.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
La plupart des ouvriers retournent dîner chez eux ; quelques-uns dînent
dans l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche, à moin» cependant qu'il n'y ait à satis-
faire à des demandes très- pressantes.
- ;; ■■•■j.-vCoogle
iU CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Le chef a déjà propose mainte» Toi* «ses ouvrier* ât travailler le dimanche
ou une partie du dimanche, et de mettre le produit de ce travail extraordi-
naire de côté pour lea mauvais jours de l'hiver; mais il» n'ont jamais accédé
à celte proposition.
Il n'y a pas de chômage complet le lundi ; généralement les ouvrier» ne
font que trois quarts ce jour-là.
Le salaire n'a ni augmenté ni diminué ; le gain journalier de* ouvriers
varie de 1 franc à 3 francs ; ainsi ;
lie* ponceurs gagnent fr. 1 26
Le* metteurs en couche* • 1 80
Le* imprimeurs . . « 3 00
Le* enfants 1 00
Les enfants sont toujours payés par le chef.
Us ne rréqnentent aucune école, et sont tout i fait ignorant*.
Il en est de même pour les ouvriers adultes.
Leur conduite est assez bonne; on ne peut leur reprocher qu'un peu de
penchant pour l'ivrognerie.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades. Le
chef a essayé plusieurs fois de former une caisse de réserve pour les mau-
vais mois d'hiver; mais cela n'a pas réussi.
La santé des ouvriers est bonne; ils travaillent presque toujours au grand
aïr, et la profession n'a rien de nuisible.
Comme leur travail se fait debout, nous avons interrogé le chef sur les
affections ordinairement produites par la station prolongée, et il nous a
déclaré que ses ouvriers n'étaient sujets ni aux varices, ni aux ulcères.
Plusieurs ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres; ce sont, en général
des hommes marié* ayant une nombreuse famille.
Il y avait autrefois un règlement d'ordre , mais il est tombé en désuétude
parce qu'on n'a pas tenu la main à son eiécution.
Ou exige le dépôt du livret de tout ouvrier entrant à la fabrique; mais le*
livret) *e délivrent avec trop de facilité ; les ouvriers ne se gênent pas pour
abandonner une fabrique, ils laissent leur livret au maître qu'ils abandonnent
et s'en procurent aisément un nouveau.
F. VAS LUS EU tira B,
On y occupe vingt ouvriers et quatre enfant* de trêve à quatorze ans.
Le» enfants *oat engagés par le chef, qui *e le* procure facilement. On ne
le* occupe qu'à des travaux peu fatigant* : il* aident le* ouvriers, étendent
le* couleur*, montent les toiles sur les chA**i*, etc.
Les ouvriers y ont de l'ouvrage toute l'année et il* travaillent tous à
la journée.
En été, la journée commence à cinq heures et demie du matin, et finit*
wby Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE», INDUSTRIELS DU BRADANT. US
•e pi heure» du soir. En hiver, elle ne commence qu'à »ept heure» du matin,
et fiait à sept du huit heures du soir.
Ce* limite» tout quelquefois dépassées ; it e*t Je* circonstance* où l'on
doit travailler jusqu'à minuit.
Lee enfanta prennent alors part au travail extra ordinaire,
Lea ouvrier* n'ont qu'une heure de repos par jour : une demi-heure le
matin et une demi-heure a midi.
Il* prennent loua leur* repa* dan* l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche ; très-souvent on chôme lea lundis, et,
en général, quand ils travaillent ce jour, les ouvrier* ne font tout au pin*
que trois quart*.
Il n'y a pas eu de variation dans le salaire des ouvriers.
Les ponceur* gagnent de. . fr, 1 50 a % 00 par jour.
Les metteurs en couche fr. 2 30 •
Les imprimeurs 3 00 •
Le* enfants de fr. 0 75 à 1 00
Les enfants sont toujours payés par le chef.
Ils ne fréquentent pas le* école* ; ils n'en ont pas le temps : leur ignorance
e*t complète.
Le* ouvrier* adultes n'ont guère d'instruction non plu*; quatre ou cinq
tout au plus savent lire.
Leur conduite est assez bonne, sauf le lundi qu'ils passent en grande
partie dans les cabarets.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond» de réserve pour le* malade* ; le chef a
essayé de former une caisse de réserve, mais ses essai» n'ont pas eu de réus-
site, parce que le mot économie est inconnu des ouvriers.
Leur santé est bonne ; il* travaillent presque toujours en plein air, et la
profession n'expose à aucune maladie.
Quelque» ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres : en général, on
peut dire qu'il y a de la misère chez la plupart d'entre eux. Leur nourriture
se compose presque exclusivement de pain grossier et de légume*.
11 y avait autrefois un règlement d'ordre, qui est tout à fait oublié aujour-
On y observe rigoureusement les prescription» relatives au livret ; le
chef pense qu'on le délivre trop facilement, car le* ouvriers abandonnent
quelquefois la fabrique sans s'inquiéter de leur livret.
■Il* 119 S M BRI' A.
On y fabrique la bougie dite de ï Étoile.
On y emploie nne machine à vapeur de la force de deux chevaux.
^y Google
446 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Sur les vingt-six ouvriers qui travaillent dans celte fabrique, il y a treize
ouvrières de dix-huit â vingt-cinq ans.-
Les ouvriers sont occupés toute l'année, et tous travaillent à la journée.
En toutes saisons, la journée commence à sept heures du matin, et fiait
à sept heures du soir. Il est rare que ces limites soient dépassées, et plus .
rare encore que l'on travaille la nuit; on ne le fait jamais, à moins de besoins
très-pressants.
. Les ouvriers n'ont qu'un seul intervalle de repos, de midi à une heure-
La plupart retournent cher eux pour dîner ( quelques-uns dînent dans
l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche, et l'on ne chôme jamais le lundi , sauf
deux fois par an.
Il n'y a pas en de variation dans le salaire des ouvriers.
Les hommes gagnent. ; .... fr. 1 62 par jour.
Les ouvrières. — 126 ' . . :
L'instruction des ouvriers est, en générât, très-bornée; on peut même
dire qu'elle est nulle chez la plupart.
Les ouvriers et les ouvrières travaillent dans des locaux séparés.
Leur conduite est bonne : ils habitent tous la campagne et mènent une vie
très-régulière ; ils ne connaissent ni l'ivrognerie, ni la débauche.'
' Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
Les maladies pont d'ailleurs très-rares, et la fabrication n'expose à aucune
affection particulière..
Il n'y a jamais eu aucun accident dans cette fabrique-
Le cbef ignore s'il y a des ouvriers inscrits .sur' la liste des pauvres ; il ne
le pense pas : quelques-uns de ses ouvriers placent de l'argent â la caisse
d'épargne. En' général, il n'y a pas de misère chez eux, et ils vivent assez
Ces ouvriers, en effet, avaient une mise propre qui nous annonçait une
certaine aisance, de même que leur bonne mine nous offrait l'image de la
H n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline; tuais le cbef maintient
une. bonne discipline parmi ses ouvriers, chose d'ailleurs généralement facile
avec la classe ouvrière des campagnes.
Les prescriptions relatives au livret sont observées :en général, les 'chan-
gements d'ouvriers sont, très-peu fréquents.
L'atelier des femmes est bien aéré et salubre ; mais on pourrait désirer un
peu plus d'élévation à ceux où se font la fonte des suifs et la préparation de
la stéarine.
ÉTtBLlSSXaEKT B. '■% ,
Ou y fait des bougies diaphanes. Celle fabrication, d'abord assez impor-
tante, est tombée à rien, par. suite de la concurrence que lui ont faite les
bougies dites de YÉtaîlt.
, On n'y occupe que deux ou trois ouvriers enfants de douze a quinze ans.
lyGoç>gIe
' ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRADANT. UT
Cm enfant* ne août occupés que l'hiver, car, l'été, on ne travaille pas. Même
en hiver, le travail n'est pas continu ; il n'a lien qu'à mesure des besoins. On
doit compter qu'en tout, on ne travaille pas plu* de trois mois pendant l'an-
née, tandis qu'auparavant iljavait de l'ouvrage, sinon pour toute l'année,
au moins pour sept ou huit moi*.
Le chef se procure aisément le* enfanta dont il a besoin.
Ils travaillent à la journée, et n'ont qu'une occupation fort peu fatigante,
comme faire des mèches et les placer dans les moule*.
La journée commence ordinairement à sept heures du matin, et finît à
sept heures du soir. Ces heures ne sont jamais dépassées, et l'on ne travaille
jamais non plus la nuit ou le dimanche, par la raison tonte simple qu'il li 'y a
pas même de l'ouvrage pour les jours delà semaine.
H y a une heure et demie de repos à midi, que les enfants mettent à
profit pour aller dîner chez eux.
Quand il y a de l'ouvrage, on ne chiime jamais le lundi.
Le salaire des enfants a nécessairement diminué; ils gagnent actuellement
de 30 centime* à 1 fr. par jour.
. Leur instruction est presque nulle.
Leur santé est excellente, et le travail qu'il* font ne peut pas nuire à leur
dé vélo p pement phy siqu e.
Leur conduite est très-bonne. Le chef prend de préférence de* enfanta de
ta campagne, parce qu'il a remarqué qu'il* avaient beaucoup plus de probité
que ceux de la ville; ces derniers l'ont souvent vnlé, tandis que le* premiers
ne l'ont jamais fait.
Le local destiné à la fabrication n'est pa* grand ; mais, vu le petit nombre
d'ouvriers et la «implicite de la fabrication , on peut le conaidérer comme
offrant des condition* suffisante» de salubrité. 11 n'y a d'ailleurs rien de mal-
sain dan* cette fabrication, qui consiste tout bonnement à fondre le tperma
etti, et à couler la matière fondue dan* de* moule*.
Bien qu'on ne fabrique fus de bougie* dan* cet établissement, nous l'avons
placé ici, parce qu'il *e rapproche , *oua. le rapport de la salubrité du tra-
vail, de l'établissement B. Dan* celui-ci, on ne fait, en effet, que fondre et
couler le tperma etti dan* des moules ; dans celui-là , on ne fait que blanchir
la cire au contact de l'air, le fondre et le couler en tablette*, pour le livrer
blanc et pnr an commerce.
Comme on n'y occupe qu'un petit nombre d'ouvriers (quatre ou cinq) , et
qu'il n'y a véritablement pa* de travail , nous nous somme* bornés à visiter
l'établissement pour prendre connaissance des lieui. Celle visite non* a
assuré que les locam présentaient tonte* les conditions désirables de salu-
brité.
^y Google
US CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE Œ BRUXELLES.
On j occupe quatre ouvrier*. Le* troii enfanta du maître j- sont égale-
ment occupée.
Les ouvrière «ont employés toute l'année, et il* travaillent à la pièce.
La journée commence à sii heures du matin, et finît à huit heu resilu soir.
Ce* limites ne sont jamais dépassée*.
Le* intervalle* de repos sont : une demi-heure le matin, une heure à midi,
et une demi-heure a. quatre heures.
Le déjeuner et le goûter ont lieu dan* l'atelier. Pour le dîner, les ouvriers
Quelquefois, on travaille le dimanche. Le lundi, le* ouvrier* ne font, en
général, que trois quarts.
Le salaire de* ouvriers a considérablement diminué depuia quelques
années ; cette diminution est à peu pré* de moitié.
Les polisseur* gagnent actuellement de 6 i 7 fr. par semaine ; lesouvriers
tourneurs gagnent 20 fr. par semaine.
L'ini traction de* ouvrier* est à peu prés nttfle.
Leur conduite est bonne; Ha vivent avec beaucoup d'ordre.
{lt>. — Tauuerle et eorrojrerie.
On y occupe douae ouvriers adultes.
Le* ouvriers sont employés toute l'année, et travaillent à [ajournée,
La journée commenoe à aii heure* du matin, et finit À sept faean-e* do soir.
lit travail est intorroaipu par une heure Je repos à midi. Le* Imite* ordi-
naire* de la journée aw -sont jamais dépassée», et il n'y a jamais (te travail de
nuit.
La durée du travail est toujours rettée la même.
Les ouvriers prennent leur déjeuner et leur goûter dans l'établi stem en l ;
il* retournent cbei en pour dîner.
Quelqnefon, on travaille le dimanche.
Le lundi, le» ouiriers travaillent oomma les autres jonra.
Le gain journalier de l'ouvrier a angmeaté de 18 centime*.
Le salaire varie «elun le* services rendus par le* ouvrier*. Ainsi, il en eat
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABANT. 44»
qui ne gagnent que 1 fr. 4S c. par jour, tandis que le* ouvrier! accompli!
gagnent de 3 a 4 fr.
L'instruction des ouvriers est, en général, asses bornée; cependant le chef
a remarqué qu'il y a, tous ce rapport, une différence notable entre les anciens
et lea nouveaux ouvriers ; l'avantage est tout i fait du cûté de ces derniers.
Leur conduite est généralement bonne; ils n'ont aucune habitude de la
débauche ou de l'ivrognerie.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour lea malades. Les
ouvriers tanneur* et corroyeur* sont rarement malades, et le chef n'a jamais
observe qu'ils fussent sujets k quelque affection particulière. L'ayant inter-
rogé relativement aux varice» et ulcères des jambes, auxquelles on a souvent
signalé les tanneurs comme étant exposés, il nous a déclaré que ses ouvriers
en étaient tout à fait exempts.
Jamais aucun accident n'est arrivé dans cet établissement.
Le chef ignore s'il ya des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres; cepen.
dant il ne le croit pas ; ses ouvriers habitent la commune, où ils peuvent
vivre assex bien et à peu de frais, d'autant plus qu'ils mènent une vie très-
régulière.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline , mais les dispositions
relatives au livret y sont ponctuellement observées.
Le» tanneurs sont accidentellement exposés à la pustule maligne
s'ils ont à travailler des peaux provenant d'animaux qui étaient
atteints de cette maladie. Haïs ils sont principalement exposés aux
affections rhumatismales, car la profession exige qu'ils soient sou-
vent avec les pieds et les mains dant l'eau.
Les corroyeurs ont un travail fatigant et qui exige, de la part des
extrémités supérieures, de grands mouvements. Ils doivent polir les
peaux sortant de la tannerie , et celte opération se fait avec une
roulette d'un bois très-dur et une espèce de rabot très-pesant éga-
lement en bois , qu'on fait glisser en appuyant de toutes ses forces
sur la peau qu'il faut rendre polie. Ce travail, longtemps continué,
est susceptible de produire une déformation de la poitrine, et des
maladies des organes Iboraoiques. Si à ces considérations l'on
ajoute celte autre , que l'atmosphère dans laquelle ils travaillent
est rendue puante par l'odeur du cuir , mêlée a celle de l'huile et
des graisses qu'ils emploient, l'on se convaincra bientôt que la
profession de corroyeur n'est pas une des moins insalubres.
^y Google
450 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Ou y emploie de quarante à cinquante ouvrier*, et cin<| apprenti* dont les
plus jeunes ont dii ana.
Ce* apprenti* sont engagé* par le chef, qui se'les procure facilement. Ib
•ont employés à faire de* commission* , à pulir, dérocher et recuire Ee
Le* ouvrier» sont occupés toute l'année , et tous travaillent à la jour-
née. Ils travaillent dix heures par jour pour quatre quart*.
La journée commence, en été, à sept heure* du matin, et finit à six heure*
du soir. En hiver, le travail commence et finit avec le jour.
Ces limite* «ont trèa-*ouvent dépassées, car l'on fait presque toujours
cinq quarts : le cinquième quart n'e»t que Je deux heure*.
Le* apprenti* ne font pa» ce cinquième quart ; il est exclusif aux finisseur*.
La durée du travail n'est ni plus ni moins longue qu'autrefois.
On ne travaille que très-rarement la nuit , et, dan* ce cas, les enfants ne
prennent point part au travail.
Le* ouvriers ont un quart d'heure de repos le matin, une demi-heure à
midi et va quart d'heure à quatre heures.
Presque tous prennent leur* repas dan* l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche : tris-peu d'ouvrier* chôment le lundi,
mais nn ne fait jamais que trois quarts ce jour.
Le* ouvriers gagnent, terme mo yen, 3 fr. S0 c. par jour.
Les apprenti* gagnent de 33 centimes à 1 franc.
Ces derniers sont toujours payés par le chef.
Le* apprentis n'ont aucune instruction.
Les ouvrier* adultes savent généralement lire et écrire.
Leur conduite est bonne ; il» ne sont ni ivrognes, ni débauché*.
Leur santé ne laisse non plu* rien à désirer, suivant la déclaration du chef
qui considère la profession comme n'ayant rien de nuisible.
Deui ouvriers sont, à ta connaissance, inscrit* *ur la liste de* pauvres; ii*
sont chargés d'une nombreuse famille.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond* de réserve pour les malades, il n'y a
pa» non plu* de règlement d'ordre ou de discipline.
Le* disposition» relative* au livret sont observée».
Le travail du cuivre a toujours été considéré comme insalubre
et doit, en effet, être regardé comme tel. Quoi qu'en dise le chef,
ce travail altère peu à peu la santé des ouvriers, et nous n'en vou-
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE*!. INDUSTRIELS DU BRABANT. 4SI
* Ion* pas d'autre preuve que le teint pâle et jaunâtre que nous
avons remarqué chez plusieura d'entre eux. Du reste, le chef n'a
répondu qu'avec hésitation à nos demandes sur ce point : il a fait
venir un ancien ouvrier qu'il a questionné et qui allait nous dire la
vérité, lorsqu'un clin d'oeil de son maître est venu l'arrêter sur ses
lèvres.
Le dérochage confié aux apprentis est une opération qui a aussi
tes inconvénients; indépendamment de l'action du cuivre, il y a
encore ici a craindre celle des vapeurs uitreuses qui se dégagent
pendant ce travail.
L'on conçoit d'ailleurs que les chances de maladie sont d'autant
plus grandes , que les ateliers sont plus étroits , plus bas et moins
aérés. Or, ici, l'atelier est des plus défectueux : c'est une espèce de
long couloir ou boyau, éclairé d'un côté, très-bas et nullement
aéré : on y respire une atmosphère cuivreuse qui frappe l'odorat
lorsqu'on y entre. Au bout de ce couloir se trouve un réduit ayant
avec le couloir une communication directe et toujours ouverte;
dans ce réduit , mesurant environ quatre mètres carrés , n'ayant
pour toute ouverture que celle donnant dans le couloir, se fait la
fonte du cuivre. Inutile de dire tes conséquences d'une disposition
si vicieuse,
On n'y occupe que cinq ouvriers, presque le
Ce* ouvrier» «ont occupés toute l'année, et ils travaillent i la journée.
En été, le travail commence à cinq heures du matin, et dure jusqu'à aepi
heures du soir. En hiver, il commence à six heure» du malin, et -finit à sept
heure* du soir.
Ce* limite* uc «oui jamais dépassées, et il n'y a jamais de travail de nuit.
Le» ouvrier» n'ont qu'une. heure de repos à midi.
Il* retournent ton» chra eu* pour le dîner.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Le prix de la journée de travail n'a pas éprouvé de variation. Les ouvrier*
gagnent de i fr. à 2 fr. 30 c. par jour.
L'instruction des ouvriers est assez bornée.
Leur conduite eat très-bonne; ce sont tous des habitant* de la campagne,
que le chef préfère à cénids la ville.
Il n'y a ai caisse d'épargne, ni fond* de réserve- pour le* malades. Quand
;Hzedoy GOOgle
453 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PUBLIQUE DE BRUXELLES.
an ouvrier devient malade, le* frais de maladie «ont payés par le ebef. Du
relie, les ca« de maladie «ont très-rare*, car la profession n'offro rien de nni-
aible.
II n'y a auena ouvrier inscrit sur la liste de* pauvre*.
Il D'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline; mais les prescription*
relatives au livret sont observées. '
Cet établissement est bien tenu, et offre de* conditions suffisantes de salu-
brité.
Quant au travail en lui-même, îl n'est pas excessif, et le* ouvriers n'ont
guère à souffrir que de la température élevée au milieu de laquelle il* doi-
vent quelquefois se trouver. S'ils ne prennent point de précautions, ils sont
eiposé* à toutes les maladie» produites par les transition* brusque* de tem-
pérature.
hlILIItlItlT B.
On fabrique aussi du savon dans cet établissement.
On n'y occupe que cinq ouvriers, ton» adulte*.
Le travail continue tonte l'année , et les ouvriers travaillent à la journée.
Le travail commence, en été, à six heure* du malin, et finit à sept heures
du toir. En hiver, îl ne commence qu'à sept heures et demie du matin, et Sait
à la nuit tombante-
Ces limite* sont quelquefois dépassée* dans les moments de presse.
La durée du travail n'a ni augmenté, ni diminué.
Il y • une demi-heure de repos le matin, une heure à midi et une demi-
heurei quatre heure*.
On travaille quelquefois la nuit.
Les reps* se prennent dans ta fabrique.
Il est rare que l'on travaille le dimanche.
On ne chôme jamais le lundi.
Depuis trois ans le» salaires ont subi une légère augmentation.
Le prix de la journée de travail est, en moyenne, de 3 franc*.
La conduite de* ouvrier* est bonne.
L'état sanitaire est satisfaisant; les ouvriers n'ont k souffrir qne de la haute
température qui règne dan* les divers looani de la fabrique , M le chef
déclare que la diarrhée est la maladie qu'on observe le plu» souvent.
Aucun ouvrier n'est inscrit »ur la liste de* pauvre*.
tTilLlUIBEKT A.
On y occupe quatorae ouvrier*, tous adulte*.
Il* sont employé* toute l'année. Une partie de* ouvrier» travaillent à pièc
jdby Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE!*. INDUSTRIELS DU BRADANT. 453
par exemple, lee tourneur*. Ceux employé* comme manœuvre», travaillent a
la journée.
En toutes «sisons, la journée commence à »ii heure» du malin, et finit a
six heure* du soir.
Ces limite» «ont quelquefois dépassée*, niai» d'un quart seulement. La
durée du travail n'e»t ni plus ni moins longue qu'elle ne L'était il y a quelques
Il n'y a jamais de travail de nuit : cependant, chaque fois qu'on cuit de la
porcelaine, quelques ouvrier* doivent passer la nuit.
Ils ont une heure et demie de repos a midi.
Quelque* ouvrière retournent chex eux pour le dîner ; d'autres le pren-
nent dans l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche, et le chômage n'a lien que rarement
le lundi.
Le prix de la journée de travail a diminué de quelques centimes. Le*
ouvrier* manoeuvre» gagnent actuellement 1 fr. 50 par jour. Le* tourneurs
gagnent de E> a 7 fr. par jour.
L'instruction de» ouvrier*, les tourneurs excepté», e»t complètement nulle.
Leur conduite est bonne : ce «ont, pour la plupart, de» ouvrier* de la
campagne.
11 n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le* malade*.
Eu général, la santé des ouvrier* est très-bonne; ils sont rarement malade*,
et leur travail n'a rien d'insalubre.
Il n'y a jamai» en d'accident dans oel établissement.
Le chef ne croit pas qu'aucun de se* ouvrier» soit inscrit sur la liste de*
pauvre».
Il n'y a pa» de règlement d'ordre on de discipline, mai» on y observe lee
dépositions relativee au livret.
Le travail le plu* fatigant est celui de» tourneur» ; parce qu'il exige de la
part de l'ouvrier, une .position asiex gênante et une attention soutenue qui
fatigue d'autant plu» les yeux qu'ils sont toujours fixé* sur un objet qui
tourne.
Du reste, cet établissement offre de suffisantes conditions de salubrité.
ET1ILIMEMNT S.
On n'y (ait que de la grosse poterie.
Un cheval courant dans un manège met en mouvement les meule» qui
broient les terres.
Ou y occupe sept ouvriers et trois enfants de huit à dix an».
Le» enfant» sont engagé» par le chef, qui ne se les procure pas très-faci-
lement. Il» sont employé» comme aide* des ouvriers.
Les ouvrier» sont occupés toute l'année, et il» travaillent tons à la journée.
En été, la journée commence à. six henres du matin, et finit à sept heure*
du soir. En hiver, le travail commence et finit avec le jour.
^y Google
«* CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES-
Ces limites ne sont jamais dépassées, et i) n'y a jamais de travail de naît.
La durée du travail est la même qu'il y a quelques années.
it deux heures de repos par jour : une demi-heure le matin,
e et demie à midi.
il tous dîner chez eux. ;
0» ne travaille jamais le dimanche. '
Le lundi on ne fait ordinairement que trois ou deux quarts.
Le prix de la journée de travail n'a ni augmenté ni diminué. I.es ouvriers
gagnent 1 fr. 8 c. par jour, et les enfants 13 centimes.
Les enfants sont toujours payés par le chef.
Les ouvriers, tant adultes que les enfants, sont dépourvus de toute espèce
d'instruction.
La conduite des ouvriers adultes est assez benne ; cependant quelques-uns
«ont adonnés à l'ivrognerie.
11 n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
Le chef déclare qu'il y a rarement des. ouvriers malades ; il sait bien que
les ouvriers prétendent que le métier est malsain, mars- la vérité est qu'ils ne
sont exposés, ainsi que cela a lieu dans diverses antres professions, qu'aux
accidents' qui peuvent résulter des transitions brusques de température.
La plupart des ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres; ou peut
attribuer leur état d'indigence à la modicité de leur salaire, aux. Irais qu'en-
traîne l'entretien d'une nonlbreuse famille, et aussi, pour quelques-un», à
leur vie peu réglée.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline, et les prescriptions .
relatives au livret ne sont nullement observées.
Cet établissement présente les dispositions les plus vicieuses ;
l'atelier du pétrissage et des tourneurs est immédiatement au-dessus
du four où se fait la cuite de la poterie ; il est tris-étroit , manque
d'air et est toujours fortement échauffé ; aussi les ouvriers y tra-
vaillent-ils à moitié nus. Les enfants que nous avoue Vus là, n'avaient
qu'un méchant caleçon qui, partant des reins, allait à peu près jus-
qu'à mi-cuisse; dans cet accoutrement, ils descendaient de l'atelier,
portant les objets qui venaient d'être façonnés par le tourneur,
pour les déposer au grand air. On comprend tout ce qu'un travail
fait dans de semblables conditions, peut avoir de nuisible.
Les ouvriers de cette fabrique sont pales et maigres ; tout annon-
çait chez eux la misère et une santé débile.
Ce que nous avons dit des tourneurs, en parlant de l'établisse-
ment A , nous dispense d'y revenir ; ici cependant l'attention est
moins soutenue et le tact y supplée, car ce sont les mains .seules
qui donnent la forme aux vases-.
Hais ce que nous ne devons: pas omettre de signaler, c'est que
DglizedOy GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!, INDUSTRIELS DU BRÀBAJNT. 435
les ouvriers potiers sont exposés aux coliques métalliques. En effet,
la couche de Ternis qui couvre les poteries à l'intérieur n'est que
le résultat d'une application faite avant la cuite, d'une espèce de
bouillie claire, constituée par de L'oxyde de plomb bien broyé et par
de l'eau. Les questions que nous avons posées au chef, à cet égard,
n'ont conduit à aucun renseignement positif.
J I». —Fabrique de g*nt>-
Cet établissement, occupe un grand nombre d'ouvriers ; en voici la u
Coupeur». . 19 (Tous Français.)
Garçon* de fabrique 2
Coloristes et aides. ..... 4
■égissiersetaides. ...... 11
Couturière» à Bruielle 210
à Namur .... 100
à Ninoveet à Anvers. 10
à Bruges. ... 8
367~
s sont o ce upéstou le l'année, et très-peu travaillent à la journée.
Lea coupeurs et les couturières travaillent à la pièce.
En été, la journée commença à six heures et demie du matin , et finit à ■
■ept heures du soir. En hiver, le travail commence avec le jour, et finit à
huit heure* do soir.
Ce* limites ne sont jamais dépassées, sauf par le* coupeurs qui, en été,
' commencent leur travail à cinq heures du matin, et ne finissent qu'à neuf
heures du aoir. En hiver, ils travaillent généralement jusqu'à dix heures du
Le* ouvrier* ont deux heures et demie de repos par jour : une demi-heure
le malin, une heure et demie à midi, et une demi-benreà quatre heures.
Il* retournent dîner chei eux.
Ou travaille ordinairement le dimanche jusqu'à midi; les coupeur* tra-
vaillent souvent toute la journée.
La plu* grande partie des ouvriers chôme le lundi. .
DgiizedW GoOgle
■136 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PÏBUQUE DE BBOSELLES.
lie gain journalier de* ouvrier* peut être établi comme suit :
Pour le* coupeurs. . .
fr. 8 00
Pour le* dresseurs. - .
— 3 00
Pour le* coloriste*. . .
— 4 00
Pour les aides coloriste».
— 2 00
Pour les mégissiers. . .
— 2 !SQ
Pour les couturières.
— 1 00
Les ouvrier* employés dan* la fabrique ont assez d'instruction; chez
quelques-uns même l'instruction est assez avancée. Leur conduite est géné-
ralement bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond* de réserve pour le* malades. Du reste,
le* ouvriers sont rarement malades, et la profession n'offre rien d'insalubre.
Le chef pense même qu'elle est favorable aux ouvriers, parce qu'à l'époque
du choléra, aucun de ses ouvrier* ne fut atteint de celte maladie.
Aucun ou voter n'est inscrit sur la liste de* pauvres.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline, mai* les dispositions
relative* au livret sont rigoureusement observée*. Le chef a l'babitude de
faire des avances à ses ouvriers.
Cette fabrique est bien tenue, propre; le* ateliers sont spacieux et saint ;
le local seul dans lequel travaillent les coloristes ett humide, mal aéré et
trop étroit. Ce local doit être d'autant plu* aéré, que les coloristes font usage
d'urine* plus ou moins corrompues auxquelles on ajoute encore de l'ammo-
niaque liquide.
Les ouvriers de celte fabrique ont toute* le* apparences de la santé et du
bien-être : leur mise est propre el contraste singulièrement avec celle de*
'S de* autres fabriques.
IT1IMSIMIKT A.
On n'y occupe que trois ouvrier*.
Nous n'avons considéré cet établissement que sous le point de
vue hygiénique, parce que la fabrication du plomb de chasse étant
Irès-insalubre , il importait de prendre connaissance de l'élat des
lieux et des procédés mis en usage.
Ici les ouvriers ne sont pas seulement exposés aux maladies
ordinairement produites par le maniement du plomb, mais encore
à tous les inconvénients et accidents qui peu?ent résulter de l'in-
DglizedOy GOOgle
ENQUÊTE DAMS LES ÉTABLISSE!*. INDUSTRIELS DU BBABANT. 457
spiration de vapeurs arsenicales. En effet , pour obtenir la ron-
deur désirée dans les grains de plomb , on est obligé d'allier a
celui-ci une certaine quantité d'arsenic ; celte quantité est sujette à
varier : cependant, généralement, pour 1 00 kilogrammes de plomb,
on ajoute un demi-kilogramme d'arsenic. La combinaison ou l'al-
liage ne peut avoir lieu, oomne ou le conçoit, qu'en amenant ces
deux métaux à l'état de fusion ; or , c'est cette opération qui est la
plus dangereuse, parce qu'elle est accompagnée d'un dégagement
aetes abondant de vapeurs arsenicales.
Le local où se hit cette opération est un méchant réduit attenant
à une espèce de cuisine de cave : ce réduit est très-étroit, n'a que
2 mètres 20 centimètres de hauteur, et est très-peu aéré. Le four-
neau est mal monté, et le manteau n'avance pas assez au-dessus de
la chaudière. Le chef étant absent, sa femme , qui nous accompa-
gnait dans notre visite, nous déclara qu'on courrait toujours cette
chaudière quand le mélange était au feu. Cependant nos investi-
gations ne nous menèrent point à ta découverte du couvercle ; mais
ce qui nom fait croire surtout que cette précaution n'est pas prise,
c'est que Je chef que nous vîmes plus tard , et que nous interro-
geâmes sur les précautions qu'il pouvait avoir prises pour préser-
ver ses ouvriers de l'influence des émanations métalliques, ne fit
nullement mention du couvercle , et répondit seulement que ces
émanations ne pouvaient leur nuire, parce qu'elles étaient entraî-
nées dans la cheminée. Il ajouta que parfois cependant elles étaient
refoulées, et qu'alors toute sa maison était infectée de l'odeur d'aH
propre à l'arsenic.
Lors de notre visite on ne travaillait pas dans cette fabrique;
mais il nous parait évident que lorsque la chaudière avec le mélange
métallique est sur le feu, il doit régner, et dans le local où se fait
la fusion, et dans la cuisine de cave attenante où se font le triage et ht
pottssure des grains de plomb, d'abondantes vapeurs arsénicafes.
Le chef prétend néanmoins que les ouvriers n'éprouvent aucun
inconvénient de ce travail. Quant à lai, il n'a jamais pu s'y faire,
et il en a été très-gravement malade au commencement, a tel point
que «a vie a été en danger. Maintenant encore il ne pourrait rester
dix minutes dans l'atelier, sans se trouver incommodé et sans
éprouver des douleurs a la région épi gastrique.
Il déclare d'ailleurs que le raffinage des cendres provenant de la
fabrication, est une opération Ires-dangereuse qui ne se «lit ordi-
nairement qu'une fois par an et dure alors huit jours.
^y Google
458 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Ud seul ouvrier y est occupé depuis sii heure* du matin jusqu'à sii heures
Nous nous «0011116* encore bornés à prendre connaissance de l'état des
lieux, pour les raison* exposées en parlant de l'étabKe sèment A.
En passant à distance de cette fabrique, et dans la rue même,
nous nous aperçûmes déjà qu'on y travaillait; l'odeur de l'arsenic
nous avait déjà frappés avant que nous fussions à la porte. Le chef
n'y ayant pas son domicile, et l'ouvrier étant momentanément
absent , nous fûmes reçus par une petite demoiselle qui nous indi-
qua l'atelier.
L'atelier est dans une cave donnant sur la rue, n'ayant que
deux mètres d'élévation et fort peu aérée. En y entrant, nous fûmes
saisis d'une odeur alliacée insupportable, qui nous .accusait la pré-
sence d'abondantes vapeurs arsenicales.
L'atelier était tellement infecté de celle odeur, que l'un de nous
ne put y résister, et fut obligé d'en sortir avant que notre investi-
gation tut terminée. A n'en pas douter, on venait de faire peu de
temps auparavant le mélange par fusion du plomb et de l'arsenic.
Le fourneau était encore allumé et portait une chaudière contenant
un reste dit composé métallique.
Par l'odeur qui régnait dans la cave au moment de notre visite,
on peut juger de ce que ce doit être alors que la chaudière est
remplie de l'alliage en pleine fusion.
Ici, comme dans l'établissement A, aucune précaution ne semble
avoir été prise pour mettre les ouvriers à l'abri des influences délé-
tères de la fabrication. En effet, le local est mal choisi, il manque
d'air et est beaucoup trop petit : il n'a que S mètres de hauteur ,
4 mètres 60 centimètres de largeur, et environ 6 mètres de longueur.
Le fourneau est mal monté ; la chaudière est découverte et sur-
montée d'un manteau beaucoup trop petit.
Le puils où se fait la projection du plomb a attiré aussi notre
attention : une pompe, placée sur ce puits, semble indiquer qu'on
se sert pour les besoins domestiques de l'eau qu'il fournit. Nous
avons interrogé à cet égard la servante de la maison, et ses réponses
ambiguës nous ont fait croire que nos présomptions étaient fondées :
un voisin nous a d'ailleurs assuré que l'eau, de ce puits était em
ployée dans le ménage.
^y Google
ENQISÉTE DANS LES ÉTABLISSEM. INDUSTRIELS DU BRABANT . 459
11 occupe environ quatre cent* ouvrière* à Bruxelles, et deux ou trow cents
à Bincbe : ce nombre varie d'ailleurs suivant le* circonstance» et l'importance
des commandes.
II n'y a que de» femme* et des fille* employées à la confection de la den-
telle; il est impossible de déterminer leur âge, les ouvrières travaillant à
domicile, a l'exception de quinze ou seize qui sont réunies dans an atelier
chei le fabricant.-
Les ouvrière* sont employées généralement toute l'année ; il y eu a cepen-
dant un certain nombre qui, sans être spécialement attachées à la fabrique,
travaillent alternativement pour elle et pour les autres fabricants de la ville.
Toutes les ouvrière*, sans distinction, travaillent, et sont payées à la pièce.
Le» jeunes filles sont engagées par les ouvrières qu'elles secon-
dent dans leurs travaux; plusieurs de ces ouvrières ont des écoles
où travaillent, pour leur compte, un certain nombre d'enfants. Le
fabricant n'exerce aucune surveillance sur ces écoles, dont il
ignore même souvent l'existence. A. plus forte raison, ne connaît-il
pas et rie peut-il connaître l'âge auquel les apprenties y sont admises.
C'est dans ces écoles, sur lesquelles ne s'exerce aucun contrôle,
qu'existent et se perpétuent les abus. Les jeunes filles y sont admises
dès la plus tendre enfance, et pour un salaire de quelques centimes
par semaine, souvent même sans salaire pendant les premiers temps
de l'apprentissage , elles travaillent le plus souvent du matin à la
nuit. Malgré ces inconvénients, les apprenties ne font pas défaut :
la plupart des femmes de la classe ouvrière à Bruxelles sont den-
tellières.
Les enfants sont employées aux mêmes travail» que les ouvrières
proprement dites. Ces travaux sont très-variés, mais chaque ouvrière
ne fait généralement qu'une opération. Les unes font le plat au
fuseau ; les autres travaillent les fleurs à l'aiguille ; d'autres font le
réseau, mettent les fonds ou appliquent les fleurs sur le réseau ou
le tulle.
Les ouvrières ont un grand intérêt à se Faire aider par des enfants
qu'elles ne payent pas ou auxquelles elles ne donnent qu'une modique
rétribution. Grâce a l'emploi des enfants, certaines maîtresses font
d'honnêtes bénéfices.
>aiizfrdby Google
«60 CONSEL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Le nombre d'ouvrières de tout Age tend plutôt A augmenter qu'à
diminuer : cette augmentation date surtout de l'époque où l'on a
songé A appliquer les fleurs sur le tulle de coton ; c'est ce qu'on
appelle la dentelle d'imitation. Le prix en est beaucoup moins
élevé que celui de la dentelle proprement dite, qui est de réseau
de fil fabriqué A la main.
La durée des travaux varie au gré de l'ouvrière ; mais , comme
celle-ci est payée à la pièce , elle est intéressée à travailler le. plus
possible, surtout quand elle n'a pas d'autres ressources. La journée
des plus jeunes enfants est généralement égale en durée à celle des
adultes ; elle peut se prolonger pendant quatorze ou quinxe heures.
Les limites habituelles du travail ne sont dépassées que dans le
cas de fortes commandes ; alors quelquefois les ouvrières, stimu-
lées par le gain , travaillent la nuit et le dimanche. Par contre, a
l'époque des fêtes patronales, des kermesses, du carnaval, des fêtes
de septembre et généralement te lundi , la plupart chôment com-
plètement. Elles dépensent alors en quelques heures les faibles
économies qu'elles ont pu /aire.
Quand il y a un travail extraordinaire la nuit on le dimanche, le* enfant»
doivent y prendre part.
La durée du travail n'a paa varié; elle e*t a peu pria toujours la même.
Jamais le* naît reste* d'école ou d'atelier n'ont eatavé de faire travailler
les enfant* par relait. La fabricant D'exercé aur elle* aucune influence :
quelle* que «oient se* bonne* intention* et la pitié que lai iaipirant le*
pauvre* enfant* que l'on exploite, il ne peut riea pour prévenir de* abat
qu'il doit se borner à déplorer.
La mesure qui fixerait , selon les Âges , un maximum de durée
pour le travail des enfants, est devenue un véritable besoin. Selon
l'avis d'un des chefs , la loi devrait défendre expressément d'em-
ployer les enfants jusqu'à l'Age de treize ou quatorze ans, plus
d'une demi -journée, sott avant , soit après l'heure de midi. Ainsi ,
ces mêmes enfants, tout en apprenant un métier et en contractant
l'habitude du travail, pourraient fréquenter les écoles, recevoir
l'éducation morale et religieuse qui leur fait entièrement défaut
aujourd'hui , et se livrer aux distractions qui sont nécessaire*) à
l'enfance. Ce serait le moyen de préserver a la fois la santé de
l'Ame comme celle du corps.
L'interdiction du travail de mût pour les enfant* ne peut tourner
qu'A leur plus grand avantage. Jamais il n'y a de o
pressées pour exiger des petites filles un travail de nuit.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE*!. INDUSTRIELS DL1 BBABANT. 461
On ignore quels spot le* intervalle* de repos pendant le travail de jour :
cela dépend des ouvrières qui emploient les enfants; on suppose que ces
intervalles .sont les même» pour les entants -que pour le* adulte*.
Beaucoup d'enfants, en se rendant à l'école d'apprentissage ou à l'atelier,
portent avec elles leur maigre pitance ; c'est le plu*, souvent use tartine ou
un simple morceau de pain.
Beaucoup d'ouvrières travaillent le dimanche dan* la matinée] on plus
grand nombre encore chôment le lundi.
Le* salaires dépendent de l'activité de* ouvrière* et de la nature du travail
qu'elle* exécutent. Celles qni font journée' entière peuvent gagner de J k
ï francs par jour; mais Je salaire des enfanta est bien inférieur à celui des
adultes; on ignore le plus souvent. sa quotité; cependant le chef sait que de
pauvres enfant* qui travaillent douze heures par jour, ne rapportent guère à
leurs parents que 40 à 50 centimes par .semaine.
Les salaires sont restés à peu près les mêmes depuis quelques
années. Mai» comme le nombre des bonnes ouvrières diminue,
leurs bénéfices diminuent dans la même proportion. Seulement,
lors des moments de presse , la concurrence que se font les fabri-
cants entre eux profite aux ouvrières qui travaillent pour le puis
offrant. Mais aussi, lorsque les. affaires ralentissent, un grand nom-
bre de petits fabricants abandonnent leurs ouvrières, qui alors
tombent dans la misère et sont souvent obligées d'aller chercher
asile au dépôt de la Cambre. Quant aux ouvrières de la fabrique
dont nous parlons,' on occupe sans interruption et toute l'année
celles qui lui restent fidèles ; quand elles deviennent Agées ou infir-
mes, les chefs les secourent autant qu'ils peuvent, car ils se regar-
dent, en quelque sorte, comme liés envers elles.
Les ouvrière* enfants sont pavées directement par les ouvrières ou les
maîtresses qui les emploient. '
Les enfanta ne fréquentent aucune école, et c'est là un grave inconvénient.
Lorsque te* enfants sont en âge d'apprendre le métier de dentellière , leurs
parentale* retirent de l'école et n'hésitent pas à le* condamner à «ne igno-
rance perpétuelle, plutôt que de perdre le léger bénéfice qu'il* espèrent eu
retirer. L'indifférence ds l'ouvrier à cet égard doit fixer l'attention de l'au-
torité. On no parviendra à la vaincre qu'en déclarant l'instruction obliga-
toire jusqu'à un certain âge, comme cela a lieu en Allemagne,. en Suisse et
dans plusieurs autres pays.
La plupart des. ouvrières travaillant pour cette fabrique étant inconnue»
dés chefs , il est impossible de spécifier leur degré d'instruction. Cepen-
dant, a en juger par les rapports habituel* avec celle* qui viennent au
bureau, le chef peut affirmer que l'ignorance est la règle, et l'instruction la
plu* élémentaire l'exception. Sur cent ouvrière*, il serait difficile d'en trou-
30.
Dglizedoy GOOgle
461 CONSKIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
ver nue qui sut écrire passablement ; la plupart ne savent pas même signer
leur nom.
La conduite des jeunes ouvrières est généralement mauvaise. Beaucoup
vivent en concubinage, et n'en rougissent pa*.
11 n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades. Les chefs
désireraient que de telles institutions fussent créées; ils y contribuer aient
très-volontiers de leur part. En attendant, ils font gratuitement quelques
modiques avances, sans intérêt, aux plus honnêtes de leurs ouvrières, pour
les soustraire îi la rapacité de» usuriers de bas étage , auxquels elle» doivent •
quelquefois forcément avoir recourt. On possède les adresses de quelques-
uns de ces usuriers qui perçoivent 8 centimes d'intérêt par semaine pour
chaque franc prêté.
Généralement l'état sanitaire des ouvrières n'est pas satisfaisant,
ce qu'il faut attribuer bien moins à la nature de leur travail, qu'à
leur alimentation malsaine et insuffisante , aux privations qui les
assiègent , aux misérables réduits qu'elles sont forcée* d'habiter.
A certains égards, l'entassement des enfants dans quelques
écoles et ateliers d'apprentissage est préjudiciable à leur santé, et
contribue, avec lea longues journées de travail, à affaiblir leur
constitution.
Le métier de dentellière participe d'ailleurs des inconvénients
inhérents aux professions sédentaires, où le corps, assis et courbé,
s'énerve et s'affaiblit faute d'un exercice salutaire. La vue des den-
tellières s'affaiblit aussi avant l'âge, et les expose à devoir cesser le
métier qui subvient a leur existence. De là le grand nombre de
dentellière» qui , vers leur cinquantième année, se voient obligées
d'aller frapper à la porte du dépôt de mendicité , oe dernier asile
de la classe ouvrière où vont s'engloutir tant de souffrances et de
misères dont les riches ne soupçonnent pas même l'existence.
La plupart des dentellières appartiennent à la classe pauvre et
sont inscrites à ce titre sur les listes des indigente.
Au nombre des moyens d'améliorer la condition des jeunes
ouvriers et en général de la classe ouvrière a Bruxelles , le chef
cite les suivants :
1" La réduction de la durée du travail à une demi-journée, jusqu'à
ce que le jeune ouvrier ait atteint l'âge de treize ou quatorze ans;
2* L'interdiction du travail de nuit , sauf des cas rares et excep-
tionnels , jusqu'à l'âge de dix-huit ans;
3* L'interdiction du travail les dimanches et grandes fêtes ob-
servées;
4* L'obligation de fréquenter les écoles;
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DUBRABANT. 465
5" Le perfectionnement de l'enseignement professionnel et l'or-
ganisation de l'apprentissage;
6* La formation d'ateliers d'apprentissage pour les jeunes den-
tellières ;
7° L'institution de caisses de prévoyance en faveur des ouvrières
dentellières, analogues à celles qui existent pour d'autres pro-
fessions ;
8" L'institution d'une caisse de prêts gratuits, qui ferait des
avances jusqu'à concurrence d'une modique somme, sur des garan-
ties purement morales ;
9° La réforme du régime du mont-de-piété ; l'abaissement du
taux de l'intérêt, et sa fusion avec la caisse de prêts gratuits ;
10" L'établissement d'un fonds et d'une maison de retraite pour
les ouvrières dentellières infirmes et âgées, incapables de continuer
leur métier, établissement auquel devraient contribuer les fabri-
cants, dans la mesure de leurs moyens et du nombre d'ouvrières
qu'ils emploient d'ordinaire;
11° Le rétablissement des livrets, non-seulement dans l'intérêt
des fabricants , mais encore dan* celui des ouvriers , dont ils ser-
viraient à constater les litres au bénéfice des institutions prémen-
tionnées ;
12° L'amélioration des habitations de la classe ouvrière, et
l'achat en gros des denrées de première nécessité, qui seraient
revendues à. prix coûtant aux ouvriers munis de leurs livrets.
Les chefs forment des vœux pour que le gouvernement réalise
enfin les réformes commandées par la position malheureuse des
ouvriers, vœux auxquels n'hésiteront pas à se rallier, pensent-ils,
tous les fabricants qui ne peuvent rester indifférents vis-à-vis d'in-
fortunes auxquelles ils sont malheureusement hors d'état de porter
remède sans le concours de l'autorité supérieure.
Les précieux renseignements qui précèdent nous ont été fournis
par écrit par l'un des chefs de l'établissement A , dans lequel on
n'aura pas de peine à reconnaître un philanthrope éclairé , et un
homme qui s'est livré à de longues études sur le sort et la condi-
tion de cette classe si intéressante de citoyens, qui forme notre
population industrielle.
établi Htnn B.
Cette fabrique occupe, dans un atelier, quinze ouvrières; en ville, quatre-
vingt-seize ttriqueuitt, et environ douze cents ouvrières , réparties ilans les
^ Google
«4 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
différent» quartier*, de Bruxelles.. On estime que le* jeune* filles forment
environ les deux cinquième» du nombre total d'ouvrière*.
Les ouvrières occupée» dan* la maison ont da travail toute l'année ; elle*
travaillent toutes à la pièce, ainsi que le» ouvrières du dehors.
' La journée commence, en été, à sept heure* du matin, et finit A huit heure»
dusoir;en hiver, on travaille, pour Taire cinq quart*/ de huit, heure* du
matin à dix heures du. soir. Le* ouvrière* du dehors travaillent i leur gré ;
mais, en général, elles prolongent davantage la durée du travail, surtout
dans tes moments de presse.
Les ouvrières de la maison ont une heure et demie de repos par jour : une
heure à midi, et une demi-heure à quatre heures. .
Les enlaqls »onl employées par des maîtresses ou /bcforeisM; elles aident
les ouvrières, font le plat au fuseau et le» fleurs à l'aiguille.
Les ouvrières de la maison gagnent de 1 fr.ifO ci S fr. par jour. Celle*
employées en ville gagnent à peu près le même salaire, et les' enfant» peuvent
' gagner de KO à 7S centime» par jour. Lei salaires n'ontpas éprouvé de varia-
tion depuis dix an*.
L'instruction des ouvrières, enfant* comme adultes , travaillant dan» la
maison ou dehors, doit être regardée comme tout à fait nulle.
Celles qui travaillent dans la maison se conduisent assez bien ; mais , en
général, le» ouvrières dentellières n'ont aucune moralité, aucune prévoyance;
elles vivent dans le dévergondage le plus complet, et toutes lès fêtes qui ont
lieu, soil en ville, soit. dan» le» faubourg», sont saisie* avec empressement
pour »è ruer dan» la débauche et les orgies.
Le chef ne connaît pas de maladie* particulières aux dentellières, autres
que celles propres a toute* les professions sédentaires.
dp grand nombre d'ouvrières aont inscrites sur la liste des pauvres :
d'abord, parce qu'elle* appartiennent toute* a Ut classe indigente, et pais,
- parce qu'elle» a7ont aucune prévoyance , et vivent dan» le désordre.
Il n'y a pa* de règlement d'ordre ou de discipline, mais les ouvrière* qui
travaillent dan* la maison ont toutes un livret.
Le Chef n'a pu nou* donner des renseignements plus complet*, parce qu'il
n'a aucune relation avec le» ouvrière» qui travaillent pour lui, tout se faisant
par l'intermédiaire de factoresset. '
iiiuiMtiin C .
Le nombre des ouvrières ne peut être déterminé ; il varie selon que réta-
blissement reçoit des commandes plu» ou moin» fortes et. en général, le chef
ignore lui-même le nombre d'ouvrières qu'il occupe , parce qu'il n'est en
relation qu'avec trois factoressea ou commissionnaires qni se chargent de
faire fabriquer la dentelle par des ouvrières disséminées dans les divers
quartiers de la ville.
Il n'y a que dix* atriqueuses qui travaillent dans l'établissement, même.
Elles travaillent toutes à la tâche.
DgfeedOy GOOgle
ENQUÊTA DANS LES ÉTABLISSE»: INDUSTRIELS DU BRABANT. 465
La fabrication des dentelles a repris beaucoup d'activité depuis quelques au
: nées: elle occupe, toute l'année, un grandnombre de femme» et de jeunesfilles.
Lea ouvrières à demeura commencent, en été, leur journée, à sept heures
du matin, et la finissent à huit heures du soir. En hiver, le travail commence
. i huit heures du malin, et finit à huit heures du soir.
Il 7 a nu intervalle de repos d'une heure, à midi, dont les ouvrières pro-
fitent pour aller dîner.
Ou travaille quelquefois le dimanche, mais asaex rarement.
. Quant au lundi, les ouvrières font; ce jour, un chômage complet.
' Le salaire de* ouvrières dentellière* a subi une légère augmentation. Le
chai estime que la plupart des ouvrières formées peuvent gagner de 6 à 8 fr.
L'instruction des ouvrières est à peu près nulle. ■
Sou* le rapport des mœurs, leur conduite est des plus mauvaises I elles
vivent dans la débauche et le libertinage ; elles ne savent pas mime ce que
c'est que d'avoir- de la houle ,■ et la plupart sont mères de bonne heure et hors
l'état de mariage. * ■
Le travail sédentaire influe sor leur santé : elle* sont presque tontes
pale* et décolorées, et beaucoup perdent la vue après un temps plus on moins
long. Le chef n'a jamais remarqué aine le blanchiment des fleurs donnât lieu
à quelque accident.
Presque toutes le* ouvrières dentellières sont inscrites sur la liste -des
pauvres, car elles sont toutes de la classe la plus indigente, et leur manière
de vivre n'est guère propre à les faire sortir de leur état d'indigence.
L'atelier des striqueuses est beaucoup trop petit.
nuuMuin D.
On ; occupe à domicile sept jeunes ouvrières, ayant de sept a vingt an*.
Ces ouvrières ont de l'ouvrage toute l'année.
Biles travaillent toute* à la pièce.
En été, elle* commencent le travail à six heure* du matin, et ne Je finissent
qu'a dix heure» du. soir. — En hiver, elles ne commencent qu'à huit heures
du matin, et finissent à dix heures du soir.
Il est asseï, rare que ces limite* soient dépassées ; cependant quand. l'ou-
vrage presse, on prolonge-la durée du travail.
Dans les mêmes circonstances, on travaille aussi quelquefois la nuit; mais le
travail n'a alors lieu que pour quelques ouvrières, età L'exclusion des enfanta. .
Il y a une heure et demie de repos à midi, et une derai-heure à quatre heures. .
Le chef estime , que pour ce qui concerne son industrie, les enfants ègées
de quatorze ans et au-dessus, peuvent travailler toute une journée , et que
celles au-dessous de cet âge ne peuvent guère supporter qu'un travail de huit
heures. Il ajoute que c'est le travail du soir qui parait être le plus fatigant
pour le* enfant*.
On travaille quelquefois le dimanche.
>aiizedby G0OgIe
«6 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Le lundi, on ne travaille ordinairement que jusqu'à quatre heure*.
Les enfanta au-dessous de l'âge de douze ans gagnent, en moyenne, 75 cen-
times par jour.
Les ouvrière* âgées de plu* de douie an* peuvent gagner de 1 fr. KO c.
à 2 fr. par jour ; mai* on doit compter cela comme le* meilleure* journée*
qu'elle* puissent faire. »
Le» enfant* sont toujours payées par le chef. Celui-ci déclare qu'il y a , en
dehors des fabrique*, des mailreue* ouvrière» qui ont l'habitude d'exploiter
le* autre* ouvrière*.
L'instruction de* Ouvrière* est complètement nulle.
Leur conduite n'est pu bonne; elles ont, en général, le* mœurs très-facile»;
celles qui travaillent à domicile dan* les fabrique* ont un peu plus de
retenue.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
L'état sanitaire est asseï satisfaisant; le* ouvrières sont rarement malade*,
bien qu'elles soient toujours assises et qu'elles soient obligées de pencher le
corps en avant. Les maladies qne produit plus particulièrement le travail,
sont l'affaiblissement de la vue et la myopie.
Le chef ignore s'il y a des ouvrière* inscrite* sur la liste de* pauvre* ;
mai» il est probable, dit-il, que quelques-unes le sont.
Les ateliers de cet établissement s
J St. — Fausrlanaea de sMuaaesateatterle,
ttlILISStHlTT A.
On y occupe vingt ouvriers, dont trois femmes et dix-sept hommes; il y a,
en outre, quinze enfant*, de l'âge de onse à quinze ans.
Les enfant* sont engagé» par le chef; on s'en procure très -facilement dan*
la commune. Les petite* fille* font de» frange*, et le* garçon» des galons.
Le* ouvriers sont occupés toute l'année, et il» travaillent tou* à la pièce.
En été, le travail commence A six heures du malin , et finit A huit heure* et
demiedu*oir. En hiver, il commence avec le jour et finit à huit heures du soir.
Ces limites ne sont jamais dépassées, et l'on ne travaille jamais la nuit.
La durée du travail n'a ni augmenté ni diminué.
Les ouvriers ont deux beure» de repos pendant le travail de jour : une
demi-heure le matin, une heure à midi, et une demi-heure à quatre heures.
Ils retournent tous ctaei eux pour prendre leurs repas.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a que très-peu d'oi
chôment le lundi.
Les salaires sont restés les mêmes qu'il y a quelque* années.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES INDUSTRIELS DU BRABANT. ÏC7
Les ouvriers faits gagnent. . • fr. 2 00 par jour.
■ enfants {garçons}. • 1 00 »
« ouvrières . . . . • 1 00 •
• petites filles. . . • 1 80 par
Le* enfants sont toujours payés directement par le chef.
On n'accepte les enfants que lorsqu'ils ont fait leur première c
de sorte qu'ils savent presque tous lire et écrire ; ils fréquentent aussi l'école
du soir.
L'instruction des ouvriers adultes est également assex satisfaisante ; ils
savent presque tous lire et écrire,
Les hommes et les femmes, comme aussi les petites filles et les garçons,
travaillent dans des ateliers séparés.
La conduite des ouvriers est généralement bonne ; il en est de même de
leur santé. La profession se présente aucun inconvénient, et ne nuit pas au
développement physique des enfants.
Le chef ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste de* pauvres; il ne te
pense pas , parce que tous , ou k peu près , jouissent d'une certaine aisance
et vivent avec ordre.
Il n'y a pas dérèglement d'ordre on de discipline; cependant on est dans
l'habitude d'infliger des amendes à ceux qu^ chôment le lundi.
11 n'y a pas non plus de caisse d'épargne, ni de fonda de réserve pour les
malades.
On ne fait jamais des avance* aux ouvriers.
Le* dispositions relatives au livret sont exécutée*.
L'atelier au premier étage ou travaillent les galonniers est un peu bai et '
étroit. Les autres locaux ne laissent rien à désirer.
Le travail au métier, exécuté par des enfants de douze à quinze
ans, et pendant douze heures et demie chaque jour, ne leur est
certainement pas favorable; non-seulement il est fatigant, mais
encore il exige que l'enfant prenne et conserve constamment une
position des plus gênantes, qu'il lui serait impossible de garder s'il
n'y était maintenu par l'auxiliaire de courroies de cuir. En effet,
l'enfant , quand il travaille au métier , est assis sur une traverse
étroite et tenu en place par une lanière de cuir passant sur la
région sacro-lombaire; tandis que ses pieds sont toujours en mou-
vement pour faire jouer les pédales du métier, la moitié supé-
rieure du tronc est fortement précipitée en avant, et la chute
serait infaillible s'il n'était soutenu par deux courroies passant sur
les parties latérales et antérieures de la poitrine, qui, par consé-
quent , éprouve continuellement une forte compression. On con-
çoit que cette compression longtemps continuée et se renouvelant
tous les jours, chez les enfants surtout où le système osseux n'est
^y Google
468 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
pas encore parvenu à son entier développement et n'a pas encore
acquis toute la solidité et la farce de résistance qu'il aura plus lard,
peut et doit même amener des déformations de la poitrine et de
la colonne vertébrale.
On. y occupe dix ouvriers et quatre enfants de l'âge de dix à quinie ans.
Le» enfants sont engagés par le cher ; ils sont employés à tourner le moulin
otà faire des bobines.
Les ouvriers sont occupés toute l'année, et ils travaillent a la piéoe; le»
enfants travaillent à la journée.
En été, la journée commence à sept heures du matin, et fiait à sept heures
du soir. En hiver, le travail commence avec le jour , et se prolonge jusqu'à
huit heure» du soir,
Il est très-rare que ce* limites soient dépassées : la durée du travail est
d'ailleurs restée la même.
Il est encore plut rare que l'on travaille la nuit ; cela n'arrive que lors-
qu'il y a des commande» très-pressée a .
Les ouvriers ont une heure de repos à midi ; ils en profilent pour aller
On ne travaille que rarement le dimanche , mai» le lundi les trois quarts
de* ouvriers chôment.
Le salaire n'a éprouvé aucune variation dans ces dernières années. Les
ouvriers galon ni ers peuvent gagner SB francs par semaine. Les enfants
gagnent, selon leur âge, 1 , 2 et 3 francs par semaine.
Les enfants sont toujours pavés directement par le chef.
L'instruction des ouvriers, en général, est assez satisfaisante : la moitié à
peu près sait lire et écrire.
Leur conduite n'est pas des meilleures ; plusieurs se livrent à l'ivrognerie.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades. Quoi'
que les maladies soient assez rares, le chef déclare cependant que la profes-
sioa fatigue la poitrine et détermine l'incurvation précoce du tronc.
Le chef ignore s'il y a de* ouvriers inscrits sur la liste des pauvres.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
Le* livret* sont demandés, mai* cependant on y tient peu la main.
Le* ateliers de cet établissement laissent quelque chose à désirer sous le
rapport de l'espace et de la propreté, mais le* enfants n'y sont pas assujettis,
comme dans l'établissement précédent, au travail du métier, le plus fatigant
( et le plus nuisible.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BKABANT. 469
J «S Fabrique •> toile.
itULIUIXEKT'-ii.
On y occupe quarante-sept ouvriers. Lu trois quarts sont des femme* et
de* petite» filles de dix à quinze ans.
Ces dernière* sont engagées parle chef qui se les procure très-facilement.
Elle» sont employées à de* ouvrage» peu fatigants, comme raccommoder, défi-
ler et apprêter le tutle.
Les ouvriers sont occupé» toute l'année, et tous travaillent a la journée.
On emploie des enfants, parce que le chef y trouve une grande économie,
et aussi parce qu'ils ont une aptitude toute particulière pour je travail qui
leur est confié.
La journée commence à ris heures et demie du ijiatin, et finit i sept heures
Pour la très-grande majorité de* ouvriers, ces limites ne sont pas dépassée».
Les ouvriers ont nue heure et demie de repos a midi et une demi-heure
a quatre heure».
La dorée du travail n'est, eu général, ni plu* ni moin» longue qu'autrefois.
On n'a jamais essayé de faire travailler les enfant» par relais, et le chef
pense, que pour ce qui regarde «on industrie, toute mesure qui serait prise
pour fixer un maximum de durée an travail dea enfant» , deviendrait
préjudiciable i ceux-ci et à leur famille : le travail exigé des enfants n'est
pas an-dessus de leurs forces et ne les fatigue nullement.
Pour la très-grande majorité des ouvriers il n'y a jamais de travail de nuit.
Il n'y a que le» métiers à tisser te tulle qui fonctionnent jour et nuit : ce*
métiers sont servis par des homme» qui »e relayent toute» le» trois heure*
pendant la nuit ; au reste, le chef ne t'en mêle pas, le» ouvrier» «'arrangent
entre eux pour prendre le repos dont il» ont besoin.
Le prix élevé de» mécanique» force le chef à faire travailler la nuit : ce
travail est encore devenu indispensable par le besoin de produire beaucoup,
afin de pouvoir soutenir la concurrence avec l'Angleterre.
Les ouvriers retournent chez eux pour le dîner; le goûter seul se fait
dan» l'établissement.
On ne travaille jamais Je dimanche , et le lundi, on ne travaille que jusqu'à
quatre heures.
Le salaire dea ouvriers a subi une diminution a»»ez considérable, que l'on
peut évaluer à 20 pour cent environ.
Voici quel* sont actuellement les salaires :
Le* ouvrier» employé» aux métier* à tisser fr. 18 00 par semaine.
Le* femme* de l'r. 1 00 .i ■ - 1 50 par jour.
Le» petites fille». — 0 80 -*
Ce» dernière» sont toujours payée* par le chef.
-codvCooglq
470 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Quelques jeunes fille* fréquentent te» école» : en général , leur instruction
est presque nulle.
lie» ouvriers adulte», hommes et femmes, ne savent, «n général, ni lire,
Les ouvriers, hommes et femmes, travaillent dans des atelier* séparé*.
Leur conduite est bonne, pour autant que le chef peut en juger d'aprè*
celle qu'ils tienoeot dans les ateliers.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le» malades.
La sauté de» ouvrier» e»t très-bonne, ils sont rarement malade*. La fabri-
cation n'a rien de nuisible.
Il n'est jamais arrivé aucun accident dans cette fabrique.
Le chef ignore s'il; a des ouvrier* inscrits sur la liste des pauvres, mais il
suppose qu'il doit y en avoir quelques-uns parmi ceui qui ont de la famille.
Les ateliers de cet établissement sont, en général, salubrea ; on
pourrait peut-être désirer un peu plus d'étendue et de hauteur à
celui où se trouvent les métiers a, lisser. Tous les ouvriers nous ont
paru jouir d'une bonne santé : le travail confié aux petites filles n'a
rien de pénible , et s'il est susceptible d'agir défavorablement sur
leur constitution, c'est parce qu'il les assujettit à une vie trop
sédentaire.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
On y occupe sept ouvriers pendant l'hiver, et quatre seulement pendant
l'été.
Régulièrement les ouvriers ne sont occupé* que depuis le 13 octobre
juiqu'au ISjuin.
Quelques-un* travaillent à la journée, d'autre» sont payés par brassin.
Il n'y a pat d'heures fixe* pour le commencement et la cessation du travail.
Dans la saison où l'on brasse, le travail est en quelque sorte continu ; il se
prolonge pendant toute la durée du brassin, qui est ordinairement de trente-
six heures. Les ouvriers travaillant au brassin s'arrangent entre eux pour
prendre le repos dont ils ont besoin.
Généralement ils prennent leurs repas dans la brasserie.
On travaille fréquemment le dimanche; cela est de nécessité puisqu'un
brassin n'est terminé qu'au bout delrente-sii heure».
Les ouvriers brasseurs gagnent, terme moyen, 5 francs par jonr. Depuis
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABUSSEM. INDUSTRIELS DU BRADANT. 471
quelque* année* il y a en une augmentation dans le salaire de 50 a 78 cen-
time», surtout pour le* porteur» que l'on commence à «e procurer difficile-
ment et qui, par conséquent, sont devenus plus exigeants.
L'instruction des ouvrier* est, pour ainsi dire, nulle.
Leur conduite est bonne; on ne peut leur reprocher que d'aimer un peu
trop la boisson.
En général , la santé des ouvriers brasseurs est bonne ; cepen-
dant le chef déclare qu'il) sont vite usés et deviennent rarement
vieux. Il faut attribuer ce résultat à la fatigue inséparable de la
profession, aux veilles nombreuses que les ouvriers sont obligés
de faire et a l'habitude qu'ils ont contractée de se livrer a de
copieuses libations. Mais ce qui nuit principalement aux ouvriers,
et surtout aux porteurs, c'est la grande capacité qu'offrent actuel-
lement les tonneaux des cabaretiers, qui ne mesurent pas moins
que 250 litres, équivalant a un poids de 600 livres.
Il n'est jamais arrivé aucun accident dans cet établissement.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvre*.
11 n'y a ni caisse d'épargne , ni fonds de réserve pour le* malades.
11 n'y a pas non plus de règlement d'ordre ou de discipline.
Cet établissement a une machine à vapeur de la force de douze chevaux.
Il renferme aussi une distillerie. On y occupe dix-huit ouvriers adultes qui
sont logé* dan* la maison.
Dan* la brasserie, le* ouvriers ne sont occupés qu'à partir du mots de
septembre jusqu'au mois de juin.
Dan* la distillerie, le travail continue toute l'année.
Les ouvrier* travaillent, les uns à la journée, et les autre* à forfait (par
brasiin).
Le* heures de travail n'ont rien de fixe : une fois qu'un brassin est com-
mencé, les ouvriers ne peuvent l'abandonner avant qu'il ne «oit terminé. En
général, on peut compter que sur sept nuits, les ouvriers brasseurs en pas-
sent trois à la cbandîère.
Le travail est obligatoire le dimanche, parce qu'il y a toujours quelque
brassin en train : et par la même raison, les ouvriers ne peuvent pas chômer
le lundi.
Les ouvriers porteurs, qui ont la besogne la plus fatigante, font
des gains assez considérables ; on peut évaluer leur gain par année,
de 1,000 a 1,600 francs, non compris les bénéfices que leur procu-
rent les tonneaux bourgeois, qui leur sont payés à raison de 25 ou
50 centimes le tonneau. Ils ont, en outre , le logement et la nour-
^y Google
4» CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
rilure ; celle-ci est bonne et substantielle , et le chef est intéressé
à ne faire aucune économie sur ce point , car s'ils n'avaient pas
une nourriture fortifiante, ils ne pourraient pas continuer leur
rude métier.
Les porteurs sont maintenant difficiles à trouver, parce que les
cabaretiers ayant peu à peu donné a leurs tonneaux une capacité
de plus en plus grande, il Faut, pour les porter, des hommes d'une
force extraordinaire , que l'on ne rencontre pas tous les jours.
Aussi a-t-on dû augmenter le salaire de ces hommes, qui sont
devenus très-exigeants et auxquels on ose a peine faire une obser-
vation , si fondée qu'elle soit , parce qu'ils n'hésitent pas a aban-
donner un établissement , sachant fort bien qu'ils, seront parfaite-
ment accueillis dans un autre.
L'instruction des. ouvrier» est complètement nulle.
Leur conduite laisse beaucoup à désirer; il* aiment, «a général, la
débauche et la buisson : celte dernière surtout ; on peut dire qu'il* boivent
du matin an soir et du soir au matin, tantôt de la bière, tantôt de l'eau-
II n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
Si la santé des ouvriers brasseurs est assez bonne pendant quel-
ques années, il faut l'attribuer a la force de leur constitution , car
la fatigue, les veilles, la boisson et leur manière de vivre doivent
inévitablement exercer une influence défavorable. Les porteurs
sont ceux qui souffrent le plus; en général, ils ne vivent pas long-
temps, et, suivant la force de leur constitution et les excès auxquels
ils se sont livrés , ils sont usés au bout de dix Ou quinze ans, et
incapables de continuer le métier.
Le chef croit avoir remarqué que la poussière qui s'élève de l'orge germé,
lorsqu'il est sec et qu'on le remue, irrite fortement les bronches et déter-
mine des affections phlegmasique* des organes de la respiration.
Aucun accident n'est jamais arrivé dans cet établissement.
11 n'y a aucun ouvrier inscrit sur la liste des pauvres.
Il n'y a pat de règlement d'ordre ou de discipline.
Cet établissement est propre, bien tenu et conduit avec entente; il présente
toutes les conditions désirables de salubrité; la machine à vapeur exécute
tous les travaux fatigants, et tontes les précautions sont prises dans la diatil- -
lerie pour que les ouvriers ne puissent pas se livrer à de* dégustations qui
pourraient leur faire contracter une mauvaise habitude et leur devenir nui-
sibles.
,dby Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABUSSEM. INDUSTRIELS DU BRADANT. 473
Il renferme ainsi une distillerie.
Il 7 a «ne machine à vapeur de la farce de quatorze chevaux , spéciale-
ment affectée an service de la distillerie.
On y occupe en tout dil ouvrier» t trois dam la distillerie , et sept dans
la brasserie.
Le travail se continue toute l'année dan* la distillerie ; mais on ne travaille
dans la brasserie que depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de juin.
Les ouvrier» de la distillerie sont payés à la journée ; ceux de la brasserie
sont payé» par brassin.
Le travail est en quelque sorte continu ; quand un brassin est fini, on en
commence un autre ; les ouvrier» passent généralement trois ou quatre nuits
par semaine au travail, quelquefois même cinq.
Il» travaillent presque toujours le dimanche, et il n'y a pas de chflrûsge le
lundi.
Le aalaïre de» ouvriers brasseurs a augmenté depuis quelque» années.
Le» ouvrier» braweurs proprement dit» gagnent 3 fr. 00 c. par brassin ;
les porteurs sont aussi payés par brassin, a raison de 7 fr. 03 c. Ou estime
que ces derniers peuvent gagner 1 ,100 francs par an , indépendamment du
logement et de la nourriture.
L'instruction de ces ouvriers est tout â fait nulle.
Leur conduite est bonne ; ils ne se livrent même pas à des excès de bots-
son. Il y a un chef chargé de surveiller les travaux et les ouvriers; ce chef
leur fait leurs ration» de liquides ; l'ivrognerie est sévèrement punie.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réterve pour les malades.
Les maladie) «ont assez rares ; cependant la propriétaire de
l'établissement déclare que le travail est fatigant , et que les por-
teurs ont surtout beaucoup a souffrir du poids énorme des tonneaux
actuels. Les renseignements qu'elle fournit, relativement à l'augmen-
tation de capacité de* tonneaux, sont, en tout, conformes à ceux
donnés par les chef» des établissements A et B; mais elle a tenu
tête aux cabaretiers, et si ceux-ci lui envoient à remplir des ton-
neaux contenant cinquante litres de plus que les tonneaux ' ordi-
naires, il faut qu'ils payent ces cinquante litres.
Aucun accident n'est jamais arrivé dans cet établissement.
Il n'y a aucun ouvrier inscrit sur la liste des pauvres.
Dans cet établissement, dirigé par une femme, il règne un ordre et une
discipline vraiment remarquables ; pleine de fermeté, elle a acquis une grandi'
influence »ur le» ouvriers, et s'est assuré une obéissance que les autres chai*
de brasserie n'ont jamais pu obtenir.
DiglizedOy GOOgle
474 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
ttnitiiimsi D.
On n'y occupe que six ouvriers.
Nous avons parcouru cette brasserie, dont le* disposition» «ont à peu près
celles que l'on retrouve dans toutes les brasseries delà ville. Nous avons inter-
rogé le chef, relativement à la durée du travail , à la fatigue que celui-ci
comporte, à la capacité des tonneaux des cabareliers, à la santé et à la durée
de la vie des porteurs , aux maladies qui sont propret i la profession ; et ,
sur tous ces points, nous avons obtenu des renseignements parfaitement
conformes à ceux qui noua avaient déjà été fournis par les chefs des établis-
sements A, B et C.
Quant à la conduite des ouvriers , les renseignement» cadrent mieux avec
ceux recueillis dans rétablissements AtA. 3, qu'avec ceux de l'é la bassement C
Le chef n'a pas remarqué que la poussière qni s'élève de l'orge germé,
lorsqu'on le remue, exerçât quelque influence sur la santé des ouvriers ; tout
ce qu'il sait, c'est que les meuniers se plaignent quelquefois de ce que la
e de cette céréale germéo les fait tousser.
trisutstatirr S.
Une machine à vapeur sert exclusivement à la mouture des grains , et à
l'exécution de* travaux les pins fatigants.
Dans cette brasserie importante, où l'on ne fait que de la bière blanche ,
on occupe, terme moyen, cent ouvriers, tous adultes.
Ces ouvriers ont de l'occupation toute l'année : les uns travaillent a la
journée, comme les tonneliers et les meuniers; et les autres, les brasseurs pro-
prement dits, travaillent par brassîn.
La journée ordinaire de travail est de dix heures; quelquefois les ouvrier*
travaillent douze heures pour faire cinq quart*.
Le travail de nuit est obligatoire pour le* brasseurs, mais ils s'enten-
dent entre eux pour se relayer ; ils ont, du reste , deux ou trois heures de
repos pendant le travail de nuit.
Pendant le travail de jour, il y a deux heures et demie de repos : une demi-
heure le mattn, une heure et demie à midi, et une demi-heure à quatre
Quelque* ouvriers seulement ne retournent pas chez eux pour le dîner.
Les ouvriers brasseurs proprement dits sont logés et nourris dans l'établis-
Le salaire n'a point éprouvé de variations dan* ces dernière* années. On
peut estimer que les tonnelier* et les autre* ouvriers employés à la journée
gagnent de 1 fr. 28 c. à 1 fr. HO c. par jour. Les brasseurs gagnent de 7 à
800 fr. par an, indépendamment du logement et de la nourriture.
L'instruction laisse quelque chose à désirer ; cependant le chefestime que
les deux lier* au moins des ouvriers ont quelque instruction.
^y Google
ENQUETE DANS LES ÉTABLISSEM. INDUSTRIELS DU BRADANT. 473
La conduite des ouvriers brasseurs , qui , ci-devant , était très-
mauvaise, est aujourd'hui plus satisfaisante ; on ne peut cependant
pas encore dire qu'elle est tout à fait bonne , car la malheureuse
habitude de se livrer a la boisson n'est pas encore complètement
détruite; on l'a atténuée en ne permettant plus aux ouvriers de
boire à discrétion, et en leur donnant une ration. La boisson dont
ils abusent de préférence est le genièvre.
L'établissement n'a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour
les malades. Cependant le chef accorde quelquefois une pension
aux ouvriers devenus incapables de travailler par fige, lorsqu'ils
se sont bien conduits, et qu'ils ne boivent point de genièvre.
En général, la santé des ouvriers est bonne. Les brasseurs sont
plus particulièrement exposés aux maladies déterminées par le
refroidissement subit , comme catarrhe*, fluxions de poitrine et
rhumatismes; cependant, quand ils sont atteints de l'une de ces
maladies, ils doivent presque toujours l'attribuer à leur imprudence.
Les excès de boisson minent souvent aussi la santé des brasseurs,
et le chef déclare que ceux qui ont contracté l'habitude de boire
du genièvre ne vivent guère au delà de quarante-cinq Ans.
Les ouvriers employés à la chaudière ont le travail le plus fati-
gant; mais, en menant une vie réglée, ils peuvent le continuer
pendant de nombreuses années. Ici, les ouvriers ne sont pas tués
non plus par le portage de tonneaux d'une énorme pesanteur, vu
que , dans la localité ou existe l'établissement , on est dans l'usage
de rouler les tonneaux.
On a eu, dans ces dernières années, un funeste événement à
déplorer dans cette fabrique : nous voulons parler d'un garçon
brasseur qui est tombé dans la chaudière, et qui a succombé par
suite de cet accident.
Bien que la fermentation a laquelle on soumet la bière blanche
avant de la mettre en tonneau , n'ait encore donné lieu a aucun
accident, selon le rapport du chef, nous croyons cependant devoir
nous arrêter un instant sur ce point, car des accidents graves peu-
vent en résulter. On laisse ordinairement fermenter la bière dans
des caves basses et peu élevées ; la fermentation, étant accompagnée
d'un dégagement abondant de gaz acide carbonique, celui-ci,
en vertu de sa pesanteur spécifique plus grande, déplace l'air
atmosphérique, et s'y substitue, en formant dans la cave une couche
d'autant plus considérable qu'il y aura eu à la fois plus de bière en
fermentation. Il est vrai de dire que les caves ne sont pas tout à
^y Google
«6 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ- PUBLIQUE DE BRUXELLES,
fait fermées pendant que cette réaction a lieu; lorsque la tempé-
rature n'est pas trop basse, on laisse un libre accès à l'air; nais
cette précaution est , pour, ainsi dire , de nul effet , parce que
l'acide carbonique , en raison de sa pesanteur spécifique , ne se
déplace pas si aisément. Ce qu'il faudrait, ce serait une bonne ven-
tilation ; mais l'on ne peut songer a employer ce moyen , car le
moindre courant .d'air empêche ou trouble la Fermentation. Il
résulte de tout ceci que, lorsque les ouvriers descendent dans le
local où s'est accomplie la fermentation, il doit y exister encore une
quantité notable d'acide carbonique. Nous avons appelé l'attention
du chef sur ce fait, et il nous a assuré qu'aucun ouvrier n'entrait
jamais dans ce local sans porter devant lui une chandelle allumée ;
cette précaution est bonne; mais, ainsi que nous l'avons fait
remarquer au chef, elle est insuffisante, telle qu'elle est usitée;
car, en portant la chandelle devant soi seulement , il peut arriver
qu'elle continuera de brûler, parce qu'elle sera dans une couche
d'air atmosphérique, et cependant il pourra y avoir du danger,
parce que, à quelques centimètres plus bas, peut commencer la
couche d'acide carbonique , dans laquelle la chandelle se serait
infailliblement éteinte , si on l'avait portée un peu moins haut.
Nous avons donc conseillé de s'assurer de la pureté de l'air , en
présentant la chandelle allumée à différentes hauteurs. On con-
çoit que cette précaution est indispensable , et , pour le prouver ,
nous ne ferons qu'une supposition, qui, malheureusement, peut se
réaliser chaque jour : un ouvrier descend dans la cave où la bière
a fermenté; il porte devant lui une chandelle allumée; celle-ci
brûle et lui indique qu'il ne court aucun danger; dès lors il la
souffle ou la dépose sur le premier objet venu ; en parcourant là
cave, il s'aperçoit qu'il y a quelque travail à faire; ce travail
exige qu'il s'accroupisse, qu'il baisse la tète ; il se trouve dans une
couche d'acide carbonique ; il respire en plein ce gaz délétère , et
tombe aussitôt pour ne se relever jamais , s'il est seul dans la
cave. Nous avons insisté sur les dangers que peuvent présenter les
locaux où a fermenté la bière , parce que ces dangers sont réels ,
et que l'acide carbonique est non-seulement un gaz impropre à la
respiration , mais encore véritablement toxique. Dans un autre
travail, nous dirons les mesures qu'on peut prendre pour rendre
la fermentation moins dangereuse.
Aucun de» ouvriers de cet établissement u'esL inscrit sur la liste des
pauvres '.
D.glizerfûy GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABANT. 477
11 n'y a pas de règlement, d'ordre ou de discipline, et le* dispositions rela-
tive» au livret ne «ont pas exécutées.
Du reste, rétablissement est bien tenu et bien dirigé; l'atelier des tonne-
liers nous a paru trop peu spacieux , et la cave destinée aux bières en fer-
mentation n'a pas asseï de hauteur.
trisLisiBiaiiT F.
II y a une machine à vapeur delà force de trente chevaux, servant comme
moteur et exécutant tous les travaux fatigants. En outre, il y a deux chau-
dières à vapeur, dont chacune fournît assez de vapenr pour mettre en
action une machine de la force de quarante chevaux.
Cet établissement est extrêmement vaste , présente à l'intérieur un aspect
imposant, et a été monté d'après les plans des grandes brasseries de l'Angle-
Le travail des ouvriers se borne, eo quelque sorte, a une simple surveil-
lance; aussi, sur les cinquante-cinq ouvriers qu'on y occupe, il n'y en a
qu'un petit nombre employé dans la brasserie ; la plupart exercent la pro-
fession de tonnelier, et travaillent à la journée.
Le* ouvriers y ont de l'occupation pendant toute l'année.
Leur gain journalier peut être évalué en moyenne:
Pour les ouvriers tonneliers, à fr. 1 40
■ > brasseurs . ■ • 1 00
En général, on ne travaille pas le dimanche, et l'on ne chôme jamais lelundi.
Le* ouvriers possèdent une certaine instruction ; la plnpart savent lire et
écrire ; leur conduite est assex bonne.
L'établissement a formé an fonds de réserve, destiné i venir su secours des
veuves d'ouvriers. Quand un ouvrier quitte l'établissement, on lai remet le
montant de sa masse, s'il n'y a pas de plainte à sa charge.
Les ouvriers qui arrivent trop tard à leur ouvrage sont mis à l'amende ;
le* amendes perçues de ce chef sont encaissées au béné&cede l'établissement.
Si an ouvrier devient malade, la société qui exploite la brasserie lui donne
du secours pendant la durée de sa maladie.
L'état sanitaire des ouvriers est très -satisfaisant ; ils sont rarement malades,
et n'ont rien a souffrir de leur profession. Les tonneliers seuls ont un véri-
table travail manuel, et encore est-il peu fatigant.
Toute* les conditions de salubrité* sont réunies dans ce vaste éta-
blissement : le local destiné à la fermentation des bières blanches
est très-spacieux et très-élevé, et les dispositions sont telles qu'on
ne peut rien avoir à craindre de l'aoide carbonique qui se dégage
pendant la fermentation : en effet, entre les diverses rangées de
tonneaux existent des couloirs dans lesquels s'épancbe le jet et se
réunit l'acide carbonique : ces couloirs ont pour profondeur toute
SI.
xiby Google
478 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
la hauteur des tonneaux, el au niveau de l'extrémité supérieure de
ceux-ci règne une espèce de plancher destiné a l'ouvrier charge
de l'inspection des bières; la tête de l'ouvrier te trouve donc au-
dessus de la surface de la masse de bière qui a fermenté, presque
de la hauteur de tout son corps.
D'excellentes précautions ont été prises contre les chances d'in-
cendie : dans la partie la plus élevée dit bâtiment se trouve un
réservoir contenant 900 hectolitres d'eau, et un autre réservoir
moins considérable a été établi dans le faîtage même : ce dernier
réservoir est seulement d'une contenance de 50 hectolitres, mais
une pompe foulante peut ; amener, chaque quart d'heure, une
semblable masse d'eau. Indépendamment de ces réservoirs, il règne
au-dessus dea toits une série de tuyaux qui permettent encore
d'effectuer un arroseraient complet.
É11SL ISSU EST A.
Aujourd'hui «impie filature, cet établissement renfermait, il y a quelqne»
années, une teinturerie et une tisseranderiequi occupaient beaucoup de bras;
mais, par suite de la stagnation dea affaires et du marasme dans lequel se
trouve l'industrie cotonnière, le chef, pour ne pas compromettre se» intérêts,
s'est vu dan* l'obligation de renoncer aux deux dernières branches d'indus-
trie.Le manque de débouchés , la concurrence, mais surtout la concurrence
de l'étranger, «ont, selon le chef, les principales causes du malaise qui frappe
lea industriels de sa catégorie.
Le moteur est une machine à vapeur de la force de dix à doute chevaux.
On y occupe sept hommes (Eleurs), neuf femmes (à la carderie), et vingt
enfants, dont neuf sont employés â la carderie , et onie comme rallacheur*.
Les enfants sont de l'âge de neuf â treize ans; ils sont engagés par les
ouvriers, el plusieurs travaillent avec leurs parents. Kn général, ils ne font
que rattacher les fils rompus, meLtre les bobines et étendre le coton sur le*
cardes, occupations qui exigent qu'ils soient toujours debout. On se procure
très-aisément les enfants dont ou a besoin , et on les emploie de préférence
à des adulte*, parce qu'ils ont une aptitude toute spéciale pour l'ouvrage
qu'un leur confie, et qu'ils coûtent infiniment moins.
Les ouvriers sont occupés toute l'année, el tous, lesfileurs esceptés, tra-
vaillent â la journée.
fin été, la journée commence à cinq heures du matin, et finit à huit heures
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRABAXT. 479
du soïr.— En hiver, elle commence à ail heures du matin, et finit a oeuf
heure» du noir.
Ce* limite* ne sont jamais dépassée!, et la durée de» travaux n'est ni plu»
ni moins longue qu'autrefois.
On n'a Jamais essayé d'occuper le* enfants par brigade* ou par relais. Le chef
pensequ'il serait difficile de fher, selon le* âge», un maximum de durée pour
le travail des enfants, sans nuire à l'industrie , parce que les ouvriers ne
peuvent se passer de l'aide des enfant».
Jl n'y a jamais de travail de nuit.
Les ouvriers jouissent d'une heure et demie de repos par jour, savoir :
un quart d'heure le matin, une heure à midi, et un quart d'heure à quatre
Le déjeuner et le goûter se font dans la fabrique ; pour dîner, les ouvriers
retournent chez eui.
On ne travaille jamais le dimanche, et l'on ne chôme pas le lundi.
Le salaire de* ouvriers a subi une diminution asaei considérable : pour
filer le numéro 40, il* ne reçoivent actuellement que 2S centimes par kilo-
gramme, tandis qu'il y a quelques années, on le leur payait de 35 à 40 cen-
times. Les événements de 1850 ont porté le coup le plus funeste aux ouvriers
filenrs; avant cette époque. Us gagnaient aisément 4 ou 5 fr. par jour. '
Actuellement , un fileur qui travaille bien ne gagne guère que 9 fr. par
semaine, déduction faite de ce qu'il doit payer à son raltacheur.
Les raltacbeurs gagnent HO centimes par jour.
Les femmes employées à la carderie . . S0à7S » «
Les enfants . » ■ . . . 36 ■ •
Les raltacbeurs sont payés par le* ouvriers qui les emploient ; les enfant*
travaillant à la carderie sont payés par le chef.
L'instruction des enfants est tout à fait nulle ; le chef les exhorte souvent
à fréquenter l'école dominicale ; maïs aea exhortations restent sans effet.
Les ouvriers adultes croupissent dan* la même ignorance que le* enfants.
Le* ouvrier» dea deux aexe* août occupés dan* de» atelier* distincts. Le»
adultes sont mariés pour la plupart, et ils ont, en général , une bonne coo-
II n'y a ni cai**e d'épargne , ni food* de réserve pour le* malade».
L'état sanitaire est satisfaisant, et il y a rarement des ouvrier* malade*.
Le chef ne considère pas le travail dan» les filature* de coton , comme
capable de nuire au développement physique des enfant* ; ce travail n'exerce
aucune influence nuisible sur la santé de» ouvrier*. Ceux qui travaillent au
(fiait* et à la carderie toussent quelquefois un peu dan* le» premiers temps.
Il n'est jamais arrivé que quelque* accidents de très-peu de gravité, et
toujours il* ont été du* à l'imprudence des o
La plu* grande partie des ouvriers est inscrite sur la liste des
pauvres; ce sont , en général , des pères de famille se conduisant
bien et qui ne doivent leur élat d'indigence qu'à l'insuffisance de
^y Google
480 CONSEIL CENTRAL OE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
leur gain actuel. Aussi le chef est-il souvent obligé de faire des
avances aux fileurs.
Les habitations des ouvriers sont presque toutes trop étroites ,
malsaines et malpropres : tout y annonce une grande misère.
Dénués de ressources suffisantes, leur alimentation est mauvaise;
ils ne prennent qu'une nourriture grossière, peu réparatrice, et
souvent même trop peu abondante.
Il y a un règlement d'ordre et de discipline. Les prescriptions relatives
au livret ne sont pas exécutées ; le chef considère la mesure du livret comme
très- bonne; mais, malheureusement, les chefs d'établissements industriels
n'y tiennent pas la main.
Cette fabrique, qui n'est certes pas l'une des plus mal tenues ,
laisse cependant encore a désirer sous le rapport des conditions
de salubrité. En entrant dans la Garderie, local du reste assez
vaste et assez élevé, nous y avons observé une atmosphère de pous-
sière'assez considérable, qui provient non-seulement de ce qu'il
n'y a point une ventilation bien établie, mais encore de ce que
les machines à carder et le local ne sont pas tenus assez propre-
ment, et surtout de ce que ces machines ne sont pas convenable-
ment recouvertes ou fermées. Le local dans lequel fonctionne le
diable est beaucoup trop petit et manque surtout de ventilation :
cette machine, n'étant pas fermée, répand dans 'l'air des flots de
poussière et de particules cotonneuses, dont une partie passe dans
la carderie, celle-ci, par une disposition des plus, vicieuses, com-
muniquant directement avec le réduit occupé par le diable.
Quant à l'atelier des fileurs, occupé par onze métiers mull-jenny,
desservis par sept adultes et onze enfants , il est vaste, et nous a
paru offrir de suffisantes conditions de salubrité. Nous devons faire
observer aussi que l'aiguisage des cardes, opération regardée et
reconnue comme des plus dangereuses , ne se fait plus à la main,
mais à l'aide d'un tambour garni d'émeri et mis en mouvement
par la machine.
On y file le coton k l'aide de petits métiers a la main dît* miitùrrt françuit.
Les ouvriers «ont au nombre de dix, et ce sont presque tons des enfants
de l'âgé de sept à dh-huît ans. [.es métiers à filer sont desservis par déjeunes
filles.
Les ouvriers sont occupés Une grande partie de l'année : cependant il y
a des moments où il n'y a pas d'ouvrage pour eux.
D.glizedûy GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE*!. PiDU&lTUELS DU BRABANT. 4SI
Les fileuses travaillent a la pièce, et les autres à la journée.
La journée commence ordinairement k six heures du malin, et se prolonge
jusqu'à la chute dujour.
Le travail cal interrompu par trois intervalles de repos, qui sont d'une
demi-heure le matin, d'une heure à midi et d'une demi-heure l'après-dinée.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
En général, les ouvriers retournent cher eu* pour dîner.
Le déjeuner et le goûter se font dan* la fabrique.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Le salaire des ouvriers a diminué assez notablement par snite de la crise
dans laquelle se trouve l'industrie cotonniere. Le gain journalier actuel des
ouvriers de cette fabrique peut être établi comme suit :
Pileuses. . . Je 48 k Si centimes.
Rallacheurs. . de 20 i 25
Batteur. . . 1S4
Les rallacheura sont payés par le chef.
L'instruction des ouvriers est complètement nulle.
Filles et garçons travaillent dans les mêmes ateliers.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonda de réserve pour les malades.
Le chef ne connaît aucune maladie qui soit propre à la profession : celle-ci
n'offre rien de nuisible et ne contrarie en rien le développement plijsique
des enfants. ,
La plupart des ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres; il y a vrai-
ment de la misère chei eux; ils sont généralement très-mal logés et encore
plus mal nourris.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline; les prescriptions rela-
tives au livret ne sont pas exécutées.
Cette fabrique n'offre que des locaux très-étroits et des plus
insalubres ; les ouvriers y sont exposé» à toutes les influences mal-
faisantes que produit le travail du. coton. Les méties» a filer sont
établis au rez-de -chaussée dans des places froides et humides,
beaucoup trop petites et trop peu élevées de plafond , et où la
ventilation est nulle.
A l'étage, une petite pièce renferme la machine à carder. Lors
de notre visite, il y régnait une poussière considérable, mais qui,
pourtant, n'était encore rien en comparaison de celle que nous
observâmes un peu plus tard dans une espèce de méchant petit
grenier , où un jeune homme était occupé à battre le coton : on
peut dire littéralement qu'on ne respirait là qu'une atmosphère
exclusivement composée de poussière et de duvet cotonneux. Si
l'on remarque bien que c'est toujours le même ouvrier qui , du
malin au soir, est chargé de battre le coton, dans une pièce
xuvCoo^le
482 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES! .
dépourvue de tous moyens de ventilation, on concevra facilement
qu'il est presque impossible qu'un semblable travail n'exerce pas
sur sa santé une action des plus fâcheuses : ce travail est ici d'au-
tant plus dangereux , qu'il a lieu sur du coton de Surate, qui est
d'une qualité inférieure et toujours très-impur.
étshibsuesi C. — Filature et fabrique de ouatet.
Le moteur est une machine à vapeur de la force de six chevaux.
Un y occupe actuellement quarante -quatre ouvriers, «avoir : douze
hommes, seize femmes et seize enfants.
Les enfants employés comme raLlacheuri sont, engages par les ouvriers;
eeux travaillant i la carder îe par le chef.
Deux ou trois enfants travaillent dans celte fabrique avec leurs parents.
Généralement on ne prend les enfanta qu'à l'âge de huit ou neuf ans , mais
les Sieurs en prennent quelquefois de moins âgés. Un se les procure toujours
facilement.
Les enfants sout employés i rattacher les fils rompus, à étendre le coton
sur les cardes, etc. , travaux peu fatigan(s Je leur nature , mats qui exigent
que l'enfant soit constamment debout.
L'emploi de la machine à vapeur a fait diminuer le nombre des ouvriers
adulte», mais pas celui des enfants.
Le travail se continue Mute l'année: cependant il y a des moments de
relâche où l'on ne peut occuper le même nombre d'ouvriers.
Tous les ouvriers, les fiteurs exceptés, travaillent à la journée.
La journée se compose de quatorze heure» de travail. On commence, en
été , à cinq heures du matin, pour finir à huit heures du soir, lin hiver, la
journée commence i sept heures et demie du matin, et finit à dix heures du soir.
Ces limites ne sont jamais dépassées , et la durée du travail n'a subi ni
augmentation ni diminution.
Autrefois, quand l'industrie cotonnière prospérait, on travaillait souvent
la nuit; maintenant on est déjà fort heureux quand on peut occuper les
ouvriers tout un jour.
Les ouvriers ont une heure et demie de repos par jour : une heure à midi,
et un quart d'heure le matin et l'apres-dtnée. Ils font leurs repas daos la
cour ou dans les ateliers.
On ne travaille jamais le dimanche, et le lundi on ne travaille que jusqu'à
quatre heures de l'aprèa-dlnée.
Le salaire n'a pas éprouvé de variation. On peut estimer que le* Rieurs,
travaillant à la tâche, gagnent de i à 3 francs par jour. Sur ce gain ils doi-
vent prélever le salaire de leurs raltacheurs, salaire que le chef estime pou-
voir Être de 30 à 40 centimes par jour.
Le* ouvrières employée» i la carde rie gagnent 80 centimes par jour ; les
enfants gagnent HO centime*.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES INDUSTRIELS DU BRADANT. 483
Ce* dernier» sont payé* par le chef; les rattac heurs par les fiteurs.
L'instruction des jeune» ouvrier* eit nulle, ou peu s'en faut. Il en est
absolument de même pour le* ouvriers adultes.
Les ouvriers de* deux sexes travaillent réuni* dan* le* même* atelier*.
Leur conduite [ceci s'applique particulièrement aux fi leur») n'est pas bonne;
en général, il* mènent une vie désordonnée, manquent de prévoyance et ont,
pour vice capital, l'ivrognerie.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonda Je réserve pour le* malades.
Le* maladie* qui affectent ce* ouvrier*, dépendent autant de leur* habi-
tude* d'ivrognerie , que de la nature de leur travail : le chef cite comme
maladie* le* plus fréquentes parmi eux, le* maladie* de poitrine, le rhuma-
tisme et l'œdème des extrémités inférieures.
Il n'y a jamais eu d'accident dans celte fabrique.
Plusieurs ouvriers sont inscrit* sur la liste de* pauvres; il* appartiennent
tous à ceux qui habitent Bruxelles, et leur* habitude* (le débauche ne con-
tribuent pas peu à leur état d'indigence.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline , et l'on ne tient que peu
la main a la mesure du livret.
Cette fabrique laisse infiniment à désirer sous le rapport
hygiénique : les ateliers sont trop petits , trop bas de plafond et
malproprement tenus : on y manque d'air, et la ventilation y est
tout à fait nulle, en sorte que les ouvriers se trouvent dans une
atmosphère de poussière el de particules de coton, ainsi que nous
avons pu nous en convaincre dans notre visite.
Le battage du colon ne se fait heureusement plus à la main.
■tiiussiiht D. — Filature de eoton, et teinturerie.
Les ouvriers sont répartis dans deux bâtiments distants l'un de l'autre de
dix minute* environ. Le moteur est une chute d'eau.
On y occupe cent ouvriers, dont trente-sept hommes, quarante-trois jeunes
filles ou femmes de seise à vingt ans, et vingt enfants.
On n'accepte pas le* enfants avant l'âge de onze ou douze ans.
Les ralUcheurs sont engagés par les fileurs, et les autre* par le chef. On
ne se les procure pas très-aisément à cause du voisinage de la ville (Bruxelles).
Ils sont employés i rattacher les fils, à étendre le coton sur les cardes, et
comme aides dans la teinturerie ; en travaillant ils sont toujours debout.
Le travail continue toute l'année. Les fileurs travaillent à la tache, tous
les autres ouvrier* à la journée.
.La journée, en toutes saisons, commence à cinq heures du malin, et finit à
huit heures du soir.
Ces limite» ne sont jamais dépassée*. La durée du travail est restée tou-
joor* la même.
On n'a jamais essayé de faire travailler le* enfant* par relais ou par bri-
^y Google
m CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
gaile» ; on n'aurait pu se procurer un nombre suffisant d'enfant* pour adopter
cette mesure.
La mesure qui fixerait un nuiniim de durée pour le travail de* enfant*,
selon leur âge, serait préjudiciable aux industriels de la campagne, parce
que doute lieu res de travail au moins sont absolument nécessaires à la grande
industrie, et qu'en limitant la durée du travail de* enfants, il faudrait aug-
menter le nombre de ces dernier*, chose impraticable â la campagne.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
Le* ouvrier* ont deux heure* de repos pendant le travail de jour : Que
demi-heure le matin, une heure à midi, et une demi-heure a quatre heure*.
Deux ou trois ouvrier» seulement prennent leurs repas dan* l'atelier :
tous le* autres retournent pour dîner chei eux.
Il n'y a jamais de travail le dimanche; et, le lundi, on fait journée complète
comme le* autres jour*.
Le* salaire* «ont restés à peu près les même* depuis plusieurs années ;
celui de* fileurs cependant a éprouvé une légère diminution. Le gain jour-
nalier actuel peut être établi comme suit :
Pour le* fileur* et autres ouvrier*
adultes employés dans la filature. à fr. £ 80
Pour le* ouvrier* teinturiers. . — t 50
Pour les enfants à la carderîe. . — 0 32
Pour le* enfant* raltacheurs. . . — 0 43
■ Le* raltacheurs seul* sont payé* par les ouvriers qui les occupent.
Très-peu d'enfant* savent lire et écrire ; il en est de même de* ouvrier*
On peut dire qu'en général, les homme* et le* femmes travaillent dan* de*
atelier* séparé* : la réunion n'a lieu que pour un très-petit nombre.
Le* ouvriers, hommes et femme*, enfants comme adultes, ont une bonne
conduite : il* mènent une vie très-réglée et ne sont enclin* ni â l'intempérance,
ni i la débauche.
L'établisse meut ne possède ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour
les malades. Les maladies sont, du reste, asiei rares. On a observé cepen-
dant que le* femme* qui travaillaient pendant quelque temps au diable,
étaient incommodées de la poussière et finissaient par souffrir de la poitrine :
aussi a-t -on pris l'habitude de relever ce* femmes au bout d'un certain temps
pour les employer à d'autre* travaux. Le contre-maître prétend que le tra-
vail dan* le* filatures de coLon n'est, du reste, nuisible, ni pour le* adulte*,
ni pour le* enfant».
On n'a eu qu'un seul accident grave à déplorer : un enfant a été victime de
son imprudence; il a eu la main prise et broyée dan* un engrenage, et est
mort â l'hôpital du tétanos.
Très-peu d'ouvriers sont inscrit* sur la liste de* pauvre* : habitant loua
la campagne, plusieurs ont une parcelle de terre qu'ils cultivent avec l'aide
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE*!. INDUSTRIELS DU BRABANT. 485
de leur* femmes et de leur» enfanta; on peut dire qu'en général il* vivent
assez, bien.
Il n'y a pas de règlement d'ordre on de discipline, mais le* mesures rela-
tives au livret y «ont mise* à exécution.
Le contre-mai tre assure que le» enfaiils ne subissent jamais aucun mauvais
traitement de la part des ouvrier*.
Cet établissement est mil tenu, malpropre, et laisse infiniment
à désirer sous le rapport des conditions de salubrité. A l'entrée du
bâtiment que nous avons visité le premier, il y a des lieux d'aisance
qui infectent les corridors, les escaliers et plusieurs ateliers. Dans
la place où fonctionne le diable, nous avons trouvé deux femmes
travaillant dans des nuages de poussière, chose peu étonnante si
l'on considère que le diable était ouvert et que le local manque de
moyens de ventilation. Ces moyens font défaut presque partout, de
même aussi que dans le second bâtiment, où nous avons vu régner
une poussière assez considérable dans la carderie. L'encrassement et
la malpropreté des machines prouvent qu'il y a un manque d'ordre
capital dans celte filature, car jamais les machines ne produisent
plus el mieux qu'alors qu'elles sont bien en ire le nues. Nous avons
observé aussi que cet établissement est le seul de ceux que nous
avons visités, où l'aiguisage des cardes se fasse encore à la main :
le même ouvrier est toujours chargé de ce travail ; celui que nous
avons vu a l'ouvrage n'aiguisait encore que depuis peu de temps,
mais celui qui l'a précédé a été plusieurs fois gravement malade,
el il a dû finir par renoncer à ce travail.
Le moteur est une chute d'eau de la force de vingt chevaux environ.
On y occupe en tout soixante ouvriers, ilii homme* adulte*, vingt femme*
ou fille*, et (rente enfant*. Ce* dernier» sont de l'âge de bnît à treize et
quatorze an*. Le» enfants employés comme rattacbeurs et bobineurs sont
engagés par le» filenr* ; les autre» sont engage* par le chef.
Le* enfants font de» bobines, les mettent sur la machine, rattachent et
soignent tes cardes.
En été, ou se procure quelquefois difficilement le* enfant* dont on a besoin;
en hiver, il s'en présente plus qu'on ne peut en occuper.
Le» ouvrier* travaillent toute l'année sans interruption.
Tous travaillent à la tâche ; le» enfanta seuls sont occupé» à la journée.
Le travail commence, en été, à cinq heures du matin, et finit à huit heures
du soir. — En hiver, il ne commence qu'avec le jour pour finir à huit heures
^y Google
186 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES-
Ce* limite* me «ont jamais dépassée* pendant l'été, mai* en hiver on tra-
vaille quelquefois une ou deux heures de plus.
La durée du travail n'a ni augmenté ni diminué.
On n'a jamais essayé de faire travailler les enfants par brigade* ou reluis.
La fixation d'un maximum de durée au travail des enfant* peut devenir pré-
judiciable à l'industrie, parce que, dan* les campagne*, on a souvent de la
peine à trouver le nombre d'en fan l« dont on a rigoureusement besoin.
II n'y a jamais de travail de nuit.
Les ouvriers n'ont qu'un seul intervalle de repos, de midi a une heure.
En été, ils prennent leurs repa* en plein air, mais l'hiver, dans les ateliers.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Depuis quelques années le salaire de* ouvriers a diminué de dO à 23 cen-
times environ par jour. Us gagnent actuellement :
Le* fileurs fc 2 00 par jour.
Les dévideuses — 0 80-
Les débourreuses de cardes. — 0 60
Le* enfant* ratlacheurs. — 0 80
Les enfants bobineurs . — 0 â0
Le* enfants ratlacheurs et bobineurs sont payés par le* fileurs ; les autre*
par le chef.
Très-peu d'enfants savent lire et écrire ; chez le* ouvrier* adulte*, l'in-
struction est tout à fait nulle.
Les hommes et les femmes travaillent dan* des atelier» séparé*.
En général, leur conduite est bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le* malades ; cepen-
dant il y a une caisse alimentée par des amende», à l'aide de laquelle on vient
au secours des ouvriers qui se blessent dans la filature.
L'état sanitaire des ouvriers est assez satisfaisant ; il n'y a que rarement
des malades parmi eux. Le directeur déclare que l'industrie n'offre rien de
nuisible, et ne nuit en aucune façon au développement physique de* enfant*.
L'aiguisage des cardes ne se fait plu» i la main.
Un n'a pas eu d'accident grave à déplorer dans cette fabrique.
Il y a beaucoup d'enfant» dont les parents sont inscrit» sur la liste des
pauvres. En général, il y a beaucoup de misère chez les ouvriers de cet
établissement : leur» habitations sont étroites, bisses, malpropre* et insa-
lubre* ; leur nourriture est mauvaise, tout au plus suffisante, et ne se com-
pote guère que d'un pain grossier et de quelques légume» mal préparé».
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
Les enfants n'ont jamais à subir aucun mauvais traitement de la part de*
Cet établissement, du reste, comme presque toutes les filatures
de coton, laisse à désirer sous le rapport de la salubrité. On regrette
partout l'absence des moyens de ventilation, surtout dans la car
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTÂBUSSEH. INDUSTRIELS DU BRADANT. 487
derie où la poussière ne faisait pas défaut. Nous n'avons pas trouvé là
non plus cette propreté des locaux et des machines qui annonce une
direction intelligente et prévoyante. Le local, dans lequel fonctionne
le diable, est des plus vicieux : c'est un réduit bas et mal aéré dont les
proportions n'excèdent guère celles rigoureusement nécessaires
pour le placement de la machine : l'ouvrière qui y travaille, est
constamment dans une atmosphère épaisse de poussière et de par-
ticules cotonneuses; et, ce qu'il y a de plu» fâcheux, c'est que la
même ouvrière est toujours chargée de la surveillance du diable.
ÉTitLiliSKEHT F. — Filature et teinturerie.
Le moteur est une machine à vapeur à deux cylindres, à moyenne près
■ion, et de la force de vingt-quatre chevaux.
Celte filature importante occupe vent quarante-cinq ouvriers (homme*
femme» et enfants), savoir :
A la carderie 37 ouvriers et ouvrières.
A la filature en gros. 18 ■ et rattacheurs.
A la filature en fin ... 84 • et rattacheurs.
A la relorderie. . 18 ■
Au dévidage. .... 20 ouvrières.
Au bobinage 6
A la forge 4
A la machine à vapeur. 9 «
Au magasin t ouvrier et ouvrière.
143 ouvriers qu'on peut classer c
A la carderie
A la filature en gros
A la filature en gros par les nwll~jeitng.
A la filature en fin
A la relorderie
An dévidage
Au bobinage
A la forge
A la machine à vapeur
'Au magasin
.
7
20
4
4
4
27
27
9
9
20
a
4
2
1
i
54
SI
4
0
a», Google
488 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Le* homme» sont Je l'ige de -vingt à cinquante ans, les femme* de seize à
quarante ans, et les enfants de <huit à doute ana.
Dans la teinturerie, on occupe ordinairement , de vingt à vingt-cinq
ouvriers, de l'âge de vingt à cinquante ans, cinq ou six apprentis de l'âge
de quatorze à seize ans, et cinq ou six apprentis de l'âge de dix à douze ans.
Les enfants ratlacheurs sont engagés par les ouvriers qui les emploient;
ceux travaillant à la teinturerie sont engagés par le chef. On se procure aisé-
ment le» enfants dont on a besoin à la teinturerie ; mats il n'en eat pas de
même pour la filature, parce que là les gains sont trop minime*.
Le travail des enfants est peu fatigant; il consiste, dans la filature, à rat'
tacher, et, dans la teinturerie, à corder et a étendre les colons et les laines.
Beaucoup d'enfants travaillent avec leurs parents.
Dana la filature, le travaille continue toute l'année, sans interruption.
Mais il en est tout autrement pour la teinturerie : celle industrie périclite,
parce qu'il manque des débouchés à «es produits. Pour ne pas congédier tes
ouvriers,- le chef a été obligé de les faire travailler par escouade , c'est-à-
dire, que la moitié travaille une semaine, et l'antre moitié la semaine sui-
vante, et encore ne font-ils que trois quarts de journée, ce qui leur fait par
quinzaine quatre jours de travail seulement.
Le* fileur*, les dévîdeuses, les bobineuses, les femmes des bancs k broche*,
(fileuses eu gros), travaillent à forfait : tous lus autres ouvrière sont employés
à la journée.
On emploie de préférence les enfants a certains travaux, à cause de leur
aptitude particulière, et du peu de fatigue qu'occasionnent ces travaux;
on les emploie surtout de préférence, parce qu'il y a une notable économie
à remplacer les adultes par des enfants, et parce que l'industrie n'a que ce
moyen de former de bons ouvriers.
Le chef a adopté dan* sa Garderie un système qu'il appelle de réunion, et
à l'aide duquel il économise l'emploi d'une dizaine d'enfants.
La journée se compose de treize heures de travail pour tous les ouvrier*
de la filature, et de douze heures de travail pour ceux de la teinturerie.
En été, la journée commence à cinq heures du malin, et finit à huit heure*
du soir. — Eu hiver, elle commence à six heure* du matin, et finit à neuf
heures du «oïr.
11 est rare que ces limites soient dépassées ; mais lorsque cela arrive , les
enfants travaillent comme les adulte*.
La durée du travail n'a ni augmenté ui diminué.
On n'a jamais essayé de faire travailler les enfants par brigades ou
par relais : le chef croit que cette mesure ne serait praticable que
pour autant qu'on voudrait travailler nuit et jour. Il pense aussi
qu'un maximum de durée ne doit pas être assigné au travail des
enfants, parce que leurs occupations ne sont nullement fatigantes :
cette mesure entraverait le travail des fileurs qui ne peuvent pro-
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABANT. 489
duire assez uns l'aide de raitacheurs; elle amènerait une véritable
perte de produits et pour les fi leurs el pour les chefs d'industrie,'
en-tous cas, elle ne pourrait être exécutée qu'en faisant venir les
enfants par escouades de repas en repas; mats alors il faudrait se
procurer un nombre d'enfants double de celui nécessaire, ce qui ne
serait pas facile dans bien des circonstances et dans beaucoup de
localités. Le chef craint encore que les trois quarts des enfants ne
voudraient pas venir pour quelques heures seulement, et qu'ainsi ils
feraient manquer le travail ; ensuite le Sieur serait obligé de payer
deux raltacheurs, au lieu d'un, ou bien le chef devrait en prendre unà
ses frais, en sorte que la mesure tournerait toujours au détriment
de l'industrie. La meilleure mesure à prendre, selon le chef, ce
serait d'interdire le travail, dans les filatures, aux enfants, jusqu'à
l'âge de dix ou douze ans.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
Le» ouvriers ont trois intervalles de repos par jour : une demi-heure le
matin, une heure a midi et une demi-heure à quatre heure*.
Ils font leur dîner au dehors; pour le déjeuner el le goûter ils sont libres
de les faire où ils veulent. Les Ouvriers teinturiers , étant presque tout de
la campagne, peuvent dîner dan* les ateliers.
Il n'y ■ pas de travail le dimanche ; cependant les ouvriers sont tenus de
se rendre le malin à la filature pour nettoyer leurs métiers, occupation qui
dure de deui à trois heures au plus.
lie chômage dn lundi est défendu et puni d'une amende ; malgré tous ses
efforts, le chef n'a pu parvenir à leur faire renoncer à l'habitude de cesser
le travail à quatre heures.
Le salaire des ouvriers n'a subi aucune variation.
Ce salaire peut être établi comme soit :
Pour les fileurs . . . . a fr. S 00 par jour.
— ouvriers de la carderie. . . * I 66
— femmes. - 1 00 — 1 38
— enfants de huit à dix an*. . . ■ • 0 30 — 0 40
— enfants plus Agés. ..... - 0 60 — 0 73
— teinturiers - 1 80 — 2 00
— apprenlisdequatorxeàseizeans. • 1 00 — 1.40
— ceux de dix a doute ans. * 0 60 — 080
Les enfants rattacbeurs sont payés par les fileurs, ceux de la teinturerie
par le chef.
L'instruction des enfants est a peu près nulle; ils ne fréquentent aucune
école. Parmi les ouvriers adultes, il y en a quelques-uns, mais en très-petit
nombre, qui savent on peu lire et écrire. _ ;. ,•
>91izfrdny GOOgle
490 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Hommes et frai nies travaillent dan* îles atelier* réparé*, »auf à la oarderie,
où le travail eiige qu'ils soient réuni s.
Dans la fabrique , la conduite des ouvriers est bonne, mais au
dehors elle est mauvaise. Un grand nombre est adonné à la bois-
son; les trois quarts des femmes se livrentà la prostitution, et les
sept, huitièmes ont des enfants sans être mariées. Le chef attribue
ce résultat au manque d'instruction de ces femmes, a leurs rapports
trop fréquents et trop faciles avec tes jeunes gens et les hommes,
et surtout à la misère qui les force , lorsqu'elles manquent d'ou-
vrage, à courir les rues pour pourvoir à leur existence.
Ce qui vient d'être dit s'applique particulièrement sus ouvriers de la' fila-
ture; ceux de la teinturerie se conduisent en général bien.
Le mauvais exemple des grands n'est pas sans exercer une
fâcheuse influence sur la conduite des enfants; il 7 a une diffé-
rence énorme , sous le rapport de la conduite , entre ceux de la
ville et ceux de la campagne : le chef préfère ces derniers, car les
premiers sont plus difficiles à conduire , paresseux , et veulent
gagner beaucoup en travaillant peu.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malade*. II y a
une caisse qui s'alimente par les amendes payées pour les absences. A la nou-
velle année, rencaisse est partagé entre les ouvriers au marc le franc; quel-
quefois ils disposent de celte caisse pour donner du secours à une veuve
d'ouvrier ou à un malade, et, dans ce cas, le chef y ajoute quelque chose du
L'état sanitaire des ouvriers est assez satisfaisant : leurs mala-
dies sont dues bien moins au travail qu'à leur ivrognerie, à leurs
habitudes de débauche, a la mauvaise nourriture, a la malpropreté
et à l'insalubrité de leurs habi la tiotis. Le chef déclare que les enfanta
employés trop jeunes dans les filatures, se développent difficile-
ment et ne prennent jamais les apparences et les proportions de
l'homme- Ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'il empêche les
fileurs de prendre comme rattacheurs des enfants de sept ou huit
ans. Du reste, il pense que dans son établissement les enfants n'ont
rien à souffrir de la nature même de leur travail : le seul atelier
où il y a réellement quelques influences nuisibles, est la carderie,
et là on n'emploie pas d'enfants.
L'aiguisage de* cardes se fait au moyen d'un tambour à l'émeri, mi* en
mouvement pxr la machine : par ce procédé, l'aiguisage est non -seulement
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE*. INDUSTRIELS DU BRABANT. 491
rendu salubre, mai» aussi plus parfait, parce que la pression est partout la
Il n'est jamais arrivé d'accident dans celte fabrique.
Parmi les ouvrier* fileurs, on n'en connaît qne deux qui sont inscrit» sur
la liste des pauvres. Cependant il y a en général de la misère chez eui. Les
trois quarts des ouvrier» teinturiers sont de la campagne ; ceux-ci mènent
une vie plus réglée, sont plus heureux : trois ou quatre reçoivent quelques
secours de la commune pendant l'hiver.
Il y a un règlement d'ordre et de discipline dont plusieurs dispositions
sont fort sages, et qu'il serait à désirer qu'on adoptât dans toutes les fila-
tures : le chef ayant communiqué ce règlement au gouvernement, il est inu-
tile que nous le transcrivions.
Le dépôt du livret est exigé , maïs le chef se plaint beaucoup de la mau-
vaise exécution de la loi sur la matière , car souvent les ouvriers quittent
l'établissement en abandonnant leur livret , et sont immédiatement acceptes
par d'autres fabricants.
Nous avons visité, avec le plus grand intérêt, ce remarquable
établissement, et nous éprouvons une véritable satisfaction de
pouvoir citer au moins une filature où l'on a fait tout ce que l'on
a pu pour rendre l'industrie cotonnière moins insalubre : ateliers
vastes et bien aérés , propreté remarquable des locaux et des ma-
chines, tout annonce une direction intelligente, soigneuse, de l'in-
térêt de ses ouvriers, comme des siens propres. Cette filature laisse
bien loin derrière elle toutes les autres que nous avons visitées :
il n'y a même aucune comparaison à établir. Presque pas de
poussière dans la cardcrie où se font les opérations premières qui
en produisent le plus, mais aussi toutes les machines sont couvertes
et entretenues avec un soin tout particulier : le chef se propose
d'y établir un bon système de ventilation; s'il exécute ce projet, la
cardcrie ne laissera plus rien a désirer sous le rapport des condi-
tions hygiéniques.
Mous l'avons déjà dit ailleurs: la propreté des locaux et des machines
annonce une bonne et intelligente direction; des machines bien
entretenues, bien propres, produisent plus et mieux, et ne rendent
le travail que plus aisé et plus salubre : nulle part, ces vérités ne
semblent avoir été mieux comprises qu'ici. Tous les jours, les
ouvriers arrêtent leurs métiers cinq minutes avant l'heure du départ
pour les nettoyer ; quatre fois par jour les rattacheurs balayent la
place du métier, et passent sous celui-ci , pour nettoyer le chariot
et le porte-cylindre. Tous les dimanches, les ouvriers doivent encore
passer deux ou trois heures au nettoyage des, raétjers; çnfin, tous
^y Google
492 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
les deux ou trois mois, les métiers k nier sont démontés de fend
en comble pour être réparés et complètement nettoyés.
Des précautions ont été prises contre les chances d'incendie ;
on a établi au-dessus de la machine à vapeur, deux réservoirs ali-
mentés par cette machine, et qui contiennent de soixante et dix a
quatre-vingt mille litres d'eau; de ces réservoirs partent des con-
duits de plomb avec des robinets d'incendie dans toutes les. salles
de la filature, et jusque dans la teinturerie en rouge.
Pour terminer, nous ajouterons encore quelques remarques faites
par le chef. La première est que les nombreuses fêtes patronales
et kermesses qui ont lieu dans la ville et dans ses environs , sont
de la plus funeste influence sur la population ouvrière ; c'est dans
ces fêtes qu'elle prend et fortifie ses habitudes de débauche, de
dérèglement et de folles dépenses ; c'est là, qu'en s'abrutissant dans
de sales orgies , elle se prépare peu à peu la voie qui doit la con-
duire k la plus affreuse misère. C'est presque toujours a la suite de
ces fêles que les ouvriers négligent de se rendre au travail.
Le chef signale l'insalubrité du travail dans les petites filatures
a la main : ces filatures sont toujours établies dans des caves très-
humides, parce que l'humidité de l'atmosphère est indispensable
pour travailler le coton k faille des machines à la main : la néces-
sité de savonner les cotons répand dans ces caves une odeur infecte,
qui, jointe k l'humidité qui 7 règne et k la malpropreté, ne contri-
bue pas peu k amener des maladies. Dans ces petites filatures , le
battage du coton se fait a la main, et constitue ainsi une opération
des plus malsaines ; c'est là aussi qu'on abuse le plus des enfants,
car il n'est pas rare qu'on les emploie comme ratlacheurs dès l'âge
de quatre Ou cinq ans.
tTlBLISSIKEMT G.
On y travaille avec de» métiers i la main, et l'on n'y file qu'en gros, c'est-
à-dire du coton pour pilo-tx et pour mèches de lampe.
On y occupe ordinal renient >ii ouvriers adulte* , et cinq enfants ratta-
cheart.
On a toujours travaillé toute Tannée ; mais cette industrie périclite depuis
quelque temps, de sorte qu'on est souvent dans l'obligation de chômer. Lor*
de notre visite, un chômait depuis trois mois. Le chef se plaint amèrement de
la décadence de son industrie, et failun tableau navrant de la détresse dans
laquelle se trouvent tous les industriels de sa catégorie.
Les ouvrier* adulte* travaillent a forfait, et les enfants k la journée.
La joiicr^e-toiTiiiepici, en été, à cinq heures du' matin, et finit àUnuittom-
ly Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE)!. INDUSTRIELS DU BRADANT. *95
bante. En hiver, on commence avec le jour, et l'on fiait i neuf ou dix heure»
Le travail n'est interrompu que par DU seul intervalle de repos, qui est
d'une heure, mais qui n'est souvent aussi que d'une demi-heure.
Les ouvriers retournent eheieui pour dîner ; mais le déjeuner et le goûter
se prennent dans l'atelier, tout en travaillant.
On ne travaille jamais le dimanche, et, le lundi, on ne travaille que jusqu'à
quatre heures de l'après-dînée.
Le salaire a toujours été en diminuant; avant les événements de 1830, un
ouvrier gagnait aisément 4 fr. par jour; aujourd'hui, il a delà peine à
gagner 1 franc.
Les enfants gagnent 3 S centimes par jour.
L'instruction des enfants et des adultes est complètement nulle ; leur con-
duite est généralement bonne.
Il y a rarement des malades ; mais le chef déclare que beaucoup d'ouvriers
fileurs au petit métier, sontaffectésaprèsun certain temps, de rhumatismes.
Tous les ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres, et il y a chez eux
la misère la plus profonde.
L 'atelier est dans une cave froide et humide, où l'air, se renou-
velant difficilement, est corrompu et fétide. Les hommes et les
enfants qui travaillent là du matin au soir, sont constamment sou-
mis aux causes les plus puissantes de maladies: air froid et humide,
corrompu par l'acte respiratoire même de ceux qui travaillent dans
ces bouges malpropres , et par l'emploi du savon pour la prépara-
tion du coton; insolation nulle, fatigue corporelle, nourriture gros-
sière et insuffisante, tout enfin est là de nature à altérer profondé-
ment la constitution, et a disposer l'organisme humain aux plus
cruelles affections, la phthisie pulmonaire et les scrofules.
Ce que nous disons ici de l'établissement G, on peut l'appliquer
à toutes ces petites filatures à la main, si nombreuses à Bruxelles.
Suivant la déclaration du chef, les enfants seraient encore plus
malheureux dans quelques autres petites filatures ; il assure qu'on
y emploie des enfants de cinq a six ans , et que ces petits mal-
heureux , qu'on fait travailler depuis quatre ou cinq heures du
matin jusqu'à neuf heures du soir, ne gagnent guère que 60 cen-
times par semaine.
KMiftlaaiamn U. — Filalurt à la main.
Autrefois on y occupait quatre ouvriers adultes et trois enfants; aujour-
d'hui, il n'y s plus moyen d'occuper et de payer des ouvriers. Père et mère
travaillent avec leurs trois enfants, depuis cinq heures du matin jusqu'à huit
d;v Cookie
494 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PUBLIQUE DE BRUXELLES.
ou neuf heures du soir ; leur travail leur procure à peine de quoi vivre
jour le jour. Cet industriel peint le présent, et surtout l'avenir, sous le* ce
leurs les plus sombres.
L'atelier est clans une cave froide et humide, mais cependant assez élei
de voûte. Tout ce que nous avons dit de l'insalubrité de l'atelier fi, est pi
faîtement applicable aussi a celui-ci.
- Filature à la mai*.
Autrefois, le chef occupait sii ouvriers adultes, et plusieurs enfants comme
raltacheurs; aujourd'hui, son industrie est tombéeà rien, par suite de la sta-
gnation des affaires, résultant du manque de débouchés. Il se plaint beau-
coup de la position précaire où il se trouve ainsi que sa famille. Pour subvenir à
peu prés a tes besoins , il est obligé de travailler sans relâche avec sa femme
et ses trois enfants.
L'atelier est assez bien situé au rez-de-chaussée ; il est infiniment plus
salubre que ceux des établissements G et H.
ivABussEvint J. — Filature à la main.
On y occupe sii ouvriers adultes et trois enfants.
Le chef se plaint non moins amèrement que ses confrères des établisse-
ments G, H et f.
Les ouvriers adultes travaillent à forfait, et les enfants à la journée.
La journée commence, en été , a cinq ou six heures du malin , et finît à
sept ou huit heures du soir; en hiver, elle commence a sept ou huit heure* du
matin, et finit à neuf heures du soir.
Il v a une heure de repos à midi.
'Le salaire a considérablement diminué; les ouvriers gagnent i peu prés
1 fr. par jour, et les enfants 20 centimes.
Les ouvriers et les enfants sont dépourvus de toute espèce d'instruction.
Les ateliers sont malsains et situés dans des caves froides el humides ; 1rs
ouvriers sont dans la misère, et l'habitation du chef est loin aussi d'annoncer
l'aisance.
iviiLissiMMT. K , — Filature à la main.
Il y a quelques années, on y occupait vingt-quatre ouvriers adultes et dix
enfants; aujourd'hui, on n'y occupe plus que cinq ouvriers et cinq enfants.
Les enfants sont de Page de dix a quatorze ans ; ils travaillent à la jour-
née, et sont engagés par les ouvriers qui se les procurent difficilement, à
cause du taux peu élevé des salaires. Les plus jeunes sont ratlacbeurs ; ceux
de quatorze ans sont employés aux moulins. On préfère les enfants, parce
qu'on les paye moins cher que les adultes.
Les ouvriers adultes, hommes et femmes, travaillent A forfait.
La journée commence, en été, à six heures du malin, el Suit à sept ou huit
a», Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRABANT. 49S
heure* du soir; en hiver, elle commence à huit heure* du matin, et dure
jusqu'à neuf heure* du soir.
Ces limite! «ont quelquefois dépassées d'une heure, dan* les moment* de
presse ; le travail extraordinaire est étendu aux enfanta comme aui adulte*.
La durée du travail eal main» longue qu'autrefois, parée que l'induatrie
est eu souffrance et que le» débouché* font défaut.
11 n'y a jamais de travail de nuit.
fie* ouvrier* ont une demi-heure de repu» le matin, une heure et demie
à midi, et une demi-heure i quatre heure*.
Le déjeuner et le goûter se prennent souvent dan* l'atelier ; le dîner se
fait au dehors.
Actuellement, on ne travaille jamais le dimanche.
Le lundi, on ne travaille habituellement que jusqu'à quatre heure* de
l'après-dinée.
Depuis le* événement» de 1830, le salaire de* ouvriers a diminué de moi-
tié ; ils gagnent maintenant :
Le* homme*, de fr. 1 00 à t 90 par jour;
Lea femme*, * 0 80 à 0 90 >
Le» enfant*, • 0 28 a 0 30
Ce» dernier* «ont payés par le* ouvrier» qui le» emploient.
L'instruction des enfant* et de» adultes est tout a fait nulle.
Homme* et femme* travaillent réuni» dan* le* même* atelier».
Lear conduite eet assez bonne. Cependant l'ivrognerie est aesea commune
parmi les ouvrier» fileurs.
L'état sanitaire est satisfaisant ; les ouvriers sont rarement malades ; lechef
ne connaît aucune maladie propre à la profession.
Sur le* cinq ouvriers de cette filature, deux «ont inscrit* snr la liste de»
pauvres.
{M.— Fabrique* ê
On y fait de l'huile et du savon noir.
Le moteur est une machine à vapeur de la force de teke chevaux.
On y occupe trente ouvriers, ton* hommes adulte*.
Le travail se continue toute l'année sans interruption.
Une partie des ouvriers travaille à la journée, une autre partie à forfait :
ce «ont surtout le* huilitn qui travaillent â forfait.
En toute* saisons, la journée commence s six heure* du malin, et finit â
sept heures du soir. Ce* limite* sont quelquefois dépassées, et il arrive aussi
^y Google
m CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
qu'on travaille la nuit; le travail de nuit n'a lieu que pour satisfaire aux
besoin* du commerce.
I.e travail est interrompu par trois intervalles de repos : une demi-heure
le matin, une heure et demie à midi, et une demi-heure à quatre heures ;
donc, deux heures et demie de repos par jour. Une partie des ouvriers
prennent leurs repas dans la fabrique, et une partie au dehors.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
La durée du travail n'a point varié.
II en est de même pour le salaire des ouvriers.
Les huiliers gagnent :afr. HO par jour, et les savonniers S francs.
La plupart de ces ouvriers «ont dans l'ignorance la plus complète.
Leur conduite est, en général, bonne; ils sont habitants de la campagne,
et, pour la plupart, célibataires.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
L'état sanitaire est satisfaisant ; il y à rarement des ouvriers malades. Les
savonniers sont exposés aux affection* rhumatismales.
II n'est jamais arrivé d'accident dans cette fabrique.
On ne connaît pas d'ouvriers inscrits sur la liste des pauvres ; il n'y a pis
de misère chez eux : ils vivent, en général, assex bien.
H n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline. -
La mesure du livret n'est qu'incomplètement exécutée ; quelques ouvriers
ont un livret, et d'autres n'en ont pas.
Cet établissement est bien tenu : on pourrait peut-être désirer dans la
savonnerie quelquesissues de plus pour l'échappement des vapeurs aqueuses.
B»iLissmav B.
■ On n'y fait que des savons de toilette.
On y occupait, il y a quelques années, neuf ouvriers; actuellement seule-
ment trois, parce qu'il est impossible de lutter contre la concurrence faite
par la France et l'Angleterre, qui inondent la Belgique de leurs savons, ceux-
ci n'étant soumis qu'à un droit d'entrée très-minime. -
On travaille toute l'année ; cependant, aux mois de décembre et de janvier,
un seul ouvrier suffit.
Les ouvriers travaillent a la journée; celle-ci commence, en toutes saisons,
à six heures du matîn, et finit i sept heures du soir.
Le travail est interrompu par trois intervalles de repos, d'une demi-heure
le matin, d'une heure à midi et d'une demi-heure l'après-dînée.-
Les limites ordinaires du, travail ne sont jamais dépassées, et la durée des
travaux n'a subi aucune variation.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
Il est très-rare que l'on travaille le dimanche.
Le lundi on fait journée complète comme les autres jours.
Il n'y a pas eu de variation dans le salaire.
Les ouvriers gagnent 1 l'r. BO par-jour.
*by Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTAfiUSSEM. INDUSTRIELS DU BRABANT. 497
Leur instruction est très-bornée, pour ainsi dire nulle.
Leur conduite est bonne; il» ont une vie très-régulière ; il» habitent 1*
campagne et sont mariés.
En général, les ouvriers sont rarement malades; cependant la profession
les prédispose aux affections rhumatismales, maladies propre* aux savonniers..
11 n'est jamais arrivé d'accident dans cette fabrique..
Le chef ne pense pas qu'aucun ouvrier soit inscrit sur la liste des pau-
vres; ils. vivent unes bien et assez facilement à la campagne.
Il n'v a pu de règlement d'ordre ou de discipline, mai» on observe les
dispositions relatives au livret.
ït.bi.usimkbt A.— Fabrique d'appartilt pour let tucrtriei cl in dùtilleriti.
Moteur : machinée vapeur de la force de six chevaux.
Le nombre des ouvriers varie de soixante et dix à cent} on y emploie seu-
lement deux ou trois enfants pour faire les commissions.
Le travail continue toute l'année sans interruption .
Tous les ouvrier» travaillent à la journée.
La journée commence, eh toutes saisons, a six heures du matin, et finit a
six heures et demie du soir.
Il est rare que ces limites soient dépassées.
La durée du travail n'a ni augmenté ni diminué.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
Le» ouvriers ont une heure et demie de repos pendant le travail de jour.
Ils vont dîner au dehors.
On laisse aux ouvriers la latitude de travailler ou de ne pas travailler le
dimanche ; le quart des ouvriers travaille ordinairement jusqu'à midi.
Quelque» ouvriers chôment le lundi ; cet usage est loin cependant d'être
général.
Le salaire de» ouvriers a augmenté : pour quelques-uns, cette augmenta-
tion est de KO centimes & 1 franc par jour.
La plupart des ouvrier» gagnent de 1 fr. 80 aï fr. par jour. Le» forgerons
et les tourneurs gagnent. S fr. par jour.
Le cinquième des ouvriers environ sait lire et écrire.
Leur conduite est assez bonne ; cependant il y a un bon nombre de buveurs
de genièvre. .
il j a une caisse de secours pour les ouvriers malades ou blessés. Celle
caisse est formée du produit des amendes et dévote retenue de S centimes par
franc sur le salaire de* ouvrier». Quand uu ouvrier tombe malade, on lui
accorde la moitié de son salaire journalier : tous les frais de visites de
>aiized&r Google
498 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PUBLIQUE DE BRUXELLES.
médecÎQ, d'opérations et de médicaments, sont supporté» par la caisse. On
n'accorde rien pour une maladie de moins de trois jours : l'ouvrier, blessé
pendant le travail, eat cependant excepté de cette mesure. Les ouvriers qui
abandonnent rétablissement ou qu'on eat forcé de renvoyer, n'ont plu* aucun
droit sur la caisse. Lors de notre visite, il y avait plus de 600 fr. en caisse.
La santé des ouvriers eat bonne ; ils tout rarement malades ; ce sont tous
des hommes (arts cl vigoureux. Ils sont part icnlièrem en t exposés à f introduc-
tion dan* le* yeux de paillettes de fer ou de cuivre; mais on leur fait mettre
des lunettes quand il* se livrent aux travaux qui produisent le plus fréquem-
ment cet accident.
Du rente, on n'a pas eu d'accident grave à déplorer dans ces dernière*
Pluaieur* hommes de peine sont marié* et ont beaucoup d'enfant* : le chef
pense que quelques-uns d'entre eux pourraient bien être inscrits sur la liste
des pauvres. 0, uant aux autres ouvriers, ils n'ont pas de misère, vivent osset
hien, et sont logés proprement.
Il y a un règlement d'ordre intérieur ; on exige le dépit du livret. Le chef
croit qu'on délivre trop facilement les livrets ; il eat à «a connaissance que
le* ouvrier* peuvent se procurer un nouveau livret, sur la présentation d'un
certificat d'un chef d'atelier.
Afin de faire perdre aux ouvriers l'habitude de dépenser leur argent le
dimanche et le lundi, on ne les paye plus que tous les mois, et l'on ne leur
donne qu'un faible à-eompte vers le milieu du mois.
KTHLiBsEMïBT B. — Fabrique de mathinei, etc.
Le moteur est une machine à vapeur de la force de trente-cinq chevaux.
On y occupe trois cents ouvriers, tous adultes.
Le travail continue toute l'année sans interruption.
Presque tous les ouvriers travaillent à la journée.
En toutes saison* , le travail commence à six heures du malin , et finit à
sept heures du soir.
Quelquefois ces limites sont dépassées, lorsqu'on fait cinq quart* ; on tra-
vaille alors jusqu'à neuf heures du soir.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
Depuis que l'établissement existe, la durée du travail n'a pas varié.
Les ouvrier* ont trois intervalle* de repns par jour : h matin, de huit heure*
1 huit heures et demie , de midi a une heure , et de quatre heures à quatre
heures et demie.
Le déjeuner et le goûter se font dan* l'établiaaement , le dîner au dehors.
On ne travaille jamais le dimanche. Le lundi, on ne fait ordinairement que
trois quarts de journée.
Le salaire des ouvriers a diminué de 39 centimes par jour.
Le* ouvriers gagnent maintenant 2 fr. SOc. par jour : les aide* ne gagnent
que 1 fr. BO c.
^y Google
ENQUÊTE DANSLES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABANT. 499
L'instruction Je» ouvriera est à peu près nulle.
Dana l'établissement, leur conduite est bonne , mais le chef ignore s'il en
est de même lorsqu'ils sont au dehors.
Il y a Une caisse de secours pour les blessés : cette caisse s'alimente par
une retenue de 2 pour cent sur le salaire des ouvriers : l'ouvrier blessé pen-*
dant le travail a droit à la moitié de sa journée ordinaire. Les médicaments
sont fournis gratuitement. Un médecin , aux honoraires de 600 francs, est
attaché a rétablissement.
Il y a toujours un encaisse de 7 a 800 francs.
Ije» ouvrier* sont rarement malades; ils sont généralement robustes.
Les accidents sont assez fréquents: les fractures, les luxations et des plaie*
graves sont ceux qu'on observe le plus souvent; cependant on n'a pas eu
d'accidents morLels à déplorer.
Un petit nombre d'ouvriers est inscrit sur la liste des pauvres : en général,
le* ouvrier* se nourrissent bien , car leur profession exige une alimentation
forte et réparatrice.
11 y a un règlement d'ordre intérieur.
Les atelier* sont vastes, très-élevés, bien aérés, et satisfont à toutes les
exigences hygiéniques.
STASUSSMMv (.'. — Fabrique d'upjiamh, chaudronnerie, etc.
On y occupe quatorze ouvriers, tous adultes.
Ils sont employé* toute l'année, sans interruption.
Ils travaillent tous à la journée.
La journée continence, en toute* saisons, à six heure* et demie du matin,
et finit à huit heure* du soir;
Ces limite* sont quelquefois dépassées en hiver, mais rarement.
La durée du travail n'
Jamais on ne travaille la nuit.
Les ouvrier* ont deux heures de repos pendant le travail de jour: une
demi-heure le matin, une heure à midi et une demi-heure à quatre heures.
Ils retournent chez eux pour dîner ; le déjeuner et le goûter se font dans
On travaille quelquefois le dimanche.
Les ouvrier* chôment le lundi : le chef n'a pu réussir a les faire renoncer
à cette habitude.
Il y a eu augmentation de salaire dan* ce* dernières années. Les ouvriers
gagnent actuellement 3 franc* par jour.
L'instruction est à peu près nulle : deux ouvriers seulement savent lire et
La conduite des ouvriers laisse beaucoup à désirer : on peut dire que
l'ivrognerie leur est habituelle.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond* de réserve pour les malades.
^y Google
500 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Le chef déclare que l'étal sanitaire des ouvriers est assez, satis-
faisant; cependant il reconnaît qu'ils sont sujets aux coliques
métalliques. L'opération la plus dangereuse est la refonte du vieux
cuivre ; les ouvriers qui la font sont pris presque instantanément
de douleurs d'entrailles , et frappes d'une sorte d'asphyxie qui se
dissipe aussitôt qu'on les expose à l'air. Le chef prétend cependant
que la durée de leur vie est assez longue. L'intempérance habituelle
des ouvriers n'est pas pour peu de chose dans les maladies qui leur
surviennent; ils sont aussi exposés aux blessures; celles-ci sont
fréquentes et ne peuvent être attribuées qu'a leur maladresse. Il
n'y a jamais eu de blessures graves.
Le chef ne connaît qu'un sent ouvrier inscrit sur la liste des pauvres.
Cependant il y a, en générât, de ta misère chez aes ouvrier* ; leurs demeures
sont malpropres el malsaines, et leur indigence n'est que le résultat de leur
imprévoyance et de leur mauvaise conduite.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
Quoique l'atelier où se fait la fonte ilu enivre soit vaste et Irès-élevé , il
laisse a désirer sous le rapport de la ventilation ; c'est dans.de semblables
établissements qu'où doit regretter le plus l'absence de fourneaux d'appel,
s a donner un tirage forcé a
IT* mutai ht D. ■— Fonderie du cuivre et travail du plomb.
Le moteur est une machine a vapeur de la force de quatre chevaus.
On y occupe ordinairement dix-sept ouvriers, tous adultes.
En hiver cependant on n'occupe que huit ou dix ouvriers.
Le travail continue toute l'année sans interruption.
Tous les ouvriers travaillent à la journée.
En été, la journée commence à six heures et demie du matin , et Snit à
huit heures du soir. En hiver, le travail commence avec le jour et dure jus-
qu'à huit heures du soir.
H est très-rare que ces limites soient dépassées.
La durée du travail est toujours restée la meme.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
Les ouvriers ont deux heures et demie de repos, pendant le travail du
Us vont faire leurs repas au dehors.
On travaille rarement te dimanche : les ouvriers chôment le lundi j quel-
quefois cependant ils font trois quarts de jour.
L'établissement des aLeliers du Renard a d'abord fait augmenter le salaire
des ouvriers d'un tiers environ ; mais aujourd'hui on revient peu à peu à
l'ancien prix.
,dB,Googlc
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABANT. SOI
On peut estimer que les ouvrier» gagnent, terme moyen, de 1 fr. SOc. s
2 fr. par jour.
Très-peu d'ouvriers ont de l'instruction.
En général, leur conduite n'est pas bonne ; il* »e livrent à l'ivrognerie : ce
vice ett surtout commun ebex le* ouvrier» de premier ordre, ceux dont ou se
passe le plus difficilement : il* se gênent d'autant moin», qu'il» savent qu'on a
besoin d'eux, et qu'on est disposé à fermer le» yeui sur leurs défauts.
11 n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
Les ouvriers de cet établissement sont loin d'offrir les apparences de la
sauté; ils sont maigres, pâles et d'un teint terreux. Le chef avoue que I*
profession exerce une influence nuisible sur la constitution des ouvriers ; il
déclare que les plombiers qui descendent dans les citernes et les puits ,
sont affectés de rhumatismes au bout de peu de temps, et que la fonte du
cuivre et du plomb détermine quelquefois des maladies, principalement les
coliques métalliques.
Il n'est jamais arrivé d'accident dans cet établissement.
Quelques ouvriers sont inscrits sur la liste de» pauvres : on ne peut attri-
buer leur état d'indigence qu'a leur inconduite. H est pénible d'avoir à noter
que des ouvrier» gagnant jusqu'à 3 francs par jour, n'ont pas bonté de res-
treindre, par leur inscription sur la liste des pauvres , la part des véritables
nécessiteux.
Il y a un règlement d'ordre intérieur, et l'on exige le dépôt du livret.
Les ateliers sont un peu étroits et insuffisamment aérés ; fa chaudière des-
tinée à la fusion du plomb n'est pas surmontée d'un manteau pour recevoir
et éconduire les Tapeurs métalliques.
■Tsaussuiitr E. — Fondent Ht clothti.
On y occupe trois ouvriers ; le nombre des ouvriers varie constamment ;
cependant il y en a toujours deux qui travaillent toute l'année.
Les ouvriers sont occupés à la journée.
En été, la journée commence à six heures du matin, et fiait à sept heure»
du soir. En hiver, le travail commence et finît avec le jour.
Quand i)y a des commande* pressantes, ou dépasse les lîmi tes de la durée ordi:
naîre dn travail; quelquefois même, dans celte circonstance, on travaille la nuit.
11 y a trois intervalles de repos par jour : une demi-heure le malin , nne
heure et demie à midi, et nne demi-heure après dîner. Dan* le* moments
de presse, on supprime ces intervalles de repos, ou l'on en diminue la durée.
On travaille aussi quelquefois le dimanche, mais dans les cas seulement où
il faut satisfaire i de* demandes pressantes.
On travaille le lundi comme les autres jours.
Le salaire des ouvrier* n'a éprouvé aucune variation.
Il* gagnent environ 1 fr. (S2 c. par jour.
L'instruction des ouvriers est à peu près nulle.
Leur conduite est bonne; le chef n'a qu'à s'en louer.
On ignore s'il y a un oit plusieurs ouvriers inscrits sur la liste des pauvre s-
^Google
503 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES. '
Leur santé est généralement bonne. Le chef ne connaît aucune
maladie propre a la profession ; l'établissement qu'il dirige a tou-
jours été exploité par sa famille, et est passé en ses mains, sans
qu'il y ait jamais eu quelque maladie due à la profession, dans les
diverses générations auxquelles il a succédé. Notons que l'homme
qui nous tenait ce langage est petit de taille, maigre, d'une con-
stitution des plus chétives , d'un teint pale et blafard , et que ces
résultats peuvent précisément dépendre de ce que cette industrie
est' toujours restée dans la même famille, et a été transmise de
père en fils depuis quelques centaines d'années.
Le» prescription» relative» au livret ne «ont pas exécutée*.
L'atelier est très-spacieux, très-élevé el bien ventilé ; le fourneau à fusion
pour l'alliage est construit dans la cour, en dehors de l'atelier.
■TiiusalKEUT F. — Fonderie al fabrique dt bronzei.
On y occupe trois ouvriers et trois apprentis de l'âge de quinze â dix-huit
ans. On ne prend pour apprentis qnedes enfants ayant au moins douxeou
treize ans.
Le* apprentis sont engagés par le chef, ils servent d'aides aux ouvriers,
préparent la terre destinée aux moule*, font de la grosse ciselure, etc.
Les ouvrier* ont du travail toute l'année, et ils travaillent à la journée.
La journée commence, en été, à six heures et demie du matin, et finit à
huit heures du soir. En hiver, elle commence a huit heures du matin , et
finit à huit heure* du soir.
H est rare que ces limite» scient dépassée*.
La durée du travail n'a pas subi de variation.
Il n'y a jamai* de travail de nuit.
Les ouvriers ont deux heures et demie de repos par jour; ils prennent le
déjeuner et le goûter dans l'atelier ; mais pour le dîner, ils retournent chet
eux.
Jamais on ne travaille le dimanche, et, le lundi, l'on ne fait d'ordinaire
que trois qnsrts de journée.
Le salaire de* ouvriers est toujours resté le même.
Le* ouvrier* fait» gagnent S franc» par jour , et le* apprentis 1 franc par
Le* apprenti» sont toujours payé* par le chef.
L'instruction de* apprentis est assez satisfaisante : il* savent lire et écrire.
Les ouvriers adulte* n'ont aucune instruction ; pas un de* trois ouvrier» ne
■ait lire ou écrire.
La conduite de* ouvriers et des apprenti» est bonne.
Leur état sanitaire est assez satisfaisant; cependant les- ciseleurs et les
^y Google
- ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSEM. INDUSTRIELS DU BRABANT. 503
limeurs sont assez fréquemment atteints de coliques métallique*. Les fon-
deurs, d'après le chef, ne sont que rarement indisposés.
Il n'est jamais arrivé d'accident dans celte fabrique.
Il se peut qu'il y ait un ou deux apprentis dont le* parent* sont inscrits
iur la liste des pauvres; mais les ouvriers n'ont pat de misère.
On exige le dépôt du livret.
Les locaux serrant d'ateliers sont trop petits; la fonderie sur-
tout n'est pas assez vaste; elle manque d'air, de lumière et de
moyens de ventilation. Ces circonstances sont d'autant plus a
regretter, qu'au moment où l'on coule le bronze, on est obligé de
fermer la porte de la fonderie pour assurer la réussite de l'opéra-
tion. Les ouvriers se trouvent alors au milieu d'une atmosphère de
vapeurs métalliques, si épaisse, qu'onade la peine à se voir à quelques
pieds de distance ; cette atmosphère est suffocante , et nous avons
pu en apprécier les effets, car, lors de notre visite, nous avons
assisté à une opération de coulage. En sortant de la fonderie, nos
habits étaient couverts de flocons blanchâtres, c'est-à-dire, d'oxyde
de zinc ; or il nous parait indubitable que les ouvriers fondeurs ,
travaillant dans un local si mal disposé, doivent, au bout d'un cer-
tain temps, d'ailleurs difficile à déterminer, éprouver les fâcheux
effets qu'on remarque d'ordinaire chez tous ceux qui sont exposés
â l'aspiration de -vapeurs ou de molécules métalliques.
stislissuimt 0. — Fonderie dé cuivre.
On y occupe quatre ouvriers. Le travail continue toute l'année, et les
ouvriers travaillent à la journée.
La journée commence , en été, à six heures et demie du matin , et finit k
huit heures du soir. En hiver, le travail ne commence qu'avec le jour, et
finit à huit heures du soir.
Ces limites ne sont jamais dépassées. La durée du travail n'est ni plus ni
moins longue qu'elle ne l'était autrefois.
Il n'y a juniais de travail de nuit.
Les ouvriers n'ont qu'un seul intervalle de reposa midi: il est d'une heure
et demie.
Deux ouvriers prennent leurs repas dans l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche, et, le lundi, les ouvriers ne font ordi-
nairement que trois quarts de journée.
Il y a eu une légère augmentation de salaire.
I>es ouvriers gagnent actuellement t fr. par jour.
L'instruction des ouvriers laisse beaucoup à désirer ; un ou deux savent
un peu lire et écrire.
^y Google
50* CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Lear conduite est bonne; ils ne «ont adonne» ni à l'ivrognerie, ni i U
débauche.
La santé de* ouvriers est ordinairement bonne ; ils sont rarement malades.
Le chef n'a jamais observé que la profession exerçât quelque influence nui-
sible sur la santé des ouvriers. Ces renseignements sont peut-être un peu
suspects, car l'on a montré peu de bonne volonté pour répondre a nos ques-
tions.
Il n'est jamais arrivé aucun accident dans cette fabrique.
Un seul ouvrier est inscrit sur la liste des pauvres.
Les prescriptions relatives au livret sont eiécutéei.
ÉTiBuiuniHT h. — Fondent de caracltrti.
On y occupe cinq ouvriers adultes et deux apprentis.
On ne travaille pas toute l'année ; il y a des époques où l'on chôme forcé-
ment, faute d'ouvrage.
Les apprentis sont âgés de douze à quinte ans ; ila sont engagés par le
chef; leur occupation est peu fatigante, et consiste à casser les rvntpuret qui
se trouvent au bout des lettres.
Les ouvriers et les apprentis travaillent tous a. forfait.
Le travail commence ordinairement à sept heures du matin, et finit i la
nuit tombante. '
Il est très-rare que ces limites soient dépassées.
Quand on dépasse ces limites, les apprentis ne prennent point, part au. tra-
vail extraordinaire. . .
Qn ne travaille jamais la nuit.
Les ouvriers ont deux heures de repos par jour: une demi-heure le matin,
une heure a midi, et une demi-heure a. quatre heures.
Le déjeuner et le goûter se font dans l'atelier ; le dîner au dehors.
On ne travaille jamais le dimanche, et, le lundi, on ne Tait qu'une demi-
journée.
Le salaire des ouvriers n'a pas éprouvé de variation.
Un bon ouvrier peut gagner 4 (t. par jour.
Les apprentis gagnent de 75 centimes à 1 fr- par jour.
Ces derniers sont toujours payés par le chef.
Les ouvriers savent presque tous lire et écrire.
Leur conduite est assez bonne.
Il en est de même de leur santé. Le chef déclare cependant
que le* ouvriers sont exposés a la colique de plomb; certains
ouvriers y sont plus disposés que d'autres, et la Fréquence de ces acci-
dents varie aussi suivant les diverses Fonderies. Eu générât, on observe
moins fréquemment la colique, parce que l'expérience a rendu les
ouvriers plus soigneux. Les meilleurs moyens préservatifs sont :
d'entretenir la propreté du corps , de se laver les mains en sortant
D,g,ized0y GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABANT. 505
du travail, et surtout de ne jamais manger sans avoir pris celte
précaution. La propreté des ateliers contribue aussi a prévenir
cet accident.
Presque tons le* ouvriers «ont mariés : aucun n'est inscrit sur la liste des
Les dispositions relatives au livret sont observées.
L'atelier est proprement tenu, bien éclairé et aéré.
Les ouvriers nous ont frappés far la propreté de leur corps et de leurs.
vËtéments, ainsi que par leur extérieur annonçant la santé.
ttASUSSUitra /. — Fabrique de bronzai.
Jl y a, comme moteur, une machine à vapeur de la force de deux chevaux.
On y occupe douze ouvriers adultes et trois apprentis.
Ces derniers sont âgés de quatorze à quinze ans; ils sont engagés par le
chef, et aident les ouvriers dans leur ouvrage; on les occupe aussi à polir,
poncer et limer.
Le chef se procure aisément les apprentis dont il a besoin.
Les ouvriers sont occupés toute l'année sans interruption; ils travaillent
tous à la journée.
fin toutes saisons , la journée commence a six heures et demie du matin ,
et finit à huit heures du soir.
Ces limites sont quelquefois dépassées dans les moments de presse; mais
alors les apprentis ne prennent point part au travail extraordinaire.
La durée du travail n'est ni plus ni moins longue qu'autrefois.
H n'y a jamais de travail de nuit.
Il y a trois intervalles de repos : une demi-heure le matin , une heure à
midi, et une demi-heure à quatre heures.
Quelques ouvriers prennent leurs repas dans l'atelier.
Il arrive parfois qu'on travaille le dimanche; en général, on ne fait que
trois quarts de journée le lundi.
Les salaires n'ont pas éprouvé de variation.
Les ouvriers gagnent S fr. par jour, et les apprentis 3 fr. par semaine.
Ces derniers sont toujours payés par le chef.
Les apprentis n'ont aucune espèce d'instruction.
On très-petit nombre d'ouvriers savent lire et écrire.
Leur conduite est assez bonne.
11 n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
L'élat sanitaire des ouvriers est assez satisfaisant ; ils ne sont pas souvent
malades. Le chef ne connaît aucune maladie propre à la profession; son
expérience ne lui a rien appris à cet égard.
Il ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres; il soupçonne
cependant qu'il doit y en avoir quelques-uns. .
Les prescriptions relatives au livret sont exécutées.
iaWny Google
906 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PUBLIQUE DE BRUXELLES.
iTAiLittMMT J. — 'Fabrique de machine i et d'appareils.
On y occupe environ cinquante ouvrier» adultes et t'ois enfant!. Cet
derniers ne sont employé» que comme commissionnaires et aide».
Le» ouvrier» «ont occupé* toute l'année ; il» travaillent loua i la journée :
cependant parfois il y en a qnelquea-un» qui travaillent à la pièce.
La journée se compose de douie heures de travail, et commence, en tontes
«aiton», i six heure» du matin, pour finir à huit heure» du soir. En ci»
d'ouvrages preasaul», ou travailleun peu plus longtemps pour faire cinq quarts.
Il arrive quelquefois aussi que l'on travaille la unît : alors huit heures de
travail comptent pour une journée.
Les enfanta ne sont jamais employés au travail de nuit.
Il y a une demi-heure de repos te malin, une heure à midi et une demi-
lieu re à quatre heures.
Le* ouvrier» vont prendre leurs repas au dehors.
Le dimanche, on travaille ordinairement un demï-jour.
Beaucoup d'ouvriers ont l'habitude de chômer le lundi : quelques-un» tra-
vaillent, mai» ne font cependant pas plu» de trois quarts de journée.
Le salaire des onvriers a subi une augmentation de 23 à KO centimes par
jour : cette augmentation de salaire a été déterminée par l'établissement des
ateliers du Renard,
Les ouvriers gagnent maintenant 9 fr. 75 c. par jour.
Les enfant» gagnent de 60 à 7H c. par jour.
L'instruction des enfants est nulle, et celle des ouvriers adultes .à peu près
nulle : un très-petit nombre savent nn peu lire et écrire.
La conduite des ouvriers laisse beaucoup à désirer ; il y a un grand nombre
d'ivrognes.
11 n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
L'état sanitaire e»t assez satisfaisant, et les maladies des ouvriers provien-
nent plus de leur manière de vivre que de toute autre cause. La profession
n'offre d'ailleurs rien d'insalubre.
II n'est jamais arrivé d'accidents graves : tout se borne ordinairement à
quelques légère» blessures.
Le chef ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres; mai» il
sait que leur position n'est guère avantageuse, et qu'il y a chez eux beaucoup
de misère.
Il y a un règlement d'ordre affiché dans l'atelier, mais il est peu observé.
Le dépôt du livret est eiigé, mais le chef déclare que les ouvriers ne se
gênent pas beaucoup, qu'ils quittent l'atelier en abandonnant leurs livrets,
et qu'ils trouvent à se placer ailleurs.
Les ateliers sont vastes et spacieui, et présentent de suffisantes conditions
de salubrité.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSEM. INDUSTRIELS DU BRADANT. 507
ÎTiBLiswrait K. — Fonderie de fer et de cuivre; tirage de tuyaux de, pi omb.
On y occupe vingt-sept ouvrier» , ions adultes.
Le travail continue toute l'année ; cependant il n'y en a pas pour tous les
ouvriers pendant l'hiver.
Les ouvriers mouleurs et ajusteurs travaillent à forfait; tous tes autres
travaillent i la journée.
La journée commence à ail heures et demie du matin , en été, et finit à
huit heures du soir. En hiver, le travail commence avec le jour, et finit à
huit heure* du soir-
Ces limites sont quelquefois dépassées, et parfois même l'on travaille toute
la nuit, lorsqu'il y a de fortes commandes.
La durée du travail n'a subi aucune variation.
Les ouvriers ont une demi-heure de repos le matin, une heure et demie â
midi, et une demi- heure à quatre heures. Pendant l'hiver, il n'y a qu'un senl
intervalle de repos d'une heure et demie, à midi.
Quelques ouvriers prennent leurs repas dans l'atelier ; quelques autres
retournent chex eux.
On travaille quelquefois le dimanche. Le lundi, on travaille généralement
jusqu'à quatre heures de l'après-dinée.
Le salaire des ouvriers n'a ni augmenté nï diminué.
Les ajusteurs gagnent de £ francs à 3 francs par jour.
Les ouvriers employés à la journée gagnent, terme moyen, 1 fr. 80 o. par
jour. Parmi les mouleurs, il en est qui gagnent 40 francs par semaine , mais
ta plupart ne gagnent que de S0 â jUf francs.
L'instruction de* ouvrier* est assez satisfaisante : le chef estime que les
deux tiers environ savent lire et écrire.
Leur conduite est asseï bonne : on ne peut leur reprocher que d'aimer
trop le genièvre : il est de* ouvriers qui payent jusqu'à 2 fr. HO par semaine
pour leur consommation de genièvre.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
L'état sanitaire est assez satisfaisant. La fonte du cuivre seule est malsaine :
chaque fois que l'on fond du cuivre, opération qui dure ordinairement tout
un jour, l'ouvrier qui en a été chargé est incapable de travailler le lendemain.
Il n'est jamais arrivé aucun accident dans cet établissement,
11 n'y a qu'un seul ouvrier inscrit sur la liste des pauvres ; c'est un vieillard.
tl n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline, mais les prescriptions
relative» au livret sont exécutées.
L'atelier des mouleurs est bas, sombre et humide; il manque
d'air, de lumière et de moyens de ventilation.
Celui où se fait la fonle du cuivre est beaucoup trop petit et
^y Google
SOS CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
■ défectueux sous tous les rapporte ; les ouvriers qui y travaillent
ne peuvent manquer de devenir malades puisqu'ils s'y trouvent
exposes à l'influence de vapeurs métalliques, auxquelles on n'a pas
songé à donner des issues convenables.
itiEiissBmwT L. — Fondtriê de fer et de cuivre.
Le moteur est une machine à vapeur de la force de douze chevaux.
Le nombre de* ouvrier! varie selon l'importance des commande* que reçoit
rétablissement. Ce nombre n'est cependant jamais au-dessous de soixante,
ni au-dessus de cent.
Il y a en outre cinq apprentis âgés de douie ans environ.
Les ouvriers sont occupés toute l'année ; une partie travaille i la journée,
et une autre partie à la pièce.
La journée commencé, en été, â sii heure* du matin, et finit à sept heure*
do soir ; en hiver, elle commence a sept heures. dn matin, et finit à huit
heures du soir.
On travaille rarement la nuit; cela n'a jamais lieu que dans les moments
de presse. Les apprentis ne sont jamais assujettis & aucun travail extraordi-
naire.
La durée du travail n'est ni plus ni moins longue qu'autrefois.
Les ouvriers ont trois intervalles de repos pendant le travail de jour,
savoir : vingt minutes le matin, une heure à midi, et vingt minutes a quatre
heures.
Ils vont prendre leurs repas au dehors.
Ou travaille quelquefois le dimanche.
On ne chôme pas le lundi, parce que le chômage n'est pas permis.
Le salaire des ouvriers est resté i peu prés le même; il y a plutôt une
légère baisse depuis quelque temps.
Le salaire des ouvriers varie selon leurs spécialités respectives : ainsi, il en
est, et c'est le plus grand nombre, qui ne gagnent que 1 fr. KO c. ou S£ fr. par
jour, tandis qu'il en est d'autres qui gagnent jusqu'à i fr. KO c. par jour.
Les apprentis gagnent de 1 à 3 franc* par semaine. Ils sont toujours
payés par le chef.
L'instruction des ouvriers est assez benne.
Il en est de même de leur conduite : on peut dire qu'en général il* se
conduisent bien, et le chef rapporte ce résultat a la sévérité du règlement
auquel ils sont soumis.
L'établissement possède une caisse de secours. Les ouvriers blessés pen-
dant le travail reçoivent une indemnité de 8 francs par semaine.
Les ouvriers jouissent d'une bonne santé; ils sont généralement forts et
robuste*; ils sont exposés i de fréquentes blessures. La fonte du cuivre
seule est dangereuse.
Il y a eu plusieurs accidents à déplorer, presque toujours dus a l'impru-
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ËTABLISSEM. LNDUSTR1ELS DU BRABANT. 509
dence de* ouvrier» : ce* accident* sont de* blessures aux main*, de* doigts
emporté* et un homme éborgné.
(Quelque* ouvrier* sont inscrit* sur la liste de* pauvres ; on ne peut
attribuer leur état d'indigence qu'aux chargea d'une nombreuse famille. En
général, les ouvrier* de l'établissement ne sont pas dans le besoin; il* se
nourrissent bien et vivent asseï à leur aise.
Il y a un règlement d'ordre qui est strictement exécuté.
On fait aussi déposer le livret ; mais on ne tient qne faiblement la main à
l'exécution de cette mesure.
L'établissement a formé une compagnie de pompier* composée de vingt-
quatre ouvrier* chois» que l'on exerce tous le* samedis au maniement de la
Nous regrettons de ne pouvoir donner plu* de détails sur les caisses
d'amendes et de secours, et sur l'organisation de la compagnie de pompier* :
le* renseignements qui précèdent ne nous ont même pas été donné* avec
beaucoup de bonne volonté.
Érsaui*mi<T M. — Fondent de fer, d» cuivre et de broute.
On n'y occupe actuellement que six ouvriers adulte* : quelquefois le
nombre de ce* ouvriers s'élève à dix- huit.
Il a y trois apprentis de l'âge de treize à seize ans. On n'en admet pas au-
dessous de Fâge de douze ans. Il* sont engagé* par le chef, et leur occupation
*e borne à dégrossir et à nettoyer les pièce*.
Le* ouvriers sont occupé* toute l'armée, et ils travaillent tous à la journée.
En été, la journée commence à six heures et demie du matin, et finit à huit
heures (tu soir. En hiver, elle commence à sept heures du matin, et finit
à huit heure* du soir.
Ce* limites ne sont jamais dépassées.
La durée du travail n'a ni augmenté ni diminué.
Il y a un quart d'heure de repos le matin, uue heure et demie à midi, et un
quart d'heure à quatre heures.
Le déjeuner et le goûter se font dans ['atelier, et le dîner au dehors.
On travaille quelquefois le dimanche.
Le lundi, les ouvriers ne font, en général, que trois quarts de journée ;
quelques-uns même chôment complètement.
Le salaire des ouvriers a subi une légère diminution.
Les bous ouvriers gagnent de 2 à 3 fr. 80 c. par jour.
Les apprentis commencent par gagner 50 centimes par semaine : leur
salaire est porté successivement à 3, 4 et 3 fr. par semaine, & mesure qu'if»
avancent en âge et qu'ils deviennent plus habiles. Ils sent toujours payé* par
le chef.
Sur les trois apprentis, il y en a us qui «ait lire et écrire.
Sur le* six ouvriers adultes, qnatre savent lire et écrire.
La conduite de* apprenti* et des ouvriers est ânes bonne.
H n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
35.
^y Google
510 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
L'état sanitaireest satisfaisant :lecbef déclare cependant que la foule de cer-
tain» cuivre* eit nui«ible,et qu'elle occasionne de* ma m de tête, des frisson»
et des nausées. Il prétend que le mélange du zinc au cuivre communique à
la fonte des propriétés plus nuisibles. Cette observation a été faite par plu-
sieurs fondeur».
On n'a jamais eu à déplorer aucun accident.
Un seul ouvrier est inscrit sur' la liste des pauvres ; c'est un vieillard
gagnant 1 fr, 23 c. par jour.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
Les prescriptions relative» au livret sont exécutées.
L'atelier est vaste et spacieux, mais le» moyen» de ventilation sont insnftV
eauis et il n'y a pas de manteajix pour recueillir les vapeurs métalliques.
in aussi* sut N. — Cloutent, atelier àt mécanicien.
On y occupe dix ouvriers adultes : on n'emploie pas d'enfants.
Les ouvriers sont occupés toute l'année, et tous travaillent à la journée.
En toute» taisons, la journée commence à six heures du matin, et finit à
sept heures du soir.
Il est rare que ces limites soient dépassées, et l'on ne travaille jamais la
Le» ouvriers ont une heure de repos pendant le travail de jour.
Ils retournent chez eux pour dîner : les autres repas se font dans l'atelier.
On ne travaille que rarement le dimanche, et, le lundi, on ne travaille
que jusqu'à quatre heures de l'après-dinée.
Le salaire des ouvriers a beaucoup diminué : le chef estime que la dimi-
nution s'élève à un quart environ.
Le prix moyen de la journée de travail est de 1 fr. HO pour la plupart des
ouvrier» : quelques uns seulement gagnent 3 et 4 fr. par jour.
L'instruction des ouvriers laisse beaucoup à désirer : la plupart ne savent
ni lire ni écrire.
En général, leur conduite est bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le» malade».
L'état sanitaire des ouvrier» est satisfaisant ; ils sont rarement malades et
n'ont rien à souffrir de la profession.
Quelques ouvriers a la clouterie avaient, lors de notre première
vistte, un travail assex fatigant, étant obligés, toute la journée, de
maintenir la machine en mouvement à l'aide d'une manivelle ; mais
cet inconvénient a disparu pur l'établissement d'une machine à
vapeur de la force de quatre chevaux, qui exécute maintenant les
travaux les plus fatigants.
Depuis l'établissement de la machine à vapeur, on occupe deux ouvriers
de moins a la clouterie.
*by Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTARIJSSKM. INDUSTRIELS DU BRABANT. Sil
II n'était jamais arrivé d'occident sérieux, lorsque dans te cou-
rant du mois d'octobre 1843, le bruit se répandit qu'un Ouvrier
avait été tué par l'explosion d'une chaudière a Vapeur. Nous fîmes
donc une seconde visite et nous apprîmes, en effet, que, depuis
notre première inspection, on avait établi une machine à vapeur,
mais qu'il n'y avait eu aucune explosion. La mort d'un ouvrier,
arrivée trois jours auparavant, était le résultat d'une chute de huit
à dix pieds de hauteur, par suite du bris dune pièce de bois sur
laquelle l'ouvrier était monté ; dans sa chute, il porta de la tète sur
une pièce de fer, et mourut presque aussitôt.
Lo chef ne pense pas qu'il y ait des ouvriers inscrits sur la liste îles pau-
vres : cependant il y a loin d'y avoir de l'aisance chei eut ; leurs habitations
sou t, en général, insalubres et trop étroites j leur nouuiture est mauvaise et
se compose presque exclusivement de pain, de graisse, de pommes de terre,
de café faible et quelquefois de eharculerie.
Nous avons visité la demeure d'un des ouvriers : c'était un mau-
vais réduit de quelques pieds carrés où l'on pouvait à peine se
retourner, humide, bas d'étage et manquant d'air; ce réduit
annonçait là misère ; deux ou trois enfants en bas Age s'y trouvaient
seuls, et le plus jeune, encore au berceau, pleurait amèrement : la
mère était absente et probablement assez éloignée de chez elle,
puisqu'elle né nous a vus ni entrer ni sortir.
L'établissement If n'a pas de règlement d'ordre ou de discipline, Les pres-
criptions relatives au livret «ont exécutées.
Les ateliers sont ssseï spacieux, et nous semblent présenter de suffisantes
conditions de salubrité.
■MMlssspmt 0. — Fonderie de brunie.
On y occupe dix ouvriers adultes cl deux apprentis Agés de quatorze à
seize ans.
Les apprentis sont engagés par le chef : on les emploie à nettoyer les
pièces et comme aides aux ouvriers.
Les ouvriers et les apprentis travaillent a la journée.
La journée commence, en été, à six heures et demie du matin, et finit à
huit heures du soir. En hiver, le travail commence avec le jour, et finit à
huit heures du soir.
Ces limites sont quelquefois dépassées : ainsi, quand il y a dés pièces qui
doivent être terminées, on travaille jusqu'à dix heures du soir ou jusqu'à
minuit, et quelquefois même toute la nuit.
. Les apprentis ne prennent jamais part au travail extraordinaire.
DglizedOy GOOgle
SIS CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
La durée du travail n'est ni plus ni moins longue que jadis.
Le» ouvriers ont trois intervalles de repos : un quart d'heure le matin, une
heure et demie à midi et ua quart d'beure à quatre heures- H n'y a pat de
repos pendant le travail de nuit : deui heures de travail équivalent alors à
un quart de journée.
Les ouvriers dinent chei eux : le déjeuner elle goûter se font dans l'atelier.
On travaillequelquefois le dimanche. Le lundi, on ne fait ordinairement
que trois quarts de journée.
Le salaire de* ouvriers a diminué dans la proportion d'un quart environ.
Les ouvrier* gagnent actuellement 5 fr. par jour.
Les apprentis gagnent de 1 * 4 IV. par semaine.
Ci-devant, les apprentis fréquentaient le* école* et l'académie de dessin :
le* apprentis maintenant ne fréquentent pas d'école et ne savent ni lire ni
Très-peu d'ouvrier* ont quelque instruction : les vieux surtout «ont dans
l'ignorance la prus complète.
lia conduite des ouvriers est bonne. -
H n'y a pas de caisse d'épargne ou de fond* de réserve pour le» malades .
L'étal sanitaire est satisfaisant : le chef déclare cependant que les vapeurs
du cuivre influent défavorablement sur le* organe* de la respiration.
Il ignore s'il y a de* ouvriers in scriu sur la liste de» pauvres : la plupart
sont marié* et ont de* enfant* i il y a de La misère chez eux.
Le dépôt du livret est exigé: la mesure du livret est bonne; mais malheu-
reusement quelques chefs d'industrie donnent des signature* de comptai
Les ateliers sont mal disposés et laissent beaucoup à désirer sous le rap-
port de leur» conditions de salubrité.
■TitLisseaui P. — Fondent de carattim.
On y occupe soixante ouvrier». Sur ce nombre il y a environ un cinquième
d'enfants au-dessous de Tige de douze an». Il y a mime des enfants de six »
sept ans. Il y a aussi un cinquième environ de femmes et de filles.
On occupe le» enfants a de* travaux trop insignifiant* pour le* confiera
des adulte* : on prend auui le* enfant» pour en former de* ouvrier*.
Les ouvrier* «ont occupe* toute l'année.
Les un» travaillent à la journée et les antre* à forfait.
En été, la journée commence i six heure* du matin, et finit à huit heures
du soir. Eu hiver, elle commence à sept heures et demie, et finit à huit heure*
duaoir.
Ces limite* ne sont dépassées que dans les moments de presse ; alors le
travail continue jusqu'à dix ou onze heures du soir.
Le* enfant* doivent prendre part au travail estrasttUnaire.
La durée du travail n'est ni plu* ni moin* longue qu'autrefois.
On ne travaille jamais toute unenuil.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRUANT. 513
Il y a une demi-heure de repos le matin, une heure et demie a midi et une
demi-heure ('après -dînée.
Le déjeuner et le goûter se font dan* l'atelier, et le dîner au dehors;
cependant quelques ouvriers dont le domicile est très-éloignâ, apportent leur
nourriture et dînent alors dans l'atelier.
On ne travaille le dimanche que dans les moments de presse.
Le chômage du lundi n'est pas permis; mail les ouvriers travaillent alors
d'une manière continue depuis le matin jusqu'à trois heures de ['après- dînée.
Ils vont alors dîner et ne reviennent plus.
Le* bons ouvriers fondeur* gagnent de 4 à S francs par jour.
Les femmes gagnent ordinairement 1 ir. 7S c- par jour.
Les enfants des deux sexes gagnent de 2 à 3 francs par semaine.
Ces derniers sont payés toutes les semaines par le chef.
L'instruction des enfants est nulle : ils ne fréquentent, aucune école.
La plupart des fondeurs ne savent ni lire ni écrire : cependant ils finis-
sent par connaître les caractères qu'ils fondent.
La conduite des uns et des autres est, en général, bonne.
L'état sanitaire des ouvriers se ressent de l'insalubrité de la pro-
fession. La plupart des ouvriers ont le teint hâve, la peati décolorée;
ils sont généralement maigres et sujets à des tics, à des mouvements
automatiques qui résultent des secousses qu'ils sont obligés d'im-
primer aux moules pour répartir également la matière en fusion.
Ils sont souvent pris de coliques métalliques, mais ces coliques ne
sont que passagères et cèdent facilement a un mélange, à parties
égales, d'huile d'olive et à'ahsinthe, qu'ils prennent à la dose d'une
once et demie. Les émanations métalliques au milieu desquelles ils
travaillent constamment, exercent une influence si défavorable sur
leur santé, qu'on peut dire, en général, que les fondeurs en carac-
tères, employés d'une manière continue, ne dépassent jamais les
soixante ans, et que même ils arrivent rarement à cet âge.
S'ils se livrent à la débauche ou à des excès de boisson, ils meu-
rent généralement dans un âge peu avancé.
II n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
Il y a cinq ans, il existait une association de secours mutuels : chaque
ouvrier versait à la caisse 1 franc par mois ; mais l'association a élé dissoute
par le départ précipité de plusieurs des associés.
Aujourd'hui, lorsqu'un ouvrier devient malade, les autres se cotisent à rai-
son de BO centimes par mois.
Sans être positivement pauvres, les ouvriers ne jouissent cependant d'au-
cune aisance , parce qu'ils sont imprévoyants et ne connaissent pas' ce que
c'est de faire des économies ou de placer de l'argent.
^y Google
SU CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
' L'atelier est vaste; il y règne une température constante de 38 a 28* cen-
tigrade». En raison de la spécial ilf; du travail, des émanations dangereuses
qui en résultent, on pourrait désirer encore plus d'étendue à l'atelier. et de
bons moyens de ventilation.
' iriUitsniftt Q- — Revicificatian du plomb et atelier de $errurerie.
On n'y occupe que quatre ouvriers adultes, dont trois sont employés» la
revivificalion du plomb.
Ces derniers ne sont occupés que pendant ail on sept mois de l'innée.
Les ouvriers travaillent à la journée.
La journée commence à six heures dn matin, et finit a six heures du soir.
Ces limites ne sont jamais dépassées.
Il y a une heure de repos a. midi."
Les repas se prennent dans l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Les ouvriers gagnent 1 fr. 86 c. par jour.
Leur instruction est tout à fait nulle.
Le chef prétend que la revivificalion du plomb n'exerce aucune
influence fâcheuse sur la santé,. et que plusieurs ouvriers ont tra-
vaillé chez lui trois et quatre ans, sans avoir jamais été indisposes.
Nous ne pouvons regarder cette assertion comme vraie , d'adord
parce que plusieurs habitants de la commune nous ont déclaré que
les ouvriers qui allaient travailler la, étaient obligés de quitter
l'atelier au bout de peu de mois, et que la plupart mouraient d'une
maladie de langueur ; ensuile parce que les deux ouvriers que
nous avons vus nous oui offert des symptômes d'une cachexie
profonde et qu'il est d'ailleurs impossible qu'un travail aussi insa-
lubre ne détruise pas la santé, surtout lorsqu'il a lieu, comme ici,
dans les circonstances les plus défavorables pour l'ouvrier. En
effet, l'atelier où se fait la revivificalion est un mauvais hangar,
n'ayant que 2 mètres. 20 c. de hauteur , S mètres de largeur
et 5 mètres environ de longueur, et n'offrant pour tous moyens
d'aérage et de ventilation qu'une -seule ouverture, celle de la porte
d'entrée, mesurant 1 mètre 65 c. de hauteur sur 0 mètre 72 cen-
timètres de largeur.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE*. INDUSTRIELS DU BRABANT. 51 S
f.-
On y occupe ordinairement de quarante à cinquante ouvriers adultes et
huit. ou dix apprentis de lage <ledii à dix-buit an».
Le» ouvriers y trouvent du travail toute l'année.
Tout le» ouvriers sont occupés à la journée.
Les apprentis sont engagés par le chef : leur occupation consiste à scier
de* petits morceau* de marbre, à polir et à faire de la grosse sculpture.
En été , la journée commence à cinq heures et demie du matin, et finit à
sept heures du soir. En hiver, elle ne commence qu'à Luit heures du malin,
et finit à sept heures du soir.
Ces limites sont quelquefois dépassées d'une couple d'heures. Dans ce cas,
les apprentis ne prennent point part au travail extraordinaire.
' Eu général, la durée du travail est plut longue qu'il y a quelque» années :
autrefois on ne faisait que quatre quarts, tandis que maintenant on en (ait
régulièrement cinq.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
Il y a une demi-heure de repos le matin , une heure à midi , et une demi-
heure l'après-dinée.
Le» ouvrier» vont prendre leurs repas au dehors.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Le salaire de» ouvriers a augmenté d'un cinquième environ. Les ouvriers
tailleurs de pierre gagnent i'i centimes par quart : comme leur journée se
compose de ciuq quarts, ils gagnent donc '•! fr. 2S c. par jour.
Les ouvriers marbriers gagnent 72 centimes par quart,' donc pour les
cinq qu'arts composant leur journée 3 fr. ttO c.
Les ouvriers marbriers sculpteurs gagnent de 90 centimes à 1 franc par
quart, soit donc de 4 fr. 50 c. à il francs par jour.
Le» apprenti» gagnent 65 centimes par jour.
Cet dernier» sont toujours payés par le chrf.
Tout le» apprentis savent lire et écrire : plusieurs même fréquentent l'aca-
démie de dessin, ce à quoi le chef les encourage en le» laissant partir une
demi-heure plus l6l que les autres.
La moitié environ des ouvriers adultes sait lire et écrire : c'est surtout
parmi les bons ouvriers que l'instruction est le plus avancée.
La conduite des ouvriers et des apprentis est bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades. L'état
sanitaire est du reste satisfaisant: il y a rarement des malades, et il n'est pa»
à la connaissance du chef que la profession eipose à quelque maladie : seu
lement il déclare que les tailleurs de pierre se courbent de bonne heure.
xibV Google
516 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Il n'est jamais arrivé d'accidents grave» : tout s'est borné jusqu'à ce jour
à quelques contusion* et à quelques doigts plus ou moins écrasés.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvres : la plupart sont des
habitants de la campagne.
Il n'y a pas de règlement d'ordre on de discipline.
Les ouvriers sont astreints à faire le dépôt de leur livret.
Les ateliers sont vastes et salubre
quelques apprentis travaillaient dans une cave froide.
s remarque, a regret, que
ÉTKLIB5EMBBI A.
On n'y occupe qu'un seul ouvrier adulte qui exerce la profession depuis un
grand nombre d'années.
t] est employé en même temps aux divers travaux de la maison , et gagne
3 fr. 90 c. par jour.
Cet homme est robuste, et nous a offert toutes les apparences de la santé
la pin* florissante ; il n'a jamais été atteint du tremblement mercuriel.
Cet Accident est fréquent, nous a-l-il dit, dans certains ateliers
de Paris. Il etl des ouvriers qui, au bout de deux ou trois ans de
pratique, sont pris du tremblement, et doivent bientôt abandonner
la profession. Le tremblement arrive d'autant plus vite et plus sûre-
ment, que les ouvriers négligent plus les soins de propreté, et s'adon-
nent à la boisson, particulièrement à celle des liqueurs alcooliques.
Les ouvriers propres, sobres et menant une vie régulière, peuvent
étamer pendant de longues années, sans ressentir la moindre
influence du mercure, tandis que ceux qui vivent dans ta débauche
sont bientôt des hommes perdus.
Les ouvriers chargés de la distillation des cendres pour en
extraire le mercure, sont plus spécialement sujets au tremblement ;
cette opération demande a être conduite avec prudence , et à être
exécutée avec des appareils bien montés.
L'atelier pourrait avoir un aérage mienx enutnda; l'habitude contractée
d'y briller du obarbou de bois pour sécher la flanelle ou l'étoffe de laine à
l'aide de laquelle on frotte les filaces, etl pernicieuse , et ne peat qu'altérer
la compétition de fair.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTÀBUSSEM. INDUSTRIELS BU BRABÀNT. 547
iTULISSialltT B.
Il n'y a pas d'ouvriers é ta meurs.
Le chef étame toujours lui-même ; il y a vingt-cinq ans qu'il fait
ce métier, et jamais il n'a éprouvé le moindre inconvénient.
Il attribue ce résultat aux précautions qu'il a toujours prises, pré-
cautions consistant surtout dans de très-grands soins de propreté,
et dans l'adoption d'un bon système d'aérage. Nous avons, en
effet, remarqué que des courants d'air sont établis de bas en haut
tout autour de la table de marbre sur laquelle se fait rétamage.
Le chef signale aussi la distillation des cendres comme une opéra-
tion des plus nuisibles, et donne, sur l'insalubrité de la profession,
des explications en tout conformes a celles que nous avons obtenues
de l'ouvrier employé dans l'établissement. A.
ttisiMiaaNi A.
Ou y occupe cinq ouvrier* adultes, et trente à trente-quatre enfants de
Tige de »*pt à qualone an».
Le travail continue toute l'année «ans interruption.
Les enfanta sont engagé» par le chef d'industrie et par le chef d'atelier.
On In* occupe à coudre, a aatembler, à plier et à coller.
On te procure, en général, difficilement, les enfanta dont on a besoin.
Les ouvriers adulte» et la plupart des enfant* travaillent à la journée; les
plieurt seul* travaillent à la tache.
Enété, la journée commence à sii heures et demie du malin, et finit à aept
heures du soir. Kn hiver, elle ne commence qu'à aept heures du malin, et se
prolonge jusqu'à neuf heures do soir.
Ce» limites sont assez fréquemment dépassées d'une heure et demie, c'est-
à-dire que le travail eontiooe jusqu'à dix heure* et demie dn soir. Tous les
enfant* prennent part i ce travail extraordinaire.
Il v a une heure et demie de repos à midi : le» ouvriers vont dîner chez
eux ; il» font leur déjeuner et leur goûter tout en travaillant.
Le dimanche, on travaille souvent jusqu'à midi.
Le lundi, on travaille jusqu'à midi, et l'on chôme toute l'aprèe-dînée.
Le» salaire* varient selon l'habileté des ouvriers et la nature de leura tra-
^y Google
318 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXKLLES.
vaux: le* meilleurs ouvriers gagnent 3 fr. par jour; leaplieurt environ 1 fr.,
et lei enfant» gagnent de 1 fr. SO c. à 2 fr. par semaine.
lia «ont toujours payé» par le chef.
Très-peu d'enfant* aaveat lire et écrire.
Sur les cinq ouvriers adultes, il y en a trois qui savent lire et écrire.
Il' n'y a ni caisse d'épargne, ni fonda de réserve pour lea malades.
L'état sanitaire est très-satisfaisant; il est rare qu'on ail à constater des
maladie! parmi les jeunes ouvrier».
La conduite des ouvriers, en général, est asseï bonne.
Les parents d'un grand nombre de jeunes ouvriers sont inscrits sur la
liate des pauvres.
It n'y a pas dérèglement d'ordre ou de discipline; mais le dépôt du. livret
est obligatoire.
Cette industrie n'a rien d'insalubre en elle-même; mais elle peut nuire au
développement physique des enfant» , parce qu'elle le» astreint à un travail
sédentaire, dont ta durée, d'ailleurs, est beaucoup trop longue pour les plus
jeunes d'entre eux.
BTlItlSSEMEHT B.
On y occupe en tout vingt ouvrier»; sur ce nombre, il y a douxe ou
quatorze enfant», de l'âge de sept à quatorze ans.
Ce» enfants sont engagés par le chef, qui se les procure facilement : on le*
emploie à plier et à coudre, ouvrage peu fatigant , à la vérité , mai» qui le»
contraint à une inaction nuisible à leur développement physique.
Tous les ouvriers travaillent à la journée. La journée »e compose toujours
de dix heures de travail.
H y a un repos d'une heure et demie à midi, et d'une demi-heure à quatre
Dans les moment» de preste, on travaille doute heute» par jour.
Il n'y a jamais de travail de nuit-
On ne travaille jamais non plu» le dimanche.
Le lundi, on ne travaille que jusqu'à midi.
Les ouvrier» retourneot chex eux pour le dîner.
Le salaire de» ouvrier» n'a aubi aucuoe variation.
Les ouvrier» adultes gagnent de 3 fr. à 3 fr. 00 c. par jour.
Le* plus jeunes enfants gagnent de 30 à 7B centime* par jour, et les plu»
âgés, de 1 fr. à 1 fr. S0 c.
Le» jeunes ouvriers sont toujours payé* par le chef.
L'instruction des ouvriers, jeune» et adulte», est, en général, très-bornée ;
très-peu savent lire et écrire.
Leur conduite est bonne. Il en est de même de leur santé, qui n'a rien à
souffrir de la profession.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le* malade».
Le chef ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvre*; mats
^y Google
ENQUÊTE DANSI.ES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS BU BRADANT. M 9
il pense que le» parent» li'aa usez bon nombre de jeune* ouvrier* doivcut
-y âlre^ inscrit*.
Il n'y a pa* dérèglement d'ordre ou de discipline.
L'atelier est au premier élage; il est vaste et salubre.
Od D'y occupe que trois ouvriers âgé* de setie à vingt-deux ans.
Ces ouvriers sont occupe* toute l'année ; ils travaillent à la journée.
En été , la journée commence » six heure* et demie du malin , et finit à
liait heure» du soir. En hiver, elle ne commence qu'à sept heures du matin,
et finit à huit heure* du soir.
Le travail n'est pas fatigant; il est facile, agréable, et -nécessite des post-
lion* variée*.
On ne dépasse jamai* les limite* que nous venons de mentionner; il n'j a
non plus jamais de travail de nuit.
Le* ouvriers ont une heure de repos à midi ;. il* retournent alors chez
eux pour dîner. Le déjeuner et le goûter se font dan* l'atelier.
Le prix de la journée de travail est de 1 fr. 50 0. par jour.
Les ouvriers savent lire et écrire.
Aucun n'est inscrit sur la liste de* pauvres.
On n'a pas à se plaindre de la conduite de* ouvrier* ; elle est, en général,
On ne travaille pa* le dimanche; le lundi , on ne fait ordinairement que
trois quarts.
Le* ouvriers nous ont paru bien portants ; la profession n'a rien de nuisible.
Les ateliers sont au troisième étage; ils sont propres et bien aéré*.
tTISLISS EMEUT A.
Celte fabrique n'occupe que cinq. ou «il. enfants, de l'Age de huit à douie
Le travail ne continue pa* toute l'année ; la vente décide du travail et du
chômage ;mais, en général, il n'y a guère de l'ouvrage que. pour aix mois environ.
Le* enfants travaillent a forfait; le chef «e le* procure très- facilement.
Leur ouvrage consiste à placer les petites allumettes dans des
cadres ; cet ouvrage n'est nullement fatigant; il se fait debout ou
assis. Une jeune fille dedouze ans est chargée de metlre les allumettes
DglizedOy GOOgle
520 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
préparées dans le* bottes , opération qui l'expose i se brûler, par
l'inflammation, toujours très-facile, de ces allumettes. L'opération
la plus dangereuse est la préparation du mélange dont on enduit
le bout des allumettes; vient ensuite celle de la trempe des allu-
mettes dans le mélange ; ces deux opérations sont toujours faite»
par le chef.
En été, le* enfant» commencent le travail à six heures du matin, et ne le
cessent qu'à huit heures du soir. En hiver, la journée commence à sept
heures du malin, et finit à sept heures du soir.
Il y a une demi-heure de repos le matin , une heure à midi, et une demi
heure i quatre heures.
Les entants retournent chez eux pour prendre leara repas.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Les jeunes ouvriers gagnent environ 3- fr. par semaine.
Aucun ne sait lire ou écrire, et aucun ne fréquente une école.
Cette fabrique est détestable; les enfant* y travaillent dan» un mauvais
hangar, froid, humide, malpropre, ouvert à tous vent* , car les fenêtres, en
face desquelles ces malheureux petits être* accomplissent leur rude tache,
se font remarquer par l'absence d'un bon nombre de carreaux.
itiitissBasBt fi.
On y occupe soixante ouvriers : snr ce nombre il y a sept hommes adulte*,
treize garçons de l'âge de neuf à treixe ans, et quarante jeunes filles ayant
presque toutes de quatorze à vingt ans : cinq jeune» fille* seulement ne sont
âgée» que de neuf à treize an».
Les ouvrier* ont de l'ouvrage tonte l'année.
Presque touS travaillent à forfait : le* hommes seuls travaillent à la
journée ; ce* derniers ne font que couper le bois.
Les jeunes ouvriers sont engagé» par le chef qui se les procure quelquefois
difficilement: leur occupation est peu ou point fatigante, et consiste a arranger
les allumette* dans les cadres ou presses : cet ouvrage se fait astis.
En été, le travail commence a six heures du malin, et finit à six heure»
du soir. En hiver, il ne commence qu'à sept heures du matin, pour finir à
huit heure» du soir.
Ces limites ne sont jamais dépassée».
Ordinairement il n'y a qu'un seul intervalle de repos pendant le travail :
il est d'une heure, et a lieu a midi. En hiver, on accorde une deati-beare de
repos i quatre heures.
Le» ouvriers retournent efaex eux pour dîner.
Quelques ouvriers travaillent le dimanche. On ne chôme jamais le lundi.
Le* hommes adulte* gagnent, fr. t 50 par jour.
Le* femme» — 0 79
Le* enfants — 0 50
^y Google
ENQUÈTGDAieLGSÉTiBUSSEU.INDUSTRIELSDUBRABANT. 3Sf
L'instruction de» enfanta est tout à fait nulle.
Il en est de mémo de celle des ouvriers adultes.
Les garçon* et le» filles travaillent dan» le* mêmes ateliers.
Le* homme» adultes travaillent dans des ateliers distinct».
La conduite de» ouvrier» de» deux seies, jeunes et adulte», est générale'
ment bonne.
H n'y a pa» de caisse d'épargne ou de fonda de réserve pour le» malade».
L'état sanitaire e»t assez satisfaisant : la profession n'a rien d'insalubre, et
les maladies que présentent quelquefois certain» ouvriers provieune»l plutôt
de leur mauvaise nourriture et de l'ineajubrité de leur» habitation» que de
la nature de leur travail.
Il y a trois ans une explosion a eu lieu dans cet établissement , et un
ouvrier a été grièvement blessé à la main.
Vingt dem ouvrier» aont inscrits sur la liste des pauvres.
Il y a un règlement d'ordre et de discipline, dont copie a été envoyée à
l'administration communale.
Cette fabrique eit bien tenue et il y règne beaucoup d'ordre.
Le chef tient un registre où se trouvent inscrits avec soin des
renseignements très-utiles, tels que le gain journalier des ouvriers,
leur degré d'instruction , leur conduite, leur âge, leur domicile,
s'ils sont ou non inscrits sur la liste des pauvres, etc. Nous n'avons
rencontré nulle part un registre aussi bien tenu et avec autant de
développement. Il serait à désirer que chaque chef d'industrie éta-
blît un semblable registre ; ce serait le moyen d'arriver à des
données plus certaines sur les condition» physiques, morale* et
intellectuelles de la classe ouvrière.
Les locaux sont un peu petits et trop bas, retatrveo»»» au
nombre d'ouvriers qui y travaillent. Pour prévenir les accidents,
il serait bon que l'atelier où se font la préparation de la pâte et la
trempe des allumettes fut isolé et placé à une certaine distance
des autres ateliers.
• *V«w e««YawfM*t.
tTAH-ISSEIINf A.
Une pièce au rez-de-chaussée compose l'atelier ; c'est un mau-
vais chenil, sale, infect, où la poussière et les ordures de toutes
^y Google
à
332 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE L^ BRUXELLES,
espèces sont en excès. Un mauvais fourneau et une marmite en fer
sont les instruments qui servent aux opérations du raffinage.
Un nnfant de dix à douze ans , pâle , blême et étiolé , travaille ,
pour quelques sous, du malin au soir dans le chenil précité, où
l'air et la lumière font également défaut.
On ne peut que gémir sur te sort du petit malheureux con-
damné à vivre dans une atmosphère, aussi nuisible, car sa santé et
sa constitution ne peuvent qu'en recevoir de fâcheuses atteintes.
Nous le répétons , on ne saurait rien imaginer de plus sale , de
plus misérable et de plus dégoûtant que l'atelier de ce laveur de
cendres d'or et d'argent.
■TtSUMtailIT A.
Il y a une preste mécanique, dont le moteur est Une machine à vapeur de
la force de quatre chevaux.
On y occupe de soixante el dix à quatre- vingts ouvriers, et six enfants de
l'Âge de douze i quinze ans.
Le» enfants sont engagés par le chef ; leur occupation consiste à poser et
à ô 1er les feuilles à la presse mécanique.
On travaille toute l'année sans interruption.
La plupart de* ouvriers travaillent a forfait; les mécaniciens sont employés
à la journée.
Eu été, la journée commence à six heures du malin, et finit à iîi heure*
du soir. En hiver, le travail commence avec le jour, et finit à sept heures du
«.ir (11.
Ces limites sont quelquefois dépassées ; cependant il est rare que l'on tra-
vaille pendant la nuit. Les jeunes ouvriers prennent part au travail extra-
ordinaire.
Il y a deux intervalles île repos par jour : le premier de midi à une heure
et demie, et le second de quatre heures à quatre heures et demie.
Fresque tous les ouvriers retournent dîner chez eux j deux ou trois seule-
ment dînent dans l'atelier.
(1) La règlement port« ; ■ Les ateliers toron t ouverts , depuis le I" avril jusqu'au
30 septembre, de 6 heures du matin a 8 heures du soir; et depuii le I1' octobre
jui<|u>u I " avril, de 7 heures du matin à 8 heures du toir. •
ïonzodur Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRABANT. 525
On ne travaille jamais le dimanche, et, le lundi, on ne travaille que jusqu'à
quatre heures de l'aprèa-dînée.
Le salaire des ouvriers n'a subi aucune variation.
Les presniers gagnent de 3 a 4 fr. par jour.
Les compositeurs sont payéa à raison de 30 centimes par heure, ce qui
équivaut à ud salaire de 3 fr. par jour.
Le» metteurs en page gagnent de S a 6 fr. par jour.
Le conducteur de la' mécanique gagne S fr. par jour.
Les jeunes ouvriers gagnent de 50 centimes à 1 fr. par jour.
Tous les ouvriers, jeunes et adultes, «avent lire et écrire.
Leur conduite est assex bonne ; ils sont infiniment moins débauchés qu'au-
L'établissement possède une caisse qui est alimentée par les amendes stipu-
lées dans le règlement; cette caisse est destinée a soulager les ouvriers,
blessés ou malades (t).
La plupart des ouvriers font partie de la société formée par les typo-
graphes, société qui possède un encaisse assez considérable.
L'état sanitaire des ouvriers est satisfaisant ; Ils sont rarement malades.
Le chef, sans assurer cependant que ce résultat puisse être attribué à la
profession, a remarqué qu'un grand nombre de compositeurs devenaient
phthisiques ; mais ce que la profession produit, ce sont des tics nerveux ,
qui font faire aux compositeurs les grimaces tes plus singulières.
Il n'est jamais arrivé d'accident dans celle imprimerie.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvres.
Pour être admis dans les ateliers, il faut être porteur d'une carte ou d'un
livret (art. I™ du règlement).
L'établissement est dépourvu d'une pompe à incendie.
■•es ateliers sont spacieux, bien tenus, et offrent de suffisante* conditions
de salubrité.
ITtlLISSUtST B.
On ; occupe vingt ouvriers ; sur ce nombre, il va trois ou quatre apprentis
de neuf à douie ans, qui sont directement engagés par le chef et que l'on
occupe à coudre, à plier et à trier les caractères.
Le travail continue toute Tannée sans interruption.
Tous les ouvriers travaillent à la journée ; mais afin de les empêcher, de
dépenser leur argent le dimanche et te lundi, on ne les paye qlte par décade.
Le chef se loue beaucoup d'avoir adopté cette mesure.
La journée commence, en été, à sept heures du malin, et finît à sept heure*
du soir. En hiver, elle ne commence qu'à huit heure* du matin et finît à huit
heure* du soir.
(1) La destination de 1* caisse des amende! n'eit pas précisée dans le règlement;
l'art. 22 dit seulement : ■ Une commission de huit compagnons, présidée parle direc-
teur dos ateliers, décide de l'emploi du produit des amendes, ■
a», Google
r,U CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Ce» limitée «ont fréquemment dépassées, surtout en hiver; en général, à
partir du mois d'octobre on travaille jusqu'à onie heure» du soir et même
jusqu'à minuit après le l" novembre.
Le» jeune» ouvriers sont quelquefois obligés de prendre part an travail
extraordinaire.
Il y a deux intervalle» de repos par jour : l'on de midi à deux h caret, et
l'antre de quatre heure» à quatre heure» et demie.
Les ouvrier» prennent leurs repas chez eux.
On travaille souvent le dimanche jusqu'à midi.
Le lundi, on ne travaille d'ordinaire que jusqu'à quatre heures.
Le salaire dea ouvriers est resté le ntéao*.
Les pressier» gagnent. . . . fr. 3 50 par jour.
Le» pressier» demi 'compagnon». — 2 00
Les compositeurs. . . ... — 3 B0
Les relieurs — 3 00
Lessjeunes ouvriers, de 40 à KO c.
Ces dernier» sont payé» par le chef.
Il» fréquentent l'école de midi à une heure : un seul sait lire el écrire.
Presque tous les ouvriers adultes savent lire et écrire.
La conduite des uns et des autres est très-bonne.
Il n'y a pas de caisse d'épargne ou de fonds de réserve pour le» malade»;
mai» les ouvriers font partie de l'association des typographes, et lorsqu'il»
•ont malades ils reçoivent gratuitement le» soin» d'un médecin et les médi-
caments, plut un secours eu argent de 2 fr, S0 par jour pendant les trois
premiers moi», de 1 fr. 50 pendant les trots mois suivants et enfin de 1 fr. 83
pendant les trois autre» moi».
L'état sanitaire de» ouvriers est satisfaisant ; le chef n'a pas observé que
la profession exposât le* ouvriers à quelque maladie particulière.
Il ne pense pas qu'il ail y de» ouvrier» inscrits sur la liste des pauvres.
11 n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline, mais on exige le dépôt
du livret.
Il n'y a pas de pompe à incendie dan» l'établissement.
Les atelier» sont, en général, trop petits (1).
BTlBLlSMMtaT C.
On y occupe trente-huit ouvriers adulte».
Ces ouvriers y trouvent du travail toute l'année.
Il» travaillent tous à forfait.
En été, les travaux commencent à quatre heures et demie du malin, et
finissent à huit heures et demie du soir.
En hiver, ils commencent à huit heures et demie du matin, et finissent
à neuf heures du soir.
Ces limite» sont souvent dépassées, et il arrive fréquemment qu'on tra-
vaille une partie de la nuit, c'est-à-dire jusqu'à once heure* ou minait.
(I) Ils sont actuellement très-beaux, trfci-vattes et Irts-anlubre*.
Digilizedby GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRABANT. 526
Il n'y a qu'un seul intervalle de repos, de midi * une heure.
Les ouvrier» retournent diner chei eux.
Ou travaille quelquefois le dimanche.
Le chômage du lundi est assez habituel ; le* ouvrier* travaillent tout au
plus jusqu'à midi : cependant, lorsqu'il y ■ de* travaux pressants, ils travail-
lent toute la journée.
Le salaire de* ouvrier* n'a pas éprouvé de variation.
Les compositeur* gagnent de. 13 à 20 francs par semaine.
Le* premiers 85 à 30 —
Le* demi-compagnons. « 1H environ.
On certain degré d'instruction est indispensable aux ouvriers imprimeur* :
le* compositeurs sont, en général, assez instruit*; les pressiers le sont moins,
mai* tous cependant savent lire.
La conduite des ouvriers est bonne , si le chef doit en juger d'après celle
qu'ils tiennent dan* l'atelier.
Il n'y a pas de caisse d'épargne , ni de fonds de réserve pour
les malades. Mais les ouvriers typographes de Bruxelles ont formé
deux caisses de prévoyance, qui sont alimentées par des versements
mensuels de 1 fr. 50 c. par mois pour chaque ouvrier. Lorsqu'ils
tombent malades , ils reçoivent gratuitement les soins médicaux
et les médicaments nécessaires, plus une indemnité de 2 fr. 50 o.
par jour.
L'état sanitaire est assez satisfaisant : en général , l'été est plus
nuisible aux ouvriers que l'hiver ; ils sont sujets, en été, a de fré-
quents maux de tête , mais le chef suppose que cela tient à ce que
dans cette saison, ils ont plus souvent l'occasion de se livrer à des
excès, par tuile des nombreuses fêtes qu'offrent Bruxelles et les
environs. Du reste, il ne pense pas que la profession expose 1
quelque maladie particulière; autrefois quelques compositeurs
étaient atteints de colique métallique parce qu'ils avaient l'habitude
de tenir des caractères en bouche; mais aujourd'hui ce mal a dis-
paru avec l'habitude qui le faisait naître.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvres. Beaucoup
sont mariés : leur logement est, en général, propre et sain.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline ; cependant ou y tient la
main à l'exécution de* prescriptions relative* au livret. Cette mesure est
bonne, mai* l'autorité délivre de* livrets avec une trop grande facilité.
L'atelier est vaste et salubre.
Digilizedby GOOgle
526 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
[ SI. — Atelier «e coloriage.
fTlIllMUEST A.
On y occupe cinquante deux ouvriers : sur ce nombre il y a dix hommes
adulte* , trente enfant* au-dessous de l'âge de quinze an*, et douze jeunes
ouvrières.
Le» enfants sont engagés par les ouvriers: chaque ouvrier engage on cer-
tain nombre d'enfant* qui travaillent sous se* ordre* et *a direction, et dont
il est le véritable chef. On peut employer le* enfants dès l'âge de huit an*.
Le travail continue toute l'année, sans interruption.
Tout les ouvriers travaillent à la pièce.
En été, le travail commence i sept heures du matin, et ne finit qu'à hait
ou neuf heures du soir. En hiver, il ne commence qu'à huit heure* du malin,
et finit a la nuit tombante.
Ces limites ne sont jamais dépassée* et il n'y a jamais de travail de nuit.
Il y a une heure et demie de repos à midi, et une demi-heure à quatre
Les ouvrier* retournent ehe; eux pour dîner: le goûter se fait dans l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Les ouvriers chefs gagnent d'assez bonnes journée*, mais qu'il est impos-
sible d'évaluer.
On estime que le* enfants, qui sont payés par les ouvriers chefs, peuvent
gagner de 23 à HO centimes par jour.
L'instruction de* enfant* est tout h fait nulle.
Les ouvriers chefs ont quelque instruction.
Les jeunes filles travaillent dans un atelier distinct, qu'il ne nous a pas été
permis de visiter: le chef semble les tenir dans nne espèce de charlre privée...
La conduite des ouvriers en général est bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
L'état sanitaire des ouvriers est satisfaisant. Le chef ne connaît aucune
maladie particulière à la profession, et estime que celle-ci n'a aucune influence
défavorable sur le développement physique des enfanta.
Ceux-ci, â la vérité, ne sont soumis à aucun travail fatigant; mais la durée
de leur travail (onze ou douze heures), la position assise, l'inaction du corps,
la respiration d'un air plus ou moin* vicié, la privation de jeux et d'exer-
cice en plein air, constituent certes autant de causes nuisibles au parfait
développement des diverses parties de l'organisme.
Le* parents d'un grand nombre d'enfants sont inscrit* sur la liste de*
pauvres. •
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline, mais le* ouvrier* doi-
vent être munis d'un livret, et le» enfant* d'une carte.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRADANT. 527
L'atelier que nous avoua vitïLé est sont le toit : il est beaucoup trop bis,
trop petit et trop étroit eu égard au nombre d'ouvrier» et d'enfant* qui ; tra-
vaillent ; l'air y manque et l'on y respire à peine. Le séjour dans cet atelier
doit être insupportable pendant l'été.
ÉTSKIMUSKT -*■
L'atelier comprend dix-huit métiers à tisser, et le chef en occupe encore
environ soiiante, disséminés de droite et de gauche dans la campagne.
Il occupe chez lui seize ouvriers tisserands et deux enfants qui sont enga-
gés par les ouvriers, et que l'on emploie à faire la trame.
Le travail continue tonte Tannée.
Les ouvriers et les «niants travaillent a la pièce,
Eu été, le travail commence à cinq heure* du matin, et ne finit qu'a la
chute du jour ; en hiver, il commence aveu le jour , et finit à huit heure* du
Ce* limites ne sont jamais dépassées, et il n'y a jamais de travail de nuit.
La durée du travail est la même qu'autrefois.
Les ouvriers ont une demi-heure de repos le malin, une heure à midi, et
une demi-heure a quatre heure*.
Ceux dont le domicile est éloigné prennent leurs repas dan* l'atelier; les
autres retournent chei eui.
On ne travaille jamais le dimanche.
Le lundi, on ne fait que trois quarts de journée.
Le salaire des ouvrier* a considérablement diminué ; les ouvriers gagnent
actuellement 1 fr. 90 c. de moins , par pièce , qu'il y a sis an* ; et , si l'on
se reporte i l'année 1 850, on peut dire que leur salaire a diminué de moitié.
Un tisserand doit maintenant travailler sans relâche pour gagner 1 fr. par
jour ; il en est même qui ne gagnent pas 50 centimes par jour.
Le* entants de onze à douie ans, employé* comme tpoititurt, et garnis-
sant de* navettes pour trois tisserands, gagnent 1 fr. 63 c. par semaine,
encore i»ul-il qu'il* soient bons travailleurs.
lia sont toujours payé* par les ouvriers qui te* emploient.
L'instruction de* enfant* ett à peu près nulle; celle des tisserands est
tout à fait nulle.
Leur conduite est assez bonne.
L'état sanitaire est généralement satisfaisant ; la profession, par elle-même,
n'est pas nuisible ; quand elle le devient , il faut en chercher la cause dans
les ateliers : ainsi, dit le chef, tons ceux qui travaillent dans des ateliers
bas et humides, sont bientôt rhumalisé* et perclus.
^y Google
SS8 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DR BRUXELLES.
Beaucoup d'ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres ; leur
état d'indigence ne peut être attribué qu'à la diminution des salai-
res et aux charges qui résultent de l'entretien d'une nombreuse
famille; On ne peut se Faire une idée de la misère qui existe chez
les ouvriers tisserands : leurs habitations sont mauvaises, étroites,
malpropres et humides, et leur nourriture grossière, se composant
de soupe et de mauvais pain de seigle , est souvent insuffisante :
ils mangent tout au plus de la viande une fois par an, le jour de la
kermesse. Le chef est souvent obligé de leur faire des avances
d'argent, afin de les mettre A même de se procurer au moins les
choses les plus nécessaires , telles que du pain et des pommes de
terre.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
Le» prescriptions relatives an livret ne sont pas observée*.
L'atelier nous a paru un peu bas ; il n'est pas exempt d'humidité , et nous
avons remarqué, avec regret, que le sol est en terre battue.
ÊT1BLISS1BSHT B.
On y occupe- neuf -cent cinquante-deux ouvriers, que Ton peut classer
comme suit :
De uèuf à douie ans. ... 4
■» douze à seize ■ . '. ; 10
s .seize à vingt et un .. 90
■ vingt et un, et au-dessus. 03
.97 hommes.
. . . 888
Le travail ne commence qu'au mois d'octobre, et finit au mois de mars ;
quatre ou cinq ouvriers seulement travaillent tonte l'année.
Tous les ouvriers travaillent A forfait. Les enlànt» sont engagés par le chef;
six d'entre eus travaillent avec leurs parents.
On se procure très-facilement les jenbes ouvriers; ceui-ci viennent se
présenter d'eux-mêmes , et, comme l'établis sèment a été institué pour donner
de l'ouvrage A ceux qui en manquent, on reçoit les enfants qui se trouvent .
Les enfants de neuf à douze an» sont employés à 61er et a éplucher la laine;
ceux de doute â seixe ans ejw «lent (garnissent la navette) et filent la laine.
Depuis quelques années , il y a eu une diminution notable dans le nombre
des jeunes ouvriers, parce que peu d'enfants sa sont présentés pour demander
de l'ouvrage.
DglizedOy GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ETABLfSSEM. LNDtfS'fRIfcLS DU BRABANT. 539
- En automne , le travail commence à sept heure* du matin , et , en hiver , à
huit heures. On ne travaille jamais que jusqu'à sept heure* du soir.
La dnrëe du travail est restée la même; mai», il y u quelques années,
l'atelier a été en vert, pendant l'été, et l'on travaillait alors une heure 4e
plu..
On n'a jamais essayé de faire travailler les eufanti par relais; cette mesure
est jugée inutile, parce que le travail n'est pas pénible, ui au-dessus de*
force* de* enfants.
Il n'y a jamais de travail de naît.
Le* ouvrier* ont ane demi-heure de repos le matin, une heure à midi, et
une demi-heure à quatre henreâ.
Il* vont prendre leur* repas shei an.
On ne travaille jamai* le dimanche.
La plupart de* ouvrier* sont enclins à ebAmer le Inndi, on, au moins, à
travailler moins qtie le* autre* jours.
Le salaire de* ouvrier* n'a pas éprouvé de variation.
Le* tisserand* peuvent gagner de 9 à 10 fr. par semaine.
Le* enfants employé* conjaie épmUtun «ont payé* par' le* ouvrier*.
Le* enfant* actuellement employé* ne fréquentent aucune école, parce
qu'il* n'en ont pas le temps; leur instruction, comme celle des ouvrier*
adultes, se réduit a très-peu de chose.
Lerir conduite est bonne.
11 n'y a pas de caisse d'épargne, ou de fonds de réserve pour le» malades.
Les ouvriers malade* sont reçu* à l'hôpital civil. L'état sanitaire est, du reste,
satisfaisant ; il y a rarement de* malades, et le directeur n'a pas observé que -
Je travail exerçât quelque influence nuisiblesur lé développement de» enfants,
on sur la santé des ouvrier*.
Tons les ouvrier* sont inscrit* sur la liste des pauvres; leur inscription
sur cette liste est même la condition imposée a leur admission dans l'atelier.
Il y a un règlement d'ordre. L'établissement est bien tenu, salubre et bien
dirigé. Il serait a désirer qu'on en élevai de semblables dan* toute* le* ville*
populeuses.
ÉTiai.injtniRT C. — Fabrique tTttoffei de crin et de litige da-matté.
On y occupe ordinairement de soixante à quatre-vingts ouvrier* adultes;
cinq ou six jeune* filles et quinze à vingt enfants de l'âge de huit à neuf ans.
Le travail continue toute Tannée san* interruption.
Presque tous le* ouvriers travaillent i la pièce.
La moitié environ des enfants est engagée par le chef; l'autre moitié est
engagée par les tisserands. La plupart des tisserands emploient leurs enfants
aussitôt que leur âge le permet. .
lies enfants sont employé* comme bobineurs, comme peîgneur* de crin et
comme donneur*. Ou appelle donneur l'enfant qui aide le tisserand en crin :
c'est un véritable automate, assis sur une traverse de bois faisant corps avec
^y Google
530 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
le métier, et qui n'a d'antre occupation que de présenter des fil* de crin,
que l'ouvrier saisit avec un crochet.
L» journée commence, en été, à cinq heure» du matin, et finit à huit licurei
du soir. En hiver, elle ne commence qui six heures du matin, et finit à
huit heures du soir.
Ces limites ne sont dépassées que dans des circonstances rares, alors que des
commandes pressantes exigent qu'on travaille la nuit ; le travail de nuit n'a
ordinairement lieu que pour les tisserands en crin : les enfants employés
comme donneurs doivent alors forcément prendra paît au travail extraor-
La durée du travail est la même qu'autrefois.
Les ouvriers ont déni heures de repos par jour : une demi-heure le matin,
une heure s midi, et une demi-heure à quatre heures.
Ils prennent tous leurs repas au dehors.
On ne travaille jamais le dimanche, et le lundi, on ne travaille que jusqu'à
quatre heures et demie.
Le salaire des ouvriers n'a pas éprouvé de variation.
Les tisserands en crin gagnent de 12 à 15 fr. par semaine; les tisserands
en tïnge damassé {au métier à la Jacquarl} gagnent de 10a M fr. par semaine,
et les enfants gagnent à peu prés t fr. HO c. dans le même espace de temps.
Les tisserands en crin et en linge doivent prélever le salaire de leurs hobi-
neurs et donneurs sur le* sommes que nous venons d'indiquer. Le* enfants
employés comme peigneurs de crin sont seuls payés par le chef.
L'instruction des enfants est très-bornée ; elle est presque nulle.
Une dizaine d'adultes, tout au plus, savent lire et écrire.
Il est des ateliers où travaillent en commun des ouvriers de* deux sexes.
La conduite des ouvriers est en général bonne.
L'établissement possède une caisse d'amendes dont le produit est destiné
à venir en aide aux ouvriers malades. Celte caisse est quelquefois riche de
300 à 600 fr. Lorsqu'un tisserand tombe malade, on lui accorde un secours
de 5 fr. par semaine : le peigneur n'a droit qu'à un secours de 3 fr. Dans
tons les cas, l'indemnité n'est accordée qu'après quinxc jour* de maladie-
L'état sanitaire de* ouvriers est satisfaisant.
Le chef n'a pas remarqué que la profession disposât les ouvriers k quelque
maladie particulière, ou qu'elle exerçât quelque influence défavorable sur le
développement des enfants.
It ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres ; il ne le pense
pas, car tous lui paraissent jouir d'une certaine aisance.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline : des amendes de 33 cen-
times à I franc sont appliquées aux ouvriers qui arrivent trop lard à l'atelier.
lies prescriptions relatives au livret ne sont pas exécutées.
Les ouvriers n'exercent jamais de voies de fait sur les enfants.
L'atelier où sont les métiers à la Jacquarl pour le linge damassé est
spacieux et salubre : celui des tisserands en crin laisse quelque chose à
^y Google
EKQIÊIE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABANT. 5X1
désirer sou* le rapport de l'espace et de l'air; celui des peigneura est mau-
vais, il est situé «on* le toit et manque d'aérage : le peignage du crin consti-
tuant l'opération la plus taie, l'atelier devrait offrir de pin* nombreuses con-
ditions de salubrité.
iTsaLiMiaiRt D. — Fabrique d'e'taffet de loin», drapt moyen et mnmiin,
On y occupe douze ouvriers ; sur ce nombre il y a cinq adultes ; tes autres
•ont des enfants d'une dizaine d'années.
Le travail était ordinairement continu tonte l'année ; actuellement l'indus-
trie est tombée à rien, et l'on chôme quelquefois.
Tons les ouvriers travaillent à la pièce.
Les enfants sont engagés par les ouvriers : ils sont employé* à faire des
bobines et à arranger les chaîne*.
En été, le travail commence à cinq heure* et demie du matin, et finit a
sept heure* du soir. En hiver, il commence et finit avec le jour.
Il y a un intervalle de repos de midi a nne heure. Travaillant à la pièce,
les ouvrier* peuvent encore prendre du repos quand cela lenr convient.
Ils retournent chez eux pour le dîner.
On ne travaille jamais le dimanche.
Quelque* ouvriers chôment le lundi.
Le salaire de* ouvriers n'a pas éprouvé de variation.
Un bon ouvrier, travaillant bien, peut gagner il fr. par jour. Sur ce gain,
il doit prélever le salaire de son t'pouleur (bobineur), qui est de 28 centime*
L'instruction des enfant* est nulle on presque nulle, et cela n'a rien
d'étonnant, attendu qu'on les accepte dès l'âge de sept ou huit ans.
L'instruction des adulte* est à peu près nulle aussi.
La conduite des un* et des autres est assez bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malade*.
L'état sanitaire ne laisse rien à désirer : la profession n'a rien d'insalubre
et n'ezerce aucune influence nuisible sur le développement de* enfant*.
Le chef ignore s'il j a des ouvriers inscrit* *ur la liste des pauvre*.
Il n'est jamais arrivé d'accident dans cette fabrique.
Il n'y a pa* de règlement d'ordre ou de discipline, mais les livrets «ont
demandé*.
Le* ateliers sont vastes et (alubres, mais ils sont malpropre* et peu «oigne* :
tout annonce que cet établissement est en pleine décadence.
ZTlILlMZazST S.
Fabrique d'étoffes de laine , qui occupe cent soixante-deux ouvriers : sur
ce nombre il y a quarante homme* , quarante-quatre femme* et soixante-
huit enfants.
Les enfants sont engagés par les ouvriers : un grand nombre travaillent
dans la fabrique avec leurs parenla.
^y Google
552 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
On Ici prend dé» Fige de huit et même de sept ans. Dé* Tige de quatorze
an», ils aent employé* comme ouvriers tisserands.
Les jeune* enfante sont employés à faire de* bobine*.
Le travail continue toute l'année, «ans interruption.
lie* tisserand» trayaillent i la pièce, les épluebense* et le* bobinenr* an
poids, et quelques jeunes filles à la journée.
La journée commence à six heures du matin, et finit i sept heures du soir.
Les enfant* ne travaillent que de six heure* du matin à dix ou onae heures,
et l'après-dînée de une à cinq heure*.
En été, le* ouvrier* font toujours un quart de journée de plu*.
Ces limite* ordinaire* ne tout jamais dépassées, et il n'y a jamais de travail
La mesure qui fixerait, selon le* Ages, nu maximum de durée pour le tra-
vail de* enfant», serait préjudiciable à l'industrie.
Les ouvrier! ont trois intervalles de repos par jour : une demi-heure le
matin , une heure et demie à midi, et une demi-heure à quatre heures.
Tou* retournent dîner chec eux; le déjeuner et le goûter se font dan*
l'établitte ment.
On ne travaille jamais le dimanche.
Le lundi , les ouvrier* ne font ordinairement que trois quarts de journée.
I<e salaire dei ouvrier» est resté a peu près le même ; cependant il a plu-
tôt augmenté que diminué.
En été, le* tisserands peuvent gagner, tou* frai* déduite, environ lit francs
par semaine.
Le* homme* employés à la journée gagnent 1 fr. 45 c. par jour.
Le» femmes gagnent 82 centimes par jour.
On estime néanmoins que le* enfants de dix ans, aidant le* tisserand», peu-
vent gagner de 3 à 4 franc* par semaine.
Tous les enfant* étant payé* par les ouvriers , on ne saurait dire combien
ils gagnent par jour.
L'instruction des enfants est en général très- négligée ; quelques-uns
cependant fréquentent le» école*.
Un quart des tisserand* A peu près savent lire j ce sont surtout les jeunes
tisserands qui ont quelque instruction. -
Les ouvriers des deux sexes travaillent dans des ateliers séparé*.
La conduite des tisserands est mauvaise i une bonne moitié mène une vie
déréglée et se livre à l'ivrognerie. Malgré une surveillance active, beaucoup
de tisserand* apportent du genièvre dans les ateliers, le genièvre étant leur
boisson favorite.
H n'y a ni caisse d'épargne , ni fond» de réserve pour les malades. Plu-
sieurs fois on a tenté de créer de semblable* caisses, mais on n'a pu vaincre
l'obstination de l'ouvrier.
L'état sanitaire est satisfaisant ; les ouvrier* (ont rarement malades, et la
profession n'expose à aucune maladie particulière.
Le travail n'est {ta* nuisible non plus aux enfants : on a même remarqué
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE!!. IMHJSTBJELS DU BRABANT. 555
que ceux qui arrivaient malingres à l'atelier, acquéraient bientôt de» condi-
tions de tante beaucoup plui avantageux».
Il n'est jamais'arrivé aucun accident dans celte fabrique.
Presque tous les tisserands sont inscrits sur la liste des pauvres ; on ne
peut attribuer leur état d'indigence qu'à leurs dérèglements et à l'ivro-
gnerie.
Les ateliers des tisserands sont vastes , mais on y a placé trop de métiers ;
il y a là un véritable encombrement qui, joint au peu d'élévation des plafonds,
et aux émanations provenant des laines et des huiles employées, rend ces
ateliers d'autant plus insalubres qu'il y a peu ou point de moyens de venti-
lation.
ÎT11UBSEBUBT F. ,
On y occupe cinqpante tisserands, et environ autant d'enfants de sept,
huit et neuf ans.
Ces enfants sont engagés par les ouvriers , qui se les procurent très-aisé-
ment. Beaucoup d'enfants travaillent avec leurs parents. On les occupe à .
faire des bobines et i dévider le coton.
Tous les ouvriers travaillent à la pièce.
Le travail commence aussitôt qu'il fait jour, et ne finit qu'à la nuit tom
II est très-rare que l'on travaille la nuit, mais lorsque cela arrive, les
enfants doivent y prendre part et aider les ouvriers.
Il y a deux heures de repos par jour: une demi -heure le malin, une heure
à midi, et une demi-heure à quatre heures.
Les repas ont toujours lieu au dehors.
On travaille quelquefois le dimanche.
Très-peu d'ouvriers chôment le lundi.
lie salaire des ouvriers a considérablement diminué : celle diminution est
de moitié.
Les tisserands peuvent gagner actuellement tout au plus 1 fr. 413 c. par
jour, en travaillant depuis le lever jusqu'au coucher du soleil.
Les enfants ne gagnent guère que 30 centimes par jour.
Ils sont payés parles ouvriers qui les emploient.
Les enfants, comme les adultes, sont de l'ignorance la pins déplorable :
leur instruction est à peu près nulle.
Leur conduite est assez bortue.
La profession exerce une influence défavorable sur la santé des ouvriers
et des enfants; beaucoup deviennent poitrinaires.
Plusieurs ouvriers sont inscrits sur' la liste des pauvres ; leur condition
est des plus malheureuses, car leur rude travail leur procure à peine les
moyens de pourvoir à leur subsistance par une alimentation grossière et peu
rép.r.tricc.
3,, i,.dB, Google
53* CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PUBLIQUE DE BRUXELLES.
On y occupe quarante -deux ouvriers adulte» et vingt-deux enfant».
Le* Ouvriers sont occupé» toute l'année.
Les ouvriers et les enfant» travaillent à la pièce.
Les enfants sont engagés par le chef.
On ne ae procure pas trop facilement le» enfant», surtout à l'époque de la
Les enfant* tout occupe» à faire de» fuseaux.
En été, le travail commence à cinq heure* du matin, et finit a huit heure»
du soir ; en hiver, il ne commence qu'à six heures du matin, et finit a huit
heure» du *oir.
Ces limite» ne sont jamais dépassées.
La durée du travail n'a pas varié.
Il y a une demi-heure de repos le malin, une beure à midi, et une demi-
heure à quatre heures.
On ne travaille jamais le dimanche.
On ne chôme pas le lundi ; mais , en général, on ne travaille que depuis
huit heure» du matin jusqu'à quatre heure» de l'après-diuée.
Le» ouvrier» ne prennent pa» leur* repa» dans l'atelier.
II y a eu une diminution, dan* le* salaire», d'environ un quart.
Le» ouvrier» adultes gagnent Je 1 fr. à I fr. 50 c. par jour.
Le salaire des enfants varie selon qu'il* font des fuseaux pour un ou deux
tisserands.
L'instruction de» enfants est à peu près nulle; quelques-un» fréquentent
l'école dominicale, le dimanche.
Plus de la moitié des ouvriers adultes ne savent ni lire ni écrire.
La conduite des ouvriers est asseï bonne ; il y a quelque» buveurs : cepen-
dant ils «ont en petit nombre.
1) n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le» malades.
La santé des ouvrier* est a*»ez bonne ; cependant le chef convient qu'elle
est parfois délabrée par te travail , et que quelque» ouvrier* deviennent
pbtbi»iquet.
Quelques ouvriers sont inscrits «ur la liste des pauvre* ; le chef attribue
leur état d'indigence aux charges qu'ils ont à supporter du fait de leur nom-
breuse famille, et aux maladie* qui le* forcent quelquefois d'interrompre le
On demande le dépôt du livret; mais cette mesure eal eu général peu
exécutée.
Les ateliers «ont malsains, froid» et humides; construit» sur un terrain
marécageux, il» sont trop bas de plafond et mal aérés.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ETABLISSES!. INDUSTRIELS DU BKABANT. 555
tTlSLIMMlST H.
Atelier mesurant environ trois mètrei et demi de hauteur , quatre et demi
de largeur, et sept de longueur, dans lequel ae trouvent huit métier» à
Iraser : aix de ce* métiers sont occupés; deux chôment.
Il y a aîi ouvriers, et quatre enfants qui font de* trame*.
Les ouvriers sont en demi-pension chez le chef, c'est-à-dire qu'ils
donnent 9 Centimes pour leur coucher (par nuit), et 3 fr. 15 c.
par semaine pour leur nourriture. On leur fournit pour ce prix
deux fois du café , et deux fois de la soupe par jour ; trois fois
par semaine ils ont de la viande bouillie, et le vendredi ils ont du
stoltvisch ; ils doivent acheter le pain a leurs frais. Les objets de
couchage se composent d'une paillasse pour deux ouvriers , d'une
paire de draps et d'une couverture.
Ces ouvriers peuvent gagner environ 9 francs par semaine, bien
entendu quand ils ont le bonheur d'avoir de l'ouvrage; mais, pour
gagner 9 francs , ils doivent travailler dès le point du jour, et ne
cesser qu'a onze ou douze heures de la nuit.
Les enfants, travaillant depuis le point du jour jusqu'à neuf
heures du soir, peuvent gagner*2 francs par semaine. Ces enfants
sont payés par le chef d'industrie , qui , tant pour le prêt de ses
métiers, que pour les courses qu'il a à faire et les peines qu'il doit
se donner pour trouver du travail , que pour s'indemniser des
salaires qu'il paye aux enfants, prélève toujours un franc sur 6 fr.
gagnés par les ouvriers.
Ainsi, supposons l'ouvrier gagnant 9 francs par semaine, et
déduisons de ce gain 3 fr. 15 c. pour la nourriture, 63 centimes
pour le coucher, et 1 fr. 80 c. pour la redevance qu'il a à payer
à celui qui lui prête les métiers et lui procure du travail , il lui
restera en tout 3 fr. 93 c, sur lesquels il doit encore acheter son
pain, le beurre et le fromage s'il veut en manger, et les chandelles
on l'huile qui doivent lui permettre de travailler la nuit.
Ces ouvriers n'ont ni feu ni lieu ; l'atelier où ils travaillent est
temporairement leur domicile ; la plupart vont à la Cambre aussi-
tôt que l'hiver arrive.
Le chef d'atelier se plaint amèrement de sa position ; les prix
ont en général diminué de moitié ou des deux tiers; une pelote
de coton, composée de cinq écheveaux ayant chacun 500 tours, ne
produit actuellement, lorsqu'elle est tissée, que 20 ou 25 centimes,
^y Google
536 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PWBLIQUEiDF. BRUXELLES.
tandis qu'il y a quelques années, elle se payait 63 centimes. Les
prix sont encore tombés plus bas pour le coton plus gros : une
portée, c'est-à-dire 6 écheveaux de coton ayant chacun 200 tours,
ne produit aujourd'hui, quand elle est tissée, que 13 ou 15 centimes,
tandis qu'auparavant elle produisait à peu près trois fois autant.
La plupart des détails qui précèdent nous ont été confirmés par
d'autres tisserands de la même localité; tous se plaignent du man-
que d'ouvrage et de l'exiguïté des salaires.
Un maître tisserand tenant en pension quatre ouvriers et occu-
pant cinq enfants, nous a déclaré que les ouvriers, quand ils ont
de l'ouvrage et qu'ils travaillent du matin au soir, peuvent gagner
tout au plus 7 francs par semaine.
Un autre, ayant quatre métiers dont deux seulement sont occu-
pés, a déclaré qu'il n'y avait plus moyen de tenir des ouvriers,
parce qu'il n'y avait pas d'ouvrage à leur donner; que. le peu
qu'il y avait à faire, il le faisait avec l'aide de sa femme et de trois
de ses enfants, et qu'alors il pouvait gagner de 81 9 francs par
semaine. Avec ce gain , il devait subvenir à tous les besoins du
ménage, composé du père, de la mère et de cinq enfants, chose
qui lui serait très-facile si toutes les semaines il pouvait compter
sur cette ressource; mais malheureusement deux et trois semaines
se passent quelquefois sans qu'il y ait de l'ouvrage, et alors la famille
est aux abois et ne vit que de privations si elle n'a pas pu écono-
miser quelques francs dans les bons jonrs.
Nous n'avons vu que de la misère cbez ces tisserands, et des ate-
liers sales, bas, humides, sans carrelage, où l'air est vicié et tient
en suspension une poussière abondante.
ftlSLIMEMERT /. .
On y occupe vingt-cinq ouvriers, une femme el cinq ou «ut enfant*.
Le travail continue toute l'année.
Tous le* ouvrier* travaillent a la pièce.
1*» enfanta sont engagés par le* tisserands; la plupart travaillent avec
leurs père*. On les occupe à faire des bobines.
En été, le travail commence à sil heures du matin , el finit à sept heures
du soir; en hiver, il ne commence qu'à huit heures du matin, et finit à huit
heures du soir.
Ces limites ne sont jamais dépassées.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
I.a dnrée du travail n'a pas varie.
*by Google
ENQUÊTE DANS LKS ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRÀBANT. 637
Il n'y ■ pas d'intervalles fixe» de repos i ie» ouvrier» travaillant à la pièce,
il» peuvent prendre du repos quand bon leur semble.
Le» ouvrier» prennent leur* repas dan* l'atelier.
On ne travaille jamais le dimanche, et, le lundi, on De travaille, en géné-
ral, que jusqu'à quatre heure» de l'aprèi-dioée.
Le» tisserand» peuvent gagner de 0 à 10 fr. par semaine, et les enfant*
de 1 fr. à 1 fr. 30 a. par semaine, quand il» bobinent pour deux tisserands.
Les enfants sont payé» par les tisserands qui les occupent.
Ils ne fréquentent aucune école; leur instruction est complètement nulle.
L'instruction des ouvrier» adultes est à peu prè» nulle.
Là conduite des tisserands n'est pas trop bonne ; beaucoup «ont buveurs.
La santé des ouvriers est assez bonne, on ne connaît pas de maladies
propre» â la profession.
Beaucoup d'ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres.
II n'y a paa de règlement d'ordre ou de discipline.
Le dépôt dn livret est exigé.
Les ateliers de cette fabrique laissent considérablement à désirer sou» le
rapport de la salubrité ; ils sont trop petits, trop bas, mal aérés et malpro-
prement tenus.
On y occupe environ trois cents ouvrier* des deux »eies el de tout âge.
Les enfants employé* dan* cette fabrique sont de l'âge de sept à quinie
On ne les occupe qu'à nn travail très-léger, comme enrouler le fil sur les
bobines. Ils nous ont paru jouir d'une bonne santé.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
La santé des ouvriers est bonne, et le chef n'a pas observé que la profession
disposât à quelque maladie particulière.
11 y a une caisse de réserve pour secourir les ouvriers malade».
Il n'est jamais arrivé ancun accident dan» l'établissement.
Le* ateliers sont en général spacieux et bien aéré* ; quelques-uns pour-
raient cependant être mieux tous le rapport des conditions hygiéniques.
Le chef a apporté de remarquables perfectionnements aux
métier» a tisser. Avec le métier de l'invention du chef, la profession
de tisserand perd tout à fait ce qu'elle offrait de pénible et de
nuisible à la santé ; l'ouvrier n'est plus obligé d'être courbé sur le
métier et de mettre tous ses muscles en mouvement ; debout près
de son métier, il n'a plus qu'a faire tourner une barre de bois,
qui imprime le mouTement au mécanisme de la machine, et le jeu
de cette barre est si facile qu'il suffit d'une seule main ; pour la
mouvoir.
^y Google
358 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
L'invention de ce métier est un véritable bienfait, et est destinée
à opérer une révolution importante dans l'industrie du lissage.
Nous regrettons de ne pas être A même de donner d'autres
détails sur cet établissement dont le chef nous avait promis une
réponse et des renseignements par écrit, promesse qui n'a pas été
tenue.
fTAKISSMUrt K.
Sur cent métiers k la Jacquart que renferme cet établissement, il n'y en
a que quarante qui sont occupés.
On y emploie quarante-quatre ouvrier*, dont quarante travaillent à la
pièce et quatre à la journée.
Les ouvriers sont occupés toute l'année.
Les enfants chargés de confectionner les bobines ne travaillent pas dans
l'atelier, mai* chez eux.
La journée commence à cinq heures du malin, et finit à sept heure* du
Ces limites ne sont jamais dépassées, et il n'y a jamais de travail de nuit.
Il n'y a qu'une heure de repos, de midi à une heure. Le* ouvrier* prennent,
quand ils le veulent, le temps nécessaire pour déjeuner et pour goûter.
Les ouvriers vont prendre leur repas principal chez eux.
On ne travaille pas le dimanche, et le lundi on ne travaille que jusqu'à
midi.
Les ouvriers gagnent 8 fr. par semaine.
Les salaires ont diminué d'un cinquième environ.
Un tiers environ de* ouvriers savent lire et écrire.
La conduite des ouvriers n'est que passable.
II n'y a pas de caisse d'épargne, ni de fond* de réserve pour le* malades.
L'état sanitaire est satisfaisant, et l'on n'a pas observé que la profession
donnât lieu à quelque maladie particulière.
Le chef ignore s'il y a des ouvrier* inscrits sur la liste des pauvre*.
Il y a un règlement d'ordre, mai* il est tombé en désuétude.
On exige le dépôt du livret, mais cette mesure devient illusoire par la
grande facilité qu'ont les ouvrier* de s'en procurer de nouveaux.
Les ateliers sont vaste*, et les métier» à la Jacquart occupant beaucoup
d'espace, on conçoit que les ouvriers jouissent d'un volume d'air plut que
suffisant. Il serait à désirer cependant que les ateliers fussent mieux ventilés
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRADANT. 539
■tiblisiiuir A. — Ttinttirtrù en rouge d'jindrinople.
On y occupe vingt-cinq ouvrier* adultes, et iroia ou quatre enfanta de l'âge
de huit à quatorze ans.
Le travail continue loule l'année sans interruption.
Tous les ouvrier» sont occupés à la journée : il en est de marne des enfants
qui sont engagés par le chef, et que l'on emploie à étendre le coton, à l'éplu-
cher, et à arranger les fourneau i.
En été , la journée commence à cinq heures et demie du matin, et finit à
sept henre* du soir. En hiver, elle commence k six heures et demie du matin,
et finit à huit heure* du soir.
Ce* limite* ne sont que rarement dépassées : lorsque cela arrive, on ne
travaille cependant qu'une heure de plus.
La durée du travail n'a ni augmenté ni diminué.
11 n'y a jamais de travail de nuit.
H y a une demi-heure de repos le malin, et une heure à midi. La plupart
des ouvrier* prennent leurs repas chez eux : quelques-uns dînent dan* l'ate-
lier, ce sont ceux qui demeurent à une grande distance de l'établissement.
On travaille quelquefois le dimanche ; mais la durée du travail n'est alors
que de trois heures tout au plus.
11 n'y a jamais de chômage le lundi.
Le salaire des ouvrier* n'a éprouvé aucune variation.
Les ouvriers gagnent 1 b>, 62 c. par jour (ISious deBrabant).
Le* enfants, selon leur âge, gagnent de 4H centime* â 1 fr. 8 c. par jour.
Ces derniers «ont toujours payé* par le chef.
Les enfants n'ont aucune espèce d'instruction.
Les adulte* croupissent également dans l'ignorance la plus complète.
La conduite des uns et des autres est bonne : ils sont tous habitants de la
campagne et beaucoup d'ouvrier* «ont mariés.
Il n'y a ni caisse d'épargne , ni fonds de réserve pour les malades. Lors-
qu'un ouvrier devient malade , le* autres se cotisent à raison de 9 centimes
par semaine, et le chef donne une somme égale â celle produite par cette
cotisation.
Le* ouvriers teinturiers, k raison de leur profession qui les expose con-
stamment k l'humidilé, sont fréquemment atteints de fièvres intermittentes et
de rhumatismes.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste de* pauvres.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline, mais on observe les
dispositions relatives au livret.
xuvCoo^le
540 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
L'atelier du rinçage est bien disposé : tout a été prévu pour préserver,
autant que cela est possible, les ouvrier* contre l'humidité el les intempéries
de l'atmosphère. Les rinceurs sont placés jusqu'à mi-corps dans un tonneau
qui plonge dans le ruisseau, et te ruisseau lui même coule à travers un han-
gar bien clôturé.
tTIBLIBSiaMT fi.
On y occupe vingt ouvriers adultes (hommes), quatre ou cinq enfant» de
l'âge de douze à quinte ans, et deux femmes qui n'ont d'autre occupation que
de corder le coton.
Les enfanls sont engagés par le chef qui se les procure facilement : la
plupart des enfants travaillent avec leurs pères.
On les emploie à éplucher le coton el comme aides aux ouvriers.
Le travail continue toute l'année sans interruption : cependant en hiver
les ouvriers ne font que trois quarts.
Tous les ouvriers travaillent à la journée.
En été, la journée commence à cinq heures et demie du matin , et finit à
huit heures du soir. — En hiver, elle commence à sept heures du matin,
et fiait à huit heures du soir.
Ces limites ne sont jamais dépassées, el Un'y a jamais de travail de nuit.
Un seul ouvrier , le veilleur , passe la nuit ; il est chargé de l'entretien dea
fourneaux depuis six heures du soir jusqu'à six heures du malin. II se
repose pendant le jour.
La durée du travail est toujours restée la même.
Les ouvriers ont une demi- heure de repos le matin, une heure à midi,
et une demi-heure à quatre heures.
Ils retournent dîner cher eux.
On ne travaille jamais le dimanche. Il n'y a pas de chômage le lundi : on
travaillé toute la journée.
Le salaire des ouvriers a notablement diminué depuis les événements
de 1 830, par suite du manque de débouchés pour l'exportation.
Les meilleurs ouvriers gagnent 1 fr. 80 c. par jour ; mais le salaire moyen
pour la plus grande parité des ouvriers ne dépasse pas 1 fr. 30 c. par jour.
Le veilleur gagne 1 fr. 80 c. par nuit,
L'insiruction des enfants et des adultes laisse beaucoup à désirer : elle est,
en général, très-bornée.
La conduite des uns et des autres est bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le* malades.
L'état sanitaire des ouvriers est satisfaisant : ils sont rarement malade*, et
le chef ne connaît aucune maladie propre à ta profession : il regarde plutôt
celle-ci comme trèn-sa labre et il élaye son opinion sur ce que, lors de l'épi-
démie cholérique, aucun de ses ouvriers n'a été atteint du fléau.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvres : lous ses o
jouissent d'une certaine aisance.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
Les prescriptions relatives au livret sont e
DglizedOy GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRADANT. 541
< folBLISSUSKT C.
Teinturerie en bleu, ayant pour moteurs deux machines à Tapeur, chacune
de la force de cinq chevaux.
On y occupe quarante-deux ouvriers, tous adultes.
Le travail coolinae toute l'année sans interruption.
Tons les ouvriers travaillent à la journée.
En été, la journée commence à six heures et demie du matin, elfinit à six
heure* et demie du soir. En hiver, le travail commence et finit avec le jour.
Ces limites ne sont jamais dépassées.
On ne travaille jamais la nuit dans la teinturerie ; les ouvriers employés âla '
calandre travaillent seuls, la nuit , trois ou quatre fois au plus par an.
La durée du travail n'est ni plus ni moins longue qu'autrefois.
Il n'y a qu'un seul intervalle de repos, de midi a une heure et demie.
Le* ouvriers retournent chex euS pour dîner. '
On ne travaille que rarement le dimanche.
On ne chôme jamais te lundi.
Le salaire des ouvriers n'a subi aucune variation.
Le* ouvrier* teinturiers gagnent 1 fr. 80 c. par jour.
Le* ouvriers aides gagnent 1 fr. 38 c. par jour.
Lé chef estime qu'un tiers de tes ouvriers savent lire et écrire) leur conduite
est très-bonne; ils sont presque tous mariés et mènent une vie très-réglée.
Il n'y a ni. caisse d'épargne, lii fonds de réserve pour les malades.
La santé des ouvrier* est bonne; ils sont rarement malades, et le chef
déclare qu'ils ne «ont sujet* à aucune affection particulière.
11 n'est jamais arrivé d'accident dans cet établissement.
Trois ou quatre ouvriers seulement sont inscrit* *ur la liste des pauvres ;
ils sont tous chefs d'une nombreuse famille.
Les autre* ouvriers vivent, en général, assez bien, et n'ont pas de misère.
Il n'y a pa» de règlement d'ordre ou de discipline ; mai* le* prescription*
relatives au livret «ont exécutées.
L'établissement est très-vaste et bien dirigé; nn «eul et immense local
renferme cent cuves au bleu. On pourrait désirer un peu plus de hauteur
â ce local , et un système d'aérage plus large que celui qui y existe.
I* moteur est un cheval, courant dan* un manège.
On y occupe neuf ouvriers : sur ce nombre, il y a trois apprentis de l'âge
de quatorze à dix-sept ans. On n'accepte pour apprenti* que des enfants de
douie à treixe ans ; ils sont toujours engagés par le chef, et ont pour occu-
pation de conduire le cheval dans le manège et de plier les pièces.
Le travail continue tonte l'année sans interruption.
Tous les ouvriers travaillent à la journée.
En été, la journée commence à «ix heure* du malin, et finit à sept heures
55.
DglizedOy GOOgle
543 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
du aoir; en hiver, elle De commence qu'à six heures et demie du malin, el
dure jusqu'à sept heures du soir.
Ces limites sont quelquefois dépassées : dans les moment» de presse, on
fait généralement un quart de journée de plus.
Les apprentis prennent part à ce travail extraordinaire.
La durée du travail est la même qu'autrefois. '
On ne travaille jamais la nuit.
Les ouvriers n'ont qu'un intervalle de repos, de midi à une heure, dont ils
profilent pour aller dîner chez eux.
On ne travaille jamais le dimanche. On chôme une partie du lundi ; car on
ne fait, ce jour, que la moitié ou le* trois quarts d'une journée.
Le salaire des ouvriers n'a subi aucune variation.
Les ouvriers adultes gagnent de I fr. 26 centimes à 1 fr. GS c. par jour.
Les apprentis gagnent de 34 à 90 centimes par jour.
Ce» derniers sont toujours payés par le chef.
Il» savent un peu lire et écrire. Chez les ouvriers adultes, l'instruction est
presque nulle.
La conduite des ouvriers serait bonne, s'il» n'étaient généralement adon-
nés à l'ivrognerie.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour le» malades. L'état
sanitaire est assez satisfaisant ; cependant la profession dispose aux affec-
tions rhumatismales, et le chef déclare que les ouvrier», lorsqu'ils avancent
en âge, échappent rarement à ces maladie».
Plusieurs ouvrier» sont inscrits sur la liste de» indigents.
En général, ils «ont assex pauvres, mal logé» et mal nourri».
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
Le dépôt du livret est exigé. Le chef considère comme bonne la mesure du
livret ; mais les ouvriers aiment à s'y soustraire.
XTASLlSSEMSItt E.
Il y a une machine à vapenr de la force de seize chevaux.
On y occupe vingt-cinq ouvrier* ; sur ce nombre, il y a quatre enfants de
l'âge de douxe ans.
Les ouvriers sont occupés toute l'année.
Ils travaillent lou» a la journée.
Les enfanta sont engagés par le chef, et ils ne sont employé» qu'à des
travaux peu fatigants, comme lier et plier les pièces.
En toutes saisons, le travail commence à six heure» du matin, et finît à
sept heures du soir.
Ces limites sont quelquefois dépassées : ainsi, dans les moments de presse,
on travaille depuis quatre heures et demie du malin jusqu'à huit heures du
La durée du travail est restée la même.
Il est très-rare que l'on travaille la nuit.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE* INDUSTRIELS DU BRADANT. 513
II y * une demi-heure Je repos le matin, une heure à midi, et nn quart
d'heure dans l'aprè*-dlnée.
La plupart de* ouvrier» prennent leur* repas dans l'atelier.
Généralement, on ne travaille pas le dimanche; il arrive cependant qu'un
ou deux ouvrier! adultes «oient obligé» de travailler.
Fort peu d'ouvrier* chôment, le lundi.
Lei salaire» n'ont su bi aucune variation.
Les adulte» gagnent 1 fr. Ï3 c. par jour, et les enfanta 50 centime».
Ces dernier» sont toujours payé* par le chef.
Très-peu d'ouvriers savent lire et écrire.
La conduite des ouvrier* est passable.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fond» de réserve pour let malade*.
L'état sanitaire est satisfaisant, et le chef ne connaît aucune maladie
propre à la profession.
Il ignore s'il y a de* ouvrier» inscrits sur la liste des pauvres.
Le* disposition* relative* au livret sont observées.
Le* ateliers sont a»sei spacieux.
inM.!5Sr.«Ki!T F.
On y occupe de soixante à soixante et dix ouvriers. Sur ce nombre, il y a
cinq ou six femmes et six enfants.
Le* ouvriers sont occupé* toute l'année. Tous travaillent A la journée.
Les enfants sont engagés par le chef, qui te les procure facilement. Ils ne
sont employés qu'à de* travaux légers, comme nettoyer le coton, enlever le
coton de* bâtons dans le séchoir.
Quelques enfants travaillent avec leurs parent».
En été, le travail commence à cinq heures et demie du matin, et finit a sept
heure* et demie du soir. En hiver, il commence à six heure» du matin, et finit
à sept heures du soir.
Ces limite* sont rarement dépassées.
It n'y a pas de travail ds nuit pour les ouvrier* eu général ; les garanceurs
seuls, quatre homme* an plus, sont obligés de travailler la nuit.
La durée du travail est restée la même qu'autrefois.
II y a une demi-heure de repos le matin, une heure à midi, et un quart
d'heure à quatre heure*.
Quelques ouvrier* dînent dan* l'atelier ; le* antre» retournent cher eux.
Il e*t asacx rare que l'on travaille le dimanche, et, lorsque cela arrive, ce
n'est guère que pendant deux ou trois heure*.
Les ouvriers de eh ornent jamais le lundi.
Le salaire des ouvriers n'a pas éprouvé de variation.
Le prix de la journée de travail est de 1 fr. 60 c. k 1 fr. 80 c. pour les
hommes, et de 4îï a AS c. pour le* enfants.
Le chef paye lui-même le* enfant*.
^y Google
544 CONSEIL CENTRAL DR SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
L'éducation de» enfanti e*t peu soignée, el .leur instruction est comptéle-
L'inttrnclion est nulle au»»i pour la plu* grande parité de* ouvrier* ; -s'il
y a de* exception», elle» sont peu nombreuses.
La conduite des ouvrier* est, en général, bonne. '
Il n'y a pa* de caiue d'épargne ni de fond* de prévoyance pour le* malades;
mai* le* ouvriers s'ent raillent souvent.
La santé des ouvriers est assez bonne; les maladies dont ils
souffrent le plus souvent sont les fièvres intermittentes et lès affec-
tions de poitrine; le chef attribue ces dernières a l'imprudence
des ouvriers qui ne se precautionnent pas assez contre tes transi-
tions de température qu'ils ont à supporter en entrant dans le
séchoir et en en sortant.
La profession est funeste à une certaine catégorie de teinturiers,
aux* garanceur», que le chef déclare être usés et cassés au bout de
vingt ans de travail.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvre».
Il n'y a pa» de règlement d'ordre ou de discipline.
Le dépôt du livret est exigé ; c'est une bonne mesure à laquelle on lient la
tiiittnnuiiT fi.
On y occupe de soixante à aoiiante et dix ouvriers. Sur ce nombre, il y a
si* femmes et tix enfant».
Les ouvrier* ont de l'ouvrage toute l'année.
Presque tous travaillent à la journée; quelques-uns seulement travaillent
à la pièce.
Les enfants sont engagé* par le chef, qui *e les procure facilement. Leur*
principales occupations «ont de (aire de» bobine», d'étiqueter et de nettoyer
les piloux.
Plusieurs enfant* travaillent avec leur* parent*.
En i toutes Misons, le travail commence à six heures du matin, et finit à sept
heures du soir.
Ce* limite* sont quelquefois dépassées par quelques ouvriers, telon le»
besoins; les garanceura font, en général, cinq quart*.
Il n'y a jamais de travail de nuit;
Il y a deux heures de repo* par jour : vue demi-heure te malin, une heure
à midi et une demi-heure a quatre heures.
Quelques ouvrier* dînent dans le* atelier* ; d'autre* retournent chei eux .
On ne travaille jamais le dimanche, el il n'y a pa* de chômage le lundi.
Les salaire* n'ont ni augmenté ni diminué.
DiglizedOy GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABAINT. 545
Les teinturier* flaranceurs gagnent d« i'r. 11 à 12 par semaine ;
— «n couleur» diverse» de — 10 à 11
— bleu. ...... — .■ 10
Le», femme*, de. . — 719
Le» enfants de 84 à 63 centime» par jour.
Ce» dernier» travaillent à la pièce et sont toujours payé» par le chef.
Le» enfant» sont reçu» à l'âge de six, sept et huit ans.
L'instruction de» enfanta e«t (ont à fuit nulle. .
Celle de» ouvrière adulte» est nulle aussi, ou i peu pré».
Le* ouvrier* de* deux scies ne travaillent point, réuni* dan» le* m émet
atelier».
La conduite des ouvrier* eit bonne.
Il y a un fond» de prévoyance pour les malade».' L'ouvrier malade reçoit
la moitié de son salaire de l'établissement ; une autre-moitié est prélevée *ur
. le salaire des autres ouvrier» jusqu'à sa rentrée à l'atelier.
La santé de* ouvriers est bonne ; le chef déclare cependant que le* tein-
turiers »ont ei posés aux engelures, aux rhumatismes et à des gonflement*
de* doigt*.
. Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvret.
Il T a un règlement d'ordre.
La mesure du livret est ponctuellement observée.
La plupart des ateliers de cet établissement sont ipacieut et laissent peu
à désirer sous le rapport de* conditions hygiéniques. ;
iTiiussniRT A,
Le moteur est une; chute d'eau de la force de trente chevaux.
On y occupe cinquante ouvriers adultes et cinquante enfants. Ce* dernier*
aontadmi* dès l'âgede hait ans. Les enfant» employés comme rattacheurs sont
engagés par lus ouvriers ;ceux qui travaillent à la Garderie le sont par lechef.
Très-peu" de ces enfant* travaillent avec leurs parent*.
Leur occupation consiste à rattacher, et à étendre la laine sur lea machines
à carder.
On emploie le* enfants par économie,' et a cause de leur aptitude plus
grande aux travaux qu'on leur confie.
Il n'y a eu ni augmentation ni diminution du nombre des jeunes ouvriers.
Le* ouvrier» sont occupé* toute l'année.
- La plupart des ouvrier» travaillent à la journée : série fileur* travaillent
En été, la journée commence» cinq heures du malin, et finit à huit heure»
îglizedoy GOOglé
U6 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
du toir. En hiver, le travail commence avec le jour, et finit à sept heure»
Ces limite* ne sont dépassées que dana le» moments de preste, et encore
le travail extraordinaire n'a-t-il lieu que pour certaines catégories d'ouvriers
qui n'ont pas besoin de l'assistance des enfant*.
La durée du travail n'est ni plu* ni moins longue que jadis.
On travaille rarement la nuit. Les enfants ue prennent jamais part au
travail de nuit.
Ily a toujours doux foulon niera qui travaillent vingt-quatre heures de suite.
Il y a une demi-heure de repos le malin , une heure à midi, et une demi-
heure à quatre heures.
Le» ouvriers prennent leurs repas dan* l'atelier ou au dehors , salon le
temps et les saison*.
Généralement on ne travaille pas le dimanche : cependant les foulonniers
sont obligés, de travailler, ainsi que quelques ouvriers employés an séchage
des étoffes.
En général, on ue chôme pas le lundi : les ouvriers qni chôment le plus
souvent, sont les Sieurs.
Le salaire de* ouvriers n'a subi aucune variation.
Les ouvriers employés à la journée gagnent de 1 fr. SS c. à 1 fr. 80 c.
par jour.
Les fileurs gagnent environ 30 fr. pur semaine.
. Les enfanta gagnent de 33 à ISO c. par jour.
Ces derniers sont toujours payés par le chef.
L'instruction des enfants est nulle : on peut considérer comme nulle aussi
celle de* ouvriers adultes.
La conduite des un* .et des autre* est assez bonne.
11 n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
L'élat sanitaire est satisfaisant : les ouvrier* et les enfants sont rarement
malades, et le chef ne connaît aucune maladie propre à la profession.
Le travail dans la foulerie doit cependant être préjudiciable à la tante,
car il y régne constamment une grande humidité : le froid et l'humidité
doivent exercer d'autant plus sûrement leur fâcheuse influence sur la Muté
des ouvriers, que ceux-ci sont assujettis à un travail continu de vingt-quatre
heures. Nous devons considérer le travail dans la foulerie comme propre à
produire des affections de poitrine, des fièvres intermittentes et des rhnma-
II arrive rarement des accidents dans cette fabrique; on n'en a, eu général,
observé qu'alors que les enfants sont encore au défaut de leur éducation
industrielle.
Les ouvriers de cette fabrique habitent presque tous la campagne et vivent
assex aisément : aussi n'en connaît-on point qui soient inscrits sur la liste des
pauvres ; un ou deux fileurs de la ville sont peut-être inscrits sur celte liste.
H n'y a pas de règlement d'ordre on de discipline, mais on exige le dépôt
du livret.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ETABLISSE». INDUSTRIELS DU BRADANT. 8*7
Le chef assure qu'il n'arrive que très-rarement que le» ouvriers exercent
de* voies de fait sur les enfants.
Le* différents ateliers de cette fabrique présentent de suffisante* condi-
tion» de salubrité '; la foulerie fait exception : elle est froide et très-humide ,
mais cet conditions défavorables sont inséparable* du travail qui s'y fait.
Noue ne terminerons pas sans mentionner une punition qu'on
infiige aux ouvriers qui se permettent de remplir leurs poche* de
laine, parce que la vue de l'instrument du supplice a éveillé en
nous des sentiments trop pénibles. Nous avons vu dans la cour de
l'établissement, et, scellée dans un mur, une chaîne de fer, ter-
minée par un solide carcan, auquel on attache celui qui est pris
sur le fait d'un vol de laine : le coupable reste exposé aux regards
de ses compagnons de travail pendant un laps de temps plus ou
moins long, et qui varie selon qu'il témoigne plus ou moins de honte
et de repentir. Cette exposition est suivie de l'expulsion immédiate
de la fabrique.
La vue de ce carcan a fait naître en nous une foule de réflexions
que nous n'avons pas besoin de consigner ici , parce qu'elles
viendront infailliblement à tous ceux qui auront connaissance
de ce fait.
ETinisttaïKT B.
Il présente, indépendamment de la filature, des ateliers pour la construc-
tion des machines.
On y occupe quatre-vingt-dix-sept ouvriers, tous hommes.
Il y a trois enfants de l'âge de neuf à douze ans, quinze de l'Age de douze
à seiie ans, et trente et un adolescents de l'âge deseize â vingt et un ans.
Tous les autres sont plus âgés.
Les ouvrier* sont occupés toute l'année.
Les enfants travaillent à la journée, et les adultes à la pièce.
Les enfants sont engagés par le chef, qui ne se les procure que difficile-
ment. Neuf enfant* y travaillent avec leur* père*.
On ne le* occupe qu'à des travaux légers, comme carder et attacher la laine.
Le travail commence, en été, à cinq heures du malin, et finit à sept heures
du soir. En hiver, il commence à six heures du matin, et finit à huit heures
Il y a nue demi -heure de repos le matin, une heure à midi et une demi-
heure à quatre heures.
On travaille quelquefois un demi-quart en au»; quelquefois on travaille
la nuit: alor* dix heures de travail comptent pour une journée.
Les enfants prennent part au travail de naît.
N'ayant aucun ouvrage fatigant à faire, le chef pense que douze heures
*by Google
548 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
de travail ne sont pat de trop pour les enfants, et qu'ils peuvent «apporter
cela avec la plus grande facilité.
Les ouvriers prennent leurs repas au dehors.
On ne travaille jamais le dimanche.
Le lundi, on ne fait ordinairement que trois quarts, et il arrive parfois que
les ouvriers de la filature ue travaillent pat du tout.
Le salaire des ouvriers n'a pas varié.
Les ouvriers adultes gagnent 14 francs par semaine eL les enfant» 4 francs
par semaine.
Le* enfants sent payés directement par le chef.
Ht ne fréquentent aucune école.
Quarante-six ne savent ni lire ni écrire ; trente-trois savent un peu lire et
écrire; quinze savent bien lire, écrire et compter, et trois ont quelques notions
dedettiu.
On a essayé de former une caisse de réserve , mais les ouvriers de la fila-
ture n'en ont pas voulu.
On a réussi à en former une pour les ouvriers de l'atelier de construction,
en prélevant un centième sur leurt salaires.
Quand ces ouvriers sont blesses, on paye le chirurgien et on leur accorde
la moitié de leur journée.
L'état sanitaire est satisfaisant ; il y a rarement des malades.
Il est arrivé plusieurs accidents dans l'atelier de construction , mais tou-
jours de peu d'importance.
Tout les ouvriers Je la filature et quelques autre» de l'atelier de construc
lion' sont inscrits sur la liste des pauvret.
Les ouvriers de cette fabrique, quoique, en général, de petite taille, nous
ont paru jouir d'une bonne santé.
■tlBLlSSIIEST A.
On n'y occupe que sept ouvriers.
Ils travaillent tonte l'année.
Les ouvriers platineurs proprement dits travaillent à la pièce : les limeurs,
fondeurs et forgeron* travaillent à la journée.
En été, ta journée commence à six heures et demie du matin, et finit à huit
heures du soir. Bu hiver , elle commence à sept heures du matin, et finît à
sept heures du soir;
Cet I imites ne sont guère dépassées qu'en été : dans celte saison , on ira- '
vaille souvent depuis cinq heures du matin jusqu'à huit heures du soir, pour
faire cinq quarts.
On ne travaille jamais la nuit.
^y Google
ENQUÊTE DANSLESÉTÀBLISSKM. INDUSTRIELS DU BRABANT. 549
Le» ouvriers ont une demi-heure do repos te malin , une heure et demie
à midi, et une demi-heure à quatre heure».
Kii hiver, il n'y a qu'un aeul intervalle de repos à midi ; il est d'une heure.
Le* ouvrier» vont prendre leur* repai chez cul.
0» travaille quelquefois le dimanche; niai» cela arrive assez rarement.
Le lundi on ne travaille que jusqu'à quatre heures.
Le salaire des ouvriers a diminué dans ces dernières années. Les platï
neurs gagnent 3 francs par jour. ...
Les autres ouvriers gagnent de S fr. à 2 fr. 50 c. par jour.
Deui ouvriers savent un peu lire et écrire.
La conduite des ouvriers laisse beaucoup à désirer ; ils sont difficile* à con-
duire, et l'ivrognerie est leur vice capital. Trois ouvriers sont morts dans ces
dernières années, et le cher présume que c'est par suite d'eicès de boisson.
Il n'y a ni caisse d'épargne , ni fonds de réserve pour les malades. Quand
un ouvrier est malade, lé* autre» se cotisent entre eut pour venir a sou
secours.
Le chef n'a pas observé que la profession donnSt lieu à quelque maladie
particulière; il avoue cependant qu'il règne souvent dan* l'atelier des vapenrs
très-inco mm odes-
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvres ; ils vivent avec quelque
aisance, se nourrissent asseï bien et mangent souvent de la viande.
Il n'y a pas de règlement .d'ordre ou de discipline, mai* les livret* sont
exigés.
L'atelier est mauvais, trop petit, et manque de moyeu» de ventilation.
Ctaslisshesv S:
On y occupe six ouvriers, dont deui sont Agés de moin* de teîie an*.
Le* ouvriers sont occupés toute l'année, lia travaillent tous à la journée.
La journée commence, eu été, k quatre heures d demie du matin, et finit
à huit heure* du soir. Eu hiver, elle ne commence qu'à sept heures du
. matin, et finit à huit heures du soir.
Il est très-rare que ces limites soient dépassées.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
On n'accorde qu'une heure et demie de repos à midi.
Le* ouvriers prennent Leur déjeuner et leur goûter tont en travaillant.
Ils retournent chez eus pour dîner.
Un seul ouvrier travaille le dimanche. Le lundi, on ne travaille que jus-
qu'à quatre heures de l'après-dînée.
Les salaires ont diminué à peu près de moitié.
Le* ouvriers gagnent I fr. 80 à 2 fr. par jour.
Les enfants gagnent ï francs par »
L'instruction des enfanta est nulle.
Un seul adulte sait lire et écrire.
La conduite des ouvriers est bonne.
ly Google
550 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
L'état sanitaire est satiafaisant ; le* ouvrier! sont rarement malades, et le
chef ne connaît, aucune maladie qu'on puisse rapporter à la profession.
Un seul ouvrier est inscrit sur la lista des pauvres; c'est un veuf ayant
e famille.
Cet établissement , destiné seulement au raffinage dn sucre , possède pour
moteurs deux machines à vapeur, l'une de la force de ail chevaui, et l'autre
de la force de huit.
On y occupe cent ouvriers, tous hommes adulte*.
Le travail continue toute l'année sans interruption.
Tous le* ouvriers sont occupés à la journée.
En toutes saisons, la journée commence à six heures du matin, et finit à
sept heures du soir. Ces limites sont parfois dépassées : ainsi, dan* certains
moments de besoin, on travaille deux ou trois heures de plu* , et quelque-
fois même une partie de la nuit.
Le* ouvriers ont deux heure* de repoa par jour : une demi, heure le matin,
une heure à midi, et une demi-heure à quatre heures.
Une partie des ouvriers prend ses repas dans la fabrique; mie autre partie
les prend au dehors.
On travaille quelquefois le dimanche.
Il n'y a pas de chômage le lundi; le* ouvriers font toujours journée
complète.
Le prix de la journée de travail n'a pas varié.
On peut estimer que le* ouvriers gagnent, terme moyen, 1 fr. 76 c. par
jour.
L'instruction de* ouvrier* est trèa-viégligée et presque nulle ; très-peu
savent lire et écrire. ,
Leur conduite est assez bonne ; la plupart sont de* habitants de la cam-
pagne, et mènent une vie régulière.
L'établissement ne possède qu'une caisse d'amende*, à l'aide de laquelle
on vient au secours de* ouvrier* malades ; mai* cette caisse est toujours
in suffisante.
L'étal sanitaire est satisfaisant, et la profession ne présente rien de nui-
sible. Le directeur assure que le* ouvrier» raffineur* atteignent aisément un
âge avancé. Le travail est, en effet, peu fatigant; mais la haute température
à laquelle ils sont soumis toute la journée, et qui les force à travailler le
corps nu jusqu'à la ceinture, doit cependant affaiblir leur constitution , et
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRADANT. 531
les exposer fréquemment à toutes le* maladies qui résultent, de la suppression
brusque de la transpiration.
Il n'est jamais arrivé d'accident dans cette fabrique.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvres.
11 n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline ; mais les disposition*
relative* au livret «ont observée*.
Cet établisse ment est -vaste et n'offre rien d'insalubre, si ce n'est la baule
température qui y règne, et qui est indispensable pour le travail, Lesmachine*
exécutent tous les ouvrages les plu* fatigant*.
iTiiLisisaïKT S. — Fabrique de sucre, et tiiitillerie.
Les moteurs «ont un moulin à vent et deux machines à vapeur à haute
pression, de la force de douze chevaux chacune.
On ; occupe cent trente-trois ouvriers ; sur ce nombre , il y a cinquante
hommes et vingt femme* ayant plu* de vingt et un ans, dix-huit hommes et
trente femmes de l'âge de seize à vingt et un ans, et quinze jeunes ouvriers
de douze à seize au*.
Le* jeunes ouvrier» au-dessous de l'âge de seize ans ne travaillent que le
jour, et sont seulement occupés depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de mars.
Lus ouvriers de seize à vingt et un an* ont de l'ouvrage presque toute
Tous les ouvriers travaillent a la journée.
i «ont engagés par le chef, qui se les procure toujours
Le* plus jeunes ne sont guère employés qu'à décharger les betteraves, et
à quelque* autres travaux léger».
L'ouvrage qu'ils font est trop facile pour y employer des hommes.
La durée habituelle de» travaux journaliers eat de dix heures.
En toutes saisons, la journée commence à six heures du matin, et finit à
■ix heure* du *oir. Pendant la fabrication du sucre, le travail est non inter-
rompu, et lea ouvrier» doivent travailler la nuit; alors on relaye à six heure»
du soir ceux qui ont travaillé pendant le jour, par d'autres ouvriers qui tra-
vaillent jusqu'à six heures du matin. Les ouvriers font alternativement une
semaine de travail de nuit et une semaine de travail de jour.
Hors la saison où se fabrique le sucre, le» limite» ordinaire», de «ix heure»
du matin à six heure» du soir, ne sont jamais dépassées.
Le* jeune* ouvrier» de seize à vingt et un an» prennent part au travail
l.n travail de nuit eat une nécessité inhérente à la fabrication, telle
qu'elle se fait aujourd'hui. Pour prévenir de grandes pertes, le fabricant
est obligé d'utiliser immédiatement lea betteraves récoltée», et surtout le
suc de ce* racines, dont la fermentation s'emparerait bientôt et ferait
disparaître toute la matière sucrée.
Pendant le travail de nuit, les ouvriers se reposent de minuit à une heure j
^y Google
332 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
pendant le travail. de jour, ils ont nue demi-heure de repos le matin , une
heure à midi, et une demi-heure à quatre heures.
Le* ouvrier* prennent leurs repas dans ou hors l'atelier, suivant le
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Le salaire des ouvriers n'a éprouvé aucune variation.
Les. hommes gagnent' 1 fr. par jour; les femmes et le* jeunes gens de seiae
à vingt et un ans, 80 centimes; les enfants de douze a seixe ans, «4 centimes.
Le* jeunes ouvriers sont toujours payés par le chef.
Les enfants fréquentent l'école primaire, et quelques-uns l'école dominicale.
La moitiédes ouvriers adultes savent lire et écrire; un quart environ savent
lire , écrire et compter ; trois ou quatre ont quelques notions de dessin.
On sépare, autant que possible, les sexe* différents; Cependant les
hommes et le* femmes se trouvent réunis dans la sucrerie.
La conduite des jeunes ouvriers est bonne; peu s'adonnent k là boisson.
Il n'y a pas de caisse d'épargne , ni de fonds de réserve pour les malades.
Ceux-ci sont soignés et entretenus aux frais du chef.
La santé des ouvriers et des enfants est, en généra), bonne ; ils sont rare-
ment malades. Le chef assure que le travail exerce une influence favorable
. snr le développement des enfants.
Il n'est jamais arrivé aucun accident grave dans cette fabrique.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvres.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
-Deux ouvriers (étrangers à la commune) sont munis d'un livret.
Cet établissement est très-bien tenu; les locaux «ont vastes, spacieOx, et
offrent de 'suffisante* conditions de salubrité.
îtiblissfuebt C. — Fabrique de tvere.
Le moteur est une machine à vapeur de la force de quatorze chevaux.
On y occupe ordinairement de soixante à soixante et dix ouvriers. Les pins
jeunes, au nombre de six ou sept, sont de l'âge de doilie à quinte an*. Il y
a de vingt à vingt-cinq femme*.
Les enfants sont engagés par le directeur.
Tous les ouvriers travaillent à la journée.
Les enfants ont une occupation peu fatigante; ils secouent les sacs et ren-
dent quelques autres petits service*.
Le travail est continu, et le* ouvriers travaillent par. brigades ; les un* de
sept heures du matin à sept heures du soir, et les autre* de sept heure*:du
soir à sept heures du matin.
Le* enfantssout soumis au travail de nuit comme le* adulte*.
Le travail de nuit est indispensable pour mettre à profit toute la force du
moteur, pour économiser le combustible, et surtout pour ne pas perdre le
principe sucrant des betteraves.
Pendant le travail de jour, le* ouvriers ont un intervalle de repos d'une
>91izedby GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE*!. INDUSTRIELS DU BRABANT. 555
heure et demie, à midi : pendant le travail de nuit, il* ont ud intervalle de
repos de minuit à une heurs.
Ils ne mangent jamais dan» la fabrique même : l'établissement possède un
local' deatin£ à servir de réfectoire aux ouvrier*.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
I.e salaire des ouvriers n'a pas éprouvé de variation.
Les preneurs, le» déféqueurs et tes ouvrier* employés ans filtres gagnent
de 1 fr. 9Sc.il fr. 30 c. par jour.
Le* laveuses et les enfants gagnent de 60 à 75 centime*.
Les enfant* sont payés tout le* samedis par le directeur.
L'instruction de* enfants est presque nulle ; celle des ouvriers adulte* ê»t
tout à fait nulle-
Les hommes et les femme* sont réunis dans les mêmes locaux.
Leur conduite est assez bonne : la plu* grande, réserve est imposée aux
ouvriers, et le silence est observé dans le* ateliers.
H n'y a pas de caisse d'épargne. Il y a une caisse d'amende* dont le* fond»
sont appliqués au soulagement de* malade* et de* blessé*.
L'état sanitaire est très-satisfaisant. La profession n'expose à aucune mala-
die el n'exerce aucune influence nuisible sur le développement de* enfant*.
Le seul accident un peu grave, arrivé dans celte fabrique, date de deux ans;
l'ouvrier employé à la pompe hydraulique a eu alors un œil brûlé.
Très-peu d'ouvriers «ont inscrit* sur la liste de* pauvre*.
Il .n'y a pns de règlement d'ordre ou de discipline, et le» prescription*
relatives au livret ne sont pas observées.
Ce magnifique établissement offre toutes les conditions désirables de salu-
brité.
■TlSUSSUIEItT n,
On y occupe deux cent cinquante ouvriers; une trentaine sont âgés de
plus de vingt ans; tous les autres sont âgé» de plu» de qualorxe an».
Le travail continue toute l'année.
Le* ouvrier* travaillent à la journée.
Le* enfant* sont engagé* par les ouvrier*, qui se les procurent facilement.
On ne les emploie qu'à des travaux légers, comme secouer le* sac*.
Plusieurs enfant* travaillent avec leurs parent*.
Le travail est Continu; une partie des ouvriers travaille de six heure* du
matin à six heure* du soir; et une autre de six heures du soir a six heure*
du matin. Les ouvriers fout alternativement une semaine de travail de jour
et une semaine de travail de nuit. Le travail est le même pour Ions le*
ouvriers indistinctement. Pendant le travail de jour , il y a une demi-heure
de repos, le matin, une heure à midi, et une demi-heure à quatre heures.
Pendant le travail de nuit le» ouvrier» s'entendent entre eux pour prendre
leurs moments de repos.
On n'a jamais essayé de (aire travailler le* enfant» par escouades ou relais.
DgïzeWGoOgle
554 CONSEIL CENTRAI. DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Les ouvîers prennent leurs repas dans l'atelier ou a a dehors, comme ils le
veulent; la plupart demeurent à une trop grande distance de h fabrique,
pour retourner chez eux.
On travaille ordinairement le dimanche.
Il n'y a pas de chômage le lundi.
Il n'y a pas eu de variation dans le salaire des ouvriers.
Les ouvrier* adultes gagnent 1 fr. 40 c. par jour.
Les enfants sont toujours payés par le chef.
La conduite des ouvriers est bonne.
Il n'y a pas de caisse d'épargne, ou de fonds de réserve pour les n
La direction soigne pour les infirmes et leur paye journée entière.
La santé des ouvriers est banne; le travail n'a rien de nuisible. Les oi
sont seulement eiposés à des brûlures.
Jamais aucun accident n'est arrivé dans cette fabrique.
Quelques ouvriers sont inscrits sur la liste des pauvres; leur état d'indi-
gence ne doit être attribué qu'aux chargea résultant de l'entretien d'une nom-
breuse famille.
tTASLISSMKKT A.
ht moteur est une machine à vapeur de la force de vingt-sept chevaux.
On y occupe ordinairement vingt ouvriers- Sur ce nombre , il y a huit
enfants de douze à seize ans, et quatre femmes.
Le travail continue toute l'année : les fortes gelées seules forcent quelque-
fois à une interruption qui n'est jamais de longue durée.
Tous tes ouvriers travaillent à la journée.
Les enfants sont engagé» par le chef qui se les procure aisément.
On ne les emploie qu'à destravaux peu fatigants, comme plier et attacher
les pièces de coton.
En toutes saisons, la journée commence à six heures du matin, et finit à
six heures du soir.
Ces limites sont quelquefois dépassées d'une couple d'heures.
La durée du travail est aujourd'hui ce qu'elle était jadis.
Il n'y a jamais de travail de nuit.
Quelques ouvriers prennent leurs repas dans la fabrique ; mais le plus
grand nombre retournent chez eux pour dîner.
H y a une demi-heure de repos le matin, et nue heure et demie a midi.
On ne travaille jamais le dimanche.
s ne chôment jamais le lundi.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTÀBUSSEU. INDUSTRIELS DU BRABANT. 555
Le prix delà journée Je travail n'a pas varié.
Le» ouvrier* adultes gagnent 1 fr. 23 c. par jour.
Les enfants gagnent de KO à 72 c, par jour.
Ces derniers sont toujours payés par le chef.
L'instruction des ouvriers, jeune* el adultes, est complètement nulle.
Leur conduite est bonne.
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni fonds de réserve pour les malades.
L'état sanitaire est satisfaisant. Le chef déclare que ses ouvriers sont rare,
ment malades, et que la profession ne les expose à aucune maladie.
Il est difficile d'admettre cependant qu'un travail continu dans
un atelier froid et humide et au milieu d'une atmosphère chargée
de chlore, n'exerce aucune influence défavorable sur la tante des
ouvriers .
Le chef ignore s'il y a des ouvriers inscrits sur la liste des pauvres.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
ÉTiuLiH.irïBiT i. — Atelier de menuiserie.
On y occupe trois ouvriers âgés de plut de vingt et un ans.
Ils sont occupés tonte l'année et travaillent à la journée.
En été, la journée commence à cinq heures du matin, et finit a huit heures
du soir. En hiver, elle ne commence qu'à sept heures du matin, et finit k
huit heures du soir.
Il y a une demi-heure de repos le matin, et une heure à midi.
Les ouvriers retournent dîner chez eux.
On ne travaille jamais le dimanche, et le lundi, on ne fait que trois quarts.
Le salaire moyen de* ouvrier* est de 2 fr. KO c. par jour.
Dons ouvrier* savent lire et écrire.
Leur coud ni te est norme.
L'état sanitaire est tret-salis faisant ; les ouvriers sont très-rarement malades
et la profession ne prédispose à aucune maladie; elle paraît, au contraire,
exercer une influence favorable sur la santé, par l'exercice auquel elle soumet
toute* les parties du corps.
Les ouvrière que nous avons vu* étaient robustes et bien portants.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvres ; la profession de
menuisier procure une certaine aisance à ceux qui l'exercent, à moins qu'ils
ne soient buveurs et débauché*.
L'atelier est assez vaste, mai* peu aéré.
a», Google
5o6 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DEMUSELLES.
. «TlBtUSBHINT B. — ÂttUtT 4* ehOTronnagt.
On y occupe douie ouvriers et deux apprenais.
Les ouvriers sont occupé* toute l'année.
Ils travaillent tous à la journée.
La journée commence, en toutes saisons, à six heure* el demie du malin,
«l finit a sept heure» et demie du soir.
Ces limite! sont rarement dépassées. Il n'y a pas de travail de nuit.
Il y a une demi-heure de repos le matin, et une heure à midi. Le* ouvrier*
retournent chez eux pour dîner.
Le goûter se fait dan* l'atelier et tout en travaillant.
■ Les ouvrier» gagnent environ 2 fr. par jour.
Les. apprentis gagnent de 1 l'r. à 1 fr. 33 c. par jour.
' Ces derniers fréquentent une école.
L'instruction des ouvriers adultes laisse à désirer ; quelques-uns savent
on peu lire et écrire ; deux savent dessiner.
Leur conduite est, eh général, bonne.
L'état sanitaire e»t satisfaisant ; on observe rarement des maladies, el la
profession n'exerce aucune influence nuisible sur la santé de* ouvriers.
. Aucun ouvrier n'est inscrit »ur la liste de* pauvres ; il* vivent générale-
ment aasex bien et il n'y a pas de misère chez eux.
Le dépôt du livret est exigé.
Le» ouvrier* nous ont paru propres et bien portant*. Le* ateliers sont
spacieux, bien aéré* et salubres.
• *c H» * U ■
tTiBLISSmiNT A.
Les moteur* «ont-deux machines à vapeur de la force de quarante chevaux
chacune. ■
On y occupe cent quatre-vingt-dix ouvrier* des deux sexea. Sur ce nombre,
il y a quatre-vingts enfants âgés de six, sept et huit ans. Le* petite* fille* et
le* femmes sont en majorité.
Les ouvrier* sont occupés toute l'année.
Ils travaillent tous à la journée.
Les enfants sont engagé* par le directeur qui te les- procure facilement.
On ne les emploie qu'à des travaux légers, comme a rattacher les fils, etc.
Plusieurs enfants travaillent avec leur* parents.
On emploie de préférence le* enfant*, parce qu'on y trouve de l'économie,
et k cause de leur aptitude toute spéciale au travail qu'on leur confie d'or-
dinaire.
D.glizedûy GOOgle
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSE». INDUSTRIELS DU BRABANT. 5S7
Le travail continue naît «t jour, et le* ouvriers travaillent alternative-
ment le jour el la nuit.
Le travail de nuit est nécessaire pour se mettre en mesure Je satisfaire
aux commandes ; d'un autre côté, il y a de l'économie à utiliser toute la force
motrice de» machines.
Le* enfants sont obligés de prendre part aux travaux de nuit, mais alors
île ne travaillent que dix heures, et ceux qui ont travaillé la nuit ne sont pas
occupé* pendant le jour-
Pendant le travail de jour, il y a une heure et demie de repos ; pendant le
travail de nuit, il n'y a qu'une demi-heure de repos.
Pendant le jour, le* ouvrier* vont preodre leurs repas au dehors ; pendant
la nuit, il* restent dans les atelier*.
Les ouvrier* «ont occupés la dimanche jusqu'à dix ou doute heures, mais
uniquement au nettoyage des machine*.
11 n'y a pas de chômage le lundi.
Le salaire de* ouvriers a augmenté.
Il y a des ouvriers qui peuvent gagner 33 fr. par semaine.
Beaucoup de femmes gagnent de 6 à 9 fr. par semaine.
Les enfant* gagnent de 40 à 45 c. par jour.
Le» fileuses gagnent HO c. par jour.
Les enfants sont toujours payés par le directeur.
Ils n'ont pas le temps de fréquenter les écoles ; leur instruction est tout â
fait nulle.
L'instruction des ouvriers adultes est à peu près nulle.
Les ouvrier* des deux sexes travaillent réunis dans les mêmes atelier*.
La conduite de* ouvrier* est bonne dan* l'établissement; le directeur
ignore comment ils *e conduisent au dehors.
. 11 y a un fond» de réserve pour le* malades; ce fonds a été formé par la
perception de* amendes.
L'état sanitaire est satisfaisant; le» ouvriers sont rarement malades, et le
directeur ne pense pas que le travail exerce quelque influence fâcheuse sur
la aanté des ouvriers, ou sur le développement physique des enfanta. Ce que
l'on observe le plus fréquemment, ce sont des accidenta, rarement graves, et
presque toujours du* i l'imprudence des victimes.
On ignore s'il y a des ouvriers inscrit» sur la liste de* pauvre*.
Il y a nn règlement d'ordre.
On n'a jamais essayé de faire travailler le* unfants par relais ou escouades.
Le directeur regarde comme préjudiciable à son industrie, la mesure qui
fixerait un maximum de durée pour le travail de* enfanta; cette mesure
l'obligerait à renvoyer immédiatement tous les enfanta auxquels elle serait
applicable. D'ailleurs, il trouve cette mesure inutile, parce que le* enfants
n'ont qu'un travail léger et proportionné à leur* force* ; ce travail ne peut
donc leur être nuisible.
Il n'y a pas de doute que les enfants n'aient beaucoup à souffrir, dan* cette
fabrique, du travail de nuit, et d'autant plus qu'il» sont fort jeune* el presque
^y Google
568 CONSEIL CENTRAL DE SAHIBBfTÉ PCBLIQUE DE BRUXELLES.
ton* âgés de six, sept et huit an* seulement. A part cela, l'établi «sèment est
bien tenu, lei ateliers sont bien disputés, bien aérés et bien ventilés, et satis-
font au» exigence* de l'hygiène. Nom» devon* dire cependant qu'il ne nous »
pai été permis de toît le* première* opération* qu'on fait subir an tin, chose
que nous regrettons d'autant plus que ce sont précisément celle* qui exercent
la plu* fnneale influence sur la santé de* travailleur*,
ÉT»ÏMUSt*t1T A.
Il y a une machine à vapeur de ta force de quatre à si» chevaux.
On y occupe ordinairement quarante ouvriers adnltea, quelquefois cin-
quante.
Les ouvrier* ont du travail toute l'année.
lia travaillent tous à la journée.
La journée commence à sept heure* du matin, ei. finit à sept heure* du
toir. Une partie des ouvrier* devant travailler la nuit, ils font alternative-
ment une semaine dn travail de jour, et une semaine de travail de nuit.
Il y a une demi-heure de repos le matin, une heure à midi et une demi-
heure l'après-dînée. Le* ouvriers travaillant aux fourneaux n'ont pas
d'intervalles fixes de repos ; ils prennent leur repos quand ih ont alimenté
le* fourneaux.
La plupart de* ouvriers vont prendre leurs repas chex eux, dn Moins le
dîner.
Une trentaine d'ouvrier* doivent toujours travailler le dimanche.
II n'y a jamais de chômage le hindi.
Les salaires n'ont subi aucune variation.
Les ouvrier* employé* aux fourneaux gagnent 3 fr. par jour; les ouvriers
manœuvres, 1 fr. 80 c. ; et quelque* ouvrier* spéciaux, S fr.
L'instruction de* ouvrier* laisse beaucoup à délirer; peu savent lire et
écrire ; ils sont presque tous de la campagne.
Leur conduite est assez bonne.
L'établissement n'a ni caisse d'épargne, ni fond* de réserve pour le*
malades.
L'état sanitaire est satisfaisant; il y a rarement des ouvriers muhdes. Le
directeur ne peut pa* émettre d'avis sur l'inflnanee que le travail exerce
sur la santé de* ouvriers.
Il ignore aussi s'il y a des 'on Triera inscrits sur la liste des pauvre*.
Il n'y a pas de règlement d'ordre on de discipline.
Le* dispositions relatives au livret ne sont qu'incomplètement exécutées ;
huit ouvrier* seulement ont des livrets.
;?by Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRABANT. 559
Bien que le local où se trouvent les fourneaux soit vaste et bien
aéré, il y règne cependant presque toujours une fumée épaisse et
suffocante qui doit irriter assex vivement les organes respiratoires;
aussi, le travail bit dans une semblable circonstance, doit nuire
aux ouvriers à poitrine faible et délicate. En outre, la forte chaleur
qu'ils ont à subir doit les énerver, les affaiblir, et les exposer A
des affections rhumatismales et catarrhales, s'ils n'évitent pat avec
soin les transitions brusques de température.
, «ItHlMtlUl B.
On y fait du ga* dit portatif, que Ton obtient eu distillant un mélange
de houille, de graisse et de résine liquéfiées. ■
Cet établissement n'occupe à la fabrication qu'as seuleayrier, qui travaille
depuis six heures du matin jusqu'à neuf heures du soir.
Cet ouvrier gagne 3 fr. par jour.
Il représente le travail comme très fatigant, et assure qu'A faut avoir une
bonne poitrine pour y résister.
Nous avons été présents à diverses opérations, et nous ayons pu nous
convaincre qu'il faut une grande habitude pour supporter la chaleur et la
famée produites par les fourneaux.
Cette usine pourrait être mieux ventilée; te* ouverture* pratiquées dans
la toiture sont insuffisantes pour donner une prompte issue à la fumée.
Les réflexions que nous avons faites relativement à la salubrité du travail,
en parlant de l'établissement A, sont encore applicables ici.
tTiiLissmiXT d. — Fabrique de plâtre.
Les fabriques 4e plâtre u'oocapedt, en général, qu'on trè*. petit nombre
d'ouvriers ; aussi présentent-elles peu d'intérêt peur ceux qui s'occupent des
conditions physique, morale et intellectuelle, de la. classe ouvrière. C'est donc
sous le rapport hygiénique que nous considérons ce* établissements.
L'établissement A n'emploie qu'un seul eu* rier. C'est un homme robuste
et bien portant qui exerce la profession de plâtrier depuis vingl-ciuq au.
Le* ateliers sont asseï vaste* et suffisamment aéréa;la pulvérisation du
plâtre produit peu de poussière, parce qu'il contient encore l'eau «fui entre
naturellement dans m coasposiùon. Le plâtre se cuit ensuite dan* une chau-
dière en fer, recouverte d'un manteau i
au dehors.
Le blutage seul donne un peu de poussière.
^y Google
560 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
On n'y occupe qu'un seul ouvrier.
Ici l'ou commence par calciner le plaire en morceaux ilana un four sem-
blable à celui de» boulangers; la voûte du four présente un tube par lequel
■'échappe la vapeur d'eau provenant du plâtre ; cette vapeur condensée va
se rendre dans une cuvette disposée aâ lut.
Le chef n'a jamais observé que le travail du plâtre produisît quelque
Nous croyons devoir faire remarquer cependant que, par le procédé de
fabrication adopté ici, les ouvrier* sont exposés à une poussière plus abon-
dante.
iruuMainnT C. — Mouleur est plâtre.
Le père travaille avec ses enfants; ils sont bien portants.
L'atelier, quoique petit, est salubre; il y règne peu ou point de poussière.
Le chef assure que la profession n'a rien d'insalubre.
ETABLUSMIR* A.
Le moteur est une machine à vapeur de la force de trente chevaux.
On y tire des tuyaux de plomb ; il y a, en outre, un tordoir à l'huile el
On y occupe dix-sept ouvrier* adultes, neuf au tirage du plomb, trois au
tordoir, et cinq à la meunerie. Du reste, le nombre des ouvriers varie; il aug-
mente ordinairement en hiver.
Le* ouvrier* sont occupé* toute Tannée.
Ils travaillent à la journée, sauf ceux employés au tordoir.
En toutes saisons, la journée commence à six heure* du matin, et finit à
sept heures du soir.
Ces limite* sont rarement dépassées.
On travaille quelquefois la nuit; en hiver, le travail de nuit est fréquent à
la meunerie.
Pendant le travail de jour, il y a une demi-heure de repos le matin, et une
heure a midi. Pour le travail de nuit, le* ouvrier* *e relayent à minuit.
Le* ouvrier* habitant tons la campagne, prennent leur* repas dîna l'éta-
blissement, mai* dan* un local à ce destiné.
On ne travaille jamais le dimanche, et il n'y a pas de chômage le lundi.
Les salaire* n'ont ni augmenté ni diminué.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES INDUSTRIELS DU BRÀBÀNT. 561
Le* ouvrier! plombier* gagnent ï francs par jour.
Le» ouvrier» huilier» sont payés à l'aime, et gagnent 18 fr. par semaine.
Les meuniers gagnent 2 franc* par jour, et 1 fr.de plus pour chaque demî-
nuit de travail.
L'instruction des ouvriers est i peu près nulle ; deux ou trois savent lire
et écrire. Leur conduite est bonne. '
Il n'y a ni caisse d'épargne, ni Tonds de réserve pour les malades.
La santé des ouvriers est bonne ; ils sont rarement malades, et le cbef n'a
pas observé qu'ils fussent sujets à quelque maladie particulière.
Il n'est jamais arrivé d'accident dans cet établissement.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste des pauvres ; les ouvriers vivent
bien et facilement; ce sont des campagnards, petits cultivateurs.
Il n'y a pas de règlement d'ordre ou de discipline.
Le dépôt du livret est exigé.
L'établissement possède deux pompes à incendie.
Les ateliers sont vestes, spacieux, bien disposés et présentent de suffisantes
garanties de salubrité. Le local ou se fait la fonte du plomb est petit, mai»
bien aéré ; il nerait à désirer cependant que la chaudière qui contient envi-
ron 7,000 kilogrammes de plomb, fût placée sous un large manteau sur-
monté d'une cheminée d'appel.
Enfin les travaux les plus fatigants dans la meunerie sont exécutés par la
machine à vapeur.
ETIHISSMINT B.
Il y a dans l'établissement de vingt à vingt-cinq ouvriers ou apprentis.
La plupart sont âgés de douze à seiie ans ; le» autres ont de seize à qua-
rante ans.
Le travail est irrégulier, de sorte que tous les ouvriers ne sont pas occupés
Le* ouvriers travaillent à la pièce.
Les enfanta sont engagés par le chef, qui se les procure facilement en
s'adreuant aux frères de la doctrine chrétienne. On ne les emploie qu'A des
occupations peu fatigantes, comme le dessin, la gravure, le coloriage ; une
partie de la journée est employée aussi à leur donner de l'instruction.
Le travail commence à sept heures et demie du matin, et finit à quatre
' heures de l'a près- dinée.
Ces limites ne sont dépassée* que dans les moments de presse, chose qui
arrive très-rarement.
Les enfant* ont une heure et demie de repos pendant le travail; les adultes
n'ont qu'une demi-heure de repos.
Le chef ne peut qu'approuver la mesure qui fixerait un maximum de
durée pour le travail des enfant*.
Il pense que pour le» enfant» au-dessous de l'âge de douxe ans, il ne fau-
drait permettre que huit heures de travail, tout en leur a**urant une heure
^y Google
5» CONSEIL CENTRAL DE SÀLUUR1TÉ (TOUQUE DE BRUXELLES.
et demie de repos ; que pour cem âgés de doute a selie ans , on pourrait
tolérer dix heures de travail, «t que pour cari âgés de plus de «eiie an» oit
pourrait permettre douie heures de travail, y comprit les intervalles de
Il eut eicessivemett rare que l'on travaille la nuit, et, dans ce eis, le»
enfants ne prennent point part au travail.
Les ouvriers ne prennent que le déjeuner dada les ateliers.
On ae travaille pas le dimanche , et le chantage du lundi n'est pas permis.
L'établissement faisant des sacrifices en faveur des jeune» gêna qui «ont
y faire leur apprentissage, cens-ci ne reçoivent de rétribution que lorsqu'ils
savent déjà faire de» ouvrages de quelque valeur.
L'instruction des enfants est assez satisfaisante; ils doivent déjà avoir quel-
que instruction au moment de leur admission , et cette instruction ae com-
plète dans rétablissement.
L'instruction des adultes est satisfaisante aussi ; les plusjennes sont surtout
les plus instruits. Il n'y a que deux ouvriers qui ne savent ni lire ni écrire.
Tnns ont des notions de dessin.
Les ouvriers des deux setes travaillent séparément dans des locaux dis-
tincts.
Leur conduite est très-bonne.
L'état sanitaire né laiase rien i désirer; lea ouvriers sont très-rarement
malades, et leurs occupations n'exercent aucune influence défavorable sur la
santé.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la listé des pauvres.
Cet établissement est bien tenu ; les ateliers sont spacieux , propres, bien
aérés et calubresj les ouvriers que nous y avons vus étaient bien portants.
Cependant il y a beaucoup à rabattre de l'assertion du chef relativement àl'in-
nocutté du travail; une-personne, qui depuis de longues années a des relations
suivies avec rétablissement, nous a déclaré que presque tous les lithographes
qui y sont employés succombent à la phthisie pulmonaire.
ï 4» Seleriet) mécoolqa-
ÏTisussiani A.
On y occupe trois cents ouvriers. Sur te nombre il y a cinq enfanta Agés
de moins de neuf ans, dix ayant de neuf à dôme ans, et dix autres ayant de
donae a sejse aos. Tous lea autres ouvrier» OU plus de srite ans.
Le travail continue toute l'année.
Tous les enfants et une partie dea ouvriers travaillent a la journée ; nue
entra partie (la moitié environ) travaille à forfait.
^y Google
ENQUÊTE DANS LES ÉTABLISSES!. INDUSTRIELS DU BRADANT. 665
Le* enfante âgé* de moins de douie an» ne «ont admis qu'avec leur*
parent*; il* «ont seulement employas comme aide*. Ceux âgés de pin* de
do luf an» «ont employa* mine ouvriers.
On se procure facilement le* enfant* dont on a besoin.
Le* enfant* rendent autant de service* que le* ouvriers adnltea; on les
emploie par mesure d'économie.
En été on occupe ordinairement un plus grand nombre de jeunes ouvrier*
que pendant l'hiver; la différence est d'un cinquième environ.
Le travail commence, en été, à six heures du matin, et finit à sept heures du
soir. En hiver, il ne commence qu'à sept heure* et demie du matin, et finit i
quatre heures et demie du noir.
Les menuisiers et le* ouvriers employé* à forfait travaillent toujours jus-
qu'à huit heures du *oir.
Ces limites sont quelquefois dépassées, mais le travail extraordinaire n'a
lien que pour quelques ouvriers, car les machines cessent de fonctionner à
huit heures du soir.
Il y a une demi-heure de repos le malin, une heure à midi, et un quart
d'heure à quatre heures.
Le chef approuve la mesure qui fixerait un maximum de durée pour le
travail des enfant* ; i) croit qu'il ne faudrait faire travailler les enfant* que
pendant huit heures, y compris deux intervalles de repos de trois quart*
d'heure chacun, et encore le travail ne devrail-il exiger aucune position fati-
gante.
Les enfants ne travaillent jamais la nuit.
Les ouvriers vont prendre leur* repas an dehors.
On ne travaille jamai* le dimanche. Le lundi, on ne travaille, en toutes sai-
sons, que jusqu'à quatre heures de l'après-dinée.
Le* salaires n'ont ni augmenté ni diminué.
Les enfants gagnent 73 centime* par jour. Parmi les adultes, il en est qui
gagnent 1 franc, d'autre* 1 fr. 50 c.
Les enfants sont payé* directement par le chef.
L'emploi donné aux enfant* ne leur permet pa* de fréquenter le» écoles ;
ils ne fréquentent que le cour* de dessin qui est donné dans l'établissement
par un contre-maître.
La moitié environ des onviers adultes ne savent ni lire ni écrire. Fresque
tons les menuisiers ont des notions de dessin.
La conduite des ouvriers en général est bonne.
L'établissement a formé un fond* de réserve pour le* malade»; en cas de
maladie, l'ouvrier est soigné gratuitement et touche la moitié de sa solde
ordinaire.
La santé des ouvrier» est bonne ; ils sont rarement malades, et le chef n'a
^y Google
564 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
pas observé que le travail eiposàt à quelque maladie particulière, lia tout
seulement expoaé* à m biewer eu travaillant.
Aucun ouvrier n'est inscrit sur la liste de* panne*, du moins au an du
chef.
Lea atelier* de cet établissement sont vastes, bien disposés et présentent
de suffisantes garantie* de salubrité.
^y Google
Séponsfa ani questions. — Résumé et conclusions de la Commission
du Conseil eeolral de salubrité publique de Bruxelles.
BgyxlICratE P&BTIK.
1™ QCESTioir. — Indiquer d'une manière générale la conililution
physique et l'état sanitaire de la population ouvrière de la province.
Existe-t-il, a cet égard, des différences entre les ouvriers occupés
aux travaux agricoles et ceux que l'on emploie dans l'industrie, et
parmi ces derniers entre ceux qui travaillent sédentai rement dans
la petite industrie ou dans les grands établissements industriels ?
réponse. — Pour répondre convenablement à celte question ,
il faudrait établir une foule de distinctions et entrer dans un grand
nombre de détails qui ne peuvent trouver leur place ici , et qui ,
d'ailleurs, ont été exposés dans la partie de notre travail, résumant
les renseignements que nous avons pris dans le» différents établis-
sements industriels de la* province. En effet, l'on conçoit que la
constitution physique et l'état sanitaire de la population ouvrière
doivent éprouver de nombreuses modifications , suivant que celte
population vit dans les grandes villes ou dans les communes rurales ;
suivant, que la commune qu'elle habile est dans une situation topo-
graphique plus ou moins avantageuse; suivant que les habitations
elles-mêmes sont plus ou moins bien situées , qu'elles sont plus ou
moins spacieuses, plus ou moins propres, plus ou moins bien aérées ;
suivant que les ouvriers trouvent dans leur travail les moyens d'une
existence plus ou moins aisée ; suivant que le travail est plus ou
moins pénible et fatigant , ou plus ou moins nuisible par lui-
même , etc. A part la difficulté résultant de ce grand nombre de
*by Google
506 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
causes susceptibles de modifier, et qui modifient toujours, en effet,
la constitution physique et l'état sanitaire de la population ouvrière,
il en est une autre qui tient & notre position particulière : habitante
de la capitale, les membres du Conseil central de salubrité publique
ont plus d'une fois donné des preuves de leur sollicitude envers la
classe ouvrière , mais presque toujours leur» observations se sont
bornées à celle qui vivait sous leurs yeux , et abstraction faite de
cette masse d'ouvriers répartie entre les diverses localités de la
province. Mais la difficulté inhérente à notre position même a été
levée, grâce à la mesure que nous avons adoptée; nous voulons
parler des visites que nous avons faite» par nous-mêmes dans les
principaux établissements industriels du Brabant. Ayant consacré
plus de quatre mois à ces visites, ayant parcouru la province à peu
près en tous sens , ayant vu de près les populations ouvrières des
villes et des campagnes , nous pouvons esquisser à grands traits,
c'est-à-dire d'une manière générale , la constitution physique et
l'état sanitaire de la classe laborieuse.
La constitution physique des ouvriers est , en général , bonne ;
à part les ouvriers de quelques établissements plus ou moins insa-
lubres, à part ceux qui étaient déjà d'une constitution plus ou
moins molle et chélive en commençant leur carrière industrielle ,
on peut dire qu'ils offrent presque tous des apparences de santé et
de force. Voilà ce qui est vrai , quand on considère la population
ouvrière en masse; mais si l'on descend aux détails, si l'on examine
cette population dans quelques travaux spéciaux , dans quelques
industries particulières , le tableau devient plus affligeant ; alors
disparaissent les apparences de la santé et de la vigueur , alors se
présentent à l'observateur des teints hâves et décolorés, des con-
stitution» débiles, épuisées, rabougries, etc.
Relativement à la masse , ce sont des exceptions , nous le répé-
tons ; mais ces exceptions sont nombreuses, très-nombreuses, et il
importe de les signaler à l'attention et à la sollicitude du gouver-
nement.
L'état sanitaire de la population ouvrière est , en général , «nés
satisfaisant. Il résulte des renseignements que nous avons recueillis,
que , pour une foute d'industries , et toutes choses étant égales
d'ailleurs, (es ouvrière ne sont pas plus souvent atteints de maladies
que les autres citoyens. Les maladies tes plus fréquentes ehez ta
classe ouvrière sont le rhumatisme , les scrofules , les fièvres inter-
mittentes, le catarrhe et la pntbîsie pulmonaire : les causes de ces
^y Google
RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RfcS. ET CONCL. DELACOKM. 567
maladies ae trouvent soit dam l'état du loi , soit dans la mauvaise
disposition dès habitations, soit dans la nature du travail, toit dans
des prédispositions individuelles. Certaines industrie», comme non
l'établirons plus loin, peuvent occasionner ces maladies ou en hâter
le développement; mais, en général, on peut dire qu'elles ne dot-
vent pa» leur naissance au travail seul , et qu'il y a toujours bon
nombre d'autre* causes qui agissent concurremment avec lui , et
peut-être plus puissamment que lui.
Beaucoup de jeunes ouvriers sont tcrofaleux. Si la fréquence
des scrofules ne peut pas être attribuée au travail dans les («briquée,
il faut convenir cependant que celui-ci peut en favoriser le déve-
loppement et en prolonger la durée : ainsi l'emploi trop précoce
ou immodéré des forces de l'enfant, les occupations trop séden-
taires , le séjour dans des ateliers , souvent froids et humides , où
l'an* vicié n'est pas facilement remplacé par un air plus pur et
plus salubre , etc. , sont autant de conditions propres à détériorer
la constitution et a faire naître les affections strunieuses ; placez
dans les mêmes conditions des enfants déjà scrofuleux, vous aggra-
verez et perpétuerez évidemment leur mal, et vous entraverez leur
développement physique. :
Ce que nous avons dît jusqu'ici «'applique a la population ou-
vrière proprement dite, c'est-à-dire a celle occupée par les éta-
blissements industriels. Si l'on compare cette population a la classe
si nombreuse aussi des ouvriers employés aux travaux agricoles ,
la comparaison, sans aucun doute, doit tourner toute à l'avantage
de ces derniers. Un teint souvent fleuri , une peau plus colorée,
annoncent chez l'homme des champs une circulation plus active ,
un sang plus riebe en hématosine; sa constitution est ordinairement
robuste et se traduit a nos yeux par un système musculaire plus
fortement et surtout plus harmonique ment développé que chez les
ouvriers des fabriques. Sa santé florissante , sa constitution phy-
sique plus avantageuse, l'homme des champ* tes doit à l'influence
bienfaisante de l'air pur au milieu duquel il exécute presque tous
ses travaux ; il les doit à la nature même dé ses travaux qui exigent
le concours de tous ses membres, une activité dans laquelle inter-
vient presque tout le système musculaire, en sorte qu'une partie ,
ne ae développe pas au détriment d'une autre ; il les doit a une vie
réglée, et, disons-le, a l'ignorance de la plupart des vices dont les
ouvriers font l'apprentissage dans les ateliers.
Certainement, tous ceux qui travaillent aux champs ne presen-
Digilizedby GOOgle
568 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
tent pas de» constitutions fortes et des apparences de santé. Il faut
encore ici faire la part des influences auxquelles ils sont soumis ,
tenir compte des localités , de la nature du sol , de l'état des habi-
tations, des ressources fournies par le travail , de la nourriture, etc.
Ainsi, par exemple, il ne faut pas s'attendre à rencontrer un teint
fleuri et une peau colorée chez celui qui vit dans une localité basse
et humide , ou dans le voisinage d'eaux stagnantes et de terrains
marécageux ; ni chez celui qui habite une masure froide et humide,
où il n'est qu'imparfaitement à l'abri des intempéries de l'air ; ni
chez le malheureux, enfin, qui ne trouvant à s'occuper qu'une
partie de l'année, souffre souvent de la misère et ne se nourrit que
des aliments les plus grossiers, etc.
Si le travail en plein air procure la santé, s'il aide au développe-
ment physique de l'homme, s'il offre des avantages incontestables,
il faut dire aussi qu'il peut, dans certaines circonstances, devenir
cause de maladies : c'est, on le comprendra aisément, lorsqu'il a
lieu par une forte chaleur, par un soleil ardent, ou dans des con-
ditions opposées , c'est-à-dire par un temps froid et humide.
Mais les causes que nous signalons ici ne sont que fugaces, tem-
poraires ; elles ne minent pas sourdement l'économie. Lorsqu'elles
déterminent des maladies, ce sont presque toujours des affections
aiguës que le médecin peut combattre avec des chances plus ou
moins nombreuses de succès. Chez les ouvriers occupés par l'in-
dustrie, les causes morbifiques agissent, au contraire, d'une ma-
nière continue ; elles détériorent insensiblement la constitution et
finissent par amener des états morbides qui résistent le plus sou-
vent a tous les secours de l'art.
En résumé, il résulte des considérations auxquelles nous venons
de nous livrer , que l'ouvrier employé aux travaux agricoles est
en général d'une santé plus robuste, d'une constitution plus forte
que l'ouvrier des fabriques , et que , si le travail les expose tous
deux a des causes assez multiples de maladies, l'avantage reste
toujours au premier.
Non-seulement il y a, sous le rapport de la constitution physique
et de l'étal sanitaire, une notable différence entre les ouvriers
employés aux travaux agricoles et ceux occupés par l'industrie ,
mais encore entre les ouvriers des fabriques des villes et ceux des
fabriques établies dans les communes rurales. Cette différence n'est
peut-être pas aussi sensible, mais elle n'en est cependant pas moins
réelle : pour la saisir, il ne faut pas comparer la population iodus-
xuvCoo^le
RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RËS. ET CONCL. DE LA COHH. 569
trielle des campagnes à celle des petites villes, parce que l'une et
l'autre sont soumises a des conditions à peu près similaires, mais il
faut mettre la population industrielle des campagnes en opposition
avec celle des grandes villes ; alors vous verrez, pour des industries
semblables, les ouvriers offrir des santés plus ou moins florissantes,
selon qu'ils appartiennent a la campagne ou a la ville.
Bien que la question posée n'ait pas fait mention de cette dis-
tinction , nous avons cru devoir l'établir , par la raison que nous
avons été à même de constater la différence que nous venons de
signaler, et qu'elle pourra jeter quelque lumière sur plusieurs des
points que nous aurons à traiter ultérieurement.
Pour résoudre la dernière partie de la question, il faut d'abord
déterminer ce qu'on doit entendre par petite et grande industrie.
La grande industrie est celle qui exige l'emploi de forces motrices
puissantes, telles que la vapeur ou les chutes d'eau, ou encore celle
qui, sans exiger l'emploi de ces forces, occupe, sous un même toit,
un grand nombre d'ouvriers. La petite industrie, au contraire, est
celle qui n'a pour moteur que le bras de l'homme, ou qui n'emploie,
du moins, que des moteurs peu puissants , ou bien qui ne s'exerce
qu'en petite réunion. Ces définitions, quoique peu rigoureusement
exactes, suffisent cependant pour l'objet que nous avons en vue, et
permettent d'établir à priori que les ouvriers doivent, en général,
moins souffrir dans la grande industrie que dans la petite. La pre-
mière , en effet , exige des locaux vastes et spacieux , une dépense
moins considérable de force, le travail se bornant souvent a la
surveillance ou a la conduite des machines; le travail lui-même a
des limites plus fixes, et est interrompu par des intervalles de repos
plus longs ; la surveillance qu'on exerce dans les grands ateliers y
rend l'apprentissage des vices plus difficile et prévient la plupart
des abus.
Dans la petite industrie, le travail est plus pénible; il exige une
dépense plus considérable de force ; les ateliers sont , en général ,
plus petits , moins aérés , plus insalubres ; la durée du travail est
plus longue, les intervalles de repos sont moins nombreux et plus
courts , les abus plus fréquents , et les vices s'y perpétuent plus
aisément parce que la surveillance est nulle ou peu active.
Si donc les ouvriers des grandes fabriques travaillent dans des
conditions généralement plus favorables que ne le font ceux de
la petite industrie, il en résulte nécessairement que, toutes choses
demeurant égales, le travail sédentaire dans la petite industrie est
^y Google
570 CQNSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
plut nuisible que dans la grande. Pour se convaincre de cette vérité,
il suffit d'examiner comparativement quelque* ouvriers occupes
sédentaire ment dans la grande industrie, et quelques autres travail
lant sédentairemeul dans les petits ateliers. Celte vérité deviendra
surtout évidente si l'on choisit de. préférence pour celte comparai-
son, déjeunes ouvriers; car, hâtons-nous de le dire, c'est principale-
ment aux enfants que le travail sédentaire devient préjudiciable,
par l'inaction forcée à laquelle il les condamne.
2" question. — Quelles sont les maladies, les infirmités et les
difformités que les ouvriers de tout Age et de chaque seie con-
tractent dans l'eiercice de certaines professions ? ,
KEPORSB. — On ne peut répondre à cette question que pour
autant que Ton passe en revue les diverses professions ou indus*
tries. Nous devons donc mentionner ici toutes les professions ou
industries que nous avons eu occasion d'examiner, et nous rappor-
terons les renseignements que nous avons recueillis. A défaut de
renseignements concluants, nous exprimerons noire opinion sur
les maladies que chaque industrie peut produire , en ayant soin
d'éviter toute confusion, afin que l'on ne prenne pas notre opinion
personnelle pour le résultat de l'observation.
§1.— Batteur» d'or.
Us ne sont exposés à aucune maladie particulière. La profession
exigeant une dépense considérable de forces et une activité con-
tinuelle de la part des membres supérieurs, ceux-ci, et les muscles
qui tes meuvent, prennent un développement plus fort que les
parties inférieures condamnées à l'immobilité- Les efforts exécutés
par les membres supérieurs sembleraient devoir favoriser la for-
mation des hernies ; cependant l'observation a appris que cet
accident n'est pas plus fréquent chez les batteurs d'or que cbez
les autres ouvriers. Les accidents les plue ordinaires sont des con-
tusions , des meurtrissures ou des écrasements plus ou moins forts
des doigts, déterminés par le maillet.
L'industrie du batteur d'or demande encore l'intervention d'au-
tres ouvriers pour placer dans des livrets l'or réduit en feuilles. Ce
travail, tout A fait sédentaire, est ordinairement confié A des femmes
ou A des jeunes filles ; il nous semble de nature A nuire à la consti-
tution des ouvrières, d'abord parce qu'il est sédentaire, et ensuite
^y Google
RÉPONSES AUX QUESTIONS.— RÉS. ET COEKL. DE LACOHM. 571
parce qu'il 'doif régner dana l'atelier où H s'exécute une tempéra-
ture toujours assez élevée ; ajoutons enfin que le travail ne permet
pas l'emploi des moyens' de ventilation, et l'on comprendra que
la constitution des fesmes doit s'amollir, et présenter bientôt les
conditions les plus favorables au développement des flueurs blan-
ches et des affections chloroliques.
§ 2. — Tireur» d'or.
Ce travail n'a rien d'insalubre. Les ouvriers fondeurs sont
exposés aux maladies résultant d'une suppression brusque de. la
transpiration , le catarrhe , la pneumonie, les rhumatismes ; quel
ques précautions suffisent pour prévenir ce résultat ; on observe
rarement l'une ou l'autre de ces maladies.
Le tirage proprement dit est un ouvrage sédentaire que l'on
confie a des femmes ou à des enfants. Il a tous les inconvénients
des travaux sédentaires, mais il est moins nuisible que dans l'in-
dustrie précédente, parce qu'il n'exige pas une température élevée
et la fermeture constante des fenêtres.
Les tireurs d'or deviennent quelquefois myopes , et l'on remar-
que chez ceux qui ont longtemps exercé la profession, un affaiblis-
sement notable de la vue.
§ 3. — Doreurs sur métaux.
Celte profession est des plus insalubres , de l'aveu même des
industriels que nous avons consultés a cet égard. Elle, comporte
un nombre d'opérations plus ou moins grand, suivant que l'in-
dustriel fond lui-même le bronze ou le reçoit coulé et travaillé :
toutes ces opérations sont essentiellement nuisibles. Pour le doreur
proprement dit, elles consistent : 1" a recuire le bronze qui doit
être doré; 2" a enlever de sa surface l'oxyde qui s'est formé pendant
le recuit , ce qui s'appelle décaper ou dérocher, et ce qui se fait
d'ordinaire aveo l'acide nitrique ; S" à préparer l'amalgame d'or
et de mercure ; 4* à appliquer et à étendre l'amalgame sur le
métal à l'aide d'un pinceau de fil de laiton , qu'on trempe dans
de l'acide nitrique; 0° a passer au feu la pièce recouverte de
l'amalgame pour en dégager le mercure.
Les maladies produites par ces opérations sont les coliques
métalliques , diverses affections de poitrine et le tremblement dit
mercuriel. Cette dernière maladie est de beaucoup la plus fié- .
quente, parce que c'est principalement a l'inspiration de vapeurs
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572 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
roercurielles que les doreurs sont le plus exposés. Lorsque les
ateliers des doreurs sont mal disposés, lorsque les ouvriers vivent
dans l'intempérance et la débauche, leur santéest bientôt ruinée,
et l'on constate sur leur figure les signes d'une cachexie profonde.
§ 4. — Fabriques de produits chimiques.
Sous ce litre , nous comprenons plusieurs espèces d'établisse-
ments : les uns sont toujours insalubres à un certain degré , les
autres ne le sont pas ou ne le deviennent que par une mauvaise
disposition des ateliers et des appareils.
Parmi les établissements toujours insalubres à un certain degré,
il faut ranger les fabriques d'acides minéraux, et celles ou l'on pré-
pare les chlorures de chaux sec ou liquide. Les déclarations des
chefs varient relativement à l'influence nuisible de la fabrication
sur la santé des ouvriers : les uns prétendent que la fabrication ne
nuit en rien à la santé des ouvriers , tandis que les autres recon-
naissent qu'elle offre des inconvénients graves. Nous avons remar-
Iqué qu'en général les ouvriers de ces fabriques sont maigres,
pâles, et d'un teint jaunâtre assez prononcé; nous n'en avons vu
qu'un petit nombre qui présentaient les apparences de la santé.
Les maladies produites par le travail sont des toux, des oppres-
sions, des irritations de poitrine, des asphyxies incomplètes, des
hémoptysie», la phthîsie pulmonaire, la diarrhée et des affections
quelquefois incurables du tube intestinal. Ces maladies se déclarent
plus ou moins promptement , sont plus ou moins intenses , persis-
tent plus ou moins longtemps , selon la constitution des individus,
leur manière de vivre, leur régime alimentaire , U situation et les
conditions hygiéniques de leurs habitations , etc.
§ 5. — Fabriques de papier.
Les conditions du travail sont bien différentes , suivant que la
fabrication a lieu à la main , ou a la mécanique. Cependant, il est
quelques opérations préalables qui sont les mêmes dans l'un et
l'autre procédé de fabrication : nous ne mentionnerons ici que
celles qui peuvent exercer quelque influence défavorable sur la
santé des ouvriers ; ces opérations sont : le triage, le coupage et
la mouture des chiffons, et le blanchiment de la pâte au moyen du
chlore gazeux.
Le triage et le coupage produisent une poussière abondante qui,
pénétrant dans les organes respiratoires , provoque une toux de»
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — Rfô. ET CONCL. DE LA. COUM. 573
plus incommodes. Les femmes chargées de ce travail payent
presque toutes ce tribut lorsqu'elles en sont à leur apprentissage;
peu a peu elles s'habituent à la poussière et finissent par ne plus
tousser. Les divers industriels que nous avons interrogés a cet
égard, nous ont affirmé que l'expérience leur a appris que les
trieuses et les coupeuses n'étaient pas plus sujettes aux maladies
de poitrine que d'autres ouvriers, Dn industriel cependant nous
a déclaré qu'il y avait des ouvrières. qui ne pouvaient pas supporter
le travail du triage et du coupage, et qu'il avait pris la mesure de
renvoyer immédiatement celles qui commençaient a tousser. Ceci
nous porte k croire qu'on a du reconnaître à ce travail une fâcheuse
influence sur les organes de la respiration, et, dans notre opinion,
il peut prédisposer aux affections de poitrine et même en hâter le
développement.
Maniant des chiffons souillés de toute» espèces d'ordures, on
serait porté a admettre que les trieuses et les coupeuses doivent
fréquemment être affectées de maladies de la peau; mats l'obser-
vation a prouvé que ces maladies sont peu communes chez elles.
Les coupeuses, qui n'en sont qu'à leur apprentissage, se font
Souvent des coupures plus ou moins graves.
Lès ouvriers meuniers et feutrîers, travaillant dans des locaux
toujours froide et humides, sont exposés aux rhumatismes; ['inT
fluence du froid et de l'humidité a d'autant plus de prise sur ces
ouvriers, qu'ils sont obligés de travailler la nuit, et que, dans
beaucoup de fabriques, ils travaillent même vingt-quatre heures
de suite.
Le blanchiment de la pâte , à l'aide du chlore gazeux , est une
opération dangereuse qui peut produire des maladies de poitrine
très-graves , et même la mort, comme cela est arrivé dans une
fabrique pour deux ouvriers. Cependant il est juste de dire que
cette opération peut se faire sans aucun danger pour les ouvriers,
lorsque ceux-ci prennent les précautions convenables, et que les
appareils et les chambres à blanchiment sont d'ailleurs bien établis.
La fabrication en elle-même, et à l'aide de la mécanique, ne nous
parait guère susceptible de détériorer la santé des ouvriers; l'hu-
midité d'une partie du sol et les vapeurs aqueuses résultant de la
dessiccation instantanée du papier sur des cylindres chauffés,
peuvent peut-être a la longue, et lorsque les ateliers sont mal dis-
posés, exercer quelque influence défavorable, mais nous n'avons
acquis aucun renseignement positif à cet égard.
,dBy Google
5J* CONSE& CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Il n'en est plus de même de la fabrication à la main; celle-ci est,
de toute évidence, préjudiciable et à la santé et à ta constitution
des ouvriers. Travaillant dans l'humidité, debout, et le corps pres-
que constamment à moitié fléchi, ces ouvriers, après quelque
temps de travail à la cuve, se roulent, sont atteints d'affections
rhumatismales, d'cedème aux extrémités inférieures, et présentent
un teint pâle et décoloré. Ces observations se rapportent également
aux formeurs , aux coucheurs et aux leveurs ; les coucheurs, en
outre, d'après la déclaration d'un fabricant, finissent presque tou-
jours par souffrir de la poitrine.
Ce sont ordinairement des enfants que l'on emploie comme
ieveurs. C'est particulièrement aux enfants que le travail est nui-
sible ; ils s'étiolent , palissent et se rabougrissent , et, s'ils ne sont
déjà pas scrofuleux à leur entrée à l'atelier, ils ne tardent pas à
le devenir.
S 6- — Fabriques d'indiennes.
î>our déterminer l'influence que la fabrication des indiennes
exerce sur la santé des ouvriers , il faut entrer dans les diverses
spécialités qu'elle embrasse et examiner les ouvriers par catégories.
Nous nous occuperons donc successivement : 1" des blanchisseurs
et des teinturiers ; 2* des graveurs ; 3° des imprimeurs , que nous
distinguerons en imprimeurs à la main et en imprimeurs au rouleau;
4" des tireurs ; et 5" des enfants employés dans la course.
1° Blanchisseurs et teinturiers. — Toujours dans l'humidité,
debout , plus ou moins courbés, les jambes presque toujours nues
jusqu'à mi-cuisse, ces ouvriers se trouvent dans des conditions qui
les prédisposent aux affections rhumatismales et de poitrine, et sont
sujets à gagner des œdèmes et des varices aux membres abdominaux.
Si l'on doit ajouter foi aux déclarations des industriels, ces maladies,
pourtant, seraient fort rares ; un seul industriel, en effet, a reconnu
que le rhumatisme et tes varices étaient des affections propres aux
teinturiers; dans un autre établissement où l'on n'emploie comme
blanchisseurs et teinturiers que de jeunes ouvriers , le chef nous
a répondu qu'il était impossible de juger quels étaient les effets
produits par le travail, attendu que les jeunes ouvriers ne restaient
jamais longtemps dans l'établissement.
2° Graveurs. — Ils se courbent à la longue et voient souvent
leur vue s'affaiblir de bonne heure.
3" Imprimeurs. — J. mpsinuas a la haiit, lis sont toujours
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONÇU DE LA COMM. 57,";
debout , la partie supérieure du corps plus ou moins fléchie sur la
table , et ne sont exposée qu'aux accidents résultant ordinairement
de la station prolongée : œdème des membres inférieurs, varices, etc.
Ce que nous disons ici relativement aux imprimeurs a la main
est applicable aussi aux ouvriers appelés rentreurs, qui ne sont,
en définitive, que de véritables imprimeurs à la main chargés de
l'application , sur le coton qui a déjà reçu une impression , d'un
autre dessin ou d'une autre couleur. B. imprimeurs ac ctummib
ou au rouleau. — Quoique toujours debout comme les précédents,
la locomotion à laquelle ils se livrent plus ou moins , atténue les
inconvénients de la station prolongée. Ils sont exposés k te blesser,
s'ils ne conduisent pas leur machine avec prudence.
4" Tireurs. — On appelle ainsi les enfants qui aident les impri-
meurs à la main ; leur occupation consiste à étendre les couleurs
sur le tamis , et elle exige qu'ils soient toujours debout. Ce travail
n'est ni fatigant, ni insalubre, mais il peut favoriser le dévelop-
pement des varices.
5" Ouvriers employés dans la course. — On désigne sous le
nom de course un local ordinairement très-petit et bien clos, dans
lequel règne toujours une température très-élevée, variant de 35*
a 50" cenligr., et qui a pour destination de sécher instantanément
le coton qui vient de recevoir l'impression sous le rouleau. Pour
tirer la pièce de coton dans la course , on emploie presque exclu-
sivement des enfants. On conçoit que passant une partie de la
journée dans un local resserré, fortement chauffé et peu aéré, leur
constitution doit nécessairement se débiliter, et qu'ils sont d'ailleurs
exposés à chaque instant aux maladies qui résultent des transitions
brusques de température. De tous les travaux que comporte la
fabrication des indiennes , celui de la course est , sans contredit ,
le plus nuisible.
S 7. — Fabriques de papiers peints.
Les différentes catégories d'ouvriers sont : les graveurs , les
fonceurs, les imprimeurs, les satineurs et les pressîers. Selon la
déclaration des industriels, ces ouvriers ne sont exposés à aucune
maladie ou à aucune infirmité du fait même de leur profession.
Cependant les graveurs, les fonceurs, les imprimeurs et les sati-
neurs se trouvant dans des conditions de travail à peu près sem-
blables à celles dans lesquelles se trouvent les graveurs et les
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576 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
imprimeurs des fabriques d'indiennes , nous pouvons dire qu'ils
sont exposés aux mêmes infirmités et aux mêmes accidents.
Le travail le plus fatigant, et qui nous semble présenter le plus
d'inconvénients , c'est celui des pressiers. Ce travail est ordinaire-
ment confié à des enfouis, qui rendent encore k l'imprimeur d'au-
tres services, comme d'étendre' les couleurs sur le tamis, de tirer
le papier imprimé, de l'accrocher, etc. On comprend, d'après cela,
que s'ils sont toujours debout, ils ne sont du moins pas condamnés
a une inaction presque absolue des extrémités inférieures, comme
cela a lieu chez les tireurs des imprimeurs sur coton. Aussi n'est-ce
pas là ce qui peut nuire le plus aux enfants , mais bien les efforts
auxquels ils se livrent à chaque instant pour agir de toute leur
force et de tout leur poids sur le bras du levier usité chez les
imprimeurs sur papier : à cet effet, l'enfant saule et se courbe de
manière à venir appuyer sur le bras du levier par la région épigts-
•Jique ; la compression qu'éprouve alors cette partie doit avoir
pour résultat un refoulement des organes abdominaux , refoule-
ment qui, se répétant sans cesse, ne peut que provoquer la forma-
tion des hernies. D'un autre côté, nous pensons que les secousses
vives que les organes inlra-abdominaux ont continuellement à
supporter, peuvent susciter des affections plus ou moins sérieuses
de ces organes.
Parmi les couleurs employées dans les fabriques de papiers peints,
il en est quelques-unes qui demandent à être maniées avec précau-
tion et qui sont susceptibles de déterminer des accidents. Bien que
nos interrogations aient aussi porté sur ce point, nous n'avons pas
appris qu'on ait jamais observé quelque maladie qu'on put attribuer
à l'usage de ces couleurs. Cependant le 3 mars 1 845, H. leI)TBlandet
a présenté à l'Académie royale des sciences de Paris, un travail
intitulé : Mémoire sur l empoisonnement externe , produit par le
vert de Schwbihfurt (vert arsenical), ou de l'œdème et de l'éruption
professionnels des ouvriers en papiers peints. L'empoisonnement
externe se manifeste ordinairement par un besoin continuel de
moucher et de cracher, par un gonflement œdémateux des diverses
régions de la face, principalement du nez et des lèvres, des bourses
chez l'homme et des grandes lèvres chez la femme. Les parties
œdémalices deviennent bientôt le siège d'une éruption de boutons
à forme le plus souvent pustuleuse, mais d'autres fois aussi, pa pil-
leuse ou vésiculeuse ; ces trois formes peuvent même exister à la
fois. Quand le composé arsenical a été absorbé, on voit à ces
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONÇU DE UCOMM. 577
symptômes se joindre ceux de l'empoisonnement interne , comme
coliques, céphalalgie, prostration des forces, etc. Quelques-uns
des symptômes produits par l'empoisonnement externe ont aussi
été remarqués déjà dans l'intoxication interne; it n'y a que l'en-
gorgement , la douleur , l'éruption des bourses et des grandes
lèvres qui n'aient pas encore été observés, et qui constituent les
symptômes spéciaux de la maladie professionnelle ; ces symptômes
spéciaux paraissent dus aux attouchements exercés par des mains
chargées de vert de SchweinruH.
A la connaissance du D' Blandet, les accidents décrits ci-dessus
n'ont jamais causé la mort de personne ; ils durent environ deux
semaines.
§8. — Fabriques de tabac et de cigare».
Les ouvriers travaillant te tabac ne sont exposés a aucune mala-
die particulière, s'il faut en croire les chefs de fabriques ; tout ce
qu'on a dit de l'influence pernicieuse de ce genre de travail serait
fort exagéré, d'après eux. Un fabricant a cependant déclaré que les
ouvriers spécialement employés à la confection des carottes , ne
pouvaient guère continuer ce travail que pendant doux» à quinze
ans, et qu'alors ils étaient des hommes usés. Un notre a observé
que les ouvriers en tabac jouissaient d'une espèce d'immunité
dans les temps d'épidémies. Il n'est peut-être pas inutile de rap-
peler ici que le célèbre Fourcroy avait déjà remarqué que les
ouvriers de la ferme de Cette étaient moins fréquemment atteints
de la fièvre putride qui régnait ordinairement dans cette localité à
la fin de l'été, que les autres habitants.
Les ouvriers oigaiiers sont souvent- atteints de maladies véné-
riennes qu'ils ne doivent qu'à leurs habitudes de débauche.
Pour juger de l'influence que le ubac peut exercer sur la santé,
il faut rappeler brièvement les diverses opérations qu'on lui fait
subir , soit qu'il doive être réduit eu poudre , soit qu'on le destine
à être fumé ou mâché. Ces opérations sont au nombre de quatre ,
dont trois, Xépoulardage, le triage et ïècétage (déedtement en termes
de fabrique) sont confiées à des enfants; la quatrième , le mouil-
lage, est faite par des adultes.
L'époulardage consiste à séparer les feuilles qui sont accolées
les unes aux autres; le triage, à faire un choix des feuilles offrant
la même teinte ; l'écôtage , à enlever la grosse côte (nervure mé-
diane) des feuilles. Ces opérations ne produisent que peu ou point
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576 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
de poussière, et ne peuvent pas être considérées comme essentiel-
lement nuisibles.
Le mouillage consiste à humecter les feuilles avec une dissolution
saline plus ou moins compliquée et qui varie selon les diverses
fabriques; c'est là la sauce qui donne le bouquet. Ces Feuilles
sont en même temps foulées et entassées dans des cuves de bois.
Cette opération pourrait devenir nuisible si l'on permettait à la
fermentation de s'emparer de la niasse, mais c'est ce qui n'a jamais
lieu dans nos fabriques , c'est même ce que l'on a soin d'éviter ,
car le tabac ne pourrait qu'y perdre toutes ses qualités. C'est pour
le tabac à priser que l'on confectionne les carotte»; nous avons
déjà vu que ce travail est insalubre, puisque les ouvriers chargés
de cette opération sont usés au bout de peu d'années. Nous devons
ajouter que les carottes étant faites, on les place dans un local
obscur, où on les laisse pendant plusieurs années, afin qu'une
fermentation intestine s'y établisse. Un séjour tant soit peu pro-
longé dans ce local pourrait avoir des inconvénients assez graves;
là seul on serait exposé à un narcotisme véritable, là seul règne
une odeur ammoniacale, forte et pénétrante, quelque chose qui
vous prend à la gorge, qui provoque la toux , porte à la tète et
détermine des vertiges.
Le tamisage du tabac en poudre, s'il n'est pas fait avec les pré-
cautions nécessaires, est susceptible, par la poussière Acre que cette
opération répand dans l'atmosphère, de produire des irritations
bronchiques ou pulmonaires.
En résumé, nous pensons que, sauf l'exception établie pour- les
confectionneurs de carottes, la fabrication du tabac et des cigares
n'est pas essentiellement nuisible à la santé des ouvriers; que
ceux-ci peuvent bien, dans les premiers temps, être affectés dés-
agréablement par l'odeur sut generi» qui existe dans les fabriques
de tabac, qu'ils peuvent même éprouver des céphalalgies, des
vertiges , des envies de vomir , des vomissements , des flux de
ventre, etc., mais que ces dérangements ne sont que passagers et
ne constituent qu'un tribut qu'il faut payer à l'apprentissage.
Dans la séance du 22 avril 1845, M. le Dr Mélier a fait à l'Aca-
démie royale de médecine de Paris , un rapport sur un Document
officiel adressé à cette Académie par le Ministre de l'agriculture et
du commerce , touchant la santé des ouvriers employés dans tes
manufactures de tabac. Ce document est le résumé des observa-
tions faites pendant l'année 1842, par les médecins des dix mami'
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET GONCL. DE LA COMM. 579
factures de tabac j selon ce document , le tabac ne produirait que
rarement des effets sensibles sur les ouvriers ; deux ateliers seule-
ment, celui où l'on fait fermenter le tabac à priser et celui destiné
à la dessiccation du tabac à fumer, auraient sur les ouvriers une
certaine influence. Mais si le tabac a quelquefois des inconvénients,
il paraîtrait aussi, d'après le même document, que sa fabrication
aurait l'avantage d'être un préservatif contre certaines maladies ,
voire même un moyen curatif, comme dans les affections rhuma-
tismales, les fièvres intermittentes, la gale , et la pbthisie pulmo-
naire en particulier.
Pour M. Métier, qui a fait de fréquentes visites à la manufacture
de tabac de Paris, la fabrication du tabac est loin d'être complète-
ment exempte de toute action. sur les ouvriers : • Quand on songe,
dit-il , a la composition de la plante et au principe si énergique
qu'elle contient (la nicotine), on ne peut guère concevoir que cette
fabrication puisse être sans inconvénient. Beaucoup d'ouvriers en
ressentent les effets : effets primitifs, caractérisés par une cépha-
lalgie plus ou moins intense , accompagnée de mal de cœur et de
nausées, perte de l'appétit et du sommeil, diarrhée ; ils durent de
huit à quinze jours , et disparaissent ordinairement; effets consé-
cutifs, se révélant par une altération particulière du teint qui prend
une nuance grise. Ce dernier effet ne s'observe que sur un petit
nombre d'ouvriers, après un temps assez long et seulement dans
quelques ateliers. ■ M. Mélier ajoute enfin que les inconvénients du
tabac sont beaucoup moins graves qu'on ne le croyait autrefois,
et que l'action de cette plante, quoique réelle, n'est pas telle qu'il
faille voir dans sa fabrication une chose éminemment nuisible et
dangereuse.
On voit donc que les observations faites en France, relativement
à l'influence du tabac sur la santé des ouvriers, sont à peu près les
mêmes que celles que nous avons été à même de faire de notre
côté ; seulement nous ferons remarquer que les conditions du tra-
vail étant bien différentes en France de ce qu'elles sont en Belgique,
par suite du monopole que le gouvernement français s'est réservé
sur le tabac , les inconvénients doivent être là plus nombreux et
plus sensibles que dans notre pays , où la fabrication , «'exerçant
dans un très-grand nombre d'ateliers, se fait naturellement sur une
moins grande échelle. Si tout le tabac travaillé dans les nombreuses
fabrique» de la Belgique, devait recevoir sa préparation dans une
disaine de grandes manufactures seulement, il est évident que les
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580 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
conditions du travail ne seraient plus les mêmes, et que les ouvriers
en seraient bien plus vivement incommodés.
Ajoutons enfin que les fabriques de cigares emploient un grand
nombre d'enfants, et que presque tous ces enfants sont occupés à
des travaux sédentaires.
§ 9. — Fabriquée de chapeaux.
Les opérations variant suivant qu'on fabrique les chapeaux de
feutre ou de soie , on comprend que les conditions de travail ne
peuvent être les mêmes;
On peut dire , en général , que la fabrication des chapeaux de
soie ne présente rien de nuisible. La chaleur qu'entretiennent dans
les ateliers les fourneaux destinés au cbauffement des fers , peut
seule avoir quelque influence sur la santé des ouvriers, et les expo-
ser, aux affections rhumatismales et calarrhales. L'usage de fers
très-chauds les expose aussi à des brûlures, et rend leurs, mains
calleuses.
La fabrication des chapeaux de feutre comprend plusieurs opé-
rations que nous devons passer rapidement en revue pour mieux
pouvoir apprécier si cette industrie est insalubre, ou bien si elle
ne peut pas nuire à la santé dès ouvriers, ainsi que le prétendent
la plupart des fabricants.
Sécrëtage. — Celte opération est destinée Adonner ou à augmen-
ter la propriété feutrante de» poilu ; elle consiste à imbiber les peaux
d'une solution de nitrate de mercure dans l'acide nitrique étendu
d'eau. A cette fin, la peau étant étendue à l'aide d'un morceau de
bois tenu de la main gauche, la solution mercurielle est appliquée
sur le poil à l'aide d'une brosse garnie d'un manche de bois. Les
peaux étant sécrétées , elles doivent être séchées ; cette opération
exige que les ouvriers entrent dans l'étuve, tant pour y placer que
pour y reprendre les peaux. On peut donc la considérer comme
essentiellement préjudiciable a la santé des ouvriers, puisque ceux-
ci ont à subir l'influence d'une haute température^ et celle beau-
coup pi us nuisible résultant de l'inspiration du gaz nltreux, influences
susceptibles de déterminer des affections graves des poumons. Bien
que l'application du sécrétage , telle qu'elle se fait, et la dessicca-
tion des peaux ne paraissent pas devoir permettre l'émanation de
vapeurs mercurielles , si nous examinons ces opérations au point
de vue de la théorie chimique , il faut dire cependant que l'expé-
rience a appris que les ouvriers sécréteurs étaient souvent atteints
DglizedOy GOOgle
RÉPONSES AUX QUESTIONS. — EUES. ET CONCL. DE LA COMM. 581
du tremblement mercuriel, et que celui-ci se manifestait presque
inévitablement chez ceux qui font un fréquent usage de liqueurs
alcoolique». Les sécréteurs que nous avons tus étaient maigres ,
pâles et étiolés. Indépendamment du tremblement roercuriel , dû
à l'influence du mercure , des affections de poitrine dues à la tem-
pérature élevée des élu Tes et à l'inspiration de gaz-irritants, ces
mêmes ouvriers sont encore exposés à des brûlures plus ou moins
graves, en maniant la liqueur très-caustique qui forme le sécretage.
Coupeur». — Ce sont les ouvriers qui détachent les poils de la
peau, après que celle-ci a été desséchée dans l'étuve. Leur travail
est sédentaire et exige une inclinaison assez prononcée de la par-
tie supérieure du corps. L'ouvrier est constamment dans une
atmosphère où l'on respire à peine et où l'on ne peut rester quand
on n'en a pas l'habitude. Nous voulons bien que l'habitude Fasse
paraître moins incommodes ce duvet et ces poils venant assaillir
toutes les ouvertures naturelles, mais elle ne peut pas faire qu'ils
ne pénètrent pas dans tes voies respiratoires et qu'ils ne disposent
les organes de la respiration à des maladies graves. Aussi notre
avis est-il que les coupeurs de poils sont particulièrement exposés
à la toux , aux crachements de sang et la phlhisie pulmonaire.
Nous rappellerons , seulement pour mémoire, que le DT Pâtissier
a déjà établi que la plupart des coupeuses de poils devenaient
asthmatiques à l'âge de quarante à cinquante ans.
Les coupeurs de poils étant en même temps chargés du sécré-
tage, on voit que ces ouvriers sont soumis â toutes les influences
les plus nuisibles. Cependant il est des établissements où les cou-
peurs ne font que couper le poil, et l'expérience a prouvé que ces
ouvriers ne sont pas exempts du tremblement mercuriel , sans
doute parce que les peaux, au sortir de l'étuve , sont toujours plus
ou moins chargées de nitrate de mercure.
jàrçonneurs. — Ces ouvriers travaillent debout devant une
table et opèrent le mélange des poils en les battant a l'aide d'un
long archet, appelé arçon. Cette opération nous parait peu nui-
sible; les ouvriers qui en sont chargés nous ont paru jouir d'une
bonne santé ; ta station prolongée peut les prédisposer aux varices
et à l'œdème des extrémités inférieures.
Baatiâteurê. — Battir, c'est former le chapeau, ou plutôt c'est
former avec les poils mélangés une espèce de cône creux de feutre.
Cette opération se fait debout , et tout ce que nous avons dit des
arçon ne urs est applicable aussi aux bâatisseurs.
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582 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Fauteurs. — Le feutre sortant des main* du bastisseur passe
dans un bain composé d'eau bouillante et de lie de vin , qui le
resserre et le rend plus épais ; mars les ouvriers secondent puis-
samment l'action du bain en foulant fortement le Feutre avec les
main*. Ce travail est fatigant et exige une action forte et continue
de la part des membres tboraciques ; il exige encore que l'ouvrier
soit debout devant une cuve pleine d'un liquide bouillant, les pieds
portant sur un sol plus ou moins humide. Si à ces conditions, insé-
parables de la nature du travail, se rattachent peu de causes de
maladies, il n'en est plus de même de l'habitude ou sont les ouvriers
fouleurs de travailler les bras et la poitrine nus jusqu'à la cein-
ture et sous des hangars ouverlsà tous vents. Aussi pensons-nous
qu'indépendamment des inconvénients auxquels les expose une
station prolongée , les maladies de poitrine et les affections rhu-
matismales ne doivent pas être rares chez les ouvriers qui opèrent
le foulage du feutre.
Nous devons dire néanmoins que tous ceux que nous avons vus
nous ont paru être bien portants , et qu'un chef nous a déclaré
qu'on avait observé que les fouleurs vivaient assez longtemps et
conservaient une santé robuste, résultat dont on rapporte tout
l'honneur à la lie de vin qui entre dans la composition du bain.
Éjarreuses. — Les éjarreuses sont des femmes qui , à l'aide de
pinces, tirent les poils longs des chapeaux. Étant exposées à inspi-
rer un duvet très-fin et des poils déliés, elles sont sujettes, ainsi que
les coupeurs de poils, mais à un degré bien moindre , aux affec-
tions de poitrine.
Nous ne parlons pas ici des teinturiers, des approprieurs et des
garntsseuses, parce que ces catégories d'ouvriers ne sont pas sou-
mises à des influences aussi défavorables que celles qu'ont à sup-
porter les catégories que nous venons de mentionner.
§ 10. — Couperie de poils et préparation de peaux.
Nous retrouvons ici les coupeurs, les sécréteurs et les éjarreuses;
ce que nous en avons dit ci-dessus, nous dispense d'y revenir ; seu-
lement nous devons ajouter que le sécrétage est ici d'autant plus
nuisible qu'il est toujours fait par les mêmes ouvriers, et que ces
ouvriers n'ont pas d'autre occupation. Les coupeurs, quoique ne
sécrétant pas, sont cependant quelquefois Atteints du tremblement
mercuriel. Un ouvrier coupeur nous a paru surtout travailler dans
les conditions les plus désavantageuses; c'est celui qui a pour attrî-
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RES. ET CONCL. DE LA COHM. 583
bution de présenter toujours les peaux a une machine à couper
mue par la Tapeur : celte machine, se mourant avec une grande
rapidité, rate la peau comme un éclair et précipite dans l'atmo-
sphère des nuages de poils et de duvet. L'ouvrier employé à celte
machine ne peut manquer d'être atteint tôt ou tard d'irritation
grave des bronches ou des poumons; il est en outre exposé a se
blesser souvent.
S 11. — Fabriques d 'agrafes.
Celte fabrication est exclusivement confiée à des enfants ; elle
exige peu de Force, n'a rien d'insalubre par elle-même et ne peut
être considérée comme nuisible que parce qu'elle soumet les enfants
à un travail sédentaire.
§ 12. — Fabriques de chus-épingles et de pointes de Paris.
Celle fabrication est peu fatigante, et ne présente rien de nui-
sible pour la santé.
§ 15. — Fabriques de toiles cirées.
Les ponceurset les metteurs en couche travaillent presque tou-
jours en plein air; leur travail n'a rien d'insalubre; travaillant
debout, ils sont exposés aux maladies qui résultent ordinairement
de la station prolongée ; les chefs déclarent cependant n'avoir pas
observé que les varices, les ulcères et l'œdème des extrémités
inférieures fussent fréquents chez ces ouvriers. Quelques-uns de
ces ouvriers, ceux qui pénètrent dans les séchoirs où il règne une
température élevée, sont exposés aux maladies qui proviennent de
la suspension brusque de la transpiration.
Quant aux imprimeurs et aux enfants employés comme tireurs,
on peut leur appliquer ce que nous avons dit des imprimeurs et
des tireurs des fabriques de papiers peints, car les conditions du
travail sont absolument les mêmes pour les uns et les autres.
§ 14. — Fabriques de bougies.
La fabrication des bougies diaphanes consiste à fondre \esperma
ceti et a le couler ensuite dans des moules. Ces opérations ne pré-
sentent rien de nuisible.
La fabrication des bougies dites de V Étoile , quoique beaucoup
plus compliquée, n'offre non plus rien de préjudiciable à la santé
^y Google
584 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
des ouvriers. La fonte des suifs seule, si elle se faisait comme
anciennement , pourrait exercer une influence défavorable sur la
santé des ouvriers; mais, par les procédés actuellement employés,
cette opération a perdu lou te sa nocuité, et ne produit plus qu'une
très-faible odeur.
§ 15. — Tourneurs en bois.
Ils ne sont sujets qu'aux maladies qui résultent de la station
prolongée, et à une fatigue plus ou moins grande de la vue, déter-
minée par le mouvement continu du tour.
§ 16. — Tanneurs et corroyeurt.
Les tanneurs travaillent presque toujours a l'air; se trouvant
presque constamment dans l'humidité, ils gagnent assez fréquem-
ment des affections rhumatismales. Quant au travail, il n'a rien
d'insalubre par lui-même; cependant les ouvriers peuvent con-
tracter la pustule maligne en préparant des peaux d'animaux
morts de cette maladie. Cet accident est heureusement fort rare.
Les ouvriers que nous avons vus , jouissaient tous d'une bonne
santé.
Le* corroyeurs ont un travail plus pénible .'pour polir les peaux,
il* sont obligés de se livrer à de grands efforts musculaires et de
fléchir assez fortement ta poitrine. Ce travail, longtemps con-
tinué, nous parait susceptible de produire la déformation de la
poitrine, la déviation de la colonne vertébrale, et même des
maladies des organes thoraciques. Ces maladies nous paraissent
devoir se déclarer d'autant plus facilement, que les corroyeurs
travaillent dans une atmosphère toujours infecte.
§ 17- — Fabriques d'instruments de musique.
Nous ne parlerons ici que des ouvriers travaillant le cuivre. Ces
ouvriers portent sur la figure un cachet tout particulier, qui ne
permet pas de douter de l'insalubrité de leur travail. Celui-ci, en
effet, mine lentement leur constitution ; aussi les ouvriers qui ont
travaillé pendant quelque temps le cuivre, sont-ils maigres, pâles,
ou d'un jaune verdatre assez prononcé. Indépendamment de cette
action lente sur l'économie, le travail du cuivre en présente une
autre qui s'exerce particulièrement sur le tube intestinal , et qui
détermine des coliques métalliques, analogues à celles dites de
plomb.
xuvCoo^le
RÉPONSES AUX QUESTIONS. ■ - BÉS. ET CONCL. DE LA COMM. M5
Nous disons ! de* coliques métallique» analogues à celles dites de
plomb, parce -que nous ne voulons pas confondre les coliques
qui affectent les ouvriers en cuivre, arec celles auxquelles sont
sujets les. ouvriers qui travaillent le plomb. De même que ces
derniers, les ouvriers travaillant le cuivre ont une colique qui leur
est particulière, et que l'on a nommée colique de cuivre. Cette
colique n'est pas encore généralement admise par' tous les méde-
cins ; un grand nombre n'y voient encore qu'une colique de plomb,
et attribuent cette affection, non pas tant au cuivre, qu'au plomb
avec lequel ils le supposent allié. C'est la évidemment une erreur
qu'il est facile de redresser, en visitant la première chaudron-
nerie venue. Au reste, ootre opinion vient d'être tout récemment
corroborée par un important travail sur la colique de cuivre, que
M. le Br Blandet a présenté a l'Académie des sciences de Paris,
dans sa séance du 17 février 1845. Les faits recueillis par M. le
D' Blandet ne permettent pas de douter que le travail du cuivre
expose les ouvriers à une colique qui est tout à fait propre a ce
travail, et qui se développe même alors que les ouvriers n'ont pas
manié un seul atome de plomb. Il y a, entre la colique de plomb
et celle de cuivre, des différences très- notables, dont il importe
de tenir compte dans l'intérêt des travailleurs ; ainsi , on observe
(Blandet) : ■
Dans la colique de cuivre ;
Data la colique de plomb :
Diarrhée ploa fréquemment.
Ventre douloureux a la preuion, le plus
Constipation.
Matière» séro-nluqueuies-
Veutre indolent : la preuion soulage.
Vomissements aisex fréquents.
Dures de quarante -buit heures.
Pai d'accident» du cô té du système nerveux.
On le Fait au travail du cuivre, qui devient
avec le teuipi laui danger.
Le lait et l'albumine nicrée préviennent
et combattent l'affection cuivTeuie.
Durée de plusieurs semaines.
Accident* redouUbletdusvitème nerveux.
On meurt misérablement ai l'on persiste a
travailler le plomb .
L'acide ralfurique et quelques-uni de sus
composés paraissent efficaces contre
l'invasion et le développement de l'af-
L'opium est indiqué contre la diarrhée
Let purgatifs le sout contre la constipation
saturnine.
Nous convenons volontiers que le travail du cuivre est moins
nuisible que celui du plomb, qu'il conduit moins d'ouvriers a l'hô-
pital, et détermine des accidents bien moins redoutables; mais
nous ne saurions admettre avec H. le D* Blandet, du moins sans
restriction , qu'il devient avec le temps sans danger. S'il ne tue
^y Google
386 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
pas aussi vite et aussi sûrement les ouvriers que le travail du plomb,
il n'en est pas moins certain qu'il imprime une modification pro-
fonde à leur économie, qu'il détériore leur constitution et produit
une véritable cachexie. Or, en présence de semblables résultats,
en présence de celle influence si profonde et si manifeste , n'y
a-t-il pas quelque témérité à avancer qu'à la longue le travail du
cuivre devient sans danger? Nous le pensons; aussi ne voulons-
nous assumer en aucune manière la responsabilité d'une telle
assertion.
Maintenant, pour être justes envers lout le monde, nous devons
dire que M. Blandet n'est pas le premier qui ait établi l'existence
d'une colique propre aux ouvriers travaillant le cuivre, et que les
caractères distinctife de la colique de plomb et de la colique de
cuivre ont été fort bien exposés déjà par MM. Chôme! et Blacbe
(art. colique, du Dictionnaire de Médecine, ou Répertoire générât
de» science» médicales , t. VIII, Paris, 1834); et par M. Tanquerel
des Planches, dans son excellent Traité des maladies saturnines
(t. I", Paris, 1839).
§ 18. — Sauneries.
Les ouvriers sauniers n'ont guère à souffrir que de la tempéra-
ture élevée au milieu de laquelle ils doivent travailler par moments;
de ce chef, ils sont exposés, s'ils n'usent pas de précautions, à
toutes les maladies que peuvent déterminer les transitions brusques
de température.
§ 19, — Fabriques de porcelaines, de faïence et de poteries.
Les ouvriers chargés de la préparation et du pétrissage des
terres, sont presque tous pâles, et présentent une apparence mala-
dive qui dénote assez que ce genre de travail agît défavorablement
sur leur constitution.
Les tourneurs sont sujets à l'affaiblissement de la vue ; et les
ouvriers employés aux fours , fréquemment soumis à des change-
ments de température , sont exposés aux affections catarrhales et
rhumatismales.
Les ouvriers potiers, maniant des préparations de plomb pour
vernir l'intérieur des poteries, peuvent être atteints de la colique
de plomb; mais les renseignements que nous avons pris à cet égard
nous permettent d'avancer que cette maladie doit se rencontrer
bien rarement chez ces ouvriers.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÊS. ET CONCL. DE LA COMM. 587
§ 20. — Fabriques de gants.
Les coupeurs et les dresseurs travaillent sédentaîrement , mais
leur travail n'offre rien d'insalubre.
Les coloristes travaillent debout et dans des locaux toujours plus
ou moins humides; de là, prédisposition aux varices, à |" oedème
des extrémités inférieures , aux affections rhumatismales. L'atmo-
sphère au milieu de laquelle ils se trouvent est infectée par les
urines corrompues dont ils se servent, et auxquelles ils ajoutent
encore de l'ammoniaque liquide. Nous n'avons pu nous assurer si
l'inspiration de cet air chargé d'ammoniaque avait ou non' quelque
influence nuisible sur la santé ; cependant nous sommes portés a
croire qu'elle peut produire des irritations pulmonaires.
% 21 . — Fabriques de plomb de chasse.
La fabrication du plomb de chasse est une industrie des plus
dangereuses. Non-seulement elle expose lesouvriers aux maladies qui
sont particulières a ceux qui travaillent le plomb, comme coliques,
paralysies saturnines, mais encore à celles qui peuvent être déter-
minées par l'inspiration de vapeurs arsenicales. On sait que le
plomb, pour fournir des grains bien arrondis, a besoin d'être allié
à une certaine quantité d'arsenic, quantité qui peut être évaluée
à un demi -kilogramme pour cent kilogrammes de plomb. Pendant
qu'on opère la fusion des deux métaux , il s'échappe des vapeurs
arsenicales qui doivent exercer l'influence la plus fâcheuse sur la
santé des ouvriers, et miner peu à peu leur constitution. Cette
opération est tellement nuisible, qu'un chef nous a déclaré qu'elle
avait mis sa vie en danger, et que, maintenant encore, il ne
pourrait rester dix minutes dans son atelier sans se trouver très-
incommodé, et sans ressentir des douleurs à l'épigastre. Nous
avons pénétré dans un atelier où l'on venait de fondre le plomb
et l'arsenic ; il y régnait une très-forte odeur alliacée , caractéris-
tique, dont nous éprouvâmes bientôt du malaise ; l'un de nous ne
put même y rester , et fut obligé de prendre l'air pendant que
nous poursuivions nos investigations. Il est inutile d'ajouter, sans
doute, que les ouvriers chargés du triage des grains de plomb, sont
exposés à contracter la colique de plomb.
§ 22. — Fabriques de dentelles.
La fabrication des dentelles n'a rien de nuisible en elle-même ;
mais, exigeant un travail sédentaire, elle exerce une influence
^y Google
388 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
d'autant plus défavorable sur la santé et la constitution des
ouvrières, que celles-ci sont, pour le plus grand nombre, de très-
jeunes filles auxquelles il faudrait de l'air et de- l'exercice pour
atteindre à leur parfait développement. Le travail sédentaire et
l'altitude courbée qu'elles sont obligées de prendre , constituent ,
en grande partie, les causes des dysménorrhées, des Sueurs blanches
et des affections chlorotiquee, si fréquentes chez elles; mais ces
deux conditions de la fabrication peuvent produire des résultats
plus funestes : nous voulons parler des déviations osseuses et des
incurvations du tronc, qu'elles sont susceptibles de faire naître
chez les petites filles à constitution sorofuleuse, ou prédisposées au
rachitisme.
Les ouvrières dentellières sont, en outre, exposées à perdre la
vue de bonne heure.
Les fleurs sortant plus ou moins souillées des mains des ouvrières,
on leur fait subir une espèce de blanchiment. qui se fait au moyen
du sous-carbonate de plomb. Cette opération compromet la santé
des ouvrières qui sont chargées de l'exécuter, et les expose aux
maladies produites par l'absorption du plomb. Quelques fabricants
prétendent que cette fabrication n'offre rien de dangereux ; d'au-
tres, qui nous inspirent plus de confiance, conviennent de sa
nocuité; l'un des principaux fabricants de cette ville, convaincu
des inconvénients graves inhérents à l'emploi du sous-carbonate
de plomb, a remplacé celui-ci par une poudre inerte qu'il fait
venir de la Campinc, et dont il a soumis un échantillon à notre
analyse.
Cette poudre, comme on le verra par le rapport ci-dessous { 1), est ,
(I) Rapport fait au Ctmteilde salubrité, mr une poudre driKnce à blanchir
i>I dent files.
Messieurs >
Dan* Il dernière séance du Conseil , notre collègue M. Bieudonné, en vous sou-
mettant quelques-unes des conclusions de son intéressant rapport sur l'état de la
cluse ouvrière dons les établissement! industriels , a eu occasion de tous parler des
fabriques de dentelles et principalement de celles où se confectionne la dentelle
dite de BruMtUt:
Notre infatigable rapporteur, à l'investi Ration duquel rien n'échappe, tous a signalé
l'usage que l'an y fait d'une substance qui porte le nom de blanc fin , et qui sert a
blanchir la dentelle. .
Il a surtout appelé votre attention sur loi dangers auxquels les ouvriers et
ouvrières chargés de cette opération, sont exposés 1 accidenta qui ne sont rien moins
que les terribles affections dont viennent ordinairement ■ être atteint* ceux qui sont
Depuis plusieurs années, soij pour soustraire les ouvriers aux funestes effet* pro-
a», Google
RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA GOMM. 589
par sa nature, d'une innocuité parfaite ; mais elle présente un
grave inconvénient pour le fabricant, c'est de ne pas adhérer assez
aux tissus sur lesquels on l'applique. Ce défaut, ainsi que le prix assez
élevé de cette poudre, ont, jusqu'à ce jour, porté obstacle à la
généralisation de son emploi.
La question à résoudre restait donc toujours œlle-ci : Trouver
nue substance aussi propre au blanchiment des fleurs, que le sous-
carbonate de plomb , et capable de mettre les ouvrières à l'abri
des inconvénients attachés à l'usage du sel plombique.
L'un de nous (M . Leroy) a entrepris la solution de ce problème.
Après bien des recherches chimiques et des essaie nombreux, il
est parvenu à trouver une substance qui , convenablement pré-
parée, était d'un blanc très-pur, et paraissait devoir remplacer
très-avantageusement le sous- carbonate de plomb. Elle fut mise à
l'épreuve par plusieurs fabricants qui en témoignèrent toute leur
satisfaction à noire collègue. On ne tarda pas cependant à recon-
naître qu'on s'était trop hâté de conclure à un succès complet : des
dentelles, expédiées parfaitement blanches de Bruxelles, étaient
arrivées jaunes à Paris ; le nouveau blanc n'adhérait pas suffiiam-
duittparle liant-, fin, soit pour obtenir une matière d'un prix mu incire (car ce blanc
fin, dont on fait un secret, le Tend 10 francs le kil.), les industriels sont à la recherche
d'une Snbl tan ce capable de le remplacer, avec tous ses avantage», sans en avoir les
C'ait une de ces matières , dont on Tait «gaiement un secret, qui a été soumise à
l'eiamen do la commission, pour en connaître la nature.
C'est nne poudre blanche, sèche, un peu rude au toucher; examinée à un fort
grossissement, chaque molécule présenta la forme cubique; soumise à l'action du
chalumeau, elle dégage de l'acide carbonique et laisse un résidu blanc; elle est
insoluble dans l'eau, l'alcool et l'éther:soIuble, avec dégagement d'acide carbonique
et sans laisser de résidu, dans l'acide aiotiquc dilué. Cette solution récente, traitée
par une solution d'oialate d'ammoniaque, donne lieu i un précipité blanc abondant.
Elle est soluble , arec une vive effervescence* , dam l'acide clil or-hydrique, et le
produit qui en résulte, desséché, ne larde pas il prendre l'état liquide par l'humidité
Traitée par l'acide snlfurique, celte poudre a également donné lieu à un lif déga-
gement d'acide carbonique , et la réaction a donné un produit qui est peu soluble
dans l'eau et niant une grande quantité de cette dernière.
Il résulte des recherches auxquelles nous nous sommes livré, que la poudre soumise
à notre examen protient de la pulvérisation d'une variété de carbonate de chaux,
dénommée, par les minéralogiste), chaux carbonates taccKarodh.
■al heureusement cette poudre, comme toutes celles qui l'ont précédée, n'a pas
répondu a l'attente des fabricants , à cause de son défaut d'adhésion avec le tissu.
Force est donc aux fabricant* de dentelles rie Bruxelles , de revenir au blanc fin
qui est si préjudiciable à la santé des ouvrières.
F.-G. Laso-
^y Google
590 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
ment aux fleurs, et il était menacé de subir le sort dont avaient
déjà élé frappées toutes les substances proposées pour remplacer
le bous -carbonate de plomb. M. Leroy ne se découragea pas :
étonné de ce que, en suivant toujours le même mode de prépara-
lion, il obtenait tantôt un blanc qui adhérait très-bien , et tantôt
un blanc qui n'adhérait presque pas, il voulut en pénétrer la cause.
Il se mit donc à étudier sa substance, à la travailler de toutes les
façons, et parvint, après plusieurs mois de laborieuses manipula-
tions, à obtenir un produit qui ne laissait plus rien à désirer, ni
sous le rapport de la blancheur, ni sous celui de ses propriétés
adhésives : ce produit , d'un pris bien inférieur a celui du blanc
fin, est actuellement employé par un assez bon nombre de fabri-
cants et d'ouvrières de la ville, qui ont apprécié le nouveau blanc
à sa juste valeur. Plusieurs ouvrières même, qui, autrefois, étaient
malades à chaque instant, ont déclaré se porter infiniment mieux
depuis qu'elles faisaient usage du nouveau blanc. Puisse l'usage de
ce blanc se généraliser, et H. Leroy aura bien mérité de l'hu-
manité, en soustrayant un grand nombre d'ouvrières aux terribles
maladies produites par l'intoxication saturnine !
% 25. — Fabriques de passementeries.
Les différentes opérations que comporte l'industrie du passe-
mentier, peuvent être regardées comme n'exerçant aucune influence
nuisible sur la santé des ouvriers. Les galonniers ont le travail le
plus Fatigant, et ce sont les seuls qui ont peut-être quelque chose
a souffrir de la profession. Voyez le galonnier a son métier : sa
position est gênante , impossible même sans les courroies de cuir
qui le maintiennent en place ; A peine assis sur une traverse étroite,
il ne peut travailler qu'en précipitant fortement en avant la partie
supérieure du corps ; sa chute sur le métier serait infaillible , s'il
n'était soutenu par deux courroies passant sur les parties latérales
et antérieures de la poitrine, qui éprouve ainsi une compression
considérable. La fatigue que l'ouvrier ressent de celte position
gênante, est augmentée encore par l'obligation où il se trouve de
mouvoir sans cesse les pieds pour faire jouer les pédales du métier.
Pour des hommes d'une forte constitution, ce travail ne présente
peut-être pas de grands inconvénients; il est possible, en effet,
qu'ils résistent longtemps à ce que la position que nous avons
décrite a de pénible et de fatigant ; maïs, de ce que quelques orga-
nisations privilégiées supportent impunément un semblable travail,
^y Google
RÉPONSES AUX QUESTIONS— RÉS. ET CONCL. DE LÀ COMM. 591
on ne peut inférer qu'il doive en être dé même pour la généralité
des ouvriers. Aussi, un chef nous a-l-il déclaré* que la profession
de galonnier fatiguait beaucoup la poitrine, et déterminait l'incur-
vation précoce du tronc. Ce que nous venons de dire s'applique
spécialement aux adultes : que l'on se figure maintenant le même
travail exécuté par des enfants de l'âge de douze à quinze ans, et cela
pendant douze heures et demie tous les jours, ainsi que cela a lieu
dans l'un des établissements que nous avons visités ; que l'on se figure
ces malheureux, penchés sur le métier, et la poitrine comprimée
par des courroies,, alors on comprendra combien durement et à
quelles conditions ces enfants gagnent leur vie. N'est-il pas évident
que cette compression de la poitrine, longtemps continuée et se
renouvelant tous les jours chez des êtres dont le système osseux
n'est pas encore parvenu à son entier développement, et n'a pas
encore acquis toute la solidité et la force de résistance qu'il aura
plus tard ; n'est-il pas évident, disons-nous , que cette compres-
sion, agissant concurremment avec l'attitude courbée, doit amener
des déformations de la colonne vertébrale et de la poitrine, et
prédisposer les poumons à des maladies de la dernière gravité?
§ 24. — Fabriques de tulle.
Les métiers à tisser sont desservis par des adultes ; l'occupation
de ces ouvriers n'est qu'une espèce de surveillance à exercer sur
les métiers ; ils ne fatiguent que parce qu'ils sont toujours debout
et qu'ils passent souvent une partie de la nuit au travail. Les
ouvriers que nous avons vus jouissaient de la meilleure santé. Les
fabriques de tulle emploient un grand nombre d'enfants ; ceux-ci
ne font que raccommoder, défiler et apprêter le tulle , opérations
peu fatigantes, qui n'ont d'autre inconvénient que d'être sédentaires.
§ 25. — Brasseries.
Les ouvriers travaillant à la cuve jouissent généralement d'une
assez bonne santé , au moins pendant quelques années ; mais , si
robuste que soit leur constitution, elle ne résiste pas longtemps à
la fatigue qui accompagne le travail, aux veilles nombreuses, aux
libations copieuses, et à une vie généralement assez déréglée.
Aussi ces ouvriers sont-ils vite usés et parviennent-ils rarement à
un âge avancé ; le chef d'une des plus importantes brasseries de
la province nous a même déclaré que ceux qui buvaient habituel-
lement du genièvre ne vivaient guère au delà de quarante-cinq ans.
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S» CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Les maladies les plus fréquentes chez les brasseurs, sont celles qui
doivent leur origine & un refroidissement subit, comme les catar-
rhes, les Sucions de poitrine et les affections rhumatismales.
Dans les établissements où l'on brasse de la bière blanche , (es
ouvriers sont exposés à l'asphyxie par l'acide carbonique, s'ils ne
prennent point les précautions convenables en entrant dans les
locaux où l'on a abandonné la bière à la fermentation. Bien que
nous n'ayons paaappris que de semblables malheurs fussent déjà arri-
vés, nous avons cru cependant en devoir mentionner la possibilité*.
Dans certaines brasseries, il est une autre catégorie d'ouvriers,
qui mérite de fixer notre attention : nous voulons parler des por-
teurs. On prend ordinairement pour porteurs, des hommes forte-
ment constitués et dans la fleur de l'âge ; ces ouvriers sont , en
général, encore beaucoup plus vite usés que les brasseurs, et vivent
moins longtemps que ces derniers. On peut attribuer ce triste
résultat, d'une part, a la fatigue extrême qu'ils ont à supporter
tous les jours, et, de l'autre, aux abus de tout genre auxquels ils
se livrent sans cesse. Ce qui tue surtout les porteurs, c'est le poids
énorme qu'ont actuellement les tonneaux , par suite de l'habitude
qu'ont prise les cabareliers de fournir eux-mêmes les tonneaux et
d'en augmenter toujours la capacité. Aussi peut-on dire que les
porteurs, suivant que leur constitution est plus ou moins forte, sui-
vant qu'ils se sont livrés plus ou moins à des excès, sont usés au bout
de dix ou quinze ans, et incapables de continuer leur métier : un
grand nombre de ces ouvriers meurent de la phthisie pulmonaire.
§ 26. — Filatures de coton.
Aucune question n'a peut-être été plus controversée, que celle de
savoir si le travail, dans les filatures de coton, est insalubre ou
non. Parmi les hygiénistes qui ont traité cette question, il en est,
sans doute, qui ont exagéré l'influence funeste de ce travail, comme
il en est d'autres qui en ont trop atténué les inconvénients. Pour
arriver à connaître la vérité , il ne faut rien exagérer , ni rien
atténuer, maïs dire ce que l'observation générale a appris, et
établir des catégories d'ouvriers ; on peut, en effet, arriver a des
conclusions fort différentes , selon que l'on considère les ouvriers
des filatures en masse, ou qu'on les prend dans leurs spécialités
respectives de travail.
Pour être filé, le coton doit subir, au sortir de la balle, plusieurs
opérations qu'il est important de connaître, parce que, de tous
^y Google
RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 593
temps, ce» opérations ont été regardées, et à juste raison, comme
constituant le travail le plus nuisible.
La première opération est le battage : celui-ci se fait à l'aide de
la main, armée d'une baguette, ou à l'aide d'un batteur méca-
nique. Que le coton soit battu a la main ou par une machine, cette
opération donne toujours lieu à un dégagement abondant d'une
poussière irritante , et de particules cotonneuses que les ouvriers
respirent avec l'air, et, certes, pas impunément. Toutefois, le bat-
tage à la main produisant beaucoup plus de poussière, et lançant
dans l'atmosphère un nombre plus considérable de particules coton-
neuses, est infiniment plus dangereux que celui qui se fait à l'aide
d'un batteur mécanique. Nous avons rencontré cette machine dans
toutes les grandes filatures que nous avons visitées, et, bien qu'elle
ne fasse pas disparaître tous les inconvénients attachés au battage
du coton, son introduction dans l'industrie est un véritable bien-
fait pour l'humanité, puisqu'elle dispense d'employer un grand
nombre d'ouvriers aux opérations les plus nuisibles : le battage et
l'éplucbage. Ce n'est que dans les petites filatures que l'on bat le
coton à la main , et là , cette opération est d'autant plus nuisible ,
qu'ony travaille ordinairement un colon plus grossier et plusimpur,
tel que celui de Surate.
Le battage du coton provoque la toux et produit plus ou moins
rapidement des maladies, graves de la poitrine, surtout la phthisie
pulmonaire : la plupart des chefs d'industrie confessent cette
influence pernicieuse du battage à la main ; ils sont moins positifs
en ce qui concerne les ouvriers employés au batteur mécanique ;
cependant plusieurs reconnaissent que ces ouvriers sont également
exposés aux maladies de poitrine, et ce qui prouve qu'ilsont constaté
la fâcheuse influence de ce travail, c'est qu'ils ont soin de relayer
les ouvriers qui en sont chargés. Du reste, les graves inconvénients
du battage ont été reconnus depuis longtemps et partout où l'on
travaille le coton, à tel point que les médecins ont créé les expres-
sions de phthisie cotonneuse et de pneumonie cotonneuse, pour dési-
gner la maladie à laquelle succombent presque toujours les ouvriers
employés au battage, s'ils n'abandonnent pas à temps ce travail.
En résumé, le battage à la baguette est et restera toujours une
opération des plus insalubres, tandis que celui à l'aide du batteur
mécanique est susceptible de perdre presque tous ses inconvénients
par l'adoption de quelques sages précautions.
Quand le coton a été suffisamment battu et épluché par le diable,
^y Google
594 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
il passe à ia carderie. Là il est repris successivement par diverses
machines qui retendent d'abord en ouate, piiis qui le cardent,
c'est-à-dire qui en démêlent les filaments et leur impriment une
direction parallèle, puis enfin qui ('étirent sous forme d'un ruban
ou d'une corde. On conçoit que ces diverses opérations ne peu-
vent se faire sans que l'atmosphère se charge plus ou moins de
poussière et de particules cotonneuses ; les ouvriers employés dans
les carderies sont donc exposés aux mêmes maladies que ceux qui
battent te coton, mais aun degré incomparablement moindre. Plu-
sieurs chefs nous ont, en effet, signalé le travail à la carderie
comme insalubre.
Avant de sortir de la carderie, disons un mot des débourreurs
ou débourreutes de cardes et des aiguiieurs de cardes. On appelle
débourreurs de cardes , les ouvriers chargés du nettoiement des
cardes; ces ouvriers, comme les batteurs, respirent un air chargé
de poussière et de particules cotonneuses ; bien que nous n'avons
appris rien de positif à cet égard, il nous semble indubitable qu'ils
doivent contracter les mêmes maladies que les batteurs. Les
aiguiseurs de cardes sont des ouvriers spécialement chargés d'ai-
guiser les pointes des cardes ; pendant cette opération , de nom-
breuses particules métalliques sont lancées dans l'air, et comme il
en pénètre plus ou moins dans les voies aériennes, les aiguiseurs
finissent par présenter des affections de poitrine, et notamment la
phtfaisîe pulmonaire. Heureusement l'aiguisage à la main a été
généralement supprimé et se fait actuellement au moyen d'un
tambour garni d'émerl et mis en mouvement par la force motrice
commune. Nous n'avons rencontré qu'un seul établissement où
l'aiguisage se fait encore a la main, et là nous avons acquis la cer-
titude que ce travail était des plus préjudiciables à la santé.
Dans la filature proprement dite nous n'avons à considérer que les
fîleurs, les raltacheurs et les bobineurs. Ces ouvriers ne nous
paraissent pas devoir souffrir en quoi que ce soit du travail du
coton ; une cause de maladie peut cependant se trouver pour eux
dans la température assez élevée des ateliers, température qui est
toujours en rapport direct avec la finesse du fil que l'on fait ; de
ce chef les ouvriers peuvent contracter toutes les maladies qu'un
changement subit de température peut produire , mais aussi ils
peuvent les éviter par quelques légères précautions.
Les rattacheurs et les bobineurs sont des enfants Agés générale-
ment de sept à douze ans ; comme les fileurs , ils travaillent tou-
^y Google
RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RES. ET CONCL. DE LA COMM. 59s
jours debout et sont soumis, comme eux, aux mêmes influences;
cependant l'âge en général très-précoce auquel on les envoie dans
les filatures , nous oblige de leur donner toute notre attention, et
d'examiner si le travail ne nuit pas à leur développement physique.
Sur ce point, il est assez difficile de connaître ta vérité et de dis-
cerner la part d'influence du travail, et celte que peuvent revendi-
quer la misère, les privations et les conditions hygiéniques défa-
vorables dans lesquelles naît et grandît l'enfant du pauvre. Nous
avons vu beaucoup d'enfants pâles et chélifs ; mais aussi nous en
avons vu d'autres, en petit nombre il est vrai, qui offraient toutes
les apparences de la santé.
En général, les industriels prétendent que les enfants n'ont
rien à souffrir du travail dans les filatures de coton, et que ce tra-
vail ne nuit en rien à leur développement physique. Un seul,
homme d'expérience et fabricant intelligent, assure néanmoins
que les enfants employés trop jeunes dans tes filatures (et il con-
sidère comme trop jeunes les enfants de sept à huit ans), se déve-
loppent difficilement et ne prennent jamais les apparences et les
proportions de l'homme. Ce sont là ses propres paroles, et , si l'on
a égard à l'âge auquel les enfants sont ordinairement reçus dans
les filatures, à la température élevée des ateliers, à l'obligation de
travailler debout, à la trop longue durée du travail et à la fatigue
qui en est la suite; si l'on considère surtout que ces enfants, ton*
jours mal nourris , sont encore privés des influences si heureuses
de l'insolation et de l'exercice au grand air, on peut admettre ces
paroles comme l'expression de la vérité. Ces considérations sont
aussi applicables aux enfants employés dans quelques Garderies;
mais pour ces derniers, le travail est bien plus préjudiciable, puis-
qu'ils l'exécutent au milieu d'une atmosphère chargée de duvet
cotonneux et avec la chance de contracter de graves affections
pulmonaires.
Abandonnons maintenant les grandes filatures, et pénétrons dans
ces ateliers où l'on file du coton pour les mèches de lampes et pour
les pîloux, et où l'on travaille a l'aide de métiers à la main, ou de
métiers français. Presque toujours ces ateliers sont des caves
froides et humides, plus ou moins bien aérées et éclairées, géné-
ralement malpropres et exhalant une odeur des plus désagréa-
bles , due surtout au savon dont on enduit le coton. C'est dans
ces ateliers qu'on emploie des enfants de cinq à six ans , c'est la
qu'on abuse le plus de leurs forces, c'est là qu'ils deviennent lob-
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596 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
jet d'une véritable exploitation, c'est là enfin que leur constitution
s'altère et dépérit, qu'ils deviennent se ro fui eux et contractent le
germe de la phthisie pulmonaire. Les ouvriers adultes résistent
mieux aux influences nuisibles de ces ateliers, mais cependant au
bout de quelque temps , beaucoup d'ouvriers fileurs sont atteints
d'affections rhumatismales et quelquefois de phtbisie pulmonaire.
§ 27. — Fabrique* d'huiles et de savons.
Les ouvriers huiliers n'ont rien à souffrir de leur travail.
Les savonniers, soit qu'ils fabriquent du savon vert ou du savon
de toilette , sont exposés à une chaleur assez vive, et se trouvent
constamment dans une atmosphère chargée de vapeurs aqueuses.
S'ils n'évitent pas soigneusement les transitions subites de tempé-
rature , ils peuvent contracter des bronchites , des pleurésies ou
des pneumonies; ils ne sont donc qu'accidentellement exposé* à
ces maladies. Mais la profession de savonnier conduit assez sûre-
ment à un autre ordre de maladies , nous voulons dire aux affec-
tions rhumatismales, qui, d'après la déclaration de plusieurs fabri-
cants, sont propres aux ouvriers savonniers.
JJ 28. — Établissements métallurgiques.
II faut ici examiner à part les établissements où l'on ne travaille
que le fer, et ceux où l'on ne travaille que le cuivre, le zinc et le
plomb.
Quoique le travail du fer ne soit nullement insalubre et semble
plutôt agir favorablement sur la constitution des ouvriers , ceux-ci
ont cependant quelque chose à souffrir de leur profession et des
efforts qu'elle exige. Ainsi, par exemple, des contusions, des plaies
plus ou moins graves, des luxations , des fractures, sont des acci-
dents qui sont loin d'être rares dans les grands établissements;
d'un autre côté, les efforts auxquels les ouvriers se livrent pour
manier des pièces de fer ou des outils fort pesants favorisent la for-
mation des hernies, et amènent un développement considérable
des muscles des bras et de la poitrine. Il paraîtrait même, d'après
l'assertion de plusieurs médecins dignes de foi , que les organes
înlra-thoraciques se ressentent aussi de ces efforts, et que ceux-ci
peuvent contribuer puissamment à faire naître des hypertrophie*
du cœur. Nous n'avons aucun renseignement précis à cet égard,
et nous nous bornons à dire que, dans notre opinion, la chose est
non seulement possible, mais même très- probable. Toujours debout,
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RES. ET CONCL. DE LA COMM. 597
dans des ateliers chauds ou devant des feux ardents, les ouvrier*
travaillant le fer sont, en outre, exposés aux varices et aux ulcères
des extrémités inférieures ainsi qu'aux diverses maladies résultant
d'une suppression brusque de la transpiration.
Ceux qui travaillent à la forge , aux fourneaux , ou qui battent
le fer rouge, sont sujets à des affections oculaires qui révèlent
bientôt la forme chronique ; enfin ceux qui battent le fer rouge et
ceux qui liment ce métal sont exposés à recevoir des paillettes dans
les yeux.
La profession la plus dangereuse dans l'industrie du fer est celle
de polisseur, parce que, en polissant, l'ouvrier projette dans l'air
des particules métalliques fort ténues, qui pénètrent dans les voies
respiratoires et déterminent des maladies des poumons, principa-
lement la nhthisie. C'est là du moins ce qui nous a été affirmé par
quelques industriels et ce que l'observation a d'ailleurs démontré
depuis longtemps.
Le travail du cuivre seul, ou du cuivre allié au zinc, est essen-
tiellement nuisible par lui-même ; nous avons déjà touché ce point
en parlant des fabriques d'inêtruments de musique; nous renver-
rons donc à ce paragraphe pour les généralités, afin de ne con-
signer ici que quelques détails tout spéciaux. {f^oir% 17, p. S84).
Bien que la fonte du cuivre, ou du bronze, ne paraisse pas
susceptible de nuire à la santé des ouvriers, quand elle se fait dans
des fourneaux bien disposés et avec les précautions convenables,
plusieurs chefs d'industrie déclarent cependant que celte opération
est nuisible. Ainsi, l'un assure qu'elle détermine des coliques métal-
liques; un autre, que les fondeurs et tous les ouvriers travaillant te
cuivre sont sujets à ces coliques, mais que la refonte du vieux
cuivre est surtout dangereuse, et que les ouvriers qui en sont
chargés sont pris presque instantanément de douleurs d'entrailles
et frappés d'une espèce d'asphyxie qui se dissipe aussitôt qu'on les
porte a l'air ; un troisième prétend que la fonte du cuivre est seule
dangereuse, et que l'ouvrier qui a fondu toute une journée est
incapable de travailler le lendemain ; un quatrième signale encore
la fonte du cuivre comme seule dangereuse; un cinquième dit que
la fonte de certains cuivres est nuisible et qu'elle produit des maux
de tète, des frissons et des nausées; un sixième enfin déclare que
les vapeurs du cuivre influent défavorablement sur les organes de
la respiration. De tous ces témoignages et de beaucoup d'autres
que nous ne rappellerons pas ici, résulte pour nous cette convic-
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598 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DÉ BRUXELLES.
lion que la fonte du cuivre1 est dangereuse pour les ouvriers, qu'elle
peut occasionner diverses affections morbides et qu'elle donne sou-
vent lieu à des coliques métalliques ; toutefois noua croyons devoir
ajouter que les effets attribués a l'opération de la fonte doivent plutôt
être rapportés a celle du coulage, parce que les ouvriers qui fondent
sont aussi ceux qui coulent ou qui assistent au coulage, et qu'alors
ils respirent forcément un air chargé de vapeurs métalliques.
Il est une remarque qui nous a été faite par plusieurs industriels:
c'est que la fonte du cuivre rouge n'exerce aucune influence
fâcheuse sur la santé des ouvriers, tandis que cette opération devient
nuisible lorsqu'elle se fait sur du cuivre allié au zinc; cela tient
assurément à ce que l'oxyde de zinc, en se volatilisant, entraîne avec
lui des particules cuivreuses.
Est-ce ici l'oxyde de zinc qui incommode les ouvriers, comme
c'est l'opinion commune dans les ateliers, ou bien sont-ce les par-
ticules cuivreuses que cet oxyde peut entraîner dans sa sublimation ?
La question n'est pas facile à résoudre. H. leD'Blandet cependant,
dans le travail qu'il a soumis à l'Institut de France, croit pouvoir
rapporter à l'influence de l'oxyde de zinc les phénomènes morbides
que présentent les ouvriers les jours de fonte. Quoi qu'il en soit,
voici l'ensemble de symptômes que tous les fondeurs en Cuivre
interrogés par ce médecin ont retracé d'une voix à peu près una-
nime : nous laissons parler l'auteur : * Voici ce que tout ouvrier
fondeur en cuivre vous répondra à cette question : ■ Qu'éprouves-
- vous, les jours de fonte ou le lendemain, lorsque, dans la mau
■ vaise saison, l'atelier étant clos contre le froid, le vent rabat la
■ vapeur de la fonte dans l'atelier? — Réponse ; Ces jours-là,
■ » quand vient le soir, on a perdu l'appétit ; on sent un poids sur
■ l'estomac qui est douloureux ; on a envie de vomir, et l'on vomit
u quelquefois; la poitrine est oppressée, et l'on tousse ; il y a mal
u de tête fixe entre les tempes ; parfois des bourdonnement*
« d'oreilles qui vous poursuivent dans la nuit ; on ressent une fai-
« blesse générale et des douleurs contuses dans les membres supé-
•t rieurs et inférieurs, comme si l'on avait été roué de coups ; on
■ ne mange pas ; si l'on mangeait, on vomirait ou on serait plus
■ malade ; on ressent des frissons entre les épaules ; on tremble
« de tous ses membres ; on se couche, mais le tremblement redouble
* dans le lit; le frisson dure une, deux, trois heures et plus; on
» s'agite en tous sens ; puis viennent des sueurs froides ; le plus
■ souvent, les sueurs sont précédées de bouffées de chaleur; une
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 509
« fièvre ardente survient; la figure vous brûle. Au réveil, tout cet
« ensemble de symptômes alarmants a disparu, et l'on ne ressent
■ plus que de la lassitude. » C'est cet ensemble de phénomènes
morbides que M. Blandet nomme courbature métallique, et que,
dans les ateliers, on appelle effets du zinc.
Si le tableau «ymptomatologique esquissé par notre confrère de
Paris, diffère du nôtre , on s'apercevra cependant facilement qu'il
y a concordance quant aux symptômes principaux, qui sont ; la
douleur de tête, les envies de vomir, les frissons, et la lassitude
qui empêche les ouvriers de travailler le lendemain d'un jour de
fonte. On conçoit, du reste, que les symptômes décrits doivent
varier en intensité et en durée, et que les circonstances qui déter-
minent ces variations dépendent de l'étendue des ateliers, de leur
bonne ou mauvaise disposition, et surtout de la quantité de
matière métallique sur laquelle on opère.
■ La courbature métallique, pour n'être pas dangereuse par
elle-même, dit M. Blandet, finit par laisser, a la longue, des traces
profondes dans l'économie : les fondeurs et mouleurs deviennent
généralement asthmatiques, et de bonne heure, entre trente-cinq
et quarante ans. J'ai entendu bien des ouvriers rapporter la cause
de l'asthme à ces courbatures répétées avec oppression, toux et
sentiment de constriction à la gorge. ■ 'Ce serait là, sans doute, un
très-grave inconvénient attaché à la profession de fondeur en
cuivre j heureusement, nous n'avons pas eu à le Constater dans les
ateliers que nous avons visités.
Parmi les autres ouvriers travaillant le cuivre, nous devons
mentionner les ciseleurs et (es limeurs comme étant assez fréquem-
ment atteints de coliques métalliques.
Il est donc suffisamment établi que le travail du cuivre est nui-
sible ; mais, en admettant qu'il ne produisit pas les accidents que
nous avons rapportés plus haut, on ne devrait pas moins le regar-
der comme très-insalubre, puisqu'il exerce lentement, mais sûre-
ment, une influencé funeste sur la constitution des ouvriers. Pour
juger de cette influence, il suffit de pénétrer dans quelques ateliers :
voyez la maigreur de la plupart des ouvriers , la décoloration de
la peau, la teinte verdàlre , sale, des yeux et de tout le tégument
externe (1), l'air de décrépitude que présentent déjà des hommes
(1)11 y ■ longtempt déjà que l'an ■ remarqué cette teinte verditre particulière nui
ouvrier! travaillant le cuivra. Le D* Patinier la lignais pour lea yeui, la langue, le»
cheveux, lei excrêmcnti, lei urine», le» crachat! ; il ait même qu'elle le
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600 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
encore dans la fleur de l'âge;... tout cela n'indique-t-il pas une
action sourdement désorganisatrice ? tout cela ne prouve-t-i) pas
que le travail du cuivre est des plus insalubres, et, peut-être,
celui qui ruine le plus sûrement la santé et la constitution de
l'homme?
Les ouvriers qui travaillent le cuivre peuvent être assimilés à
ceux qui travaillent le fer, en ce qui concerne la plupart des autres
conditions du travail : ainsi, station prolongée, exercice continuel
des membres supérieurs, exposition a des températures plus ou
moins élevées, chances nombreuses de contusions et de blessures ;
il est inutile d'ajouter ici comment ces conditions peuvent devenir
causes de maladies.
Les plombiers sont assez fréquemment atteints de la colique dite
de plomb. La plupart de ces ouvriers sont maigres, pâles et d'un
teint terreux-; le travail exerce une influence nuisible sur leur
constitution ; les chefs d'ateliers sont d'accord pour reconnaître
cette influence. La colique de plomb n'est pas la maladie la plus
grave qu'aient a craindre les ouvriers dont nous nous occupons i
un médecin distingué, M. le D" Tanquerel des Planches, qui a
poursuivi pendant plus de huit ans ses éludes sur les maladies pro-
duites par le plomb , range ces maladies , eu égard a leur fré-
quence', dans l'ordre suivant : colique, arthralgie , paralysie,
encéphalopatbie. En effet, il a annoté douze cent dix-sept cas de
colique, sept cent cinquante-cinq d'arthralgie, cent vingt-sept de
paralysie, et soixante et douze d'encéphalopathie, ce qui indique-
rait donc que les affections les plus graves sont heureusement les
plus rares. Comme l'arthralgie , la paralysie et l'encéphalopatbie
saturnines sont généralement moins bien connues que la colique,
nous avons pensé qu'il n'était pas déplacé d'en dire ici quelques
mots.
L'arthralgie saturnine est une maladie de nature névralgique,
consistant en des douleurs vives dans les membres , sans rougeur
ni gonflement ; ces douleurs sont continues, mais deviennent plus
aiguës par accès ; la compression les diminue , le mouvement les
augmente; des mouvements involontaires, spasnodiques , des
•m lubiti pur In truipiratian. On ancien mtjdeoin de Bruxelles , le D* Cittli, rfcmnt
en 1781 : < Artifice» caprum fréquenter tractante! capillos non rarà viridet Auteur,
vertirjini, nauitd, eomilu, tutti ticcà, ulctribuique puiinonUm laborant, et etcrt-
mtnta tiridia nannunquam ul.ro reddunt. • (Ratio occiirrendi morbie à minttratiam
«huit produei tolitU. Amutelodanri, 1781 ■)
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 601
crampes les accompagnent , et les parties malades sont souvent
dures et tendues. L'arlhralgie atteint le plus souvent les membres
inférieurs, puis, dans l'ordre de fréquence, les membres supérieurs,
les lombes, etc. ; enfin toutes les parties du tronc et de la tète
peuvent en devenir le siège. Elle peut exister isolément ou asso-
ciée soit a la colique, à la paralysie ou à l'encéphalopalhie ; isolée,
elle ne présente pas la moindre gravité; mais elle doit toujours
faire craindre que la cause qui l'a produite ne donne tôt ou tard
naissance à l'une ou à l'autre des deux dernières maladies.
La paralysie saturnine est ordinairement précédée de coliques;
cependant elle peut se montrer sans avoir été précédée de cette
affection; elle attaque ou le mouvement ou le sentiment, quelque-
fois l'un et l'autre; mais ces derniers cas semblent être plus rares;
elle affecte ou tout un membre ou quelques muscles seulement. En
général, cette maladie est longue à guérir; les récidives sont fré
quentes , et encore beaucoup plus difficiles à guérir qu'une pre-
mière atteinte.
L'encéphalopalhie est l'affection la plus grave que détermine
l'empoisonnement par le plomb ; elle se traduit à l'observation du
médecin par le délire , le coma , des convulsions, ou par la perte
d'un ou de plusieurs sens; elle apparaît quelquefois Bans qu'aucune
autre maladie saturnine ait précédé , mais le plus souvent après
l'une des maladies que nous avons mentionnées tout à l'heure ;
elle peut aussi se montrer seule , ou concurremment avec l'une de
ces maladies. L'encéphalopalhie est plus ou moins grave selon la
forme qu'elle revêt. Il résulte des recherches de M. Tanquerel des
Planches que la forme délirante est la moins grave; puis vient la
forme comateuse , et enfin la forme convulsive ou plutôt épileptique,
qui est la plus grave. Quand les trois formes se présentent réu-
nies, la maladie est le plus souvent funeste, et la mort arrive géné-
ralement dans les trois premiers jours qui suivent l'invasion.
Bien que nous n'ayons rien observé par nous-mêmes, relative-
ment a l'arthralgie, à la paralysie et à l'encéphalopalhie saturnines,
nous avons jugé utile d'exposer ici brièvement quelques-unes des
données que la science possède à leur égard, parce que, pour bien
apprécier l'insalubrité d'une profession, il ne suffit pas de con-
naître les maladies dont les ouvriers sont le plus souvent atteints ,
mais aussi celles auxquelles ils sont encore exposés; ce n'est, en
effet , qu'en connaissant tous (es dangers d'une profession , qu'on
peut prescrire des mesures hygiéniques complètes et réellement
efficaces.
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603 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Parmi les ouvriers plombiers, ît en est quelques-uns qui sont
souvent atteints de rhumatismes : ce sont ceux qui descendent dans
les puits et dans les citernes; ces ouvriers, d'après les renseigne-
ments que nous avons recueillis, sont atteints de rhumatisme au bout
de peu de temps.
Ces mêmes ouvriers sont encore exposés a l'asphyxie, par les
gaz délétères ou non respirables qui existent quelquefois dans les
puits et dans les citernes; quoique cet accident soit excessivement
rare, nous en notons ici la possibilité.
Les fondeur* en caractères typographiques, travaillant un alliage
d'antimoine et de plomb, sont exposés aux mêmes maladies que
les ouvriers dont nous venons de parler. La maladie dont ils
souffrent le plus souvent est la colique de plomb. Un chef uous a
déclaré toutefois qu'on l'observait moins fréquemment que ci-
devant , parce que , instruits par l'expérience, de l'insalubrité de
leur travail, les ouvriers sont devenus plus soigneux , et observent
mieux les précautions hygiéniques dont on leur recommande
l'usage; ses ouvriers se distinguent, en effet, par la propreté du
corps et des vêtements, ainsi que par leur extérieur annonçant la
santé. Dans une autre fonderie, les ouvriers nous ont présenté un
teint hâve, une peau décolorée et une maigreur assez générale ;
le chef reconnaît positivement l'insalubrité de la profession , et
assure que ses ouvriers sont souvent pris de coliques métalliques ,
mais que ces coliques ne sont que passagères, el cèdent assez
facilement à un mélange usité parmi les ouvriers, et qui se com-
pose de parties égales d'huile d'olive et A' absinthe; la dose qu'on
prend habituellement de ce mélange est d'environ une once et
demie. L'influence que le travail exerce sur la santé est tellement
défavorable, dit cet industriel, qui depuis longtemps exerce la
profession et y emploie un grand nombre d'ouvriers, qu'on peut
affirmer, en général, que les fondeurs en caractères, occupés d'une
manière continue, ne dépassent jamais l'âge de soixante ans, et que
même ils arrivent rarement a. cet Age ; quant à ceux qui se livrent
à la débauche ou à des excès de boisson, ils meurent généralement
dans un âge peu avancé.
Les fondeurs en caractères sont encore sujets à des tics , à des
mouvements automatiques des bras et du tronc , qui résultent de
l'obligation d'exercer continuellement certains mouvements pour
imprimer aux moules les secousses nécessaires pour la répartition
égale de la matière en fusion.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 605
§ 29. — Marbriers et tailleurs de pierre.
Les ouvriers qui travaillent les pierres ou le marbre ne sont
exposés a aucune maladie particulière, s'il faut s'en rapportera la
déclaration d'un de nos principaux marbriers , qui avoue cepen-
dant que les tailleurs de pierre se courbent de bonne heure. Nous
pensons qu'on ne peut admettre sans restriction une semblable
assertion ; en taillant le marbre ou la pierre , l'ouvrier lance
autour de lui des parcelles plus ou moins ténues, plus ou moins
anguleuses , et une poussière minérale assez abondante , dont
quelques parties pénètrent toujours dans les voies respiratoires
pendant que la respiration s'accomplit. L'introduction de ces corps
étrangers irrite mécaniquement les muqueuses, provoque d'abord
la toux, et finit, à la longue, par déterminer des maladies graves
de la poitrine, entre autres l'asthme et la phthisie. Tous les
tailleurs de pierres ne sont pas également exposés à contracter ces
maladies : l'observation a appris depuis longtemps que les affec-
tions pulmonaires, notamment la phthisie, se déclarent bien plus
fréquemment chez les ouvriers taillant le grès, que chez ceux tail-
lant toute autre pierre, et cela au point que ces ouvriers ont donné
eux-mêmes, du moins dans certaines localités, à l'espèce de phthisie
qui les atteint tôt ou tard, les noms de maladie du grès, ou mala-
die de Saint-Rock. Un de nos collègues, H. le Dr Biver, qui a
longtemps exercé la médecine dans une localité ou l'on taille surtout
le grès, affirme qu'il a vu mourir de phthisie pulmonaire tous le»
tailleurs de grès qu'il a connus, et que son père, qui a élé médecin
durant de longues années dans le même lieu , lui avait également
rapporté que presque tous ces ouvriers succombaient a la phthisie
pulmonaire.
Les marbriers et les tailleurs de pierre sont exposés à des con-
tusions, à des blessures plus ou moins graves et a des affections
oculaires , par les éclats de pierre qu'ils reçoivent assez souvent
dans les yeux.
§ 30. — Êtameurs de glaces.
Les êtameurs de glaces, comme tous les ouvriers maniant le
mercure, sont exposés au tremblement mercuriel. Cependant cet
accident ne s'observe que très-rarement chez nos metteurs au tain,
parce qu'ils n'étament pas tous les jours, mais seulement de temps
à autre. Les ouvriers qui négligent les soins de propreté , et ceux
qui s'adonnent à la boisson, particulièrement à celle des liqueurs
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604 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
alcooliques, «ont beaucoup plus vile atteints de tremblement mer-
curiel que les autres. Des deux clameurs que nous avons tus, l'un
exerçait la profession depuis dix-huit ans, et l'autre depuis vingt-
cinq ; le premier était un homme fort et robuste , jouissant de la
santé la plus florissante ; le second, d'un Age déjà avancé et d'une
faible complexion, se portait cependant bien. Tous deux nous ont
affirmé n'avoir jamais éprouvé aucune incommodité de leur tra-
vail, et que les ouvriers propres, sobres, menant une vie régulière,
pouvaient mettre au tain , pendant de longues années , sans res-
sentir la moindre influence du mercure, tandis que ceux qui vivaient
dans la débauche étaient bientôt des hommes perdus.
La salivation parait être un accident beaucoup plus rare que le
tremblement, car, dans les deux établissements que nous avons
visités, on ne l'avait jamais observée. Ramazzini et Pâtissier n'en
font pas mention non plue. Quoi qu'il en soit du silence de ces
auteurs, la salivation doit être mise au nombre des maladies qui
peuvent atteindre les étameurs de glaces.
On a signalé aussi les céphalalgies comme assez fréquentes chex
ces ouvriers ; nous n'avons rien appris de positif à cet égard, mais
nous admettons que le charbon de bois que l'on brûle dans un
réchaud au milieu de l'atelier, pour sécher l'étoffe de laine avec
laquelle on frotte la glace, peut effectivement déterminer des
douleurs de tête.
Se temps à autre, les étameurs exécutent une opération qui les
expose surtout à gagner le tremblement : nous voulons parler de
la distillation des cendres provenant de la table de pierre sur
laquelle se fait rétamage ; ces cendres forment une poussière gri-
sâtre, composée en grande partie de mercure oxydé , d'un peu
d'étain et de quelques matières étrangères; en les soumettant à la
distillation pour en extraire le mercure, l'ouvrier chargé de la
conduite de l'opération ne saurait prendre assez de précautions
pour éviter les vapeurs mercurielles.
§ 51. — Brocheurs de livres.
Cette profession n'a rien d'insalubre en elle-même, mais elle
peut nuire au développement physique des enfants , parce qu'elle
les astreint & tiu travail trop sédentaire dont la durée est, d'ailleurs,
beaucoup trop longue pour les puis jeunes d'entre eux , qui n'ont
que sept ou huit ans.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RËS. ET CONCL. DE LA COMM. §03
§ 32. — Fabriques d'allumettes chimiques.
La fabrication des allumettes chimiques, dites photphoriques ,
ne présente aucune cause d'insalubrité. Les garçons et les jeunes
filles employés dans ces fabriques n'ont à supporter aucune fatigue ;
leur travail est très-facile et se fait assis; nous pouvons donc nous
borner à dire que les uns et les autres sont exposes à tous les
inconvénients inhérents aux professions sédentaires.
En maniant les allumettes phosphoriques pour les mettre en
boite , les enfants sont encore exposés à se brûler. Les ouvriers
adultes, chargés de la préparation de la pâte et de la trempe des
allumettes, sont exposés à des blessures plus ou moins graves par
l'explosion de la matière qu'ils emploient; cet accident est heureu-
sement fort rare, mais il s'est présenté il y a trois ans dans l'une
des fabriques que nous avons visitées, et un ouvrier a été griève-
ment btcssé a la main.
Postérieurement à la rédaction des lignes précédentes, il a été
reconnu et constaté par plusieurs médecins que le travail dans
les fabriques d'allumettes phosphoriques est des plus dangereux
et occasionne assez fréquemment une maladie très-grave, extrême-
ment douloureuse, et qui se termine le plus souvent par la mort ;
nous voulons parler de la nécrose des os constituant les mâchoires.
C'est M. le Dr Lorinser, chirurgien en chef de l'hôpital Wieden
a Vienne , qui , & notre connaissance, a le premier fait connaître
cette funeste influence des vapeurs de phosphore. Voici comment
il a tracé dans le cahier de mars 1 845 du MediciruscAe Jahrbûcker
de» K. K. Oetterr. Staates, le début, la marche et les symptômes
de la nécrose' deB os maxillaires. « En général, la maladie se déclare
par des névralgies dentaires, affectant tantôt une dent, tantôt plu-
sieurs dents de la mâchoire supérieure ou de la mâchoire infé-
rieure ; un peu plus tard, les parties molles, particulièrement les
gencives et les joues se Tuméfient; ces dernières deviennent le
siège d'une inflammation érésipélateuse envahissant toute une
moitié de la face cl souvent même le cou ; une fièvre légère
se développe ; la peau prend partout , mais principalement k
la face, une teinte jaune livide; l'appétit diminue, la soif augmente,
la défécation devient irrégulière; lesdouleurs, d'abord bornées aux
dents et à la mâchoire, s'étendent aux régions auriculaire et tem-
porale, et il s'établit une véritable salivation. Les dents commen-
cent alors & vaciller, un pus fétide s'écoule des alvéoles et s'amasse
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606 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
bous les gencives, d'où il se fraye un passage au dehors ou dans
la cavité buccale, en formant de nombreux trajets fistuleux. Une
sonde introduite dans ces trajets fistuleux, fait reconnaître que l'os
maxillaire est rugueux et dénudé. Les dents tombent, les parties
moites de la bouche se détachent, et l'os nécrosé se montre a décou-
vert dans une étendue plus ou moins considérable ; la suppuration
devient abondante et d'une fétidité insupportable.
■ Dans les cas les plus heureux, c'est-à-dire quand le sujet est bien
portant et d'une bonne constitution, et quand la nécrose d'ailleurs
n'affecte qu'une petite portion de l'os , on voit l'exfoliation de la
partie nécrosée se faire et la cicatrisation s'opérer ; mais dans le
cas contraire, surtout chez les sujets d'une constitution scrofuleuse,
la maladie poursuit ses ravages , une fièvre hectique se déclare,
les poumons se tuberculiscnt, et les malades succombent au milieu
d'intolérables et d'atroces douleurs qu'aucun narcotique n'est
capable de calmer. »
Tel est, en résumé, le triste tableau que H. Lorinser a tracé de
l'affection toute particulière qu'il a eu plusieurs fois l'occasion
d'observer chez des ouvrières employées dans les fabriques d'allu-
mettes phosphoriques. Plusieurs de ces fabriques existant en
Belgique, il devenait important de répandre la connaissance des
influences nuisibles du phosphore, afin d'appeler sur ces influences
l'attention toute spéciale des médecins qui peuvent se trouver en
rapport avec les ouvriers travaillant au milieu des vapeurs phos-
phoriques ; c'est ce que l'un de nous (H. le Dr Dieudonné) s'est
empressé. de faire en entreprenant la traduction du Mémoire du
docteur Lorinser (1).
L'éveil avant été donné par le travail de ce médecin, de nou-
veaux faits ne tardèrent pas à être recueillis dans différents services
de chirurgie ; ces faits vinrent tous confirmer l'observation du
Df Lorinser.
Nous rappellerons d'abord ici ceux observés par M. le D* Hey-
felder, professeur à l'université de Erlangen , qui après avoir lu
"d'abord un mémoire à la Société médicale de Erlangen sur la mala-
die qui nous occupe, a ensuite entretenu de ce sujet le congrès
scientifique qui s'est réuni en 1845 a Nuremberg. A cette occa-
sion, H. le D' Rose et M. le Dr Blumhardt (de Slultgard) ont
(I) Voyax Journal de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacologie, publié par la
Société1 dn •ciance» médical ei et naturelle de Bruxellei; année 1845, p. 703 etinir-
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. - RÉS. ET CONCL. DE LA COHH. 607
déclaré avoir également rencontré la nécrose des mâchoires, le
premier sur des hommes , et le dernier principalement chez des
enfants.
Dans la séance du 7 août 1845 de la Société de médecine de
Strasbourg, le D1 Strobl a encore lu un mémoire sur la même
affection ; il en avait observé lui-même quatre cas, el trois autres
cas lui ayaicnt été communiqués. Sa relation coïncide, du reste,
parfaitement avec celles de MM. Lorlnser et Heyfelder.
Enfin , il faut joindre à ces faits deux autres cas de nécroses
très-étendues des maxillaires, observés en 1845 à Paris, dans le
service delH. le professeur A. Bérard, à la Pitié, sur deux sœurs tra-
vaillant toutes deux dans une fabrique d'allumettes phosphoriques.
Au moment même où noire travail allait être livré à l'im-
pression, il est encore venu à notre connaissance deux nouveaux
travaux sur la nécrose des mâchoires. M. le BF T. Roussel vient
d'adresser à l'Académie royale des sciences de Paris (séance du
16 février 1846), un mémoire relatif aux maladies des ouvriers
employés à la fabrication des allumettes chimiques, dans lequel il
vient à son tour, et après avoir étudié toutes les opérations de la
fabrication et leur influence sur l'économie humaine , proclamer
l'insalubrité de quelques-unes de ces opérations et confirmer tout
ce qui a été dit sur l'action si funeste exercée par les vapeurs pbos-
pboriques.
Dans sa séance du 9 mars, la même Académie a encore reçu de
M. le D'Sédillot, de Strasbourg, un mémoire concernant plu-
sieurs cas de nécrose des maxillaires, observés dans son service sur
des ouvrières employées à la fabrication des allumettes phospho-
riques. Chez l'une de ses malades, M. Sédillot a pu extraire avec
de fortes pinces tout le maxillaire supérieur gauche avec les cornets
inférieur et moyeu, l'entrée du canal nasal, le rebord orbitaire,
Tinter maxillaire et la presque totalité de l'apophyse palatine du
maxillaire droit, les apophyses horizontales des deux palatins avec
la partie montante de celui du côté gauche, c'est-à-dire la plus
grande portion du squelette de la face.
Assez de témoignages, assez de faits sont donc acquis à la science
pour reconnaître tout le danger que courent certains ouvriers des
fabriques d'allumettes phosphoriques. Hais ici il y a lieu de sou-
lever cette question : est-ce bien au phosphore seul qu'il faut attri-
buer cette affreuse et si grave altération des mâchoires, et ne se
pourrait-il pas que cette altération fût provoquée par l'arsenic
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608 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
que le phosphore renferme presque toujours? M. le professeur
Martius semble incliner vers celte dernière opinion, parce qu'il a
rencontré de l'arsenic dans le phosphore employé dans les fabri-
ques de Nuremberg. H. le D* Dira , cité dans le mémoire de
M. Heyfelder , se prononce plus positivement : il fait remarquer
que depuis qu'on a cessé de faire Tenir le phosphore de Tienne,
phosphore qui contenait de l'arsenic, et qu'on se sert de phosphore
privé de ce métal, les cas de nécrose sont devenus plus rares.
Nous ne pouvons adopter l'opinion de ces savants qu'avec une
extrême réserve, car si les vapeurs arsenicales étaient capables
d'exercer une action élective sur les mâchoires et de déterminer
leur mortification, la maladie qui s'observe dans les fabriques d'al-
lumettes phosphoriques devrait, a plus forte raison, s'observer dans
celles où l'on prépare le plomb de chasse et où les ouvriers respi-
rent, ainsi que nous nous en sommes assurés , une véritable atmo-
sphère arsenicale. D'un autre côté , nous ferons remarquer avec
M. Fuchs que rien de semblable n'a jamais été observé dans l'ex-
ploitation des minerais du Hartz.
En définitive, que la nécrose des mâchoires soil le résultat de l'in-
fluence du phosphore ou de l'arsenic, elle n'en constitue pas moins
une des affections les plus graves et les plus terribles que l'on
puisse contracter dans la carrière industrielle; c'est là un fait dont
il n'est malheureusement plus permis de douter.
Le mal étant presque toujours au-dessus des ressources de l'art,
et ne pouvant quelquefois guérir qu'au prix d'une horrible muti-
lation , la résection de la mâchoire nécrosée, il importe d'aviser aux
moyens'de le prévenir. Ces moyens, disons- le de suite, ne sont
autres que quelques mesures hygiéniques â prescrire par l'auto-
rité compétente, et qui consistent principalement, d'après le D* Rous-
sel (mémoire présenté k l'Académie des sciences) : 1° dans la sépa-
ration complète des ateliers, afin de soustraire le nombre le plus
considérable d'ouvriers aux émanations phosphoréeg; 2" dans l'éta-
blissement de moyens convenables de ventilation dans les ateliers
qui ne peuvent être débarrassés complètement de ces émanations.
Ces mesures, nous les avions déjà très-explicitement indiquées, il
y a deui ans , lorsque nous ne connaissions pas encore tous les
dangers attachés à la fabrication des allumettes phosphoriques.
[Voyez la première partie de ce travail, page 521.) Aujourd'hui
que ces dangers nous sont connus, nous ne ferons qu'insister davan-
tage sur la nécessité d'adopter les mesures indiquées par nous et
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COM4!. 609
par H. Roussel. — Indépendamment de la nécrose des mâchoires,
celte affection si grave dont noua venons de donner une idée, les
vapeurs phosphorîques peuvent encore déterminer et déterminent
souvent des maladies graves des organes respiratoires , capables de
compromettre l'existence des ouvriers. M.leD'Gendrin a déjà appelé
l'attention des médecins sur. la gravité des bronchites qui- affectent
les ouvriers des fabriques d'allumettes chimiques. MM. Roussel et
Sédillot ont, de leur côté , constaté également l'existence d'affec-
tions pulmonaires graves. Le travail dans les fabriques d'allumettes
phosphoriques n'exposât-il les ouvriers qu'à ces seules maladies ,
il y aurait déjà des raisons plus que suffisantes pour ordonner l'exé-
cution des mesures que nous avons signalées comme propres à
faire disparaître les principales causes de danger.
% 33. — Imprimeries,
Trois catégories principales d'ouvriers sont à considérer dans les
établissements typographiques : les compositeurs, les pressiers et
les demi-compagnons.
Les compositeurs, travaillant presque toujours debout, sont expo-
sés aux maladies que produit une station prolongée. Nous n'avons
rien appris de positif relativement à la myopie et aux autres affections
oculaires qu'on dît être très-fréquentes chez les compositeurs; nous
pensons que leur travail peut, à la longue, amener un affaiblisse-
ment notable de la vue, surtout chez ceux qui travaillent le soir,
en s'aidant d'une chandelle ou de quelque autre mauvaise lumière,
ainsi que cela se passe dans quelques imprimeries. Le chef d'un
de nos principaux établissements typographiques a remarqué qu'un
grand nombre de compositeurs devenaient phlhisiques; mais il
n'oserait assurer que ce résultat doit être attribué à la profession ;
ce que celle-ci produit plus sûrement, ce sont certains tics ner-
veux qui Font faire aux compositeurs les grimaces les plus singu-
lières ; nous en avons vu , en effet , un échantillon des plus
curieux.
Autrefois, les compositeurs étaient assez sujets à la colique de
plomb ; depuis qu'ils ont renoncé à l'habitude de tenir les caractères
dans la bouche, cette maladie a disparu, et il faut actuellement
considérer comme une chose très-rare le développement de celte
colique chez un ouvrier compositeur.
Les pressiers travaillent debout et se fatiguent beaucoup pour
tirer le barreau de la presse ; arec les anciennes presses en bois, ils
xuvCoo^le
610 CONSEIL CENTRAL DE SALUBEUTÊ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
devaient se livrer à des effort* beaucoup plus considérables, et ces
efforts produisaient assez fréquemment des hernies. On nous a assuré
qu'avec les presses en fer, qui fonctionnent beaucoup plus aisément,
les pressiers ne sont pas plus exposés aux bernies que les autres
ouvriers. Il y a peut-être ici quelque exagération dans les avan-
tages reconnus aux presses en fer ; nous croyons qu'elles rendent
un immense service aux pressiers, en diminuant pour eux les
chances qu'ils couraient ci-devant de gagner des hernies; mais nous
croyons aussi que le travail continu à la presse est encore assez fati-
gant pour disposer les ouvriers aux hernies. Les efforts qu'exécute
sans cesse le bras droit , donnent au système musculaire de ce
membre, et à celui de la partie thoracique qui lui correspond, un
développement extranormal, et la répétition de ces efforts, jointe
a l'attitude que prennent les pressiers en tirant sur le barreau de
la presse, finit par produire, chez quelques ouvriers, une diffor-
mité assez choquante consistant eii une différence de niveau des
épaules.
Les demi-compagnons sont des ouvriers qui aident les pressiers,
et qui ont pour attribution principale de passer sur les formes le
rouleau à encrer. Comme ce travail est presque toujours confié à
des adultes, nous ne pouvons pas le considérer comme très-fati-
gant. Il n'y a dans le travail que font ces ouvriers que la stalîon
prolongée qui puisse donner lieu à quelque maladie.
Il est une observation que nous devons mentionner ici : elle
concerne les ouvriers typographes en général , et a été faite par le
chef d'une de nos grandes imprimeries : c'est que, l'été, ces ouvriers
sont moins bien portants que l'hiver , et qu'ils sont alors sujets à
de fréquents maux de tète ; sans pouvoir indiquer positivement la
raison de cette différence, le chef présume cependant qu'elle tient
à ce que dans la saison d'été, les ouvriers trouvent des occasions
plus fréquentes de se livrer à des excès, par suite des nombreuses
fêtes et kermesses que présentent Bruxelles et les environs.
% 34. — Ateliers de coloriage.
Le coloriage et Venluminage constituent des occupations peu
fatigantes, auxquelles on emploie presque exclusivement des petits
garçons et des petites filles. Ces occupations n'ont rien d'insalubre
par elles-mêmes , en tant que les enfants ne portent pas les cou-
leurs à la bouche,- cependant la longue durée du travail (onm ou
douze heures) , la position assise , l'inaction du corps , la privation
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RÉPONSES AUX QUESTIONS RÉS. ET CONCL. DE LÀ COMM 6 i 1
de jeux et d'exercices en plein air, sont autant de causes nuisibles
au développe ment parfait des diverses parties de l'organisme , et
qui doivent agir défavorablement sur la santé et la constitution
des enfants.
§ 35. — Tisserands.
Le travail du tisserand est très-fatigant, non-seulement par les
efforts qu'il exige, mais aussi par l'attitude gênante que doivent
garder les ouvriers. Assis toute la journée, la poitrine courbée et
portant sur le métier, le tisserand meut continuellement ses bras
et ses jambes, et exécute des mouvements en sens opposés qui fati-
guent beaucoup. Les perfectionnements apportés aux métiers à tisser
et surtout l'introduction de la navette volante, ont, à la vérité, fait
disparaître bien des inconvénients et rendu la profession moins
fatigante; mais ces améliorations n'ont pu faire disparaître tous
les inconvénients et ne sont d'ailleurs pas encore généralement
adoptées. La profession n'est pas insalubre par elle-même, mais
elle le devient par les conditions désavantageuses que présentent
la plupart des ateliers, pour lesquels on choisit d'ordinaire des
locaux bas et humides; souvent même le sol des ateliers est de
terre battue, ce qui constitue une cause permanente et puissante
d'insalubrité, parce que celte terre recevant et retenant toutes les
ordures tombant sur le sol, ne peut que produire des émanations
nuisibles à la santé des ouvriers. Mais ce n'est pas seulement dans les
ateliers auxquels nous faisons ici allusion que l'ouvrier a le plus à
souffrir, car ces ateliers, contenant un grand nombre de métiers,
mesurent un grand espace et laissent par conséquent pour chaque
tisserand un volume d'air plus que suffisant ; pour se faire une
idée de la condition malheureuse de la plupart de ces ouvriers,
ainsi que des causes d'insalubrité auxquelles ils sont soumis, il faut
les examiner chez eux, dans leurs misérables masures : alors le
cœur se serre et est navré de douleur ; alors on ne comprend que
trop la pâleur du teint, l'aspect de faiblesse et d'élioleraent que
vous présentent ces hommes auxquels un pénible labeur fournit à
peine de quoi entretenir leur cbélive et douloureuse existence.
De tous les chefs d'industrie que nous avons interrogés , trois
seulement ont reconnu que la profession de tisserand exposaità des
maladies particulières; ainsi, l'un nous a déclaré que ceux qui tra-
vaillaient dans des ateliers humides, étaient bientôt atteints de rhu-
matisme et perclus ; un aulre nous a dit que la profession exerçait
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612 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
une influence défavorable sur la santé des ouvriers et des enfants,
et que beaucoup d'ouvriers devenaient poitrinaires ; un troisième
enfin reconnaît que quelques tisserands se ressentent de leur
travail et que la pblhisie pulmonaire n'est pas rare parmi eus.
Ces déclarations sont d'accord avec ce que l'observation nous a
appris depuis longtemps, à savoir que le rhumatisme est fréquent
chez les tisserands, et que ces ouvriers succombent en assez grand
nombre à des affections de poitrine.
Les enfants employés par les tisserands ne font qu'un ouvrage
peu fatigant, comme préparer les fils, garnir les navettes, etc.
Exécutant un travail sédentaire, ils ont a en subir toutes les
influences défavorables.
§ 36. — Teinturiers.
Nous pourrions renvoyer aun*lndu§6 (2* partie), où il est ques-
tion des blanchisseurs et des teinturiers employés dans les fabriques
d'indiennes. Cependant, comme nous avons visité plusieurs grands
établissements spécialement consacrés a la teinture, nous avons
recueilli, sur les maladies propres aux teinturiers, quelques ren-
seignements plus complets que nous devons exposer ici. Ainsi, par
exemple , si les fabricants d'indiennes ont déclaré que les teintu-
riers étaient sujets aux affections rhumatismales et de poitrine , à
l'œdème et aux varices des membres abdominaux, ils nous ont
cependant représenté ces maladies comme fort rares. Les chefs de
teinturerie, au contraire, les signalent comme fréquentes, surtout
le rhumatisme et les affections de poitrine. D'après la déclaration
d'un de ces chefs, il serait même fort rare que les ouvriers, en avan-
çant en âge, échappassent aux affections rhumatismales. Enfin , il
est encore quelques autres maladies qui se rencontrent assez fré-
quemment chez les teinturiers : ce sont les fièvres intermittentes,
les engelures et le gonflement des doigts.
On compte parmi les teinturiers une classe particulière d'ouvriers
appelés garanceurs; ces ouvriers ont un travail plus fatigant que
les autres, et ils sont ordinairement usés et cassés au bout d'une
vingtaine d'années.
§ 37. — Filatures de laine.
Nous noua occuperons ici non-seulement des ouvriers employés
au filage, mais aussi de ceux occupés au tissage de la laine.
La première opération de l'industrie lainière est le triage; cette
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RÉPONSES AUX QUESTIONS.— RÉS. ET CONCL.DE LA COMH. 613
opération est sale et dégoûtante, parce que le* lames «ont surget ou
grasses, et répandent une odeur désagréable; toutefois, elle ne
peut pas être considérée comme insalubre , et si les ouvriers qui
la font ont quelque chose a souffrir, ce ne peut être que de la
station prolongée.
Comme le coton, la laine est soumise a un battage qui se fait a
l'aide d'une machine appelée diable; lorsque le diable est en mou-
vement, il se dégage une poussière peu abondante, qui ne nous
parait pas susceptible de nuire à la santé des ouvriers ; peut-être
ceux-ci en éprouvent-ils, dans les premiers temps, quelque incom-
modité, comme de la toux; mais nous n'avons rien appris de positif
à cet égard.
Quant aux femmes qui, après le battage, sont chargées de l'éplu-
cbage de la laine , elles sont soumises à toutes les causes d'insalu-
brité attachées aux professions sédentaires.
Les ouvriers employés a la carderîe n'ont rien a souffrir de la
nature de leur travail ; il en est de même des fileurs : ces ouvriers,
comme tous ceux qui travaillent debout, sont exposés aux varices
et a l'œdème des extrémités inférieures; cependant nous devons
dire que, d'après tes renseignements que nous avons recueillis, ces
affections ne se montrent que très-rarement.
Les filatures de laine emploient un certain nombre d'enfants ,
soit comme ptoqueur», soit comme raltacheurs. Nous pouvons leur
appliquer une partie des réflexions que nous avons faites plus
haut, relativement aux enfants employés dans les filatures de
coton ; toutefois , les enfants employés dans l'industrie lainière
ont moins à souffrir que ces derniers , et nous pouvons assurer
que tous ceux que nous avons vus jouissaient de la meilleure santé.
Pour les tisserands en laine , nous renverrons à ce que nous
avons dît des tisserands en général; seulement les tisserands en
laine paraissent mieux se porter : ils sont moins pales, moins ché-
tifs que les tisserands en coton ; si leurs ateliers exhalent une
odeur d'huile, désagréable pour celui qui n'y est pas habitué,
eux, du moins, ne paraissent pas en être incommodé*.
Les enfants, bobioeurs de ces tisserands, sont soumis à toutes
les influences défavorables d'un travail sédentaire ; cependant,
leur étal sanitaire est en général meilleur que celui des bobineurs
de coton. Un chef nous a même assuré que les enfants , chétifs et
malingres en entrant à la fabrique, ne tardaient pas à présenter
un meilleur aspect et a se fortifier.
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6U CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Si les diverses opérations dont nous venons de nous occuper ne
comportent avec elles aucune cause réelle d'insalubrité, il n'en est
plus de même de celles qui ont pour objet le dégraissage et le
-foulage. Bien que les industriels ne regardent pas ces opérations
comme insalubres et malfaisantes, et qu'ils déclarent même que
les dégraisseurs et les fou Ion mers ne sont pas plus souvent malades
que les autres ouvriers, il nous parait indubitable que le genre de
travail auquel ils sont assujettis, et qui s'exerce toujours dans des
ateliers froids et très-humides , doit leur être préjudiciable; les
fbulonniers surtout doivent se ressentir d'autant plus sûrement
des influences Fâcheuses du froid et de l'humidité, qu'ils sont
astreints a un travail continu de vingt-quatre heures. Il faut donc
considérer le travail dans les Fouleries comme susceptible de pro-
duire des affections de poitrine, des fièvres intermittentes et des
rhumatismes.
Après le Foulage, il est encore deux autres opérations dont nous
devons dire un mot, ce sont le blanchiment & l'acide sulfureux,
et le lainage ou garnissage. Le blanchiment a l'acide sulfureux se
fait dans des espèces d'étuves dites soufroirs ; quand on y a disposé
les couvertures de laine de façon qu'elles puissent partout recevoir
l'impression de l'acide sulfureux, on allume le soufre et l'on ferme
hermétiquement l'éluve en lutant toutes les jointures par lesquelles
l'acide sulfureux pourrait se dégager. Les ouvriers n'ont rien a
craindre de cetie opération ; ce n'est qu'en ouvrant les soufroirs, à
la fin de l'opération, qu'ils pourraient courir quelque danger;
mais ce danger n'existe pas même par la précaution que l'on prend
ordinairement défaire ouvrir les soufroirs en dehors et à l'air libre.
Le lainage ou garnissage a pour objet de garnir de poils la
surface des couvertures, et se fait au moyen d'un gros tambour
garni de têtes de chardons à foulon [diptactu fullonum), sur lequel
on fait passer la couverture , avec la précaution de faire marcher
celle-ci en sens inverse du mouvement imprimé au tambour. Celte
opération semblerait devoir répandre, dans l'atelier où elle se
pratique, beaucoup de poussière et de poils ou duvets laineux ;
cependant il n'en est rien , et si les ouvriers ont quelque chose à
souffrir de la nature de leur travail , ce ne peut être que de la
station permanente à laquelle il les oblige.
Somme toute , les ouvriers occupés dans l'industrie lainière ont
infiniment moins à souffrir de leur travail, que ceux employés dans
l'industrie cotonnière.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS RÉS. ET CONCL. DE LA COHH. 615
§ 38. — Platineurs.
Les chefs d'industrie que nous avons interrogés ont déclaré* que
la profession n'avait rien de nuisible , et que les ouvriers n'étaient
exposés à aucune maladie particulière. Les considérations que nous
avons émises au § 28 (2' partie), en parlant des ouvriers employé»
aux travaux métallurgiques, sont, en partie, applicables aux
diverses catégories d'ouvriers que l'on rencontre dans les ateliers
des platineurs, comme fondeurs, forgerons, limeurs, etc. Une
cause particulière d'insalubrité doit cependant être mentionnée ici :
c'est que l'ouvrier platineur ne peut travailler sans avoir à côté de
lui un réchaud allumé ; la combustion du charbon de bois dont on
fait généralement usage, donne lieu à la formation du gaz acide
carbonique , lequel se répand dans l'atelier, parce qu'on n'a pas
le soin d'établir ces réchauds au-dessous d'un manteau surmonté
d'un tuyau pour conduire l'acide carbonique au dehors. L'omis-
sion de cette mesure de précaution nous parait de nature à exposer
les platineurs à des céphalalgies et à des vertiges.
§ 59. — Fabriques et raffineries de sucre.
Dans la fabrication du sucre, aucun travail ne nous paraît sus-
ceptible de nuire à la santé des ouvriers. Les ouvriers des deux
fabriques que nous avons visitées jouissaient tous de la meilleure
santé, et ît doit en être presque toujours ainsi, par la raison qu'ils
travaillent aux champs de betteraves une grande partie de l'année,
et qu'ils ne sont occupés que pendant peu de mois dans les fabri-
ques mêmes. Le travail est, en général, peu fatigant, et il n'y a
que celui de nuit qui est réellement pénible; encore n'influe-t-M
que peu ou point défavorablement sur la constitution robuste des
ouvriers campagnards.
Dans les raffineries de sucre, le travail est également peu fati-
gant; mais il y règne constamment une haute température qui , dans
les étuves, s'élève jusqu'à 40* Réaumur, et qui oblige les ouvriers à
travailler le corps nu jusqu'à la ceinture. Cette chaleur excessive
doit affaiblir la constitution et exposer fréquemment les ouvriers à
toutes les maladies qui résultent des transitions brusques de tem-
pérature. Il résulte des informations que nous avons prises à cet
égard , que ces maladies sont cependant assez rares , grâce à la
surveillance qu'on exerce sur les ouvriers pour les empêcher de
commettre des imprudences.
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(HO CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
§ 40. — Blanchiment à la minute des étoffes de colon.
Ce blanchiment t'opère au moyen de l'eau chlorurée. Le» ou-
vriers travaillent constamment dans des ateliers froids et très-
humides. Ces circonstances nous paraissent propres a favoriser le
développement du rhumatisme, des catarrhes et des affections de
poitrine. Nous ajouterons que le chlore dont l'atmosphère de l'ate-
lier est toujours chargée est susceptible, à lui seul, de produire
des irritations bronchiques et pulmonaires, lesquelles sont de nature
a dégénérer en des affections très-graves, si l'ouvrier ne renonce
pas au travail qui les a produites.
§ 41 . — .Ateliers de dessin et de gravure.
Mous n'avons ici en vue que les ateliers dans lesquels on réunit
un certain nombre d'enfants, dans le but d'en faire des dessina-
teurs et des graveurs. Le travail auquel on assujettit ces enfants
n'a rien d'insalubre , mais comme il rentre dans la catégorie des
travaux sédentaires , il peut cependant nuire au développement
physique des enfants, s'il est d'une longue durée, et s'il n'est pas
interrompu par des intervalles de repos, assez longs pour permettre
aux enfants non-seulement de prendre leurs repas, mais encore de
se livrer a quelques exercices en plein air.
L'apprentissage de l'art du graveur fatigue beaucoup la vue et
nous parait susceptible de produire la myopie.
% 42. — Bevieification du plomb.
Il existe plusieurs établissements où l'on s'occupe spécialement
de la revivilication du plomb. Nous en «lisons ici une mention
toute particulière, parce que ce travail nous parait des plus insa-
lubres cl bien autrement dangereux que la fonte et la manipula-
tion du plomb. Les ouvriers employés à ce travail sont exposés à
tous les accidents que détermine l'intoxication saturnine et que
nous avons exposés plus haut. Ceux que nous avons vus étaient
maigres, d'un teint jaunâtre, livide, d'une santé misérable et tour-
mentés d'une toux continuelle. Il est vrai de dire qu'ils opéraient
dans les conditions les plus désavantageuses , c'est-à-dire dans un
mauvais hangar n'ayant que S mètres 20 centimètres d'élévation,
3 mètres de largeur et 4 mètres 50 centimètres de longueur et
ne présentant d'autre ouverture que la porte d'entrée.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RES. ET CONCL. DE LA COMM. 61 7
§ 43. — Filatures de lin à la mécanique.
Il ne nous a pas été permis de voir les premières opérations du
sérançage et du cardage, qui, de tout temps, ont été signalées
comme exerçant une influence nuisible sur la santé des ouvriers.
Autrefois, quand elles se faisaient généralement à la main, les
ouvriers se trouvaient toujours entourés de nuages d'une poussière
fine et irritante , dont l'action se portait principalement sur les
muqueuses des voies digestives et respiratoires; aussi rencontrait-
on souvent alors parmi les ouvriers séranceurs et cardeurs, des
dyspepsies , des vomissements et diverses autres perversions des,
fonctions de l'estomac , ainsi que des irritations chroniques des
bronches et des poumons , et même la phthisie pulmonaire. Les
machines dont on se sert assez généralement aujourd'hui pour
opérer le sérançage et le cardage ont obvié jusqu'à un certain
point au principal inconvénient dont ces opérations étaient enta-
chées, c'est-à-dire à la dispersion d'une poussière abondante dans
les ateliers; toutefois nous nous hâtons d'ajouter que ces machines
laissent encore dégager une quantité assez considérable de pous-
sière et qu'elles ne peuvent mettre les ouvriers complètement à
l'abri des maladies dont nous avons parlé plus haut. Nous pen-
sons donc pouvoir établir que ces maladies, quoique beaucoup
moins fréquentes qu'autrefois, doivent encore s'observer chez les
séranceurs et les cardeurs de lin.
Le travail dans la filature proprement dite , ne peut pas être
considéré comme insalubre; la station prolongée et le travail de
nuit sont seuls susceptibles d'exercer quelque influence défavo-
rable sur la santé des ouvriers.
Les enfants n'ont aucun travail fatigant pendant le jour; mais
les veilles qu'exige le travail de nuit, la durée trop longue du tra-
vail (douze heures pendant le jour ou dix heures pendant la
nuit), l'obligation d'être toujours debout, et Cage trop tendre
auquel on admet les enfants (six, sept et huit ans), sont autant de
circonstances défavorables a leur développement physique et dont
l'action sur leur économie ne peut être que funeste.
j 44. — Fabrique» de céruse
3 ■»■»■ — mwijiwiwwnw.
Les ouvriers de ces fabriques sont exposés à la colique de plomb ;
ais cette maladie s'observe moins fréquemment qu'autrefois ,
iree qu'on oblige tes ouvriers à quelques précautions hygiéniques
mais
parce qu'on
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618 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
consistant presque exclusivement en soins de propreté. Nous avons
examiné plusieurs ouvriers, et chez aucun nous n'avons rencontré
le premier symptôme de l'intoxication saturnine , c'est-à-dire la
coloration bleuâtre des gencives.
Tout ce que nous avons iiit au §28 (2* partie), des autres maladies
produites par le travail du plomb, est aussi applicable aux ouvriers
des fabriques de céruse; nous ne nous répéterons donc pas.
§ 45. — ■ Fabriques de colle.
Dans le» fabriques de colle, Il n'y a aucune opération que l'on
puisse considérer comme nuisible a la santé des ouvriers ; ceux-ci
peuvent être incommodés dans les premiers temps de l'odeur fade
et nauséabonde, qui accompagne la fabrication de la colle, mais
ils s'y font bientôt et n'en éprouvent aucun inconvénient. Quant
a l'eau aiguisée d'acide chlorhydrîque dans laquelle on fait macé-
rer les os, elle ne nous parait pas susceptible de produire des irri-
tations des voies respiratoires, parce que l'acide y est en trop petite
quantité, et que les cuves à macération sont d'ailleurs couvertes ou
exposées au grand air.
§ 46. — Usines de gaz.
L'usine qui fournit le gaz pour l'éclairage de la ville occupe un
assez grand nombre d'ouvriers , de quarante a cinquante ; on y
extrait le gaz de la houille. L'établissement du gaz portatif ne
compte qu'un seul ouvrier travaillant aux fourneaux; la distillation
s'opère ici sur un mélange de bouille , de résine liquéfiée et de
graisse. La distillation se faisant dans des fourneaux ou cylindres
parfaitement clos et lulés , il n'y a point de déperdition de gaz, et
les ouvriers n'ont rien à souffrir de ce chef; mais ayant a supporter
uAe chaleur considérable, ils sont exposés a contracter des affec-
tions catarrhales, des rhumatismes , des pleurésies et des fluxions
de poitrine, s'ils n'évitent pas avec soin les transitions brusques de
température. La fumée épaisse qui règne souvent dans les usines
de gaz provoque la toux et peut devenir nuisible aux ouvriers à
poitrine délicate et irritable. Les ouvriers que nous avons vus tra-
vaillant aux fourneaux , étaient des hommes forts et vigoureux, et
jouissant d'une bonne santé.
§ 47. — Fabriques déplâtre.
Toute la fabrication du plâtre consiste, comme on sait, a pulvé-
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÊS. ET CONCL. DE LA COHM. 61 9
riser et à calciner le gypse ou sulfate de chaux. Ces opérations
n'exercent aucune influence nuisible sur la santé des ouvriers, si
l'on n'a égard qu'aux déclarations des chefs de fabrique. Cepen-
dant nous devons rappeler ici que plusieurs médecins ont signalé
l'insalubrité de la profession de plâtrier, et prétendu qu'elle déter-
minait des affections de poitrine graves , comme l'asthme et la
phthisie pulmonaire.
Tout en supposant qu'on a peut-être exagéré un peu les incon-
vénients attachés au travail du plaire , nous pensons que les
ouvriers plâtriers travaillant au milieu d'une atmosphère conte-
nant en suspension de nombreuses .particules plâtreuses, doivent
à la longue se trouver incommodés par la poussière minérale qu'ils
ont inspirée, et que celle-ci, en s'accumulant dans les radicules
bronchiques, peut apporter de la gène dans la respiration et pro-
voquer enfin , chez quelques individus, des affections de la poi-
trine plus ou moins sérieuses. Les inconvénients que présente le
travail du plaire ne se rencontrent pas dans toutes les fabriques
au même degré ; ils varient nécessairement suivant le procédé de
fabrication mis en usage. Ainsi, par exemple, dans les établisse-
ments où l'on commence par calciner le gypse avant de le réduire
en fragmente et de le pulvériser , le travail doit être considéré
comme plus nuisible, parce qu'il est accompagné d'un dégagement
de poussière plus abondant , que celui qui a lieu par l'ancien pro-
cédé, dans lequel la pulvérisation s'opère sur le sulfate de chaux
naturel, c'est-à-dire contenant encore l'eau qui entre dans sa com-
position.
§ 48. — jételiers de modeleurs ou de fabricants de statues.
Les réflexions que nous venons d'émettre au sujet des fabricants
de plâtre, sont applicables aussi a ceux qui travaillent cette sub-
stance pouren faire des statues, des ornements, etc. Si, parla nature
de leur travail, ils ne soulèvent pas autant de poussière plâtreuse
que les ouvriers des fabriques de plâtre, nous devons faire remar-
quer cependant qu'ils subissent d'autant plus sûrement l'influence
de la poussière qui se répand dans leurs ateliers, que ceux-ci sont
ordinairement fort petits et dépourvus de tout moyen de venti-
lation.
S 49. — Fabriques de bleu d'azur:
Mous n'avons visité qu'une seule fabrique de ce genre; elle chô-
mait' déjà depuis quelque temps lors de notre visite , en sorte que
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620 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
nous n'a vons rien pu observer sur les lieux. Toutefois nous dirons
que nous considérons cette fabrication comme insalubre, car bien
que la amaltine ou cobalt arsenical , qui sert a préparer le bleu
d'azur, ait subi un grillage pour en chasser l'arsenic, nous croyons
que celui-ci n'est pas expulsé complètement et qu'il en reste une
partie qui se transforme en acide arsénique pour constituer avec
l'oxyde de cobalt un arséniate de ce métal, ainsi que l'un de nous
(M. le D1 Dieudonné) a déjà cherché a l'établir dans un autre
travail présenté au Conseil de salubrité (1 ).
§ 50. — Ateliers de charronmige.
La profession de charron ne présente rien de nuisible; si elle
est fatigante, elle a du moins l'avantage d'exercer a peu prés éga-
lement toutes les parties du corps et de ne jamais astreindre les
ouvriers a une durée de travail trop longue. Quelques ouvriers
que la nature de leur travail force à rester debout, peuvent avoir
quelque chose à souffrir de la station prolongée.
§ 51 . — Blanchiment de la cire.
La cire se blanchissant par l'exposition a l'air, tout l'ouvrage
des ouvriers consiste à l'étendre et à la retourner de temps en
temps. Quand la cire a été suffisamment blanchie a l'air, on la
fond et on la coule dans des moules. Ces deux opérations n'ont
donc rien de nuisible, et la dernière seule peut exposer les ouvriers
maladroits à des brûlures.
§ 52, — Fabriques d'étoffe» de crin.
Les ouvriers chargés du peignage, de l'éplucbage et du battage .
du crin, respirant continuellement un air chargé d'une poussière
subtile, sont exposés à des irritations fréquentes de la muqueuse
bronchique et pulmonaire (2). Ceux qui tissent le crin rentrent
(1) Voycs Compte rendu des travaux du Conseil central de salubrité publique de
Bruxelles, pendant l'année 1840, par le D» Dieudonné , pis- uni.
(2) D'après un travail publié dam les Annales- d'kggiine publique, etc., par te
Dr Ibreliale, tur les danger» auxquels sont exposés le) ouvrier! Occupé! à tirer,
éplucher et battre le crin, il parait qu'outre let inconvénient» qui résultent de
l'inspiration d'un air chargé d'une poussière ténue qui provoque la toux et irrite la
mu queuie bronchique, lea crini de qualité inférieure, venant de paya étrangère,
ayant appartenu à dos animaux mort* de maladies contagieuses, déterminent souvent
la formation de furoncle) ou d'anthrax plus ou moini grave». Le IV Ibrelitle fait
remarquer cependant que cei accident* n'ont été obaervéi que dam lea ateliers des
pritoni de Selt, et que les divan ateliers de la ville n'en ont fourni aucun exemple.
D'après cela , nous sommes portés à croire que cette manifestation de furoncles et
d'anthrax, doit le trouver ioui l'influence de conditions hygiéniques toutes parti-
culières, propres aux prisons de ïeti, a. moins d'admettre que celles-ci seules reçoi-
vent et travaillent des crins de mauvaise qualité.
a», Google
RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 611
dans ta classe des tisserands dont nous avons déjà parlé. Les enfants
employés comme donneurs se trouvent dans les mêmes conditions
que les enfants employés comme bobineurs par les tisserands; le
travail est cependant encore plus sédentaire chez les donneurs,
véritables automates conservant, toute la journée, la même posi-
tion, et exécutant toujours le même mouvement.
3" question. — Dans quelle proportion ces accidents s'obser-
vent-ils? A quelles causes doit-on les attribuer et au bout de quel
temps commencent-ils le plus ordinairement à se manifester?
répoksk. — Nous ne possédons pas les données suffisantes pour
répondre à ta première partie de cette question. Ces données, nous
n'avons pu les acquérir, parce qu'elles ne peuvent être fournies .
que par une observation continuée pendant plusieurs années sur
chaque industrie en particulier. Il y a ici des recherches statis-
tiques importantes a faire , et nous nous faisons un devoir de les
signaler à l'attention du gouvernement. Quant aux causes aux-
quelles on peut attribuer les maladies qui affectent plus particu-
lièrement la classe ouvrière, nous les avons assez longuement
exposées en cherchant à apprécier, pour répondre à la deuxième
question , l'influence que chaque profession était susceptible
d'exercer sur la santé et la constitution des ouvriers. Il suffira
donc de rappeler ici que ces causes sont fort diverses de leur
nature, qu'elles n'agissent pas toutes avec la même intensité, la
même promptitude et la même infaillibilité, et qu'elles peuvent
résider, soit dans la nature même des substances que l'ouvrier est
appelé à travailler, soit dans les circonstances atmosphériques et
hygrométriques au milieu desquelles se fait le travail, soit dans
les altitudes forcées auxquelles celui-ci condamne l'ouvrier, soit
enfin dans la mauvaise alimentation et les privations dans lesquelles
vit une partie de la classe laborieuse, par suite de l'extrême modi-
cité de son salaire. Si l'on se reporte aux détails que nous avons
donnés sur chaque industrie en particulier, on s'aperçoit bientôt
qu'il est des industries qui sont essentiellement insalubres par
elles-mêmes, et que ce sont surtout celles où la cause d'insalubrité
gil dans la matière même que l'on travaille ou que l'on fabrique. A
cette catégorie d'industries appartiennent les doreurs sur métaux,
les étameurs de glaces, les sécréteurs de peaux, les plombiers, les
cérusiers, tous les ouvriers qui travaillent le cuivre, les fabricants de
plomb de chasse, et tous ceux qui traitent des minerais arsenicaux,
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622 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
les fondeurs en caractères typographiques, les fabricants d'acides
minéraux , etc. D'autres fois les matières qu'on travaille, sans pos-
séder positivement des qualités ou des propriétés nuisibles , sont
encore susceptibles de produire des maladies par la poussière ou
par les particules qu'elles cèdent à l'atmosphère pendant qu'elles
subissent l'action des machines ou de la main des ouvriers ; c'est
ce que l'on remarque, par exemple, pour les trieuses et coupeuses
de chiffons, pour les coupeurs de poils, les batteurs et cardeurs de
coton, les aiguiseurs cl le» débourreurs de cardes, les polisseurs
de métaux , les tailleurs de pierre , les plâtriers et les modeleurs
en plâtre , etc. Certaines industries exigent une température
assez élevée ; d'autres ne peuvent s'exercer sans que les ouvriers
soient constamment exposés au froid et à l'humidité ; il est évident
que dans ces deux cas les causes de maladies ne procèdent que
de certaines conditions indispensables pour le travail. Ainsi , pour
les enfants ou les femmes occupés dans la course des fabriques
d'indiennes , pour certains fileurs de coton , pour les sauniers ,
pour les ouvriers employés aux fours à porcelaine, pour les savon-
niers, les fondeurs en métaux, les forgerons, les raffineurs de
sucre, les ouvriers travaillant aux fourneaux dans les usines de
gaz, etc., les causes de maladies se trouvent presque exclusivement
dans la haute température qu'ils ont à supporter; ces causes
siègent, au contraire, dans le froid et dans l'humidité, pour les
fabricants de papier à la cuve, pour les meuniers dans les pape-
teries, pour les foulonniers, les blanchisseurs de coton, les tein-
turiers, les tanneur», etc. Il est des professions dans lesquelles
la durée du travail est d'une longueur excessive , dans lesquelles
l'ouvrier est obligé, ou de se livrer a de grands efforts, ou de s'im-
poser des attitudes fatigantes; il en est où certaines parties du
corps sont condamnées à un repos et a une activité trop prolongés,
il en est d'autres enfin où le travail est tout à fait sédentaire. Toutes
ces circonstances peuvent devenir, et deviennent souvent, en effet,
des causes de maladies.
Nous venons de rappeler brièvement et rapidement les diverses
causes auxquelles on peut attribuer les diverses maladies qu'on
observe le plus fréquemment parmi la classe ouvrière; il résulte
de cet examen, que l'industrie comporte avec elle un nombre assez
considérable de causes propres à produire des états morbides.
Cependant , disons-le bien haut , la plupart de ces causes exerce-
raient une action bien moins funeste , si leur influence n'était pas
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LÀ COMM. 623
puissamment secondée par une autre cause qui prépare, en quelque
sorte, l'économie a recevoir avec plus de facilité l'impression de
toutes les circonstances défavorables au milieu desquelles s'exécute
le travail ; nous voulons parler de la misère et des privations de
toute nature qui forment le trisle partage d'une bonne partie de la
classe ouvrière. Sans doute, et il est malheureux d'avoir a le consi-
gner, l'ouvrier souffre souvent de la misère, parce qu'il est impré-
voyant ou parce qu'il a contracté des habitudes de débauche et
d'ivrognerie, mais ce n'est pas toujours à son inconduile qu'il doit
sa misère ; il est évident pour nous, que dans plusieurs professions ,
la misère de l'ouvrier ne provient que de l'insuffisance des salaires;
ainsi en est-il, par exemple, pour un grand nombre de tisserands
et pour certains fileurs de coton, etc. Si l'on pouvait créer & la classe
laborieuse des conditions physiques meilleures, si l'on pouvait la
soustraire a la misère, cette première cause prédisposante des
maladies , elle acquerrait une force de résistance plus grande , et
se ressentirait infiniment moins de l'influence des autres causes
morbides que nous avons dit accompagner le travail. Notre con-
viction à cet égard est si profonde, que non-seulement nous
voudrions la faire partager au gouvernement , mais que nous ne
concevons pas même la possibilité de prendre des mesures réelle-
ment avantageuses pour l'ouvrier, si l'on ne commence pas par
s'occuper de sa condition physique, et si l'on n'avise pas aux moyens
d'améliorer celle-ci.
Notons encore ici le manque de travail et les chômages forcés
à certaines époques de l'année comme des causes réelles de la
misère qui accable si souvent la classe ouvrière. Quelque rangé,
quelque laborieux que soit l'ouvrier, il doit nécessairement tomber
dans un état de dénument plus ou moins complet, si on lui retire
tout à coup le travail qui le faisait vivre, lui et sa famille; or,
c'est ce qui arrive assez fréquemment, et malheureusement presque
toujours dans la saison la plus dure et la plus pénible, où, au lieu
de diminuer, ses ressources devraient plutôt augmenter. Signaler
ces causes, n'est-ce pas aussi indiquer les moyens d'aller au-devant
du mal qu'elles produisent? n'est-ce pas faire comprendre qu'il faut
absolument songer à organiser le travail, afin que l'ouvrier puisse,
en toutes saisons, trouver de l'ouvrage et du pain? Nous ne sau-
rions trop recommander ce point à l'attention du gouvernement.
La troisième partie de la question, celle qui est relative à l'époque
à laquelle commencent le plus ordinairement à se manifester les
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624 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
maladies, les infirmités et les difformités qui résultent de l'exercice
de certaines professions, doit être considérée comme insoluble
quant à présent ; pour obtenir des renseignements satisfaisants sur
ce point, il faudrait suivre la marche que nous avons indiquée
plus haut pour arriver à la solution de ta première partie de la
question ; en l'absence de ces renseignements , nous ne pourrions
nous livrer qu'à des considérations très-vagues qui, outre l'incon-
vénient de ne rien préciser et de ne rien apprendre, pourraient
encore avoir celui beaucoup plus grand de mener k des déduc-
tions erronées : nous aimons donc mieux ne tenter aucune espèce
de réponse.
4° questiou. — Quels sont , dans chaque industrie, les travaux
qui nuisent plus spécialement au développement physique et à la
santé des enfants et des adolescente 9 Décrivez-en les effets.
képohbe. — Il est évident que chaque industrie comporte avec
elle plusieurs genres de travaux dont les uns sont plus nuisibles
que les autres. Aussi , en examinant chaque industrie en particu-
lier, avons-nous eu le soin d'entrer dans quelques détails techno-
logiques et de considérer à part chaque catégorie d'ouvriers, pour
autant toutefois que leur travail fût de nature à exercer quelque
influence défavorable. En suivant cette marche, nous avons do
nécessairement faire connaître, et faire connaître d'une manière
toute spéciale, les travaux les plus nuisibles. Reproduire ici toutes
les observations que nous avons déjà faites, ce serait nous con-
damner à une répétition fatigante et tout à fait inutile. Cependant,
comme la question se rapporte exclusivement aux enfants et aux
adolescents, nous rappellerons encore brièvement quels sont les
travaux qui nuisent le plus à leur développement physique et à
leur santé.
A. — Doreurs sur métaux. — Celte profession est l'une des
plus nuisibles ; heureusement elle n'occupe que quelques adoles-
cents comme apprentis.
B. ■ — Fabriques de papier. — Le travail à la cuve ; ce travail
occupe des enfants et des adolescents comme coucheurs et leoeurs.
C. — Teintureries. — Le- travail dans les ateliers de blanchis-
sage et de teinture, exécuté par des adolescents.
D. — Fabriques d'indiennes. — Le travail dans les ateliers de
blanchissage et de icinture; le travail dans la course.
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RES. ET CONCL. DE LA COMM. 625
E. — Fabriques de papiers peints. — Le travail des enfanta
employés comme prestiers.
F. — Fabriquée de chapeaux de feutre. — Le travail du coupage
des poils par des enfants et des adolescents employés comme
apprentis.
G. — Fabriques de faïence et de poterie. — Le pétrissage des
terres et le travail au four.
H. — Fabriques de passementeries. — Le travail au métier,
exécuté par des adolescents.
I. — Filatures de coton. — Le travail au diable et à la carderïe ;
te travail dans les petites filatures A la main.
J. — Établissements métallurgiques. — Le travail du cuivre et
du plomb ; le travail dans les ateliers où l'on fond le cuivre et le
bronze. On n'emploie pas d'enfants a ces travaux, mais seulement
quelques adolescents.
Si nous bornons ici l'énumération des travaux les plus nuisibles
à la santé des enfants et des adolescents , c'est qu'il nous a paru
inutile de citer toutes les industries où le travail ne devient nuisible
que par l'une des circonstances suivantes : 1" ou parce qu'il est
sédentaire; S* ou parce qu'il est d'une trop longue durée; S" ou
parce qu'il a lieu la nuit ; car nous ferons remarquer que, pour les
enfants et les adolescents, les causes qui agissent défavorablement
sur leur constitution et sur leur santé, dérivent presque toutes de
la fatigue qu'occasionnent le travail trop longtemps prolongé et le
travail de nuit, de la sidentaréité et de la privation de jeux et
d'exercices en plein air, de l'obligation de conserver longtemps cer-
taines altitudes, etc.
Nous pensons pouvoir nous dispenser de décrire les effets pro-
duits par les travaux que nous venons de signaler comme les plus
nuisibles, parce que nous nous sommes déjà suffisamment livrés à
l'apprécia lion de ces effets ; nous renverrons donc à la réponse
que nous avons faite A la deuxième question.
5* question. — Depuis quel Age les enfants peuvent-ils être
reçus dans les établissements industriels, sans que l'on ait A craindre
que le travail nuise trop A leur développement physique? Y aurait-il
quelques distinctions A établir , A cet égard , entre les différentes
industries ?
néponsH. — Cette question est toute palpitante d'intérêt, et comme
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626 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
la -solution qu'on en donnera doit être d'une immense portée pour
le sort futur de notre jeune population industrielle , on ne saurait
l'examiner avec assezde soin, et y répondre arec trop de précision.
Il faut d'abord bien se convaincre qu'il y a impossibilité d'arriver
a une bonne réforme, si l'on se contente de formuler des disposi-
tions qui puissent laisser quelque chose à l'arbitraire ; ainsi en
serait-il, par exemple, si, au lieu de déterminer d'une manière
positive l'âge au-dessous duquel aucun enfant ne pourra être reçu
dans les établissements industriels, on admettait en principe l'ad-
mission des enfants à divers âges, en avant égard soit à leur degré
de développement et à leur constitution plus ou moins robuste,
soit à l'adresse ou à la dépense de forces que peut réclamer le
travail. On pourrait être tenté d'établir des distinctions et des
exceptions pour certaines industries, et de permettre l'admission
dans telle industrie a un tel âge, et dans telle autre à tel autre
âge ; cette manière de faire, tout en laissant peu de chose à l'ar-
bitraire, puisque au moyen d'une étude attentive des diverses
industries, il serait facile d'apprécier quelles sont celles pour les-
quelles le législateur pourrait se montrer moins sévère et stipuler
des tolérances particulières; cette manière de faire, disons-nous,
n'en serait pas moins vicieuse, car elle créerait de grands embar-
ras à l'administration, dont elle rendrait la surveillance et le
contrôle presque impossibles , et deviendrait préjudiciable aux
intérêts de ces mêmes enfants dont on Veut améliorer les condi-
tions physique, morale et intellectuelle. Pour atteindre ce but, il
n'est qu'un moyen : c'est de soumettre la nouvelle génération de
travailleurs à un même nivellement, c'est de faire dire à la loi :
Aucun enfant, quelque avancé que soit son développement, quelle
que soit la force de sa constitution, et si minimes que puissent être
les efforts et l'adresse qu'exige le travail, ne pourra être reçu
dans un établissement industriel, avant qu'il n'ait atteint tel dffe.
Mais quel est l'Age que la loi doit fixer comme condition sine quà
non de l'admission des enfants dans les manufactures et fabriques ?
C'est là une question importante et difficile , qui n'a pas été
résolue de la même manière par tous les hygiénistes , tant s'en
faut , et sur laquelle nous allons lâcher de formuler nettement
noire opinion.
II est d'abord évident qu'à l'Age de six ou sept ans, les enfants
sont encore trop peu développés , d'une constitution trop délicate
et trop frêle , pour qu'on puisse songer à leur permettre l'entrée
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS . ET CONCL. DE LÀ COMM. 637
de la carrière industrielle; l'exploitation de leurs forces, à cet
âge si tendre, constituerait un véritable crime de lèse-humanité,
dont ni les parents ni l'industrie ne peuvent d'ailleurs retirer
aucun avantage réel. A cet égard, toute dissidence d'opinion est
impossible.
Mais il n'en est plus de même pour l'âge de huit ans : ici, nous
nous trouvons en face de deux opinions différentes, dont l'une, et
c'est celle qui est la plus générale, tend à interdire de la manière
la plus absolue le travail aux enfants âgés de huit ans seulement,
et dont l'autre tend, au contraire, à permettre l'emploi de ces
mêmes enfants à des travaux légers : inutile de dire que celte der-
nière opinion compte le moins de partisans, et que nous ta rejetons
complètement. En effet, nous ne voyons pas Irop pourquoi l'on
permettrait aux enfants de huit ans ce que l'on refuse à ceux de
sept ; y a-t-il entre ces deux âges une distance si considérable, un
développement du corps si prompt et si prononcé, un accroisse-
ment de forces si marqué, que ce qui a été jugé nuisible pour
l'un, puisse cesser de l'être pour l'autre? Nous ne le pensons pas,
ou plutôt, nous affirmons positivement que, de sept a huit ans, la
constitution des enfants ne se fortifie pas assez, pour qu'il n'y ait
pas nécessité d'étendre aux enfants de huit ans la protection dont
on a jugé convenable de faire jouir ceux de sis et de sept ans.
Nous excluons donc des ateliers tous les enfants âgés de huit ans,
et pour les mêmes motifs que nous en avons exclu les enfants de six
et de sept ans. Dans nos contrées, les enfants ne sont pas assez
forts et assez développés à huit ans, pour que le travail dans les
fabriques, les manufactures et les usines, ne nuise pas à leur santé
et a leur constitution. Les déclarations de plusieurs chefs d'indus-
trie ne laissent aucun doute à cet égard ; plusieurs d'entre qui-
déplorent hautement l'habitude qu'ont les ouvriers d'employer
comme aides des enfants de huit ans, non-seulement parce que le
travail prématuré entrave leur développement physique , mais
encore parce que ces enfants ne sont pas aptes à remplir les ser-
vices qu'on attend d'eux.
Comme nous ne voulons pas condamner à la légère l'opinion,
de ceux qui pensent qu'on peut permettre aux enfants de huit ans,
certains travaux peu fatigants, il ne sera pas déplacé d'examiner
rapidement les raisons, plus ou moins spécieuses, dont on étaye
celte opinion.
On craint, pour l'enfant non occupé par l'industrie, l'inactivité,
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6Ï8 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
l'oisiveté, beaucoup plut préjudiciables qu'un travail léger, espèce
de {gymnastique forcée, dont l'influence ne peut être que salutaire.
L'oisiveté et l'inactivité ne sont pas le propre de l'enfonce , et on
ne les rencontre ordinairement chez l'enfant que lorsqu'il est
malingre ou atteint de quelque affection morbide. Il ne nous
répugne nullement de considérer le travail comme une sorte de
gymnastique, mail nous croyons que, dans l'espèce, cette gymnas-
tique est loin d'avoir les avantages qu'on veut lui reconnaître. La
gymnastique- travail serait avantageuse à l'enfant de huit ans,
si elle ne durait pas trop longtemps, trois ou quatre heures au
plus, par exemple, si elle pouvait exercer à la fois et harmonique -
ment tous les membres, toutes les parties du corps, si surtout elle
pouvait avoir lieu dans des conditions hygiéniques favorables;
maïs il s'en faut de beaucoup qu'il en soit ainsi. L'industriel qui
engage un enfant, ne voit en lui qu'un instrument, une machine
de plus, propre à faciliter et à multiplier la production; si c'est
l'ouvrier qui engage l'enfant, il ne voit en lui qu'un aide qu'il fait
travailler le plus qu'il peut, pour le salaire le moins fort possible;
l'un et l'autre ne connaissent que le travail assidu et non inter-
rompu, et, si tant est qu'ils regardent celui-ci comme une gymnas-
tique, ils veulent au moins que cette gymnastique dure du malin
au soir. Ainsi, trop longue durée du travail, séjour prolongé dans
des ateliers où l'air est plus ou moins vicié, où la température est
ou très-élevee ou très-basse, dans des ateliers humides, ou au milieu
d'une atmosphère chargée de poussière et de particules irritantes;
exercice continu de certaines parties du corps, au détriment de
certaines autres, condamnées à l'inactivité la plus absolue ; atti-
tudes forcées, difficiles et fatigantes ; position assise ou station
longtemps prolongée, etc. , etc. , telles sont les circonstances qui
accompagnent forcément la gymnastique-travail , et qui nous
portent à nier l'utilité qu'on a cherché a lui attribuer.
Hais, a-t-on dit aussi, empêcher les enfants de travailler, c'est
s'exposer à les voir tomber dans une démoralisation complète, à
les voir se livrer au vagabondage, à la mendicité, au vol 1 Oh ! certes,
cette crainte serait légitime, si les choses devaient en rester au
point où elles sont ; si le gouvernement devait ne rien tenter pour
améliorer la condition de l'ouvrier, et s'il pouvait entrer dans set
vues de ne pas rendre l'instruction obligatoire pour tout le-monde.
Quant à nous, cette crainte ne peut nous loucher, parce que nous
avons foi dans la sollicitude éclairée du gouvernement, et parce
*by Google
RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM . 629
que nous avons la conviction qu'il ne faut pas rapporter la cause
de la mendicité, du vagabondage et du vol, à l'inoccupation, mais
à une source beaucoup plus éloignée : au défaut d'instruction ,
d'éducation morale, et à la position si misérable et si précaire de
la classe ouvrière, que nous venons de rappeler.
Il est, enfin, un dernier argument que nous avons baie d'aborder :
c'est qu'en apportant du retard à l'admission des enfants dans les
fabriques, on lèse gravement les intérêts des parenla dont on
diminue les ressources pécuniaires et auxquels on prépare une
misère plus grande. Cet argument semble être, au premier abord,
d'un grand poids, et se présente avec une apparence de vérité
incontestable ; toutefois, il ne doit pas nous éblouir et nous empêcher
de voir au fond des choses. Pour nous, qui avons tu de près la
classe ouvrière, qui avons visité un grand nombre d'ateliers et
tenu un compte exact des salaires des ouvriers adultes et des
enfants, nous pouvons assurer que, dans un très-grand nombre
d'industries, le gain hebdomadaire des enfants de l'âge de buit à
neuf ans est tellement minime, qu'on ne peut pas le considérer
comme une ressource de quelque importance pour la famille. Mais
en admettant que ces enfants gagnassent un salaire double de celui
qu'ils reçoivent actuellement, et que leur gain journalier contribuât
réellement à donner un peu plus d'aisance à la famille, nous aurions
encore toujours, a résoudre cette question : Le père de famille
peut-il, en vue de se créer quelques nouvelles ressources, disposer
en toute liberté de son enfant, le condamner au travail, exploiter
ses forces, sans aucun souci ni de son instruction, ni de son édu-
cation morale? Peut-il trafiquer de sa santé et de sa vie? peut-il,
en un mot, escompter l'avenir par le présent? Non, mille fois non ;
car si le père a ses droits, l'ordre social a aussi les siens, savoir :
ceux de protéger l'enfance, de veiller à ce que le père n'abuse
pas des forces de ses enfants, à ce qu'il ne fasse rien qui puisse
nuire soit à leur développement soit a leur santé, à ce qu'il prenne
soin du perfectionnement de leur intelligence et de leur moral.
Ainsi, à côté des droits du père, la loi a inscrit ceux de la société
par une sage prévision dans l'avenir. Ces courtes observations
suffiront pour mire comprendre notre pensée, à laquelle se rallie-
ront, nous aimons a le croire, tous les cœurs généreux, tous les
hommes amis de l'humanité, tous ceux enfin qui comprennent bien
les véritables intérêts de la société.
Au demeurant, il y a un fait qu'on semble tout à fait perdre
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«30 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
de vue : c'est que le travail des enfants n'a pas améliore la position
de la classe ouvrière , c'est que celle-ci n'en a pas acquis une
aisance plus grande, et cela par une raison fort simple, c'est que
du moment où l'emploi des machines a permis aux enfants de faire
irruption dans l'industrie, les salaires des ouvriers adultes ont subi
une diminution proportionnelle aux salaires accordés aux enfants.
Les économistes les plus distingués ont établi ce fait dans toute son
évidence, et quelle que soit la réserve que nous nous sommes
imposée en matière de citations, il nous est impossible de ne pas
corroborer notre opinion par les lignes suivantes de M. de
Sismondi : « Depuis que les enfants gagnent une partie de leur vie,
le salaire des pères a pu être réduit. Il n'est point résulté de leur
activité une augmentation de revenu pour la classe pauvre, mais
seulement une augmentation de travail, qui s'échange toujours pour
la même somme, ou une diminution dans le prix des journées,
tandis que le prix total du travail national est resté le même. C'est
donc sans profit pour la nation que les enfants des pauvres ont été
privés du seul bonheur de leur vie, la jouissance de l'âge où les
forces de leur corps et de leur esprit se développaient dans la gaieté
et la liberté. C'est sans profit pour la richesse ou l'industrie qu'on
les a fait entrer, dès six ou huit ans, dans les moulins de coton,
où ils travaillent douze et quatorze heures, au milieu d'une atmo-
sphère constamment chargée de poils et de poussière, et où ils
périssent successivement de consomption avant d'avoir atteint vingt
ans. On aurait honte de calculer la somme qui pourrait mériter le
sacrifice de tant de victimes humaines ; mais ce crime journalier se
commet gratuitement.» {Nouv. Principes d'économie politique, 1. 1".)
Voyons maintenant s'il convient davantage de fixer l'âge de neuf
ans pour l'admission des enfants dans la carrière industrielle. S'il
ne s'agissait que de suivre plus ou moins servilement' l'exemple
donné par les divers gouvernements qui, avant nous, se sont
occupés de l'amélioration du sort des jeunes travailleurs, nous
pourrions adopter l'âge de neuf ans, puisque c'est celui auquel se
sont arrêtées l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse et la Bavière.
Mais à cet âge le travail nous paraît encore prématuré; l'enfant
de neuf ans présente certes, et en général, un développement plus
prononcé, et a plus de force qu'un enfant de huit ans; cependant
son développement et ses forces ne sont pas tels qu'on puisse déjà
le considérer comme apte au travail j il y a plus, c'est que, de huit
à neuf ans, le changement qui s'opère dans la constitution de
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 631
l'enfant, est souvent presque inappréciable, tandis qu'il est, au
contraire, très-marqué dans la période de huit à dix ans. C'est ta une
observation dont la vérité peut être démontrée tous les jours. Ainsi,
en fixant à neuf ans, l'époque à laquelle il serait permis de recevoir
les enfants dans les manufactures, fabriques ou usines, on choisirait
précisément le moment où, pour la plupart d'entre eux, la nature
travaille le plus a fortifier l'organisme et à développer toutes les
parties du corps. Or qui ne comprend pas Pinfluence pernicieuse
du travail dans cette circonstance? qui ne comprend pas que le
travail peut alors entraver la nature dans son couvre, paralyser ses
efforts et devenir des plus préjudiciables a l'enfant ?
Indépendamment des craintes que nous manifestons ici, il est
une autre considération qui doit nous faire rejeter l'admission des
enfants de neuf ans dans l'industrie. En effet, nous ne pouvons pas
nous borner a envisager l'enfant sous le rapport de sa condition
physique seulement ; son intelligence , ■ son éducation morale et
religieuse sont encore des points importants qui méritent toute
notre attention. A neuf ans donc, l'enfant ne sera pas assez instruit,
son éducation morale et religieuse ne sera pas assez avancée,
pour qu'on puisse lui ouvrir les portes des ateliers ; nous disons ;
ne se/h pas, parce que nous faisons allusion à l'avenir, parce que
nous espérons que l'instruction sera rendue obligatoire, et parce
que nous ne pourrions parler qu'avec bonté et dégoût de l'état
dans lequel se trouve actuellement la classe ouvrière relativement
à l'instruction.
Mous avons dît plus haut que c'est généralement de buît a dix
ans que les enfants se développent le plus, qu'ils acquièrent de la
force et que leur constitution devient plus robuste. C'est indiquer
assez que ce dernier âge, celui de dix ans, est le seul, selon nous,
auquel on puisse commencer à permettre quelques travaux légers
aux enfants. A cet âge, l'enfant a déjà quelque force, son intelli-
gence est plus ou moins ouverte ; il a eu plusieurs années pour fré-
quenter les écoles et s'initier aux premières connaissances indispen-
sables j on a pu s'occuper de son éducation morale, lui inculquer
des principes religieux ; souvent même îl a fait sa première commu-
nion : cet âge nous parait, par conséquent, le plus favorable pour
débuter dans la carrière industrielle. Que l'accès des ateliers soit
donc permis aux enfants ayant atteint leur dixième année, mais
qu'ils n'v entrent pas sans restriction, que la protection du gouverne-
ment les y suive et stipule des conditions à leur travail.
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63» CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
En traitant les sixième et septième questions, nous aurons l'oc-
casion de signaler quelques-unes des conditions restrictives les plus
importantes à établir pour le travail des enfants, et nous dirons
alors comment ces conditions pourront être modifiées selon les
âges. Qu'il nous suffise, en attendant, de déclarer que nous ne
proposons pas d'une manière absolue l'admission, dans les ateliers,
des enfants qui ont accompli leur dixième année, mais que nous vou-
drions, au contraire, qu'on l'interdit pour tous ceux qui sont d'une
constitution faible et chétive, ou atteints d'affections strumeuses
graves.
Pour ce qui regarde ta deuxième partie de la question, il n'est
pas douteux qu'il faut, quant a l'Age d'admission, établir une dis-
tinction entre les différentes industries. Si, dès l'Age de dix ans,
on peut permettre aux enfants de se livrer à quelques travaux
légers, il ne s'ensuit pas qu'il faille leur ouvrir tous les ateliers,
et tolérer qu'on les emploie A des travaux fatigants, insalubres, ou
dangereux. Nous traiterons au long ce point important quand nous
aborderons l'examen de la neuvième question.
6' question. — Quelles sont les limites qu'il convient d'établir,
selon les âges et la nature des travaux, à la durée du travail jour-
nalier des enfants? Indiquez les intervalles de repos que vous
regardes comme nécessaires.
«épo.isE. — La fixation de la durée du travail , selon la nature
de celui-ci, nous paraît une chose impraticable. Il faudrait établir
tant de distinctions, que cela deviendrait un véritable dédale pour
l'administration, dont on rendrait la surveillance pour ainsi dire
impossible , ou tout au moins illusoire. Pour arriver au but que
l'on se propose d'atteindre, il faut s'arrêter A des mesures simples
et d'une exécution facile. La mesure la plus simple , selon nous ,
et en même temps la plus efficace , parce qu'elle prête le moins A
la fraude, c'est de limiter la durée du travail d'après l'Age des
jeunes ouvriers. Ainsi, pour nous, la première question A résoudre
est de savoir combien d'heures de travail on doit permettre aux
enfants de dix ans. Si l'on n'avait égard qu'A la force des enfants
et aux travaux peu fatigants auxquels on pourra les occuper, nous
trouverions peut-être que huit heures de travail, divisées en deux
périodes de quatre heures, entre lesquelles il y aurait un intervalle
de repos suffisamment long , pourraient leur être permises sans
que l'on eût trop A craindre pour leur santé ou pour leur consti-
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RÉPONSES ÀUÏ QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COUHL 633
union. Hais, comme nous ne devons pas perdre de vue qu'à dix
ans , l'œuvre de l'éducation n'est pas finie , que l'enfant n'a pas
encore acquis le degré d'instruction qu'il doit posséder, que l'in-
dustrie elle-même a des besoins et certaines exigences qu'il faut
ménager autant que possible, force nous est bien de reconnaître
qu'en accordant huit heures de travail nous poserions un acte
essentiellement défavorable aux enfants et dont l'industrie ne
pourrait tirer aucun avantage. En effet, en permettant huit heures
de travail par jour, il faudrait des deux choses l'une ; ou exiger la
division du travail en deux périodes d'égale durée , séparées par
un temps de repos, ou laisser aux chefs d'ateliers la latitude d'uti-
liser ces huit heures de travail comme ils le jugeront le plus con-
forme à leurs intérêts. Dans le premier cas , il faut renoncer à
développer l'intelligence de l'enfant et à former son éducation
morale, car s'il est occupé quatre heures le matin et autant l'après-
dinée, il sera fatigué , aura peu d'aptitude au travail intellectuel,
et sera même, la plupart du temps, dans l'impossibilité de jouir du
bénéfice de l'instruction, parce que les heures de travail coïncide-
ront avec celles consacrées à l'enseignement ; en outre, l'industriel
n'a que faire d'un enfant qu'il ne peut faire travailler que pendant
quatre heures de suite, car celte période est incompatible avec la
division du travail dans ta plupart des manufactures et fabriques,
où généralement on ne compte que par périodes de travail de six
heures au moins. Dans le second cas, les inconvénients sont encore
plus graves, car si l'industriel peut disposer à discrétion des huit
heures de travail accordées a l'enfant, la protection qu'on a voulu
assurer a celui-ci devient complètement illusoire et tout contrôle
impossible ; alors rien ne peut nous garantir que les prescriptions
de la loi ne sont pas transgressées, et que les forces de l'enfant ne
sont pas l'objet d'une exploitation illicite ; alors, nous n'avons pas
moins à craindre, que dans le premier cas, pour son éducation et
pour son instruction. Au reste, l'expérience acquise par une nation
voisine, par l'Angleterre, qui depuis nombre d'années s'occupe de
la position de la classe ouvrière, est pour nous d'un haut enseigne-
ment. Dire qu'on a reconnu dans ce pays, que le bit! de 1855, qui
limitait à huit heures la durée du travail pour les enfants de neuf
à treize ans, était d'une exécution pleine de difficultés insurmon-
tables et ouvrait une vaste carrière à la fraude, n'est-ce pas prou-
ver surabondamment que nous avons raison de rejeter la limite de
huit heures de travail?
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654 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Autant la disposition qui permettrait huit heures de travail nous
parait malencontreuse et préjudiciable aux intérêts de l'enfant
comme à ceux de l'industrie, autant celle qui réduirait ta durée du
travail à six heures , nous semble convenable et de nature à con-
cilier tous les intérêts. Si l'enfant ne peut être occupé que six
heures dans les ateliers, soit la moitié d'une journée, il lui restera
l'autre moitié, qu'il consacrera utilement, partie au développe-
ment de son intelligence et A son éducation , partie au développe-
ment de son corps par des exercices et des jeux en plein air. Cette
disposition satisfait en outre aux exigences de l'industrie, elle
n'entrave en rien le travail des ouvriers adultes, elle laisse au
contraire à la disposition de ceux-ci, et pendant toute la durée du
travail, les enfanta dont ils ont besoin comme aides. La limite que
nous proposons de mettre A la durée du travail pour les enfants de
dix ans, est en harmonie avec la division du travail dans la plupart
des fabriques et manufactures; ainsi, les enfants qui commenceront
à travailler à cinq heures et demie du matin pourront continuer
leur tache jusqu'à midi , en supposant une demi-heure de repos
pour le déjeuner. A midi, il y a ordinairement un intervalle de
repos qui varie de une heure A une heure et demie ; quand les
ouvriers rentreront à l'atelier , ils trouveront pour aides non plus
des enfants déjà fatigués par six heures de travail, mais des enfants
allègres et dispos qui ne feront que plus et de meilleur ouvrage.
Cette mesure , comme on le voit , ne tend A rien moin* qu'A faire
travailler les enfants par relais ou par escouades; elle est simple,
d'une mise en pratique facile et ne permet aucune espèce de fraude;
elle nous offre des garanties précieuses pour l'enfance , en ce qui
concerne sa santé, le développement de son corps et de son intelli-
gence , et son éducation ; elle ne peut nuire aux ouvriers adultes ,
ni jeter aucun trouble dans l'industrie; en un mot, elle ne nous
parait pas susceptible d'aucune objection sérieuse.
Ainsi, limiter A six heures la durée du travail, est la première et
l'une des plus importantes conditions restrictives qu'il faut mettre
A l'occupation des enfants de dix ans dans les ateliers. Hais en
formulant cette condition, la loi doit être claire et précise, et bien
déterminer que, sous le nom de travail, elle comprend aussi le net-
toyage des métiers ou machines; car si elle omettait celle précau-
tion, l'industriel trouverait de nouveau le moyen d'éluder l'une
des principales dispositions légales, et de soumettre l'enfant A un
travail de plus de six heure».
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. - RËS. ET CONCL. DE LÀ COHH. 035
Gela posé, une nouvelle question se présente : Jusqu'à quel âge
les enfants ne pourront-ils travailler que six heures par jour? Au
premier abord , la réponse parait devoir être embarrassante ;
cependant, en se reportant aux considérations que nous avons fait
valoir pour établir que la mesure qui accorderait huit heures de
travail serait presque impraticable et ne répondrait pas aux besoins
de l'industrie, on ne tarde pas à se convaincre que la limite que
nous avons posée pour les enfants de dix ans doit être maintenue
jusqu'à ce qu'ils puissent faire une journée complète, c'est-à-dire tra-
vailler douze heures , parce que quel que soit le nombre d'heures
que l'on fixe entre ces deux extrêmes, six et douze, on rencontrera
les mêmes inconvénients et les mêmes difficultés que pour le nombre
huit. Tout se réduit donc à savoir à quel âge on pourra permettre
douze heures de travail par jour. Or , si l'on a égard au degré de
développement des enfants, à la force de leur constitution et aux
soins que réclament leur instruction et leur éducation, il sera
évident pour tout le monde que les enfants devront avoir atteint
leur quatorzième ou leur quinzième année, avant qu'il leur soit
accordé de travailler douze "heures par jour. Quant à nous, nous
pensons que la limite de six heures de travail doit être maintenue
pour tous les enfants jusqu'à l'âge de quinze ans , parce que ce
n'est qu'alors qu'on peut leur permettre, sans danger, un travail de
douze heures; si l'on nous objectait que nous exigeons plus qu'on
a exigé en France et en Angleterre, nous répondrions à cette
objection en citant l'Autriche et la Prusse qui ne permettent
qu'après l'accomplissement de la seizième année , ce que nous
permettons aux enfants de quinze ans.
Nous admettons donc deux catégories de jeunes travailleurs :
l'une se composant d'enfants de dix à quinze ans, ne pouvant tra-
vailler que six heures par jour, ou une demi-journée; l'autre, se
composant d'adolescents, ayant quinze ans accomplis, et pouvant
travailler douze heures par jour. Plus loin nous chercherons à
établir jusqu'à quel âge on ne doit permettre que douze heures
de travail pour les adolescents.
Il nous reste à examiner quels sont les intervalles de repos
nécessaires. Et d'abord, quant aux enfants de dix à quinze ans,
six heures d'un travail continu les lasseraient et épuiseraient, leurs
forces ; un intervalle de repos d'une demi-heure est strictement
nécessaire ; celle demi-heure de repos pourra être donnée à huit
heures ou à huit heures et demie, à ceux qui commencent la
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6S6 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
journée, et a quatre heures ou à quatre beures et demie de Kaprès-
dînée, a ceux qui la terminent.
Pour les adolescents de quinze ans , travaillant douze heures
par jour, il faut stipuler trois intervalles de repos : l'un d'une demi-
heure le matin , pour déjeuner,' l'autre, d'une heure au moins à
midi, pour dîner; et le troisième, d'une demi-heure dans l'après-
dlnée, pour goûter.
7° question. — Les veilles et les travaux de nuit doivent-ils être
interdits aux enfants et aux adolescents, et jusqu'à quel âge V
kepoitse. — Oui, il faut interdire aux enfants et aux adolescents
les veilles et les travaux de nuit ; cette interdiction doit être
absolue , parce que rien n'épuise autant les forces et n'agit plus
défavorablement sur la constitution que les veilles et le travail
pendant les heures qui devraient être consacrées au sommeil.
On a beau dire que les enfants qui travaillent la nuit, se reposent
pendant le jour ; cette interversion des lois de la nature n'a jamais
Heu impunément. D'ailleurs le repos, pris pendant le jour, est tou-
jours moins complet, moins réparateur; il est souvent ou troublé
et interrompu par le bruit qui se fait dans le ménage, ou d'une
durée trop courte parce que les parents, non contents d'avoir fait
travailler leur enfant toute la nuit, veulent encore qu'il rende
quelques petits services à la famille pendant le jour; ils croiraient
encourager la paresse s'ils en agissaient autrement. Aussi les mal-
heureux enfants qui ont travaillé la nuit ne résistent qu'avec la
plus grande peine au besoin de dormir ; ils tombent de sommeil
et, quoique occupés, ils sont vaincus par l'irrésistible besoin qu'ils
cherchent à combattre pour échapper aux réprimandes, et souvent
aux mauvais traitements des parents; cette lutte se [prolonge jus-
qu'au soir , et alors , au lieu de pouvoir se livrer au repos , il faut
qu'ils rentrent à l'atelier, encore fatigués des travaux de la nuit
précédente.
Indépendamment de la fatigue que produisent les veilles et les
travaux de nuit, ces derniers ont encore l'inconvénient de tenir les
entants dans une atmosphère viciée par les émanations provenant
soit du gaz, soit des lampes ou quinquets servant à l'éclairage des
ateliers.
N'oublions pas non plus que pendant le travail de nuit la sur-
veillance des chefs est peu active ou complètement nulle, que
c'est alors généralement que la moralité des enfants court les plus
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 637
grande dangers , que c'est pendant ces réunions nocturnes qu'ils
font l'apprentissage des vices qui les énervent et détériorent le
plus leur constitution.
Si le travail de nuit est nuisible à la santé et à la constitution
des enfanls, s'il leur est préjudiciable sous le rapport des mœurs,
on peut dire aussi qu'il est compromettant et pour leur instruction
et pour leur éducation. En effet , de quelle portée seront vos ten-
tatives d'éducation en présence de cette autre éducation que les
enfants reçoivent nuitamment dans les ateliers? de cette éducation
qu'on peut résumer en quelques mots : mauvais exemples, paroles
obscènes, conversations graveleuses, blasphèmes, et initiation aux
vices les plus déplorables?
Hélas ! disons-le franchement, vos tentatives échoueront , vous
sèmerez sans récoller , non pas que le terrain soit ingrat , mais
parce qu'il reçoit en même temps d'autres semences qui lèvent plus
vite' que les vôtres, de», semences qui se développent avec tant de
force, qu'elles étouffent les germes précieux que vous lui confiez.
Arrachez donc ce terrain aux mains qui y sèment l'ivraie, si vous
voulez y voir prospérer le bon grain et être payé de vos peines et
de vos sacrifices.
Le travail de nuit est compromettant aussi pour l'instruction,
avons-nous dit ; cette proposition a-l-elle besoin de développe-
ment? Qui ne comprend de reste que l'enfant qui a veillé toute la
nuit, accablé de lassitude et à moitié endormi, ne peut se trouver
dans des dispositions convenables pour profiler de l'enseignement,
et que le temps consacré à l'instruire serait du temps complète-
ment perdu?
Tout milite donc pour interdire d'une manière absolue le travail
de nuit aux enfants, et les considérations que nous avons fait valoir
pour ceux-ci peuvent et doivent aussi être invoquées pour les ado-
lescents. Mais les adolescents, et nous appelons ainsi les enfants
qui ont accompli leur quinzième année au moins, ne peuvent pas
toujours rester soumis à cette interdiction ; il s'agit donc de savoir
a quel Age on pourra la lever pour eux.'
Si l'on consulte ce qui a été fait à cet égard dans d'autres pays,
on verra que la France, qui a été la moins exigeante en cette ma-
tière , interdit absolument le travail de nuit aux enfants âgés de
moins de treize ans et le permet exceptionnellement, dans certains
cas prévus par la loi, aux enfants Agés de treize A seize ans; que
l'Autriche et la Prusse le défendent jusqu'à l'Age de seize ans, et
41.
Digilizedby GOOgle
638 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
que l'Angleterre ne le tolère qu'à partir de la dis-huitième année.
Daus notre opinon, c'est l'Angleterre qui a agi avec le plus de
discernement en reculant autant que possible l'époque à laquelle
il devait être permis aux adolescents de prendre part aux travaux
de nuit. Cest son exemple que nous proposerons de suivre, parce
que, dans notre pays, ce n'est guère qu'à dix-huit ans que le déve-
loppement de l'homme est assez avancé et sa constitution assez
forte pour supporter , sans trop d'inconvénients , la Fatigue que
déterminent les veilles et les travaux de nuit. Nous n'avançons ceci
que d'une manière générale, car il est de nombreuses exceptions a
cette règle , car il y a une foule d'individus dont, à dix-huit ans,
la constitution eat encore si frêle, le développement si en retard,
qu'on devrait réellement leur interdire le travail de nuit ; nous ne
sommes donc pas trop sévères en ne levant l'interdiction qu'à dix-
huit ans. Nous craignons même qu'on nous reproche de n'avoir
pas assez prolongé la durée de l'interdiction; mais nous avons
pensé que si la loi reconnaît au jeune homme de dix-buit ans un
degré suffisant de développement et de force pour qu'il puisse con-
courir à la défense de la patrie; que si elle croit pouvoir, dès cet
âge, l'appeler sous les drapeaux et lui imposer un service qui com-
porte des fatigues de toute nature, elle devait aussi lui reconnaître
la même aptitude à supporter les fatigues tant du travail de nuit
que de celui de jour, et lui laisser disposer librement et à son béné-
fice des forces et des moyens qu'elle l'oblige à utiliser au profit du
pays. De même donc que la loi déclare l'homme de dix-huit ans
propre au service militaire, de même qu'elle ie déclare implicite-
ment assez fort et assez développé pour pouvoir contracter ma-
riage, de même elle doit le déclarer apte aux travaux de nuit.
Nous avons dit plus haut que la loi française (22 mars 1841)
permettait, dans certains cas, le travail de nuit aux enfants de l'âge
de treize à seize ans. Cette licence, qui n'est ordinairement accor-
dée que lorsque l'industriel s'est vu contraint à un chômage forcé
pendant quelques jours, soit par trop grande abondance ou man-
que d'eau, soit par quelque accident survenu à la machine à vapeur,
a pour but de mettre le fabricant à même de réparer les pertes
que l'une ou l'autre de ces circonstances lui a fait éprouver. Cela
est juste; mais, tout en épousant les intérêts du fabricant, il ne faut
jamais perdre de vue ceux des jeunes ouvriers, et malheureusement
les dispositions exceptionnelles auxquelles nous faisons allusion sem-
blent avoir méconnu ces derniers. Selon nous , le législateur ne
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ETGONCL. DELACOMM. 639
doit tolérer aucune dérogation au principe de l'interdiction absolue
du travail de nuit jusqu'à la dis-huitième année révolue. Si, par
une cause quelconque, le fabricant s'est tu forcé de chômer, il y a
justice à lui fournir les moyens de récupérer le temps perdu et de
se dédommager de ses pertes , mais il ne faut pas que ce soit au
détriment du repos et de la santé des enfants; dans ce cas, au lieu
d'imiter la France, il vaudrait mieux permettre d'augmenter d'une
heure la durée du travail de chaque jour pendant un certain laps
de temps qui varierait selon la durée plus ou moins longue du
chômage. Encore ne recommandons-nous cette mesure qu'avec
une certaine réserve, parce qu'elle ouvre un vaste champ d'exploi-
tation à la fraude et qu'elle implique, en quelque sorte, la nécessité
de soumettre les industriels à l'obligation de faire constater l'inca-
pacité dans laquelle ils se trouvent de travailler,
8* qg&btioh. — Si le travail de nuit devait être toléré dans
certains établissements , quelles devraient être les limites et les
conditions?
HKPOH8E. — En examinant la question précédente , nous avons
dit que l'interdiction du travail de nuit devait être absolue et ne
pouvait souffrir aucune exception pour les enfants au-dessous de
dix-huit ans. Nous pourrions donc nous abstenir de répondre à
cette question , et renvoyer aux considérations que nous avons
émises plus haut; mais, tout en étant sévères, nous ne voulons
rien proposer qui puisse porter préjudice à l'industrie, ou l'entra-
ver inutilement, et c'est ce qui noua engage a examiner s'il y a
réellement nécessité, pour certains établissements, de travailler la
nuit. On conçoit que nous ne pouvons avoir en vue que les établis-
sements qui occupent, la nuit, un grand nombre d'ouvriers, et
surtout des enfanta, et que nous faisons abstraction de celte foule
d'industries qui ne réclament le travail de nuit que d'un petit
nombre d'ouvriers adultes ; telles sont, par exemple, les fabriques
de produits chimiques, où un ou deux ouvriers entretiennent les
fourneaux et surveillent les appareils; les brasseries, où quelques
ouvriers travaillent à la cuve; les papeteries, qui exigent la pré-
sence d'un ou de deux meuniers; les fabriques de laine (filatures),
où deux ou trois ouvriers doivent rester au moulin et dans la fou-
lonnerie; les teintureries, où la cuve à garancer réclame aussi un
homme; telles sont enfin diverses autres industries qui occupent,
la nuit, un veilleur ou un chauffeur. Ces cas exceptés, nous avons
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640 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
consisté que le travail de nuit n'a lieu, dans notre province, que
dam quelques rares établissements, et que, parmi ces derniers, il
n'en est que quelques-uns qui ont besoin du concours des enfants.
Les raisons alléguées par la plupart des industriels pour justifier
le travail de nuit , peuvent se résumer ainsi : besoin de produire beau-
coup pour être à même de soutenir la concurrence, et pour retirer les
intérêts du capital engagé dans l'achat de certaines machines; désir
d'utiliser toute la force motrice des machines à vapeur et de pré-
venir les pertes en combustible; quelquefois, mais très-rarement,
nécessité de produire beaucoup pour satisfaire aux demandes;
enfin, obligation de continuer le travail pour utiliser immédiate-
ment certains produits sujets à de promptes réactions intestines,
qui y diminuent ou en font disparaître le principe que le fabricant
se propose d'extraire. Parmi ces diverses raisons, les deux dernières
seules ont une valeur réelle , et nous devons nous y arrêter un
moment, parce qu'elles sont mises en avant précisément par des
établissements qui emploient des enfants au travail de nuit.
La nécessité de produire beaucoup pour satisfaire aux demandes
rend, dit-on, le travail de nuit obligatoire. Soit; mais un établis-
sement qui travaille d'une manière continue, nuit et jour, pour
satisfaire à des commandes, est évidemment un établissement en
voie de prospérité, réalisant de bons et gros bénéfices, et pouvant
s'imposer quelques légers sacrifices, sans trop léser ses intérêts. Il
n'y a donc rien de déraisonnable a exiger du chef d'un semblable
établissement, s'il veut continuer à travailler la nuit dans un but
de lucre, de substituer aux jeunes enfants, qu'il n'emploie de pré-
férence que parce qu'il les paye moins , des jeunes gens ayant
dix-huit ans, qu'il payera un peu plus cher. L'aptitude plus grande
des enfants pour certains travaux est une objection plus spécieuse
que solide , et il n'est pas douteux pour nous que ces travaux ne
puissent être tout aussi bien faits par des jeunes gens de dix-huit
ans que par des enfants.
Quant à l'autre classe d'établissements où le travail de nuit est
rigoureusement nécessaire, elle comprend les fabriques de sucre
de betteraves. Ces fabriques étant toutes établies dans des com-
munes rurales, par conséquent dans des localités où les salaires
sont en général peu élevés, elles pourraient, sans un surcroît de
dépense bien considérable, remplacer les enfants par des jeunes
gens ayant atteint leur dix-huitième année.
Nous nous en tiendrons à ces simples considérations, parce
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COHH. 641
qu'elle* suffisent pour faire comprendre que, pour ce qui concerne
les établissements que nous avons visités, nous ne connaissons pas
de motifs assez plausibles pour permettre exceptionnellement a
certaines fabriques d'occuper des enfanta pendant la nuit.
Mais si nous ne reconnaissons pas la nécessité de tolérer le tra-
vail de nuit dans certains établissements, nous ne devons toutefois
pas. oublier que cette nécessité pourrait être reconnue par le gou-
vernement, et que, dès lors, il nous resterait un devoir a remplir :
celui d'indiquer les conditions auxquelles il faut soumettre'le tra-
vail de nuit toléré exceptionnellement.
Admettant donc qu'on vienne a reconnaître la nécessité d'établir
quelques exceptions, nous disons : 1° que, dans aucun cas, on
ne doit permettre au fabricant d'employer aux travaux de nuit des
enfants au-dessous de l'âge de quinze ans; 2" que la durée du
travail effectif, pendant la nuit, ne peut jamais excéder huit heures;
3" que deux heures de travail de nuit doivent compter pour trois,
en sorte que huit heures de travail seront considérées comme
équivalant à douze heures de travail, et rétribuées comme telles ;
4" que les mêmes enfants ne peuvent être employés qu'une nuit
sur trois ; 5" que le travail de nuit doit être interrompu, vers le
milieu de la nuit, par un intervalle de repos d'une demi-heure au
moins.
Telles sont les conditions qu'il nous parait rigoureusement néces-
saire d'imposer aux établissements en faveur desquels le gouver- -
nement croirait devoir déroger au principe de l'interdiction absolue
du travail de nuit, jusqu'à l'accomplissement de la dix-huitième
9* question. — Devrail-ou interdire aux enfants certains éta-
blissements dangereux ou insalubres, et jusqu'à quel âge? Désignez
ces établissements.
&BPOR8E. — Évidemment la solution de cette question ne peut
être qu'affirmative. Lorsque nous avons examiné la cinquième ques-
tion, nous avons déjà déclaré qu'en permettant aux enfants de dix
ans d'entrer dans la carrière industrielle, nous ne voulions cepen-
dant pas que tous les ateliers leur fussent accessibles. Nous avons
aussi alors établi des réserves quant à -la deuxième partie de cette
même question , parce qu'il nous a paru plus méthodique de la
rapprocher de la neuvième question, et de rechercher dans un même
paragraphe quels sont les travaux qu'on peut confier a des enfants de
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642 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
l'âge de dix A quinze ans, quels «ont ceux auxquels on peut
employer les adolescents de quinze à dix-huit ans, enfin quels sont
les travaux qu'il faut défendre aux uns et aux autres. Cette manière
de procéder ne pouvait pas être la plus courte, parce qu'elle nous
imposait l'obligation de faire une nouvelle revue des diverses
industries dont nous avons fait mention ; mais elle devait être
nécessairement la plus utile, puisqu'elle nous mettait dans la pos-
sibilité de donner au gouvernement des indications précises ; aussi
n'avons-nous pas hésité A entreprendre ce nouvel examen qui
nous a conduits aux trois grandes divisions suivantes : 1* travaux
auxquels on peut employer les enfants de l'Age de dix A quinze
ans; 2" travaux qu'on peut permettre aux adolescents de quinze
à dix-buit ans ; 3° travaux qu'on doit interdire aux enfants et aux
adolescents.
Nous croyons devoir faire remarquer que, pour établir cette
division, nous n'avons pas pu avoir égard A [a nature des établis-
sements industriels, parce que, si tel établissement est générale-
ment dangereux ou insalubre, il en est d'autres aussi où il n'y a
que certains ateliers, ou même certains travaux qui puissent être
considérés comme nuisibles.
Chez les batteurs d'or, & placer l'or réduiten feuilles dans des livrets ;
Chez les tireurs d'or, à tirer le fil d'or ou d'argent à la filière;
Dans les fabriques de noir animal, à casser et à trier les os ;
Dans Les fabriques de papier, comme aides colleurs et salineurs , a recevoir
le papier au sortir de la machine, à arranger le papier ;
Dans les fabriques d'indiennes, comme tireurs, comme aides des impri-
meurs au rouleau ;
Dans les fabriques de papiers peints , a tirer et à accrocher le papier, à éten-
dre les couleurs sur le tamis (tireurs ) ;
Dans les fabriques de tabac et de cigares, à décoter le tabac, à trier les feuilles
et les cigares , h confectionner des poupées ;
Dans les fabriques de chapeaux de soie, comme colleurs et aides;
La fabrication des agrafes ;
Dans les fabriques de clous-épingles et de pointes de Paris, comme aides ;
Dans les fabriques de toiles cirées , comme tireurs ;
Dans les fabriques de bougies diaphanes et stéariques, h faire des mèches cl
à les placer dans les moules ;
La fabrication des dentelles ;
Dans les fabriques de passementerie, à faire des franges et des bobines:
Dans les fabriques de tulle, à raccommoder, défiler et apprêter le tulle :
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÊS. ET CONCL. DE LA COHH. 043
Dans les filatures de coton , comme rattacheurs , bobineurs et metteurs de
liobincs ;
Dans les ateliers de brochage et de reliure ;
Dans les fabriques d'allumettes chimiques, à arranger les allumettes dans
les cadres ou presses!
Dans les imprimeries (typographies), à trier les caractères, à présenter les
feuilles a la presse mécanique et à les prendre lorsqu'elles en sortent;
Dans les ateliers de coloriage;
Dans les tisseranderies, a faire des bobines, à arranger les chaînes, à dévider;
Dans les teintureries , a étendre et à éplucher le coton, à plier les pièces de
Dans les fabriques d'étoffes de crin , comme donneurs ;
Dans les filatures et fabriques d'étoffes de laine, comme éplucheurs, bobi-
neurs et rattacheurs;
Dans les fabriques de sucre;
Dans les ateliers de dessin et de gravure;
Dans les filatures de lin, comme bobineurs et rattacheurs.
Dans les fabriques d'huile de pied de bœuf;
Dans les fabriques de colle ;
Dans les fabriques de papier à la main , comme coucheurs elleveurs;
Dans les fabriques d'indiennes , comme imprimeurs à la main ou au maillet;
Dans les fabriques de papiers peints , comme pressiers ;
Dans les fabriques de chapeaux de feutre , à éjarrer, et comme apprentis
arçonneurs et bastisseurs ;
Dans les fabriques de toiles cirées, a monter les toiles sur les châssis, et
comme pressiers ;
Dans les fabriques de porcelaine , de faïence ou de poterie ;
Dans les fabriques d'huiles et de savons ;
Dans les établissements métallurgiques où l'on ne travaille que le fer ;
Dans les fonderies de caractères typographiques, a casser les rompures,
pourvu que ce travail se fasse dans un local distinct de la fonderie proprement
dite;
Comme apprentis marbriers et tailleurs de pierre ;
Dans les fabriques d'allumettes chimiques , à mettre les allumettes dans les
boites;
Dans les typographies, comme apprentis compositeurs et demi-compagnons
pressiers ;
Dans les fabriques d'étoffes de crin, a peigner le crin ;
Dans les filatures de laine, à étendre la laine sur les cardes ;
Dans les ateliers des platineurs , comme apprentis et aides ;
Dans les ateliers des modeleurs en plâtre.
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644 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Chez les batteurs d'or, le battage proprement dit;
Les ateliers de doreurs sur métaux ;
Les fabriques d'acides minéraux;
Les fabriques de chlorure de chaux sec ou liquide ;
Les fabriques de chlorhydrate d'étain ;
Les fabriques de soude artificielle ;
Les fabriques de sulfate de soude ;
Les fabriques de couleurs minérales vénéneuses ;
Les fabriques de céruse ;
Dans les fabriques de papier, le coupage , le triage et la moulure des chiffons,
le blanchiment de la pâle ;
Le travail dans la courte des fabriques d'indiennes;
Le travail dans les ateliers de blanchiment et de teinture, des mêmes
fabriques ;
Dans les fabriques de tabac , la confection des carottes , le tamisage du tabac
à priser;
Dans les fabriques de chapeaux de feutre, le coupage du poil, le sécrétage,
le foulage ;
Les corroyeries et les tanneries ;
Les sauneries;
Les fabriques de plomb de chasse ;
Dans les fabriques de dentelles , le blanchiment des fleurs;
Dans les fabriques de passementerie, la fabrication des galons au métier;
Dans les brasseries , le travail à la cuve et le portage;
Dans les filatures de coton, le travail au diable, celui dans la carderie, le
battage du coton à la main , le débourrage et l'aiguisage des cardes ;
Les établissements métallurgiques où l'on travaille le plomb, le sine, le cuivre
et le bronze ;
Le polissage du fer ;
Les fonderies en caractères typographiques;
L'étamage des glaces ;
Dans les fabriques d'allumettes chimiques, la préparation de la pile et la
trempe des allumettes ;
Dans les imprimeries (typographies), le maniement de la presse;
Dans les tisscranderies, le travail au métier;
Le travail dans les teintureries ;
Dans les filatures de laine elles fabriques d'étoffes de laine, le battage de la
laine, le travail au diable, le dégraissage elle foulage;
Le travail dans les raffineries de sucre;
Le sérançage et le cardage du lin ;
Les usines de gaz;
Les fabriques de plâtre ;
Les fabriques de bleu d'azur ;
Les ateliers pour la ré vinification du plomb,
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RES. ET CONCL. DE LÀ COMH. 645
Dana les trois divisions que nous venons d'établir, nous, n'avons
pu signaler les variétés infinies de travaux que présente l'industrie;
nous n'avons mentionné que celles de ces variétés avec lesquelles
nous avons eu l'occasion de faire connaissance. Noire cadre n'est
donc pas complet, mais les jalons que nous y avons placés sont
assez nombreux pour qu'ils puissent servir sûrement de points de
repère et permettre de juger, par analogie, quels sont les travaux
qu'on peut autoriser, quels sont ceux qu'il Faut défendre.
Il est sans doute inutile de dire qu'en déclarant les enfants et
les adolescents aptes aux travaux désignés dans les deux premières
divisions , nous entendons toujours que ces travaux n'auront lieu
qu'avec les conditions restrictives dont nous nous sommes efforcés
de démontrer précédemment la nécessité.
Pour ce qui concerne les travaux, ateliers et fabriques, rangés
dans notre troisième division, il convient de les interdire non-seu-
lement aux enfants, mais encore aux adolescents; or, comme nous
avons appliqué la dénomination d'adolescents aux jeunes ouvriers
âgés de plus de quinze ans , et n'ayant pas encore atteint la dix-
huitième année , il s'ensuit que l'interdiction que nous avons for-
mulée ne pourra être levée que pour les jeunes gens ayant dix- huit
ans révolus.
Userait peut-être désirable de frapper d'une interdiction plus
prolongée certaines professions évidemment dangereuses ou insa-
lubres; mais, autant que possible, il faut éviter d'établir des excep-
tions, et les motifs sur lesquels nous nous sommes fondés, en trai-
tant ia septième question, pour tolérer les travaux de nuitjdès l'âge
de dix-buit ans, nous imposent l'obligation de faire fléchir notre
sévérité devant certaines bornes qu'on ne peut outrepasser sans
susciter des embarras à l'industrie et sans compromettre les inté-
rêts de la classe ouvrière. Nous voudrions donc qu'à dix-huit ans
révolus , les jeunes travailleurs pussent être employés aux travaux,
ou dans les ateliers et fabriques que mentionne notre troisième
division.
10° question. — A quel Âge peut-on laisser l'ouvrier adolescent
libre de s'engager dans les fabriques sans qu'aucune restriction
soit apportée à la durée de son travail ?
ksporse. — Comme on ne s'est pas expliqué sur ce qu'il fallait
entendre par ouvrier adolescent la solution de cette question est
a ssez emba r rassa n te .
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646 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
Cependant, en examinant la question du point de vue où nous
nous sommes placés, et en restant dans les termes de la définition
que nous avons donnée de l'ouvrier adolescent, il deviendra pos-
sible de répondre d'une manière catégorique. Ainsi, pour nous qui
considérons comme adolescent» les jeunes travailleurs ayant plus
de quinze et moins de dix-huit ans, classe pour laquelle nous avons
stipulé d'importantes et capitales restrictions, tant en ce qui con-
cerne la nature et la durée du travail, qu'en ce qui regarde les
travaux de nuit, nous ne pouvons que rester conséquents avec les
principes que nous avons posés antérieurement, et répondre que la
liberté à laquelle fait allusion la dixième question ne peut jamais
être reconnue à l'ouvrier adolescent. Hais, de toute évidenoe, une
semblable réponse ne cadre pas avec l'esprit de la question ; celle-ci
nous semble devoir être interprétée comme suit : ■ A quel âge doit-
on cesser de considérer les jeunes ouvriers comme des adolescents,
et leur laisser la liberté de s'engager dans les fabriques sans qu'au-
cune restriction soit apportée à la durée de leur travail 7 ■ Posée
de celte manière, la question est d'une solution facile, car cette
solution découle naturellement des diverses considérations aux-
quelles nous nous sommes livrés quand nous avons cherché a déter-
miner à quel Age on pouvait autoriser le travail de nuit, et a quel
âge devait cesser l'Interdiction , pour les jeunes ouvriers, de cer-
tains travaux nuisibles et de certains ateliers insalubres. Les rai-
sons qui nous ont portés A fixer à dix-huit ans révolus l'époque à
laquelle les travaux de nuit et tous les ateliers sans distinction
devaient être accessibles aux jeunes ouvriers, ces mêmes raisons,
disons-nous, nous décident A établir que l'ouvrier qui a atteint sa
dix-huitième année doit être rangé dans la catégorie des ouvriers
adultes, et, par conséquent , qu'il faut le laisser libre d'utiliser ses
forces comme i] l'entendra.
11" question. — Quel est le régime alimentaire ordinaire et
l'état des habitations des ouvriers de la province? Jusqu'à quel
point ces circonstances et d'autres semblables peuvent-elles influer
sur leur état sanitaire f
réponse. — Le régime alimentaire des ouvriers varie beaucoup,
et en raison des lieux où ils vivent, et en raison des salaires plus
ou moins élevés qu'ils reçoivent. En général, on peut dire cepen-
dant que leur régime alimentaire est mauvais et peu réparateur ;
le plus souvent il se compose de pain de seigle pur, ou de seigle
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. - KÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 6iT
mêlé a des proportion* plus ou moins fortes de froment , ou de
seigle et de fécule de pommes de terre, de légumes, parmi lesquels
figurent au premier rang les pommes de terre, puis les carottes, les
haricots , les navets, etc. Ces légumes sont presque toujours mal pré-
parés, assaisonnés avec de mauvaises graisses et avec des condiments
avariés, acbetésà bon marché. Enfin une infusion ou décoction de
café et de chicorée de qualité inférieure est le nectar qu'ils savou-
rent avec le plus de délices , et qui leur fait oublier , du moins
pour le moment, les privations et les peines de leur précaire exis-
tence. Voilà ce qui constitue, à quelques légères modifications
près, la nourriture la plus habituelle du plus grand nombre d'ou-
vriers. Nous n'avons mentionné aucune substance animale , telle
que la viande et le poisson, parce que la classe ouvrière, en géné-
ral, n'en mange que très-rarement ; il ne sera pas inutile d'entrer
dans quelques détails à cet égard, et de signaler rapidement les
distinctions que nous avons été à même de faire. Ainsi, on pense
assez communément que les ouvriers des campagnes, par cela seul
que celles-ci offrent moins de ressources que les villes en fait de
comestibles, se nourrissent moins bien que les ouvriers des villes ;
il n'en est rien cependant : au contraire , la population ouvrière
prise en masse, il est certain que celle des campagnes se nourrit
généralement beaucoup mieux que celle des villes, non pas que
ses aliments soient plus recherchés , mais parce que ceux-ci sont
d'ordinaire de meilleure qualité , mieux préparés et mieux assai-
sonnés, et que les ouvriers peuvent d'ailleurs se les procurer en
quantité assez abondante pour se restaurer convenablement et
maintenir dans leur économie l'équilibre que tendent toujours à
y rompre les pertes qu'occasionne le travail. Toutes choses égales,
leur alimentation est donc meilleure, plus saine et plus abondante;
mais l'ouvrier des campagnes, quoique ses salaires soient plus mo-
diques , peut se permettre l'usage de la viande plusieurs fois , ou
tout au moins une ou deux fois par semaine , parce qu'il a moins
de besoins factice* que l'ouvrier des villes, parce qu'il est plus
sobre, plus rangé , parce que l'ivrognerie et la débauche lui sont
à peu près inconnues, parce qu'il possède presque toujours quel-
que jardinet ou quelque parcelle de terre qui augmentent ses res-
sources, enfin parce que les loyers et tous les objets de consomma-
tion journalière sont moins chers que dans les grands centres de
population. Il résulte, en effet, des renseignements que nous avons
pris sur les lieux, qu'un assez bon nombre de ces ouvriers mangent
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648 CONSEIL CEN1RÀLDF SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
de la viande plusieurs fois par semaine , qu'il en est même qui
mangent assez souvent encore de la viande froide à leur goûter,
qu'il en est d'autres qui n'en mangent que deux fois par semaine,
et que le plus grand nombre n'en font usage qu'une seule fois, le
dimanche ou le lundi. Sans doute, loua les ouvriers de la campagne
n'ont pas la même facilité à pourvoir aux besoins de leur existence;
nous n'avons, hélas! rencontré que trop d'exceptions, que trop de
malheureux tisserands et fileurs travaillant dès le lever du soleil
jusqu'à dix et onze heures de la nuit, réduits toute L'année À une
alimentation des plus grossières, qu'ils n'ont pas même toujours en
quantité suffisante pour réparer leurs forces, et ne mangeant guère
de la viande qu'une fois par an, le jour de la kermesse !
L'ouvrier des villes, avec des salaires plus forls, est moins heu-
reux et a moins de bien-être que celui de la campagne ; quels que
soient les avantages que présentent les villes populeuses en ce qui
regarde la facilité de se procurer les aliments les plus substantiels,
la viande et le poisson, la classe ouvrière ne peut guère en jouir,
parce que ces aliments, par leur prix élevé, sont inabordables
pour elle : aussi la plus grande partie des ouvriers n'a d'autre ali-
mentation que celle que nous avons indiquée au commencement
de ce paragraphe, alimentation grossière et exclusivement végétale,
qu'elle relève de temps en temps une fois par semaine par l'usage d'une
maigre portion de viande ou de poisson, et encore la viande qu'elle se
permet n'est souvent que de qualité fort inférieure ou déjà en voie
de décomposition, ou ne se compose que de ce qu'on appelle vul-
gairement lesmwe*, comme foie, poumons, cœur, etc.; le plus
souvent même ce sont les issues tlu porc, de la tripaille, ou quel-
que autre cochonnade qui forment la base de sa nourriture daus
les bons jours. Ce que nous disons de la viande est vrai aussi pour
le poisson; l'ouvrier n'achète que celui qui est le moins cher, et
qui, par conséquent, n'est que le rebut du marché, ou du poisson
déjà corrompu, et le plus souvent il se rejette sur les moules, parce
que ces mollusques sont plus à la portée de sa bourse.
Il est cependant quelques catégories d'ouvriers qui se trouvent
dans des conditions plus prospères et qui mangent de la viande à
peu près tous les jours, ou du moins qui gagnent des salaires assez
élevés pour qu'il leur soit permis d'en manger tous les jours; nous
ne citerons ici que les batteurs et les tireurs d'or, les ouvriers des
établissements métallurgiques, les brasseurs, les cigariers, les gan-
tiers, les chapeliers, les typographes, les platineurs , etc. Malheu-
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RES. ET CONCL. DE LA COHU. 649
reusemenl l'imprévoyance, ta boisson, les habitudes de débauche,
défauts si communs chez la plupart de ces ouvriers, les plongent
souvent dans le malaise et les empêchent de se nourrir aussi con-
venablement qu'ils pourraient le faire s'ils avaient plus d'ordre et
une vie moins désordonnée. Aussi peut-on affirmer en définitive,
que parmi les ouvriers que nous venons de désigner, il n'y a guère
que ceux adonnés a des travaux Fatigants et sentant le besoin de
soutenir leurs forces par une alimentation saine et fortifiante, qui
fassent un usage assez fréquent de la viande.
En avançant qu'un grand nombre d'ouvriers se livrent à la boisson,
nous n'entendons pas seulement parler de ces libations plus ou
moins copieuses qu'ils font hebdomadairement le dimanche et le
lundi, et dont la bière et l'eau-de-vie, ou le genièvre, font surtout
les frais, mais encore de la funeste habitude de boire journalière-
ment quelques petits verres de genièvre, liquide qui flatte le plus
leur palais, et que malheureusement ils peuvent se procurer le plus
aisément, vu l'extrême modicité du prix auquel il se vend. Certains
ouvriers, il est vrai, en usent avec modération, et dépassent rare-
ment le petit verre; mais pour quelques-uns qui en usent ainsi,
combien n'en est-il pas qui en font abus, et contribuent de la sorte
a détruire leur santé et à précipiter leur famille dans la misère?
Car, de même que les dettes de jeu sont le plus sacrées pour le
joueur, de même l'ouvrier ne connaît pas de dettes plus sacrées
que celles qu'il a contractées du chef de la boisson ; aussi sont-ce
celles qu'il paye le plus vite et avec le plus de conscience, parce
que le crédit qu'on lui a fait, il veut le soutenir et se ménager les
moyens de satisfaire en toutes occasions le pernicieux besoin qu'il
s'est créé. Ainsi, quand ces ouvriers reçoivent, le samedi, leur salaire
de la semaine, ils prélèvent d'abord sur celui-ci la somme néces-
saire à l'amortissement de la dette que. le genièvre leur a fait con-
tracter pendant la même période de temps , et cela en attendant
que le lendemain et le surlendemain leur permettent d'ébrécher
davantage, par de nouvelles libations, leur gain hebdomadaire ■
dont, en dernier résultat, la plus faible partie est utilisée au profit
de la famille. Qu'on ne croie pas que nous exagérions ; nous ne
parlons que d'après les renseignements qui nous ont été fournis
par des personnes très à même de savoir comment vit et se con-
duit, en général, l'ouvrier; et, pour donner une idée du degré
auquel est portée la consommation du genièvre, nous ajouterons
qu'il y a des ouvriers qui payent le samedi jusqu'à deux fraiws
*by Google
650 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
cinquante centime» pour leur consommation de la semaine, ce qui
fait, en estimant le petit verre à cinq centimes, cinquante petits
verres dans les sept jours, ou sept petits verres par jour I
Il en est des habitations de la classe ouvrière comme de leur
régime alimentaire ; considérées par rapport a l'espace dont jouit
la famille, a leur état de propreté et à leurs conditions de salu-
brité, elles offrent de nombreuses différences qu'il est impossible
de signaler en détail. Nous nous bornerons donc aux généralités
suivantes.
L'ouvrier des villes, cherchant toujours à se loger su plus bas
prix possible, choisit ordinairement sa demeure dans les rues les
plus étroites, ou dans des ruelles, ou dans des impasses, que le
soleil ne favorise jamais, ou presque jamais, de ses rayons, -où l'air
est corrompu et ne se renouvelle pas facilement, où la malpropreté
du sol et les immondices que les habitants accumulent autour d'eux
donnent lieu à des émanations de toute nature, émanations qui consti-
tuent de puissantes et permanentes causes d'insalubrité, etc. , etc. On
conçoit que les habitations construites dans de semblables localités ne
peuvent être que malsaines, et cependant nous n'avons pas encore
énuméré toutes les causes d'insalubrité. En effet, indépendamment
de ces causes, dont l'origine se trouve dans le quartier habité par
la classe laborieuse, il y a encore d'autres causes d'insalubrité dont
il faut chercher la source dans l'état même des habitations. Ainsi,
le plus souvent, l'ouvrier ne possède pour lui et sa famille qu'une
seule pièce qui sert à tous les besoins du ménage; cette pièce,
fréquemment trop exiguë pour le nombre de personnes dont se
compose la famille, se trouve a l'étage ou au rez-de-chaussée ; au
rez-de-chaussée, elle est presque toujours carrelée, froide, et pré-
sente souvent des murs ruisselants d'humidité ; à l'étage, elle est
ordinairement planchéiée, plus chaude et plus sèche; mais dans
l'un et l'autre cas, on n'y respire qu'un air profondément altéré
dans sa composition, et par les diverses opérations qui s'exécutent
dans le ménage, et par la présence même des personnes qui y
vivent, et par l'emploi de lampes fumantes, et par l'usage d'appa-
reils ou de moyens défectueux de chauffage, et, disons-le, par la
malpropreté dans laquelle croupit un grand nombre de familles de
la classe ouvrière. C'est surtout pendant l'hiver que la viciation de
l'air est portée au plus haut degré, parce qu'alors pour ne pai
perdre le peu de chaleur produit par quelques tisons fumants,
ou par une mince pellée de houille, ou même par quelques rares
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. 1>E LÀ COMM. 651
charbons de bois, on se garde bien d'ouvrir la porte ou la fenêtre
qu'on calfeutre, au contraire, avec soin. Pendant l'été, l'air se
corrompt moins dans la demeure étroite de l'ouvrier, car pour ne
pas y étouffer, il sent le besoin d'y appeler l'air extérieur et par
la porte et par la fenêtre, et d'établir une large ventilation qui lui
apporte la fraîcheur et la vie; pendant l'époque des chaleurs, le
séjour dans beaucoup d'habitations de la classe ouvrière ne serait
pas totérable durant la nuit, si l'on ne prenait pas la précaution
de laisser une fenêtre ouverte, précaution qui, en obviant à un
inconvénient grave, ne fait que courir de nouvelles chances de
maladie à la famille.
Nous avons vu, tant dans les villes que dans les campagnes, un
assez bon nombre d'ouvriers qui se faisaient remarquer par la
propreté de leur corps et de leurs vêtements; malheureusement,
eu égard à la masse d'ouvrière que nous avons vue, ils ne consti-
tuent encore que de rares exceptions. La malpropreté est un
défaut qu'on rencontre très-communément parmi la classe labo-
rieuse ; il faut déplorer amèrement son insouciance et son apathie
en ce qui regarde les soins de propreté, car ici elle ne peut plus
alléguer l'insuffisance de ses salaires, le besoin de pourvoir a la
subsistance de la famille, puisque ces soins, elle peut se les donner
sans qu'il lui en coûte quelque chose, l'eau étant toujours à sa
disposition. Sa négligence en cela est coupable, parce que la mal-
propreté dans laquelle elle vit ne peut que contribuer à augmenter
pour elle les chances de maladie. Mais pourquoi ne dirions-nous
pas toute notre pensée? pourquoi ne déclarerions-nous pas qu'une
bonne part dans cette culpabilité doit être attribuée aux chefs
d'industrie, qui par leur position, par leur influence, par leur
autorité même, pourraient considérablement atténuer le mal que
nous signalons? Mais leur sollicitude ne va pas si loin. Que leur
importe que l'ouvrier soit propre ou non, qu'il se nourrisse bien
ou mal , que son habitation soit saine ou insalubre , qu'il meure
un peu plus vite ou un peu plue tard? que leur importe tout cela?
Pourvu que l'ouvrier ait les bras forts, les mains agiles, qu'il tra-
vaille et qu'il produise beaucoup, y a-l-îl autre chose qui puisse les
intéresser ?
Nous disions donc tout a l'heure que la malpropreté était très-
commune parmi la classe ouvrière ; cette malpropreté se remarque
partout, et dans leurs demeures, et dans les objets de couchage,
et dans les vêtements, et sur le corps. Voilà pour l'ouvrier des villes.
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652 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
L'ouvrier des campagnes ayant, en général, plus d'aisance et
plus d'ordre, soigne mieux son intérieur, entretient mieux la pro-
preté de son corps et de ses vêtements. Son habitation, quoiqu'elle
ne se trouve pas, comme celle de l'ouvrier des villes, au milieu d'un
foyer permanent d'infection, n'est pas toujours exempte de graves
inconvénients sous le rapport hygiénique; ainsi, elle est souvent
située dans des endroits bas et humides, ou à proximité de terrains
marécageux ; d'autres fois, la situation de l'habitation est meilleure,
mais l'air ambiant est chargé d'émanations provenant des immon-
dices, du fumier ou des fosses d'aisances à ciel ouvert qui se trou-
vent dans le voisinage de l'habitation; d'autres fois, enfin, la
demeure de l'ouvrier n'est qu'une misérable cahute à parois d'ar-
gile, et recouverte d'une mauvaise toiture de chaume, dans laquelle
il n'est qu'incomplètement abrité. En général , les habitations de
ta classe laborieuse des campagnes sont peu élevées, ne se compo-
sent que d'un rez-de-chaussée et manquent presque toujours de
cave ; le logement de la famille ne comporte, dans la plupart des
cas, que quelques pieds carrés ; aussi l'air s'y vicie-t-il promptemeul
et par les mêmes causes que dans les demeures des ouvriers des
villes ; cependant la propreté qu'on observe plus généralement
dans les habitations des ouvriers de la campagne doit atténuer
considérablement l'influence de ces causes.
Ne sortons pas de la demeure de l'ouvrier sans jeter un coup
d'oeil sur son lit et sur les objets de couchage ; car, pour lui porter
efficacement secours, il faut toucher du doigt toutes ses misères.
L'ouvrier est plus ou moins bien -couché, selon qu'il a des salaires
plus ou moins forts , et qu'il est chargé d'une famille plus ou
moins nombreuse. Il est quelques ouvriers possédant pour eux et
leur famille des lits et de la literie en quantité et de qualité con-
venables ; avons-nous besoin d'ajouter que ce sont encore là des
exceptions qu'on ne rencontre qu'en petit nombre , et que, dans
la plupart des familles d'ouvriers, une couple de lits garnis d'un
mauvais matelas servent au couchage de tous les membres de la
famille, composée quelquefois de cinq ou six personnes de tout
âge et de tout sexe. Et cependant ces familles-là ne sont pas encore
les plus pauvres , les plus misérables! C'est du sybaritisme, en
comparaison de ce qui existe chez un grand nombre de familles
ouvrières , qui n'ont , pour reposer leurs membres fatigués par le
travail, qu'un affreux grabat, qu'une espèce de large bac conte-
nant une méchante paillasse, sur laquelle s'étendent, pêle-mêle,
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 053
père et mère, garçons et filles, qui la léte au chevet, qui la télé
au pied du lit, et n'ayant, pour se garantir du froid, qu'une sale et
grossière couverture, souvent en lambeaux ! Certes, nous ne pou-
vons pas nous arrêter à faire le triste tableau de ce que nous avons
vu dans ce genre ; mais nous voulons , au moins, en donner un
échantillon qui résume assez bien la condition d'une infinité de
familles ouvrières. Dans une commune voisine de la ville de
Bruxelles, vit une famille composée du père, de (a mère et de sept
enfants, dont l'habitation est sise en pleine campagne ; le père, la
mère et deux filles de l'âge de douze à quatorze ans environ,
exercent la profession de tisserands en coton. Leur logement est
au rez-de-chaussée, et se compose d'une petite pièce carrée dans
laquelle se trouvent deux métiers à tisser qui en remplissent tout
l'espace, puis d'une espèce de réduit attenant à cette pièce, et
juste assez grand pour contenir un métier; c'est dans ce ré-
duit que la famille a trouvé moyen de se loger la nuit, en fixant
au-dessus du métier, et a 80 centimètres environ de distance du
plafond, un immense bac garni d'une mauvaise paillasse; c'est dans
ce réduit encore que nous avons rencontré les provisions de
ménage, consistant en quelques légumes, plus quelques lapins
vivants, partageant et corrompant , avec la famille, l'air déjà si
peu salubre de cette pièce. Le pauvre ménage dont nous nous
occupons ne mange jamais de viande : sa nourriture se compose
exclusivement de pain , de pommes de terre et de faible café au
lait. La mère, en travaillant depuis cinq heures du matin jusqu'à
dix heures du soir, estime qu'elle peut gagner environ 1 franc ;
une de ses filles, habile travailleuse, peut gagner a peu près autant;
le père, occupé dans une fabrique des plus insalubres, gagne
1 franc par jour ; quant au travail des autres enfants, il est impro-
ductif, par la raison qu'ils ne font que garnir les navettes. Voila
donc quelles sont les ressources de celte famille, ressources fort
éventuelles, car l'ouvrage manque souvent, et alors la journée du
père et l'exploitation d'un petit coin de terre doivent subvenir a
tous les besoins du ménage. Une fille était bossue et racbitique;
la mère et une autre fille étaient pâles et étiolées, et plusieurs
autres enfants étaient scrofuleux. Notre cœur était navré en quit-
tant cet intérieur, d'ailleurs assez propre , où nous avions vu tant
de misère, tant de courage et de résignation !
Après avoir esquissé a grands traits le régime alimentaire et
l'état des habitations de la classe ouvrière, il ne nous reste plus
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654 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES,
qu'à apprécier la part d'influence qu'ils peuvent revendiquer dam
la production des diverses maladies qui affligent le plus souvent
l'ouvrier. Déjà plus d'une rois, dans le cours de ce travail, nous
nous sommes expliqués à ce sujet, et tout en reconnaissant que l'in-
dustrie comportait avec elle des causes multiples de maladies, des
causes, pour ainsi dire, inséparables de son exercice , nous avons
établi que ces causes puisaient fréquemment un surcroît d'activité
ou d'influence dans la manière de vivre des ouvriers , dans leur
régime alimentaire , dans la situation et l'état intérieur de leurs
habitations ; nous avens -surtout établi que la misère , par les pri-
vations qu'elle impose, par l'affaiblissement dont elle frappe l'éco-
nomie, était souvent la première et la principale cause prédisposante
des maladies. Peu de lignes suffiront donc pour formuler plus
1 complètement notre opinion à cet égard.
II est un fait incontestable et d'accord avec les principes de la
saine physiologie, c'est que, tandis que l'homme vivant dans les
contrées méridionales, peut se contenter et se trouve même mieux
d'user d'une nourriture presque exclusivement végétale , celui
qui vit sous les latitudes septentrionales éprouve le besoin d'une
alimentation plus excitante, plus fortifiante, d'une alimentation, en
un mot, dans laquelle les substances animales réclament une large
part. Si une semblable alimentation convient et est nécessaire à
tous ceux qui vivent sous un climat froid et humide, à plus forte
raison faut-il la considérer comme indispensable pour celui qui ,
travaillant du malin au soir, fait une dépense considérable de
forces, et éprouve des pertes qu'il lui importe de réparer aussitôt,
pour que la continuation du travail n'épuise point son économie.
Or, si l'ouvrier ne peut disposer que d'une nourriture grossière,
que d'une nourriture purement végétale, même en abondance, il
est évident qu'il ne peut convenablement réparer ses forces, parce
que, pour que la nutrition ait lieu, il ne suffit pas qu'on remplisse
l'estomac, mais il faut lui confier des aliments plus riches en prin-
cipes assimilables que ne le sont les végétaux : ces aliments sont
ceux que fournit le règne animal. La privation habituelle de ces
aliments réparateurs est donc préjudiciable à l'ouvrier, car la
nutrition ne s'exerce qu'imparfaitement , car le sang que reçoivent
les organes manque de propriétés excitantes, vivifiantes, car la
fibre s'amollit, les tissus perdent de leur tonicité, l'économie s'affai-
blit, offre moins de résistance aux causes morbifiques, et a moins
de force pour réagir contre elles. Sous l'empire de ces conditions
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÊS. ET CONCL. DE LA COMJJ. 655
défavorable* , l'organisme contracte une aptitude plus grande à
recevoir l'impression des causes morbides, et, telle cause qui serait
restée sans effet sur l'ouvrier habituellement bien nourri, n'exerce
bien souvent sa funeste influence que par cela seul que les pri-
vations ou un mauvais régime alimentaire lui ont préparé, de
longue main, des chances plus nombreuses de succès.
Le régime alimentaire influe, par conséquent, beaucoup sur
l'état sanitaire des ouvriers; plu* il sera abondant, fortifiant, répa-
rateur, annualisé, plus la constitution de l'ouvrier s'améliorera,
plus elle opposera de résistance à l'action de* causes de maladies
qui surgissent du travail ; plus, au contraire, l'alimentation sera
mauvaise, sous le rapport de la quantité et de la qualité, plus
«'affaiblira la constitution, et -augmentera la susceptibilité morbide.
Ce que nous disons des aliments solides s'applique aussi aux
boissons ; nul doute que l'ouvrier ne se trouvât beaucoup mieux ,
s'il pouvait substituer à sa boisson la plus habituelle, le petit café,
un verre de bonne bière. Le genièvre même , s'il était pris avec
modération et en petite quantité, ne pourrait imprimer à l'éco-
nomie qu'une excitation salutaire, et donner un peu plus de ton
aux organes; mais, malheureusement, il est peu d'ouvriers qui
sachent s'imposer une «âge réserve, et bientôt l'usage dégénère en
abus, chose des plus déplorables, car l'excès des boisson* alcoo-
liques ne tarde pas à les abrutir, a détruire leur santé et a miner
leur constitution.
A l'influence fâcheuse qu'exercent une nourriture grossière et
peu substantielle, et l'abus du genièvre, il faut encore ajouter celles
qui résultent de la situation topographique des habitations et de
l'état que celles-ci présentent à l'intérieur. Ainsi, atmosphère froide
et humide, émanations marécageuses, immondices, fumier et
fosses d'aisances corrompant l'air, abritement imparfait contre les
intempéries des saisons , entassement de la famille dans un espace
trop restreint, renouvellement difficile de l'air, vicialion de celui-ci
par les exhalaisons de la famille, par la malpropreté des lieux, par
les appareils d'éclairage et de chauffage , etc. , etc. ; voila autant
de circonstances qu'il suffît de mentionner pour faire comprendre
le rôle important qu'elles doivent jouer dans la production des
maladies parmi la classe ouvrière.
Pour résumer ce paragraphe, nous disons : L'ouvrier qui cherche
ta vie dans le travail, y rencontre de nombreuses chances demaladies
et de mort ; mais ces chances ne proviennent pas exclusivement
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656 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
du travail, ou, du moins, n'eu proviennent pas directement. Il
serait injuste d'attribuer au travail seul, les maladies si fréquentes
et la mortalité si grande parmi la classe laborieuse ; il faut lui
reconnaître sa part d'influence et d'intervention dans ces tristes
résultats ; mais it faut tenir compte aussi de la condition des tra-
vailleurs, en général si misérable et si malheureuse, de l'abandon
dans lequel on les a toujours laissés, de l'impossibilité où ils se
trouvent de se nourrir convenablement , de leurs habitudes de
débauche, d'ivrognerie et de malpropreté, de l'insalubrité de leurs
habitations; il faut tenir compte, disons-nous, de tout cela, et
convenir que ces diverses circonstances exercent une influence bien
plus funeste que le travail , et qu'elles contribuent puissamment à
augmenter la mortalité parmi les ouvriers.
12' question. — Quelles précautions y aurail-il a prendre dans
les fabriques, manufactures , mines et usines de la province , dans
l'intérêt de la santé des ouvriers ?
réponse. — Nous sentons toute l'importance qui se rattache à la
solution de cette question, mais celle solution ne peut être donnée
que dans un travail de longue haleine , embrassant dans tous ses
détails chaque industrie ou chaque profession en particulier , tra-
vail que nous devons laisser de côté pour le moment, et que nous
pourrons aborder un jour , si nous sommes à même de continuer
nos investigations et nos éludes sur les établissements industriels.
Dans la première partie de notre travail, c'est-à-dire dans celle qui
résume l'enquête que nous avons faite , nous avons fréquemment
signalé les dispositions vicieuses des ateliers et de certains appa-
reils, l'omission de certaines précautions et les mesures qui nous
paraissaient devoir être adoptées dans l'intérêt des ouvriers. Tous
ces renseignements constituent des matériaux précieux qui pour-
ront être utilisés pour arriver à la solution de la question qui nous
occupe, matériaux qui , pour avoir toute leur valeur, ne deman-
dent qu'à être coordonnés et complétés. Mais en attendant que
cette oeuvre puisse s'accomplir , nous considérerons l'industrie en
général, et nous établirons quelques principes généraux, dont l'ap-
plication nous parait susceptible d'exercer une bienfaisante in-
fluence sur la santé des travailleurs. Ces principes sont :
4° De pourvoir les ateliers de moyens suffisants d'aérage et de ventilation ;
2" De veiller à ce que la lumière solaire s'y répande à profusion ;
3" De leur donner une élévation suffisante et de mettre leur étendue en rap-
port avec le nombre d'ouvriers qui doivent y travailler;
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉ S. ET CONGL. DE LA COMM. 657
i" D'assurer à chaque travailleur la jouissance de 15 à 18 mètres cubes
5u D'exiger la construction d'une cheminée à fourneau d'appel dans tous
les ateliers où l'on exécute des travaux dangereux ou insalubres;
6° De prescrire que le sol des fabriques devra toujours être carrelé ou plan-
cbéié , et qu'il ne pourra jamais être de terre battue ;
7° D'entretenir la plus grande propreté dans les ateliers, et d'en faire blanchir
les murs intérieurs au moins deux fois par année , avec un lait de chaux ;
8» De ne pas permettre aux ouvriers de prendre leurs repas dans les ate-
liers , de les contraindre a aller dehors ou dans un local largement aéré et
destiné ad hoc;
9* D'exhorter les chefs à exiger, de la part des ouvriers, des habitudes
d'ordre et de propreté ;
10" De défendre sévèrement qu'aucun ouvrier soit employé vingt-quatre
heures de suite dans une fabrique ;
H" De prévenir, autant que possible, les blessures produites parle jeu des
machines, en couvrant les engrenages et en défendant, par des barres ou autre-
ment, l'approche des parties les plus dangereuses.
Ces précautions sont les plus urgentes, les plus indispensables ,
et si elles étaient généralement adoptées, il en résulterait déjà un
grand avantage pour les ouvriers. Nous insisterons d'autant plus
sur la nécessité de les adopter, que, dans le cours de noire enquête,
nous avons pu nous convaincre que la plupart des établissements
industriels laissaient considérablement à désirer sous le rapport
des précautions hygiéniques. Les fabriques dans lesquelles on a
donné quelque attention aux conditions de salubrité, sont extrê-
mement rares ; presque toutes sont établies dans d'anciens bâti-
ments qu'on a arrangés tant bien que mal el accommodés comme
on a pu & leur nouvelle destination , en tenant compte seulement
des besoins de l'industrie et en oubliant complètement qu'il y avait
aussi quelque chose a faire dans l'intérêt de la santé des ouvriers.
Ce que nous avons tu et constaté presque partout, relativement à
l'omission des précautions hygiéniques les plus simples, nous a
prouvé qu'il était urgent de prendre des mesures pour qu'à l'avenir
il en fût tout autrement. Mais quelles sont ces mesures? Nous
croyons qu'il n'en est qu'une seule qui puisse offrir quelque ga-
rantie et que celle-là peut suffire. Essayons de développer notre
opinion.
Un des premiers et des plus importants devoirs de tout gouverne-
ment, est de veiller à la conservation delà santéet delà viedescitoyensj
c'est un devoir qui , en général , est rempli , nous le savons , avec
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658 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
une sollicitude des plus louables ; mai* pourquoi faul-il que celte
sollicitude dont on entoure partout les citoyens, s'arrête à la porte
des établissements industriels et ne pénètre pas la où le besoin s'en
fait le plus vivement sentir? Comme c'est dans les fabriques qu'une
classe de citoyens a le plus a souffrir, comme c'est là que se ren-
contrent le plus de causes de maladies, comme c'est là qu'un grand
nombre de citoyens trouvent une mort précoce, le gouvernement
n'a-t-il pas le droit d'intervenir et d'imposer aux chefs d'industrie
telles obligations et- telles conditions qu'il juge nécessaires dans
l'intérêt de la vie et de la santé des ouvriers? Évidemment, oui.
Eh bien ! en vertu de ce droit qu'on ne peut lui contester , nous
■voudrions que le gouvernement exerçât sa haute surveillance sur
tous les établissements industriels , qu'il adoptât en principe de
n'autoriser l'établissement d'aucune fabrique , d'aucune manufac-
ture ou usine, sans la présentation préalable d'un plan indiquant
toutes les pièces qui doivent servir d'ateliers , et mentionnant la
capacité cubique de chaque atelier , le genre de travail auquel il
est destiné, le nombre d'ouvriers qu'on veut y taire travailler) les
précautions hygiéniques prises dans l'intérêt des travailleurs, etc.
Ce n'est qu'après que ce plan aurait été étudié par des hommes
spéciaux , qu'après que ceux-ci se seraient assurés , même par la
visite des lieux , qu'il a été satisfait à toutes les conditions dési-
rables de salubrité, que le gouvernement devrait accorder l'auto-
risation demandée.
Nous avons la conviction que c'est là la première mesure à
prendre pour faire disparaître l'état actuel des choses et pour
arriver à l'assainissement des fabriques ; si le gouvernement recule
devant cette mesure , on continuera à faire ce qu'on a fait jusqu'à
ce jour : on fera des ateliers tels quels , sans se soucier des règles
de l'hygiène, sans songer à la santé des ouvriers ; on continuera à
entasser ceux-ci dans des locaux étroits et mal aérés, etc.; et alors
toutes les autres mesures prises dans l'intérêt de la classe ouvrière
seraient frappées de stérilité et ne constitueraient plus que de vains
palliatifs.
Il est encore une autre mesure sur laquelle nous devons appeler
toute l'attention du gouvernement , car elle est , selon nous , de
nature à produire de bons résultats, nous voulons parler de la
relégation des établissements industriels dans les communes rura-
les;, nous n'ignorons pas qu'il y a une foule d'industries que le
gouvernement n'a pas te pouvoir d'éloigner des grands centres dt
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RÉPONSES AUX QUESTIONS RËS. ET CONCL. DE LA COMH. 669
population ; mai* ce qu'on n'a pas le droit d'exiger, on peut l'ob-
tenir indirectement, par exemple, en faisant certaines concessions
et en accordant certain» avantages aux chefs qui transporteraient
leur industrie dans les campagnes. L'état sanitaire plus aaiisfai-
sant, la constitution plus forte , la moralité plus grande, les con-
ditions d'existence plus heureuses , que nous avons reconnus à la
population industrielle des campagnes , sont autant de faits qui
plaident en faveur de la relégation , et qui méritent bien qu'on
examine sérieusement la question que nous soulevons ici.
Faire contracter aux ouvriers des habitudes de propreté, c'est
déjà quelque chose; mais on peut faire plus : on peut leur procu-
rer gratuitement des bains. La plupart des grands établissements
industriels, ceux, par conséquent, qui occupent un grand nombre
d'ouvriers, ont pour moteur une machine à vapeur qu'on ne peut
établir sans une autorisation préalable. Celte autorisation ne pour- '
rait-elle pas être accordée à la condition de faire construire un
réservoir dans lequel seraient reçues les eaux provenant de la
machine, eaux qu'on utiliserait pour fournir des bains aux ouvriers
tous les huit ou tous les quinze jours? Cette mesure hygiénique
exercerait indubitablement la plus heureuse influence sur la santé
des travailleurs.
13* QUBSTion. — Y auraît-il lieu d'étendre les mesures protec-
trices de l'enfance, aux enfants occupés dans la petite industrie,
travaillant isolément ou en petite réunion?
aàpoirsB. — Gomme le gouvernement ne peut pas avoir pour
but de faire cesser un abus pour le remplacer par un autre , H est
de toute évidence que les mesures de protection formulées en faveur
des enfants occupés dans la grande industrie , doivent s'étendre
aussi aux enfants travaillant isolément ou en petite réunion dans la
petite industrie. Nous ajouterons que cela est même urgent et indis-
pensable, car si la sévérité du législateur n'atteint que la grande
industrie, les enfante que celle-ci ne pourra pas occuper reflue-
ront dans la petite industrie, et ainsi, en voulant prévenir un mal,
on en aura préparé un autre beaucoup plus grand , puisque c'est
dans la petite industrie que les enfants ont le plus à souffrir sous
tous les rapports , puisque c'est la surtout qu'on les emploie trop
prématurément et qu'on exploite le plus impitoyablement leurs
forces. L'utilité de la mesure n'est donc pas contestable, mais il y
a une objection qui se présente quant a. son exécution. Comment
*by Google-
660 CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITÉ PUBLIQUE DE BRUXELLES.
voulez-vous, nous dirat-on, exercer une surveillance, un contrôle
quelconques sur ta petite industrie? Ne reculerez -vous pas devant
l'immensité des spécialités professionnelles ? Mettrez- vous en cam-
pagne une armée d'inspecteurs, pour examiner ce qui se passe
dans les petits ateliers? Pénétrerez- vous dans l'échoppe du savetier?
inspecterez-vous l'établi du tailleur? irez- vous voir ce que l'ourrier,
travaillant chez lui, fait de ses enfants, etc., etc.? Non, nous ne
ferons rien de tout cela, parce que nous ne nous dissimulons pas
que s'il n'y avait que de semblables moyens pour atteindre le but
qu'on se propose il n'y aurait rien de bon à attendre de la mesure
dont nous préconisons l'adoption. Nous comprenons fort bien que
toutes les dispositions réglementaires au moyen desquelles on ten-
tera de protéger les enfants occupés dans la petite industrie, seront
continuellement transgressées eu éludées, et que ta surveillance la
plus active sera toujours ici en défaut. Mais s'il est impossible
d'exercer un contrôle direct sur la petite industrie , faut-il, pour
cela, laisser se perpétuer les abus existants et renoncer à toute idée
d'amélioration? Certainement non, car il y a moyen de tourner
les obstacles et d'arriver au but par une autre voie, par une voie
bien simple même, et qui rendra presque tout a fait inutile la plu-
part des dispositions réglementaires que réclamerait un contrôle
direct : ce moyen, c'est de déclarer l'instruction obligatoire pour
tout te monde. Une bonne toi sur l'instruction nous paraît, en
effet , le véritable remède , non pas seulement aux maux que les
enfants ont a souffrir dans la petite industrie , mais encore à la
plupart de ceux que l'industrie en général fait peser sur la jeune
population ouvrière ; une bonne loi sur l'instruction peut à elle
seule prévenir la plupart des abus et faire un bien immense; et
cela est si vrai que les Étals qui sont entrés dans cette voie de
progrès et d'humanité , n'ont eu qu'un très-petit nombre de me-
sures à prescrire pour assurer aux jeunes travailleurs le bien-être
et la protection auxquels ils ont droit. Que le gouvernement rende
donc l'instruction obligatoire, qu'il ouvre des écoles gratuites, qu'il
contraigne les parents à y envoyer leurs enfants, dès l'Age de six
ans par exemple, qu'il défende sévèrement de recevoir dans les ate-
liers des enfants ne sachant ni lire ni écrire, et, tout en restant fidèle
à sa mission civilisatrice , il fera disparaître une bonne partie des
abus déplorables existants aujourd'hui. Ainsi, pour protéger effi-
cacement les enfants occupés dans la petite industrie, il n'est pas de
meilleur et de plus simple moyen que d'obliger les parents A faire
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RÉPONSES AUX QUESTIONS. — RÉS. ET CONCL. DE LA COMM. 661
instruire leurs enfants; en adoptant le système de l'instruction
obligatoire, on laisse peu de prise à la fraude et l'on s'assure des
moyens suffisants de contrôle. Nous ne nous arrêterons pas à
démontrer que le gouvernement peut rendre l'instruction obliga-
toire pour tout le monde, parce que ce droit n'est pas douteux,
parce que l'intérêt individuel doit toujours s'effacer devant l'intérêt
de la généralité des individus, désignée oo Hective nient par les mots
société, corps social; parce que enfin, en imposant cette obligation,
il ne fait que multiplier les garanties de moralité publique. Faut-il
. maintenant démontrer que le gouvernement doit prendre cette
mesure? A quoi bon, puisque nous venons de faire comprendre
que c'est un devoir qu'il a à remplir envers la société, et que l'ordre
public y est intéressé? Il n'y a donc aucune nécessité de prouver
une chose évidente pour tout le monde; seulement, nous ajouterons,
en terminant, que si l'on pouvait ne pas tenir compte des considé-
rations de haute et de sage politique que nous venons de rappeler
rapidement , il faudrait toujours encore en revenir à la mesure
que nous cherchons à faire prévaloir, parce qu'on ne peut abréger
ta durée du travail des enfants sans qu'on ne songe aussi à les
occuper utilement durant les heures que la loi ne leur permettra
pas de consacrer au travail manuel.
Une loi, qui rendrait l'instruction obligatoire, est par conséquent
une loi désirable sous tous tes rapports ; c'est une loi nécessaire,
urgente, et nous l'appelons de tous nos vœux. Puissent ces vœux
s'accomplir, et, si faible que soit notre voix, nous nous féliciterons
de l'avoir élevée en faveur d'une mesure que nous considérerons
toujours comme un véritable et immense bienfait !
Brmellei, le 22 aorambre 1844.
Ltt Co mmi—airta, L* Rapporteur,
Dr jotT D' Dmmarii
Lu et approuvé en séance du 25 novembre 1844.
Le Sécrétait», Le Prêtaient,
Dr Jolt. B* A.-J. Divnau.
Digilizedby GOOgle
idB, Google
TABLE DES MATIÈRES.
RÉPONSES ET RAPPORTS DES CHAMBRES DE COMMERCE.
I. — Chambre de commerce et des fabriques de Bruxelles. - ■ . 1
II. — Chambre de commerce de Luuvain 33
III. — Chambre de commerce de Gand 38
IV. — Chambre de commerce de Saint-Nicolas 46
V. — Chambre de commerce d'AlosI 52
VI. — Chambre de commerce de Termonde :
{. — Réponse* de M. Delwartl.andas, président de la
chambre de commerce de Termonde 58
2. — Réponse» de H. C. Vermeire, membre de la cham-
bre de commerce de Termonde 79
3. — Réponses de M. J. d'Hollauder, de Hoeneke, mem-
bre de la chambre de commerce de Termonde. 90
4. — Réponses de M. C. Vanden Sleen, membre de la
chambre de commerce de Termonde. ... 96
Vil. — Chambre de commerce de Hons 103
VIII. — Chambre de commerce de Charleroy 131
IX. — Chambre de commerce de Tournay . 134
Annexe à la letLre de la chambre de commerce de Tournay.
— Question» adressées par le gouvernement. . . 137
R épouses des membres de la chambre ;
I. — Réponses faites par MM. DaluinelVanderborgtfils,
en ce qui concerne la fabrication de bonneterie
à Tournay lit
î. — Réponses faites par H. Overman, en ce qui concerne
la fabrication des tapis à Tournay 144
3. — Réponses faites par H. Victor Chercquefosse, en ce
e les tanneries et les corroyeries. , 145
Digitizedby GOOgle
TABLE DES MATIÈRES.
■ Réponses faites par H. Adolphe Tonnelier, en ce
qui concerne la filerie et la rnbanerie. . , .
- Réponses faites par H. Henri Descy, fabricant, a
Ath, en ce qui concerne lea diverse» industrie*
de son canton
■ Réponses faites par H. Nicolas Delannoy, en ce qui
concerne la fabrication du chocolat et le com-
merce d'épiceries
- Réponses faites par H. Sacqueleu père, en ce qui
's pierre* de Baaècle»
162
- Réponse* faites par H. Peterinck-AUard , en ce qui
concerne la fabrication de la porcelaine. . . 163
. — Réponses faites par H. Dnmon-Du mortier, en ce
qui concerne la fabrication de la chaux et l'ex-
traction des pierres. 164
- Filature et tissage du coton 166
X. — Chambre de commeree de Liège 169
XI. — Chambre de commerce de Namur 182
XII. — Chambre de commerce d'Anvers 194
Lettre de M. le Gouverneur de la Flandre occidentale. . . 207
XIII. — Chambre de commerce d'Ypres. — Annexe à une lettre du
Gouverneur de la Flandre occidentale, en date du 9 avril 1 845. 208
XIV. — Chambre de commerce de Courlrai 215
XV. — Chambre de commerce de Bruges. . .' 222
RÉPONSES DU IMOtNICUM DU MIMES.
- Réponses de M. l'Ingénieur en chef de la première division des
mines, (llainaut.) 225
- Réponses de H. l'Ingénieur du premier district des mines. (Pre-
mière division.) 235
- Réponses de H. l'Ingénieur do deuxième district des mines. (Pre-
mière division.) — Du travail des femmes et des enfant*
dan* les mines de houille de l'arrondissement de Cbarleroy. 251
- Réponses de M. l'Ingénieur en chef de la deuxième division des
mines. (Namur et Luxembourg.) 395
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TABLE DES MATIERES. 605
- Réponses de M. l'Ingénieur en chef de la troisième division des
minés. (Liège.) 300
- Réponses de H. l'Ingénieur du cinquième district de la troisième
division des mines. (Liège etLimbourg [rivegauche de la Meute].) 503
- Réponses de M. l'Ingénieur du sixième district de la troisième
division des mines. (Liège.) 308
- Réponses de H. l'Ingénieur du septième district de la troisième
division des mines. (Liège.) 317
- Renseignements additionnels communiqués par M. l'Ingénieur eu
chef de la troisième division des mines 323
RÉPONSES AUX QUESTIONS
il Ceissils i* Silnhil*.
- Académie royale de médecine de Belgique :
Rapport fait à l'Académie sur l'état physique et moral des
enfanta employés dans les manufactures, usines et mines
de la Belgique, par une commission composée de MM.Burg-
graeve, Frankinet, Guislain , Raikem et Van Coetaem.
(M. Burggraeve, rapporteur.) 325
- Commission médicale du Brabant 355
• Conseil central de salubrité publique de Bruxelles :
Mémoire présenté à «. le Ministre de l'intérieur 385
- Batteur* et tireurs d'or
- Doreurs sur métaux, etc
- Fabrique* de produits chimiques
- Fabriques de papier..
- Fabriques d'indiennes, etc
- Fabriques de papiers peints
- Fabriques de tabac et de cigare*
- Fabriques de chapeaux de feutre et de soie.
- Couperie de poil* et préparation de peaux.
- Fabrique d'agrafe»
- Fab. de clous-épingles et de pointes de Paris.
S et 577
j et 580
9 et 582
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